Moi Introduction. Jean Le Brodeur dit Lavigne avait attrapĂ© son nom de l'appellation de son mĂ©tier il Ă©tait brodeur de vigne. MĂ©tier qui consistait, dans ce temps-lĂ , Ă attacher les sarments de vigne sur des cordes horizontales superposĂ©es, de façon Ă ce que les rangs de vignes soient bien alignĂ©s, pour que le soleil puisse arroser de lumiĂšre les grappes de raisins qui pendent sur toute la hauteur du cep jusqu'au sol. La vie n'Ă©tait pas facile Ă Nieul-le-Dolent, - Niel dans le temps - en VendĂ©e, au milieu des annĂ©es 1600, en ces temps tourmentĂ©s et ravagĂ©s par les guerres de religion oĂč catholiques et protestants s'entredĂ©chiraient allĂšgrement depuis des dĂ©cennies. Le dĂ©cor n'Ă©tait que dĂ©solation et famine. C'est pourquoi, Jean-Baptiste le Brodeur dit Lavigne, fils du prĂ©nommĂ©, dĂ©cida d'aller tenter sa chance en Nouvelle-France. Aussi s'embarqua-t-il Ă Larochelle sur un bateau en partance vers ce pays d'espĂ©rance en 1680. L'histoire ne dit rien sur ce qu'a pu ĂȘtre cette traversĂ©e de l'Atlantique, sur les coquilles de noix du temps. Toutefois, au bout de plusieurs semaines, il finit par aboutir sur la Terre Promise. AprĂšs avoir sĂ©journĂ© quelque temps dans la seigneurie de Repentigny en 1681, il s'installa Ă Varennes oĂč il Ă©pousa Marie-Anne Messier et devint avec elle l'ancĂȘtre d'une longue lignĂ©e de Brodeur et de Lavigne. Sans pour autant mĂ©priser les cousins Lavigne, je ne m'arrĂȘterai que sur la descendance Brodeur parce que c'est de celle-lĂ dont je fais partie. De Jean-Baptiste en Christophe pĂšre, en Christophe fils, en Joseph, en Alexis, en Prime, en Joseph et en ThĂ©odore, on en arrive au p'tit Raymond que j'ai Ă©tĂ© dans mes jeunes annĂ©es. Mais la lignĂ©e des Brodeur ne s'arrĂȘte pas Ă ces quelques noms. Il existe une multitude de cousins Ă divers degrĂ©s, tant au QuĂ©bec qu'aux Ătats-Unis, dont je ne connais qu'un nombre infime. Jusqu'ici, j'ai voulu tout simplement me situer dans cette lignĂ©e pour que mes descendants sachent oĂč se relier. TrĂȘve donc de gĂ©nĂ©alogie lĂ©gĂšre pour me concentrer sur le sujet fascinant de ce livre, c'est-Ă -dire MOI ! Chapitre 1 ThĂ©odore, mon pĂšre, a connu Laurina Girouard, ma mĂšre, parce qu'il possĂ©dait un cheval et un buggy. Un de ses amis, en effet, avait un oeil sur Laurina, mais n'avait pas de moyen de transport pour se rendre de Ste-ThĂ©odosie Ă St-Antoine-sur-Richelieu pour la frĂ©quenter. Il avait donc demandĂ© Ă ThĂ©odore d'ĂȘtre son "chauffeur". ThĂ©odore fit ainsi connaissance avec la famille Girouard. Et il ne mis pas grand temps Ă constater que Laurina ne nourrissait pas une flamme trĂšs ardente envers son prĂ©tendant. Alors, il s'approcha d'elle discrĂštement et lui glissa Ă l'oreille "J'pourrais-tu venir te voir?" Elle lui rĂ©pondit sans l'ombre d'une hĂ©sitation "N'importe quand". C'est ainsi que le prĂ©tendant anonyme disparut des annales du temps, et que ThĂ©odore entreprit une cour aboutissant Ă un succĂšs sans Ă©quivoque, puisqu'au cours de l'automne suivant, ils se mariĂšrent. Neuf mois plus tard pile, le 31 aoĂ»t 1935, j'Ă©tais au rendez-vous de ma naissance. Chapitre 2. Les premiĂšres annĂ©es de mon existence furent marquĂ©es par quelques frayeurs mĂ©morables. La premiĂšre le moulin Ă battre. Le moulin Ă battre, c'est l'ancĂȘtre de la moissonneuse-batteuse, cette Ă©norme machine que l'on voit dans les champs de cĂ©rĂ©ales, au temps de la rĂ©colte. A la diffĂ©rence de la moissonneuse-batteuse qui fait tout le travail en une seule opĂ©ration, le moulin Ă battre exigeait que l'on ait prĂ©alablement coupĂ© et engrangĂ© la cĂ©rĂ©ale Ă rĂ©colter avant l'opĂ©ration de sĂ©paration du grain et de la tige. TrĂȘve d'explications, revenons Ă ma premiĂšre dĂ©couverte du moulin Ă battre. Quand je le vis pour la premiĂšre fois, je jouais dehors avec Pauline, et il Ă©tait rendu devant la maison de Louis Jacques, notre voisin. Je n'en voyais qu'une gueule bĂ©ante avalant l'espace qui la prĂ©cĂ©dait, et qui suivait de prĂšs le tracteur de Paul-Ămile Palardy. Fort de mon courage, je saisis promptement la main de Pauline pour l'entrainer dans la maison afin de la protĂ©ger du monstre. Elle n'avait que deux ans et n'Ă©tait pas consciente du danger. Mais moi, j'en avais quatre. Je savais. Je l'amenai s'assoir avec moi sur la premiĂšre marche de l'escalier, au bout de la machine Ă coudre de maman. LĂ , nous Ă©tions en sĂ©curitĂ©, mais quand mĂȘme avec une certaine anxiĂ©tĂ©, car le bruit du tracteur s'intensifiait de plus en plus. Puis tout Ă coup, le silence se fit. Il fallait vĂ©rifier si le monstre avait vraiment disparu. J'allai glisser un oeil par la fenĂȘtre de la porte. Horreur, il Ă©tait allongĂ© devant la grange, toujours avec sa gueule effrayante, en attente de pouvoir assouvir sa rage de bouffer. Il ne fallait pas s'en approcher. Et ce fut une expĂ©rience terrifiante que de le voir activer ses mandibules et se trĂ©mousser dans tous les sens en Ă©mettant des bruits traumatisants, quand le tracteur alla s'installer en face de lui au bout dâune longue courroie, comme pour le narguer. Mais la curiositĂ© finit par vaincre la frayeur, et je m'approchai de la fenĂȘtre pour voir ce qui se passait. Il broyait sans mĂ©nagement et avalait les bottes d'avoine que papa lui servait. Papa Ă©tait bien brave de se tenir si prĂšs de lui. Quant Ă moi, je prĂ©fĂ©rais rester en sĂ©curitĂ© dans la maison. A quatre ans, je n'Ă©tais pas trĂšs fort en ornithologie. N'importe quel oiseau Ă©tait un oiseau, sans plus de distinction. Mais pas les corneilles. Avec leur vol de sorciĂšre et leurs croassements diaboliques, elles m'interpelaient personnellement. Heureusement que j'avais toujours Ă ma disposition ma retraite sĂ©curitaire, sur la premiĂšre marche de l'escalier, au bout de la machine Ă coudre de maman. Ce n'est qu'aprĂšs une longue et pĂ©nible expĂ©rience que j'ai compris qu'elles poursuivaient leur chemin en m'ignorant avec une hautaine indiffĂ©rence, au lieu de fondre sur moi, griffes et bec aiguisĂ©s. Par extension, les avions aussi m'effrayaient, d'autant plus que leur croassement Ă eux Ă©tait continu. Je me suis guĂ©ri de leur peur en mĂȘme temps que de celle des corneilles. Et pour les mĂȘmes raisons. Chapitre 3. Mais tout n'Ă©tait pas que frayeur et anxiĂ©tĂ© en ces temps de ma vie. Il s'agissait d'Ă©vĂšnements intenses mais sporadiques. La vie coulait en bonheur limpide entre maman et papa, jusqu'Ă ce que vienne le moment de quitter le nid pour dĂ©couvrir le monde de l'Ă©cole. J'avais atteint l'Ăąge de six ans le 31 aoĂ»t, comme il se doit. Septembre Ă©tait trop proche, et mes parents dĂ©cidĂšrent que j'Ă©tais encore un peu trop jeune pour affronter ce monde. Maman avait Ă©tĂ© maitresse d'Ă©cole dans une vie antĂ©rieure Ă celle Ă laquelle j'appartenais. Elle commença Ă m'apprendre Ă lire, Ă Ă©crire et Ă compter, Ă la maison, en me faisant cheminer de façon parallĂšle Ă ceux qui frĂ©quentaient l'Ă©cole. On dĂ©cida que j'Ă©tais prĂȘt Ă me joindre Ă ces derniers au dĂ©but du mois de mai suivant. Je n'ai donc fait que deux mois de premiĂšre annĂ©e Ă l'Ă©cole. Maman avait recommandĂ© Ă Jean-Paul, mon cousin qui avait trois ans de plus que moi et qui Ă©tait notre voisin, de veiller sur moi tant pour le parcours d'un mille Ă faire Ă pied matin et soir que pour mon bon comportement Ă l'Ă©cole. Jean-Paul prit cette responsabilitĂ© au sĂ©rieux. Au dĂ©but. Mais un jour - en classe je partageais son banc - il prit mon ardoise et y dessina une vache, la queue en l'air avec des cacas qui tombaient de son derriĂšre. Il me dit "Va montrer ça