Lesabattoirs acceptent les animaux abattus d'urgence, y compris s'ils sont abattus Ă  la ferme. Horaires : En semaine, les abattages d’urgence se pratiquent sur les heures de fonctionnement habituelles des deux abattoirs. L’abattage d’urgence est Ă©galement possible tout le week-end de 7h Ă  18h Ă  TĂ©bapail. ESPRIT FILIÈRE BOVINS VIANDE - FÉVRIER 2018Depuis le 8 janvier 2018, les Ă©leveurs de la rĂ©gion Centre – Val de Loire peuvent consulter leurs donnĂ©es d’abattage sur le nouveau site de l’interprofession rĂ©gionale AccĂšs aux donnĂ©es d’abattage En sĂ©lectionnant le bouton Vos donnĂ©es d’abattage » et en saisissant les mĂȘmes identifiants qu’auparavant n° de cheptel et mot de passe, l’éleveur peut consulter ses donnĂ©es d’abattage poids, conformation, Ă©tat d’engraissement, couleur, 
 communiquĂ©es par les abattoirs et mis en ligne au plus tard dĂšs le lendemain 7H de la date d’abattage. L’accĂšs Ă  ce site permet de vĂ©rifier ses donnĂ©es, d’obtenir les tickets de pesĂ©e dĂ©matĂ©rialisĂ©s, d’extraire les donnĂ©es du cheptel pour une intĂ©gration dans les outils de pilotage technico-Ă©conomique Cap’Eco,.. ou encore de suivre des statistiques sur ses rendements tout en se comparant aux donnĂ©es rĂ©gionales. En cas de crĂ©ation de compte de consultation ou perte de mot de passe, suivez les recommandations en cliquant sur la rubrique Vos donnĂ©es d’abattage » ou contacter Interbev Centre – Val de Loire. Il n’y aura pas de changement pour les Ă©leveurs qui suivent leurs donnĂ©es d’abattage sur les sites des EDE pour lesquels les liens perdurent, et ce sans reconnexion. Une nouveautĂ© depuis septembre 2017 les informations sanitairesPour 14 motifs de saisie partielle ou totale prĂ©dĂ©finis, chaque Ă©leveur reçoit une alerte Ă  sa connexion avec l’accĂšs Ă  une fiche pĂ©dagogique, afin d’amĂ©liorer ses pratiques d’élevage et de rĂ©duire les pertes financiĂšres. Un vecteur de communication des actions conduites par l’interprofession et de vos reprĂ©sentants professionnels en rĂ©gion DĂ©sormais, les actions dĂ©ployĂ©es en rĂ©gion par l’interprofession ou encore les chiffres clĂ©s et statistiques rĂ©gionales sont prĂ©sentĂ©es sur ce site. Chaque professionnel de la filiĂšre Ă©levage et viande a accĂšs aux noms de son ou ses reprĂ©sentants s’il dĂ©sire obtenir des informations complĂ©mentaires sur l’actualitĂ©. De plus, des fiches mĂ©tiers, vidĂ©os de tĂ©moignages de professionnels ainsi que les sites de formations aux diffĂ©rents mĂ©tiers de la filiĂšre sont Ă  disposition des visiteurs. Enfin chaque visiteur aura accĂšs aux Ă©vĂ©nements sur lesquels Interbev Centre – Val de Loire participera. Le site sera amenĂ© Ă  Ă©voluer dans le temps, pour rĂ©pondre au mieux au besoin des professionnels et des partenaires de l’interprofession. CHLOE SERRE - Interbev Centre-Val de Loire MISEEN MARCHÉ ABATTAGE ET PRODUCTION TRANSFORMATION DISTRIBUTION CONSOMMATEURS LA FILIÈRE ÉLEVAGE ET VIANDE DE NOUVELLE-AQUITAINE Conception : Studios FAL d’édition : FĂ©vrier 2021 Sources : Normabev, Interbev, Interbev Nouvelle-Aquitaine, DRAAF, AGRESTE 4,2 Millions d’hectares de surface
N° 4328 ______ ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 QUATORZIÈME LÉGISLATURE EnregistrĂ© Ă  la PrĂ©sidence de l'AssemblĂ©e nationale le 20 dĂ©cembre 2016 RAPPORT D’INFORMATION DÉPOSÉ en application de l’article 145-7 du RĂšglement PAR LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES sur la mise en application de la loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘtET PRÉSENTÉ PAR MM. Antoine HERTH et Germinal PEIRO, DĂ©putĂ©s. —— SOMMAIRE ___ Pages INTRODUCTION 9 PREMIÈRE PARTIE PERFORMANCE ÉCONOMIQUE ET ENVIRONNEMENTALE DES FILIÈRES AGRICOLES ET AGROALIMENTAIRES 11 I. PRÉSENTATION DE LA LOI 11A. INTENTION DU LÉGISLATEUR 11 B. DESCRIPTIF DES ARTICLES 13 II. APPLICATION DE LA LOI 17A. LES GROUPEMENTS D’INTÉRÊT ÉCONOMIQUE ET ENVIRONNEMENTAL 191. Mise en Ɠuvre des groupements d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental 20 2. Une forme de prolongement de l’agriculture de groupe ? 21 3. Un essor Ă  encourager 21 B. UNE NOUVELLE DYNAMIQUE POUR LES GROUPEMENTS AGRICOLES D’EXPLOITATION EN COMMUN GAEC 22 C. L’AMÉLIORATION DU FONCTIONNEMENT ET DE LA TRANSPARENCE DES COOPÉRATIVES 24 1. Une meilleure relation » entre l’associĂ© coopĂ©rateur et sa coopĂ©rative agricole 25 2. La gestion du groupement coopĂ©ratif 26 3. Le contentieux 27 D. L’ADAPTATION DU DROIT APPLICABLE AUX INTERPROFESSIONS 281. Une meilleure reprĂ©sentativitĂ© 28 2. Une extension des accords interprofessionnels parfois contestĂ©e 30 E. RÉGULER LES RELATIONS COMMERCIALES 311. Une contractualisation complexe 32 2. Des organisations de producteurs facilitĂ©es mais encore faibles 34 3. Le mĂ©diateur des relations commerciales agricoles 35 F. L’INAPPLICATION DE L’ARTICLE RELATIF À L’ALLOCATION D’ESPACES D’INFORMATION PÉRIODIQUES GRATUITS POUR LES INTERPROFESSIONS 36 G. LES GARANTIES DE L’ORIGINE ET DE LA QUALITÉ 37 1. Une mise en conformitĂ© au droit de l’Union europĂ©enne 37 2. Une meilleure protection des appellations d’origine et des indications gĂ©ographiques 41 DEUXIÈME PARTIE PROTECTION DES ESPACES NATURELS, AGRICOLES ET FORESTIERS ET RENOUVELLEMENT DES GÉNÉRATIONS 43 I. PRÉSENTATION DE LA LOI 43A. INTENTION DU LÉGISLATEUR 43 B. DESCRIPTIF DES ARTICLES 44 II. APPLICATION DE LA LOI 47A. LA PRÉSERVATION DES ESPACES AGRICOLES, NATURELS ET FORESTIERS 491. Un Observatoire des espaces naturels, agricoles et forestiers OENAF Ă©largi 50 2. Les commissions dĂ©partementales des espaces naturels, agricoles et forestiers CDPENAF 50 B. ÉVITER, RÉDUIRE, COMPENSER LES EFFETS DES INFRASTRUCTURES SUR L’ÉCONOMIE AGRICOLE LE PRINCIPE DE COMPENSATION AGRICOLE 521. Une exigence limitĂ©e aux projets susceptibles de gĂ©nĂ©rer des impacts importants 53 2. Une portĂ©e de l’évaluation incertaine 54 C. L’AMÉLIORATION DE L’EFFICACITÉ DE L’INTERVENTION DES SOCIÉTÉS D’AMÉNAGEMENT FONCIER ET D’ÉTABLISSEMENT RURAL SAFER 551. Nouvelle gouvernance des SAFER 55 2. Une meilleure information des SAFER 57 3. L’élargissement du droit de prĂ©emption 58 a. Un droit devenu permanent 58 b. Un champ d’application Ă©tendu 58 c. La crĂ©ation d’un droit de prĂ©emption partiel 60 4. Le contrĂŽle des structures et le schĂ©ma directeur rĂ©gional des exploitations agricoles SRDEA 62 a. Nouveaux objectifs 62 b. Le schĂ©ma directeur rĂ©gional des exploitations agricoles 62 D. FAVORISER L’INSTALLATION ET LA TRANSMISSION EN AGRICULTURE 641. L’installation 65 2. La transmission 67 E. L’INAPPLICATION DU REGISTRE DES ACTIFS AGRICOLES 681. Les personnes concernĂ©es par le registre 69 2. Les personnes exclues du registre 70 3. Tenue du registre 70 4. Quel usage ? 70 TROISIÈME PARTIE POLITIQUE DE L’ALIMENTATION ET PERFORMANCE SANITAIRE 73 I. PRÉSENTATION DE LA LOI 73A. INTENTION DU LÉGISLATEUR 73 B. DESCRIPTIF DES ARTICLES 74 II. APPLICATION DE LA LOI 77A. LES PROGRAMMES ALIMENTAIRES TERRITORIAUX 841. Les programmes alimentaires territoriaux 84 2. Des projets emblĂ©matiques de l’enseignement agricole 84 3. Le rĂŽle de l’AssemblĂ©e permanente des chambres d’agriculture APCA 85 B. LA LUTTE CONTRE L’ANTIBIORÉSISTANCE 861. L’objectif de diminution de la consommation des antibiotiques 86 2. Une mesure trĂšs controversĂ©e 88 a. Le sentiment de stigmatisation des vĂ©tĂ©rinaires 88 b. La dĂ©livrance du mĂ©dicament vĂ©tĂ©rinaire 89 c. Le renouvellement des agrĂ©ments des programmes sanitaires d’élevage PSE 91 d. L’évolution rĂ©cente du code de dĂ©ontologie 92 e. Le dĂ©veloppement des alternatives 93 C. LA MAÎTRISE DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES 941. L’arrĂȘtĂ© sur les phytosanitaires en prĂ©paration 94 2. L’interdiction des nĂ©onicotinoĂŻdes 98 3. Les certificats d’économie de produits phytosanitaires 99 D. L’ATTRIBUTION À L’AGENCE NATIONALE DE SÉCURITÉ SANITAIRE DE L’ALIMENTATION, DE L’ENVIRONNEMENT ET DU TRAVAIL ANSES DE L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHÉ 1001. Les autorisations de mise sur le marchĂ© 100 2. Les trois zones de l’Union europĂ©enne 103 3. Des moyens insuffisants 105 4. Le dispositif de phytopharmacovigilance 107 5. Le pouvoir de contrĂŽle des inspecteurs de l’ANSES 109 6. La transparence 110 E. LA SURVEILLANCE SANITAIRE 1101. La reconnaissance du rĂŽle des fĂ©dĂ©rations dĂ©partementales des chasseurs en matiĂšre de surveillance sanitaire 110 2. La responsabilisation des chasseurs 111 3. Des consĂ©quences nĂ©gatives pour les chasseurs 111 4. La protection des Ă©leveurs affectĂ©s par les attaques de loups 112 QUATRIÈME PARTIE ENSEIGNEMENT, FORMATION, RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT AGRICOLES ET FORESTIERS 117 I. PRÉSENTATION DE LA LOI 117A. INTENTION DU LÉGISLATEUR 117 B. DESCRIPTIF DES ARTICLES 118 II. APPLICATION DE LA LOI 120A. LE PROJET STRATÉGIQUE POUR L’ENSEIGNEMENT AGRICOLE 122 B. L’ENSEIGNEMENT ET LE PROJET AGRO-ÉCOLOGIQUE 123 C. L’ACQUISITION DES DIPLÔMES ET LA PROMOTION SOCIALE 125 D. L’INNOVATION PÉDAGOGIQUE 127 E. LE MÉDIATEUR DE L’ENSEIGNEMENT AGRICOLE 129 F. L’INSTITUT AGRONOMIQUE, VÉTÉRINAIRE ET FORESTIER DE FRANCE 130 1. Un nouvel Ă©tablissement 130 2. Des expertises Ă  l’étranger 133 3. DĂ©veloppement d’une universitĂ© numĂ©rique en agro-bio-sciences 133 4. Des progrĂšs Ă  rĂ©aliser 134 G. LA SPÉCIFICITÉ DE L’ENSEIGNEMENT PRIVÉ 135CINQUIÈME PARTIE DISPOSITIONS RELATIVES À LA FORÊT 141 I. PRÉSENTATION DE LA LOI 141A. INTENTION DU LÉGISLATEUR 1411. Un potentiel important 141 2. Des difficultĂ©s structurelles 142 3. De nouveaux dĂ©sĂ©quilibres 142 B. DESCRIPTIF DES ARTICLES 144II. APPLICATION DE LA LOI 149A. LES ENJEUX FORESTIERS ET UNE NOUVELLE GOUVERNANCE 151 B. LE PROGRAMME NATIONAL DE LA FORÊT ET DU BOIS 152 C. CRÉATION D’UN FONDS STRATÉGIQUE DE LA FORÊT ET DU BOIS. 154 D. FORÊT ET TERRITOIRES 157 1. Établir l’équilibre sylvo-cynĂ©gĂ©tique 157 2. Dispositions concernant la mobilisation du foncier et l’utilisation des sols 161 E. LA DYNAMISATION DE LA GESTION DURABLE 1641. Les groupements d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental forestiers 164 2. Les autres dispositions relatives Ă  la gestion durable 165 3. Les ressources gĂ©nĂ©tiques forestiĂšres et les matĂ©riels forestiers de reproduction 169 F. LES MESURES SOCIALES 169 G. RÈGLEMENT SUR LE BOIS DE L’UNION EUROPÉENNE 169 SIXIÈME PARTIE DISPOSITIONS RELATIVES À L’OUTRE-MER 171 I. PRÉSENTATION DE LA LOI 171A. INTENTION DU LÉGISLATEUR 171 B. PRÉSENTATION DES ARTICLES DU TITRE VI 171 II. APPLICATION DE LA LOI 173A. LA CRÉATION DES COMITÉS D’ORIENTATION STRATÉGIQUE ET DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE COSDA, EN CHARGE DE LA DÉCLINAISON DE LA LOI D’AVENIR OUTRE-MER 175 B. LA FORÊT 176 SEPTIÈME PARTIE DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET DIVERSES 179 EXAMEN EN COMMISSION 181 LISTE DES PERSONNES AUDITIONNÉES 207 INTRODUCTION À chaque lĂ©gislature sa loi agricole Ă  la fois loi cadre et loi de modernisation, la loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt, promulguĂ©e aprĂšs plus d’un an de dĂ©bats parlementaires est, comme son nom l’indique, une loi tournĂ©e vers la construction de l’avenir de l’agriculture elle est le rĂ©sultat de l’affirmation d’un modĂšle agricole. Le Gouvernement n’entendait pas seulement prendre acte, dans la loi, de nouvelles pratiques agricoles mais il souhaitait donner le cadre lĂ©gislatif d’une nouvelle ambition pour les agriculteurs français, conformĂ©ment Ă  l’objectif affichĂ© par le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt, M. StĂ©phane Le Foll atteindre la performance Ă©conomique des exploitations en prĂ©voyant de gĂ©nĂ©rer une performance environnementale, dans le respect d’une agriculture riche de sa diversitĂ©. L’introduction du concept d’agro-Ă©cologie remet la nature et les hommes au cƓur de la performance Ă©conomique des exploitations quand la France est entourĂ©e de pays oĂč les seules Ă©volutions se font dans le sens de l’industrialisation, au dĂ©triment de la richesse des territoires. Si cette loi d’avenir a fait l’objet de vifs dĂ©bats, elle a nĂ©anmoins recueilli l’approbation de nombre de dĂ©putĂ©s de tous bords et l’accueil favorable des professionnels. Ces derniers, entendus par vos rapporteurs, ont confirmĂ© leurs positions, deux ans aprĂšs la promulgation de la loi et alors qu’une grande partie des dĂ©crets d’application ont Ă©tĂ© publiĂ©s. Le projet de loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt comportait, Ă  son dĂ©pĂŽt le 13 novembre 2013, 39 articles. À l’AssemblĂ©e nationale en premiĂšre lecture 1769 amendements furent dĂ©posĂ©s en sĂ©ance publique en janvier 2014. Au SĂ©nat, en premiĂšre lecture, 861 amendements furent dĂ©posĂ©s en sĂ©ance publique. De retour Ă  l’AssemblĂ©e nationale en juin de la mĂȘme annĂ©e, en deuxiĂšme lecture, ce sont 1 340 amendements qui furent dĂ©posĂ©s. Enfin, 187 amendements furent dĂ©posĂ©s en sĂ©ance publique en deuxiĂšme lecture au SĂ©nat. À l’issue d’une commission mixte paritaire, le texte fut dĂ©finitivement adoptĂ© par l’AssemblĂ©e nationale le 11 septembre 2014. AprĂšs saisine du Conseil constitutionnel, le texte fut dĂ©clarĂ© partiellement conforme Ă  la Constitution. Le texte final comporte 96 articles, rĂ©partis en sept titres. Ces 96 articles nĂ©cessitaient 103 mesures rĂ©glementaires d’application, dont 72 dĂ©crets simples et 31 dĂ©crets en Conseil d’État. Au moment de la remise du prĂ©sent rapport, 63 dĂ©crets avaient Ă©tĂ© publiĂ©s dont prĂšs de 50 dans l’annĂ©e suivant la promulgation de la loi, mettant ainsi en Ɠuvre 70 mesures rĂ©glementaires prĂ©vues par la loi et 26 mesures rĂ©glementaires d’application non explicitement prĂ©vues par cette mĂȘme loi. 25 mesures rĂ©glementaires d’application sont Ă  ce jour encore en attente, Ă  des stades d’élaboration divers. Plusieurs dĂ©crets relevant du ministĂšre des affaires sociales et de la santĂ©, plus sensibles, manquent Ă  l’appel. Vos rapporteurs relĂšvent nĂ©anmoins que les dĂ©crets d’application de la loi ont Ă©tĂ© publiĂ©s Ă  hauteur de prĂšs de 75 %, sachant que les auditions qu’ils ont menĂ© ont montrĂ© que, Ă  l’exception notable du dĂ©cret sur le registre des actifs agricoles, l’essentiel des dĂ©crets relevant du ministĂšre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la pĂȘche ont Ă©tĂ© publiĂ©s. * * * L’article du code rural et de la pĂȘche maritime, figurant au sein du titre prĂ©liminaire Objectifs de la politique en faveur de l’agriculture, de l’alimentation, de la pĂȘche maritime et de la forĂȘt », dĂ©finit les principes gĂ©nĂ©raux et les objectifs de la politique agricole, alimentaire, sylvicole et piscicole. De portĂ©e normative limitĂ©e, cet article rĂ©vĂšle le fil conducteur de la loi la combinaison de la performance Ă©conomique compĂ©titivitĂ© et de la performance environnementale agro-Ă©cologie des exploitations. Il pose des finalitĂ©s qui sont la dĂ©clinaison de quatre grandes ambitions politiques – Ă©conomique, sociale, territoriale et environnementale – qui doivent ĂȘtre combinĂ©es entre elles dans le but de promouvoir un modĂšle agricole diversifiĂ©. La politique en faveur de l’agriculture et de l’alimentation a ainsi 17 finalitĂ©s auxquelles s’ajoutent les 6 objectifs de la politique d’installation et de transmission en agriculture. Il doit Ă©galement ĂȘtre tenu compte des spĂ©cificitĂ©s des outre-mer, des territoires de montagne et des zones humides. Le prĂ©sent rapport examinera, pour chacun des titres de la loi d’avenir 1, les mesures d’application de la loi qui ont Ă©tĂ© prises depuis sa promulgation, s’efforçant de prĂ©senter les dĂ©crets parus et un Ă©tat des lieux de leur mise en Ɠuvre – en dĂ©pit du caractĂšre rĂ©cent de nombre de mesures d’application. PREMIÈRE PARTIE PERFORMANCE ÉCONOMIQUE ET ENVIRONNEMENTALE DES FILIÈRES AGRICOLES ET AGROALIMENTAIRES I. PRÉSENTATION DE LA LOI A. INTENTION DU LÉGISLATEUR Le titre Ier de la loi est la traduction lĂ©gislative du fil conducteur de l’esprit de l’ensemble de la loi la double performance Ă©conomique et environnementale non seulement des exploitations agricoles mais de l’ensemble des entreprises agroalimentaires. La performance Ă©conomique est envisagĂ©e par le biais du dĂ©veloppement des formes collectives de production. Les groupements d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental GIEE rĂ©pondent Ă  une problĂ©matique de territoire par la mise en Ɠuvre d’un systĂšme de production agricole innovant associant plusieurs agriculteurs. Ils visent Ă  valoriser et Ă  accompagner des agriculteurs qui s’engagent Ă  modifier collectivement leurs pratiques de production dans le sens de l’agro-Ă©cologie, et sur plusieurs annĂ©es. La prise de risque est ainsi mutualisĂ©e et les aides publiques potentiellement augmentĂ©es du fait de la reconnaissance du GIEE. Les groupements agricoles d’exploitation en commun GAEC et la coopĂ©ration sont autant de formes d’association collectives anciennes mais dont le fonctionnement a Ă©tĂ© amĂ©liorĂ© par la loi d’avenir afin d’inciter les exploitants agricoles Ă  s’y engager. L’idĂ©e des GAEC est que la force du collectif crĂ©e une dynamique territoriale et Ă©conomique affranchissant les exploitants individuels des contraintes les rendant plus vulnĂ©rables aux alĂ©as Ă©conomiques de leur mĂ©tier, sans pour autant qu’ils renoncent Ă  leur indĂ©pendance. Le rĂ©gime juridique des GAEC est la traduction juridique de l’entraide entre agriculteurs le travail est mis en commun – totalement ou partiellement – comme il peut l’ĂȘtre dans une exploitation familiale. La coopĂ©ration est une forme d’agriculture de groupe basĂ©e sur la solidaritĂ© des agriculteurs pour assurer leurs approvisionnements, la transformation et la mise en marchĂ© de leurs produits. Il Ă©tait nĂ©cessaire de remĂ©dier au manque d’information des associĂ©s coopĂ©rateurs sur la stratĂ©gie globale de leur coopĂ©rative et sur ses modalitĂ©s d’organisation et de gouvernance ainsi que sur les engagements rĂ©ciproques entre l’associĂ© coopĂ©rateur et celle-ci. Les interprofessions sont aussi un outil collectif transversal, promu au niveau europĂ©en dans le cadre de l’organisation commune des marchĂ©s OCM. Cette organisation commune Ă  diverses professions autour d’une mĂȘme production agricole et alimentaire les rassemble dans l’intĂ©rĂȘt d’une filiĂšre dans son ensemble. L’idĂ©e de la loi d’avenir est de renforcer ces interprofessions en amĂ©liorant la reprĂ©sentativitĂ© de leurs membres et en leur permettant d’étendre Ă  l’ensemble d’un secteur des accords collectifs dans l’intĂ©rĂȘt d’une production. Les Ă©changes commerciaux entre les diffĂ©rents maillons de la filiĂšre alimentaire aboutissent Ă  un dĂ©sĂ©quilibre du pouvoir de marchĂ© en dĂ©faveur des producteurs de l’amont, dispersĂ©s face Ă  des acheteurs et Ă  des distributeurs de plus en plus concentrĂ©s. La contractualisation dĂ©jĂ  ancienne n’ayant pas permis de rĂ©tablir l’équilibre, ses modalitĂ©s sont renforcĂ©es dans le sens d’une plus grande sĂ©curitĂ© juridique des maillons les plus vulnĂ©rables que sont les producteurs. Ceux-ci sont Ă©galement incitĂ©s Ă  mieux s’organiser – en organisations de producteurs – pour pallier Ă  leur dispersion et augmenter leur poids dans les nĂ©gociations commerciales, dans les limites du droit europĂ©en. Le renforcement des interprofessions et des organisations de producteurs participe d’une volontĂ© rĂ©affirmĂ©e aujourd’hui d’une meilleure rĂ©partition de la valeur ajoutĂ©e tout au long de la chaĂźne alimentaire. Axe fort de la loi d’avenir, la performance environnementale, ou agro-Ă©cologie, s’appuie sur les Ă©cosystĂšmes pour concevoir de nouveaux systĂšmes de production. L’agro-Ă©cologie permet de dĂ©velopper des productions agricoles respectueuses de l’environnement sans sacrifier l’objectif de performance Ă©conomique des exploitations. Plus prĂ©cisĂ©ment, l’idĂ©e est de dĂ©velopper des solutions alternatives Ă  l’usage de produits phytosanitaires, de limiter les prĂ©lĂšvements des ressources naturelles ainsi que les Ă©missions des gaz Ă  effet de serre. L’agro-Ă©cologie n’est possible que par une attention particuliĂšre portĂ©e aux territoires. À ce titre et dans le mĂȘme esprit que la loi n° 2015-991 du 7 aoĂ»t 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la RĂ©publique NOTRe postĂ©rieure Ă  la loi d’avenir, les rĂ©gions sont renforcĂ©es dans plusieurs instances nationales et dans la dĂ©finition de diffĂ©rents axes des politiques agricoles. L’agro-Ă©cologie est Ă©galement prise en compte dans le cadre des baux environnementaux intĂ©grĂ©s aux baux ruraux et par le renforcement des dĂ©clarations relatives aux flux d’azote rĂ©pandus dans les zones vulnĂ©rables. Elle est indĂ©niablement liĂ©e non seulement Ă  la performance des exploitations mais Ă©galement Ă  la qualitĂ© et Ă  la mise en valeur des productions agricoles. La transposition en droit français du paquet qualitĂ© » europĂ©en 2 prĂ©vue dans la loi d’avenir amĂ©liore la reconnaissance des produits sous signes de la qualitĂ© et de l’origine et renforce les moyens de l’Institut national de l’origine et de la qualitĂ© pour les dĂ©fendre. B. DESCRIPTIF DES ARTICLES L’article 2 modifie la composition et les missions du Conseil supĂ©rieur d’orientation et de coordination de l’économie agricole et alimentaire CSO, ainsi que celles de FranceAgriMer, notamment pour donner un rĂŽle accru aux rĂ©gions dans la politique agricole. Cet article donne Ă©galement compĂ©tence Ă  FranceAgriMer pour gĂ©rer le Fonds national de cautionnement des achats des produits de la mer FNCA dans les criĂ©es. L’article 3 donne un cadre juridique aux groupements d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental GIEE. Il permet aux agriculteurs membres d’un GIEE de s’échanger directement des cĂ©rĂ©ales, sans passer par un collecteur agréé. Il fait relever de l’entraide les activitĂ©s de prolongement de l’activitĂ© agricole. L’article 4 Ă©tend la possibilitĂ© pour les prĂ©fets d’imposer, dans les zones vulnĂ©rables, une dĂ©claration des flux d’azote commercialisĂ©s Ă  tous les acteurs de la chaĂźne, y compris les distributeurs et les transporteurs ; il permet Ă©galement d’utiliser plus largement le bail environnemental et il modernise la dĂ©finition du dĂ©veloppement agricole pour y intĂ©grer la dĂ©marche agro-Ă©cologique. L’article 5 prĂ©cise que le bailleur peut rĂ©silier le bail en cas de dĂ©cĂšs dans les six mois, non pas du dĂ©cĂšs du preneur, mais de la date Ă  laquelle il en a connaissance. L’article 6 donne un an au preneur sortant pour dĂ©poser sa demande d’indemnisation pour amĂ©lioration du fonds louĂ©. L’article 7 clarifie les conditions dans lesquelles sont Ă©valuĂ©s les travaux de transformation du sol effectuĂ©s sur le fonds louĂ© par le preneur sortant. L’article 8 amĂ©liore la protection du preneur ĂągĂ©, en permettant Ă  ce preneur de demander le report de l’effet du congĂ© pour reprise – droit que le statut du fermage attribue au propriĂ©taire des terres – jusqu’à la fin de l’annĂ©e culturale au cours de laquelle ce preneur aura atteint l’ñge de la retraite Ă  taux plein. L’article 9 prĂ©voit que les sommes indument perçues par un bailleur et devant ĂȘtre remboursĂ©es sont actualisĂ©es au taux d’intĂ©rĂȘt lĂ©gal majorĂ© de trois points. L’article 10 aligne la durĂ©e du renouvellement du bail cessible sur la durĂ©e de droit commun, soit neuf ans au lieu de cinq ans. La faiblesse de la durĂ©e minimum de renouvellement du bail cessible hors cadre familial, auparavant fixĂ©e Ă  cinq ans, pouvant constituer un frein au dĂ©veloppement de cet outil. L’article 11 clarifie le statut des groupements agricoles d’exploitation en commun GAEC pour bĂ©nĂ©ficier du principe de transparence reconnu au niveau europĂ©en et simplifie leur procĂ©dure d’agrĂ©ment, dĂ©sormais placĂ©e sous la responsabilitĂ© de l’État. Les comitĂ©s dĂ©partementaux et rĂ©gionaux et le comitĂ© national d’agrĂ©ment des GAEC sont supprimĂ©s. L’article 12 permet aux exploitations agricoles Ă  responsabilitĂ© limitĂ©e EARL d’intĂ©grer un groupement pastoral sous forme associative. Auparavant, les critĂšres d’agrĂ©ment des groupements pastoraux leur interdisaient de se constituer sous forme associative s’ils comportaient une EARL, ce qui constituait une anomalie juridique. L’article 13 renforce la transparence au sein des coopĂ©ratives agricoles et les avantages accordĂ©s aux organisations de producteurs. Cet article prĂ©voit – de renforcer l’information des associĂ©s coopĂ©rateurs des coopĂ©ratives agricoles ; – de pouvoir prĂ©voir l’accueil d’associĂ©s stagiaires, admis Ă  titre provisoire au sein de la coopĂ©rative pendant une pĂ©riode probatoire d’un an maximum ; – de moderniser la gouvernance des coopĂ©ratives agricoles et la formation de leurs dirigeants dans le but d’une plus grande transparence et d’une meilleure efficacitĂ© de leur fonctionnement ; – d’organiser le partage des risques Ă©conomiques entre les associĂ©s et la coopĂ©rative en cas de variations des prix des matiĂšres premiĂšres mais en amĂ©nageant le principe de la clause-miroir. Il revient Ă  l’organe chargĂ© de l’administration d’en dĂ©terminer les critĂšres, de les porter Ă  la connaissance des associĂ©s coopĂ©rateurs et, Ă©ventuellement, de les prendre en compte dans les prix payĂ©s Ă  ces derniers ; – de renforcer les exigences en matiĂšre de rĂ©vision coopĂ©rative ; – d’instaurer un mĂ©diateur de la coopĂ©ration agricole ; – de permettre aux organisations de producteurs de bĂ©nĂ©ficier d’aides publiques Ă  l’investissement majorĂ©es ; – d’étendre le champ des redevables des cotisations aux organisations interprofessionnelles Ă  tous les opĂ©rateurs Ă©conomiques, mĂȘme non membres de ces organisations. L’article 14 crĂ©e une sanction pour le non-respect des dispositions inscrites dans le code rural et de la pĂȘche maritime sur les magasins de producteurs. Cet article prĂ©cise le mode de constatation des infractions, qui sont effectuĂ©es par des agents de la direction gĂ©nĂ©rale de la concurrence, de la consommation et de la rĂ©pression des fraudes DGCCRF ou de la direction gĂ©nĂ©rale de l’alimentation DGAL et dispose que les infractions Ă  ce mĂȘme article sont rĂ©primĂ©es comme des pratiques commerciales trompeuses. L’article 15 modifie le cadre contractuel applicable aux produits agricoles et alimentaires, en renforçant la protection des agriculteurs dans l’application des contrats passĂ©s avec les premiers metteurs en marchĂ© et en renforçant les prĂ©rogatives des organisations de producteurs OP. Il Ă©tend la durĂ©e des contrats de 5 Ă  7 ans pour les agriculteurs qui dĂ©marrent une production. Il impose Ă©galement le recours Ă  la mĂ©diation en cas de litige portant sur l’exĂ©cution d’un contrat de vente de produits agricoles ou alimentaires et conforte la place du mĂ©diateur des relations commerciales agricoles. Les OP sont autorisĂ©es Ă  reprĂ©senter leurs membres dans les procĂ©dures de mĂ©diation. Elles peuvent Ă©galement jouer un rĂŽle d’intermĂ©diaire dans la contractualisation obligatoire concernant les produits agricoles dans ce cas, un contrat cadre est proposĂ© – sous peine de sanction – Ă  l’organisation de producteurs chargĂ©e d’effectuer une nĂ©gociation collective au nom de ses membres. Des sanctions sont prĂ©vues en cas d’absence ou de mauvaise exĂ©cution de la clause de renĂ©gociation du prix permettant de prendre en compte les fluctuations des prix des matiĂšres premiĂšres agricoles et alimentaires. Il Ă©largit, enfin, l’interdiction des remises, rabais et ristournes aux produits alimentaires figurant sur une liste Ă©tablie par dĂ©cret. L’article 16 prĂ©voit qu’un syndicat professionnel agréé en tant qu’opĂ©rateur du service public d’enregistrement et de contrĂŽle des performances des ruminants peut ĂȘtre transformĂ© en association sans crĂ©ation d’une personne morale nouvelle. L’association ainsi créée bĂ©nĂ©ficie du transfert des agrĂ©ments, habilitations, aides ou avantages financiers ainsi que des conventions en cours rattachĂ©s au syndicat. Il garantit la neutralitĂ© fiscale de la transformation. Il limite Ă  six ans, la pĂ©riode pendant laquelle les syndicats peuvent se transformer en association en bĂ©nĂ©ficiant des conditions prĂ©vues Ă  cet article. L’article 17 adapte le droit national relatif aux interprofessions au nouveau cadre juridique dĂ©fini par le rĂšglement europĂ©en n° 1308/2013 du Parlement europĂ©en et du Conseil du 17 dĂ©cembre 2013 portant organisation commune des marchĂ©s OCM des produits agricoles. Il instaure une prĂ©somption de reprĂ©sentativitĂ© des syndicats de producteurs ayant atteint 70 % des voix aux Ă©lections professionnelles, obligeant ainsi les interprofessions Ă  organiser en leur sein le pluralisme syndical et instaurant un mĂ©canisme d’opposition Ă  l’extension des accords interprofessionnels. L’article 18 prĂ©voit la mise Ă  disposition d’espaces de diffusion sur les radios et tĂ©lĂ©visions publiques pour des campagnes collectives d’information sur les produits frais. L’article 19 prĂ©voit la coopĂ©ration, en matiĂšre de sĂ©curitĂ© et de protection de la santĂ©, entre les employeurs et travailleurs indĂ©pendants qui interviennent sur un mĂȘme lieu de travail. Il met en Ɠuvre la convention n° 184 de l’Organisation internationale du travail OIT sur la sĂ©curitĂ© et la santĂ© des travailleurs dans l’agriculture. L’article 20 rend facultative la crĂ©ation, au niveau dĂ©partemental, d’un comitĂ© des activitĂ©s sociales et culturelles. L’article 21 habilite le Gouvernement Ă  modifier par ordonnances, dans un dĂ©lai d’un an Ă  compter de la publication de la loi, les dispositions du code rural et de la pĂȘche maritime et du code de la consommation, ainsi que certaines dispositions du code gĂ©nĂ©ral des impĂŽts, pour tirer les consĂ©quences du paquet qualitĂ© » de 2012 prĂ©citĂ©, harmoniser les procĂ©dures de reconnaissance des appellations d’origine et indications gĂ©ographiques et modifier la gouvernance de l’Institut national de l’origine et de la qualitĂ© INAO. L’article 22 reconnait le vin, les cidres et poirĂ©s, les boissons spiritueuses et les biĂšres issus des traditions locales et les terroirs viticoles dans le patrimoine culturel, gastronomique et paysager de la France. L’article 23 crĂ©e un droit d’opposition en faveur de l’INAO au dĂ©pĂŽt de marque Ă  l’Institut national de la propriĂ©tĂ© industrielle INPI ; l’INAO peut ĂȘtre actionnĂ© Ă  cet effet par un organisme de dĂ©fense et de gestion d’une appellation d’origine ou indication gĂ©ographique. Diverses mesures assurent une meilleure protection des AOC et des IGP face aux atteintes qu’elles peuvent subir dans le cadre du droit des marques et prĂ©voit des sanctions en cas de dĂ©tournement de notoriĂ©tĂ© des produits sous signes de qualitĂ©. I. APPLICATION DE LA LOI LISTE DES DÉCRETS PUBLIÉS Article Base lĂ©gale Titre du dĂ©cret publiĂ© Objet Article 2, I, 1° Article L. 611-1 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-667 du 10 juin 2015 relatif Ă  la composition du Conseil supĂ©rieur d’orientation et de coordination de l’économie agricole et alimentaire et Ă  sa commission nationale technique PrĂ©cisions sur la façon dont les rĂ©gions sont reprĂ©sentĂ©es au CSO Article 2, I, 3° Article L. 621-5 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-490 du 29 avril 2015 relatif Ă  l’Établissement national des produits de l’agriculture et de la mer FranceAgriMer Façon dont les rĂ©gions sont reprĂ©sentĂ©es au conseil d’administration de FranceAgriMer Article 2, II, 4°, a Article L. 621-8 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-729 du 24 juin 2015 relatif aux informations de suivi Ă©conomique dans le secteur du lait et des produits laitiers ModalitĂ©s de transmission Ă  l’Établissement national des produits de l’agriculture et de la mer des informations nĂ©cessaires Ă  la connaissance des productions, des marchĂ©s et des donnĂ©es du commerce extĂ©rieur ainsi qu’aux travaux de l’observatoire Article 2, II, 4°, a Article L. 621-8 du code rural et de la pĂȘche maritime Liste des informations nĂ©cessaires Ă  la connaissance des productions, des marchĂ©s, des donnĂ©es du commerce extĂ©rieur Ă  transmettre Ă  l’Établissement national des produits de l’agriculture et de la mer Article 3, 2° Article L. 315-4 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2014-1173 du 13 octobre 2014 relatif au groupement d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental Groupement d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental Article 3, 2° Article L. 315-4 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-467 du 23 avril 2015 relatif Ă  la compĂ©tence et aux modalitĂ©s d’intervention de la commission rĂ©gionale de l’économie agricole et du monde rural sur les demandes de reconnaissance de groupements d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental GIEE dĂ©lai de reconnaissance tacite de 4 mois Article 3, 3° Article L. 510-1 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2016-610 du 13 mai 2016 relatif au rĂ©seau des chambres d’agriculture Contribution du rĂ©seau des chambres d’agriculture Ă  l’amĂ©lioration de la performance Ă©conomique, sociale et environnementale des exploitations agricoles et de leurs filiĂšres Article 4, III Article L. 411-27 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-591 du 1er juin 2015 relatif aux clauses visant au respect de pratiques environnementales pouvant ĂȘtre incluses dans les baux ruraux DĂ©finitions de la notion de maintien des infrastructures environnementales et adaptation des articles R. 411-9-11-1 Ă  R. 411-9-11-4 Article 4, V, A Article L. 411-35 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-228 du 27 fĂ©vrier 2015 portant diverses mesures d’application de la loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt et clarification du droit Cession du bail rural et sous-location dĂ©lai de saisine du tribunal paritaire lors d’un dĂ©saccord entre copreneurs du bail Article 11, 2° et 3° Article L. 323-11 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2014-1515 du 15 dĂ©cembre 2014 relatif aux conditions d’accĂšs des groupements agricoles d’exploitation en commun totaux aux aides de la politique agricole commune Conditions d’accĂšs des groupements agricoles d’exploitation en commun aux aides de la politique agricole commune Article 11, 4° Article du code rural et de la pĂȘche maritime Groupements agricoles d’exploitation en commun conditions dans lesquelles ces associĂ©s , par leurs apports en nature, en numĂ©raire ou en industrie, contribuent Ă  renforcer la structure agricole du groupement Article 11, 2° et 3° Article du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-215 du 25 fĂ©vrier 2015 relatif aux conditions et modalitĂ©s d’agrĂ©ment des GAEC et portant diverses dispositions d’adaptation rĂ©glementaire. DĂ©cret n° 2015-216 du 25 fĂ©vrier 2015 relatif Ă  l’agrĂ©ment en tant que groupement agricole d’exploitation en commun Conditions d’agrĂ©ment, de rĂ©examen et de retrait de l’agrĂ©ment des groupements agricoles d’exploitation en commun Article 13, II, 13°, b Article L. 528-1 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-665 du 10 juin 2015 portant diverses dispositions d’application de la loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt et diverses mesures de clarification et de simplification Conditions dans lesquelles le commissaire du Gouvernement dĂ©signĂ© par le ministre chargĂ© de l’agriculture, placĂ© auprĂšs du Haut Conseil de la coopĂ©ration agricole, peut s’opposer Ă  une dĂ©libĂ©ration du Haut Conseil Article 15, II, D Article du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-548 du 18 mai 2015 relatif au mĂ©diateur des relations commerciales agricoles Toilettage partie rĂ©glementaire du code rural et de la pĂȘche maritime mĂ©diateur Article 19, 1° Article du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-756 du 24 juin 2015 relatif Ă  la coopĂ©ration en matiĂšre de sĂ©curitĂ© et de protection de la santĂ© instituĂ©e Ă  l’article L. 717-10 du code rural et de la pĂȘche maritime CoopĂ©ration employeurs/travailleurs indĂ©pendants sur un mĂȘme lieu de travail, en matiĂšre de sĂ©curitĂ© et de protection de la santĂ© LISTE DES MESURES EN ATTENTE DE DÉCRET Article de la loi Base lĂ©gale Objet du dĂ©cret Explication avancĂ©e par le cabinet du ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt Article 15, II, A, 1°, e Article du code rural et de la pĂȘche maritime Produits considĂ©rĂ©s comme relevant de la mĂȘme production pour l’application des rĂšgles bĂ©nĂ©ficiant aux producteurs engagĂ©s dans une production depuis moins de 5 ans Une saisine du Conseil d’État est prĂ©vue Article 18, I Campagnes d’information collectives et gĂ©nĂ©riques sur les produits frais Le Gouvernement souhaite abroger cet article Article 23, II Article du code rural et de la pĂȘche maritime Cahier des charges du dispositif unitaire permettant d’authentifier un vin Une nouvelle consultation des professionnels est nĂ©cessaire Article 25, I, 2° Article du code rural et de la pĂȘche maritime Notion de rĂ©duction substantielle des surfaces affectĂ©es Ă  des productions bĂ©nĂ©ficiant d’une appellation d’origine protĂ©gĂ©e et d’atteinte substantielle aux conditions de production de l’appellation rĂ©sultant d’un projet d’élaboration, de modification ou de rĂ©vision d’un plan local d’urbanisme, d’un document d’urbanisme en tenant lieu ou d’une carte communale Le projet serait rĂ©digĂ©. A. LES GROUPEMENTS D’INTÉRÊT ÉCONOMIQUE ET ENVIRONNEMENTAL Selon le ministĂšre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt, les groupements d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental GIEE visent Ă  dĂ©velopper ou Ă  consolider des pratiques agro-Ă©cologiques dans une rĂ©flexion globale – systĂ©mique – Ă  l’échelle des exploitations et des territoires » 3. Ils ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s comme une des pierres angulaires de la loi, le ministre de l’agriculture y est d’ailleurs personnellement trĂšs attachĂ©. Le dĂ©cret de crĂ©ation des GIEE a Ă©tĂ© publiĂ© le jour de la publication de la loi, signe de la mobilisation du ministĂšre pour engager rapidement la dynamique dans les territoires. De ce fait, au moment du salon international de l’agriculture de 2015, qui suivit la publication de la loi, 11 GIEE Ă©taient dĂ©jĂ  officiellement reconnus. 1. Mise en Ɠuvre des groupements d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental On compte aujourd’hui 311 GIEE en France mĂ©tropolitaine et en outre-mer, engageant plus de 4000 agriculteurs sur une surface agricole utile de plus 300 000 hectares. NOMBRE DE GROUPEMENTS D’INTÉRÊT ÉCONOMIQUE ET ENVIRONNEMENTAL PAR RÉGION RĂ©gion Nombre de GIEE reconnus Grand Est 30 Nouvelle-Aquitaine 61 Auvergne-RhĂŽne-Alpes 23 Bourgogne Franche-ComtĂ© 31 Bretagne 26 Centre-Val de Loire 12 Corse 4 Hauts-de-France 10 Guadeloupe 1 Guyane 0 Île-de-France 1 La RĂ©union 0 Occitanie 51 Martinique 4 Mayotte 1 Normandie 18 Pays de la Loire 23 Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur 15 TOTAL 311 Source MinistĂšre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt L’objet des GIEE concerne principalement les cinq thĂ©matiques suivantes – systĂšmes autonomes et Ă©conomes en intrants ; – conservation des sols et couverts vĂ©gĂ©taux ; – autonomie alimentaire des Ă©levages ; – autonomie en azote et dĂ©veloppement des lĂ©gumineuses ; – diversification des assolements et allongement des rotations. Les autres thĂ©matiques sont trĂšs diverses mĂ©thanisation, agriculture biologique, commercialisation avec crĂ©ation de filiĂšres et de signes de qualitĂ©, mutualisation des outils de travail etc. Tous ces projets, dĂ©finis dans un cadre pluriannuel et Ă  une Ă©chelle territoriale variable de la commune Ă  la rĂ©gion, correspondent aux objectifs de l’agro-Ă©cologie. Outre les exploitants eux-mĂȘmes, nombre d’acteurs de l’agriculture et du secteur alimentaire sont impliquĂ©s coopĂ©ratives d’utilisation de matĂ©riel agricole CUMA, coopĂ©ratives agricoles etc. On a mĂȘme vu un boulanger s’associer avec des producteurs de cĂ©rĂ©ales au sein d’un GIEE. Le dĂ©cret n° 2014-1173 du 13 octobre 2014 relatif au groupement d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental prĂ©cise que la reconnaissance comme GIEE est accordĂ©e dans le cadre d’appels Ă  projets organisĂ©s par le prĂ©fet de rĂ©gion, qui prĂ©cisent les critĂšres et les dĂ©lais de la demande de reconnaissance, soumise pour avis Ă  la commission rĂ©gionale de l’économie agricole et du monde rural COREAMR. C’est Ă©galement le prĂ©fet, aprĂšs avis du prĂ©sident du conseil rĂ©gional, qui reconnait le GIEE et en assure le suivi. On voit ainsi que le cadre de la reconnaissance des GIEE est relativement souple. 2. Une forme de prolongement de l’agriculture de groupe ? La recherche de performance Ă  la fois Ă©conomique, sociale et environnementale n’est pas sans rappeler les formes anciennes de l’agriculture de groupe groupes de dĂ©veloppement agricole, groupes d’études et de dĂ©veloppement agricole. Pour les reprĂ©sentants de la FĂ©dĂ©ration nationale des syndicats d’exploitants agricoles FNSEA auditionnĂ©s par vos rapporteurs, les GIEE ne constituent pas une rĂ©volution dans la maniĂšre d’aborder le dĂ©veloppement agricole », y compris en matiĂšre d’innovation en agriculture. Pour les reprĂ©sentants de l’AssemblĂ©e permanente des chambres d’agriculture APCA, la dynamique permise aujourd’hui par les GIEE correspond Ă  une mĂ©thode d’intervention ancienne des chambres d’agriculture. Ils n’hĂ©sitent pas Ă  relativiser l’apport des GIEE. 3. Un essor Ă  encourager Deux syndicats agricoles entendus par vos rapporteurs, les Jeunes agriculteurs JA et le Mouvement de dĂ©fense des exploitants familiaux MODEF reconnaissent quant Ă  eux que le systĂšme des GIEE fonctionne bien mais plus dans certaines rĂ©gions que dans d’autres une majoritĂ© dans le sud-ouest. Pour les reprĂ©sentants de Coop de France, les GIEE sont clairement plus tournĂ©s vers l’amont des filiĂšres suivantes Ă©levage 60 % et grandes cultures 25 % et trĂšs souvent la polyculture et l’élevage Ă  la fois. Le MODEF relĂšve Ă©galement que les GIEE participent efficacement de l’autonomie fourragĂšre des groupements. Le MODEF relĂšve que le financement est bien prĂ©sent mais qu’il intervient tardivement – au moment de l’animation du GIEE – alors que le besoin est plus fort au moment de la constitution des projets. À cette remarque, vos rapporteurs rĂ©pondent que l’on ne saurait prĂ©sumer de la reconnaissance d’un GIEE et des avantages induits avant mĂȘme cette reconnaissance. Les reprĂ©sentants de l’APCA, rejoints en cela par les Jeunes agriculteurs, regrettent que les appels Ă  projets ne s’accompagnent pas de vĂ©ritables moyens financiers. À cette rĂ©flexion, vos rapporteurs rĂ©pondent que les actions du projet peuvent bĂ©nĂ©ficier d’une majoration dans l’attribution des aides ou d’une attribution prĂ©fĂ©rentielle de celles-ci, selon les choix des exploitants. La reconnaissance des GIEE a Ă©galement des consĂ©quences fiscales en ce que les actions menĂ©es par leurs membres dans le cadre du projet sont prĂ©sumĂ©es relever de l’entraide et, de ce fait, les prestations ne peuvent ĂȘtre fiscalisĂ©es. C’est Ă©galement le cas des Ă©changes de semences et de plants, lorsqu’ils ne sont pas protĂ©gĂ©s par un certificat d’obtention vĂ©gĂ©tale 4. Vos rapporteurs appellent de leurs vƓux un dĂ©veloppement de la communication sur les appels Ă  projets des GIEE, notamment, comme le demande le MODEF, les avantages Ă  travailler collectivement, les Ă©conomies rĂ©alisĂ©es par la mutualisation et par la rĂ©duction d’intrants ». Ils souhaitent Ă©galement une plus grande pĂ©riodicitĂ© de ceux-ci afin que les agriculteurs ne ratent pas le coche » de l’appel Ă  projets. Les appels Ă  projets sont aujourd’hui biannuels, pourraient ĂȘtre moins nombreux mais plus frĂ©quents. A. UNE NOUVELLE DYNAMIQUE POUR LES GROUPEMENTS AGRICOLES D’EXPLOITATION EN COMMUN GAEC Le rĂ©gime juridique des GAEC a Ă©tĂ© revu s’agissant du pĂ©rimĂštre des GAEC, totaux ou partiels, du bĂ©nĂ©fice du principe de transparence Ă©conomique et de la simplification de leur procĂ©dure d’agrĂ©ment. Le GAEC est une forme de sociĂ©tĂ© civile créée par la loi n° 62-917 du 8 aoĂ»t 1962 relative aux groupements agricoles d’exploitation en commun. Cette forme juridique particuliĂšre permet Ă  des exploitants d’exercer leur mĂ©tier en commun mais sur un pied d’égalitĂ©. Les exploitants se regroupent dans des conditions comparables aux exploitations de caractĂšre familial. L’objet d’un GAEC doit essentiellement ĂȘtre la poursuite d’une activitĂ© agricole au stade de la production mais cet objet peut ĂȘtre, depuis la loi d’avenir, total ou partiel. La dĂ©finition du GAEC total ou partiel est importante car seuls les GAEC totaux peuvent, sous certaines conditions, bĂ©nĂ©ficier de la transparence. Le principe de transparence permet aux associĂ©s de conserver les droits fiscaux, Ă©conomiques et sociaux auxquels ils auraient pu prĂ©tendre s’ils Ă©taient restĂ©s exploitants Ă  titre individuel. 1. La sĂ©curisation juridique des GAEC Avant la loi d’avenir, la dĂ©finition de l’objet du GAEC, l’activitĂ© agricole, avait Ă©tĂ© progressivement Ă©largie pour intĂ©grer des activitĂ©s rĂ©putĂ©es agricoles par dĂ©termination de la loi cultures marines, activitĂ©s Ă©questres, mĂ©thanisation mais cette dĂ©finition Ă©largie du code rural et de la pĂȘche maritime ne recoupait plus la dĂ©finition communautaire limitĂ©e Ă  la notion de production agricole, avec des consĂ©quences directes sur l’accĂšs aux aides de la politique agricole commune PAC. Ainsi des GAEC partiels au sens du droit français pourraient prĂ©tendre Ă  ĂȘtre totaux au sens du droit europĂ©en. La loi d’avenir sĂ©curise le droit français un GAEC est total lorsque ses associĂ©s mettent en commun l’ensemble de leurs activitĂ©s de production agricole ». En outre, un GAEC qui exerçait une activitĂ© de mĂ©thanisation agricole externalisĂ©e ne pouvait ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un GAEC total. DĂ©sormais, si un GAEC total participe Ă  la production ou Ă  la commercialisation de produits de la mĂ©thanisation agricole, il ne perd pas sa qualitĂ©. Enfin, la transparence Ă©conomique s’applique aux seuls GAEC totaux dĂšs lors que les associĂ©s ont contribuĂ© au renforcement de la structure agricole du groupement. Cette prĂ©cision transpose dans le droit national un accord issu de la nĂ©gociation de la rĂ©forme de la PAC aprĂšs 2013. Les modalitĂ©s de la contribution au renforcement du groupement ont Ă©tĂ© dĂ©finies par le dĂ©cret n° 2014-1515 du 15 dĂ©cembre 2014, qui a prĂ©cisĂ© que le nombre de parts sociales dĂ©tenues par chacun des associĂ©s est rapportĂ© au nombre total de parts sociales composant le capital du groupement, afin de dĂ©terminer la contribution de chaque associĂ©. Le pourcentage obtenu est appliquĂ© aux Ă©lĂ©ments de la demande d’aide qui incluent notamment la surface et le cheptel, pour dĂ©terminer la part de ces Ă©lĂ©ments qui relĂšve de chaque associĂ©. Enfin, les seuils d’aides et plafonds des dispositifs de la PAC sont appliquĂ©s Ă  chacune de ces parts. 2. Le succĂšs des GAEC La loi d’avenir modifie Ă©galement les conditions d’agrĂ©ment des GAEC, dont la procĂ©dure est fusionnĂ©e avec celle de leur reconnaissance en vue de bĂ©nĂ©ficier d’aides Ă©conomiques, dans un souci de simplification. Afin d’assurer la compatibilitĂ© du dispositif national avec les rĂšglements europĂ©ens, la reconnaissance des GAEC est placĂ©e sous la responsabilitĂ© de l’État. Les comitĂ©s dĂ©partementaux, rĂ©gionaux et national d’agrĂ©ment des GAEC n’ayant dĂšs lors plus lieu d’ĂȘtre sont supprimĂ©s. Il est toutefois ajoutĂ© un avis de la commission dĂ©partementale d’orientation agricole CDOA, prĂ©alable Ă  la dĂ©livrance de l’agrĂ©ment par l’autoritĂ© administrative. Au moment de l’examen en premiĂšre lecture du projet de loi d’avenir, on dĂ©nombrait 36 000 GAEC. On en dĂ©nombre aujourd’hui environ 45 000. La dynamique de crĂ©ation des GAEC est sans prĂ©cĂ©dent et s’explique par l’intĂ©rĂȘt de la formule qui permet de mettre en commun plusieurs exploitations et les contraintes qui leurs sont liĂ©es, tout en gardant les avantages de l’exploitant individuel. Le succĂšs est particuliĂšrement vrai dans le secteur de l’élevage oĂč les contraintes sont fortes. Ce succĂšs est Ă©galement dĂ» Ă  la transformation en GAEC de nombreuses entreprises agricoles Ă  responsabilitĂ© limitĂ©e EARL prĂ©existantes qui ne pouvaient bĂ©nĂ©ficier de la transparence pour l’attribution des aides PAC. Le partage des tĂąches par la mutualisation, les Ă©changes, l’entraide mais aussi la rĂ©partition des astreintes se font sur le principe de l’égalitĂ© des membres. Cette formule ne sĂ©duit pas seulement les couples et elle s’inscrit dĂ©sormais dans une vĂ©ritable stratĂ©gie collective de coresponsabilitĂ© et de dynamique d’investissement. Vos rapporteurs considĂšrent que cette formule permet de rĂ©pondre aux contraintes liĂ©es au nombre trĂšs important de petites exploitations agricoles sur le territoire français par rapport aux autres États membres de l’Union europĂ©enne, sans sacrifier l’indĂ©pendance des exploitants dans des exploitations toujours plus grandes. A. L’AMÉLIORATION DU FONCTIONNEMENT ET DE LA TRANSPARENCE DES COOPÉRATIVES Les coopĂ©ratives agricoles sont basĂ©es sur la solidaritĂ© des producteurs pour assurer leurs approvisionnements, la transformation et la mise en marchĂ© de leurs productions. La loi est revenue sur la relation atypique, dans le monde du commerce, de ces coopĂ©ratives avec leurs adhĂ©rents coopĂ©rateurs. Ces organismes assurent le prolongement de l’activitĂ© de leurs membres, pour lesquels ils agissent comme mandataires. Afin de faire perdurer l’esprit et les idĂ©aux du systĂšme coopĂ©ratif, Coop de France avait, en 2010, diffusĂ© une charte des valeurs du systĂšme coopĂ©ratif dĂ©mocratie, solidaritĂ©, responsabilitĂ©, pĂ©rennitĂ©, transparence, proximitĂ© et service. La vĂ©rification de conformitĂ© aux principes et idĂ©aux est une originalitĂ© du modĂšle coopĂ©ratif, renforcĂ©e par la loi n° 2014-856 du 31 juillet 2014 relative Ă  l’économie sociale et solidaire. L’effectivitĂ© de ces valeurs Ă©tait parfois critiquĂ©e par les associĂ©s coopĂ©rateurs. Le lĂ©gislateur souhaitait y remĂ©dier. Il n’était pas question de mettre en cause le statut sui generis de la coopĂ©rative agricole mais de renouer le lien – qui n’est pas un lien contractuel – des adhĂ©rents coopĂ©rateurs avec la structure dont ils sont membres. Il Ă©tait Ă©galement nĂ©cessaire de clarifier le droit applicable et de le rendre conforme au droit europĂ©en. 1. Une meilleure relation » entre l’associĂ© coopĂ©rateur et sa coopĂ©rative agricole La double qualitĂ© d’utilisateur de services et d’associĂ© est indissociable. L’associĂ© coopĂ©rateur n’est pas soumis Ă  l’engagement traditionnel du contrat avec sa coopĂ©rative, l’engagement est dĂ©sormais qualifiĂ© de relation », qu’il s’agisse de l’adhĂ©sion Ă  une coopĂ©rative de premier degrĂ© ou de l’entrĂ©e d’une sociĂ©tĂ© au sein d’union union coopĂ©rative. La loi du 31 juillet 2014 relative Ă  l’économie sociale et solidaire prĂ©citĂ©e avait prĂ©cisĂ© les conditions d’adhĂ©sion, de retrait, de radiation et d’exclusion des associĂ©s. Avec la loi d’avenir, l’organe chargĂ© de l’administration a l’obligation de mettre Ă  la disposition de chaque coopĂ©rateur un document rĂ©capitulant son engagement tel qu’il rĂ©sulte des statuts. Le rĂšglement intĂ©rieur doit prĂ©ciser les modalitĂ©s de cette communication. Y figurent la durĂ©e d’engagement, le capital souscrit, les quantitĂ©s et caractĂ©ristiques des produits Ă  livrer, les modalitĂ©s de dĂ©termination du prix et celles de paiement. Membre de la coopĂ©rative, l’associĂ© coopĂ©rateur doit pouvoir disposer d’une information suffisante sur le lien qu’il entretien avec elle. Ses engagement doivent ĂȘtre parfaitement formalisĂ©s et transparents. L’attractivitĂ© de la forme coopĂ©rative s’est vue renforcĂ©e par la possibilitĂ©, pour tout jeune agriculteur, d’opter pour cette forme d’engagement de façon rĂ©versible, Ă  l’essai. Le nouveau coopĂ©rateur peut bĂ©nĂ©ficier d’une pĂ©riode probatoire d’un an maximum, autant de temps au cours duquel la coopĂ©rative pourra valoriser son projet auprĂšs de lui. Pendant cette durĂ©e, les associĂ©s coopĂ©rateurs le sont pleinement et, Ă  l’issue de celle-ci, les deux parties ont la facultĂ© de mettre fin Ă  l’engagement. 1. Une plus grande transparence La loi d’avenir amĂ©liore le partage des risques entre les associĂ©s coopĂ©rateurs et la coopĂ©rative en impliquant les parties dans la prise en compte de la volatilitĂ© des prix des matiĂšres premiĂšres. Beaucoup d’associĂ©s coopĂ©rateurs avaient en effet le sentiment qu’ils n’étaient pas rĂ©munĂ©rĂ©s Ă  la hauteur du juste prix de leurs produits. L’organe chargĂ© de l’administration de la sociĂ©tĂ© est chargĂ© de dĂ©finir les modalitĂ©s de dĂ©termination et de paiement du prix, notamment les acomptes et complĂ©ments Ă©ventuels en fonction des fluctuations des prix des matiĂšres premiĂšres affectant significativement le coĂ»t de production des biens. En cas de changement significatif, le prix des apports est modifiĂ©. Le coopĂ©rateur Ă©tant prĂ©cisĂ©ment associĂ©, il devrait pouvoir bĂ©nĂ©ficier d’une juste rĂ©partition des excĂ©dents annuels de sa coopĂ©rative c’est Ă  l’organe chargĂ© de l’administration qu’en revient la dĂ©cision. L’organe chargĂ© de l’administration voit ses attributions en matiĂšre de contractualisation de l’apport renforcĂ©es assurer la gestion et le bon fonctionnement du groupement en disposant de pouvoirs plus Ă©tendus dans les limites de l’objet social de la coopĂ©rative, des pouvoirs de l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale et, le cas Ă©chant, des statuts. Pour l’exĂ©cution de ces missions, il peut procĂ©der aux contrĂŽles et vĂ©rifications qu’il juge opportuns. Une volontĂ© de transparence globale des relations individuelles et sociĂ©taires a conduit le lĂ©gislateur Ă  complĂ©ter les informations prĂ©sentĂ©es Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale. Le conseil d’administration et le directoire doivent rendre compte de l’activitĂ© et du rĂ©sultat de l’ensemble de la sociĂ©tĂ© et des sociĂ©tĂ©s qu’elle contrĂŽle, par branche d’activitĂ©. En cas de maniement d’instruments financiers Ă  terme, l’organe chargĂ© de l’administration doit indiquer les mesures prises pour Ă©viter les mouvements de spĂ©culation. De mĂȘme, lorsque les matiĂšres premiĂšres que les sociĂ©tĂ©s regroupent sont concernĂ©es par de tels instruments financiers, le rapport doit inclure les informations pertinentes pour chaque catĂ©gorie de biens. Dans le mĂȘme esprit, les informations concernant les adaptations de prix rendues nĂ©cessaires par l’évolution du coĂ»t des fournitures subie par les apporteurs doivent ĂȘtre transmises. 1. La gestion du groupement coopĂ©ratif Les administrateurs, membres du conseil de surveillance et le directoire ont une mission essentielle de diffusion de l’information. Le prĂ©sident ou le directeur de la sociĂ©tĂ© doit leur communiquer tous les documents et informations nĂ©cessaires Ă  l’exercice de leurs missions. Leurs fonctions sont gratuites, ils ne perçoivent qu’un remboursement de leurs frais et, le cas Ă©chĂ©ant, le paiement d’une indemnitĂ© compensatrice du temps consacrĂ© Ă  l’administration. Le rapport prĂ©sentĂ© Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale prĂ©cise l’utilisation de l’indemnitĂ© compensatrice et les missions exercĂ©es par les mandataires sociaux. Ils bĂ©nĂ©ficient d’un droit Ă  la formation lors de la premiĂšre annĂ©e de leur mandat. Il s’agit des formations nĂ©cessaires Ă  l’exercice de leurs missions. Elles concernent la premiĂšre annĂ©e de chaque mandat. L’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale chargĂ©e de statuer sur les comptes de l’exercice vote le budget nĂ©cessaire. Les opĂ©rations de rĂ©vision sont effectuĂ©es conformĂ©ment aux normes Ă©laborĂ©es et publiĂ©es par le Haut Conseil de la coopĂ©ration agricole HCCA. Elles donnent lieu Ă  un rapport et Ă  un compte rendu au conseil d’administration ou au conseil de surveillance. Plusieurs Ă©tapes sont prĂ©vues lorsque le rapport fait apparaĂźtre une mĂ©connaissance des rĂšgles – en premier lieu, le rĂ©viseur convient avec les mandataires sociaux des mesures correctives Ă  prendre ; l’organe d’administration doit informer l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale annuelle de la rĂ©vision effectuĂ©e et des mesures prises ou Ă  prendre ; – en cas de carence ou de refus, le rĂ©viseur informe le HCCA et ce dernier notifie aux dirigeants les manquements constatĂ©s en leur donnant un dĂ©lai pour y remĂ©dier ; – lorsque les mesures correctives ne sont pas prises dans ce dĂ©lai, le HCCA convoque une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale extraordinaire en lui enjoignant de prendre les mesures correctives requises ; – enfin, lorsque le fonctionnement normal du groupement n’est pas rĂ©tabli dans les 6 mois de la tenue de cette assemblĂ©e, le HCCA peut prononcer le retrait de son agrĂ©ment aprĂšs avoir invitĂ© la coopĂ©rative Ă  prĂ©senter ses observations. Le HCCA veille Ă  la bonne application des principes coopĂ©ratifs et fait notamment respecter la compĂ©tence territoriale des coopĂ©ratives, qui se livrent parfois Ă  une forte concurrence. Le HCCA peut ĂȘtre saisi par les coopĂ©ratives ou, le plus souvent, par leurs adhĂ©rents qui les accusent d’agir comme des entreprises classiques, soumises aux marchĂ©s mondiaux. Sur ce point, les avis du HCCA confirment aux adhĂ©rents les contraintes concurrentielles qui sont celles des coopĂ©ratives, ce qui les conforte dans cette logique. 2. Le contentieux La loi d’avenir a instaurĂ© un mĂ©diateur de la coopĂ©ration agricole. Il peut ĂȘtre saisi de tous litiges entre un associĂ© et la coopĂ©rative Ă  laquelle il adhĂšre, entre coopĂ©ratives agricoles, ou entre une coopĂ©rative et l’union Ă  laquelle elle adhĂšre. La mĂ©diation est une dĂ©marche opĂ©rationnelle Ă  l’initiative de l’associĂ©, du groupement ou du Haut Conseil de la coopĂ©ration agricole HCCA. Elle n’intervient qu’aprĂšs Ă©puisement des recours internes Ă  la coopĂ©rative. Depuis le 20 novembre 2014, c’est M. Hubert Grallet qui assure ces fonctions. Il favorise la rĂ©solution amiable des litiges et transmet annuellement au HCCA un bilan des mĂ©diations rĂ©alisĂ©es. Depuis 2 ans, le mĂ©diateur n’a que peu Ă©tĂ© sollicitĂ©. Cette fonction Ă©tant nouvelle et mĂ©connue, le mĂ©diateur a d’abord Ă©tĂ© formĂ© au cours du premier trimestre 2015, il a ensuite consacrĂ© le reste de l’annĂ©e Ă  expliquer aux coopĂ©rateurs la fonction de mĂ©diateur et son utilitĂ©. Il a efficacement Ă©vitĂ© la mĂ©diation pour plusieurs sollicitations, simplement en remettant en contact les protagonistes. Un cas de mĂ©diation a Ă©tĂ© refusĂ© par la partie sollicitĂ©e qui a considĂ©rĂ© que le sollicitant, retraitĂ©, n’était plus adhĂ©rent Ă  la coopĂ©rative. Le mĂ©diateur est intervenu dans deux cas. Le premier n’a pas abouti Ă  la rĂ©solution du conflit puisque la justice a Ă©tĂ© saisie. Le second cas a Ă©tĂ© rĂ©solu par la mĂ©diation qui a permis le dialogue et des Ă©changes constructifs entre les parties et a entraĂźnĂ© un changement de comportement de l’une des parties. Trois mĂ©diations sont actuellement en cours. Le mĂ©diateur reconnait qu’il est saisi de peu de cas mais qu’il est bon que les coopĂ©ratives et leurs adhĂ©rents sachent que cet outil existe ». A. L’ADAPTATION DU DROIT APPLICABLE AUX INTERPROFESSIONS Le rĂšglement europĂ©en du 17 dĂ©cembre 2013 portant organisation commune des marchĂ©s OCM des produits agricoles prĂ©citĂ©, en ses articles 157 et 158, a consacrĂ© le rĂŽle des organisations interprofessionnelles agricoles en permettant l’extension des rĂšgles qu’elles dĂ©cident Ă  l’ensemble des opĂ©rateurs d’une filiĂšre, dans une circonscription Ă©conomique donnĂ©e, dĂšs lors que cette interprofession est reprĂ©sentative et en autorisant des dĂ©rogations limitĂ©es au droit de la concurrence. 1. Une meilleure reprĂ©sentativitĂ© L’article 17 de la loi d’avenir revoit, en consĂ©quence de la nouvelle OCM, le fonctionnement et la reprĂ©sentativitĂ© des interprofessions. Elle impose – sauf dans le secteur des produits sous signes d’identification de l’origine et de la qualitĂ© – le pluralisme syndical en leur sein. L’OCM a laissĂ© les États libres de dĂ©finir les critĂšres de reprĂ©sentativitĂ© au sein des interprofessions. Le lĂ©gislateur français a fait le choix de s’en tenir aux rĂšgles europĂ©ennes pour ĂȘtre reconnus en qualitĂ© d’organisation interprofessionnelle, les groupements constituĂ©s par les organisations professionnelles reprĂ©sentant la production agricole et, selon les cas, la transformation, la commercialisation et la distribution, doivent reprĂ©senter une part significative » de ces secteurs d’activitĂ© article L. 632-1 du code rural et de la pĂȘche maritime. Auparavant, l’expression retenue Ă©tait celle des organisations professionnelles les plus reprĂ©sentatives » d’une activitĂ© Ă©conomique. La reprĂ©sentativitĂ© est apprĂ©ciĂ©e au regard de la structuration Ă©conomique de chaque filiĂšre article L. 632-4 du mĂȘme code. RĂšglement du 17 dĂ©cembre 2013 portant organisation commune des marchĂ©s Article 158, paragraphe 1, point c Les États membres peuvent reconnaĂźtre les organisations interprofessionnelles qui en font la demande, Ă  condition qu'elles reprĂ©sentent une part significative des activitĂ©s Ă©conomiques visĂ©es Ă  l'article 157, paragraphe 1, point a ». Article 157, paragraphe 1, point a Les États membres peuvent, sur demande, reconnaĂźtre les organisations interprofessionnelles dans un secteur prĂ©cis ... qui sont constituĂ©es de reprĂ©sentants des activitĂ©s Ă©conomiques liĂ©es Ă  la production et Ă  au moins une des Ă©tapes suivantes de la chaĂźne d'approvisionnement la transformation ou la commercialisation, y compris la distribution, des produits dans un ou plusieurs secteurs ». Les organisations interprofessionnelles entendues par vos rapporteurs ont toutes affirmĂ© ĂȘtre en conformitĂ© avec ces nouvelles rĂšgles de reprĂ©sentativitĂ©, mĂȘme si plusieurs recours ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s. Le lĂ©gislateur a en effet fait le choix de ne pas imposer le pluralisme et de ne pas avoir prĂ©cisĂ© les critĂšres de reprĂ©sentativitĂ©. Certaines interprofessions, comme Interbev, l’Association nationale interprofessionnelle du bĂ©tail et des viandes, avaient nĂ©anmoins ouvert leurs statuts aux syndicats professionnels minoritaires avant l’adoption de la loi la reprĂ©sentativitĂ© est assurĂ©e pour chacune des productions animales reprĂ©sentĂ©es, mĂȘme si la FNSEA dispose d’une large majoritĂ© des voix. En outre, avec le passage de 13 Ă  20 organisations membres, Interbev a adaptĂ© ses statuts et est passĂ©e d’un systĂšme de vote Ă  l’unanimitĂ© des organisations Ă  un vote Ă  l’unanimitĂ© des collĂšges. Pour le Centre national interprofessionnel de l’économie laitiĂšre CNIEL, la loi a stabilisĂ© juridiquement ses statuts, anciens, mais ne les a pas bouleversĂ©s. Les centres rĂ©gionaux CRIEL sont en revanche mieux liĂ©s au CNIEL ils ont un droit de regard sur les accords nationaux, les Ă©changes d’informations sur ce qu’il est possible de faire sont meilleurs et les CRIEL participent au financement du CNIEL. Avec la rĂ©forme, le CNIEL a accueilli la coordination rurale et la confĂ©dĂ©ration paysanne. Interfel, l’interprofession des fruits et lĂ©gumes frais, a Ă©galement intĂ©grĂ© ces deux syndicats dans le collĂšge producteurs. En 2016, Interfel reprĂ©sente 12 organisations syndicales ou fĂ©dĂ©rations reprĂ©sentant 80 % en volume de production et 70 % en volume de commercialisation. Une fois reconnues pour un groupe de produits dĂ©finis, ces organisations interprofessionnelles peuvent crĂ©er en leur sein des sections spĂ©cialisĂ©es compĂ©tentes pour un ou plusieurs de ces produits. Ces sections ne peuvent ĂȘtre refusĂ©es si les groupements reprĂ©sentent au moins 70 % de la production d’un ou plusieurs produits. 