Ă la maitresse". Une voix intĂ©rieure me disait que ce n'Ă©tait pas une bonne idĂ©e, mais, Ă©tant docile de nature, et ayant une confiance inouĂŻe en Jean-Paul, je me soumis Ă son insistante recommandation. Je me levai, me dirigeai vers le bureau de la maĂźtresse, Julia, avec mon ardoise. L'accueil fut explosif. J'ai eu droit Ă un coup de rĂšgle sur les doigts et Ă l'humiliation d'un sĂ©jour Ă genoux dans le coin de la classe. C'est de cet endroit que j'ai dĂ©crĂ©tĂ© que Jean-Paul n'Ă©tait plus mon ange gardien. Ce cher Jean-Paul dĂ©ployait une imagination dĂ©bridĂ©e quand il s'agissait d'inventer un mauvais coup. Un jour, quelques annĂ©es plus tard, avec un complice, il attrapa une grenouille sur les bords du ruisseau. Il lui insĂ©ra une paille dans le derriĂšre et entreprit de la gonfler comme un ballon. Quand il eut accompli son mĂ©fait, il la rejeta Ă l'eau et la regarda dĂ©river au fil du courant. "La maudite, a flotte !". Nous Ă©tions quatre enfants Ă la maison. Pauline et moi, les "grands", Claude et HĂ©lĂšne, les "petits". Et c'Ă©tait souvent la guerre entre les deux clans. Un jour, nous nous prĂ©parions Ă nous mettre Ă table. Pour je ne sais quelle raison sans doute justifiĂ©e, Claude me lança le linge de table Ă la figure. En retour il eut droit de ma part Ă une mornifle sur la margoulette. Ăvidemment il se mit Ă pleurer, ce qui alerta mon pĂšre. Celui-ci en s'enquĂ©rant de la raison de ses pleurs, dĂ©couvrit qu'il saignait du nez. Alors il m'empoigna par un plema plumeau en bon français et je montai l'escalier vers ma chambre sans toucher aux marches. Cette fois-lĂ , je fus perdant, mais Ă ce jeu, nous avons eu chacun notre tour. Par contre, j'avais l'impression que mon tour venait plus souvent, parce que j'Ă©tais l'aĂźnĂ© et que je devais donner l'exemple. DĂšs mon trĂšs jeune Ăąge, j'ai commencĂ© Ă inventer mes jouets. Les jouets achetĂ©s, ça n'existait pas dans ce temps-lĂ ; du moins pas dans le monde oĂč nous vivions. Mon oncle Arthur, au cours de ses mĂ©morables "histoires dans le temps de pĂ©pĂšre", oĂč en fait il nous racontait sa vie d'enfant, nous avait dit qu'il s'Ă©tait inventĂ© un "span" de chevaux avec deux becs de canards bouilloires cassĂ©s qu'il attelait Ă une boite de carton avec de la corde. Ayant dĂ©veloppĂ© un niveau d'inventivitĂ© passablement Ă©levĂ© pour mon Ăąge, je me suis bĂąti des tracteurs, des camions, des voitures Ă foin, des chargeurs Ă foin, des presses Ă foin que j'utilisais en "faisant les foins" quand papa coupait le gazon autour de la maison. A titre d'exemple, voici une vieille photo de mon dernier tracteur avec sa voiture Ă foin Mes tracteurs et camions avaient un volant qui faisant tourner les roues avant vers la droite et la gauche et mon dernier camion comportait une manivelle qui faisait lever la benne. C'Ă©tait un vrai camion dompeur. L'hiver, j'installais une charrue Ă neige de mon invention sur le devant de mon camion et j' "entretenais" mes chemins d'hiver dans le champ, derriĂšre le hangar. Or un jour, Jean-Paul s'invita avec le veau qu'il avait domptĂ©, Ă venir promener son veau dans mes chemins. Ăvidemment, les pattes effilĂ©es du veau dĂ©fonçaient la mince croute de verglas cachĂ©e quelques pouces sous la surface de la neige. Quand il eut fini de massacrer mes chemins, il s'en retourna chez lui avec son veau, en riant sous cape de me voir furieux. J'en fus quitte pour me tracer de nouveaux chemins. Je ne veux tout de mĂȘme pas dĂ©nigrer Jean-Paul outre mesure. Je l'aimais bien malgrĂ© tout et nous avons beaucoup jouĂ© ensemble. A propos de mes constructions de camions, tracteurs et accessoires, papa disputait bien un peu parce que je gaspillais ses plus belles planches de bois blanc et ses clous Ă bardeaux, mais j'ai aujourd'hui la conviction que secrĂštement il Ă©tait bien content de me voir dĂ©velopper mes habilitĂ©s. Ă l'Ăąge de 14 ou 15 ans, j'ai mĂȘme construit une tondeuse Ă gazon avec un moteur Ă©lectrique, une plateforme de bois et les roues d'une voiturette de mon enfance qui avait rendu l'Ăąme. Cette tondeuse a servi jusqu'Ă ce mon pĂšre vende sa terre et fasse encan pour prendre sa retraite, et elle s'est vendue Ă l'encan pour 5,00$. Chapitre 4. Depuis les plus lointains souvenirs dont je puisse me rappeler, je retiens que mes parents disaient Ă qui voulaient l'entendre "Raymond va faire un prĂȘtre". Si bien que cette perspective s'imprĂ©gna profondĂ©ment dans mon jeune cerveau mallĂ©able, et finit par s'y installer comme allant de soi. Vers l'Ăąge de six ou sept ans, mes parents m'avaient mĂȘme donnĂ© en cadeau de NoĂ«l un autel et tout l'Ă©quipement nĂ©cessaire pour "dire" la messe. Je disais des "Dominus vobiscum" entre quelques gĂ©nuflexions et Pauline rĂ©pondait "Et cum spiritu tuo" Ă chacun d'eux, tout en veillant Ă ce que Claude et HĂ©lĂšne, l'assistance, conservent un minimum d'attitude convenable pour la circonstance. Je passai donc mon enfance sans me poser de question au sujet de mon avenir, c'Ă©tait un cas rĂ©glĂ©. Lorsque rendu en huitiĂšme annĂ©e Ă l'Ă©cole du village, un rĂ©vĂ©rend et saint pĂšre recruteur, rempli de bonne volontĂ© et de zĂšle missionnaire, se pointa un jour Ă l'Ă©cole et demanda Ă chacun d'Ă©crire sur un papier ce que nous voulions faire plus tard dans la vie. Je sais aujourd'hui pertinemment qu'il se foutait Ă©perdument de ceux qui dĂ©clarĂšrent vouloir devenir cultivateur ou vĂ©tĂ©rinaire, mais qu'il Ă©tait disposĂ© Ă se rĂ©chauffer rapidement s'il trouvait un papier sur lequel Ă©tait Ă©crit le mot "prĂȘtre". Or il en trouva un. C'Ă©tait le mien... Trahison du secret. D'abord envers le curĂ©, qui lui-mĂȘme s'Ă©nerva suffisamment pour aller en parler Ă mon pĂšre. Celui-ci, je n'en doute pas, en fut tout d'abord heureux, mais dut constater rapidement qu'il n'avait pas les moyens de me payer un cours classique. Qu'Ă cela ne tienne. Par l'intermĂ©diaire du curĂ©, un bon paroissien, cĂ©libataire et considĂ©rĂ© comme riche, avait dĂ©jĂ pensĂ© que ça pourrait l'aider Ă gagner son ciel que de payer les Ă©tudes de p'tits gars qui voulaient se diriger vers la prĂȘtrise. Et ainsi fut fait. En septembre suivant, Ă l'Ăąge de treize ans, au lieu d'entreprendre une neuviĂšme annĂ©e Ă l'Ă©cole du village, je me pointai, passablement anxieux, au CollĂšge de St-Jean pour une longue croisiĂšre de sept ans de pensionnat, avec sorties vers ma famille Ă la Toussaint, Ă NoĂ«l, Ă PĂąques, et pour les grandes vacances d'Ă©tĂ©. Maman est dĂ©cĂ©dĂ©e suite Ă une longue maladie, un an avant mon entrĂ©e au collĂšge. Ce fut un grand vide. Mais sĂ»rement pas aussi grand pour moi que pour Pauline, Claude et HĂ©lĂšne, qui ont eu Ă vivre au milieu de ce vide plus longtemps que moi. J'Ă©voluais dans le cadre du collĂšge, et j'y ressentais moins l'absence de maman. J'Ă©tais toujours trĂšs heureux quand arrivait une vacance, afin de me retrouver Ă la maison, mais de plus en plus, au fur et Ă mesure que les annĂ©es s'Ă©coulaient, en quelques jours, je commençais Ă avoir hĂąte de retourner au collĂšge. Une distance s'installait entre moi et mes anciens compagnons d'Ă©cole. Nous n'Ă©tions plus sur la mĂȘme longueur d'onde, et cette distance me peinait. J'ai Ă©tĂ© heureux au collĂšge. Je rĂ©ussissais bien et le milieu Ă©tait stimulant. Au grĂ© des annĂ©es, je m'y suis fait des amis. Parmi eux, les collĂšgues de classe avec qui je cheminais sont devenus au fil des annĂ©es de vĂ©ritables frĂšres. Et cette amitiĂ© a perdurĂ© au-delĂ du temps de collĂšge, et est encore vivante aujourd'hui. Le premier vrai dĂ©rangement dans ma vie tranquille de collĂ©gien survint quand un jour je dĂ©couvris que des filles ça existait et que ça devenait attirant. Il Ă©tait temps j'Ă©tais rendu Ă dix-sept ans. Mais en mĂȘme temps, il fallait rĂ©sister, parce que je devais devenir prĂȘtre. Je dis bien "devais". C'Ă©tait devenu une conviction profonde et inĂ©branlable. Selon l'affirmation des pĂšres prĂ©dicateurs de retraites annuelles au collĂšge, il Ă©tait Ă©vident que si nous n'avions pas de contre-indication flagrante, telle, par exemple, qu'avoir commis un meurtre, nous avions nĂ©cessairement la vocation, et que ce serait faire offense Ă Dieu que de s'en dĂ©tourner. C'est ainsi que le clou de la vocation sacerdotale Ă©tait de plus en plus solidement enfoncĂ© dans ma cervelle. Mais le dĂ©rangement devint brutal quand, quelque mois plus tard, sans prĂ©avis, je dĂ©couvris "la" fille, celle qui faillit me faire rater mon annĂ©e scolaire tellement elle me faisait rĂȘver. Dans je ne sais quelle circonstance, elle et ses compagnes de l'Ă©cole normale Ă©taient venues visiter le collĂšge. C'Ă©tait sĂ»rement pendant une heure de cours, car personne d'entre nous ne les a vues. Au cours de leur visite, elles se sont promenĂ©es dans la salle d'Ă©tude, en fouinant dans nos bureaux, et "elle" a trouvĂ© mon bureau et a Ă©crit un petit mot sur mon dictionnaire. "Les normaliennes sont venues visiter", suivi de son prĂ©nom. Je fus trĂšs Ă©tonnĂ© de cette dĂ©couverte, d'autant plus je n'arrivais pas Ă situer qui elle pouvait bien ĂȘtre. Puis tout Ă coup, la lumiĂšre se fit, et j'ai rĂ©alisĂ© que c'Ă©tait une fille de mon patelin avec qui j'Ă©tais allĂ© Ă l'Ă©cole. Mais malgrĂ© le choc de la dĂ©couverte de nouveaux sentiments, le devoir sut garder la direction vers ma destinĂ©e et je me suis refusĂ© de rencontrer des filles, celle-lĂ et toutes autres, par crainte de trop m'attacher. Un autre tsunami faillit terrasser ma vocation rendu en philo II. J'y ai connu un professeur extraordinaire, qui ne faisait pas qu'enseigner les sciences, mais qui avait un art de nous apprendre Ă rĂ©flĂ©chir. En section B, section sciences, dans laquelle je m'Ă©tais inscrit, nous n'Ă©tions que six. Et il nous faisait parfois ce qu'il appelait des cours de digression. Il nous parlait de tout sauf de la matiĂšre du cour. Il Ă©tait fascinant. J'ai eu un jour, beaucoup plus tard, l'occasion de lui dire "AprĂšs mon pĂšre, vous avez Ă©tĂ© l'homme qui a eu le plus d'influence dans ma vie". Il eut un moment de silence, et j'ai perçu son oeil devenir humide. Salut, LĂ©on-Maurice ! Les rĂ©flexions que cet homme ont suscitĂ©es en moi, m'ont amenĂ© Ă prendre conscience que j'avais un immense attrait pour tout ce qui concerne les sciences, et en mĂȘme temps une profonde horreur pour le genre de philosophie qu'on nous enseignait. Je pressentais Ă©galement que la thĂ©ologie avait beaucoup d'affinitĂ© avec la philosophie - et je peux ajouter aujourd'hui, avec beaucoup moins de rationalitĂ©. La question devenait ai-je vraiment envie de faire quatre ans de thĂ©ologie, de m'en aller vers une vie dans le clergĂ©, avec des activitĂ©s de ministĂšre. La vie de prĂȘtre me paraissait triste Ă cĂŽtĂ© de ce que ça aurait pu ĂȘtre ailleurs. Mais j'avais toujours cette perception que j'Ă©tais destinĂ© Ă cette vocation, que ce serait de l'infidĂ©litĂ© - que dis-je, de la trahison - que d'abandonner. J'Ă©tais pris par la conscience. Et, Ă coup de volontĂ©, j'ai gardĂ© le cap. Pourtant, le jour de ma prise de soutane, - dans le temps, devenir prĂȘtre, ça commençait par la soutane - j'ai passĂ© la journĂ©e renfermĂ© dans ma chambre, Ă pleurer. J'avais l'impression d'aller m'enterrer vivant. Mais encore lĂ le sens du devoir triompha. Si j'Ă©tais arrivĂ© lĂ oĂč j'en Ă©tais, c'Ă©tait parce que j'y Ă©tais prĂ©destinĂ©. J'entrai donc au Grand SĂ©minaire. Chapitre 5. Le Grand SĂ©minaire. MĂ©lange de moments heureux et de vision d'avenir gris, le tout vĂ©cu dans un contexte fermĂ©, surchauffĂ©, tendu vers l'aboutissement final, l'ordination sacerdotale. La motivation y Ă©tait entretenue de façon soutenue par des confĂ©rences spirituelles quotidiennes, des activitĂ©s liturgiques rĂ©guliĂšres et l'encouragement des directeurs spirituels personnels. J'en ai eu un qui passait pour ĂȘtre un saint homme. Un jour je lui ai fait part de mes inquiĂ©tudes face Ă la vie qui serait la mienne en tant que prĂȘtre. Il a balayĂ© mes apprĂ©hensions du revers de la main c'Ă©tait une tentation du diable pour me dĂ©tourner de ma voie. Je ne veux pas m'Ă©tendre d'avantage sur ce sujet pour le moment. C'est comme si cela s'Ă©tait passĂ© dans une autre vie. J'y reviendrai plus tard. Mais j'ai fini par passer Ă travers et Ă ĂȘtre ordonnĂ©. Ce fut une cĂ©rĂ©monie grandiose qui fit l'honneur de Ste-ThĂ©odosie qui voyait sa deuxiĂšme ordination en son Ă©glise. AprĂšs l'ordination, j'ai pu jouir de quelques jours de vacances passĂ©es chez mon pĂšre. Au bout de deux semaines, j'ai reçu une lettre de mon Ă©vĂȘque m'annonçant mon assignation Ă une fonction. Je m'attendais Ă ĂȘtre envoyĂ© comme professeur au collĂšge, ou Ă ĂȘtre nommĂ© vicaire dans une paroisse. J'ouvris la lettre et je faillis tomber en bas de ma chaise "Par les prĂ©sentes, Nous vous nommons Notre secrĂ©taire personnel". A la fois Ă©peurant et exaltant. C'est une Ă©ventualitĂ© que je n'avais jamais examinĂ©e. Grande marque de confiance, donc valorisant. Mais en mĂȘme temps, que de l'inconnu. J'abordai la tĂąche avec la conviction que je devais avoir la grĂące d'Ă©tat. Mgr GĂ©rard-Marie Coderre Ă©tait un homme extraordinaire. Reconnu comme avant-gardiste parmi les Ă©vĂȘques du temps, et en mĂȘme temps muni d'un caractĂšre dĂ©routant, capable de grandeur d'Ăąme, de bontĂ©, de comprĂ©hension, mais aussi de colĂšres Ă©piques, de remontrances exagĂ©rĂ©es, et de paternalisme accaparant, avec un retour pĂ©nitent en excuses aussitĂŽt que s'affaisse l'Ă©bullition de la soupe au lait. Chaque fois qu'un de ces excĂšs me dĂ©signait comme victime, j'en Ă©tais Ă©tourdi, incapable de rĂ©agir. Et il avait l'art de venir s'excuser juste au moment, cinq minutes plus tard, oĂč je commençais Ă mon tour Ă grimper dans les rideaux. Pas le choix alors, ma colĂšre naissante devait se dĂ©gonfler sans s'ĂȘtre assouvie. Un jour j'en ai eu assez. C'Ă©tait un matin oĂč je me prĂ©sentais comme Ă l'habitude Ă son bureau avec son agenda pour programmer la journĂ©e. Je ne sais plus Ă quel sujet, probablement un engagement que j'avais pris pour lui, comme cela devait arriver de temps en temps, il me tombe sur la tomate sans prĂ©avis. AprĂšs avoir subi ses foudres quelques instants, la moutarde me monta au nez plus vite que d'habitude. Je pris la pile de documents que j'avais apportĂ©s, les soulevai au bout de mes bras et les rabattis violemment sur le bureau, je tournai les talons, claquai la porte, ramassai les clĂ©s d'une auto et disparu pendant trois jours. Quand je revins, il me fit bien une petite scĂšne, mais sur une octave moins Ă©levĂ©e. Par la suite il me considĂ©ra toujours avec plus de respect. J'ai occupĂ© ce poste pendant quatre ans. Plus le temps passait, plus je constatais qu'un cancer intĂ©rieur me rongeait. Je devenais dĂ©pressif de plus en plus. Je voyais ma vie comme un long tunnel sans issue. Et il Ă©tait impossible d'en sortir. J'Ă©tais prĂȘtre pour l'Ă©ternitĂ©, et la prĂȘtrise, ça ne se trahit pas. Sinon c'est l'enfer. A certains moments particuliĂšrement creux, j'ai pensĂ© au suicide, mais ça aussi, c'Ă©tait l'enfer assurĂ©. Donc pas d'issue. Une sĂ©rie de rencontres avec un psychiatre ne m'a valu que d'ĂȘtre bourrĂ© de