2. Une extension des accords interprofessionnels parfois contestĂ©e Une fois reconnue, l’organisation interprofessionnelle est en position de voter des accords destinĂ©s Ă  ĂȘtre Ă©tendus, mais uniquement si elle est reprĂ©sentative. Ces critĂšres de reprĂ©sentativitĂ© figurent Ă  l’article 164 de l’OCM de 2013. Article 164, paragraphe 3, point a ii Une organisation ... est considĂ©rĂ©e comme reprĂ©sentative lorsque, dans la ou les circonscriptions Ă©conomiques concernĂ©es d’un État membre, elle reprĂ©sente en proportion du volume de la production ou du commerce ou de la transformation du produit ou des produits concernĂ©s au moins deux tiers. Toutefois, lorsque, dans le cas des organisations interprofessionnelles, la dĂ©termination de la proportion du volume de la production ou du commerce ou de la transformation du produit ou des produits concernĂ©s pose des problĂšmes pratiques, un État membre peut fixer des rĂšgles nationales afin de dĂ©terminer le niveau prĂ©cis de reprĂ©sentativitĂ© visĂ© au premier alinĂ©a, point a ii ». L’article L. 632-4 du code rural et de la pĂȘche maritime prĂ©voit ainsi que pour pouvoir Ă©tendre un accord interprofessionnel, les critĂšres de reprĂ©sentativitĂ© prĂ©vus Ă  l’article 164 de l’OCM sont apprĂ©ciĂ©s en tenant compte de la structuration Ă©conomique de chaque filiĂšre » c’est-Ă -dire que – les volumes pris en compte sont ceux produits, transformĂ©s ou commercialisĂ©s par les opĂ©rateurs professionnels auxquels sont susceptibles de s'appliquer les obligations prĂ©vues par les accords ; – l’organisation interprofessionnelle doit rassembler les deux tiers des opĂ©rateurs et du chiffre d’affaires de l’activitĂ© Ă©conomique considĂ©rĂ©e. Ce taux permet de surmonter des difficultĂ©s pratiques qui rendent impossible la dĂ©monstration de la reprĂ©sentativitĂ© des organisations membres ; – pour la production agricole, ces deux premiĂšres conditions sont prĂ©sumĂ©es remplies si l’organisation interprofessionnelle rassemble des organisations syndicales d’exploitants agricoles reprĂ©sentant au moins 70 % des voix aux Ă©lections des chambres d’agriculture, directement ou par l’intermĂ©diaire d’associations spĂ©cialisĂ©es adhĂ©rentes Ă  une organisation syndicale d’exploitants agricoles. Pour tout secteur, la reprĂ©sentativitĂ© est prĂ©sumĂ©e dĂšs lors que l’accord destinĂ© Ă  ĂȘtre Ă©tendu ne fait pas l’objet de l’opposition d’une ou plusieurs organisations reprĂ©sentant plus du tiers des volumes du secteur d’activitĂ© concernĂ© dans le dĂ©lai d’un mois de sa publication. Une fois Ă©tendus, les accords permettent Ă  l’organisation interprofessionnelle reconnue de rendre obligatoires, pour l’ensemble des opĂ©rateurs, mĂȘme non membres de l’organisation interprofessionnelle, les actions en faveur de la filiĂšre promotion, recherche, contrĂŽle de qualitĂ©, contrats, indicateurs de marché  et, corrĂ©lativement, le financement nĂ©cessaire Ă  la rĂ©alisation de ces actions cotisations volontaires obligatoires. Plusieurs recours ont, depuis, Ă©tĂ© introduits devant le Conseil d’État 5. Ces accords ont pour but d’amĂ©liorer les relations Ă©conomiques en 2015, au sein d’Interfel, 16 accords ont Ă©tĂ© passĂ©s 12 sur la qualitĂ© des produits, 2 spĂ©cifiques Ă  l’export et 1 sur la fraicheur des produits dont 7 ont Ă©tĂ© Ă©tendus par accord interprofessionnel. De leur propre ressenti tĂ©moignage du CNIEL, les interprofessions font souvent l’objet de fortes attentes des politiques mais elles se trouvent de fait souvent limitĂ©es dans leur mandat du fait de leur fonctionnement par consensus. A. RÉGULER LES RELATIONS COMMERCIALES La concentration de la grande distribution et, dans une moindre mesure, celle des industries agroalimentaires, face Ă  des producteurs atomisĂ©s et par ailleurs soumis Ă  de forts alĂ©as de production fragilise ces derniers dans les relations commerciales qu’ils entretiennent avec l’aval de la filiĂšre agroalimentaire. Ce dĂ©sĂ©quilibre entre l’amont et l’aval de la filiĂšre agroalimentaire s’est accru avec la loi n° 2008-776 du 4 aoĂ»t 2008 de modernisation de l’économie LME qui a introduit une libertĂ© de nĂ©gocier entre vendeurs et acheteurs quel que soit le secteur Ă©conomique, dans les limites du respect de l’absence de dĂ©sĂ©quilibre significatif entre les parties. La spĂ©cificitĂ© du secteur agroalimentaire a Ă©tĂ© prise en compte dans la loi n° 2010-874 du 27 juillet 2010 de modernisation de l’agriculture et de la pĂȘche LMA qui a encadrĂ© les relations contractuelles entre les premiĂšres maillons de la filiĂšre en prĂ©voyant la possibilitĂ© de rendre obligatoire par dĂ©cret ou par accord interprofessionnel la contractualisation Ă©crite entre producteurs et premiers metteurs en marchĂ© acheteurs. Ces propositions de contrats doivent contenir certaines clauses obligatoires volumes, qualitĂ©, etc. et rechercher un meilleur Ă©quilibre entre les cocontractants durĂ©e minimale, prĂ©avis de rupture etc.. La principale critique Ă  l’encontre de la LMA et Ă  laquelle la loi d’avenir a tentĂ© de rĂ©pondre est le fait que la contractualisation ait pu ĂȘtre rendue obligatoire avant mĂȘme que les producteurs aient Ă©tĂ© vĂ©ritablement incitĂ©s Ă  se regrouper – notamment dans le secteur laitier – pour peser dans les nĂ©gociations contractuelles. La logique aurait voulu qu’on leur permette d’abord de s’organiser avant de les inciter Ă  contractualiser pour que le dĂ©sĂ©quilibre commercial ne soit pas scellĂ© dans une contractualisation obligatoire contraignante. Il fallait remĂ©dier au dĂ©sĂ©quilibre de la faible concentration des producteurs, en dehors de ceux organisĂ©s en coopĂ©ratives. Il Ă©tait nĂ©cessaire, en outre, de prĂ©voir les modalitĂ©s de dĂ©termination des prix au regard de la volatilitĂ© des cours. La loi n° 2014-344 du 17 mars 2014 relative Ă  la consommation a prĂ©vu que, pour tout contrat de plus de 3 mois, une clause de renĂ©gociation du prix permette de prendre en compte les fluctuations de cours Ă  la hausse comme Ă  la baisse sous peine d’amende. La loi d’avenir poursuit ce mouvement en prenant acte de l’adoption du rĂšglement europĂ©en du 17 dĂ©cembre 2013 prĂ©citĂ©, qui prĂ©voit de plus larges possibilitĂ©s en matiĂšre de contractualisation et d’organisations des producteurs. 1. Une contractualisation complexe L’article 15 de la loi d’avenir amĂ©liore le cadre de la contractualisation et les relations commerciales. À l’obligation de conclusion d’un contrat de vente Ă©crit est ajoutĂ©e l’alternative de la proposition d’un contrat de vente Ă©crit par l’acheteur. La sĂ©curitĂ© juridique des contrats est renforcĂ©e par l’ajout, dans les clauses obligatoires, de rĂšgles applicables aux cas de force majeure. La durĂ©e d’un an minimale du contrat est supprimĂ©e afin de s’adapter aux marchĂ©s de tous types de produits ; la durĂ©e minimale est fixĂ©e par dĂ©cret en Conseil d’État ou accord interprofessionnel mais sans qu’elle puisse excĂ©der 5 ans. Le producteur peut nĂ©anmoins renoncer par Ă©crit Ă  la durĂ©e minimale du contrat. La durĂ©e minimale des contrats dans les secteurs oĂč ils sont obligatoires pour les agriculteurs dĂ©butant une nouvelle production est allongĂ©e de 5 Ă  7 ans. Les agriculteurs rĂ©cemment installĂ©s sont mieux protĂ©gĂ©s l’acheteur ne peut rĂ©silier le contrat avant le terme sauf inexĂ©cution ou cas de force majeure ; un prĂ©avis doit ĂȘtre prĂ©vu en cas de non-renouvellement du contrat par l’acheteur. Le mĂ©diateur des relations commerciales agricoles a fait part Ă  vos rapporteurs des difficultĂ©s de la contractualisation – il considĂšre que le contrat n’est pas un outil de rĂ©gulation, il traduit un engagement des co-contractants mais ne remĂ©die pas aux dĂ©sĂ©quilibres ; – sur l’obligation de proposition d’un contrat sous peine d’amende, il relĂšve que n’importe quelle proposition libĂšre l’entreprise acheteuse de cette obligation ; – sur la durĂ©e des contrats rendus obligatoires, il considĂšre que leur durĂ©e est trop longue dans le secteur du lait 5 ans et Ă©galement dans le secteur des fruits et lĂ©gumes 3 ans, sentiment partagĂ© par Interfel interprofession des fruits et lĂ©gumes frais. C’est d’ailleurs la durĂ©e la plus longue pour le secteur du lait dans l’Union europĂ©enne, oĂč les contrats annuels sont plus frĂ©quents ; – il recommande que la durĂ©e de prĂ©avis pour dĂ©noncer un contrat soit moins longue pour le producteur que pour l’acheteur. Globalement, il appelle de ses vƓux une plus grande souplesse dans la contractualisation. Interfel est l’interprofession la plus critique Ă  l’égard de la contractualisation obligatoire la durĂ©e minimale de contrat de 3 ans est, selon cette organisation interprofessionnelle, beaucoup trop longue compte tenu de l’obligation d’indiquer des Ă©lĂ©ments de formation des prix et des volumes. Les fruits et lĂ©gumes frais sont en effet l’un des secteurs les plus soumis aux alĂ©as ; ce sont des denrĂ©es rapidement pĂ©rissables qui nĂ©cessitent un marchĂ© souple. Interfel considĂšre que la contractualisation obligatoire ne fonctionne pas et propose de la supprimer en considĂ©rant que les producteurs contractualiseront spontanĂ©ment en fonction de leurs productions sans risque de dĂ©sĂ©quilibre significatif comme pour d’autres productions. Également interrogĂ© par vos rapporteurs, le CNIEL a quant Ă  lui insistĂ© sur le problĂšme de calendrier liĂ© Ă  la mise en place de la contractualisation imposĂ©e par le lĂ©gislateur, la conclusion de contrats avant la constitution des organisations de producteurs a eu des rĂ©percussions importantes puisqu’elle a heurtĂ© les entreprises forcĂ©es de mettre une proposition de contrat sur la table dans un dĂ©lai trĂšs court, tout en ne laissant pas le temps aux producteurs de s’organiser pour nĂ©gocier le contenu de cette proposition ». La sortie des quotas laitiers n’a pas aidĂ© Ă  amĂ©liorer la situation de la filiĂšre qui vit une pĂ©riode transitoire particuliĂšrement difficile. Pour Interbev, la contractualisation dans le secteur ovin fonctionne bien, en particulier parce que des incitations financiĂšres Ă  la contractualisation ont Ă©tĂ© mise en place. Au contraire, la contractualisation en viande bovine fonctionne difficilement compte tenu de la complexitĂ© en termes de qualitĂ© et de prix de ce secteur fortement concurrentiel. Il semble que la loi d’avenir ne soit pas allĂ©e suffisamment loin dans le renforcement des pouvoirs des producteurs dans les relations commerciales avec l’aval de la filiĂšre. La loi n° 2016-1691 du 9 dĂ©cembre 2016 relative Ă  la transparence, Ă  la lutte contre la corruption et Ă  la modernisation de la vie Ă©conomique dit Sapin II » tente d’y remĂ©dier. Elle prĂ©voit notamment – l’obligation de la mention, dans les conditions gĂ©nĂ©rales de vente des produits agricoles contractualisĂ©s, du prix payĂ© au producteur et, dans les contrats sous marque de distributeur, des critĂšres et modalitĂ©s de dĂ©termination du prix article 100 ; – l’élĂ©vation du plafond des sanctions et la limitation des pratiques restrictives de concurrence et des nouveaux instruments promotionnels articles 101, 102, 106, 109, 110 ; – l’amĂ©lioration des contrats donnant lieu Ă  une convention Ă©crite annuelle contrats LME, y compris contrats de grossistes qui pourra devenir pluriannuelle jusqu’à 3 ans avec, dans ce cas, la possibilitĂ© de prendre en compte des indicateurs reflĂ©tant les coĂ»ts de production article 107 ; – l’amĂ©lioration des contrats entre producteurs et premiers metteurs en marchĂ© contrats LMA par l’ajout d’une rĂ©fĂ©rence aux indicateurs publics des coĂ»ts de production et des prix des produits agricoles ou alimentaires et la crĂ©ation d’un contrat cadre Ă©crit entre l’acheteur et l’organisation de producteurs article 94 ; – la crĂ©ation d’une confĂ©rence de filiĂšre annuelle sous l’égide de FranceAgriMer article 104. Cette loi a partiellement Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e non conforme Ă  la Constitution par la dĂ©cision du Conseil constitutionnel n° 2016-741 DC du 8 dĂ©cembre 2016, mais l’ensemble des dispositions prĂ©citĂ©es a Ă©tĂ© validĂ©. 2. Des organisations de producteurs facilitĂ©es mais encore faibles L’article 15 oblige les acheteurs Ă  proposer un contrat-cadre aux organisations de producteurs OP lorsque les producteurs sont ainsi regroupĂ©s. Ce contrat-cadre doit ĂȘtre prĂ©vu par un dĂ©cret ou par un accord interprofessionnel. Ce contrat-cadre peut rendre obligatoire la transmission Ă  l’OP par l’acheteur des informations lui permettant de suivre la bonne exĂ©cution des contrats individuels. L’encouragement Ă  la constitution d’OP recueille un large consensus national et europĂ©en. Les OP sont les premiers artisans de la contractualisation et le meilleur moyen pour les producteurs de se regrouper. Les OP peuvent ĂȘtre commerciales lorsqu’elles comprennent un transfert de propriĂ©tĂ© ou non commerciales. Il semblerait que les bĂ©nĂ©fices de l’organisation des producteurs n’atteignent pleinement leurs effets en termes de contractualisation que lorsque l’OP est commerciale. Celle-ci se substitue alors pleinement non seulement au pouvoir de nĂ©gociation des clauses des contrats de vente pour le compte de ses adhĂ©rents et la mise en marchĂ© de la production de ses membres mais surtout elle vend, en tant que propriĂ©taire, la production de ses membres. La contractualisation a Ă©tĂ© rendue obligatoire par dĂ©cret pour les fruits et lĂ©gumes frais et pour le lait de vache depuis 2011. Elle a Ă©tĂ© rendue obligatoire par accord interprofessionnel pour la production ovine depuis 2010. Le mĂ©diateur des relations commerciales agricoles appelle de ses vƓux des OP plus grandes pour vĂ©ritablement peser dans les relations commerciales. Il a pris l’exemple de Lactalis, entreprise unique Ă  laquelle font face 13 OP se concurrençant entre elles et reprĂ©sentant 17 000 producteurs de lait. C’est Ă©galement probablement du fait de cette relative faiblesse des OP que la FNSEA, entendue par vos rapporteurs, considĂšre que Lactalis entretient une relation moyenĂągeuse avec ses producteurs ». Tout est dit. 3. Le mĂ©diateur des relations commerciales agricoles Les relations commerciales sont Ă©galement amĂ©liorĂ©es par la crĂ©ation du mĂ©diateur des relations commerciales agricoles, qui a compĂ©tence pour rĂ©gler les litiges sur tous types de contrats de produits agricoles et alimentaires. La LMA de 2010 prĂ©citĂ©e avait créé un mĂ©diateur dont les compĂ©tences devaient ĂȘtre dĂ©finies par dĂ©cret. Le dĂ©cret du 5 avril 2011 prĂ©voyait les conditions de la mĂ©diation. La loi d’avenir Ă©lĂšve au niveau lĂ©gislatif la dĂ©finition des compĂ©tences du mĂ©diateur il peut ĂȘtre toujours saisi de tout litige, il doit en favoriser la rĂ©solution amiable, il peut toujours Ă©mettre des recommandations et des avis, il peut se prononcer sur le partage Ă©quitable de la valeur ajoutĂ©e et saisir la commission d’examen des pratiques commerciales. Tout litige entre professionnels relatif Ă  l’exĂ©cution d’un contrat ayant pour objet la vente de produits agricoles ou alimentaires doit faire l’objet d’une procĂ©dure de mĂ©diation prĂ©alablement Ă  toute saisine du juge, sauf si le contrat en dispose autrement ou en cas de recours Ă  l’arbitrage. Les compĂ©tences du mĂ©diateur sont donc Ă©tendues au-delĂ  des litiges strictement contractuels. M. Francis Amand est actuellement le mĂ©diateur. En application du dĂ©cret n° 2015-548 du 18 mai 2015 relatif au mĂ©diateur des relations commerciales agricoles, il dispose de deux mĂ©diateurs dĂ©lĂ©guĂ©s. Il a, le 21 juillet 2015, remis un rapport sur les prix des produits agricoles, au cƓur de la crise des filiĂšres d’élevage. Il a fait part Ă  vos rapporteurs des litiges sur lesquels il est intervenu il intervient autant au moment de la passation des contrats que lors de leur exĂ©cution. Il est Ă©galement compĂ©tent pour intervenir auprĂšs des coopĂ©ratives mais celles-ci lui opposent souvent la nĂ©cessitĂ© d’une intervention du conseil d’administration de ladite coopĂ©rative pour entĂ©riner les accords. Le mĂ©diateur travaille sur les statuts des coopĂ©ratives afin que les adhĂ©rents coopĂ©rateurs puissent mieux faire valoir leurs avis. Il considĂšre que la dĂ©mocratie coopĂ©rative est encore Ă  amĂ©liorer. Le CNIEL regrette, quant Ă  lui, que le mĂ©diateur formule des recommandations d’ordre gĂ©nĂ©ral Ă  partir de situations particuliĂšres. A. L’INAPPLICATION DE L’ARTICLE RELATIF À L’ALLOCATION D’ESPACES D’INFORMATION PÉRIODIQUES GRATUITS POUR LES INTERPROFESSIONS L’article 18 de la loi prĂ©voit que les sociĂ©tĂ©s publiques de radio et de tĂ©lĂ©vision mettent Ă  la disposition des organisations professionnelles ou interprofessionnelles agricoles viandes fraĂźches, fruits et lĂ©gumes frais, produits laitiers frais des espaces d’information pĂ©riodiques gratuits. L’objectif est de sensibiliser le consommateur pour stimuler la demande de ces produits sans que les organisations professionnelles ou les interprofessions prennent en charge le coĂ»t trĂšs Ă©levĂ© de campagnes publicitaires. Cet article avait Ă©tĂ© introduit par le SĂ©nat puis supprimĂ© par l’AssemblĂ©e nationale avant ĂȘtre repris en commission mixte paritaire. Le rapporteur avait alors indiquĂ© que le Gouvernement diffusait dĂ©jĂ  des campagnes d’information nutrionnelle sur les composantes d’un rĂ©gime alimentaire Ă©quilibrĂ© sans que ces campagnes modifient le comportement d’achat des consommateurs. En outre, des campagnes d’information et de promotion des produits frais existent dĂ©jĂ , bien qu’elles soient payantes. Le rapporteur avait alors considĂ©rĂ© que prĂ©voir des espaces d’information gratuits n’était pas justifiĂ©. Le Gouvernement partageait cet avis, il n’avait alors pas levĂ© le gage prĂ©vu au II de l’article et justifiĂ© par le fait que ces espaces gratuits diminueraient les recettes publicitaires des sociĂ©tĂ©s publiques. Depuis l’adoption de la loi, il semble que le Gouvernement n’ait pas changĂ© de position. Le dĂ©cret prĂ©cisant les modalitĂ©s d’application de cet article n’a jamais Ă©tĂ© publiĂ© et, selon les informations transmises par le cabinet du ministre de l’agriculture, le Gouvernement souhaiterait abroger cette disposition. Les interprofessions entendues par vos rapporteurs sont en attente de prĂ©cisions et d’avancĂ©es sur cette disposition qui est de nature Ă  favoriser la compĂ©titivitĂ© des produits frais français. À ce titre, un doute subsiste sur la conformitĂ© au droit de l’Union europĂ©enne de cette disposition favorisant les produits français. Le CNIEL bute sur la dĂ©finition du produit frais, qui peut dĂ©signer des produits trĂšs divers en fonction du pĂ©rimĂštre choisi, les produits prĂ©sent au rayon frais des distributeurs ne nĂ©cessitant pas toujours de s’y trouver. Interfel a, quant Ă  elle, relevĂ© que l’accĂšs des interprofessions aux programmes courts ne posait pas de difficultĂ© mais que l’accĂšs aux espaces de promotion gratuits ne pouvait ĂȘtre mis en Ɠuvre faute de dĂ©cret. Interfel considĂšre que cette gratuitĂ© ne gĂ©nĂ©rera pas de coĂ»t pour les sociĂ©tĂ©s publiques car l’espace de promotion se substituera Ă  des programmes classiques et non Ă  des programmes publicitaires. Faute de dĂ©cret, il est impossible Ă  vos rapporteur de se prononcer sur l’application de cette mesure. B. LES GARANTIES DE L’ORIGINE ET DE LA QUALITÉ 1. Une mise en conformitĂ© au droit de l’Union europĂ©enne L’article 21 prĂ©voit d’habiliter le Gouvernement Ă  lĂ©gifĂ©rer par ordonnances pour assurer l’adaptation au droit de l’Union europĂ©enne en matiĂšre de garanties de l’origine et de la qualitĂ©, amĂ©liorer son efficacitĂ© et simplifier les procĂ©dures. Les ordonnances ont bien Ă©tĂ© prises dans un dĂ©lai d’un an suivant la promulgation de la loi une ordonnance en juin 2015 et quatre ordonnances en octobre 2015. ORDONNANCES PUBLIÉES EN APPLICATION DE L’ARTICLE 21 DE LA LOI D’AVENIR Article Objet de l’ordonnance Ordonnance Projet de loi de ratification de l’ordonnance Article 21, I, 1°, b Modifier ou complĂ©ter, dans la mesure nĂ©cessaire pour assurer le respect des dispositions de la partie lĂ©gislative du code rural et de la pĂȘche maritime et du droit de l’Union europĂ©enne en matiĂšre agricole, les dispositions relatives Ă  la recherche et Ă  la constatation des manquements et infractions et, le cas Ă©chĂ©ant, instituer ou supprimer des sanctions Ordonnance n° 2015-616 du 4 juin 2015 modifiant le code rural et de la pĂȘche maritime en vue d’assurer la conformitĂ© de ses dispositions avec le droit de l’Union europĂ©enne et modifiant les dispositions relatives Ă  la recherche et Ă  la constatation des infractions aux dispositions de son livre II Projet de loi ratifiant l’ordonnance n° 2015-616 du 4 juin 2015 modifiant le code rural et de la pĂȘche maritime en vue d’assurer la conformitĂ© de ses dispositions avec le droit de l’Union europĂ©enne et modifiant les dispositions relatives Ă  la recherche et Ă  la constatation des infractions aux dispositions de son livre II n° 666, SĂ©nat Article 21, I, 1°, a Assurer la conformitĂ© et la cohĂ©rence de la partie lĂ©gislative du code rural et de la pĂȘche maritime avec le droit de l’Union europĂ©enne Ordonnance n° 2015-1248 du 7 octobre 2015 portant adaptation du code rural et de la pĂȘche maritime au droit de l’Union europĂ©enne et ordonnance n° 2015-1245 du 7 octobre 2015 relative Ă  la reconnaissance des qualifications professionnelles des professions rĂ©glementĂ©es par le code rural et de la pĂȘche maritime Projet de loi ratifiant les ordonnances prises sur le fondement des articles 21 et 55 de la loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt n° 277, SĂ©nat Article 21, I, 1°, c Simplifier la procĂ©dure de reconnaissance des appellations d’origine protĂ©gĂ©es, indications gĂ©ographiques protĂ©gĂ©es, labels et spĂ©cialitĂ©s traditionnelles garanties ainsi que les conditions dans lesquelles sont dĂ©finies les conditions de production et de contrĂŽle communes Ă  plusieurs d’entre eux et les conditions d’établissement des plans de contrĂŽle Ordonnance n° 2015-1246 du 7 octobre 2015 relative aux signes d’identification de l’origine et de la qualitĂ© Article 21, I, 1°, d PrĂ©voir la reprĂ©sentation des personnels au sein du conseil permanent de l’Institut national de l’origine et de la qualitĂ© Article 21, I, 1°, e Rectifier des erreurs matĂ©rielles, notamment des rĂ©fĂ©rences erronĂ©es ou obsolĂštes Article 21, I, 2° Modifier les dispositions lĂ©gislatives du code gĂ©nĂ©ral des impĂŽts et du code rural et de la pĂȘche maritime applicables dans le domaine des alcools et le domaine vitivinicole, afin de les simplifier, de tirer les consĂ©quences de l’évolution du droit de l’Union europĂ©enne et d’assurer la cohĂ©rence de leurs pĂ©rimĂštres et des rĂ©gimes de sanction qu’elles prĂ©voient. Ordonnance n° 2015-1247 du 7 octobre 2015 relative aux produits de la vigne Deux projets de loi de ratification ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s sur le bureau du SĂ©nat dans les 3 mois qui ont suivi la publication de ces ordonnances. Un projet de loi ratifiant l’ordonnance n° 2015-616 du 4 juin 2015 modifiant le code rural et de la pĂȘche maritime en vue d’assurer la conformitĂ© de ses dispositions avec le droit de l’Union europĂ©enne et modifiant les dispositions relatives Ă  la recherche et Ă  la constatation des infractions aux dispositions de son livre II a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© sur le bureau du SĂ©nat le 26 aoĂ»t 2015. L’ordonnance a notamment pour objet de mettre en cohĂ©rence les dispositions des titres Ier, II et III du code rural et de la pĂȘche maritime avec les dispositions du rĂšglement CE n° 1/2005 du Conseil du 22 dĂ©cembre 2004 relatif Ă  la protection des animaux pendant le transport et les opĂ©rations annexes et modifiant les directives 64/432/CEE et 93/119/CE et le rĂšglement CE n° 1255/97, et avec les dispositions du rĂšglement CE n° 1069/2009 du Parlement europĂ©en et du Conseil du 21 octobre 2009 Ă©tablissant des rĂšgles sanitaires applicables aux sous-produits animaux et produits dĂ©rivĂ©s non destinĂ©s Ă  la consommation humaine et abrogeant le rĂšglement CE n° 1774/2002 rĂšglement relatif aux sous-produits animaux. Cette ordonnance complĂšte le code rural et de la pĂȘche maritime afin de pouvoir sanctionner, dans le secteur vitivinicole, le non-respect des obligations de destruction, notamment par distillation, des vins ou des sous-produits et les arrachages irrĂ©guliers de vigne comme l’exige l’OCM unique. Il s’agit Ă©galement de supprimer la sanction applicable lorsqu’un contrat n’a pas Ă©tĂ© examinĂ© par FranceAgriMer ou par l’interprofession concernĂ©e. Un second projet de loi ratifiant les ordonnances prises sur le fondement des articles 21 et 55 de la loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© sur le bureau du SĂ©nat le 16 dĂ©cembre 2015. Seuls ses articles 4 Ă  7 concernent les quatre ordonnances du 7 octobre 2015 prĂ©citĂ©es cf. tableau. L’article 4 ratifie l’ordonnance n° 2015-1245 relative Ă  la reconnaissance des qualifications professionnelles des professions rĂ©glementĂ©es par le code rural et de la pĂȘche maritime. Cette ordonnance transpose, pour les professions agricoles, la directive 2013/55/UE du Parlement europĂ©en et du Conseil du 20 novembre 2013 modifiant la directive 2005/36/CE du Parlement europĂ©en et du Conseil relative Ă  la reconnaissance des qualifications professionnelles et le rĂšglement UE n° 1024/2012 concernant la coopĂ©ration administrative par l’intermĂ©diaire du systĂšme d’information du marchĂ© intĂ©rieur, dont l’échĂ©ance est fixĂ©e au 18 janvier 2016. Elle regroupe, dans les dispositions transversales, l’ensemble des rĂšgles applicables Ă  toutes les professions rĂ©glementĂ©es, c’est-Ă -dire les rĂšgles qui rĂ©gissent l’exercice Ă  titre temporaire et occasionnel d’une activitĂ© article L. 204-1 du code rural et de la pĂȘche maritime relatif Ă  la libre prestation de services et l’accĂšs partiel Ă  ces professions nouvel article L. 204-2 du mĂȘme code. L’article 5 ratifie l’ordonnance n° 2015-1246 relative aux signes d’identification de l’origine et de la qualitĂ©. Cette ordonnance introduit la mention de qualitĂ© facultative produit de montagne », fait entrer dans le champ des indications gĂ©ographiques les produits vinicoles aromatisĂ©s, simplifie la procĂ©dure relative aux contrĂŽles et clarifie les compĂ©tences respectives du conseil des agrĂ©ments et contrĂŽles de l’Institut national de l’origine et de la qualitĂ© INAO et de son directeur gĂ©nĂ©ral, en confiant au conseil des agrĂ©ments et contrĂŽles la dĂ©finition des principes gĂ©nĂ©raux du contrĂŽle et au directeur de l’INAO la dĂ©termination des dispositions de contrĂŽle communes Ă  plusieurs cahiers des charges ou Ă  plusieurs organismes de contrĂŽle et l’approbation des plans de contrĂŽle et prĂ©voit Ă©galement la reprĂ©sentation des personnels de l’INAO au sein du conseil permanent de l’établissement. L’article 6 ratifie l’ordonnance n° 2015-1247 relative aux produits de la vigne qui modifie diffĂ©rentes dispositions du code rural et de la pĂȘche maritime et du code gĂ©nĂ©ral des impĂŽts applicables dans le domaine des alcools et le domaine vitivinicole, afin de tirer les consĂ©quences de l’évolution du droit de l’Union europĂ©enne, en particulier en ce qui concerne la gestion du potentiel de production viticole, organise les contrĂŽles et les sanctions de ce dispositif, dont les modalitĂ©s de gestion seront prĂ©vues par voie rĂ©glementaire et remplace, par ailleurs, pour plusieurs infractions commises dans le domaine vitivinicole, notamment les plantations de vignes sans autorisation, les sanctions pĂ©nales par des sanctions fiscales et administratives plus adaptĂ©es. L’article 7 ratifie l’ordonnance n° 2015-1248 portant adaptation du code rural et de la pĂȘche maritime au droit de l’Union europĂ©enne. Comme son titre l’indique, elle a pour objet d’adapter les dispositions du code rural et de la pĂȘche maritime au droit de l’Union europĂ©enne. L’ordonnance modifie principalement les dispositions relatives aux organisations de producteurs, associations de producteurs et groupements de producteurs, Ă  la contractualisation et aux organisations interprofessionnelles, garantissant ainsi une mise en conformitĂ© des dispositions nationales avec le rĂšglement UE n° 1308/2013 du Parlement europĂ©en et du Conseil du 17 dĂ©cembre 2013 portant organisation commune des marchĂ©s des produits agricoles. Elle procĂšde Ă©galement Ă  quelques modifications du livre IX du code rural et de la pĂȘche maritime, afin de le mettre en conformitĂ© avec le rĂšglement UE n° 1379/2013 du Parlement europĂ©en et du Conseil du 11 dĂ©cembre 2013 portant organisation commune des marchĂ©s dans le secteur des produits de la pĂȘche et de l’aquaculture et avec le rĂšglement CE n° 1224/2009 du Conseil du 20 novembre 2009 instituant un rĂ©gime communautaire de contrĂŽle afin d’assurer le respect des rĂšgles de la politique commune de la pĂȘche. Sont par ailleurs abrogĂ©es certaines dispositions devenues incompatibles avec le droit de l’Union europĂ©enne. 2. Une meilleure protection des appellations d’origine et des indications gĂ©ographiques En application de l’article 23, le directeur de l’INAO dispose dĂ©sormais d’un droit d’opposition Ă  la demande d’enregistrement d’une marque auprĂšs du directeur de l’INPI s’il y a risque d’atteinte au nom, Ă  l’image, Ă  la rĂ©putation ou Ă  la notoriĂ©tĂ© d’une appellation d’origine ou d’une indication gĂ©ographique. En outre, le directeur de l’INAO peut ĂȘtre sollicitĂ© par tout organisme de protection d’une appellation d’origine AO ou d’une indication gĂ©ographique IG. Il s’agit souvent de l’usurpation des termes de qualitĂ© origine », qualitĂ© », des labels ou des noms d’AO ou d’IG reconnus. Le reprĂ©sentant de l’INAO, entendu par vos rapporteurs, a indiquĂ© que, bien que le conseil permanent de l’INAO ait validĂ© les modalitĂ©s de la mise en Ɠuvre de ce dispositif le 14 septembre 2016, cette possibilitĂ© n’a pas encore Ă©tĂ© utilisĂ©e. Toutefois, l’INAO reçoit une trentaine de courriers par an pour l’utilisation abusive des termes appellation d’origine contrĂŽlĂ©e, label etc. Ces cas se solutionneraient toujours Ă  l’amiable. MĂȘme si le dĂ©cret prĂ©vu au deuxiĂšme alinĂ©a de l’article L. 643-3-2 du code rural et de la pĂȘche maritime n’a pas encore Ă©tĂ© publiĂ©, l’INAO considĂšre que cet article rend plus rapide la dĂ©cision d’apposition d’un dispositif permettant d’authentifier le produit commercialisĂ© le ministre peut le dĂ©cider par simple arrĂȘtĂ©, alors qu’auparavant un dĂ©cret signĂ© par plusieurs ministres Ă©tait requis. Les demandes de reconnaissance des signes de qualitĂ© sont constantes mais le volume des demandes est bien infĂ©rieur Ă  l’afflux connu dans les annĂ©es 1990. L’INAO est en revanche beaucoup sollicitĂ© sur des demandes de modification des cahiers des charges des signes de qualitĂ© dont la procĂ©dure est aussi lourde que pour une nouvelle reconnaissance. DEUXIÈME PARTIE PROTECTION DES ESPACES NATURELS, AGRICOLES ET FORESTIERS ET RENOUVELLEMENT DES GÉNÉRATIONS I. PRÉSENTATION DE LA LOI A. INTENTION DU LÉGISLATEUR La protection du foncier agricole a rĂ©guliĂšrement Ă©tĂ© au centre des lois agricoles en France. Le lĂ©gislateur a en effet toujours considĂ©rĂ© que la prĂ©servation du foncier concourait non seulement Ă  la protection des exploitations agricole mais Ă©galement au renouvellement des gĂ©nĂ©rations d’agriculteurs et Ă  la conservation de nos paysages, couplĂ©e plus rĂ©cemment Ă  la prĂ©servation de l’environnement. Cette protection des espaces agricoles s’est doublĂ©e d’une prĂ©occupation de protection des espaces naturels et forestiers, autant menacĂ©s par l’artificialisation des terres. La loi d’avenir contribue ainsi au ralentissement et Ă  la compensation de la perte de foncier agricole et Ă  la meilleure gestion de ce foncier. Le lĂ©gislateur a souhaitĂ© renforcer les outils dĂ©partementaux et nationaux de contrĂŽle et de protection de ces espaces afin, avant tout, de contribuer Ă  la prise de conscience globale de nĂ©cessaire prĂ©servation des espaces non artificialisĂ©s. Cette prise de conscience passe par une meilleure Ă©valuation et une analyse des indicateurs de la dĂ©prise agricole. Le lĂ©gislateur a Ă©galement transposĂ© au monde agricole le principe de la compensation environnementale ce principe impose l’obligation d’éviter et, le cas Ă©chĂ©ant, impose de compenser la rĂ©duction des surfaces agricoles et des consĂ©quences Ă©conomiques qui lui sont liĂ©es. La protection des espaces se double d’un objectif de renouvellement des gĂ©nĂ©rations d’agriculteurs Ă  travers lesquelles l’avenir de l’agriculture se joue. Le statut des agriculteurs est clarifiĂ© par la crĂ©ation d’un registre des actifs agricoles, longtemps demandĂ© par la profession. L’installation et la transmission en agriculture sont favorisĂ©es par des aides financiĂšres et la couverture sociale des futurs exploitants agricoles. La prioritĂ© donnĂ©e Ă  leur installation prime sur les agrandissements et les concentrations d’exploitations et est notamment assurĂ©e par le contrĂŽle des structures des exploitations et l’élargissement des pouvoirs des SAFER dont les prĂ©rogatives de puissance publique servent cet objectif prioritaire. B. DESCRIPTIF DES ARTICLES L’article 24 instaure une coresponsabilitĂ© de l’État prĂ©fet et de la rĂ©gion prĂ©sident du conseil rĂ©gional sur le plan rĂ©gional de l’agriculture durable PRAD. L’objectif est que les rĂ©gions puissent dĂ©finir elles-mĂȘmes leurs prioritĂ©s, leurs stratĂ©gies ; cette libertĂ© qui leur est laissĂ©e Ă©tant la contrepartie de la mise Ă  contribution de leurs budgets au titre de ces mĂȘmes politiques. L’article 25 renforce l’arsenal de protection des terres non urbanisĂ©es face Ă  la pression de l’urbanisation, en donnant un rĂŽle accru Ă  la commission dĂ©partementale de la consommation des espaces agricoles CDCEA, qui devient la commission dĂ©partementale de la prĂ©servation des espaces naturels, agricoles et forestiers » CDPENAF, dont le champ d’intervention est Ă©largi aux espaces naturels et forestiers. La prĂ©servation des espaces agricoles, naturels et forestiers dans les documents de planification de l’utilisation de l’espace est encouragĂ©e. Elle intĂšgre des reprĂ©sentants de la profession forestiĂšre. L’article instaure une protection particuliĂšre des surfaces portant des productions bĂ©nĂ©ficiant d’un signe d’identification de la qualitĂ© et de l’origine. Cet article conforte Ă©galement l’Observatoire national de la consommation des espaces agricoles ONCEA, qui devient l’Observatoire des espaces naturels, agricoles et forestiers OENAF. Il est transformĂ© en un outil d’observation de l’artificialisation des terres en s’intĂ©ressant aux changements d’usage non seulement des terres agricoles mais aussi des forĂȘts et des espaces naturels. Il en homologue les indicateurs pertinents. Cet article permet de mieux prendre en compte l’enjeu de protection du foncier naturel, agricole et forestier dans les documents d’urbanisme. Il renforce les associations fonciĂšres pastorales AFP en apportant deux modifications au cadre lĂ©gislatif qui s’applique Ă  elles – les terres appartenant Ă  des propriĂ©taires non retrouvĂ©s ne sont plus incluses dans le pĂ©rimĂštre pour une durĂ©e limitĂ©e Ă  5 ans mais pour une durĂ©e illimitĂ©e, et peuvent ĂȘtre mises Ă  la disposition des agriculteurs dans le cadre d’une convention pluriannuelle de pĂąturage mais aussi dans le cadre d’un bail rural classique ; – la majoritĂ© renforcĂ©e exigĂ©e par l’article L. 135-5 du code rural et de la pĂȘche maritime pour autoriser l’AFP Ă  rĂ©aliser des Ă©quipements autres qu’agricoles et forestiers sur son pĂ©rimĂštre, qui Ă©tait des deux tiers des propriĂ©taires reprĂ©sentant les deux tiers de la superficie gĂ©rĂ©e, est allĂ©gĂ©e. L’article 26 rĂ©forme le rĂ©gime de l’attribution des biens de sections de communes Ă  vocation agricole ou pastorale. Il instaure une prioritĂ© pour les agriculteurs rĂ©sidant sur le territoire de la section. L’article 27 prĂ©voit la participation du public Ă  la dĂ©finition de la nouvelle distribution parcellaire dans le cadre du remembrement, Ă  la rĂ©glementation dĂ©partementale des boisements ainsi qu’à l’établissement de servitudes de passage de canalisations d’eau, dans le souci de conformitĂ© du code rural et de la pĂȘche maritime aux exigences posĂ©es par la Charte de l’environnement. L’article 28, sur le modĂšle de la compensation Ă©cologique qui vise Ă  recrĂ©er un potentiel environnemental pour des espĂšces remarquables dĂ©gradĂ©es par un projet de grande ampleur, la compensation agricole a pour but de permettre de recrĂ©er du potentiel de production agricole perdu Ă  l’échelle d’un territoire pour les mĂȘmes projets. La compensation est nĂ©cessairement collective, peut ĂȘtre financiĂšre et fait suite Ă  une Ă©tude prĂ©alable analysant les effets du projet sur l’économie agricole du territoire concernĂ©. L’article 29 Ă©largit les missions et conforte les prĂ©rogatives des SAFER. La gouvernance des SAFER est rĂ©visĂ©e, dans le sens d’un plus grand pluralisme. Les SAFER sont constituĂ©es Ă  l’échelle rĂ©gionale ou interrĂ©gionale. La transparence et le contrĂŽle des SAFER sont renforcĂ©s par leur adhĂ©sion Ă  une structure regroupant l’ensemble des sociĂ©tĂ©s d’amĂ©nagement foncier et d’établissement rural agréées et leur participation au fonds de pĂ©rĂ©quation gĂ©rĂ© par cette structure. Elles sont mieux informĂ©es des transactions par la crĂ©ation d’une obligation de notification, par le notaire ou le cĂ©dant, de toute cession de parts ou d’actions de sociĂ©tĂ©s. Le champ d’application matĂ©riel du droit de prĂ©emption des SAFER est Ă©tendu Ă  de nombreux biens. Ce droit de prĂ©emption peut Ă©galement s’appliquer partiellement. Les possibilitĂ©s d’acquisition amiable de droits sociaux sont Ă©galement Ă©largies. L’article 30 prĂ©voit que les SAFER transmettent chaque annĂ©e une comptabilitĂ© analytique aux commissaires du Gouvernement, ces derniers assurant leur diffusion publique. L’article 31 rĂ©vise le cadre lĂ©gislatif de l’installation en agriculture – en confiant la mise en Ɠuvre de la politique d’installation Ă  l’échelon rĂ©gional ; – en crĂ©ant une couverture sociale pour les nouveaux installĂ©s ; – en crĂ©ant un nouveau dispositif de contrat de gĂ©nĂ©ration-transmission ; – en renforçant le rĂŽle du rĂ©pertoire Ă  l’installation et en Ă©tendant l’éventail des mesures pouvant ĂȘtre financĂ©es par le produit de la taxe sur la cession de terrains agricoles devenus constructibles. L’article 32 a pour but l’amĂ©lioration du contrĂŽle des structures des exploitations agricoles dans l’objectif de maintien d’une agriculture diversifiĂ©e, riche en emploi et gĂ©nĂ©ratrice de valeur ajoutĂ©e en limitant les agrandissements excessifs et les concentrations des exploitations. Il remplace le schĂ©ma dĂ©partemental par un schĂ©ma directeur rĂ©gional des exploitations agricoles SDREA, chargĂ© de dĂ©terminer les orientations de la politique rĂ©gionale des structures, en lien avec le plan rĂ©gional de l’agriculture durable PRAD, et en prenant en compte les enjeux Ă©conomiques, sociaux et environnementaux que ce dernier dĂ©finit. L’article 33 modernise les conditions d’affiliation Ă  la mutualitĂ© sociale agricole pour les chefs d’exploitations agricoles, en remplaçant le critĂšre de la surface minimale d’installation par un nouveau critĂšre l’activitĂ© minimale d’assujettissement, Ă©valuĂ©e Ă  partir de la surface ou du temps de travail ou encore du revenu gĂ©nĂ©rĂ© par l’exploitation agricole. L’article 34 clarifie l’assujettissement des paysagistes au rĂ©gime social des non-salariĂ©s agricoles. L’article 35 crĂ©e un registre des actifs agricoles y compris pluriactifs. L’inscription Ă  ce registre pourra conditionner le bĂ©nĂ©fice de certaines aides publiques. Il rĂ©pond Ă  une demande ancienne des organisations professionnelles agricoles disposer d’un registre des agriculteurs, au mĂȘme titre que les commerçants disposent d’un registre du commerce. La gestion du registre est donnĂ©e Ă  l’AssemblĂ©e permanente des chambres d’agriculture APCA. La base de donnĂ©es gĂ©rĂ©e par l’APCA sera alimentĂ©e par les informations dĂ©tenues par la MSA, mais aussi par celles dĂ©tenues par les centres de formalitĂ© des entreprises CFE. Seuls les agriculteurs, chefs d’exploitation ou salariĂ©s ayant la maĂźtrise de l’exploitation peuvent ĂȘtre inscrits sur le registre. L’article 36 prĂ©voit les mesures d’adaptation nĂ©cessaires permettant aux assurĂ©s d’Alsace-Moselle de bĂ©nĂ©ficier du dispositif de retraite anticipĂ©e pour pĂ©nibilitĂ©. Il prĂ©voit aussi que les partenaires sociaux nĂ©gocient un accord collectif prĂ©voyant les modalitĂ©s selon lesquelles les bĂ»cherons bĂ©nĂ©ficient Ă  partir de cinquante-cinq ans d’une allocation de cessation anticipĂ©e d’activitĂ©. L’article 37 crĂ©e le titre emploi-service agricole TESA dans un but de simplification. Il permettra aux trĂšs petites entreprises agricoles jusqu’à 20 salariĂ©s, aux termes de l’ordonnance d’établir leur dĂ©claration sociale nominative DSN sans avoir Ă  s’équiper d’un logiciel de paie ou sans recourir Ă  un centre de gestion. L’article 38 demande au Gouvernement de remettre au Parlement un rapport sur l’affiliation au rĂ©gime social agricole des personnes exerçant des activitĂ©s d’accueil social ayant pour support l’exploitation agricole. I. APPLICATION DE LA LOI LISTE DES DÉCRETS PUBLIÉS Article Base lĂ©gale Titre du dĂ©cret publiĂ© Objet Article 24, 4° Article du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-686 du 17 juin 2015 relatif au plan rĂ©gional de l’agriculture durable Conditions dans lesquelles le plan rĂ©gional de l’agriculture durable est arrĂȘtĂ© par le reprĂ©sentant de l’État dans la rĂ©gion Article Article du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-779 du 29 juin 2015 relatif Ă  l’observatoire des espaces naturels, agricoles et forestiers Composition observatoire et adaptations articles et suivants du code rural et de la pĂȘche maritime Article 25 I-2°et 2° bis Article du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-644 du 9 juin 2015 relatif aux commissions dĂ©partementales et interdĂ©partementale de la prĂ©servation des espaces naturels, agricoles et forestiers en mĂ©tropole Composition de la CDPENEAF et modalitĂ©s de saisine Toilettage des articles D. 112-I-II et D. 112-1-11-1 Article 27, 5° Article du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-955 du 31 juillet 2015 relatif Ă  l’enquĂȘte publique prĂ©alable Ă  l’aliĂ©nation des chemins ruraux RĂ©alisation de l’enquĂȘte prĂ©alable Ă  l’aliĂ©nation d’un chemin rural pour cause d’utilitĂ© publique Article 28 Article du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2016-1190 du 31 aoĂ»t 2016 relatif Ă  l’étude prĂ©alable et aux mesures de compensation prĂ©vues Ă  l’article L. 112-1-3 du code rural et de la pĂȘche maritime Projets de travaux, d’ouvrages ou d’amĂ©nagements publics et privĂ©s devant faire l’objet d’une Ă©tude prĂ©alable, et, le cas Ă©chĂ©ant, de compensation collective. Article 29, 2° Article I du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-954 du 31 juillet 2015 relatif aux sociĂ©tĂ©s d’amĂ©nagement foncier et d’établissement rural Conditions d’ information des sociĂ©tĂ©s d’amĂ©nagement foncier et d’établissement rural par le notaire ou, dans le cas d’une cession de parts ou d’actions de sociĂ©tĂ©s, par le cĂ©dant, de toute cession entre vifs conclue Ă  titre onĂ©reux ou gratuit portant sur des biens ou droits mobiliers ou immobiliers Article 29, 3° Article II, 2° du code rural et de la pĂȘche maritime AdhĂ©sion Ă  une structure regroupant l’ensemble des sociĂ©tĂ©s d’amĂ©nagement foncier et d’établissement rural agréées et participation au fonds de pĂ©rĂ©quation gĂ©rĂ© par cette structure Article 31, I Article du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2016-78 du 29 janvier 2016 relatif au dispositif d’installation progressive en agriculture Instauration d’un dispositif d’installation progressive mis en place sur une pĂ©riode maximale de cinq ans afin de faciliter l’accĂšs aux responsabilitĂ©s de chef d’exploitation Article 31, I Article du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-972 du 31 juillet 2015 relatif au contrat de couverture sociale pour l’installation en agriculture Conditions pour bĂ©nĂ©ficier d’un contrat de couverture sociale Article 31, I Article du code rural et de la pĂȘche maritime Contenu, durĂ©e maximale et les conditions de renouvellement du contrat de couverture sociale pour l’installation en agriculture Article 31, I Article III du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-777 du 29 juin 2015 relatif Ă  l’aide aux exploitations agricoles employant un salariĂ© ou un stagiaire dans la perspective de lui transmettre l’entreprise lorsque les engagements ne sont pas tenus DurĂ©e, montant de l’aide dont bĂ©nĂ©ficie l’exploitation dans le cadre du contrat de gĂ©nĂ©ration agricole et conditions dans lesquelles cette aide est remboursĂ©e Article 31,I Article du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-665 du 10 juin 2015 portant diverses dispositions d’application de la loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt et diverses mesures de clarification et simplification DĂ©signation de l’autoritĂ© administrative qui reçoit l’information de cessation d’exploitation Article 31, IV, 1, a Article du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-781 du 29 juin 2015 fixant les conditions de participation des chambres d’agriculture Ă  la politique d’installation en agriculture ModalitĂ©s de la mission de service public liĂ©e Ă  la politique d’installation assurĂ©e par les chambres d’agriculture Article 32, I, 1° Article V du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-713 du 22 juin 2015 relatif au schĂ©ma directeur rĂ©gional des exploitations agricoles et au contrĂŽle des structures des exploitations agricoles ModalitĂ©s d’élaboration et de rĂ©vision du schĂ©ma directeur rĂ©gional des exploitations agricoles Article 32 Articles Ă  L331-3 du code rural et de la pĂȘche maritime ModalitĂ©s d’application du contrĂŽle des structures Article 32, III, 2° Article du code rural et de la pĂȘche maritime Conditions dans lesquelles l’autoritĂ© administrative assure la publicitĂ© des demandes d’autorisation dont elle est saisie Article 33, 1° Article IV du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n°2015-310 du 18 mars 2015 relatif aux conditions d’assujettissement au rĂ©gime de protection sociale des non-salariĂ©s agricoles ActivitĂ© minimale d’assujettissement de l’exploitation ou de l’entreprise agricole pour qu’un dirigeant soit considĂ©rĂ© comme chef d’exploitation ou d’entreprise agricole Article 33, 3° Article du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-311 du 18 mars 2015 relatif aux conditions d’assujettissement au rĂ©gime de protection sociale des non-salariĂ©s agricoles Nouvelles modalitĂ©s d’assujettissement au rĂ©gime de protection sociale des non-salariĂ©s des professions agricoles Article 36, I Article du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-227 du 27 fĂ©vrier 2015 relatif aux modalitĂ©s d’application dans les dĂ©partements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle du dispositif de compensation de la pĂ©nibilitĂ© prĂ©vu par la loi n° 2010-1330 du 9 novembre 2010 portant rĂ©forme des retraites Retraite anticipĂ©e pour pĂ©nibilitĂ© des salariĂ©s et non salariĂ©s agricoles Bas-Rhin, Haut-Rhin, Moselle LISTE DES MESURES EN ATTENTE DE DÉCRET Article de la loi Base lĂ©gale Objet du dĂ©cret Explication avancĂ©e par le cabinet du ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt Article 25, I, 2° Article du code rural et de la pĂȘche maritime Notion de rĂ©duction substantielle des surfaces affectĂ©es Ă  des productions bĂ©nĂ©ficiant d’une appellation d’origine protĂ©gĂ©e et d’atteinte substantielle aux conditions de production de l’appellation rĂ©sultant d’un projet d’élaboration, de modification ou de rĂ©vision d’un plan local d’urbanisme, d’un document d’urbanisme en tenant lieu ou d’une carte communale Le projet serait rĂ©digĂ©. Article 25, I - 4° et 5° Code de l’urbanisme Toilettage du code de l’urbanisme DĂ©cret devenu inutile par la publication d’un autre dĂ©cret modifiant le code de l’urbanisme Article 35, I Article du code rural et de la pĂȘche maritime Conditions de tenue du registre des actifs agricoles oĂč est inscrit tout chef d’exploitation agricole Ce dĂ©cret est complexe Ă  rĂ©diger, la consultation des professionnels se poursuit mais les syndicats agricoles ont des visions divergentes. Article 35, I Article 2° du code rural et de la pĂȘche maritime Conditions d’application de l’article relatif au registre agricole Ce dĂ©cret est complexe Ă  rĂ©diger, la consultation des professionnels se poursuit. Article 37 Article du code rural et de la pĂȘche maritime Date d’entrĂ©e en vigueur et modalitĂ©s d’application du titre emploi-service agricole La date d’entrĂ©e en vigueur de ce dispositif a Ă©tĂ© repoussĂ©e au 1er janvier 2017. RAPPORT DÉPOSÉ EN APPLICATION DE LA LOI 25/04/2016 Rapport Ă©tudiant les possibilitĂ©s et l’opportunitĂ© d’affilier au rĂ©gime social agricole les personnes exerçant des activitĂ©s d’accueil social ayant pour support l’exploitation article 38 A. LA PRÉSERVATION DES ESPACES AGRICOLES, NATURELS ET FORESTIERS Entre 2006 et 2015, l’artificialisation des terres a gagnĂ© 490 000 hectares, environ 55 000 hectares par an dont prĂšs des deux tiers aux dĂ©pens des espaces agricoles. Les consĂ©quences sont le mitage des terres agricoles, le recul des activitĂ©s agricoles et l’impermĂ©abilisation des sols aux consĂ©quences Ă©cologiques et Ă©conomiques extrĂȘmement graves. 1. Un Observatoire des espaces naturels, agricoles et forestiers OENAF Ă©largi L’article 25 renforce les mesures permettant de limiter la consommation des espaces non urbains face Ă  la pression de l’urbanisation. L’article 25 a Ă©largi les compĂ©tences de l’ancien Observatoire national de la consommation des espaces agricoles ONCEA aux surfaces forestiĂšres et naturelles. Il devient l’Observatoire des espaces naturels, agricoles et forestiers OENAF. Il a pour missions – d’élaborer des outils pertinents pour mesurer le changement de destination des espaces naturels, forestiers et agricoles et homologuer des indicateurs d’évolution ; – d’évaluer la consommation de ces espaces en coopĂ©ration avec les observatoires rĂ©gionaux des espaces naturels, agricoles et forestiers ; – d’apporter un appui mĂ©thodologique aux collectivitĂ©s territoriales et aux commissions dĂ©partementales de prĂ©servation des espaces naturels, agricoles et forestiers CDPENAF pour l’analyse de leur consommation. L’observatoire s’appuie pour cela sur les travaux et les outils de l’Institut national de l’information gĂ©ographique et forestiĂšre IGN. Le dĂ©cret n° 2015-779 du 29 juin 2015 relatif Ă  l’observatoire des espaces naturels, agricoles et forestiers prĂ©cise sa composition. En application de l’arrĂȘtĂ© du 16 mars 2016 portant nomination Ă  l’Observatoire des espaces naturels, agricoles et forestiers, il est actuellement prĂ©sidĂ© par la dĂ©putĂ©e Fanny Dombre-Coste. Il est trop tĂŽt pour Ă©tablir un bilan de l’OENAF mais son action poursuit celle engagĂ©e par l’ONCEA et il suit les recommandations du rapport remis au ministre de l’agriculture de l’agroalimentaire et de la forĂȘt 6 en mai 2014. 2. Les commissions dĂ©partementales des espaces naturels, agricoles et forestiers CDPENAF Pour cela, les commissions dĂ©partementales de la consommation des espaces agricoles CDCEA deviennent les commissions dĂ©partementales des espaces naturels, agricoles et forestiers CDPENAF au champ de compĂ©tences Ă©largi. Elles sont placĂ©es sous la prĂ©sidence du prĂ©fet ou de son reprĂ©sentant. Cet Ă©largissement correspond Ă  la volontĂ© de renforcer la protection des espaces naturels, agricoles et forestiers lorsqu’ils sont convoitĂ©s par des projets publics ou privĂ©s consommateurs d’espace, ou lorsque les projets portent atteinte Ă  des surfaces consacrĂ©es Ă  des productions bĂ©nĂ©ficiant d’une appellation d’origine. Les documents de planification de l’utilisation de l’espace tiennent dĂ©sormais mieux compte de cet objectif de prĂ©servation, dans la continuitĂ© de la loi n° 2014-366 du 24 mars 2014 pour l’accĂšs au logement et un urbanisme rĂ©novĂ© dite loi ALUR ». Il est important de relever que le texte concerne explicitement les surfaces Ă  vocation » ou Ă  usage » agricole, ce qui couvre potentiellement une grande partie du territoire et non plus seulement les espaces agricoles au sens du code de l’urbanisme. Le lĂ©gislateur a relevĂ© que bien d’autres espaces Ă©taient soumis Ă  une mĂȘme pression urbanistique. Cet article 25 prĂ©voit notamment une protection renforcĂ©e des terres porteuses de signes d’identification de la qualitĂ© et de l’origine SIQO. La protection peut dĂ©sormais s’exercer sur des terrains qui pourraient, dans le futur, produire des SIQO. Le dĂ©cret n° 2015-644 du 9 juin 2015 sur les commissions dĂ©partementales de prĂ©servation des espaces naturels, agricoles et forestiers prĂ©voit que sont dĂ©sormais membres des CDPENAF, avec voix consultative, un reprĂ©sentant des SAFER et le directeur de l’agence local de l’Office national des forĂȘts. Il prĂ©cise Ă©galement que sont nouveaux membres de plein droit les reprĂ©sentants, le cas Ă©chĂ©ant des mĂ©tropoles, de l’association des communes forestiĂšres, d’une association locale d’un organisme national Ă  vocation agricole et rurale, du syndicat des propriĂ©taires forestiers, de la fĂ©dĂ©ration des chasseurs et de l’Institut national de l’origine et de la qualitĂ© INAO. L’INAO est en effet devenu membre de droit des CDPENAF avec voix dĂ©libĂ©rative. Auparavant, l’INAO ne pouvait ĂȘtre dĂ©signĂ© que comme expert. Il y participe dĂ©sormais dĂšs lors qu’un dossier est susceptible d’avoir une incidence sur la surface d’un SIQO portĂ© sur le territoire d’une commune. Le reprĂ©sentant de l’INAO a mis en avant le fait que le dispositif concernait l’ensemble des SIQO et non pas seulement les AOC viticoles, jusque-lĂ  dĂ©jĂ  bien protĂ©gĂ©es. En novembre 2016, l’INAO avait participĂ© Ă  480 commissions dans la quasi-totalitĂ© des dĂ©partements mĂ©tropolitains. Manque aux mesures d’application de cet article le dĂ©cret prĂ©cisant les notions de rĂ©duction substantielle des surfaces affectĂ©es Ă  des productions bĂ©nĂ©ficiant d’une appellation d’origine protĂ©gĂ©e et d’atteinte substantielle aux conditions de production de l’appellation rĂ©sultant d’un projet d’élaboration, de modification ou de rĂ©vision d’un plan local d’urbanisme, d’un document d’urbanisme en tenant lieu ou d’une carte communale. L’avis conforme de la CDPENAF est requis si le reprĂ©sentant de l’État considĂšre que l’un de ces deux cas s’applique mais, sans mesure rĂ©glementaire d’application, les conditions d’application de cette saisine ne sont pas prĂ©cisĂ©es. ConformĂ©ment Ă  l’étude d’impact jointe au projet de loi note 17 le dĂ©cret fixera des critĂšres suffisamment prĂ©cis impact du projet sur le tonnage, nombre d’exploitations sous appellation d’origine protĂ©gĂ©e concernĂ©es, proportion de surfaces impactĂ©es notamment pour permettre au reprĂ©sentant de l’État dans le dĂ©partement d’apprĂ©cier si un avis de la CDPENAF doit ĂȘtre favorable en mĂ©tropole. L’objectif du dĂ©cret sera de fournir un cadre d’analyse, commun Ă  l’ensemble du territoire mĂ©tropolitain, et opĂ©rationnel pour les directions dĂ©partementales des territoires et de la mer DDT[M] afin de limiter l’emploi d’équivalents-temps-plein ETP Ă  cette tĂąche ». A. ÉVITER, RÉDUIRE, COMPENSER LES EFFETS DES INFRASTRUCTURES SUR L’ÉCONOMIE AGRICOLE LE PRINCIPE DE COMPENSATION AGRICOLE L’article 28 crĂ©e, sur le modĂšle de la compensation environnementale, le principe de compensation agricole pour dĂ©dommager le prĂ©judice subi par la perte de foncier liĂ©e aux amĂ©nagements du territoire. À la diffĂ©rence de la compensation Ă©cologique, la compensation est ici Ă©conomique et collective puisqu’elle peut non seulement compenser le nombre d’hectares affectĂ©s mais aussi la perte de richesse Ă©conomique collective liĂ©e Ă  un territoire et Ă  une production, en termes de valeur ajoutĂ©e et d’emplois. La nature de la compensation peut ĂȘtre diverse, en fonction des territoires surface agricole, financement, par les amĂ©nageurs, d’un projet agricole local, financement d’un fonds de soutien au dĂ©veloppement local etc. Certains projets d’amĂ©nagements donnaient lieu Ă  des indemnisations mais sans que soit compensĂ©e la perte de potentiel Ă©conomique engendrĂ©e par la consommation de foncier agricole sur l’environnement Ă©conomique emploi, fournisseurs de matĂ©riel, activitĂ©s de transformation agroalimentaire, etc.. Cet article prĂ©voit que les projets de travaux, d’ouvrages ou d’amĂ©nagements qui sont susceptibles d’avoir des consĂ©quences nĂ©gatives importantes sur l’économie agricole font l’objet d’une Ă©tude prĂ©alable qui comprend – l’étude des effets du projet ; – les mesures envisagĂ©es pour Ă©viter et rĂ©duire les effets nĂ©gatifs du projet ; – les mesures de compensation collective visant Ă  consolider l’économie agricole du territoire. Chronologiquement, les mesures envisagĂ©es doivent avant tout permettre d’éviter et de rĂ©duire les effets du projet et, le cas Ă©chĂ©ant, de prĂ©voir des compensations. Un dĂ©cret devait dĂ©terminer les modalitĂ©s d’application de cet article, en particulier les projets devant faire l’objet de cette Ă©tude prĂ©alable. Il a tardivement Ă©tĂ© pris puisque l’article 28 prĂ©voyait que le nouvel article L. 112-1-3 du code rural et de la pĂȘche maritime devait s’appliquer au plus tard le 1er janvier 2016 et le dĂ©cret n’a Ă©tĂ© publiĂ© que le 31 aoĂ»t de cette mĂȘme annĂ©e. 1. Une exigence limitĂ©e aux projets susceptibles de gĂ©nĂ©rer des impacts importants Les plans d’urbanisme et les plans d’amĂ©nagement sont exclus du dispositif. La nouvelle Ă©tude ne concerne que les projets d’une taille importante voir infra. Le dĂ©cret n° 2016-1190 du 31 aoĂ»t 2016 relatif Ă  l’étude prĂ©alable et aux mesures de compensation prĂ©vues Ă  l’article L. 112-1-3 du code rural et de la pĂȘche maritime prĂ©cise que sont concernĂ©s les projets rĂ©pondant Ă  trois critĂšres cumulatifs – les projets soumis Ă  l’étude d’impact environnementale article L. 122-1 du code de l’environnement. Vos rapporteurs relĂšvent que le nombre de projets soumis Ă  Ă©tude d’impact environnementale a par ailleurs Ă©tĂ© rĂ©duit du fait d’un examen au cas par cas instituĂ© par un autre dĂ©cret 7, pris en application de l’article 6 de l’ordonnance n° 2016-1058 du 3 aoĂ»t 2016 relative Ă  la modification des rĂšgles applicables Ă  l’évaluation environnementale des projets, plans et programmes prĂ©vue Ă  l’article 106 de la loi n° 2015-990 du 6 aoĂ»t 2015 pour la croissance, l’activitĂ© et l’égalitĂ© des chances Ă©conomiques. Ainsi, un projet relevant de l’étude d’impact au cas par cas est dispensĂ© d’étude prĂ©alable agricole, y compris s’il satisfait aux deux autres critĂšres prĂ©vus par le dĂ©cret du 31 aoĂ»t 2016 prĂ©citĂ© ; – les projets situĂ©s en tout ou partie soit sur une zone agricole, forestiĂšre ou naturelle dĂ©limitĂ©e par un document d’urbanisme affectĂ©e Ă  une activitĂ© agricole dans les 5 annĂ©es prĂ©cĂ©dant le projet, soit sur une zone Ă  urbaniser affectĂ©e Ă  une activitĂ© agricole dans les 3 annĂ©es prĂ©cĂ©dant le projet. À dĂ©faut de document d’urbanisme, sont Ă©galement concernĂ©es les surfaces affectĂ©es Ă  une zone agricole dans les 5 annĂ©es prĂ©cĂ©dant le projet. On remarque que ces zones sont restreintes Ă  celles oĂč l’activitĂ© agricole et effective ou a Ă©tĂ© rĂ©cente, ce qui est en dĂ©calage avec le code de l’urbanisme qui fonde le classement en zone agricole sur le potentiel agronomique des parcelles et non sur leur exploitation effective. Les parcelles situĂ©es en zone urbaine mais classĂ©es en terrains cultivĂ©s par un plan local d’urbanisme sont Ă©galement exclues du dispositif ; – les projets dont la surface prĂ©levĂ©e sur les zones citĂ©es Ă  l’alinĂ©a prĂ©cĂ©dent est supĂ©rieure ou Ă©gale Ă  5 hectares. Le prĂ©fet peut dĂ©roger Ă  ce seuil et appliquer le dispositif Ă  des surfaces comprises entre 1 et 10 hectares en tenant compte de la valeur ajoutĂ©e et du type de production ; la CDPENAF peut moduler ce seuil. Notons que les parcelles ne sont soumises Ă  l’évaluation agricole que si elles sont soumises Ă  une Ă©tude d’impact environnemental, qui rĂ©sulte, elle, souvent, du franchissement de seuils de superficie bien plus importants... Ce dĂ©cret prĂ©cise Ă©galement que l’étude prĂ©alable comprend 1° Une description du projet et la dĂ©limitation du territoire concernĂ© ; 2° Une analyse de l’état initial de l’économie agricole du territoire concernĂ© production agricole primaire, premiĂšre transformation et commercialisation par les exploitants agricoles et justification du pĂ©rimĂštre retenu par l’étude ; 3° L’étude des effets positifs et nĂ©gatifs du projet sur l’économie agricole de ce territoire impact sur l’emploi, Ă©valuation financiĂšre globale des impacts ; 4° Les mesures envisagĂ©es et retenues pour Ă©viter et rĂ©duire les effets nĂ©gatifs notables du projet. L’étude Ă©tablit que ces mesures ont Ă©tĂ© correctement Ă©tudiĂ©es. Elle indique, le cas Ă©chĂ©ant, les raisons pour lesquelles elles n’ont pas Ă©tĂ© retenues ou sont jugĂ©es insuffisantes. L’étude tient compte des bĂ©nĂ©fices, pour l’économie agricole du territoire concernĂ©, qui pourront rĂ©sulter des procĂ©dures d’amĂ©nagement foncier ; 5° Le cas Ă©chĂ©ant, les mesures de compensation collective envisagĂ©es pour consolider l’économie agricole du territoire concernĂ©, l’évaluation de leur coĂ»t et les modalitĂ©s de leur mise en Ɠuvre. 2. Une portĂ©e de l’évaluation incertaine L’évaluation rĂ©alisĂ©e par le maĂźtre d’ouvrage Ă  sa charge doit ĂȘtre transmise au prĂ©fet mais sans que le dĂ©cret ne prĂ©cise Ă  quel stade de la procĂ©dure d’instruction du projet. La CDPENAF rend son avis dans les 2 mois. Le prĂ©fet rend son avis sur l’étude dans un dĂ©lai de 4 mois. La CDPENAF et le prĂ©fet peuvent complĂ©ter les mesures de compensation collective nĂ©cessaires. Un doute subsiste sur la teneur des mesures compensatoires Ă  prendre le maĂźtre d’ouvrage doit simplement informer le prĂ©fet sur leur mise en Ɠuvre Ă  une pĂ©riodicitĂ© adaptĂ©e Ă  leur nature ». Quelles seront les articulations de ces mĂ©canismes de compensation avec ceux exigĂ©s en matiĂšre de compensation environnementale ? Il est trop tĂŽt pour vĂ©ritablement Ă©valuer les effets de cette mesure, applicable seulement depuis le 1er dĂ©cembre 2016 aux projets dont l’étude d’impact est transmise Ă  l’autoritĂ© environnementale aprĂšs cette date. L’AssemblĂ©e permanente des chambres d’agriculture APCA, qui regrette la portĂ©e limitĂ©e des projets concernĂ©s, est nĂ©anmoins optimiste et considĂšre que cette procĂ©dure est un outil puissant pour favoriser et amĂ©liorer le dialogue en amont des projets d’amĂ©nagement, y compris ceux situĂ©s en dehors du pĂ©rimĂštre du dĂ©cret. Ce dispositif permet de reconnaitre formellement la place de l’agriculture dans les territoires et sa contribution Ă  leur dynamique Ă©conomique. B. L’AMÉLIORATION DE L’EFFICACITÉ DE L’INTERVENTION DES SOCIÉTÉS D’AMÉNAGEMENT FONCIER ET D’ÉTABLISSEMENT RURAL SAFER Comme l’indique l’étude d’impact du projet de loi d’avenir, les sociĂ©tĂ©s d’amĂ©nagement foncier et d’établissement rural SAFER ont Ă©tĂ© créées en 1960 comme outil d’amĂ©lioration des structures des exploitations agricoles, en particulier pour l’installation, ainsi que de rĂ©gulation et de maĂźtrise du marchĂ© foncier rural ». Au fil des lois agricoles et fonciĂšres, ces missions ont Ă©tĂ© Ă©largies au dĂ©veloppement rural, Ă  la prĂ©servation de l’environnement, Ă  la protection des ressources naturelles et Ă  la diversitĂ© biologique, Ă  la transparence du marchĂ© foncier. Pour assurer ces missions, les SAFER disposent d’un droit de prĂ©emption sur les aliĂ©nations de biens agricoles, qui constitue une importante prĂ©rogative de puissance publique. 1. Nouvelle gouvernance des SAFER La gouvernance des SAFER est rĂ©visĂ©e, dans le sens d’un plus grand pluralisme. L’obtention de l’agrĂ©ment ministĂ©riel par une SAFER est dĂ©sormais subordonnĂ©e Ă  la condition que ses statuts prĂ©voient la prĂ©sence, dans son conseil d’administration, de trois collĂšges comportant des reprĂ©sentants – des organisations syndicales Ă  vocation gĂ©nĂ©rale d’exploitants agricoles reprĂ©sentatives Ă  l’échelle rĂ©gionale, ainsi que des chambres rĂ©gionales d’agriculture, auxquels peuvent s’ajouter, pour atteindre, le cas Ă©chĂ©ant, le nombre de membres requis pour ce collĂšge, d’autres reprĂ©sentants professionnels agricoles proposĂ©s par les chambres rĂ©gionales d’agriculture ; – des collectivitĂ©s territoriales de leur zone d’action et, le cas Ă©chĂ©ant, des Ă©tablissements publics qui leur sont rattachĂ©s ; – et d’autres personnes, dont l’État, des actionnaires de la sociĂ©tĂ© et des reprĂ©sentants des associations agréées de protection de l’environnement et des fĂ©dĂ©rations dĂ©partementales, interdĂ©partementales ou rĂ©gionales des chasseurs. InterrogĂ©e par vos rapporteurs, la FĂ©dĂ©ration nationale des SAFER FNSAFER considĂšre que les SAFER ont peu de marges pour constituer les collĂšges, en particulier le troisiĂšme collĂšge dans lequel peu de place est accordĂ©e aux actionnaires des SAFER. Nombre d’actionnaires, qui apportent pourtant des capitaux importants aux SAFER, ne sont pas membres de droit du conseil d’administration et, les places Ă©tant limitĂ©es, le nombre de demandes est bien supĂ©rieur au nombre de postes. Il arrive, par exemple, qu’une banque ou une collectivitĂ© territoriale soit un actionnaire important d’une SAFER sans qu’elle obtienne pour autant un poste d’administrateur et donc un droit de vote au conseil d’administration de celle-ci. La solution trouvĂ©e est de leur accorder un poste de censeur leur permettant d’assister aux rĂ©unions du conseil d’administration mais sans que cela s’accompagne d’un droit de vote. Les trois collĂšges doivent rechercher une composition Ă©quilibrĂ©e pour les femmes et les hommes. La reprĂ©sentation minimale de chaque sexe est fixĂ©e Ă  30 % des membres. Dans les faits, les SAFER sollicitent les organisations membres de leurs conseils d’administration sans qu’elles puissent savoir Ă  l’avance si ces organisations dĂ©signeront une femme. La paritĂ© devra ĂȘtre Ă©tablie lors du prochain renouvellement des collĂšges entre le 1er janvier et le 30 juin 2017. Les statuts doivent Ă©galement prĂ©voir l’adhĂ©sion Ă  une structure regroupant l’ensemble des SAFER agréées et la participation au fonds de pĂ©rĂ©quation gĂ©rĂ© par cette structure. Ce fonds de pĂ©rĂ©quation est destinĂ© Ă  remĂ©dier aux fortes inĂ©galitĂ©s de ressources qui existent entre les diffĂ©rentes SAFER et qui sont dues aux niveaux d’activitĂ© variables des marchĂ©s fonciers locaux. La FĂ©dĂ©ration nationale des SAFER est la structure regroupant l’ensemble des SAFER agréées et qui gĂšre le fonds de pĂ©rĂ©quation. Ces deux dispositions renforcent le rĂŽle et les responsabilitĂ©s de la tĂȘte de rĂ©seau des SAFER et vont dans le sens d’une plus grande affirmation de la place de la FNSAFER et du renforcement de la solidaritĂ© entre les SAFER. Le fonds de pĂ©rĂ©quation existait mais il n’était pas reconnu par la loi. À la date de publication du prĂ©sent rapport la crĂ©ation du fonds Ă©tait actĂ©e par la FNSAFER mais sa reconnaissance par le ministĂšre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la pĂȘche Ă©tait encore en cours. Le dĂ©cret n° 2015-954 du 31 juillet 2015 relatif aux sociĂ©tĂ©s d’amĂ©nagement foncier et d’établissement rural prĂ©cise les conditions d’adhĂ©sion Ă  la structure regroupant l’ensemble des sociĂ©tĂ©s d’amĂ©nagement foncier et d’établissement rural agréées FNSAFER et leur participation au fonds de pĂ©rĂ©quation gĂ©rĂ© par cette structure. La loi d’avenir poursuit le mouvement dĂ©jĂ  engagĂ© de rĂ©gionalisation des SAFER. Les SAFER sont dĂ©sormais constituĂ©es Ă  l’échelle rĂ©gionale ou interrĂ©gionale. Leur zone d’action est, sans changement, dĂ©finie dans la dĂ©cision d’agrĂ©ment des ministres chargĂ©s de l’agriculture et de l’économie. Selon la FNSAFER, la rĂ©gionalisation est en cours et sera achevĂ©e en juillet 2017 Ă  l’exception de la SAFER Aquitaine qui dispose d’un dĂ©lai supplĂ©mentaire jusqu’en 2019. Il rĂ©sultera de la rĂ©gionalisation en cours une plus grande hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des SAFER en taille. Certaines SAFER auront des moyens importants et pourront financer plus facilement certaines actions, d’autres seront moins favorisĂ©es. Dans son rapport annuel pour 2014, la Cour des comptes a critiquĂ© le manque de contrĂŽle et de transparence des SAFER, aussi la loi d’avenir impose-t-elle de nouvelles obligations comptables aux SAFER. Elles doivent dĂ©sormais Ă©tablir chaque annĂ©e une comptabilitĂ© analytique, selon des rĂšgles et un plan comptable communs Ă  toutes les SAFER. Les commissaires du Gouvernement sont destinataires des documents comptables produits. 