valium. Dans ce contexte, j'ai suivi une session de formation en rĂ©alisation radio et tĂ©lĂ©vision Ă Radio-Canada. C'Ă©tait de mise, dans le temps pour l'Ăglise, de mettre la main sur les mĂ©dia de communication pour moderniser la diffusion du message chrĂ©tien. Comme j'avais eu l'occasion de me familiariser un peu avec la radio, Ă©tant responsable des commentaires de la grand'messe du dimanche radiodiffusĂ©e Ă partir de la cathĂ©drale, j'Ă©tais tout dĂ©signĂ© pour participer Ă cette nouvelle mission. J'ai abordĂ© Radio-Canada avec une grande sĂ©rĂ©nitĂ© vu que j'Ă©tais noyĂ© dans le valium. Mais faut croire que j'ai bien fait ça parce que j'ai reçu une offre d'emploi de la part de Radio-Canada. Offre que j'ai dĂ» refuser naturellement, vu que j'Ă©tais en service commandĂ©. Mais cela a fait un petit velours quand mĂȘme. Sur les entre-faits, la direction de CHRS, station de radio de la Rive-Sud, annonce Ă l'Ă©vĂȘchĂ© qu'elle retirait de l'horaire la diffusion quotidienne du chapelet, que j'animais Ă l'occasion Ă la place de l'Ă©vĂȘque quand ce dernier Ă©tait absent. Mais on offrait de laisser le mĂȘme temps d'antenne pour une autre Ă©mission religieuse qui serait plus adaptĂ© au temps prĂ©sent. Et voilĂ que je sortais tout juste de Radio-Canada avec un diplĂŽme en rĂ©alisation... Alors devinez... J'ai donc passĂ© l'Ă©tĂ© suivant Ă prĂ©parer des Ă©missions Ă l'avance pour ne pas ĂȘtre pris Ă court d'inspiration. L'Ă©mission que j'avais concoctĂ©e Ă©tait constituĂ©e d'un court thĂšme musical, de l'annonce de l'Ă©mission "Trois gouttes de LumiĂšre", du dĂ©but d'une chanson autant que possible tirĂ©e du Hit Parade, d'une rĂ©flexion sur la chanson, de la suite de la chanson, terminĂ©e par un thĂšme musical de fermeture. Le tout d'une durĂ©e de cinq minutes. Quand je me suis prĂ©sentĂ© chez le directeur de la programmation Ă CHRS avec une bobine prĂ©enregistrĂ©e pour fin d'Ă©valuation, ce dernier a commencĂ© par me regarder d'un drĂŽle d'air, et il me dit "Mettez ça sur le bureau, je vais Ă©couter ça plus tard". Et je suis reparti. Le lendemain, il me rappelle avec une voix toute diffĂ©rente "Quand voulez-vous commencer?" Le soir, CHRS n'Ă©tait pas en onde. Je me rendais alors dans la discothĂšque de la station, je sortais des rayons une pile de disques de chansonnettes que je passais Ă tour de rĂŽle sur une table tournante pour vĂ©rifier si l'une des "tounes" ne m'inspirerait pas une rĂ©flexion. Quelques instants d'Ă©coute sur chaque plage me permettait de dĂ©cider je garde ou je ne garde pas. AprĂšs, je retournais chez moi avec ma pile de disques sĂ©lectionnĂ©es, et je faisais jouer et rejouer chaque plage jusqu'Ă ce qu'une inspiration vienne. Je passais en moyenne cinq heures par jour pour prĂ©parer mon cinq minutes quotidien. Je commençais Ă me demander si tous ces efforts en valaient la chandelle, quand j'ai reçu une invitation Ă participer Ă une rencontre d'animateurs d'Ă©missions religieuses. C'Ă©tait organisĂ© par un groupe de jĂ©suites, Ă MontrĂ©al, qui produisait l'Ă©mission "TĂ©moignages" sur un rĂ©seau de trente-cinq postes de radio francophones de Moncton Ă Saskatoon. "TĂ©moignages" Ă©tait une Ă©mission d'interview de diverses personnalitĂ©s, d'une durĂ©e de dix minutes, sur des thĂšmes religieux. Les rĂ©putĂ©s pĂšres Ămile Legault et Marcel-Marie Desmarrais faisaient partie des invitĂ©s Ă la rencontre. On demanda Ă chaque participant de prĂ©senter son Ă©mission pour fin de discussion et d'Ă©change. J'avais Ă cette fin apportĂ© un enregistrement de l'une de mes prestations. Au dire des participants, j'avais trouvĂ© un style nouveau et excitant, pour ne pas dire rĂ©volutionnaire et avant-gardiste. La preuve en est que le directeur de l'Ă©mission "TĂ©moignages" me proposa de me joindre Ă eux pour remplacer sur leur rĂ©seau leur Ă©mission par la mienne. Rien de moins. Et ça a marchĂ© pendant presque un an. Mais au bout d'un an, moi je ne marchais plus. J'Ă©tais brĂ»lĂ©, dĂ©primĂ©, au fond de la cale. AnnĂ©e sabbatique, sans responsabilitĂ©. Et cette annĂ©e a commencĂ© avec une rĂ©sidence entre deux chaises; c'est-Ă -dire que je devais laisser ma chambre au presbytĂšre Notre-Dame-de-la-Garde, Ă Longueuil, au nouveau vicaire qui me remplaçait, et que je ne pouvais pas encore aller loger au presbytĂšre de St-Hubert, vu que le nouveau curĂ© qui me prenait sous son aile ne prendrait possession de sa cure qu'au mois de septembre. Nous Ă©tions au mois de juin. Alors j'ai passĂ© l'Ă©tĂ© sous la tente, campĂ© sur un terrain vacant sur les bords du lac Brome. Je n'y Ă©tais pas complĂštement seul puisque des confrĂšres venaient m'accompagner assez rĂ©guliĂšrement. Mais j'y a connu de grands moments de solitude, et ce n'est pas nĂ©cessairement la meilleure chose Ă vivre quand on est en profonde dĂ©pression. Par contre j'y ai vĂ©cu aussi des moments rĂ©confortants grĂące Ă l'amitiĂ© des confrĂšres qui venaient passer quelques jours avec moi au fil de leurs vacances. Un jour oĂč nous Ă©tions plusieurs, on avait dĂ©cidĂ© de diner avec des crĂȘpes. J'Ă©tais le chef dĂ©signĂ© et je faisais des crĂȘpes. J'Ă©tais Ă©tonnĂ© de l'appĂ©tit vorace de mes convives. "EmmĂšnes-en des crĂȘpes ! " ... Quand j'avais le dos tournĂ©, ils les lançaient dans le bois par-dessus l'Ă©paule et en redemandaient... Je ne l'ai su que deux ans plus tard... A compter de septembre, j'ai logĂ© au presbytĂšre de St-Hubert, sans responsabilitĂ© attitrĂ©e. Je rendais service au besoin, et j'ai produit quelques sermons du dimanche, dont un, le dernier que j'ai fait, oĂč, si l'on peut dire, je me suis dĂ©chainĂ©. Les lectures de la messe portait sur la fin du monde avec les cataclysmes dĂ©crits dans l'Apocalypse. Ce que j'ai dit en gros, c'est que ça n'avait pas de maudit bon sens que tout d'un coup, sur un coup de tĂȘte, Dieu dĂ©cide de faire table rase de sa belle crĂ©ation. On aurait entendu voler une mouche dans l'Ă©glise. D'aprĂšs ce que j'ai entendu dire aprĂšs, il parait que le monde a aimĂ© ça. Un an Ă ne rien faire, c'est long. A la fin de cette annĂ©e, j'ai demandĂ© que l'on assigne quelque chose. Je suis retournĂ© Ă l'Ă©vĂȘchĂ© comme vice-chancelier. Titre soporifique qui camouflait des tĂąches administratives. Au bout d'un an de ce rĂ©gime pas des plus excitants, j'ai obtenu la permission de m'inscrire Ă l'UniversitĂ© de MontrĂ©al, en mathĂ©matiques, dans l'idĂ©e, Ă©ventuellement, d'aller enseigner les maths au collĂšge. Pas facile ça non plus. Il fallait rattraper le temps perdu, rĂ©cupĂ©rer l'Ă©volution parcourue depuis douze ans, et revigorer mes anciennes notions de maths du collĂšge, pour aller chercher un baccalaurĂ©at en mathĂ©matiques. L'UniversitĂ© m'a acceptĂ© Ă condition que je m'inscrive Ă des cours de rattrapage durant l'Ă©tĂ©, et que je les rĂ©ussisse. J'ai passĂ© par la peau des dents. Lors du premier cours le professeur nous prĂ©sente un rĂ©sumĂ© succinct de la thĂ©orie des ensembles. C'Ă©tait du remĂąchĂ© pour tout le monde. Moi, j'en entendais parler pour la premiĂšre fois. Il fallait apprendre Ă ramer... DĂ©jĂ durant mon sĂ©jour Ă St-Hubert, j'avais entrepris une longue sĂ©rie de rencontres pĂ©riodiques avec un psychologue. TrĂšs pĂ©nibles, ces rencontres. Le psy ne disait rien. Il fallait que ce soit moi qui dĂ©balle mon sac. Et lui tout ce qu'il disait, c'est "Qu'est-ce que vous en pensez? " Ou bien il rĂ©pĂ©tait ma derniĂšre phrase pour que j'en rajoute au bout.... TrĂšs pĂ©nible. Mais ce fut le dĂ©but de la libĂ©ration. L'avenir a commencĂ© Ă changer de couleur le jour oĂč j'ai acceptĂ© de me dire "Ăa se