2. Une meilleure information des SAFER Les SAFER doivent ĂȘtre informĂ©es par le notaire ou, dans le cas d’une cession de parts ou d’actions de sociĂ©tĂ©s, par le cĂ©dant, de toute cession entre vifs conclue Ă  titre onĂ©reux ou gratuit portant sur des biens ou droits mobiliers ou immobiliers. Cette disposition n’est entrĂ©e en vigueur que le 1er mars 2016, en application du dĂ©cret n° 2015-954 du 31 juillet 2015 relatif aux sociĂ©tĂ©s d’amĂ©nagement foncier et d’établissement rural. Les sanctions applicables au cas de non-respect de l’obligation d’information diffĂšrent selon que la SAFER compĂ©tente Ă©tait autorisĂ©e Ă  exercer son droit de prĂ©emption ou non. Si la SAFER disposait du droit de prĂ©emption sur une vente, elle peut saisir le tribunal de grande instance pour lui demander soit d’annuler la vente, soit de la dĂ©clarer acquĂ©reur en lieu et place du tiers. Lorsqu’elle estime qu’une cession conclue Ă  titre gratuit aurait dĂ» lui ĂȘtre notifiĂ©e elle peut demander au tribunal de grande instance d’annuler la vente. Si la SAFER ne disposait pas du droit de prĂ©emption, Ă  sa demande ou d’office l’autoritĂ© administrative peut prononcer une amende administrative. Vos rapporteurs n’ont que peu de recul sur ce dispositif, qui n’était pas applicable avant la publication du dĂ©cret. La FNSAFER considĂšre nĂ©anmoins qu’elle n’est pas informĂ©e de l’ensemble des transactions les parts de ventes de certains groupements fonciers ne sont pas notifiĂ©es. Aucune suite judiciaire ou administrative n’a pour l’instant Ă©tĂ© mise en place car c’est Ă  la SAFER de prouver qu’elle n’a pas Ă©tĂ© informĂ©e de la cession et il faut pour cela qu’elle ait connaissance de la cession. 3. L’élargissement du droit de prĂ©emption a. Un droit devenu permanent Jusqu’à la loi d’avenir, le droit de prĂ©emption n’était pas un droit permanent. Les SAFER n’étaient habilitĂ©es Ă  l’exercer que pour une pĂ©riode limitĂ©e, fixĂ©e par le dĂ©cret attributif 5 ans en gĂ©nĂ©ral. Le 9° de l’article 29 de la loi d’avenir revient sur cette rĂšgle afin de renforcer les moyens des SAFER. DĂ©sormais, en vue de la dĂ©finition des conditions d’exercice du droit de prĂ©emption mentionnĂ© Ă  l’article L. 143-1 du code rural et de la pĂȘche maritime, la SAFER saisit le prĂ©fet de rĂ©gion d’une demande indiquant les zones dans lesquelles elle estime nĂ©cessaire de pouvoir exercer ce droit et, le cas Ă©chĂ©ant, la superficie minimale des terrains auxquels il devrait s’appliquer. Le prĂ©fet de rĂ©gion doit alors recueillir l’avis des commissions dĂ©partementales d’orientation de l’agriculture et des chambres d’agriculture compĂ©tentes dans la zone considĂ©rĂ©e et consulter le public dans des conditions permettant de recueillir ses observations. Au vu de ces avis et de la synthĂšse des rĂ©sultats de la consultation du public, les conditions d’exercice du droit de prĂ©emption sont fixĂ©es par dĂ©cret pour chaque SAFER, sans limite de durĂ©e. À l’occasion du renouvellement du programme pluriannuel d’activitĂ© de la SAFER et sur demande motivĂ©e des commissaires du Gouvernement ou de cette sociĂ©tĂ©, il peut ĂȘtre procĂ©dĂ© au rĂ©examen des conditions d’exercice du droit de prĂ©emption. b. Un champ d’application Ă©tendu Les SAFER ont vocation Ă  acheter des biens ruraux, des terres, des exploitations agricoles ou forestiĂšres librement mises en vente par leurs propriĂ©taires pour les revendre. La lĂ©gislation autorise Ă©galement ces sociĂ©tĂ©s Ă  acquĂ©rir des parts de sociĂ©tĂ©s civiles Ă  objet agricole donnant vocation Ă  l’attribution en propriĂ©tĂ© ou en jouissance de biens agricoles ou forestiers », voire l’intĂ©gralitĂ© des parts ou actions de sociĂ©tĂ©s dont l’objet principal est l’exploitation ou la propriĂ©tĂ© agricole, et notamment des parts de groupements fonciers agricoles GFA par dĂ©rogation Ă  l’article L. 322-2 du code rural et de la pĂȘche maritime qui fixe un plafond. La loi d’avenir Ă©largit ces possibilitĂ©s d’acquisition amiable de droits sociaux. Elle prĂ©voit ainsi que, pour la rĂ©alisation de leurs missions, les SAFER peuvent dĂ©sormais acquĂ©rir des actions ou parts de sociĂ©tĂ©s ayant pour objet principal l’exploitation ou la propriĂ©tĂ© agricole, notamment, par dĂ©rogation Ă  l’article L. 322-1 du mĂȘme code, la totalitĂ© ou une partie des parts de GFA ou de groupement foncier rural GFR. L’acquisition amiable peut donc porter dorĂ©navant, par exemple, sur tout ou partie du capital social d’une sociĂ©tĂ© civile d’exploitation SCEA, d’une sociĂ©tĂ© Ă  responsabilitĂ© limitĂ©e SARL agricole ou bien encore d’un GFA ou d’un GFR mais dans la limite maintenue de 30 % en cas d’acquisition d’une partie seulement du capital de ces groupements. Le projet de loi relatif Ă  la transparence, Ă  la lutte contre la corruption et Ă  la modernisation de la vie Ă©conomique Sapin II prĂ©voyait de supprimer cette limite de 30 % mais l’article a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© contraire Ă  la Constitution par la dĂ©cision du Conseil constitutionnel n° 2016-741 DC du 8 dĂ©cembre 2016. Le champ d’application matĂ©riel du droit de prĂ©emption des SAFER est Ă©tendu Ă  de nombreux biens. Le droit de prĂ©emption de la SAFER continue de s’appliquer en cas d’aliĂ©nation Ă  titre onĂ©reux de biens immobiliers Ă  usage agricole et de biens mobiliers qui leur sont attachĂ©s ou de terrains nus Ă  vocation agricole, sous rĂ©serve, comme prĂ©cĂ©demment, que leur superficie atteigne ou dĂ©passe le seuil de prĂ©emption fixĂ© par le dĂ©cret attributif. En revanche, les critĂšres retenus pour caractĂ©riser les terrains nus Ă  vocation agricole pouvant faire l’objet d’un droit de prĂ©emption sont modifiĂ©s et ce, afin de clarifier l’assiette fonciĂšre du droit de prĂ©emption de la SAFER. La vocation agricole des terrains nus rĂ©sulte dĂ©sormais des documents d’urbanisme applicables. Lorsque l’aliĂ©nation Ă  titre onĂ©reux porte de façon conjointe sur des terrains Ă  vocation agricole et des droits Ă  paiement dĂ©couplĂ©s créés au titre de la politique agricole commune, le droit de prĂ©emption de la SAFER peut dĂ©sormais s’exercer globalement sur l’ensemble ainsi constituĂ© aux seules fins d’une rĂ©trocession conjointe des terrains et des droits ainsi acquis. Le droit de prĂ©emption continue de pouvoir ĂȘtre exercĂ©, comme auparavant, en cas d’aliĂ©nation Ă  titre onĂ©reux de bĂątiments d’habitation faisant partie d’une exploitation agricole. Mais la SAFER peut dĂ©sormais exercer Ă©galement cette prĂ©rogative en cas d’aliĂ©nation Ă  titre onĂ©reux des bĂątiments situĂ©s soit dans une zone agricole protĂ©gĂ©e, soit Ă  l’intĂ©rieur d’un pĂ©rimĂštre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels pĂ©riurbains, soit dans une zone agricole ou une zone naturelle et forestiĂšre dĂ©limitĂ©e par un document d’urbanisme ou, en l’absence de document d’urbanisme, dans les secteurs ou parties non encore urbanisĂ©s des communes, et qui ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour l’exercice d’une activitĂ© agricole au cours des cinq derniĂšres annĂ©es qui ont prĂ©cĂ©dĂ© l’aliĂ©nation, pour leur rendre un usage agricole. Les SAFER peuvent exercer, sous certaines conditions, leur droit de prĂ©emption sur les droits dĂ©membrĂ©s de la propriĂ©tĂ© de biens ruraux. Toutefois, afin de garantir les droits du titulaire de l’autre Ă©lĂ©ment du bien dĂ©membrĂ©, la loi prĂ©voit que les acquisitions de la nue-propriĂ©tĂ© d’un bien par ses usufruitiers et celles de l’usufruit d’un bien par ses nus-propriĂ©taires Ă©chappent au droit de prĂ©emption de la SAFER. Principale modification apportĂ©e par la loi d’avenir, les SAFER peuvent dĂ©sormais exercer le droit de prĂ©emption en cas d’aliĂ©nation Ă  titre onĂ©reux de la totalitĂ© des parts ou actions d’une sociĂ©tĂ© ayant pour objet principal l’exploitation ou la propriĂ©tĂ© agricole. Cette innovation a toutefois Ă©tĂ© rapidement contournĂ©e par des montages sociĂ©taires qui ont fait grand bruit au dĂ©but de l’annĂ©e 2016. Ces montages juridiques consistaient simplement en l’aliĂ©nation d’une partie des parts ou actions d’une sociĂ©tĂ© agricole. Dans ce cas et mĂȘme si l’aliĂ©nation portait sur 99 % des parts, le droit de prĂ©emption de la SAFER ne pouvait s’appliquer. Dans le cas de la cession de terres agricoles Ă  une sociĂ©tĂ© chinoise dans le Berry, celle-ci portait sur 99 % des parts. AlertĂ©s par ces situations de contournement, les parlementaires ont intĂ©grĂ© un volet foncier au projet de loi relatif Ă  la transparence, Ă  la lutte contre la corruption et Ă  la modernisation de la vie Ă©conomique Sapin II. Ces dispositions ont Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©es contraires Ă  la Constitution par la dĂ©cision du 8 dĂ©cembre 2016 prĂ©citĂ©e. Les articles 87 Ă  91 renforçaient la protection fonciĂšre en permettant aux SAFER – d’utiliser leur droit de prĂ©emption pour acquĂ©rir la totalitĂ© des parts de groupements fonciers agricoles ou ruraux et pour intervenir en cas de cession partielle de parts pour les sociĂ©tĂ©s dĂ©diĂ©es au portage de foncier et avec l’objectif d’installer un agriculteur ou de consolider les exploitations existantes ; – de maintenir leur participation au capital d’une sociĂ©tĂ© de personnes jusqu’à 5 ans dans le but de rĂ©trocĂ©der les droits sociaux. Pour garantir la transparence des sociĂ©tĂ©s qui acquiĂšrent du foncier et Ă©viter les montages juridiques aux finalitĂ©s spĂ©culatives, l’acquisition de foncier agricole aurait dĂ» se faire par l’intermĂ©diaire d’une sociĂ©tĂ© dont l’objet principal est la propriĂ©tĂ© agricole. c. La crĂ©ation d’un droit de prĂ©emption partiel La loi d’avenir a prĂ©vu de remĂ©dier au cas oĂč des terres ou des bĂątiments agricoles Ă©taient mis en vente avec un ensemble immobilier rĂ©sidentiel ou des biens bĂątis qui ne seraient plus utilisĂ©s pour l’exercice d’une activitĂ© agricole. Le droit de prĂ©emption des SAFER Ă©tait autrefois paralysĂ© en raison de l’indivisibilitĂ© des biens aliĂ©nĂ©s et du principe d’interprĂ©tation stricte du droit de prĂ©emption. La loi autorise la prĂ©emption partielle. La SAFER est dĂ©sormais autorisĂ©e Ă  exercer son droit de prĂ©emption sur une partie seulement des biens aliĂ©nĂ©s lorsque l’aliĂ©nation porte simultanĂ©ment sur des terrains Ă  usage agricole ou Ă  vocation agricole et sur une ou plusieurs des catĂ©gories de biens suivantes – des bĂątiments Ă  usage agricole et les biens mobiliers qui leur sont attachĂ©s ; – des bĂątiments d’habitation faisant partie d’une exploitation agricole et/ou des bĂątiments situĂ©s soit dans une zone agricole protĂ©gĂ©e, soit Ă  l’intĂ©rieur d’un pĂ©rimĂštre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels pĂ©riurbains, soit dans une zone agricole ou une zone naturelle et forestiĂšre dĂ©limitĂ©e par un document d’urbanisme ou, en l’absence de document d’urbanisme, de bĂątiments situĂ©s dans les secteurs ou parties non encore urbanisĂ©s des communes, utilisĂ©s pour l’exercice d’une activitĂ© agricole au cours des cinq derniĂšres annĂ©es prĂ©cĂ©dant l’aliĂ©nation ; – des biens pour lesquels elle ne bĂ©nĂ©ficie pas d’un droit de prĂ©emption. Pour la FNSAFER, le droit de prĂ©emption, y compris Ă©largi, a toujours Ă©tĂ© un moyen d’entrer en nĂ©gociation avec un exploitant plus qu’un outil coercitif. En ce qui concerne le nouveau droit de prĂ©emption partiel la logique consistant Ă  donner la prioritĂ© Ă  la nĂ©gociation est Ă©galement privilĂ©giĂ©e. Lorsque le droit de prĂ©emption partiel est utilisĂ©, le vendeur demande gĂ©nĂ©ralement Ă  la SAFER d’acquĂ©rir l’ensemble de la propriĂ©tĂ©. En gĂ©nĂ©ral, la procĂ©dure d’acquisition est abandonnĂ©e car l’acquĂ©reur ne souhaite qu’une partie du bien vendu. ActivitĂ© des SAFER en 2015 Elles ont acquis 10 300 biens pour une surface totale de 83 900 hectares et pour une valeur de 1,04 milliard d’euros. Ces chiffres sont en hausse par rapport Ă  2014 de + 1,5 % en nombre, + 1 % en surface et + 1 % en valeur. Elles ont exercĂ© 1 260 prĂ©emptions 1 140 prĂ©emptions simples et 120 prĂ©emptions avec rĂ©vision de prix sur une surface de 6 000 hectares et pour une valeur de 54 millions d’euros. Elles ont reçu 220 300 notifications de la part des notaires et ont procĂ©dĂ© Ă  12 200 rĂ©trocessions ce qui reprĂ©sente au total 232 500 informations de vente traitĂ©es, en hausse de 9 % en nombre, 6 % en surface et 20 % en valeur. Le marchĂ© de l’espace rural a enregistrĂ© 232 000 transactions pour 570 000 hectares et pour une valeur de plus de 18 milliards d’euros. Les SAFER ont eu la possibilitĂ© d’intervenir par prĂ©emption sur 302 000 hectares elles ne peuvent pas, par exemple, intervenir lors d’acquisitions par les fermiers en place et les terrains Ă  bĂątir faisant l’objet d’un engagement de construction. Cette surface accessible est en hausse de 8 % par rapport Ă  2014. Le taux de prise de marchĂ© diminue pour s’établir Ă  27,8 % des surfaces du marchĂ© accessibles. Parmi les 12 180 rĂ©trocessions des SAFER – 10 618 actes reprĂ©sentant 90,7 % du total des rĂ©trocessions ont Ă©tĂ© effectuĂ©s en faveur du maintien et du dĂ©veloppement d’une agriculture dynamique et durable, dont 36 % en faveur des installations ; – 1 562 actes reprĂ©sentant 9,3 % du total des rĂ©trocessions ont Ă©tĂ© effectuĂ©s en faveur du dĂ©veloppement local et de l’amĂ©nagement du territoire. 4. Le contrĂŽle des structures et le schĂ©ma directeur rĂ©gional des exploitations agricoles SRDEA L’article 32 de la loi d’avenir vise Ă  renforcer le contrĂŽle des structures dans l’objectif de maintien d’une agriculture diversifiĂ©e, riche en emploi et gĂ©nĂ©ratrice de valeur ajoutĂ©e, en limitant les agrandissements excessifs et les concentrations des exploitations. a. Nouveaux objectifs La loi d’avenir redĂ©finit les objectifs du contrĂŽle des structures en supprimant toute rĂ©fĂ©rence Ă  un objectif d’agrandissement des exploitations. Au contraire, l’un des objectifs de la politique fonciĂšre agricole est de limiter les agrandissements et les concentrations. L’objectif principal » et non plus prioritaire » est de favoriser l’installation d’agriculteurs, y compris ceux engagĂ©s dans une dĂ©marche d’installation progressive ». La loi a Ă©galement pour objectifs de consolider ou maintenir les exploitations, afin de permettre Ă  celles-ci d’atteindre ou de conserver une dimension Ă©conomique viable au regard des critĂšres du schĂ©ma directeur rĂ©gional », de promouvoir le dĂ©veloppement des systĂšmes de production permettant de combiner performance Ă©conomique et performance environnementale » et de maintenir une agriculture diversifiĂ©e, riche en emplois et gĂ©nĂ©ratrice de valeur ajoutĂ©e ». Selon les reprĂ©sentants de la FNSAFER la disparition de la notion d’agrandissement est regrettable car certaines exploitations doivent pourvoir s’agrandir pour rester viables Ă©conomiquement. Selon les reprĂ©sentants de la FNSAFER, il serait nĂ©cessaire d’amĂ©liorer le texte afin que les jeunes agriculteurs nouvellement installĂ©s, en dĂ©but d’activitĂ©, puissent espĂ©rer une Ă©volution de leur structure ». b. Le schĂ©ma directeur rĂ©gional des exploitations agricoles Le schĂ©ma directeur dĂ©partemental des structures agricoles est remplacĂ© par un schĂ©ma directeur rĂ©gional des exploitations agricoles SDREA. Ce schĂ©ma fixe les seuils surface agricole utile [SAU] qui est la moyenne rĂ©gionale au lieu du critĂšre de l’unitĂ© de rĂ©fĂ©rence au-delĂ  desquels une autorisation d’exploiter est requise, les orientations et les prioritĂ©s de la politique agricole en la matiĂšre ainsi que les critĂšres Ă©conomiques, environnementaux ou sociaux permettant d’apprĂ©cier la situation des exploitants concernĂ©s au regard des objectifs de contrĂŽle des structures des exploitations agricoles. La loi prĂ©voyait que les SDREA devaient ĂȘtre publiĂ©s dans un dĂ©lai d’un an Ă  compter de la promulgation de la loi. Le dĂ©lai n’a pu ĂȘtre tenu, en raison notamment de la publication tardive du dĂ©cret n° 2015-713 du 22 juin 2015 relatif au schĂ©ma directeur rĂ©gional des exploitations agricoles et au contrĂŽle des structures des exploitations agricoles. L’arrĂȘtĂ© fixant le modĂšle-type national n’a Ă©tĂ© publiĂ© que le 20 juillet de la mĂȘme annĂ©e. En outre, l’obligation de solliciter l’avis du conseil rĂ©gional, de la chambre rĂ©gionale d’agriculture, de la commission rĂ©gionale de l’économie agricole et du monde rural Ă  quelques mois de l’entrĂ©e en vigueur de la rĂ©forme territoriale n’a pas facilitĂ© des choses. Pour Mme AurĂ©lie Lucas dans ContrĂŽle des structures parution des SDREA » Revue de droit rural, octobre 2016 l’ homogĂ©nĂ©itĂ© formelle des SDREA cache mal le maintien de profondes disparitĂ©s territoriales que la rĂ©gionalisation n’efface pas. La fixation de nouveaux seuils de distance mais surtout de dĂ©clenchement 
 et d’agrandissement excessif plus ou moins Ă©levĂ©s, demeure la traduction de particularitĂ©s locales et du positionnement syndical ». À ce jour, il ne manque que deux SDREA celui de la Corse et celui de la rĂ©gion RhĂŽne-Alpes. La rĂ©gionalisation a pour objectif de rĂ©duire les disparitĂ©s constatĂ©es entre dĂ©partements voisins tout en faisant converger la politique des structures avec les objectifs rĂ©gionaux du plan rĂ©gional d’agriculture durable PRAD. La loi d’avenir accroĂźt les opĂ©rations soumises Ă  autorisation. Le seuil de contrĂŽle est compris entre le tiers et une fois la surface agricole utile rĂ©gionale. En application du dĂ©cret du 22 juin 2015 prĂ©citĂ©, la SAU prend en compte soit la surface agricole utile moyenne toutes productions confondues, soit la surface agricole utile moyenne par classe d’orientation technico-Ă©conomique des exploitations particuliĂšres ». Le seuil Ă©tait jusqu’à prĂ©sent compris entre un et deux unitĂ©s de rĂ©fĂ©rence. De nombreuses opĂ©rations qui relevaient jusqu’alors de la dĂ©claration d’exploiter basculent dans le champ de l’autorisation d’exploiter. Aux trois conditions prĂ©existantes pour bĂ©nĂ©ficier du rĂ©gime de la dĂ©claration prĂ©alable satisfaire aux conditions de capacitĂ© ou d’expĂ©rience professionnelle, que les biens transmis soient libres de location et qu’ils aient Ă©tĂ© dĂ©tenus par un parent ou alliĂ© depuis 9 ans au moins, la loi d’avenir en ajoute une quatriĂšme, trĂšs restrictive que les biens soient destinĂ©s Ă  l’installation d’un nouvel agriculteur ou Ă  la consolidation de l’exploitation du dĂ©clarant, dĂšs lors que la surface totale de celle-ci aprĂšs consolidation n’excĂšde pas le seuil de surface fixĂ© par le SDREA. Jusqu’à prĂ©sent les opĂ©rations d’installation, d’agrandissement et de rĂ©union d’exploitations passant par la rĂ©trocession de biens acquis par une SAFER relevaient, par principe et sauf exceptions, du rĂ©gime de la dĂ©claration prĂ©alable. DĂ©sormais, les opĂ©rations rĂ©alisĂ©es par cette intervention des SAFER sont soumises au droit commun du contrĂŽle en ce qui concerne le champ d’application de celui-ci. Pour rĂ©pondre Ă  un besoin de transparence et contrer le grief d’arbitraire parfois formulĂ© Ă  l’encontre des dĂ©cisions de refus d’autorisation, la loi d’avenir instaure un nouvel article qui Ă©numĂšre les chefs de refus d’autorisation d’exploiter sur lesquels l’autoritĂ© devra dĂ©sormais se fonder pour motiver sa dĂ©cision. On peut donc penser que cette liste a un caractĂšre limitatif. A. FAVORISER L’INSTALLATION ET LA TRANSMISSION EN AGRICULTURE Les objectifs de la politique d’installation et de transmission en agriculture sont Ă©numĂ©rĂ©s au paragraphe IV du nouvel article L. 1 du livre prĂ©liminaire du code rural et de la pĂȘche maritime. Il s’agit de – contribuer au renouvellement des gĂ©nĂ©rations en agriculture ; – favoriser la crĂ©ation, l’adaptation et la transmission des exploitations agricoles dans un cadre familial et hors cadre familial ; – promouvoir la diversitĂ© des systĂšmes de production sur les territoires, en particulier ceux gĂ©nĂ©rateurs d’emplois et de valeur ajoutĂ©e et ceux permettant de combiner performance Ă©conomique, sociale, notamment Ă  travers un haut niveau de protection sociale, environnementale et sanitaire, et notamment ceux relevant de l’agro-Ă©cologie ; – maintenir sur l’ensemble des territoires un nombre d’exploitants agricoles permettant de rĂ©pondre aux enjeux d’accessibilitĂ©, d’entretien des paysages, de biodiversitĂ© et de gestion fonciĂšre ; – accompagner l’ensemble des projets d’installation ; – encourager les formes d’installation progressive permettant d’accĂ©der aux responsabilitĂ©s de chef d’exploitation, tout en dĂ©veloppant un projet d’exploitation, et de favoriser l’individualisation des parcours professionnels. L’article 31 modernise la politique d’installation et de transmission en agriculture, en particulier pour les installations hors cadre familial, en progression. Le chapitre prĂ©liminaire nouvellement créé et intitulĂ© La politique d’installation et de transmission en agriculture » au sein du titre III du livre III du code rural et de la pĂȘche maritime prĂ©voit un dispositif d’installation progressive avec un statut, une couverture sociale et un volet concernant les jeunes ne disposant pas encore des diplĂŽmes requis ainsi qu’un dispositif de transmission progressive des exploitations, avec l’instauration d’un contrat de gĂ©nĂ©ration adaptĂ© Ă  l’agriculture. Article du code rural et de la pĂȘche maritime En vue de faciliter leur premiĂšre installation, il peut ĂȘtre accordĂ© aux jeunes agriculteurs qui prĂ©voient d’exercer une activitĂ© agricole au sens de l’article L. 311-1, Ă  l’exclusion des activitĂ©s aquacoles, et qui satisfont aux conditions fixĂ©es par la prĂ©sente section les aides suivantes 1° Une dotation jeunes agriculteurs en capital ; 2° Des prĂȘts bonifiĂ©s Ă  moyen terme spĂ©ciaux, dont une partie des intĂ©rĂȘts peut ĂȘtre prise en charge. L’installation peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e sous trois formes – l’installation Ă  titre principal ; – l’installation Ă  titre secondaire ; – l’installation progressive. Au sens du prĂ©sent chapitre, on entend par date d’installation la date de dĂ©but de mise en Ɠuvre du plan d’entreprise mentionnĂ© Ă  l’article D. 343-7. » À noter que le projet de loi de finances pour 2017 prĂ©voit la suppression des prĂȘts bonifiĂ©s, compte tenu de la faiblesse des taux d’emprunt actuels. En contrepartie la dotation jeunes agriculteurs DJA en capital est revalorisĂ©e. Les crĂ©dits de la DJA sont dotĂ©s de 40 M€ dans la loi de finances pour 2017. Ils sont en hausse de 19,3 M€ par rapport aux crĂ©dits consommĂ©s et aux prĂȘts bonifiĂ©s en 2015. 1. L’installation Le nouvel article L. 330-1 du code rural et de la pĂȘche maritime tient compte de la situation des jeunes ne disposant pas encore des diplĂŽmes requis pour leur installation. Pour bĂ©nĂ©ficier du dispositif d’aide Ă  l’installation, les candidats ne doivent plus seulement justifier de leur capacitĂ© Ă  rĂ©aliser un projet viable mais cette justification doit passer par la dĂ©tention d’une capacitĂ© professionnelle. Par ailleurs, conformĂ©ment au projet agro-Ă©cologique portĂ© par la loi d’avenir, le critĂšre environnemental du projet global d’installation s’ajoute au critĂšre Ă©conomique. Si l’aide Ă  l’installation est rĂ©servĂ©e aux jeunes disposant d’une capacitĂ© professionnelle, un contrat de couverture sociale pour l’installation en agriculture, conclu avec l’État, est prĂ©vu pour les jeunes en formation ou en stage en vue de leur installation, s’ils ne relĂšvent pas dĂ©jĂ  d’un rĂ©gime de sĂ©curitĂ© sociale. Ces personnes auront le statut de stagiaires de la formation professionnelle continue, sauf si elles effectuent un stage d’application en exploitation. L’accompagnement Ă  l’installation est donc mieux anticipĂ©. Le dĂ©cret n° 2015-972 du 31 juillet 2015 relatif au contrat de couverture sociale pour l’installation en agriculture prĂ©cise les conditions Ă  remplir, le contenu, la durĂ©e maximale et les conditions de renouvellement de ce contrat. Le contrat est conclu pour une durĂ©e d’un an. À la demande du bĂ©nĂ©ficiaire, il peut ĂȘtre renouvelĂ© pour une durĂ©e maximale d’un an lorsque les actions prĂ©vues au plan de professionnalisation personnalisĂ© n’ont pas Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es. En tout Ă©tat de cause, il prend fin lorsque le plan de professionnalisation personnalisĂ© est validĂ© par le prĂ©fet ou lorsque son bĂ©nĂ©ficiaire atteint l’ñge de 41 ans. Le contrat organise les actions prescrites par le plan de professionnalisation personnalisĂ© selon un calendrier prĂ©visionnel dĂ©fini avec le conseiller rĂ©fĂ©rent du centre d’élaboration du plan de professionnalisation personnalisĂ© et indique les modalitĂ©s d’accompagnement de ces actions par le conseiller rĂ©fĂ©rent. Par ailleurs, le dispositif d’installation progressive est maintenu mais limitĂ© Ă  une durĂ©e de 5 ans. Il permet de faciliter l’accĂšs aux responsabilitĂ©s de chef d’exploitation. Le dĂ©cret n° 2016-78 du 29 janvier 2016 relatif au dispositif d’installation progressive en agriculture en prĂ©cise les modalitĂ©s. Ils peuvent prĂ©tendre au bĂ©nĂ©fice des aides jeunes agriculteurs article D. 343-3 du code rural et de la pĂȘche maritime reproduit prĂ©cĂ©demment en encadrĂ©. Ils s’engagent alors Ă  1° Ne plus relever, au terme de la quatriĂšme annĂ©e de rĂ©alisation du plan d’entreprise, du rĂ©gime de protection sociale des personnes non salariĂ©es des professions agricoles Ă  titre dĂ©rogatoire [...] ; 2° Disposer, au terme de la quatriĂšme annĂ©e de rĂ©alisation du plan d’entreprise, d’un revenu disponible agricole au moins Ă©gal Ă  50 % du revenu professionnel global ; 3° Atteindre, au terme de la deuxiĂšme annĂ©e de rĂ©alisation du plan d’entreprise, un revenu disponible agricole supĂ©rieur ou Ă©gal Ă  la moitiĂ© du salaire minimum interprofessionnel de croissance et, au terme de la quatriĂšme annĂ©e, un revenu disponible agricole supĂ©rieur ou Ă©gal au salaire minimum interprofessionnel de croissance. » Les chambres dĂ©partementales d’agriculture sont dotĂ©es d’une mission renforcĂ©e de service public liĂ©e Ă  la politique d’installation, pour le compte de l’État. En Corse cette mission relĂšve de l’office de dĂ©veloppement agricole et rural de la Corse. Avant la loi d’avenir, elles ne faisaient qu’assurer une information collective et individuelle sur les questions d’installation. Le dĂ©cret n° 2015-781 du 29 juin 2015 fixant les conditions de participation des chambres d’agriculture Ă  la politique d’installation en agriculture apporte des prĂ©cisions en matiĂšre d’information des candidats Ă  l’installation, de suivi et de tenue du rĂ©pertoire de l’installation, et de prĂ©-instruction des demandes d’aides. L’APCA assure la gestion de l’Observatoire national de l’installation, chargĂ© d’analyser les donnĂ©es relatives Ă  l’installation et Ă  la transmission. Cet observatoire est financĂ© par le compte d’affectation spĂ©ciale DĂ©veloppement agricole et rural » CASDAR. Cette nouvelle compĂ©tence dĂ©volue aux chambres d’agriculture dynamise, au plus prĂšs des territoires, la politique nationale d’installation et de transmission. 2. La transmission La loi d’avenir amĂ©liore Ă©galement l’installation par une meilleure anticipation de la transmission des exploitations existantes. Un contrat de gĂ©nĂ©ration adaptĂ© aux exploitations agricoles est créé pour bĂ©nĂ©ficier de cette aide il faut ĂȘtre ĂągĂ© d’au moins 57 ans et employer Ă  temps plein et maintenir dans l’emploi pendant la durĂ©e de l’aide, dans la perspective de lui transmettre son entreprise, une personne hors cadre familial qui est soit un salariĂ© ĂągĂ© de 26 Ă  30 ans, soit un stagiaire de moins de 30 ans. Le dĂ©cret n° 2015-777 du 29 juin 2015 relatif Ă  l’aide aux exploitations agricoles employant un salariĂ© ou un stagiaire dans la perspective de lui transmettre l’entreprise prĂ©cise la durĂ©e et le montant de l’aide dont peuvent bĂ©nĂ©ficier les exploitations employant un salariĂ© ou un stagiaire dans la perspective de lui transmettre l’entreprise ainsi que les conditions dans lesquelles cette aide est remboursĂ©e lorsque les engagements ne sont pas tenus. Cette aide s’élĂšve Ă  4000 € pour un salariĂ© et Ă  2000 € pour un stagiaire. Ce montant est proratisĂ© en fonction de la durĂ©e hebdomadaire de travail ou de la durĂ©e du contrat. L’exploitation agricole bĂ©nĂ©ficie de l’aide pendant trois ans. Elle ne peut se cumuler qu’avec l’aide au contrat de professionnalisation. Le dĂ©cret n° 2015-665 du 10 juin 2015 portant diverses dispositions d’application de la loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt et diverses mesures de clarification et simplification dĂ©signe le prĂ©fet comme autoritĂ© administrative Ă  laquelle doit ĂȘtre transmise l’information de cessation d’exploitation. Les agriculteurs sont en effet tenus d’informer l’administration de leur volontĂ© de cesser leur activitĂ© 3 ans au moins avant leur dĂ©part Ă  la retraite contre 18 mois prĂ©cĂ©demment. Les services et organismes chargĂ©s de gĂ©rer les retraites doivent informer individuellement chaque exploitant agricole de cette obligation 4 ans et non plus 2 ans avant qu’il n’atteigne l’ñge requis. Il est un peu tĂŽt pour Ă©tablir un bilan de ces mesures mais la Caisse centrale de la mutualitĂ© sociale agricole CCMSA a fait Ă©tat, le 3 novembre 2016, d’une augmentation des installations, en 2015, de 17 % par rapport Ă  2014 15 083 non-salariĂ©s agricoles ont rejoint la catĂ©gorie des chefs d’exploitation agricole en 2015. MĂȘme si ce rebond est aussi liĂ© au changement des conditions d’affiliation au rĂ©gime social agricole, vos rapporteurs ne peuvent que saluer cette Ă©volution. Depuis 2009, le nombre d’installations plafonnait aux alentours de 13 000 par an. Ce rapport fait Ă©galement Ă©tat d’un bon taux de maintien dans l’activitĂ© agricole 80,8 % des installĂ©s en 2009 Ă©taient toujours agriculteurs en 2015. Tous les acteurs du monde agricole sont mobilisĂ©s pour faire de l’installation une prioritĂ©, en particulier l’APCA et la FNSAFER elles ont signĂ©, le 28 fĂ©vrier 2016, au Salon international de l’agriculture, une convention nationale en faveur de l’installation. La FNSAFER contribuera Ă  l’alimentation de l’Observatoire de l’installation, dont les chambres se sont vu confier la mission, un rĂ©pertoire commun de porteurs de projet sera alimentĂ© et les SAFER seront associĂ©es aux points accueil installation PAI. Un dialogue constant sera Ă©tabli entre les chambres et les SAFER pour mieux accompagner les candidats Ă  l’installation. Ces mesures s’accompagnent d’une aide financiĂšre supplĂ©mentaire le produit de la taxe sur la cession Ă  titre onĂ©reux des terrains nus rendus constructibles, prĂ©vue Ă  l’article 1605 nonies du code gĂ©nĂ©ral des impĂŽts, Ă©tait jusqu’à prĂ©sent affectĂ© Ă  un fonds pour l’installation des jeunes agriculteurs » jusqu’à un certain plafond. Ce fonds est dĂ©baptisĂ© et ses missions sont Ă©largies et prĂ©cisĂ©es. Il est maintenant destinĂ© Ă  financer des mesures en faveur non seulement de l’installation mais Ă©galement de la transmission en agriculture, et doit notamment permettre de soutenir des actions facilitant la transmission et l’accĂšs au foncier, des actions d’animation, de communication et d’accompagnement, des projets innovants et des investissements collectifs ou individuels. A. L’INAPPLICATION DU REGISTRE DES ACTIFS AGRICOLES La loi n’a jamais dĂ©fini l’agriculteur. Sa dĂ©finition dĂ©coule cependant de celle des activitĂ©s agricoles. Le droit communautaire a, en revanche, posĂ© une dĂ©finition gĂ©nĂ©rale de l’agriculteur dans le cadre des diffĂ©rents rĂ©gimes de soutien. La dĂ©finition est reprise dans le rĂšglement UE n° 1307/2013 du Parlement europĂ©en et du Conseil du 17 dĂ©cembre 2013 Ă©tablissant les rĂšgles relatives aux paiements directs des agriculteurs. L’agriculteur peut ĂȘtre une personne physique ou morale ou un groupement de telles personnes dont l’exploitation se trouve sur le territoire de l’Union europĂ©enne et qui exerce une activitĂ© agricole. Toutefois, dans l’objectif d’éviter que certaines aides soient attribuĂ©es Ă  des personnes dont l’objectif n’est pas – ou de façon marginale – l’exercice d’une activitĂ© agricole mais aussi dans le but de garantir un meilleur ciblage de ces aides aux agriculteurs y compris pluriactifs, les États membres doivent exclure certaines personnes et rĂ©server les aides aux agriculteurs actifs ». L’article 9 du rĂšglement de 2013 prĂ©citĂ© Ă©tablit une liste nĂ©gative d’activitĂ©s qui ne donnent pas accĂšs aux aides. La France a fait le choix de ne pas complĂ©ter cette liste. L’article 35 crĂ©e un registre des actifs agricoles dans le mĂȘme esprit que celui du droit communautaire. 1. Les personnes concernĂ©es par le registre Y sont inscrits les chefs d’exploitations rĂ©pondant au critĂšre des activitĂ©s rĂ©putĂ©es agricoles sauf cultures marines et activitĂ©s forestiĂšres. Il n’est pas tenu compte du statut social salariĂ© ou non et du mode d’exercice de l’activitĂ© agricole sociĂ©taire ou individuelle. Sont concernĂ©s, les chefs d’exploitation cotisant au rĂ©gime de l’assurance contre les accidents du travail et des maladies professionnelles des non-salariĂ©s agricoles ATEXA. Cette cotisation est due par tous les chefs d’exploitation ou d’entreprise agricole mettant en valeur une exploitation supĂ©rieure aux seuils d’assujettissement requis et exerçant leur activitĂ© Ă  titre exclusif, principal ou Ă  titre secondaire. Sont ainsi concernĂ©s – les exploitants agricoles pluriactifs relevant d’un rĂ©gime de salariĂ© ou de non salariĂ© au titre de l’exercice d’une autre activitĂ© ; – les exploitants bĂ©nĂ©ficiant d’un avantage retraite auprĂšs d’un autre rĂ©gime et les cotisants solidaires dont l’activitĂ© est comprise entre un cinquiĂšme et la moitiĂ© de l’activitĂ© minimale d’assujettissement ou entre 150 et 1200 heures ; – les personnes qui bĂ©nĂ©ficient du dispositif d’installation progressive, sous rĂ©serve d’atteindre l’activitĂ© minimale d’assujettissement AMA et de demander Ă  ĂȘtre affiliĂ©s au rĂ©gime de protection sociale des personnes non salariĂ©es des professions agricoles ; – les agriculteurs sous statut social de salariĂ© agricole n’ayant pas de lien de subordination au sein de la sociĂ©tĂ© d’exploitation agricole qui les emploie dirigeants de sociĂ©tĂ©s anonymes SA, sociĂ©tĂ©s par actions simplifiĂ©es SAS et gĂ©rants de SARL ne possĂ©dant pas plus de la moitiĂ© du capital social avec les membres de sa famille conjoint, partenaire liĂ© par un pacte civil de solidaritĂ© [PACS], enfants mineurs non Ă©mancipĂ©s ; – et, sous condition de maĂźtriser l’outil de production et de dĂ©tenir, directement ou non, la majoritĂ© du capital social de la sociĂ©tĂ© qui les emploie, les dirigeants de SA, SAS et gĂ©rants de SARL majoritaires affiliĂ©s en qualitĂ© de non-salariĂ©s. La dĂ©finition de l’agriculteur actif est bien plus large que celle antĂ©rieure assimilant l’agriculteur Ă  toute personne affiliĂ©e au rĂ©gime des non-salariĂ©s agricoles. Cette nouvelle dĂ©finition devrait embrasser tous les agriculteurs indĂ©pendants exerçant une activitĂ© professionnelle, mĂȘme relativement faible en importance. Les nouveaux critĂšres de l’AMA rendent de fait encore plus ouverte la dĂ©finition de l’actif agricole. 2. Les personnes exclues du registre Lors des auditions menĂ©es au moment de la discussion parlementaire de la loi, les organisations professionnelles agricoles avaint exprimĂ© le souhait que les critĂšres d’inscription au registre soient les plus larges possibles afin d’y inclure tous les agriculteurs professionnels. Les sociĂ©tĂ©s et associations en tant que personnes morales, les ouvriers agricoles, permanents ou saisonniers et les entrepreneurs de travaux agricoles ne peuvent nĂ©anmoins figurer sur ce registre. 3. Tenue du registre C’est Ă  l’APCA que revient l’administration de la base de donnĂ©es regroupant les informations du registre. Les informations de la base sont issues des donnĂ©es de la MutualitĂ© sociale agricole et des centres de formalitĂ©s des entreprises de chambres d’agriculture. L’inscription au registre des personnes concernĂ©es est automatique. Aucune dĂ©marche particuliĂšre n’est requise. 4. Quel usage ? À ce stade, mĂȘme si la dĂ©finition de l’actif agricole a Ă©tĂ© motivĂ©e par sa dĂ©finition europĂ©enne, elle n’aura aucune incidence sur l’attribution des droits Ă  paiement de base dans la mesure oĂč la dĂ©finition française n’est pas plus stricte que la dĂ©finition europĂ©enne. Elle pourrait en revanche avoir des consĂ©quences, Ă  l’avenir, sur les aides du deuxiĂšme pilier de la PAC qui font plus jouer le principe de subsidiaritĂ© en faveur des États membres. Les professionnels attendent donc un dĂ©cret fixant les conditions d’application du dispositif, indispensable Ă  sa mise en Ɠuvre opĂ©rationnelle. D’aprĂšs le ministĂšre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt, le travail de dĂ©finition des donnĂ©es du registre, des conditions et des modalitĂ©s de leur transmission ainsi que de l’utilisation du fichier se poursuit. Lorsque le projet de dĂ©cret sera prĂȘt, il devra ĂȘtre soumis pour avis Ă  la Commission nationale de l’informatique et des libertĂ©s CNIL. Au moment de la publication du prĂ©sent rapport l’APCA a indiquĂ© avoir Ă©tĂ© associĂ©e Ă  des groupes de travail sur le contenu du dĂ©cret fixant les conditions d’application du dispositif. C’est ce qu’ont confirmĂ© les responsables de la CCMSA entendus par vos rapporteurs, qui ont fait savoir que des rĂ©unions avaient Ă©tĂ© organisĂ©es par le ministĂšre entre le 3 avril et le 10 juin 2015. Depuis, la CCMSA n’a plus du tout Ă©tĂ© sollicitĂ©e. Il est Ă  prĂ©voir que le pouvoir rĂ©glementaire ne se privera pas des possibilitĂ©s offertes par la loi un dĂ©cret en Conseil d’État peut en effet limiter le bĂ©nĂ©fice de certaines aides publiques aux personnes physiques inscrites Ă  ce registre ou aux personnes morales au sein desquelles de telles personnes exercent leur activitĂ©. La seule information disponible Ă  ce jour est contenue dans une rĂ©ponse du ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt Ă  une question Ă©crite de Mme Brigitte Allain, le 16 dĂ©cembre 2014 En ce qui concerne la possibilitĂ© de lier l’octroi des aides aux agriculteurs Ă  l’inscription au registre des actifs agricoles ou de limiter le bĂ©nĂ©fice de certaines aides publiques aux personnes physiques inscrites sur le registre ou aux personnes morales au sein desquelles de telles personnes exercent leur activitĂ©, aucune mesure n’est pour le moment envisagĂ©e et ne pourra intervenir avant la mise en place effective du registre. En outre, toute mesure devra ĂȘtre prise en accord avec la rĂ©glementation existante, notamment celle de l’Union europĂ©enne pour les aides de la politique agricole commune, qui exclut toute possibilitĂ© de rajouter au niveau national des restrictions d’accĂšs non prĂ©vues par la rĂ©glementation communautaire ». TROISIÈME PARTIE POLITIQUE DE L’ALIMENTATION ET PERFORMANCE SANITAIRE I. PRÉSENTATION DE LA LOI A. INTENTION DU LÉGISLATEUR L’ambition de promouvoir la double performance Ă©conomique et environnementale caractĂ©rise Ă©galement le titre III. L’Europe s’est fixĂ©e, dĂšs les dĂ©buts de sa construction, un objectif d’autosuffisance alimentaire, qu’elle a aujourd’hui atteint. Notre pays, qui en constitue la premiĂšre puissance agricole, produit suffisamment pour faire face Ă  ses besoins, et dĂ©gage mĂȘme un chiffre d’affaires excĂ©dentaire qui l’inscrit au quatriĂšme rang mondial en la matiĂšre et lui permet de contribuer Ă  l’alimentation du reste du monde ». Croissance dĂ©mographique mondiale et augmentation du pouvoir d’achat moyen autant d’élĂ©ments qui vont contribuer Ă  accroĂźtre la demande en produits agricoles et alimentaires. Mais dĂ©velopper la production ne suffit plus. Les concepts de sĂ©curitĂ© et de souverainetĂ© alimentaires seront demain plus que jamais d’actualitĂ©. Produire plus ne doit pas ĂȘtre le seul impĂ©ratif. L’objectif qui s’impose Ă  nous est de produire au moins autant, voire davantage, tout en consommant moins d’intrants, afin de prĂ©server l’environnement. Ce dĂ©fi, produire plus avec moins, ne pourra ĂȘtre gagnĂ© qu’en se tournant progressivement vers une agriculture doublement performante, aux points de vue Ă©conomique et environnemental. Des progrĂšs ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s dans le cadre du plan Écophyto, mis en place Ă  la suite du Grenelle de l’environnement par M. Michel Barnier, alors ministre de l’agriculture. La loi d’avenir vise Ă  amplifier ce processus. Par ailleurs, elle prĂ©voit diffĂ©rentes mesures destinĂ©es Ă  limiter au strict nĂ©cessaire l’utilisation d’antibiotiques en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire en vue de rĂ©duire l’antibiorĂ©sistance – mesure de responsabilitĂ© collective. L’objectif du titre III est donc de mettre l’accent sur quatre prioritĂ©s afin de renforcer le modĂšle alimentaire français la justice sociale, l’éducation alimentaire de la jeunesse, la lutte contre le gaspillage ; la loi redonne Ă©galement toute leur place aux acteurs territoriaux. En outre, le projet agro-Ă©cologique se traduit par des mesures sanitaires de fond, avec la maitrise des produits phytosanitaires, celle des antibiotiques et des mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires, avec des mesures relatives au bien-ĂȘtre animal, Ă  l’équilibre entre l’activitĂ© agricole et son environnement et grĂące Ă  la surveillance accrue de la chaĂźne alimentaire. La publication des rĂ©sultats des contrĂŽles sanitaires permettra de mieux informer les citoyens. Plusieurs mesures ont pour objectif d’encourager un systĂšme plus vertueux recours au biocontrĂŽle via un conseil agricole renforcĂ©, mise en place d’un suivi post-autorisation de mise sur le marchĂ© des produits phytosanitaires afin de mieux mesurer les effets indĂ©sirables sur l’homme, les animaux et l’environnement, et interdiction de la publicitĂ© pour les produits phytosanitaires destinĂ©s aux amateurs. Outre le transfert Ă  l’Agence nationale chargĂ©e de la sĂ©curitĂ© sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail ANSES, des missions relatives Ă  la dĂ©livrance des autorisations de mise sur le marchĂ© AMM des produits phytopharmaceutiques et des matiĂšres fertilisantes, transfert qui permettra de clarifier la relation entre la direction gĂ©nĂ©rale de l’alimentation du ministĂšre de l’agriculture et l’ANSES, le dispositif de suivi post-autorisation de mise sur le marchĂ© des produits phytopharmaceutiques participe Ă©galement de la volontĂ© de garantir une plus grande transparence. B. DESCRIPTIF DES ARTICLES L’article 39 donne une base lĂ©gale aux projets alimentaires territoriaux, dont l’objectif est de structurer l’économie agricole Ă  l’échelle territoriale et de mieux organiser le lien entre production, transformation et consommation, afin de favoriser les circuits courts. Les participants en sont l’État et ses Ă©tablissements publics, les collectivitĂ©s territoriales, les associations, les agriculteurs, les groupements d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental GIEE et tous les autres acteurs du territoire, qui concluent un contrat pour leur mise en Ɠuvre. Les projets alimentaires territoriaux rĂ©pondent aux objectifs dĂ©finis dans le plan rĂ©gional de l’agriculture durable. L’article 40 prĂ©voit qu’une information et une Ă©ducation Ă  l’alimentation soient dispensĂ©es dans les Ă©coles, cohĂ©rentes avec les orientations du programme national relatif Ă  la nutrition et Ă  la santĂ©. L’article 41 Ă©tend les mesures de police sanitaire Ă  la faune sauvage, en donnant une responsabilitĂ© particuliĂšre aux fĂ©dĂ©rations de chasse. Il impose un volet sanitaire dans les schĂ©mas dĂ©partementaux de gestion cynĂ©gĂ©tique et donne compĂ©tence aux agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage ONCFS pour assurer la surveillance sanitaire de celle-ci. Il permet Ă©galement au ministre de l’agriculture de dĂ©signer des centres nationaux de rĂ©fĂ©rence sur le bien-ĂȘtre animal. Le schĂ©ma dĂ©partemental de gestion cynĂ©gĂ©tique est approuvĂ©, aprĂšs avis de la commission dĂ©partementale compĂ©tente en matiĂšre de chasse ou de faune sauvage, par le prĂ©fet, qui vĂ©rifie notamment la prise en compte du schĂ©ma rĂ©gional de maĂźtrise des dangers sanitaires. L’article 42 Ă©carte l’application aux ventes et Ă©changes d’animaux de l’article L. 211-7 du code de la consommation relatif au dĂ©faut de conformitĂ© apparaissant aprĂšs la dĂ©livrance du bien. Il n’est pas justifiĂ© scientifiquement de considĂ©rer les Ă©leveurs ou vendeurs d’animaux comme responsables de toute maladie ou affection qui pourrait subvenir dans un dĂ©lai de deux ans aprĂšs la cession, alors mĂȘme que ceux-ci ne sont plus en mesure de s’assurer des soins dĂ©livrĂ©s aux animaux par les nouveaux propriĂ©taires. Pour ces derniers, les dispositions du code rural et de la pĂȘche maritime et du code civil prĂ©voient un rĂ©gime particulier de garantie des vices rĂ©dhibitoires. L’article 43 permet de fixer un seuil infĂ©rieur au seuil minimum d’indemnisation des dĂ©gĂąts causĂ©s par le grand gibier pour les prairies. En effet, l’article L. 426-3 du code de l’environnement dispose que l’indemnisation des agriculteurs pour les dĂ©gĂąts causĂ©s aux cultures par le grand gibier n’est due que lorsque ces dĂ©gĂąts sont supĂ©rieurs Ă  un seuil fixĂ© par voie rĂ©glementaire. Un seuil infĂ©rieur Ă  celui applicable aux grandes cultures a Ă©tĂ© créé par dĂ©cret pour les dĂ©gĂąts causĂ©s dans les prairies. Cette possibilitĂ© relĂšve dĂ©sormais du domaine lĂ©gislatif. L’article 44 renforce l’arsenal de protection des Ă©leveurs affectĂ©s par les attaques de loups. L’article 45 organise la transparence des rĂ©sultats des contrĂŽles sanitaires officiels sur les Ă©tablissements de la chaĂźne alimentaire en prĂ©voyant qu’ils soient rendus publics de plein droit et dĂ©taille la procĂ©dure applicable en cas de menace pour la santĂ© publique. Il s’agit d’un durcissement de la lĂ©gislation en matiĂšre de sĂ©curitĂ© sanitaire. L’article 46 prĂ©cise que les laboratoires dĂ©partementaux d’analyse participent Ă  la politique publique de sĂ©curitĂ© sanitaire. L’article 47 conforte le dispositif actuel des agents spĂ©cialisĂ©s en pathologies apicoles. Cependant, compte tenu du faible nombre de vĂ©tĂ©rinaires spĂ©cialisĂ©s en apiculture, cet article maintient un dispositif pour que des non-vĂ©tĂ©rinaires continuent Ă  appuyer le rĂ©seau des vĂ©tĂ©rinaires apicoles. L’article 48 vise Ă  mieux encadrer l’utilisation des antibiotiques en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire, en rĂ©gulant les pratiques commerciales. L’article 49 fixe un objectif de rĂ©duction de 25 % de l’utilisation des antibiotiques au 31 dĂ©cembre 2016. Une Ă©valuation devra ĂȘtre effectuĂ©e Ă  cette date et un nouvel objectif de rĂ©duction proposĂ©. Cet article prĂ©voit, en outre, que l’ensemble des acteurs de la chaĂźne de soins des animaux de ferme doit ĂȘtre sensibilisĂ© Ă  la question de l’antibiorĂ©sistance. L’article 50 encourage l’utilisation de techniques alternatives aux pesticides et notamment les produits de biocontrĂŽle ou encore les prĂ©parations naturelles non prĂ©occupantes dont il donne une nouvelle dĂ©finition, plus large qu’aujourd’hui ; il encadre davantage la publicitĂ© sur les produits phytopharmaceutiques et met en place un dispositif de phytopharmacovigilance. L’article 51 transfĂšre Ă  l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail ANSES la dĂ©livrance des autorisations de mise sur le marchĂ© des produits phytopharmaceutiques, matiĂšres fertilisantes et supports de culture, relevant actuellement de la compĂ©tence des ministres. Il met en place un comitĂ© de suivi des autorisations et impose Ă  l’ANSES de rendre public un rapport rendant compte de son activitĂ© de gestion des risques en matiĂšre de produits phytopharmaceutiques. L’article 52 crĂ©e un pouvoir de contrĂŽle des inspecteurs de l’ANSES sur les opĂ©rateurs du marchĂ© des produits phytopharmaceutiques. L’article 53 interdit l’utilisation de pesticides dans les lieux frĂ©quentĂ©s par des publics sensibles et subordonne, dans d’autres lieux, les usages de ces produits Ă  des mesures de protection et des distances d’épandage. Il renforce les sanctions en cas de manquements Ă  la lĂ©gislation sur la mise sur le marchĂ© et la circulation des pesticides. Il dispense de certificats de produits phytopharmaceutiques certiphyto les applicateurs de produits de biocontrĂŽle. Il renforce, d’une part, la traçabilitĂ© des pesticides Ă  partir de leur commercialisation et, d’autre part, l’obligation de conseil des distributeurs. L’article 54 repousse au 26 novembre 2015 la date limite de l’obligation pour les exploitants et salariĂ©s agricoles de dĂ©tenir le certificat pour le certiphyto. La loi Grenelle II a mis en place Ă  la fois l’agrĂ©ment pour les activitĂ©s de vente, d’application et de conseil en matiĂšre de produits phytopharmaceutiques et le certificat obligatoire pour les agriculteurs appelĂ©s Ă  acheter et utiliser des produits phytopharmaceutiques, qui atteste de connaissances suffisantes pour manipuler ces produits en toute sĂ©curitĂ© et rĂ©duire leur usage. L’article 55 habilite le Gouvernement Ă  prendre des mesures lĂ©gislatives par voie d’ordonnance sur 8 sujets. L’article 56 ratifie l’ordonnance du 22 juillet 2011 relative Ă  l’organisation de l’épidĂ©miosurveillance, de la prĂ©vention et de la lutte contre les maladies animales et vĂ©gĂ©tales. L’article 57 exclut l’application de la protection du brevet dans le cas de prĂ©sence fortuite ou accidentelle d’une information gĂ©nĂ©tique brevetĂ©e dans des semences. Il vise notamment une situation de pollinisation croisĂ©e involontaire dans un champ. L’article 58 exclut, par sĂ©curisation de la situation des agriculteurs, l’extension aux produits de rĂ©colte du droit exclusif du titulaire d’un certificat d’obtention vĂ©gĂ©tale, lorsque l’utilisation non autorisĂ©e du matĂ©riel de reproduction ou de multiplication est fortuite ou accidentelle. L’article 59 prĂ©cise que les rĂšgles relatives aux semences et matĂ©riels de multiplication des vĂ©gĂ©taux concernent le cas oĂč ces semences et matĂ©riels sont destinĂ©s Ă  la commercialisation. II. APPLICATION DE LA LOI LISTE DES DÉCRETS PUBLIÉS Article Base lĂ©gale Titre du dĂ©cret publiĂ© Objet Article 41, I, 5° Article L. 212-9 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2016-119 du 5 fĂ©vrier 2016 relatif Ă  l’identification des camĂ©lidĂ©s Conditions d’identification des camĂ©lidĂ©s et de leur dĂ©claration auprĂšs de l’IFCE Article 45, I, 1° Article L. 231-1, II du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-189 du 18 fĂ©vrier 2015 relatif Ă  l’expĂ©rimentation de la mise en transparence des rĂ©sultats des contrĂŽles officiels en sĂ©curitĂ© sanitaire des aliments dans le secteur de la restauration commerciale Ă  Paris et Avignon ModalitĂ©s de publication des rĂ©sultats des contrĂŽles effectuĂ©s en application du plan national de contrĂŽles officiels pluriannuels Article 45, I, 1° Article L. 231-1, II du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2016-1750 du 15 dĂ©cembre 2016 organisant la publication des rĂ©sultats des contrĂŽles officiels en matiĂšre de sĂ©curitĂ© sanitaire des aliments ModalitĂ©s de publication des rĂ©sultats des contrĂŽles effectuĂ©s en application du plan national de contrĂŽles officiels pluriannuel Article 45, I, 2° Article L. 233-1 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-228 du 27 fĂ©vrier 2015 portant diverses mesures d’application de la loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt et clarification du droit DĂ©terminer l’autoritĂ© compĂ©tente pour les fermetures d’établissement Article 45, II Article L. 231-1 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2016-1750 du 15 novembre 2016 organisant la publication des rĂ©sultats des contrĂŽles officiels en matiĂšre de sĂ©curitĂ© sanitaire des aliments ModalitĂ©s de publication des rĂ©sultats Article 46 DĂ©cret n° 2015-1902 du 30 dĂ©cembre 2015 relatif aux conditions d’exĂ©cution des missions de service public dont sont chargĂ©s les laboratoires dĂ©partementaux d’analyses Conditions d’exĂ©cution des missions de service public des laboratoires dĂ©partementaux d’analyses des conseils dĂ©partementaux Article 48, I, 3°, b 18° du L. 5141-16 du code de la santĂ© publique DĂ©cret n° 2016-317 du 16 mars 2016 relatif Ă  la prescription et Ă  la dĂ©livrance des mĂ©dicaments utilisĂ©s en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire contenant une ou plusieurs substances antibiotiques d’importance critique Restrictions apportĂ©es Ă  la prescription et Ă  la dĂ©livrance de certains mĂ©dicaments compte-tenu des risques particuliers qu’ils prĂ©sentent pour la santĂ© publique Article 50, I, 3, b Article L. 253-1 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-791 du 30 juin 2015 relatif aux conditions d’exercice par l’ANSES de ses missions concernant les autorisations prĂ©alables Ă  la mise sur le marchĂ© et Ă  l’expĂ©rimentation des produits phytopharmaceutiques et de leurs adjuvants DĂ©cret n° 2015-228 du 27 fĂ©vrier 2015 portant diverses mesures d’application de la loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt et clarification du droit DĂ©cret n° 2015-890 du 21 juillet 2015 relatif Ă  la mise sur le marchĂ© et Ă  l’utilisation des matiĂšres fertilisantes, des adjuvants pour matiĂšres fertilisantes et des supports de culture DĂ©lais d’évaluation et d’autorisation de mise sur le marchĂ© des produits de biocontrĂŽle Article 50, I, 4° Article L253-5 du code rural et de la pĂȘche maritime AutoritĂ© administrative compĂ©tente pour lister les produits de biocontrĂŽle. Conditions de prĂ©sentation des insertions publicitaires en faveur des produits mentionnĂ©s en l’article du code rural et de la pĂȘche maritime Article 51 L. 1313-1 du code de la santĂ© publique Mise en Ɠuvre des dispositions confiant Ă  l’ANSES la dĂ©livrance des AMM articles R. 253-1 et R. 255-1 du code rural et de la pĂȘche maritime Article 53, II Article L. 253-7, 2° du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©terminer les autoritĂ©s compĂ©tentes pour lister les produits phytopharmaceutiques sans mesure de protection et dĂ©finir une distance minimale adaptĂ©e en deça de laquelle il est interdit d’épandre des produits phytopharmaceutiques Article 51, 5° Article L. 1313-6-1 du code de la santĂ© publique DĂ©cret n° 2015-780 du 29 juin 2015 relatif Ă  la composition du comitĂ© de suivi des autorisations de mise sur le marchĂ© mentionnĂ© Ă  l’article L. 1313-6-1 du code de la santĂ© publique Composition du comitĂ© de suivi des autorisations de mise sur le marchĂ© Article 53, V, 4° L. 254-6-1 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-228 du 27 fĂ©vrier 2015 portant diverses mesures d’application de la loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt et clarification du droit DĂ©finition de l’autoritĂ© compĂ©tente bĂ©nĂ©ficiant de la mise Ă  disposition des informations sur les quantitĂ©s, numĂ©ros de lot et des dates de fabrication des produits phytopharmaceutiques mis sur le marchĂ© Article 53, V, 7° L. 245-7-1 ex L. 254-10 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-757 du 24 juin 2015 relatif aux conditions dans lesquelles les micro-distributeurs peuvent ĂȘtre dispensĂ©s de certaines obligations pour exercer l’activitĂ© de distribution de produits phytopharmaceutiques Conditions dans lesquelles il est possible de dispenser les microdistributeurs des obligations prĂ©vues aux 2° et 3° de l’article L. 254-2 et Ă  l’article L. 254-3 du mĂȘme code Article 52 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2016-1595 du 24 novembre 2016 relatif Ă  la phytopharmacovigilance et modifiant diverses autres dispositions du code rural et de la pĂȘche maritime relatives Ă  la protection des vĂ©gĂ©taux ModalitĂ©s de dĂ©signation des organismes auxquels les informations sont adressĂ©es, obligations qui leurs incombent, modalitĂ©s de transmission des informations et contenu de celles-ci phytopharmacovigilance LISTE DES MESURES EN ATTENTE DE DÉCRET Article de la loi Base lĂ©gale Objet du dĂ©cret Explication avancĂ©e par le cabinet du ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt Article 47 CompĂ©tences adaptĂ©es dĂ©finies pour les techniciens sanitaires apicoles. DĂ©cret prĂȘt. Article 48, I, 2° et Article 48, I, 2° et b du 3° Article L. 5141-16, 17° du code de la santĂ© publique DĂ©signation de l’autoritĂ© administrative compĂ©tente pour recevoir la dĂ©claration de mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires antibiotiques et le cas Ă©chĂ©ant, les donnĂ©es faisant l’objet de la dĂ©claration mentionnĂ©e au mĂȘme article, la pĂ©riodicitĂ© et les modalitĂ©s de leur transmission. En concertation avec le MASS et les professionnels problĂšme technique mise au point logiciels de dĂ©claration. Article 50, I, 3°, a Article L. 253-1 du code rural et de la pĂȘche maritime ProcĂ©dure d’autorisation des substances naturelles Ă  usage biostimulant. Le dĂ©cret sera prochainement notifiĂ© pour information Ă  la commission europĂ©enne et publiĂ© dans le temps Article 50, I, 6° Article L. 253-8-1 du code rural et de la pĂȘche maritime Phytopharmacovigilance - ModalitĂ©s de dĂ©signation des organismes auxquels les informations sont adressĂ©es, obligations qui leur incombent, modalitĂ©s de transmission des informations et contenu de celles-ci Avis juridique complĂ©mentaire rendu. Conseil d’État Ă  saisir. Article 53, II L. 253-7-1, 2° du code rural et de la pĂȘche maritime Conditions d’application de l’article mesures de protection personnes sensibles Publication Ă©ventuelle, la loi Ă©tant suffisamment prĂ©cise, aucun nouveau dĂ©cret n’est nĂ©cessaire le MAAF a fait une instruction aux prĂ©fets Article 60, I, 4° Article L811-2 du code rural et de la pĂȘche maritime ModalitĂ©s d’acquisition progressive des diplĂŽmes et de dĂ©livrance d’une attestation validant les acquis enseignement public. DĂ©crets distincts en fonction des diplĂŽmes concernĂ©s CAPA dĂ©cret du 23 novembre 2015 / BAC pro dĂ©cret signĂ© MESURES D’APPLICATION À PRENDRE DONT LE PILOTE N’EST PAS LE MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE Article de la loi Base lĂ©gale Objet Article 48, I, 1° Article L. 5141-13-1 du code de la santĂ© publique ModalitĂ©s d’application de l’article L. 5141-13-1 du CSP et modalitĂ©s de transmission des conventions prĂ©voyant des avantages et dĂ©lais impartis aux ordres compĂ©tents pour se prononcer Article 48, I, 1° Article L. 5141-13-2, III du code de la santĂ© publique Seuil au-delĂ  duquel tous les avantages en nature ou en espĂšces sont rendus publics Article 48, I, 2° Article L. 5141-13-2, IV du code de la santĂ© publique ModalitĂ©s d’application de l’article L. 5141-13-2 du CSP et nature des informations qui doivent ĂȘtre rendues publiques, objet et date des conventions conclues par les entreprises produisant ou commercialisant des mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires ou assurant des prestations associĂ©es Ă  ces produits Article 48, I, 5° Article L. 5142-6-1 du code de la santĂ© publique Conditions de qualification des personnes qui font de l’information par dĂ©marchage ou de la prospection pour des mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires Article 48, I, 5° 2° de l’article L. 5142-6-2 du code de la santĂ© publique Conditions de formation des personnes qui exerçaient des activitĂ©s de dĂ©lĂ©guĂ©s vĂ©tĂ©rinaires et autoritĂ© compĂ©tente Article 48, I, 3°, a 6° de l’article L. 5141-16 du code de la santĂ© publique RĂšgles applicables aux Ă©tudes portant sur des mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires bĂ©nĂ©ficiant dĂ©jĂ  d’une autorisation de mise sur le marchĂ© essais post-AMM ORDONNANCES PUBLIÉES EN APPLICATION DE L’ARTICLE 55 DE LA LOI D’AVENIR Article Objet DĂ©lai Projet de loi Ordonnance Article 55, 1 Mettre en place une expĂ©rimentation Ă  l’appui du plan d’action ayant pour objet de rĂ©duire l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, en dĂ©finissant les personnes vendant des produits phytopharmaceutiques, autres que les produits de biocontrĂŽle mentionnĂ©s au premier alinĂ©a de l’article L. 253-5 du code rural et de la pĂȘche maritime, qui sont tenues de mettre en Ɠuvre des actions Ă  cette fin, les conditions dans lesquelles ces personnes peuvent satisfaire Ă  ces obligations et un dispositif de certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques qui sont dĂ©livrĂ©s aux personnes assujetties lorsqu’elles justifient avoir satisfait Ă  leurs obligations Ă  l’instar du prĂ©cĂ©dent sur les certificats d’économies d’énergie. Un projet de loi de ratification est dĂ©posĂ© devant le Parlement dans un dĂ©lai de trois mois Ă  compter de la publication de cette ordonnance. Ordonnance n° 2015-1244 du 7 octobre 2015 relative au dispositif expĂ©rimental de certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques Article 55, 2 Moderniser et simplifier les rĂšgles applicables aux matiĂšres fertilisantes et supports de culture, en prĂ©cisant leur dĂ©finition, les conditions dans lesquelles leur importation, leur mise sur le marchĂ©, leur dĂ©tention en vue de la mise sur le marchĂ©, leur vente ou distribution Ă  titre gratuit et leur utilisation sont subordonnĂ©es Ă  une autorisation administrative et les conditions dans lesquelles l’exercice de ces activitĂ©s peut faire l’objet de mesures d’interdiction, de limitation ou de rĂ©glementation. Un projet de loi de ratification est dĂ©posĂ© devant le Parlement dans un dĂ©lai de trois mois Ă  compter de la publication de cette ordonnance. Ordonnance n° 2015-615 du 4 juin 2015 relative Ă  la mise sur le marchĂ© et Ă  l’utilisation des matiĂšres fertilisantes, des adjuvants pour matiĂšres fertilisantes et des supports de culture Article 55, 3 ComplĂ©ter la liste des personnes habilitĂ©es Ă  rechercher et Ă  constater les infractions dans le domaine de la santĂ© animale ou vĂ©gĂ©tale, de la protection des animaux, de la sĂ©curitĂ© sanitaire de l’alimentation et de la mise sur le marchĂ©, de la vente ou de la cession, de l’utilisation et du stockage des produits phytopharmaceutiques, en prĂ©cisant le champ de leurs compĂ©tences et les pouvoirs dont elles disposent. Un projet de loi de ratification est dĂ©posĂ© devant le Parlement dans un dĂ©lai de trois mois Ă  compter de la publication de cette ordonnance. Ordonnance n° 2015-616 du 4 juin 2015 modifiant le code rural et de la pĂȘche maritime en vue d’assurer la conformitĂ© de ses dispositions avec le droit de l’Union europĂ©enne et modifiant les dispositions relatives Ă  la recherche et Ă  la constatation des infractions aux dispositions de son livre II Article 55, 4 Modifier et simplifier le rĂ©gime applicable aux groupements de dĂ©fense contre les organismes nuisibles et Ă  leurs fĂ©dĂ©rations, prĂ©vus aux articles L. 252-1 Ă  L. 252-5 du code rural et de la pĂȘche maritime. Un projet de loi de ratification est dĂ©posĂ© devant le Parlement dans un dĂ©lai de trois mois Ă  compter de la publication de cette ordonnance. Ordonnance n° 2015-1242 du 7 octobre 2015 relative Ă  l’organisation de la surveillance en matiĂšre de santĂ© animale, de santĂ© vĂ©gĂ©tale et d’alimentation Article 55, 5 RedĂ©finir et moderniser l’organisation et les missions de l’ordre des vĂ©tĂ©rinaires, en Ă©largissant son champ d’action, en rĂ©formant l’organisation du systĂšme disciplinaire, notamment par la clarification de la gestion des missions administratives et disciplinaires de l’ordre, en dĂ©finissant le statut de l’élu ordinal, son rĂŽle, les modalitĂ©s de son remplacement, ses devoirs et prĂ©rogatives et en recherchant l’amĂ©lioration du service rendu au public, grĂące Ă  la formation, Ă  l’accrĂ©ditation et au renforcement du contrĂŽle ordinal. Dans un dĂ©lai de douze mois suivant la promulgation de la loi Un projet de loi de ratification est dĂ©posĂ© devant le Parlement dans un dĂ©lai de trois mois Ă  compter de la publication de cette ordonnance. Ordonnance n° 2015-953 du 31 juillet 2015 relative Ă  la rĂ©forme de l’ordre des vĂ©tĂ©rinaires Article 55, 6 Renforcer les rĂšgles applicables au commerce des animaux de compagnie, notamment en redĂ©finissant le seuil de dĂ©claration de l’activitĂ© d’élevage de chiens et de chats, en rĂ©glementant ou en interdisant certaines modalitĂ©s de vente et de cession Ă  titre gratuit de vertĂ©brĂ©s, tout en prĂ©servant, d’une part, l’activitĂ© des Ă©leveurs professionnels comme non professionnels qui garantissent la pĂ©rennitĂ© des races et des espĂšces et contribuent au maintien de la filiĂšre nationale de gĂ©nĂ©tique collective et, d’autre part, la pĂ©rennitĂ© des ventes effectuĂ©es par des professionnels sur les foires et marchĂ©s, et renforcer la protection des animaux, en Ă©tendant, dans le code de procĂ©dure pĂ©nale, le pouvoir des associations de dĂ©fense et de protection des animaux de se constituer partie civile pour tous les dĂ©lits relevant du chapitre unique du titre II du livre V du code pĂ©nal. Dans un dĂ©lai de douze mois suivant la promulgation de la loi Un projet de loi de ratification est dĂ©posĂ© devant le Parlement dans un dĂ©lai de trois mois Ă  compter de la publication de cette ordonnance. Ordonnance n° 2015-1243 du 7 octobre 2015 relative au commerce et Ă  la protection des animaux de compagnie Article 55, 7 Adapter au droit de l’Union europĂ©enne les dispositions relatives au transport des animaux vivants et aux sous-produits animaux, notamment en redĂ©finissant l’activitĂ© d’équarrissage, et en actualisant et en complĂ©tant la liste des sanctions mentionnĂ©es Ă  l’article L. 228-5 du code rural et de la pĂȘche maritime. Dans un dĂ©lai de huit mois suivant la promulgation de la loi Un projet de loi de ratification est dĂ©posĂ© devant le Parlement dans un dĂ©lai de trois mois Ă  compter de la publication de cette ordonnance. Ordonnance n° 2015-616 du 4 juin 2015 modifiant le code rural et de la pĂȘche maritime en vue d’assurer la conformitĂ© de ses dispositions avec le droit de l’Union europĂ©enne et modifiant les dispositions relatives Ă  la recherche et Ă  la constatation des infractions aux dispositions de son livre II Article 55, 8 Organiser la surveillance en matiĂšre de santĂ© animale, de santĂ© vĂ©gĂ©tale et d’alimentation, en dĂ©finissant les missions et obligations respectives des principaux acteurs en matiĂšre de surveillance ainsi que les conditions dans lesquelles ils Ă©changent des informations et coordonnent leur action en s’appuyant sur le maillage territorial des laboratoires d’analyses dĂ©partementaux. Dans un dĂ©lai de douze mois suivant la promulgation de la loi Un projet de loi de ratification est dĂ©posĂ© devant le Parlement dans un dĂ©lai de trois mois Ă  compter de la publication de cette ordonnance. Ordonnance n° 2015-1242 du 7 octobre 2015 relative Ă  l’organisation de la surveillance en matiĂšre de santĂ© animale, de santĂ© vĂ©gĂ©tale et d’alimentation OBLIGATION DE DÉPÔT DE RAPPORT Date limite de dĂ©pĂŽt Article de la loi Objet Observations Annuel 51 Rapport annuel d’activitĂ© de l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail au Parlement A. LES PROGRAMMES ALIMENTAIRES TERRITORIAUX Dans le domaine de la politique de l’alimentation, la loi a recentrĂ© le programme alimentaire national PNA sur 4 prioritĂ©s la lutte contre le gaspillage alimentaire, la justice sociale, l’éducation alimentaire, et l’ancrage territorial. 