pourrait-tu que je ne sois pas Ă ma place". Question que j'avais jusque-lĂ refusĂ© absolument de me poser, parce qu'il m'apparaissait inĂ©vitable qu'une rĂ©ponse positive Ă cette question aboutissait Ă l'enfer. Mais un jour, au bout d'un an Ă parler tout seul en face du psy et Ă bout de ressource pour l'Ă©viter, j'ai osĂ© poser la question. En faisant bien attention toutefois Ă ne pas prĂ©sumer de la rĂ©ponse. Mais tout de suite aprĂšs avoir acceptĂ© la question, en sortant du bureau du psy, j'ai eu l'impression que l'avenir Ă©tait moins bouchĂ©. J'ai Ă©tĂ© capable de prendre une grande respiration. Au cours des rencontres suivantes, mĂȘme si la question demeurait un dĂ©fi Ă©pouvantable, j'avais l'impression que l'air respirĂ© avait meilleur goĂ»t. Il a fallu beaucoup d'autres rencontres, Ă parler avec quelqu'un qui ne parlait pas, pour en arriver Ă me dire, "Oui, ça se pourrait peut-ĂȘtre que je ne sois pas Ă la bonne place". Et beaucoup plus tard encore , Ă me dire "Non ça ne se peut pas que le prix Ă payer pour avoir fait une telle erreur soit l'enfer". Mais il restait Ă prendre la dĂ©cision. Pas facile dans les circonstances Ă cette Ă©poque que les jeunes d'aujourd'hui peuvent difficilement imaginer, tellement l'encadrement religieux Ă©tait puissant. Et aprĂšs la dĂ©cision, qu'est-ce que je deviens. Je n'avais pas de mĂ©tier. Ma formation et mes connaissances ne me servaient Ă rien. Une licence en thĂ©ologie, ça ne fait pas vivre gras. Le dĂ©bouchĂ© le plus immĂ©diat, aprĂšs quelques cours d'appoint, aurait Ă©tĂ© l'enseignement, mais cette perspective ne m'intĂ©ressait pas. J'avais par contre un an d'Ă©tude de fait et Ă la fin de cette premiĂšre annĂ©e en mathĂ©matiques, l'universitĂ© avait annoncĂ© l'ouverture d'un baccalaurĂ©at en informatique. ForcĂ©ment il y aurait de l'avenir lĂ -dedans. A tout hasard je me suis inscrit Ă cette option. Je voulais tout de mĂȘme faire les choses honorablement et correctement. Je voulais obtenir une laĂŻcisation en bonne et due forme. Je savais qu'en ce temps-lĂ , avec le pape Jean XXIII, c'Ă©tait devenu possible, mĂȘme s'il fallait prĂ©senter des raisons extrĂȘmement sĂ©rieuses. La premiĂšre personne Ă qui parler de ma dĂ©cision Ă©tait mon Ă©vĂȘque. C'est lui qui devait amorcer les dĂ©marches en vue de cette laĂŻcisation. Il fut d'une humanitĂ© et d'un respect extraordinaire. Des confrĂšres d'autres diocĂšses vivant des situations semblables n'ont pas eu autant de chance. Certains ont dĂ» menacer de tout balancer par-dessus bord pour que ça dĂ©marre. On a fini par cĂ©der par peur des scandales. J'apprĂ©hendais aussi l'annonce de ma dĂ©cision dans la famille. Je prĂ©voyais des rĂ©actions scandalisĂ©es. La premiĂšre rĂ©action a Ă©tĂ© dĂ©livrante. Celle de mon pĂšre. "Tu sais, je voyais que ça n'allait pas bien. Tu es assez grand pour savoir ce que tu fais. Tu seras toujours le bienvenu comme avant." Ouf ! Celle-lĂ passĂ©e, les autres on pouvait se les mettre lĂ oĂč je pense. Mais chez certains oncles et tantes du cĂŽtĂ© de ma mĂšre, j'ai Ă©tĂ© considĂ©rĂ© avec gĂȘne pendant un certain temps. J'ai eu l'occasion de faire face Ă la musique Ă l'occasion d'un dĂ©cĂšs. C'Ă©tait deux semaines aprĂšs l'annonce de ma dĂ©cision. Je me prĂ©sente au salon funĂ©raire en habit laĂŻc. ImmĂ©diatement le silence se fait, suivi de quelques chuchotements, avec tous les yeux braquĂ©s sur moi. Je n'ai pas regardĂ©, mais j'en Ă©tais sĂ»r. Je me dirige le regard droit devant vers le cercueil et je m'y agenouille quelques instants. En me relevant, je me retourne et je me vois entourĂ© par les cousins et cousines, fils et filles du dĂ©funt. -"C'est tu vrai ce qu'on a entendu dire ? " -"Oui" -"FĂ©licitations ! " C'Ă©tait des cousins et cousines iconoclastes ! Pour la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente, j'Ă©tais suspect. Mais le temps a fini par aplanir les dunes. Au-delĂ des malaises temporaires et occasionnels Ă vivre, il fallait prĂ©parer l'avenir. Donc, il fallait continuer l'universitĂ©, rĂ©ussir Ă tout prix, m'endetter pour Ă©tudier Ă plein temps pendant deux autres annĂ©es. Je n'avais plus le choix, et ça devenait une question de vie ou de mort. Quel courage et quelle tĂ©nacitĂ© il m'a fallu. Mais devant l'obligation d'agir, on trouve le courage. Heureusement, Mgr Coderre m'a gĂ©nĂ©reusement allouĂ© un prĂȘt sans intĂ©rĂȘt pour les besoins que je lui justifiais et que je maintenais au minimum vital. Et j'ai bĂ»chĂ©, bĂ»chĂ©, travaillĂ©, Ă©tudiĂ©. Du matin Ă tard dans la nuit. Durant trois ans. Ma vie sociale Ă©tait minimale. Je ne pouvais pas rater mon coup. Je devais rĂ©ussir, et aprĂšs douze ans d'absence d'Ă©tude, ça n'a pas Ă©tĂ© donnĂ©. Mais j'ai la fiertĂ© d'avoir rĂ©ussi. Et je me suis empressĂ© de remettre mes dettes Ă ceux qui m'avaient fait confiance. Je leur dois un grand merci. J'ai parlĂ© tantĂŽt de la rĂ©action bienfaisante de mon pĂšre Ă ma dĂ©cision. En fait il avait eu le temps de prĂ©parer sa rĂ©action. Je m'Ă©tais rendu chez lui un samedi soir pour le lui annoncer. Il n'Ă©tait pas lĂ . Seulement mon oncle Arthur. Mon oncle Arthur Ă©tait presque un frĂšre siamois pour mon pĂšre. Ils Ă©taient tous les deux copropriĂ©taires de la ferme. Pour une raison que j'ignore mon oncle Ă©tait demeurĂ© cĂ©libataire et il faisait partie de la famille Ă part entiĂšre. Papa, maman et mon oncle Arthur. La Sainte TrinitĂ©. Mon oncle Arthur, peu parlant, grand philosophe. Je disais donc mon oncle Arthur Ă©tait seul Ă la maison. -"Mon oncle, j'ai une grande nouvelle Ă t'annoncer". -"Ah ! Oui ?" -"J'ai demandĂ© Ă Monseigneur de demander au Pape que je puisse ne plus ĂȘtre prĂȘtre". -"Ah !" Suit un long silence oĂč je l'entends presque penser. -"Tu ne porteras plus la soutane ?" -"Non" -"Ah !" Lentement, au moins cinq longues bouffĂ©es sur sa pipe. -"Tu ne diras plus la messe ?" -"Non" -Ah !" ExtĂ©rieurement, seule la pipe semble fonctionner. -"Vas-tu pouvoir te marier ?" -"Oui" _"Ah !" Et il y en a eu quelques autres comme ça. J'ai dĂ» partir sans avoir pu parler Ă mon pĂšre. Je suis revenu le lendemain soir. J'avais la certitude absolue que mon oncle lui avait rapportĂ© notre conversation avec les virgules aux mĂȘmes places. Quand j'arrivai dans la cour, c'Ă©tait l'heure du train, et mon pĂšre, m'ayant vu venir, Ă©tait appuyĂ© dans l'embrasure de la porte de l'Ă©table. Et il me regardait m'approcher avec un sourire indĂ©finissable. -"Comment ça va ?" -"TrĂšs bien, et toi ?" -"Oui" -"Je suppose que mon oncle t'a dit que j'Ă©tais venu hier ?" C'est lĂ qu'est venue sa phrase si rĂ©confortante. Cher papa. Chapitre 6. Nouveau dĂ©part. Une chose au moins m'a aidĂ©. Il n'a pas Ă©tĂ© difficile d'obtenir un emploi. Mais aprĂšs mon arrivĂ©e Ă la SociĂ©tĂ© des Alcools du QuĂ©bec, j'ai vite constatĂ© que je ne savais rien, malgrĂ© mon bacc. en informatique de l'UniversitĂ© de MontrĂ©al. Heureusement, l'universitĂ© nous apprend Ă apprendre. On m'avait joint Ă un groupe de programmeurs et nous travaillions tous dans le mĂȘme local. Quand il y avait des discussions entre les autres sur des questions de programmation, je faisais semblant de travailler, mais tout ce que je faisais rĂ©ellement, c'Ă©tait Ă©couter ce qu'on discutait, pour apprendre. Et lĂ aussi, j'ai rĂ©ussi. J'y ai rĂ©alisĂ© un systĂšme informatique dont je suis trĂšs fier et qui a servi la SociĂ©tĂ© pendant de nombreuses annĂ©es aprĂšs mon dĂ©part. En effet, je n'ai pas travaillĂ© longtemps Ă la SAQ. Peut-ĂȘtre pas assez longtemps. Parce que c'Ă©tait trĂšs valorisant. On travaillait sur du concret et on voyait les rĂ©sultats. Je