1. Les programmes alimentaires territoriaux Les projets alimentaires territoriaux PAT rĂ©pondent Ă  l’enjeu d’ancrage territorial de l’alimentation et revĂȘtent – une dimension Ă©conomique structuration et consolidation des filiĂšres dans les territoires et mise en adĂ©quation de l’offre avec la demande locale ; contribution Ă  l’installation d’agriculteurs et Ă  la prĂ©servation des espaces agricoles sans lesquels la production n’est pas possible ; – une dimension environnementale dĂ©veloppement de la consommation de produits issus de circuits de proximitĂ© ; valorisation d’un nouveau mode de production agro-Ă©cologique, dont la production biologique ; – une dimension sociale projet collectif, fondĂ© sur la rencontre d’initiatives, regroupant tous les acteurs d’un territoire et contribuant Ă  une identitĂ© et une culture du territoire permettant de valoriser les terroirs, afin de dĂ©velopper des initiatives qui rapprochent la production et la consommation locales. Ils mettent en relation les diffĂ©rents partenaires d’un territoire les acteurs de l’économie sociale et solidaire, les agriculteurs et producteurs, les organismes de dĂ©veloppement et de recherche, les collectivitĂ©s territoriales, les services de l’État, les financeurs, les entreprises et coopĂ©ratives de distribution et de commercialisation. Une soixantaine de PAT en cours a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© recensĂ©e en France drive fermier achat en ligne directement aux producteurs locaux, approvisionnement local des cantines scolaires, des restaurants d’entreprises ou mĂȘme des festivals culturels, projets d’agriculture urbaine. 2. Des projets emblĂ©matiques de l’enseignement agricole En fĂ©vrier 2015, 19 projets emblĂ©matiques ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s dans le cadre de l’appel Ă  projets PNA 2014. Selon l’article L. 800-1 du code rural et de la pĂȘche maritime, l’alimentation fait partie des missions de l’enseignement agricole Les Ă©tablissements ou organismes d’enseignement, de formation professionnelle, de dĂ©veloppement agricole et de recherche agronomique et vĂ©tĂ©rinaire, assurent l’acquisition et la diffusion de connaissances et de compĂ©tences permettant de rĂ©pondre aux enjeux de performance Ă©conomique, sociale, environnementale et sanitaire des activitĂ©s de production, de transformation et de services liĂ©es Ă  l’agriculture, Ă  l’alimentation, aux territoires ou Ă  la sylviculture, notamment par l’agro-Ă©cologie et par le modĂšle coopĂ©ratif et d’économie sociale et solidaire ». Plusieurs de ses formations diplĂŽmantes abordent des thĂšmes liĂ©s Ă  l’alimentation Ă  des niveaux diffĂ©rents 8. Le ministĂšre de l’agriculture a rĂ©cemment créé un certificat de spĂ©cialisation restauration collective » pour rĂ©pondre Ă  la demande de cette filiĂšre professionnelle. Ce certificat de spĂ©cialisation est accessible en formation continue et en apprentissage. De maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, l’alimentation est un thĂšme abordĂ© dans le cadre des activitĂ©s Ă©ducatives dans les Ă©tablissements d’enseignement agricole, et ce au travers de diffĂ©rentes dimensions – l’agro Ă©cologie et, par exemple, les circuits courts ; – la filiĂšre de l’agriculture biologique ; – le dĂ©veloppement durable et la lutte contre le gaspillage alimentaire. Plusieurs Ă©tablissements de l’enseignement agricole, techniques ou de l’enseignement supĂ©rieur, ont dĂ©veloppĂ© des actions trĂšs concrĂštes sur ce thĂšme. 3. Le rĂŽle de l’AssemblĂ©e permanente des chambres d’agriculture APCA Soixante PAT ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© recensĂ©s, cependant, les initiatives restent encore isolĂ©es. L’APCA s’est donc proposĂ© de jouer le rĂŽle de rassembleur » et de contribuer Ă  ce que ces initiatives soient rĂ©unies autour d’un projet national commun », comme l’indiquait son vice-prĂ©sident, le 14 juin dernier, Ă  l’occasion du lancement du rĂ©seau. Les chambres d’agriculture ont adoptĂ© Ă  l’unanimitĂ© lors de la session nationale des CA du 23 novembre 2015 une dĂ©libĂ©ration engageant leur rĂ©seau dans le dĂ©ploiement et l’accompagnement de ces projets. Elles animent, aux cĂŽtĂ©s de l’association Terres en Ville », le projet RnPAT RĂ©seau national pour des programmes alimentaires territoriaux coconstruits et partagĂ©s, visant Ă  mettre en rĂ©seau tous les acteurs concernĂ©s dans lesquels les collectivitĂ©s, porteuses du projet de territoire, sont fortement impliquĂ©es. Elles participent activement au groupe de concertation du ministĂšre de l’agriculture sur le dispositif de reconnaissance et de labellisation de ces programmes. Les chambres d’agriculture sont impliquĂ©es dans environ la moitiĂ© des dĂ©partements et un tiers des projets. Elles ambitionnent de mettre en place un PAT par dĂ©partement d’ici la fin de l’annĂ©e 2017 et le ministĂšre de l’agriculture, qui soutient cette dĂ©marche, espĂšre en compter 500 Ă  l’horizon 2020. Sur le terrain, la premiĂšre vague de labellisation est prĂ©vue au 1er semestre 2017 par le ministĂšre ; les projets de PAT, dans leur majoritĂ©, en sont Ă  leurs prĂ©mices avec la mise en place des instances de gouvernance et l’élaboration d’un diagnostic. Les Ă©lus locaux se sont appropriĂ© les enjeux. Un travail de pĂ©dagogie doit ĂȘtre poursuivi sur ces projets transversaux. La majoritĂ© des projets s’organisent sur un co-portage par plusieurs structures, ce qui induit des gouvernances complexes. Les moteurs d’émergence de PAT sont multiples soit le souhait de remettre de la valeur ajoutĂ©e dans les territoires, soit le souci de la santĂ© des consommateurs, soit l’éthique et la reconnexion entre la population, son territoire et son agriculture. La plus-value en rĂ©sultant sera la mise en cohĂ©rence des initiatives, le partage d’un projet collectif sur le territoire. Des dĂ©fis restent Ă  relever, en particulier, le financement de l’animation, la participation des acteurs agroalimentaires et des acteurs de la distribution, la question du juste prix » de l’alimentation, ainsi que les problĂšmes de logistique. B. LA LUTTE CONTRE L’ANTIBIORÉSISTANCE 1. L’objectif de diminution de la consommation des antibiotiques Dans un document de travail de 2009, la Commission europĂ©enne estime que, pour l’ensemble des États membres de l’Union, les infections causĂ©es par les micro-organismes rĂ©sistants aux anti-microbiens sont responsables du dĂ©cĂšs d’environ 25 000 patients chaque annĂ©e. En outre, les coĂ»ts directs et indirects ainsi que les pertes annuelles de productivitĂ© induits par ce phĂ©nomĂšne sont Ă©valuĂ©s Ă  1,5 milliard d’euros. Dans les rĂ©gions du monde les moins dĂ©veloppĂ©es, l’antibiorĂ©sistance met Ă©galement en pĂ©ril des populations dont la survie dĂ©pend trĂšs largement de l’élevage. Cet enjeu de santĂ© publique au niveau mondial justifie une prise de conscience accrue et nĂ©cessite une action urgente. Compte tenu du nombre d’acteurs concernĂ©s et de la diversitĂ© des questions soulevĂ©es, une approche globale, prenant en compte Ă  la fois le domaine vĂ©tĂ©rinaire et la mĂ©decine humaine, est devenue indispensable. De plus en plus de souches de micro-organismes se montrent ainsi rĂ©sistantes aux antibiotiques. Le plan national de rĂ©duction des risques d’antibiorĂ©sistance en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire, lancĂ© le 18 novembre 2011 par le ministĂšre chargĂ© de l’agriculture, vise justement Ă  rĂ©duire ce risque et prĂ©server l’efficacitĂ© des antibiotiques. L’objectif du plan d’action est double. Il vise, d’une part, Ă  diminuer la contribution des antibiotiques utilisĂ©s en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire Ă  la rĂ©sistance bactĂ©rienne, et, d’autre part, Ă  prĂ©server sur le long terme les moyens thĂ©rapeutiques, d’autant plus que la perspective de dĂ©veloppement de nouveaux antibiotiques, en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire, est rĂ©duite. La consommation d’antibiotiques par les animaux a des consĂ©quences sanitaires directes pour la santĂ© humaine l’utilisation d’antibiotiques dans l’élevage entraĂźne la prĂ©sence de de gĂšnes de rĂ©sistance dans les aliments, qui peuvent se transmettre Ă  l’homme par la chaĂźne alimentaire. L’objectif chiffrĂ© dĂ©fini Ă  l’article 49 – qui reprend le plan de 2011 – est la rĂ©duction de 25 % de l’usage des antibiotiques en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire en 5 ans, en dĂ©veloppant les alternatives permettant de prĂ©server la santĂ© animale tout en Ă©vitant de recourir Ă  certaines molĂ©cules. Mais au-delĂ  de l’aspect quantitatif, le texte veut conduire Ă  une nĂ©cessaire prise de conscience pour que chacun Ă©volue de maniĂšre coordonnĂ©e dans ses pratiques et que l’ensemble des acteurs de la chaĂźne de soins des animaux de ferme soient sensibilisĂ©s Ă  la question de l’antibiorĂ©sistance. Vos rapporteurs soulignent qu’il faudrait empĂȘcher la gĂ©nĂ©ralisation des antibiotiques prĂ©ventivement, ou comme auxiliaire de croissance, toute en reconnaissant qu’il s’agit d’un processus complexe. En France, plusieurs initiatives ont Ă©tĂ© mises en place depuis la fin 2010 pour limiter l’usage des antibiotiques. Le plan Ecoantibio 2017 » a Ă©tĂ© mis en place pour la pĂ©riode 2012-2017 et des initiatives ont Ă©galement Ă©tĂ© lancĂ©es pour chaque filiĂšre d’élevage dans ce dernier cas, d’ailleurs, l’exposition des porcs Ă  la cĂ©phalosporine de derniĂšres gĂ©nĂ©rations a diminuĂ© de 51,8 % entre 2010 et 2011. Comme le souligne la FĂ©dĂ©ration nationale bovine FNB, le plan Ecoantibio a notamment mis en place des visites sanitaires bovines obligatoires sur l’antibiorĂ©sistance 2016 et la biosĂ©curitĂ© 2017, un encadrement de l’utilisation des antibiotiques d’importance critique AIC en Ă©levage, le suivi des ventes de mĂ©dicaments en France et de l’évolution de la rĂ©sistance en Ă©levage, des programmes de formation continue des Ă©leveurs bovins et une rĂ©glementation encadrant les bonnes pratiques d’élevage en termes d’utilisation des antibiotiques en Ă©levage. La filiĂšre vitelline s’est particuliĂšrement mobilisĂ©e en dĂ©ployant un plan d’action spĂ©cifique. La FĂ©dĂ©ration nationale bovine FNB souligne, lors du colloque ANSES du 17 novembre 2016 que ces programmes d’action ont permis Ă  la filiĂšre bovine de diminuer l’exposition des bovins aux antibiotiques de 9,1 % par rapport Ă  2011 volume de ventes d’antibiotique en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire. Les rĂ©sultats sont encore plus significatifs sur les antibiotiques d’importance critique avec une baisse de l’exposition de 23,4 % aux fluoroquinolones et de 21,1 % aux cĂ©phalosporines. Selon l’APCA, les chiffres montrent une diminution rĂ©elle, avec un recul de 20,1 % pour l’exposition des animaux Ă  toutes les familles antibiotiques sur les quatre derniĂšres annĂ©es 2012 Ă  2015 inclus. Pour la suite du premier plan Ecoantibio, qui se termine Ă  la fin de cette annĂ©e, elle propose de fixer des objectifs par filiĂšre animale, les niveaux d’utilisation n’étant pas les mĂȘmes suivant les filiĂšres. Suivi des ventes d’antibiotiques 2014-2015 La surveillance des ventes d’antibiotiques est l’une des sources d’informations importantes utilisĂ©es pour l’évaluation et la gestion des risques en matiĂšre d’antibiorĂ©sistance. L’Agence nationale du mĂ©dicament vĂ©tĂ©rinaire ANMV publie un suivi annuel. La fin des remises, rabais et ristournes instaurĂ©e par la loi du 13 octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt Ă  compter du 1er janvier 2015 a induit un effet de sur-stockage des mĂ©dicaments par les acteurs de la distribution et/ou de la dĂ©livrance du mĂ©dicament vĂ©tĂ©rinaire qui rend difficilement interprĂ©tables les diffĂ©rents indicateurs des ventes d’antibiotiques pour l’annĂ©e 2014, mais aussi pour l’annĂ©e 2015. Ainsi, les indicateurs de ventes et d’exposition qui ont Ă©tĂ© calculĂ©s dans le rapport publiĂ© ce jour prennent en compte les donnĂ©es moyennes des annĂ©es 2014 et 2015. Une baisse de l’exposition des animaux observĂ©e pour toutes les espĂšces Sur les annĂ©es 2014 et 2015, le volume total moyen des ventes est proche de 650 tonnes d’antibiotiques par an, soit une diminution de 28,4 % par rapport Ă  2011. Une baisse de l’exposition des animaux aux antibiotiques a Ă©tĂ© observĂ©e pour toutes les espĂšces par rapport Ă  l’annĂ©e 2011 bovins - 9,5 %, porcs - 24,1 %, volailles - 22,1 %, lapins - 17,8 %, chats et chiens - 9,5 %. Exposition aux fluoroquinolones et cĂ©phalosporines de derniĂšres gĂ©nĂ©rations Les cĂ©phalosporines de 3Ăšme et 4Ăšme gĂ©nĂ©rations et les fluoroquinolones sont considĂ©rĂ©es comme particuliĂšrement importantes en mĂ©decine humaine car elles constituent l’une des seules alternatives pour le traitement de certaines maladies infectieuses chez l’homme. Sur la base de l’annĂ©e 2013, annĂ©e prise pour rĂ©fĂ©rence dans la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt, l’exposition aux fluoroquinolones et aux cĂ©phalosporines de derniĂšres gĂ©nĂ©rations a diminuĂ© respectivement de 22,3 % et 21,3 %. Source ANSES 2. Une mesure trĂšs controversĂ©e a. Le sentiment de stigmatisation des vĂ©tĂ©rinaires Pour Coop de France, les vĂ©tĂ©rinaires avaient pris conscience au quotidien du problĂšme du traitement prĂ©ventif. Les plans antibiotiques ont permis de rĂ©flĂ©chir ; des actions concertĂ©es et volontaires ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© menĂ©es et on constate des inflexions dans les courbes retraçant la consommation des antibiotiques. La loi n’apportant pas de plus-value en termes de solutions, elle aurait eu un effet contre-productif. La mesure arriverait Ă  contretemps les acteurs concernĂ©s Ă©taient dĂ©jĂ  investis, et l’interdiction a rĂ©sonnĂ© comme une sanction. Des analyses prĂ©alables auraient montrĂ© la faiblesse de la consommation d’antibiotiques. Cette mesure a paru ĂȘtre une attaque contre les plans sanitaires d’élevage PSE ; on les montre du doigt et on facilite ainsi le travail des acteurs qui veulent leur disparition. La fĂ©dĂ©ration des syndicats vĂ©tĂ©rinaires de France FSVF a renchĂ©ri les vĂ©tĂ©rinaires avaient dĂ©jĂ  pris la mesure de l’importance du sujet et avaient mis en place des mesures volontaires de rĂ©duction d’utilisation des antibiotiques, en particulier dans les filiĂšres sensibles. Les rĂ©cents chiffres de l’ANSES ont dĂ©montrĂ© que la baisse de la consommation s’est confirmĂ©e cf. infra, le dĂ©but de cette baisse Ă©tant antĂ©rieur Ă  la loi d’avenir et d’ajouter la stigmatisation des vĂ©tĂ©rinaires par le ministĂšre de la santĂ© a Ă©tĂ© particuliĂšrement mal vĂ©cue. Ce sentiment a Ă©tĂ© renforcĂ© par la diffĂ©rence de traitement entre les mĂ©decins incitĂ©s financiĂšrement pour mieux prescrire sans contrainte rĂ©glementaire et les vĂ©tĂ©rinaires contraints rĂ©glementairement, menacĂ©s de sanctions, pĂ©nalisĂ©s Ă©conomiquement ce que les acteurs ont appelĂ© la politique de la carotte pour les mĂ©decins, la politique du bĂąton pour les vĂ©tĂ©rinaires. En effet, ce sont les vĂ©tĂ©rinaires et leurs clients qui ont financĂ© ces efforts alors que les mĂ©decins peuvent percevoir chacun jusqu’à 15 000 euros d’argent public pour contrĂŽler leurs prescriptions ». MĂȘme si elle ne mentionne pas ce sentiment de stigmatisation, la FĂ©dĂ©ration nationale bovine FNB souligne que les Ă©leveurs français se sont ainsi engagĂ©s dans un plan rigoureux de diminution de l’usage des antibiotiques et de rĂ©duction de l’antibiorĂ©sistance. Ces rĂ©sultats ont Ă©tĂ© obtenus par un travail au sein de la filiĂšre bovine sur les nouvelles conduites d’élevage limitant l’utilisation des antibiotiques Ă  un usage curatif comme la gestion des bĂątiments et la gestion alimentaire. Outre l’impression de stigmatisation, cette mesure pose plusieurs problĂšmes. b. La dĂ©livrance du mĂ©dicament vĂ©tĂ©rinaire Le code de la santĂ© publique identifie trois ayants droit pour la dĂ©livrance du mĂ©dicament vĂ©tĂ©rinaire le vĂ©tĂ©rinaire, le pharmacien et, Ă  titre dĂ©rogatoire, les groupements de producteurs. La capacitĂ© de dĂ©livrance par les groupements de producteurs est restreinte Ă  une liste positive approuvĂ©e par arrĂȘtĂ© conjoint des ministĂšres de la santĂ© et de l’agriculture sur avis de l’ANSES. Cette liste est lĂ©gitimĂ©e par les actions de prĂ©ventions proposĂ©es et mises en Ɠuvre dans le cadre des programmes sanitaires d’élevage PSE. Dans 100 % des cas – et donc y compris dans le cadre des PSE – la dĂ©livrance de mĂ©dicaments se fait uniquement aprĂšs prescription par un vĂ©tĂ©rinaire, pour ceux qui en nĂ©cessitent une. Coop de France craint le retrait des antibiotiques des PSE dans le cadre d’une interdiction de l’usage prĂ©ventif, ce qui pourrait se traduire par un transfert de dĂ©livrance Ă  un autre ayant droit sans finalement avoir d’impact sur une diminution d’utilisation d’antibiotiques. À ce titre, on peut citer l’exemple de l’utilisation de pommades intra-mammaires destinĂ©es Ă  la prĂ©vention et au traitement des mammites chez la vache laitiĂšre. Ces pommades Ă  base d’antibiotiques ne peuvent plus ĂȘtre dĂ©livrĂ©es par les groupements de producteurs, mais seulement par des vĂ©tĂ©rinaires ou des pharmaciens il serait intĂ©ressant d’étudier si, de ce fait, les volumes dĂ©livrĂ©s ont Ă©tĂ© revus Ă  la baisse depuis 2014. Ces traitements sont trĂšs couramment prescrits et utilisĂ©s et reprĂ©sentent une part de marchĂ© importante concernant les ventes d’antibiotiques, d’oĂč l’intĂ©rĂȘt qui leur est portĂ© par les ayants droit. La FSVF souligne que du fait de cette mesure, le modĂšle Ă©conomique est modifiĂ© puisque les vĂ©tĂ©rinaires voient leur chiffre d’affaire diminuer sur le plan Ă©conomique, la profession a particuliĂšrement Ă©tĂ© impactĂ©e avec une perte estimĂ©e Ă  60 millions d’euros. Nous regrettons l’absence d’étude d’impact prĂ©alable, notamment sur le maillage territorial qui Ă©tait dĂ©jĂ  en train de se dĂ©liter. Ceci entraĂźne dĂ©jĂ  un dĂ©couragement vis-Ă -vis d’une implication, en particulier en productions animales, et on en observe les effets sur le maillage et la qualitĂ© des soins ». Elle demande de ne pas ajouter, via les derniers dĂ©crets d’application, de nouvelles contraintes aux vĂ©tĂ©rinaires alors que les rĂ©sultats sont dĂ©jĂ  au rendez-vous. Ce serait un trĂšs mauvais signal envoyĂ© aux praticiens et une perte de confiance dans l’État. La baisse d’exposition des animaux aux antibiotiques critiques est dĂ©jĂ  supĂ©rieure aux prĂ©visions de l’objectif alors que le dĂ©cret n’a Ă©tĂ© effectif qu’au 1er avril 2016. Toute nouvelle demande ou nouvel effort devra ĂȘtre financĂ© par l’État, Ă  l’instar de ce qui est prĂ©vu pour les autres professionnels de santé  On constate actuellement un abandon de l’activitĂ© mixte ou rurale, en raison du trop grand nombre de contraintes. La loi d’avenir est la goutte d’eau qui fait dĂ©border le vase ». Les mĂ©decins traitants bĂ©nĂ©ficient de la rĂ©munĂ©ration sur objectifs de santĂ© publique ROSP, qui vient complĂ©ter le paiement Ă  l’acte et repose sur le suivi de 29 indicateurs 9. Les autoritĂ©s font savoir qu’elle ne peut pas s’appliquer aux vĂ©tĂ©rinaires, puisque la sĂ©curitĂ© sociale n’intervient pas dans le financement, et qu’on ne dispose donc pas d’assez de moyens financiers. La FSVF indique Ă©galement que l’industrie pharmaceutique a diminuĂ© les prix temporairement pour contourner l’interdiction des rabais, ce qui incite au stockage, puis Ă  la dĂ©livrance des mĂ©dicaments au fur et Ă  mesure des besoins. Le danger de la loi serait que, si le prix des antibiotiques diminue Ă  l’achat, le chef d’exploitation va prendre des risques en dĂ©cidant de ne pas vacciner et d’attendre l’épidĂ©mie qui viendra au bout de quelques annĂ©es la prĂ©vention est nĂ©gligĂ©e, ce qui est dommageable. Quant au dĂ©cret n° 2015-647 du 10 juin 2015 relatif Ă  la publicitĂ© des mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires, il serait contre-productif pour les vaccins il ne faut pas les limiter ces derniers alors qu’ils permettent de rĂ©duire les antibiotiques. Dans la rĂ©ponse Ă  une question Ă©crite 10, le Gouvernement a prĂ©cisĂ© que, dans la version proposĂ©e au Conseil d’État, le dĂ©cret comportait une disposition spĂ©cifique permettant la publicitĂ© en faveur des vaccins vers les dĂ©tenteurs professionnels d’animaux appartenant Ă  des espĂšces dont la chair ou les produits sont destinĂ©s Ă  la consommation humaine. Le Conseil d’État n’a pas retenu cette disposition qu’il a jugĂ©e contraire au droit europĂ©en. Le droit europĂ©en en matiĂšre de mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires est en cours de rĂ©forme. Pour autant, la proposition de rĂšglement reprend Ă  l’identique l’interdiction, fixĂ©e par la directive 2001/82/CE, en maintenant l’interdiction de publicitĂ© en faveur de mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires disponibles sur ordonnance vĂ©tĂ©rinaire, Ă  l’exception de la publicitĂ© vers les seules personnes autorisĂ©es Ă  les prescrire ou Ă  les dĂ©livrer. Cette exception n’inclut pas les Ă©leveurs, le droit europĂ©en ne distinguant pas, en la matiĂšre, le public des dĂ©tenteurs d’animaux de rente. Le Gouvernement français a portĂ© auprĂšs des instances europĂ©ennes le souhait d’insĂ©rer dans le futur rĂšglement une dĂ©rogation Ă  cette interdiction pour permettre la publicitĂ© en faveur des vaccins Ă  destination des Ă©leveurs. Le Gouvernement français a appuyĂ© sa demande en mettant en avant que la vaccination est une mesure prĂ©ventive pour prĂ©server la bonne santĂ© des animaux permettant ainsi un moindre recours aux antibiotiques, la lutte contre l’antibiorĂ©sistance Ă©tant l’un des objectifs que la Commission europĂ©enne porte dans la proposition de rĂšglement. En conclusion, aucune dĂ©rogation ou modification du dĂ©cret du 10 juin 2015 n’est possible sans Ă©volution du droit europĂ©en ». c. Le renouvellement des agrĂ©ments des programmes sanitaires d’élevage PSE La possibilitĂ© pour des groupements de dĂ©livrer au dĂ©tail certains mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires Ă  leurs adhĂ©rents est liĂ©e Ă  un agrĂ©ment octroyĂ© par le prĂ©fet de rĂ©gion, sur proposition de la commission rĂ©gionale de la pharmacie vĂ©tĂ©rinaire composĂ©e des reprĂ©sentants des organisations professionnelles agricoles, des reprĂ©sentants d’organisations vĂ©tĂ©rinaires et des reprĂ©sentants de l’administration. Cet agrĂ©ment est subordonnĂ© Ă  l’engagement de mettre en Ɠuvre un programme sanitaire d’élevage PSE qui doit ĂȘtre soumis Ă  l’avis prĂ©alable de la commission. Les mĂ©dicaments soumis Ă  prescription vĂ©tĂ©rinaire nĂ©cessaires Ă  la rĂ©alisation de ce PSE figurent sur une liste limitative fixĂ©e par arrĂȘtĂ© des ministres chargĂ©s de l’agriculture et de la santĂ©, sur proposition de l’ANSES. Ces agrĂ©ments font l’objet d’un renouvellement quinquennal, aprĂšs avis des commissions rĂ©gionales art. L. 5143-6, L. 5143-7, L. 5143-8 et R. 5143-10 du code de la santĂ© publique. Selon Coop de France, les dossiers de renouvellement d’agrĂ©ment particuliĂšrement pour les filiĂšres bovines ont les pires difficultĂ©s Ă  obtenir leur agrĂ©ment, plusieurs suspensions ont mĂȘme Ă©tĂ© prononcĂ©es. Des dossiers solides ayant dĂ©jĂ  Ă  plusieurs reprises obtenu un renouvellement ont fait l’objet de critiques qui laisseraient clairement penser qu’elles relĂšvent d’une stratĂ©gie globale. Elle estime que deux objectifs sont visĂ©s d’une part, condamner les PSE et rĂ©cupĂ©rer ainsi des parts de marchĂ©s les personnes siĂ©geant dans ces commissions ne sont en effet pas exemptes de conflits d’intĂ©rĂȘts il s’agit par exemple des vĂ©tĂ©rinaires concurrents des groupements ; d’autre part, dĂ©stabiliser et dĂ©mobiliser les vĂ©tĂ©rinaires salariĂ©s de groupements de producteurs, notamment en exerçant un vĂ©ritable harcĂšlement dans le cadre de l’exercice de la pharmacie vĂ©tĂ©rinaire. Selon la FSVF, les productions d’élevage sont particuliĂšrement exposĂ©es Ă  ces refus d’agrĂ©ment elles concernent 300 vĂ©tĂ©rinaires. d. L’évolution rĂ©cente du code de dĂ©ontologie Selon Coop de France, l’évolution rĂ©cente du code de dĂ©ontologie dĂ©cret du 13 mars 2015 conduit au paradoxe suivant un vĂ©tĂ©rinaire salariĂ© par un groupement de producteurs ne peut exercer ni la mĂ©decine, ni la chirurgie des animaux pour le compte de ce groupement ou pour le compte de ses adhĂ©rents dĂšs lors que ledit groupement n’est pas titulaire d’un PSE. Un groupement qui souhaiterait aujourd’hui salarier un vĂ©tĂ©rinaire pour ses compĂ©tences mĂ©dicales et chirurgicales, mais qui n’envisagerait pas de dĂ©livrer de mĂ©dicaments, et donc de faire une demande d’agrĂ©ment de PSE, ne pourrait tout simplement pas recruter un vĂ©tĂ©rinaire. Cela constitue un paradoxe au moment mĂȘme oĂč le ministĂšre de l’agriculture conduit une rĂ©flexion pour assurer le maintien d’une compĂ©tence vĂ©tĂ©rinaire dans les territoires ruraux. Cela reprĂ©sente Ă©galement un frein Ă©vident Ă  la mise en Ɠuvre de dĂ©marches de progrĂšs s’appuyant sur un encadrement technique compĂ©tent au sein de coopĂ©ratives et de groupements de producteurs qui souhaiteraient faire le choix de recruter ces compĂ©tences ». Coop de France a dĂ©noncĂ© Ă  maintes reprises cette mesure discriminatoire unique en Europe et a mĂȘme Ă©tĂ© Ă  l’initiative d’une demande de recours gracieux adressĂ©e au Premier ministre afin de corriger cette anomalie. Cette demande de recours a Ă©tĂ© appuyĂ©e par d’autres organisations professionnelles, la FNSEA et ALLICE union de coopĂ©ratives d’élevage qui fĂ©dĂšre les entreprises de sĂ©lection et de reproduction animales. e. Le dĂ©veloppement des alternatives On peut dĂ©plorer Ă  ce sujet un manque de travaux, alors que cette problĂ©matique est importante, dans la mesure oĂč on arrivera probablement Ă  un plateau » concernant la diminution de l’emploi des antibiotiques. Il existe une frontiĂšre dĂ©licate entre la mĂ©taphylaxie le traitement systĂ©matique de la totalitĂ© d’un groupe d’animaux au-delĂ  d’un certain seuil d’incidence clinique et la mĂ©decine prĂ©ventive il est malaisĂ© de dĂ©cider jusqu’oĂč on doit attendre pour dĂ©livrer des antibiotiques. Pour le porc, on peut utiliser de l’oxyde de zinc ZnO, qui est trĂšs efficace contre les bactĂ©ries, mais dĂ©grade l’environnement, comme le souligne l’ANSES. Certains pays europĂ©ens l’autorisent dĂ©jĂ  Ă  des doses Ă©levĂ©es dans l’alimentation des porcelets, sous forme de prĂ©-mĂ©lange mĂ©dicamenteux, Ă  la pĂ©riode du sevrage. Une telle autorisation n’existe pas en France aujourd’hui. Coop de France a soulignĂ© que les pays europĂ©ens qui ont diminuĂ© la consommation d’antibiotiques ont utilisĂ© des solutions alternatives. Les pistes relĂšvent de la recherche, qu’il faut renforcer, mais les coopĂ©ratives estiment qu’elles ont un rĂŽle Ă  jouer des marges intĂ©ressantes de progrĂšs sont Ă  explorer. Mais on se heurte Ă  des freins Ă©conomiques car il s’agit d’actions Ă  moyen et long termes. Le mĂȘme problĂšme se pose pour le secteur vĂ©gĂ©tal. La FĂ©dĂ©ration nationale bovine FNB propose plusieurs leviers de lutte contre le dĂ©veloppement de l’antibiorĂ©sistance et, notamment – rechercher de nouvelles molĂ©cules pour pallier la baisse d’efficacitĂ© des antibiotiques existants ; – dĂ©velopper des alternatives thĂ©rapeutiques comme la vaccination, les pratiques homĂ©opathiques, etc. ; – adopter de nouvelles conduites d’élevage limitant l’utilisation des antibiotiques Ă  un usage curatif, comme la gestion des bĂątiments, la gestion alimentaire
 ; – rendre Ă©volutive la liste des antibiotiques classĂ©s critiques en cas de baisse de l’exposition significative de certaines molĂ©cules, elles pourraient sortir de la liste des AIC ; – soutenir des projets de recherches et des Ă©tudes techniques visant Ă  non seulement rĂ©duire le recours aux antibiotiques mais Ă©galement Ă  mieux cerner les causes de l’antibiorĂ©sistance avec l’identification fine des causes de celle-ci, la recherche de solutions alternatives et le dĂ©veloppement de nouveaux antibiotiques ; – adopter des mesures alternatives, notamment en dĂ©veloppant la vaccination chez les naisseurs ; – autoriser le recours aux auto-vaccins ; – aider les Ă©leveurs Ă  financer les coĂ»ts supplĂ©mentaires dus Ă  la rĂ©alisation d’examens complĂ©mentaires obligatoires Ă  toute prescription AIC. L’enveloppe financiĂšre consacrĂ©e aux visites sanitaires bovines environ 10 M€ pourrait ĂȘtre plutĂŽt affectĂ©e Ă  la mise en place d’une caisse de financement des surcoĂ»ts pour les Ă©leveurs, via le Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental FMSE ; – arrĂȘter toute sur-transposition française de la rĂ©glementation europĂ©enne. Les États membres ne sont pas soumis aux mĂȘmes contraintes d’usage des antibiotiques en Ă©levage alors mĂȘme que la France importe des volumes significatifs d’animaux vivants ou de viandes en provenance de nos partenaires europĂ©ens. La filiĂšre bovine française subit ainsi des distorsions de concurrence importantes ; – soutenir les Ă©leveurs bovins pour moderniser leur bĂątiment d’élevage notamment via les plans de compĂ©titivitĂ© et d’adaptation des exploitations agricoles PCAE ; – mettre en place des groupes de travail rĂ©unissant les diffĂ©rentes familles professionnelles sur le sujet afin de favoriser la concertation entre les filiĂšres ; – favoriser le dĂ©veloppement de nouvelles relations commerciales entre les maillons des filiĂšres de naisseurs et d’engraisseurs afin de permettre le dĂ©veloppement de la maĂźtrise de l’usage des antibiotiques en Ă©levage ; – impliquer l’ensemble des acteurs de la filiĂšre pour amĂ©liorer significativement l’impact des mesures menĂ©es en Ă©levage, avec notamment, la mise en place de mesures sur la biosĂ©curitĂ© et la limitation de l’usage des antibiotiques. L’APCA suggĂšre d’amĂ©liorer la prĂ©vention de l’utilisation d’antibiotiques en rĂ©novant les bĂątiments, mais cela entraĂźne des investissements coĂ»teux. Outre ces diffĂ©rentes propositions, le dĂ©veloppement des alternatives suppose qu’une attention accrue soit portĂ©e Ă  la recherche agronomique. C. LA MAÎTRISE DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES 1. L’arrĂȘtĂ© sur les phytosanitaires en prĂ©paration Vos rapporteurs ont entendu plusieurs rĂ©serves sur l’application de l’article 53 qui interdit l’utilisation de pesticides dans les lieux frĂ©quentĂ©s par des publics sensibles et subordonne, dans d’autres lieux, les usages de ces produits Ă  des mesures de protection et des distances d’épandage. Plus que l’article 53, c’est un arrĂȘtĂ© en prĂ©paration qui suscite l’inquiĂ©tude. Il convient tout d’abord de rappeler que cette interdiction fait suite Ă  une sĂ©rie de mesures tendant Ă  limiter l’usage des phytosanitaires. AprĂšs le plan interministĂ©riel de rĂ©duction des risques liĂ©s aux pesticides de 2006, puis, deux ans plus tard, l’interdiction des trente produits jugĂ©s les plus toxiques, l’instauration d’une taxe sur les phytosanitaires 11 et l’octroi de crĂ©dits d’impĂŽts en faveur de l’agriculture biologique, la loi relative au Grenelle de l’environnement a prĂ©vu plusieurs dispositions la rĂ©duction de moitiĂ©, en 10 ans, de l’emploi de pesticides de synthĂšse il s’agit du plan ECOPHYTO 2018 » et le passage en agriculture biologique de 20 % de la surface agricole utile en 2020 contre 6 % en 2010. La loi n° 2014-110 du 6 fĂ©vrier 2014 visant Ă  mieux encadrer l’utilisation de produits phytosanitaires sur le territoire national fait interdiction Ă  l’État, aux collectivitĂ©s territoriales et aux Ă©tablissements publics d’utiliser certains produits phytosanitaires Ă  partir du 1er janvier 2020 12 ; elle interdit Ă©galement, Ă  compter du 1er janvier 2022, la mise sur le marchĂ©, la dĂ©livrance, l’utilisation et la dĂ©tention de produits phytosanitaires pour un usage non professionnel. La loi n° 2015-992 du 17 aoĂ»t 2015 relative Ă  la transition Ă©nergĂ©tique pour la croissance verte, dans son article 68, anticipe au 1er janvier 2017 l’entrĂ©e en vigueur des interdictions de la loi prĂ©cĂ©demment citĂ©e, restreint les possibilitĂ©s de pulvĂ©risation aĂ©rienne au seul cas de danger sanitaire grave qui ne peut ĂȘtre maĂźtrisĂ© par d’autres moyens ». L’Association nationale des pommes et des poires ANPP a entrepris de faire annuler par la justice l’arrĂȘtĂ© du 12 septembre 2006, qu’elle estimait inapplicable. Il ne dĂ©finissait des zones non traitĂ©es qu’aux abords des points d’eau. En juillet 2016, le Conseil d’État lui a donnĂ© gain de cause pour des raisons de forme le texte n’avait pas Ă©tĂ© notifiĂ© comme il se doit Ă  l’Union europĂ©enne. Le Gouvernement n’a donc d’autre choix que de prendre rapidement un nouvel arrĂȘtĂ©, sous peine de se retrouver bientĂŽt face Ă  un vide juridique. Un arrĂȘtĂ© interministĂ©riel est actuellement en prĂ©paration et s’apprĂȘte Ă  donner une dĂ©finition juridique de la notion de riverains », ce qui n’était pas le cas jusqu’à prĂ©sent. Il doit remettre Ă  plat les conditions d’épandage de produits phytosanitaires force du vent ; distances minimales par rapport Ă  une habitation et Ă  un cours d’eau ; dĂ©lais minimaux Ă  respecter avant que les travailleurs agricoles – les plus exposĂ©s aux effets des pesticides – puissent pĂ©nĂ©trer Ă  nouveau dans une parcelle ou une serre qui vient d’ĂȘtre traitĂ©e. Depuis l’arrĂȘtĂ© du 27 juin 2011 13, la pulvĂ©risation de pesticides aux abords des crĂšches, des maisons de retraite, des terrains de sport et des parcs publics doit obligatoirement respecter des distances minimales. Dans certains dĂ©partements, des arrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux renforcent ces prĂ©cautions en interdisant par exemple de traiter des parcelles proches d’une Ă©cole Ă  l’heure de la rĂ©crĂ©ation. Mais c’est la premiĂšre fois qu’il est envisagĂ© de rĂ©glementer autour de toutes les habitations et des jardins des particuliers. Selon les syndicats, le projet de texte pourrait s’appliquer le long des fossĂ©s, forĂȘts, bosquets, landes et de zones non cultivĂ©es adjacentes » ; en outre les zones d’interdiction d’épandage pourraient ĂȘtre de 10 ou 20 mĂštres, voire 50 mĂštres. DĂšs le 14 octobre 2016, la FNSEA appelait ses adhĂ©rents, dans un communiquĂ©, Ă  se mobiliser contre l’arrĂȘtĂ© phyto ». Le syndicat estime que ces nouvelles dispositions imposant des zones non traitĂ©es larges de 5 Ă  20 mĂštres entre les cultures et les habitations priveraient les exploitants d’un Ă©norme potentiel » de production nous avons calculĂ© que cela va rogner au minimum quatre millions d’hectares de terres agricoles, soit 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an », affirme le prĂ©sident de la commission environnement de la FNSEA. Il ajoute Multiplier les parapluies au nom du principe de prĂ©caution va crĂ©er des distorsions avec nos concurrents. La France peut-elle se payer ce luxe ? 