me rappelle, le lendemain de la fin du fameux projet dont je viens de parler, projet Ă l'Ă©chĂ©ancier course-contre-la-montre, nous Ă©tions, mes deux adjoints programmeurs et moi, dans la fenĂȘtre du troisiĂšme Ă©tage sur la cour intĂ©rieure, au Pied-du-Courant, Ă regarder charger les camions Ă partir des listes produites par notre nouveau systĂšme. Nous avions sous les yeux le rĂ©sultat tangible de notre travail. Euphorisant. Mais peu de temps aprĂšs, j'ai reçu un offre que je ne pouvais pas refuser. Un poste d'analyste en informatique chez Fiducie du QuĂ©bec - Fiducie Desjardins depuis - avec une augmentation de salaire de 40 %. J'y ai travaillĂ© vingt-cinq ans, dans diverses fonctions au service de l'informatique, comme analyste d'application, puis comme gestionnaire des secteurs de dĂ©veloppement informatique puis de production informatique. J'ai eu aussi l'opportunitĂ© de m'initier Ă la micro-informatique en devenant responsable de l'Ă©quipe chargĂ©e des achats et de l'entretien du parc des micro-ordinateurs, ainsi que du support aux utilisateurs. La rĂ©alisation qui m'a apportĂ© le plus de satisfaction au cours de ma carriĂšre chez Desjardins a Ă©tĂ© d'initier l'informatisation des formulaires. Deux ans avant le dĂ©but de ma retraite annoncĂ©e, j'en avais ras le bol de la gestion et j'ai demandĂ© Ă terminer mon temps dans des activitĂ©s de techniques informatiques. Mon vice-prĂ©sident m'a dĂ©nichĂ© un poste au service du Marketing Ă m'occuper d'une base de donnĂ©es. AprĂšs quelques semaines je me suis rendu compte que cette tĂąche ne me demandait que vingt-cinq pour cent de mon temps. Je ne voulais pas finir sur une tablette. Alors j'ai fait quelques recherches et j'ai dĂ©couvert que le logiciel Lotus Notes que nous utilisions pour son courriel interne offrait beaucoup d'autres possibilitĂ©s non utilisĂ©es, entre autre pour l'informatisation des formulaires. J'ai parlĂ© de ça Ă mon patron et au directeur du service de l'informatique, et on m'a donnĂ© carte blanche. J'y ai travaillĂ© pendant les deux derniĂšres annĂ©es avant ma retraite. Je faisais la programmation des formulaires, je donnais la formation sur leur utilisation et j'aidais les utilisateurs Ă s'y initier. C'est ce que j'ai connu de plus valorisant de toute ma carriĂšre. Au moment de partir Ă la retraite, on m'en demandait encore, si bien que j'ai continuĂ© Ă crĂ©er des formulaires Ă©lectroniques de chez moi, et mĂȘme, au cours de l'hiver suivant, Ă partir de la Floride, dans le florida room de l'appartement, face aux palmiers et au lac adjacent. C'Ă©tait le bonheur suprĂȘme ! Chapitre 7. Ma vie n'a pas Ă©tĂ© que professionnelle, elle a aussi Ă©tĂ© humaine. Quelques jours aprĂšs l'annonce publique de ma laĂŻcisation, je me suis achetĂ© un complet brun Ă carreaux rayĂ©s avec petite veste assortie, style Chapeau-Melon-et-Botte-de-Cuir Ă la British. Je tenais ainsi Ă afficher Ă la face du monde mon dĂ©tournement du noir ecclĂ©siastique que je commençais dĂ©jĂ Ă avoir en horreur. DĂšs ces dĂ©cisions prises, je me sentis en mesure de dire au revoir Ă mon psy, en le remerciant chaleureusement de m'avoir permis de me libĂ©rer de mes dĂ©mons et d'accĂ©der Ă la libertĂ©. LibertĂ© que je ne cesse de dĂ©velopper depuis, et qui est devenue mon bien personnel le plus prĂ©cieux. La plus grande libertĂ©, Ă mon sens, est celle de pouvoir choisir ce qu'on pense ĂȘtre la vĂ©ritĂ©, jusqu'Ă pouvoir se foutre des anathĂšmes de ceux qui ne sont pas d'accord. En ce sens libertĂ© rime avec honnĂȘtetĂ© envers soi-mĂȘme. Ces grands bouleversements se sont produits durant ma deuxiĂšme annĂ©e d'universitĂ©. Au cours de l'Ă©tĂ© suivant, je dĂ©cide un jour d'aller rendre visite Ă mon ancien curĂ© hĂ©bergeur Ă St-Hubert. J'y retrouve lĂ deux amies de longue date du curĂ©, et que j'avais croisĂ©es Ă quelques reprises auparavant. L'une d'elle me dit "Serais-tu intĂ©ressĂ© Ă rencontrer une fille que je connais et que j'estime beaucoup?" Ce n'Ă©tait pas encore une quĂȘte anxieuse pour moi, j'avais d'autres chats Ă fouetter pour le moment; mais, ma foi, pourquoi pas. Elle me donne le numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone de Monique. Rendu chez moi, je l'appelle. -" Bonjour, j'ai eu ton numĂ©ro par l'entremise d'une amie commune. Est-ce qu'on pourrait se rencontrer ?" -"Oui" -"Quand ?" -"Ce soir ?" Wow ! J'enfile mon Chapeau-Melon-Botte-de-Cuir, et je file vers Repentigny pour l'heure convenue. En arrivant Ă sa rĂ©sidence, je constate qu'une auto est arrĂȘtĂ©e dans le stationnement, et que Monique est en train.... d'Ă©conduire un prĂ©tendant ! J'attends dans mon auto. Finalement, il s'en va, en me jetant un regard noir en passant devant moi. Je laisse la vie reprendre son souffle normal, puis je m'avance vers la porte et je sonne. Je n'ai pas Ă attendre longtemps et la porte s'ouvre. Il ne faut pas ici s'attendre Ă des rĂ©cits indiscrets. Tout ce que je dirai c'est que des perspectives jusque-lĂ insoupçonnĂ©es et absentes de ma vie se sont alors Ă©veillĂ©es en moi comme si je naissais de nouveau. Curieux destin, Monique aussi avait connu un sĂ©jour en communautĂ© religieuse. AprĂšs quelques rencontres, Monique et moi avons trouvĂ© un Ă©cho qui nous ressemblait dans une chanson de Jean Ferrat "Tout ce que j'ai failli perdre, Tout ce qui m'est redonnĂ© Aujourd'hui me monte aux lĂšvres En cette fin de journĂ©e.... ....... Oui c'est beau, c'est beau la Vie." Et nous avons vĂ©cu dans la trentaine ce que la plupart des gens dĂ©couvrent beaucoup plus tĂŽt. Quant au mariage qui allait faire suite l'annĂ©e suivante, il m'est apparu pendant plusieurs mois comme un Ă©vĂ©nement surrĂ©aliste. J'avais passĂ© mon enfance, mon adolescence et ma vie de jeune adulte en ayant balayĂ© cette Ă©ventualitĂ© Ă tout jamais. Je n'y Ă©tais pas prĂ©parĂ©. Mais le retour Ă la vraie vie a fait son travail, et le jour de ma premiĂšre paie, aprĂšs la fin de mes Ă©tudes, j'ai demandĂ© Ă Monique si elle Ă©tait d'accord pour qu'on se marie. Ăa dure depuis plus de quarante ans. Nous avons passĂ© de belles annĂ©es. Nous travaillions chacun de notre cĂŽtĂ©, et les fins de semaine, l'Ă©tĂ©, nous partions en camping. Pour les vacances, nous descendions Ă Wildwood et campions sur le bord de la mer. Nous avions une tente Ă structure en tube de caoutchouc que je gonflais en replaçant une bougie du moteur de l'auto par une pompe minuscule qui insufflait de l'air sous pression dans les tubes. J'avais aussi construit des coffres en bois installĂ©s sur le toit de l'auto. Si bien que l'installation sur un terrain de camping se faisait en un temps record. Je m'amusais beaucoup de la curiositĂ© des campeurs Ă nous voir faire. AprĂšs trois ans passĂ©s ensemble Ă rĂ©apprivoiser la vie, et la vie de couple, nous avons convenu d'avoir un enfant. Ce qui fut dit fut fait, et neuf mois plus tard naissait Jacinthe. Grand bouleversement comme pour tout le monde, mais surtout immense bonheur. Je me rappelle la fiertĂ© que j'Ă©prouvais quand je me promenais en la tenant par la main alors qu'elle avait trois ans et qu'elle Ă©tait la plus belle petite fille au monde. J'avais envie de dire Ă tout le monde que je croisais "C'est ma fille!" J'ai toujours eu l'impression de n'avoir jamais su traduire mes sentiments de façon adĂ©quate, mais ils n'en Ă©taient pas moins lĂ . Et Jacinthe a grandi, et pendant ce temps, moi, j'ai vieilli, bousculĂ© par le travail et la routine quotidienne. Le temps passe et on ne s'en aperçoit pas. Puis tout d'un coup, on se rĂ©veille Ă la veille de la retraite. On regarde en arriĂšre, et on voit tout le chemin parcouru et on se dit "DĂ©jĂ ?". Jacinthe est devenue adulte et devient maman Ă son tour. J'ai donc un petit-fils, ThĂ©o. Alors pour un temps, on retombe en enfance. Comme c'est merveilleux, un petit-fils. Ăa nous redonne une raison de vivre Ă un moment oĂč on commence Ă se demander s'il nous en reste une plus valable que de simplement profiter du temps de la retraite pour s'amuser. Pour moi, une retraite Ă s'amuser, ça n'a pas de sens. Il faut ĂȘtre utile Ă quelque chose, Ă quelqu'un. Chapitre 8. C'est sur ces questions qu'elle a commencĂ©, la retraite. AprĂšs l'euphorie des contrats de travail exĂ©cutĂ©s sous le soleil hivernal de la Floride et le retour Ă la maison, arrive la vraie question Qu'est-ce que je vais faire maintenant. Je ne me sentais pas pris au dĂ©pourvu. J'avais dĂ©jĂ derriĂšre moi une longue habitude de hobbies et de bricolages qui pourraient devenir accaparants. ĂbĂ©nisterie, fabrication et dĂ©gustation de vin, mais j'Ă©prouvais le besoin d'aller au-delĂ de cela. J'en discute avec Monique. Elle me dit "Si tu faisais du bĂ©nĂ©volat Ă la St-Vincent-de-Paul ? Tu es bon bricoleur, et ils ont sĂ»rement des besoins Ă combler". Cette idĂ©e me sourit. Je m'y pointe un bon matin dans le but d'offrir mes services pour rĂ©parer des objets reçus en don. On me passe une entrevue, et on me demande -"Que faisiez-vous comme travail ?" -"J'Ă©tais informaticien" -"Pardon!!! Bougez pas ! Attendez un peu!" La dame s'absente et revient un instant plus tard avec le directeur et lui dit "Devine donc ce qu'il faisait?... Informaticien ! -"Quoi ! Ătes-vous intĂ©ressĂ© Ă en faire encore ?" -"Bien sĂ»r, j'en mange !" -"C'est le ciel qui vous envoie! On veut s'informatiser depuis longtemps, mais on n'a pas les moyens de se payer un professionnel. Soyez le bienvenu !" J'y ai produit des bases de donnĂ©es pour rĂ©pondre aux besoins de la ConfĂ©rence et j'y ai installĂ© un rĂ©seau. AprĂšs trois mois de presque plein temps, on a entreprit l'implantation du systĂšme et la formation du personnel. Je continue ce bĂ©nĂ©volat depuis plus de dix ans, et ces bases de donnĂ©es sont maintenant utilisĂ©es dans une quinzaine d'autres ConfĂ©rences-Vincent-de-Paul. J'ai aussi rĂ©alisĂ© et vendu Ă des clients quelques autres produits informatiques . Si bien que je fais de l'informatique autant sinon plus que lorsque j'Ă©tais sur le marchĂ© du travail. Entre temps, j'ai aussi fabriquĂ© deux chaises berçantes pour complĂ©ter les meubles de salle Ă dĂźner que j'avais construits vingt ans plus tĂŽt, ainsi qu'un lit et des meubles pour la chambre de ThĂ©o. Pour moi, c'est le secret pour rester en santĂ© et en vie durant la retraite. Ătre actif, avoir des projets et des dĂ©fis. J'espĂšre pouvoir garder ce rĂ©gime longtemps. Et j'ai toujours pris soin de dĂ©velopper parallĂšlement des habiletĂ©s manuelles et intellectuelles. Chapitre 9. Quand je regarde en arriĂšre le chemin parcouru, je me rends compte que j'ai changĂ©. Et pas Ă peu prĂšs. Passer d'un plan de vie prĂ©programmĂ© vers la prĂȘtrise, Ă une vie d'activitĂ©s professionnelles et Ă une vie familiale, via une transition de libĂ©ration difficile Ă apprivoiser, ça oblige Ă rĂ©flĂ©chir. La libĂ©ration, ça ne vient d'un seul coup. C'est un cheminement ardu. Deux pas en avant, un en arriĂšre. J'ai beaucoup rĂ©flĂ©chi sur ce qu'est la vie, sur la place qu'a occupĂ©e la religion dans ma vie, et sur le conditionnement social que j'ai vĂ©cu. Aucune rĂ©ponse n'est Ă©vidente. Pendant un certain nombre d'annĂ©es, j'ai ressenti de la rancĆur. Je veux revenir sur ce que j'ai vĂ©cu au Grand SĂ©minaire. Sur cette affirmation que ce que j'Ă©prouvais Ă©tait l'Ćuvre du diable qui essayait de me dĂ©tourner de la voie qui m'Ă©tait tracĂ©e. C'Ă©tait de la manipulation pure. Mais quand on est sous le coup de la domination des consciences, on ne peut que s'incliner. Par contre je ne peux pas en vouloir aux personnes qui ont vĂ©hiculĂ© cette manipulation. Elles-mĂȘmes en Ă©taient victimes. MalgrĂ© tout, je ne peux pas croire que certains "maitres de vĂ©ritĂ©" n'Ă©taient pas conscients de ce qu'ils faisaient. Ce ne peut ĂȘtre l'effet du hasard que toutes les religions fassent de la domination des consciences. C'est flagrant chez les islamistes et on en voit le rĂ©sultat. Dans l'Ăglise catholique, c'est plus subtil, mais c'est aussi prĂ©sent. Seulement un exemple pourquoi ce "Commandement de L'Ăglise" qui ordonne d'assister Ă la messe tous les dimanches sous peine de pĂ©chĂ© mortel, sinon en vue du sermon qu'on y prĂ©sente, afin d'entretenir l'affirmation de la VĂ©rité⊠J'en aurais beaucoup d'autres comme celle-ci, mais ce n'est pas le lieu ici. Au cours de mes premiĂšres annĂ©es de vie laĂŻque, mes perceptions religieuses Ă©taient encore pas mal mĂȘlĂ©es. J'avais vaincu la peur de l'enfer, mais cette victoire elle-mĂȘme m'amenait Ă reconsidĂ©rer d'autres affirmations qu'on nous avait enseignĂ©es comme Ă©tait vĂ©ritĂ© Ă toute Ă©preuve. D'oĂč vient la justification de ces enseignements ? Qui peut affirmer ce qui est vĂ©ritĂ© ou erreur ? Un Ă©difice bĂąti sur la peur rĂ©siste bien difficilement quand la peur n'est plus lĂ . Mais ce n'est pas tout d'admirer l'Ă©croulement. Il faut refaire ses convictions sur d'autres bases. Je me suis progressivement rendu compte que pour voir clair dans mes perceptions, il fallait que je les Ă©crive. Les idĂ©es ont germĂ© lentement dans mon esprit de façon confuse, et puis un jour j'ai constatĂ© que j'Ă©tais prĂȘt. Et j'ai commencĂ© Ă Ă©crire "Croire ou ne pas savoir" . J'ai Ă©crit 90% de ce texte d'un seul trait. Les idĂ©es s'enchainaient toutes seules et la lumiĂšre apparaissait de plus en plus claire au fur et Ă mesure que j'Ă©crivais. A la fin du cheminement que ce texte m'a fait parcourir, j'ai remplacĂ© le mot Foi par le mot EspĂ©rance. C'est-Ă -dire que j'ai fait le mĂ©nage dans les idĂ©es reçues et affirmĂ©es, et que je me suis orientĂ© vers une perception de la vie basĂ©e sur l'EspĂ©rance plutĂŽt que sur la Foi. En clair, cela veut dire que je ne suis pas Croyant, mais EspĂ©rant. EspĂ©rance au sens d'une confiance ouverte, sans attente prĂ©conçue, en ce vers quoi la vie voudra bien me conduire. Faire confiance Ă la vie parce que cette vie m'a Ă©tĂ© donnĂ©e comme un cadeau gratuit et non attendu. Alors pourquoi vivre dans l'anxiĂ©tĂ© face Ă ce qui pourra advenir Ă la fin. Ce texte fut le couronnement de ma libĂ©ration. Ce que j'ai dĂ©couvert au terme de ce texte, c'est la sĂ©rĂ©nitĂ©, la paix intĂ©rieure. Bien sĂ»r, je n'ai pas trouvĂ© de rĂ©ponses aux questions existentielles de la vie. D'oĂč je viens, oĂč je vais, et pourquoi. Je prĂ©fĂšre dire "Je ne sais pas", plutĂŽt que d'accepter une "VĂ©ritĂ©" que je ne peux pas vĂ©rifier. Alors, j'ai dĂ©cidĂ© de faire confiance Ă la Vie et espĂ©rer dĂ©couvrir la rĂ©ponse Ă ces questions quand j'arriverai Ă l'ĂchĂ©ance.. Combien de temps me reste-t-il Ă vivre ? Peut-ĂȘtre encore plusieurs annĂ©es, peut-ĂȘtre seulement quelques unes, quelques mois, quelques joursâŠUne chose est certaine, c'est que tĂŽt ou tard, la fin viendra. Quelle importance la date de l'Ă©chĂ©anceâŠ.J'ai trouvĂ© la sĂ©rĂ©nitĂ©. Est-ce que je maintiendrai la mĂȘme sĂ©rĂ©nitĂ© quand ma vie arrivera Ă sa fin ? J'ose l'espĂ©rer. Et je souhaite Ă ceux qui me liront de la trouver plus tĂŽt que je ne l'ai fait.
TomeI â Chapitre 2 : Une vitre disparaĂźt RĂ©sumĂ©. PĂ©tunia et Vernon Dursley submergent leur fils Dudley de cadeaux tandis que Harry est pratiquement laissĂ© Ă lâabandon : il dort dans le placard Ă balai, il ne reçoit que des ordres ou des reproches, Dudley le frappe en toute impunitĂ© plus grave encore : il ignore tout de ses parents, des Ă©vĂšnements qui entourent sa naissance
admin Thursday, May 5, 2016 Author ISBN 2748512944 Formats Format Kindle,Poche, Category Livres,Livres pour enfants,Fiction,Trouvez votre point de collecte,Plus dâinformations, NoĂ© Petit, qui vit Ă la campagne avec ses parents, est souvent seul et s'ennuie un peu. Un soir, un coup de tĂ©lĂ©phone du commissariat central lui annonce la mort d'un certain Armand Petit. Le pĂšre de NoĂ© lui parle alors pour la premiĂšre fois de ce frĂšre aĂźnĂ© dont il a Ă©tĂ© trĂšs proche, mais qui vivait depuis quinze ans comme un clochard. Ăpris " de libertĂ©, d'aventures et de prochains dĂ©parts ", toujours " ailleurs " oĂč qu'il soit, Armand survivait grĂące Ă la poĂ©sie. En se laissant porter Ă son tour par les poĂštes qu'il aimait, NoĂ© va tenter de comprendre cet homme Ă la dĂ©rive qui rĂ©pĂ©tait,comme pour s'en convaincre Un jour, il y aura autre chose que le jour. Boris Vian. NoĂ© Petit, qui vit Ă la campagne avec ses parents, est souvent seul et s'ennuie un peu. Un soir, un coup de tĂ©lĂ©phone du commissariat central lui annonce la mort d'un certain Armand Petit. Le pĂšre de NoĂ© lui parle alors pour la premiĂšre fois de ce frĂšre aĂźnĂ© dont il a Ă©tĂ© trĂšs proche, mais qui vivait depuis quinze ans comme un clochard. Ăpris " de libertĂ©, d'aventures et de prochains dĂ©parts ", toujours " ailleurs " oĂč qu'il soit, Armand survivait grĂące Ă la poĂ©sie. En se laissant porter Ă son tour par les poĂštes qu'il aimait, NoĂ© va tenter de comprendre cet homme Ă la dĂ©rive qui rĂ©pĂ©tait,comme pour s'en convaincre Un jour, il y aura autre chose que le jour. Boris Vian. Gueule de bois C'Ă©tait la foire aux quatre coins, il Ă©tait partout Picasso ! Il avait fait des stands ! Aussi il avait plusieurs flĂšches Ă son arc Picasso, LĂ©nine, Vinci ! Y en avait pour tous les goĂ»ts ! Tous les gosses criaient mon oncle Marcel ! Mon oncle Marcel ! Mon oncle CĂ©lestin Mais, de nous trois, celui qui travaillait encore le plus, c'Ă©tait mon cher oncle CĂ©lestin. Certes, en dĂ©pit des myriades d'oiseaux voletant parmi les broussailles vertes du Berlou et m'assourdissant par la continuitĂ© de leurs chansons, le latin ... Mon oncle et mon curĂ© Oh ! l'excellent homme, que mon curĂ© ! ... Non pas que j'eusse la tĂȘte dure, j' apprenais avec facilitĂ©; mais la paresse Ă©tait mon pĂ©chĂ© mignon3 je l'aimais, je le dor- 25 lotais, en dĂ©pit des frais ... C'Ă©tait un MON ONCLE ET MON CURĂ 3. Mon oncle Pas plus tard qu'hier elle Ă©tait sur mon lit. Est-ce avec Tonton que Nzule va se battre? Mais pourquoi? Tonton, non ! Il faut que j'aille dire Ă Tonton qu'il n'a aucune chance. Absolument aucune! Si c'Ă©tait mon oncle je lui dirais qu'il n'y a ... Le Petit Robinson de Paris demanda de nouveau le fossoyeur, tout en prenant mesure d'une grille que l'on devait placer autour de la tombe. Non, monsieur, c'Ă©tait mon oncle ! rĂ©pondit l'enfant, faisant un pas pour s'en aller, et revenant comme malgrĂ© lui au mĂȘme ... Les Poches de mon oncle Ne te moque pas de moi, mon petit Perrin, je finirais par me fĂącher. » J'Ă©tais taquin, mon trĂšs honorĂ© lecteur. Taquin, ditesvous ? Quoi ! il Ă©tait paresseux, et puis encore ... C'Ă©tait mon oncle. Il Ă©tait si bon, et nous l'aimions tant ! Mes moindres ... Je vous salue- Son frĂšre est un personnage important, significatif de son enfance et de sa vie Mon frĂšre, on consommait pas ensemble. ... Puis la chose s'est reproduite Ă deux ou trois fois Ăa c'Ă©tait chez... c'Ă©tait mon oncle, chez grand-m'man, lĂ . Journey to the center of the Earth/Voyage au centre de la Terre Bilingual edition/Ădition bilingue J'Ă©coutai de nouveau, et cette fois, oui ! cette fois, j'entendis mon nom distinctement jetĂ© Ă travers l'espace ! C'Ă©tait mon oncle qui le prononçait ? Il causait avec le guide, et le mot forlorad » Ă©tait un mot danois ! Alors je compris tout. Pour me ... ItinĂ©raire d'une FrangĂ©rienne pas trouvĂ©es pratiques, mais comme c'Ă©tait un cadeau de mon oncle, je voulais pour une fois me payer une fantaisie et non pas quelque chose de pratique, qui le plus souvent Ă©tait laid ! Le soir, lorsque mon oncle rentra pour dĂźner, toute ... The Harvard University Catalogue Il me sembla que c'Ă©tait mon oncle Thomas, tant ils se ressemblaient tous deux. Je le saluai avec un profond respect, et lui dis que j'Ă©tais fils de maĂźtre Nicolas je lui appris aussi que j'exerçais Ă Madrid, depuis trois semaines, le mĂ©tier de ... First French Reading Lessons C'Ă©tait mon oncle, monsieur. Grenouillet Ă part. C'est fait pour Mme. Dalby. Mais il faisait la banque et non l'usure. Grenouillet. Permettez, xiermettez ; ils Ă©taient deux qui demeuraient dans cette maison. Nous confondons peut-ĂȘtre. First French Reading Lessons Embracing the Relation of French to English, and the World-formation in the French Language C'Ă©tait mon oncle, monsieur. Grenouillet Ă part. C'est fait pour Mme. Dalby. Mais il faisait la banque et non l'usure. Grenouillet. Permettez, permettez ; ils Ă©taient deux qui demeuraient dans cette maison. Nous confondons peut-ĂȘtre. Magasin d'education et de recrĂ©ation, Volume 47 Entendre traiter ainsi mon digne oncle que j'aimais et que j'admirais tant ! Culotte de peau! » m'avait paru le ... cause de ce singulier phĂ©nomĂšne. C'Ă©tait mon oncle, qui, ayant Ă©tĂ© tĂ©moin de la scĂšne derriĂšre une haie et de ma triste situation, ... Mon AmĂ©rique C'Ă©tait mon oncle Walter Hartridge qui s'Ă©tait chargĂ©des opĂ©rations, ce jourlĂ . J' arrivai de France vers le 20 septembre 1919. Mon oncle m'attendait Ă New YorkoĂč nous ne fĂźmes qu'untrĂšs brefsĂ©jour, aprĂšsquoi nous prĂźmes le trainpour ... Delphi Complete Works of Marcel Proust Illustrated C'Ă©tait une formule finale trĂšs froide. ... pas ce qu'Odette avait eu raison de faire, quand soudain, un mot qu'il n'avait pas pu dĂ©chiffrer d'abord, apparut et Ă©claira le sens de la phrase tout entiĂšre J'ai eu raison d'ouvrir, c'Ă©tait mon oncle. Journal d'un pasteur protestant au XIXe siĂšcle Mon oncle alla mĂȘme jusqu'Ă dire que ce ne serait pas de son vivant que je serais pasteur Ă Bertry. ... Et dans le fond ils savaient que c'Ă©tait mon oncle Valentin qui faisait tout cela par des paroles insinuantes et flatteuses sur l'esprit des ... Le laird de Dumbiky Oui. MAC ALLAN. Cette Nelly. .. NELLY. Oui. , MAC ALLAN. C'Ă©tait... NELLY. C' Ă©tait moi. MAC ALLAN. C'Ă©tait toi! Oh! pardon, madame ... Faire valoir mes droits Ă la fortune de mon oncle, dont je suis le seul hĂ©ritier. - NELLY. Alors on vous a ... Magasin d'Ă©ducation et de rĂ©crĂ©ation ... une colĂšre que je ne cherchais nullement Ă maĂźtriser. Entendre traiter ainsi mon digne oncle que j'aimais et que j'admirais tant! ... la cause de ce singulier phĂ©nomĂšne. . C'Ă©tait mon oncle, qui,ayant Ă©tĂ© tĂ©moin de la scĂšne derriĂšre une haie ... Les annĂ©es Tolkien des frĂšres Hildebrandt Mon oncle posa son appareil. C'Ă©tait 1'heure de la pause et ie gĂ©nais. de fis demi -tour et je partis. Le lendemain, il se passa quelque chose de trĂšs Ă©trange Ă I' atelier. Enfin, Ă©trange pour moi. Mion pĂšre et mon oncle se prĂ©paraient Ă iaire des ... CONTES ET NOUVELLES de Guy de Maupassant C'Ă©tait mon oncle, Monsieur... Il avait sa douillette de voyage, et sa valise Ă la main âOui, c'est moi, mon garçon ; je viens te surprendre, et passer quelques jours Ă Paris. Monseigneur m'a donnĂ© congĂ©. â Il m'embrasse sur les deux joues, ...
61mNe. 77 375 246 374 151 336 396 448 280