14 ». La FNSEA craint que le nouveau texte ne prĂ©voie des zones non traitĂ©es non seulement le long des cours d’eau, mais aussi en bordure des forĂȘts, des fossĂ©s, des haies, des bosquets et des habitations. La FDSEA d’Île-de-France estime que ces mesures feraient perdre 70 000 hectares pour la production. L’Association gĂ©nĂ©rale des producteurs de blĂ© AGPB souligne Ă©galement que les dispositions du nouvel arrĂȘtĂ© risqueront d’entraĂźner la suppression de milliers d’emplois agricoles. La FNSEA veut aussi rĂ©duire les dĂ©lais minimaux de retour dans une parcelle traitĂ©e avec des produits cancĂ©rigĂšnes, mutagĂšnes et reprotoxiques. Elle demande un laps de temps de six ou huit heures au lieu des vingt-quatre heures Ă  quarante-huit heures actuellement – ce qui est dĂ©jĂ  infĂ©rieur Ă  d’autres pays –, pour peu que le travailleur porte un Ă©quipement individuel de protection. Selon Coop de France, les dispositions de la loi sont satisfaisantes pour les traitements des lieux frĂ©quentĂ©s par les personnes sensibles. On constaterait toutefois un effet collatĂ©ral nĂ©gatif alors que les bonnes pratiques sont nĂ©cessaires, les arrĂȘtĂ©s ont tendance Ă  prendre des prĂ©cautions extrĂȘmes. La nĂ©cessitĂ© de protĂ©ger les populations, parfois exposĂ©es aux produits phytosanitaires, ne doit pas empĂȘcher les agriculteurs de traiter leurs rĂ©coltes dans de bonnes conditions de protection. La Coordination rurale craint Ă©galement que le futur dĂ©cret n’aille bien au-delĂ  des dispositions de la loi. Par exemple, elle souhaiterait, dans le cas d’une haie, que soit prĂ©cisĂ© qui la traite, et ce qu’il en est des passages dans celle-ci. Il est interdit pour les particuliers d’utiliser des phytosanitaires et leur usage est limitĂ© pour les agriculteurs. Il est donc difficile d’envisager les traitements au quotidien et des problĂšmes se posent pour les parties de parcelle qu’on ne peut traiter. En plus, la dĂ©finition des zones serait dĂ©licate personne n’est invulnĂ©rable, si bien que des associations peuvent prĂ©senter des revendications supplĂ©mentaires. On risque une multiplication des contraintes, alors qu’il ne faut pas complexifier. L’APCA considĂšre que la loi est satisfaisante mais qu’il ne faut pas aller trop loin – ce que fait le projet d’arrĂȘtĂ© – en oubliant les dimensions Ă©conomiques. Elle formule des constats sur la maĂźtrise des produits phytosanitaires Ă  partir de ses missions au niveau national et sur le terrain. Pour les zones de non-traitement Ă  proximitĂ© des lieux accueillant un public sensible, des instructions des ministĂšres de l’agriculture et de l’écologie ont Ă©tĂ© envoyĂ©es au dĂ©but de 2016 pour une prise rapide d’arrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux dĂ©partementaux. Des dĂ©partements avaient anticipĂ© ce besoin en prenant des arrĂȘtĂ©s ou en initiant les discussions. Les acteurs professionnels se sont fortement mobilisĂ©s sur ce sujet une quarantaine d’arrĂȘtĂ©s ont Ă©tĂ© signĂ©s ou sont en cours, des discussions ont Ă©tĂ© engagĂ©es dans une vingtaine de dĂ©partements. L’APCA conclut que la loi rĂ©pond aux enjeux de maĂźtrise des risques vis Ă  vis des citoyens, que l’article 53 est pragmatique et que les arrĂȘtĂ©s doivent ĂȘtre pris dans ce cadre pour ĂȘtre compris, appliquĂ©s et applicables. Elle se fĂ©licite de la concertation dĂ©partementale qui est positive pour prendre en compte les contextes locaux et peut aboutir Ă  des dĂ©marches de plus grande ampleur ; par exemple, le projet de charte rĂ©gionale des Pays de la Loire Bonnes pratiques pour la protection des lieux accueillant des publics sensibles » ; des projets semblables sont en cours d’élaboration dans d’autres rĂ©gions. Quant au renforcement de la traçabilitĂ© des pesticides Ă  partir de leur commercialisation, Coop de France estime qu’il s’agit d’une disposition positive ; mais il faut qu’elle soit bien effectuĂ©e. Les coopĂ©ratives travaillent actuellement sur un procĂ©dĂ© de lecture optique qui s’avĂšre positif, mais long et coĂ»teux Ă  mettre au point. Enfin, Coop de France a indiquĂ© que la disposition selon laquelle les distributeurs doivent apporter des conseils ou apporter la preuve qu’ils ont donnĂ© un conseil – Ă  laquelle elle est favorable – s’applique effectivement. 2. L’interdiction des nĂ©onicotinoĂŻdes Leur usage a Ă©tĂ© interdit Ă  compter du 1er septembre 2018, non par la loi d’avenir, mais par la loi n° 2016-1087 du 8 aoĂ»t 2016 pour la reconquĂȘte de la biodiversitĂ©, de la nature et des paysages. Des dĂ©rogations peuvent toutefois ĂȘtre accordĂ©es jusqu’au 1er juillet 2020 par arrĂȘtĂ© conjoint des ministres chargĂ©s de l’agriculture, de l’environnement et de la santĂ©, pris sur la base d’un bilan Ă©tabli par l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail qui compare les bĂ©nĂ©fices et les risques liĂ©s aux usages de ces produits avec ceux liĂ©s Ă  l’utilisation de produits de substitution ou aux mĂ©thodes alternatives disponibles. Ce bilan, qui porte sur les impacts sur l’environnement, notamment sur les pollinisateurs, sur la santĂ© publique et sur l’activitĂ© agricole, est rendu public. L’ANSES a Ă©tĂ© saisie dĂšs mars 2016 par le ministre chargĂ© de l’agriculture ; le traitement de la saisine a Ă©tĂ© confiĂ© Ă  plusieurs comitĂ©s d’experts spĂ©cialisĂ©s de l’ANSES et un groupe de travail dĂ©diĂ© constituĂ©. L’ANSES a par ailleurs Ă©tĂ© saisie en avril 2016 par les ministres chargĂ©s de la santĂ© et de l’environnement et la secrĂ©taire d’État Ă  la biodiversitĂ©, afin de rĂ©aliser en complĂ©ment une expertise approfondie concernant les effets sur la santĂ© humaine de l’ensemble des substances nĂ©onicotinoĂŻdes autorisĂ©es Ă  ce jour au niveau national en tant que produit phytopharmaceutique ou biocide ». Les premiers rĂ©sultats de ces travaux seront disponibles fin 2016. Par ailleurs, l’ANSES a mis en consultation publique cet Ă©tĂ© deux projets de dĂ©cision d’autorisation de mise sur le marchĂ© qui s’inscrivent dans le cadre lĂ©gislatif et rĂ©glementaire en vigueur jusqu’en 2018, date Ă  laquelle le lĂ©gislateur a souhaitĂ© interdire l’usage des nĂ©onicotinoĂŻdes. L’évaluation scientifique des deux demandes, dĂ©posĂ©es il y a plus de deux ans, a Ă©tĂ© finalisĂ©e en 2015. Le comitĂ© de suivi des AMM a Ă©tĂ© consultĂ© sur la faisabilitĂ© des mesures de gestion des risques, et un projet de dĂ©cision a Ă©tĂ© proposĂ© en tenant compte des rĂ©sultats favorables de l’évaluation, au regard du cadre rĂ©glementaire actuel. Ces projets comportent des mesures de gestion des risques renforcĂ©es pour protĂ©ger les pollinisateurs. Les dĂ©cisions ont Ă©tĂ© suspendues dans l’attente du vote de la loi relative Ă  la biodiversitĂ©, et notamment de la date de l’interdiction des nĂ©onicotinoĂŻdes. Elles s’inscrivent dans le nouveau cadre lĂ©gislatif en vigueur jusqu’en 2018. C’est dans ce contexte particulier, et dans une volontĂ© de transparence et de prise en compte des contributions du public, que l’ANSES a organisĂ© la consultation sur ces projets de dĂ©cision. L’agence analyse actuellement les contributions reçues et poursuit Ă©galement sa veille scientifique sur les connaissances produites sur l’impact des nĂ©onicotinoĂŻdes sur les pollinisateurs, l’environnement et la santĂ© ; de nouvelles Ă©valuations sont attendues Ă  court terme au niveau europĂ©en. 3. Les certificats d’économie de produits phytosanitaires Ces certificats CEPP ont Ă©tĂ© instituĂ©s par ordonnance. Le dĂ©cret est paru, ainsi que les arrĂȘtĂ©s. Pour Coop de France, ces textes permettent de diffuser les bonnes pratiques et de limiter l’usage des produits phytosanitaires. Mais c’est aussi la chronique d’une pĂ©nalitĂ© annoncĂ©e », car les agriculteurs doivent adopter des dispositions trĂšs ambitieuses, qui risquent d’entraĂźner de nouvelles charges administratives. Toutefois, elle a saluĂ© le travail rĂ©alisĂ© avec le ministĂšre de l’agriculture. Quant Ă  la FNSEA, elle a soulignĂ© que la redevance pour pollution diffuse devait ĂȘtre versĂ©e aux agriculteurs. La Coordination rurale fait remarquer qu’en application de l’article 58, un dĂ©cret devait prĂ©voir les modalitĂ©s d’indemnisation des dĂ©tenteurs de certificat d’obtention vĂ©gĂ©tale COV ; rien n’est encore paru. L’APCA s’est mobilisĂ©e pour participer activement au dispositif » en prodiguant conseils et accompagnement aux agriculteurs. Elle fait remarquer que cette action doit s’inscrire en lien avec d’autres mises en place au sein du plan Ecophyto. Sur la performance sanitaire en gĂ©nĂ©ral, le MODEF constate une situation aberrante alors que la rĂ©glementation française est une des plus contraignantes – ce qui est positif – la sociĂ©tĂ© française ne tient pas compte de ce qui se passe au-delĂ  de nos frontiĂšres, et des distorsions existantes entre la France, d’une part et l’Europe et le monde, d’autre part. Des produits sont ainsi importĂ©s alors qu’ils ont Ă©tĂ© traitĂ©s avec des produits dangereux, dont parfois on ne trouve plus trace aprĂšs un dĂ©lai de quelques jours. Le consommateur soutient donc sans le savoir des filiĂšres qui emploient des produits interdits en France. Le MODEF conclut donc qu’il faudrait parvenir Ă  homogĂ©nĂ©iser les rĂšgles europĂ©ennes ou, tout au moins, faire respecter la rĂ©glementation française pour les produits consommĂ©s en France. Dans la situation actuelle, les premiers perdants sont les agriculteurs français, suivis par les consommateurs français. Un premier progrĂšs consisterait Ă  mettre en place une vraie transparence, car, actuellement, le consommateur ne dispose pas de l’information suffisante sur les problĂ©matiques sanitaires ; indiquer la provenance du produit ne suffit pas. Il est nĂ©cessaire d’effectuer des relevĂ©s sur les produits europĂ©ens, puis de mettre en place au niveau de l’Union un cahier des charges contraignant. Les importations devront tenir compte de ce cahier des charges. D. L’ATTRIBUTION À L’AGENCE NATIONALE DE SÉCURITÉ SANITAIRE DE L’ALIMENTATION, DE L’ENVIRONNEMENT ET DU TRAVAIL ANSES DE L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHÉ 1. Les autorisations de mise sur le marchĂ© Comme l’a confirmĂ© son directeur gĂ©nĂ©ral, l’ANSES Ă©tait rĂ©ticente Ă  ce transfert lorsqu’il a Ă©tĂ© inscrit dans le projet de loi, car elle souhaitait une sĂ©paration entre l’analyse et la dĂ©cision. Mais l’agence a mobilisĂ© les moyens nĂ©cessaires, et de plus, cette mesure a permis de dĂ©sengorger les services de l’État. En outre, la loi du 2 dĂ©cembre 2015 portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union europĂ©enne DDADUE dans le domaine de la prĂ©vention des risques acte le transfert Ă  l’ANSES de la responsabilitĂ© de la dĂ©livrance des autorisations de mise sur le marchĂ© des produits biocides. Le transfert effectif a Ă©tĂ© fixĂ© au 1er juillet 2016. L’évaluation des substances actives entrant dans la composition des prĂ©parations phytopharmaceutiques et des prĂ©parations elles-mĂȘmes en vue de leur commercialisation est strictement encadrĂ©e et harmonisĂ©e au niveau europĂ©en par le rĂšglement CE n° 1107/2009. Chaque annĂ©e, l’ANSES examine prĂšs de 2 000 dossiers au total, dont plus de 300 concernent une demande d’autorisation de mise sur le marchĂ© d’un nouveau produit ou son renouvellement aprĂšs rĂ©examen, pour 10 ans. L’évaluation de ces demandes est rĂ©alisĂ©e Ă  l’ANSES dans le cadre d’expertises collectives, pluridisciplinaires et contradictoires. Elle se traduit par l’élaboration de rapports d’évaluation et par la publication d’avis scientifiques. Ces rapports d’évaluation sont par ailleurs mis Ă  la disposition des autres États membres dans le cadre de l’évaluation zonale. Le dĂ©cret n° 2015-1184 du 20 septembre 2015 a mis en place le comitĂ© de suivi des AMM CSAMM afin d’appuyer le directeur gĂ©nĂ©ral. Il n’est pas composĂ© d’experts, mais de praticiens, de professionnels qui sont sur le terrain ; il regroupe des professionnels de santĂ©, des utilisateurs de produits, des agronomes, des spĂ©cialistes de l’environnement. Il s’est dĂ©jĂ  rĂ©uni cinq fois. L’ANSES est par ailleurs dotĂ©e d’un comitĂ© d’experts. Le comitĂ© de suivi examine si la dĂ©cision est applicable, cohĂ©rente avec d’autres dĂ©cisions et si elle permettra d’atteindre les objectifs voulus. Au sein de ce comitĂ©, les mesures examinĂ©es sont confrontĂ©es Ă  la rĂ©alitĂ© pratique. Les industriels dĂ©posent auprĂšs de l’ANSES une demande d’autorisation de mise sur le marchĂ© comportant, notamment, tous les Ă©lĂ©ments scientifiques nĂ©cessaires pour mener l’évaluation des risques liĂ©s Ă  l’usage des produits. La procĂ©dure d’autorisation consiste Ă  vĂ©rifier que les produits sont composĂ©s de substances autorisĂ©es pour l’usage spĂ©cifiĂ© et que, dans les conditions normales d’utilisation, ils sont efficaces et n’exercent aucun effet inacceptable sur la santĂ© humaine ou animale et sur l’environnement, selon les critĂšres fixĂ©s par la rĂ©glementation. L’AMM n’est pas donnĂ©e Ă  un produit qui n’a aucune action, aucun effet. Cette procĂ©dure inclut Ă©galement des exigences concernant l’emballage et l’étiquetage. Pour donner l’autorisation de mise sur le marchĂ©, l’ANSES se base sur les rĂ©sultats des expĂ©rimentations des industriels, sur la littĂ©rature scientifique et sur les travaux europĂ©ens. Ses effectifs ne comptent que des scientifiques. Quand le pĂ©titionnaire dĂ©pose le dossier, il revendique un usage pour son produit, des doses, etc. Il apporte des donnĂ©es Ă  l’appui de sa demande. Ce n’est pas l’agence qui reformule sa demande. Sur des saisies plus larges par exemple les antibiotiques en gĂ©nĂ©ral, l’agence fait des recommandations plus gĂ©nĂ©rales. L’ANSES vĂ©rifie tout d’abord la validitĂ© scientifique des donnĂ©es fournies par les industriels et leur conformitĂ© aux exigences rĂ©glementaires. Elle Ă©value ensuite l’efficacitĂ© des produits et les risques liĂ©s Ă  leur utilisation et en fait la synthĂšse. L’évaluation des risques concerne la sĂ©curitĂ© pour l’homme applicateurs, travailleurs, personnes prĂ©sentes prĂšs des lieux d’épandage, mais aussi les consommateurs au travers des rĂ©sidus dans les aliments et l’eau, l’environnement eaux de surface et eaux souterraines, air, sol, la faune et la flore. Globalement, chaque produit fait l’objet d’une Ă©valuation approfondie des caractĂ©ristiques de son danger, tant sur le plan de la santĂ© humaine que pour la faune, la flore et l’environnement. Sont pris en compte Ă  la fois les effets de type aigu mortalitĂ© liĂ©e Ă  une exposition sur une courte pĂ©riode et ceux de type chronique effets sur le dĂ©veloppement ou la reproduction par exemple, liĂ©s Ă  une exposition sur le long terme. Cette Ă©valuation est menĂ©e sur la base d’études fournies par les pĂ©titionnaires respectant des lignes directrices dĂ©finies au niveau europĂ©en mais aussi de l’ensemble des donnĂ©es disponibles dans la littĂ©rature scientifique ou issues de remontĂ©es des systĂšmes de vigilance comme la phytopharmacovigilance. Cette dĂ©marche fait intervenir les Ă©quipes multidisciplinaires d’évaluateurs scientifiques de l’agence, ainsi que deux comitĂ©s d’experts spĂ©cialisĂ©s composĂ©s de personnalitĂ©s intervenant intuitu personae. Les dossiers dĂ©posĂ©s par les industriels comportent, notamment, tous les Ă©lĂ©ments scientifiques nĂ©cessaires pour mener l’évaluation des risques liĂ©s Ă  l’usage des produits et portent sur un nombre variable d’usages revendiquĂ©s. Chaque usage concerne une espĂšce vĂ©gĂ©tale, un organisme nuisible cible et un mode de traitement ou une fonction. Il est assorti de conditions d’emploi telles que la dose utilisĂ©e, la pĂ©riode et la frĂ©quence d’utilisation et les pratiques agricoles associĂ©es au traitement. La procĂ©dure d’autorisation consiste Ă  vĂ©rifier que les produits sont composĂ©s de substances autorisĂ©es pour l’usage spĂ©cifiĂ© et que, dans les conditions normales d’utilisation, ils sont efficaces et n’exercent aucun effet inacceptable sur la santĂ© humaine ou animale, et sur l’environnement, selon les critĂšres fixĂ©s par la rĂ©glementation. Cette procĂ©dure inclut Ă©galement des exigences concernant l’emballage et l’étiquetage. L’évaluation de ces demandes est rĂ©alisĂ©e Ă  l’ANSES dans le cadre d’expertises collectives, pluridisciplinaires et contradictoires. Elle se traduit par l’élaboration de rapports d’évaluation et par la publication d’avis scientifiques. Dans le cadre de son Ă©valuation, les conclusions de l’agence sont prĂ©cisĂ©es pour chaque usage et peuvent proposer des conditions d’emploi restrictives par rapport Ă  la demande initiale du pĂ©titionnaire. Les conclusions de l’évaluation prĂ©sentent ainsi une synthĂšse des risques identifiĂ©s au cours de l’évaluation et les intĂ©rĂȘts agronomiques pour les usages revendiquĂ©s. Elles permettent Ă©galement de fixer des bonnes pratiques d’utilisation et, si nĂ©cessaire, d’introduire des restrictions d’usage en fonction des risques identifiĂ©s. Des recommandations peuvent Ă©galement ĂȘtre formulĂ©es matiĂšre de suivi post-autorisation. Ces rapports d’évaluation sont par ailleurs mis Ă  disposition des autres États membres dans le cadre de l’évaluation zonale. L’agence considĂšre que l’avis est – favorable lorsque toute la demande du pĂ©titionnaire est jugĂ©e conforme ; – favorable avec restriction lorsque l’avis est favorable pour certains des usages demandĂ©s ou lorsque des conditions d’emploi restrictives par rapport Ă  la demande sont recommandĂ©es ; – dĂ©favorable lorsque l’agence recommande de rejeter tous les usages demandĂ©s. Les dĂ©cisions de mise sur le marchĂ© sont d’une durĂ©e de 10 ans, Ă  l’issue de laquelle les pĂ©titionnaires sont tenus de dĂ©poser une nouvelle demande d’autorisation. Les produits font par ailleurs l’objet d’un rĂ©examen lorsque les conclusions de l’évaluation communautaire des substances actives qu’ils contiennent sont disponibles. L’ANSES réévalue l’ensemble du dossier et prend en compte l’ensemble des donnĂ©es de terrain ainsi que les derniĂšres connaissances scientifiques disponibles sur l’impact Ă©ventuel sur l’homme et l’environnement du produit concernĂ©. Chaque annĂ©e, l’ANSES traite un peu plus de 300 dossiers de demandes d’autorisation de nouveaux produits phytopharmaceutiques ou demandes de renouvellement aprĂšs rĂ©examen, qui font l’objet d’une Ă©valuation approfondie. Sur la base des donnĂ©es 2010, les Ă©valuations rĂ©alisĂ©es conduisent Ă  un avis dĂ©favorable dans un quart des cas. Par ailleurs, les avis favorables sont trĂšs majoritairement assortis de restrictions d’usage par rapport Ă  la demande initiale du pĂ©titionnaire. Les avis rendus par l’agence, ainsi que l’ensemble de ses travaux, sont systĂ©matiquement rendus publics et sont consultables sur son site internet. Le dĂ©cret de 2015 a Ă©tĂ© suivi de 1000 dĂ©cisions d’autorisation de mise sur le marchĂ© AMM, puis de 30 autres en application de la loi n° 2015-1567 du 2 dĂ©cembre 2015 pour les produits biocides. Les autorisations de mise sur le marchĂ© en cours L’ANSES a mis en consultation publique cet Ă©tĂ© deux projets de dĂ©cision d’autorisation de mise sur le marchĂ©. Ces projets de dĂ©cision s’inscrivent dans le cadre lĂ©gislatif rĂ©glementaire en vigueur jusqu’en 2018, date Ă  laquelle le lĂ©gislateur a souhaitĂ© interdire l’usage des nĂ©onicotinoĂŻdes. L’évaluation scientifique des deux demandes, dĂ©posĂ©es il y a plus de deux ans, a Ă©tĂ© finalisĂ©e en 2015. Le comitĂ© de suivi des AMM a Ă©tĂ© consultĂ© sur la faisabilitĂ© des mesures de gestion des risques, et un projet de dĂ©cision a Ă©tĂ© proposĂ© en tenant compte des rĂ©sultats favorables de l’évaluation, au regard du cadre rĂ©glementaire actuel. Ces projets comportent des mesures de gestion des risques renforcĂ©es pour protĂ©ger les pollinisateurs. Les dĂ©cisions ont Ă©tĂ© suspendues dans l’attente du vote de la loi relative Ă  la biodiversitĂ©, et notamment de la date de l’interdiction des nĂ©onicotinoĂŻdes. Elles s’inscrivent dans le nouveau cadre lĂ©gislatif en vigueur jusqu’en 2018. C’est dans ce contexte particulier, et dans une volontĂ© de transparence et de prise en compte des contributions du public, que l’ANSES a organisĂ© la consultation sur ces projets de dĂ©cision, dont le processus d’instruction arrivait Ă  son terme. Le nombre de contributions enregistrĂ©es a montrĂ© l’intĂ©rĂȘt de cette consultation et un certain nombre de contributeurs ont amenĂ© des Ă©lĂ©ments scientifiques et techniques qui sont actuellement en cours d’analyse. L’agence n’est pas en mesure d’indiquer un dĂ©lai d’échĂ©ance d’autant plus qu’elle est dans un processus d’analyse des contributions reçues, qu’elle poursuit Ă©galement sa veille scientifique sur les connaissances produites sur l’impact des nĂ©onicotinoĂŻdes sur les pollinisateurs l’environnement et la santĂ©, et que de nouvelles Ă©valuations, notamment de donnĂ©es confirmatives, sont attendues Ă  court terme au niveau europĂ©en. Source ANSES 2. Les trois zones de l’Union europĂ©enne Depuis juin 2011, l’évaluation des prĂ©parations phytopharmaceutiques est rĂ©alisĂ©e non plus par chaque État membre, mais par zone gĂ©ographique l’Union europĂ©enne est dĂ©coupĂ©e en 3 zones. La France appartient Ă  la zone Sud, ainsi que la Bulgarie, la GrĂšce, l’Espagne, l’Italie, Chypre, Malte et le Portugal. L’évaluation rĂ©alisĂ©e par l’État membre sollicitĂ© s’applique ensuite aux autres pays de la zone, sauf lorsqu’il existe des particularitĂ©s locales. Les demandeurs d’AMM ont le choix du pays dit de rĂ©fĂ©rence » qui pilote l’évaluation, les autres États Ă©tant alors nommĂ©s États concernĂ©s ». L’intervention en tant qu’État membre de rĂ©fĂ©rence est l’un des piliers donnant Ă  la France un positionnement incontournable en Europe et une reconnaissance de son haut niveau d’expertise sanitaire. La prĂ©sence des experts français au comitĂ© des mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires CVMP et dans les groupes de travail de l’Agence europĂ©enne constitue un second pilier d’une reconnaissance internationale. L’analyse des dossiers d’évaluation des prĂ©parations est rĂ©alisĂ©e au niveau d’un État membre rapporteur dans la zone oĂč la prĂ©paration fait l’objet d’une demande d’autorisation portant sur un ou plusieurs usages prĂ©cis. Les autres États membres de la zone ont la possibilitĂ© de commenter cette Ă©valuation. L’évaluation des produits phytopharmaceutiques avant mise sur le marchĂ© se fait dans le cadre du rĂšglement europĂ©en CE n°1107/2009 dont les dispositions s’imposent aux États membres. Cette Ă©valuation se dĂ©compose en deux Ă©tapes – la premiĂšre Ă©tape, rĂ©alisĂ©e au niveau europĂ©en, porte sur l’évaluation des dangers et des risques liĂ©s aux substances actives entrant dans la composition des produits phytopharmaceutiques. Cette phase est coordonnĂ©e au niveau europĂ©en par l’AutoritĂ© europĂ©enne de sĂ©curitĂ© alimentaire EFSA qui s’appuie sur l’évaluation collective rĂ©alisĂ©e par les États membres l’ANSES pour la France ; – la seconde Ă©tape consiste Ă  Ă©valuer les intĂ©rĂȘts et les risques liĂ©s aux prĂ©parations commerciales. AprĂšs le Brexit, il est probable qu’une partie des dossiers traitĂ©s par la Grande Bretagne revienne Ă  la France. Or, celle-ci est trĂšs en retard dans le traitement des dossiers, qui prend deux ans. Coop de France dĂ©plore que l’ANSES ait Ă  gĂ©rer de nombreux dossiers d’autres pays, si bien qu’il est difficile de rĂ©sorber les retards, ce qui conduit Ă  un engorgement, surtout pour les cultures orphelines. Elle prĂ©fĂ©rerait que l’Europe ne forme qu’une seule zone. Comme elle l’a rappelĂ© Ă  vos rapporteurs, la FNSEA s’était opposĂ©e au fait que les autorisations de mise sur le marchĂ© AMM soient transfĂ©rĂ©es Ă  l’ANSES. Elle estime que celle-ci reprend toutes les recommandations europĂ©ennes, mais adopte une position maximaliste, ce qui induit plus de contraintes en France que dans les pays de la mĂȘme zone Sud europĂ©enne et introduit une distorsion de concurrence. Par exemple, le dimĂ©thoate – un pesticide – a Ă©tĂ© interdit alors que d’autres pays l’autorisaient. Elle estime, en revanche, positif que la gestion des usages orphelins et mineurs soit restĂ©e au MAAF. 3. Des moyens insuffisants L’ANSES a un problĂšme de moyens elle est trĂšs sollicitĂ©e avec des transferts de missions, mais des moyens en moins. Depuis 2010, divers organismes ont Ă©tĂ© fusionnĂ©s au sein de l’ANSES, il a Ă©tĂ© procĂ©dĂ© au transfert de la toxicovigilance et de l’ecophyto son directeur a indiquĂ© Ă  vos rapporteurs qu’il fallait augmenter les moyens financiers, augmenter le barĂšme et le plafond des taxes. L’agence a bĂ©nĂ©ficiĂ© de 15 postes Ă  titre exceptionnel pour rĂ©sorber les stocks, alors que le plafond des ETP a Ă©tĂ© rĂ©duit de 7 postes ; par exemple, le transfert du biocide n’a pas donnĂ© lieu Ă  la crĂ©ation d’emplois supplĂ©mentaires. Elle souffre d’un plafond des emplois, mais aussi de la masse salariale. Le budget de L’ANSES dĂ©pend de 4 ministĂšres contributeurs et sa gouvernance de 5 ministĂšres de tutelle ministĂšres chargĂ©s de l’agriculture, de l’environnement, de la santĂ©, de la consommation et du travail. Les nouvelles missions qui lui ont Ă©tĂ© confiĂ©es ne s’accompagnent pas de transfert d’emplois une augmentation des recettes ne peut se transformer en augmentation d’emplois. Le budget 138 M€ est assis en partie sur 5 subventions pour charges de service public environ 90M€, sur des revenus externes prĂ©vus par des conventions et, pour le reste, sur des ressources en provenance de redevances et de taxes affectĂ©es Ă  l’ANSES. Il est Ă  noter que les taxes affectĂ©es au bĂ©nĂ©fice de l’agence pour l’instruction des dossiers de produits rĂ©glementĂ©s sont plafonnĂ©es par la loi de finances pour 2017. L’ANSES aurait souhaitĂ© que les taxes versĂ©es au moment du dĂ©pĂŽt d’un dossier d’autorisation de mise sur le marchĂ© d’un produit phytosanitaire ou d’un mĂ©dicament vĂ©tĂ©rinaire soient exonĂ©rĂ©es de cette obligation de plafonnement chaque dossier dĂ©posĂ© constituant un surcroĂźt de charge de travail, le plafonnement pour de telles taxes n’est pas pertinent. L’activitĂ© de dĂ©livrance des autorisations de mise sur le marchĂ© est basĂ©e sur une expertise scientifique exigeante et complexe. Les flux d’entrĂ©e, et donc la charge de travail de l’agence dans ce domaine, dĂ©pendent de demandeurs privĂ©s industriels fabriquant des produits ou du mĂ©dicament vĂ©tĂ©rinaire et ne peuvent ĂȘtre rĂ©gulĂ©s. La taxe versĂ©e par les demandeurs devrait permettre Ă  l’agence d’ajuster les moyens nĂ©cessaires Ă  l’évaluation des dossiers dĂ©posĂ©s et ce d’autant plus que pĂšse sur l’ANSES l’obligation de respecter les dĂ©lais rĂ©glementaires de dĂ©livrance des autorisations. Or, l’ANSES souligne que les rĂšgles en matiĂšre de plafond d’emploi et de masse salariale qui lui sont applicables – comme aux autres Ă©tablissements publics administratifs – rendent quasi impossible l’augmentation des effectifs parallĂšlement Ă  la charge de travail, mĂȘme quand celle-ci est intĂ©gralement financĂ©e. En effet, en tant qu’établissement public administratif, l’ANSES est contingentĂ©e tant sur le sous plafond » que sur le hors plafond ». Ceci est d’autant plus problĂ©matique que des missions nouvelles sont parfois confiĂ©es Ă  l’ANSES sans moyens humains supplĂ©mentaires. Le pĂ©rimĂštre des missions de l’ANSES a Ă©tĂ© Ă©tendu en 2015 aux autorisations de mise sur le marchĂ© des produits phytosanitaires transfert de compĂ©tence du ministĂšre chargĂ© de l’agriculture et Ă  celles de biocides au 1er juillet 2016 transfert du ministĂšre chargĂ© de l’écologie. De plus, depuis aoĂ»t 2016, l’ANSES est chargĂ©e d’une mission de contrĂŽle et d’évaluation de la composition des produits du tabac et du vapotage. Cette mission est issue d’une directive europĂ©enne qui oblige les producteurs de tabac Ă  faire une dĂ©claration de la composition des produits. La prise en charge des produits phytosanitaires a Ă©tĂ© accompagnĂ©e d’une augmentation temporaire du plafond d’emploi, qui prend fin en 2017. Cela n’a pas Ă©tĂ© le cas concernant les biocides et le tabac. Pour faire face aux nouvelle missions sur le tabac en 2017, 7 Ă  10 ETPT sont nĂ©cessaires. Or, le plafond d’emploi de l’ANSES prĂ©voit une rĂ©duction de 6 ETPT en 2017 par rapport Ă  2016. Cela parait d’autant plus inexplicable que la mission de l’agence en matiĂšre de produits du tabac et de vapotage est financĂ©e par des taxes, prĂ©vues dans la rĂ©glementation europĂ©enne, payĂ©es par les industriels notamment au moment de la dĂ©claration de composition de leurs produits sur la base europĂ©enne. On constate donc une montĂ©e en puissance des missions et des recettes, assises sur des taxes affectĂ©es ou des redevances, mais sans capacitĂ© de recrutement, le plafond d’emploi Ă©tant fixĂ© par le ministĂšre de l’agriculture programme 206. Les recettes sont impossibles Ă  transformer en emplois, car un tel mĂ©canisme n’est pas prĂ©vu pour les Ă©tablissements publics administratifs, ce qui pĂ©nalise fortement l’agence dans un contexte de forte concurrence europĂ©enne. Il est donc indispensable de lever la pression sur le plafond d’emploi et le plafond de la masse salariale, pour l’activitĂ© d’évaluation de dossiers rĂ©glementaires, afin que l’agence puisse disposer de la flexibilitĂ© nĂ©cessaire pour s’adapter aux Ă©volutions du nombre de dossiers Ă  Ă©valuer. Les enjeux sont en effet majeurs pour la santĂ© publique et l’ANSES doit rendre ses avis dans les dĂ©lais requis pour permettre la dĂ©cision publique. Le respect des dĂ©lais conditionne en partie l’attractivitĂ© de la France pour les entreprises concernĂ©es. Il importe Ă©galement d’ajuster le montant des droits perçus Ă  la rĂ©alitĂ© du travail effectuĂ©. En matiĂšre de mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires et produits biocides, la taxe couvre l’ensemble des coĂ»ts liĂ©s Ă  l’activitĂ© de l’ANSES, comme le montre la comptabilitĂ© analytique de l’agence. Dans le cas des produits phytosanitaires, en revanche, elle ne couvre que 80 % des activitĂ©s, les 20 % restants Ă©tant de fait financĂ©s par la subvention pour charges de service public versĂ©e par le ministĂšre de l’agriculture. Il est donc nĂ©cessaire, pour cette annĂ©e, d’augmenter le barĂšme des taxes en matiĂšre de produits phytopharmaceutiques. Les droits versĂ©s par les industriels doivent correspondre au coĂ»t complet du travail effectuĂ© et permettre Ă  l’agence de mettre en Ɠuvre les moyens nĂ©cessaires Ă  l’évaluation de ces dossiers dans les dĂ©lais. Il convient donc de transformer les taxes relatives aux dossiers phytosanitaires en redevances. Certaines sommes sont perçues en Ă©change d’un service rĂ©alisĂ©, Ă  savoir l’instruction scientifique et rĂ©glementaire des demandes relatives Ă  la mise sur le marchĂ© de produits phytopharmaceutiques, des mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires et des biocides. Or il existe aujourd’hui un manque de cohĂ©rence car certaines de ces missions mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires, produits phytosanitaires sont actuellement financĂ©es par une taxe, tandis que d’autres biocides le sont par une redevance. La transformation des taxes en redevances pour l’évaluation et la dĂ©livrance d’AMM de produits phytosanitaires s’avĂšre donc nĂ©cessaire, d’autant plus qu’elle permettrait de rĂ©soudre le problĂšme du plafonnement des taxes qui implique qu’au-delĂ  d’un montant dĂ©fini, l’ANSES ne les perçoit plus quand bien mĂȘme la quantitĂ© de travail continue Ă  augmenter. 4. Le dispositif de phytopharmacovigilance Dans le cadre de la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt, la mise en place d’un dispositif de phytopharmacovigilance a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  l’ANSES. Ce dispositif a pour objet de surveiller les effets indĂ©sirables des produits phytopharmaceutiques disponibles sur le marchĂ© et couvre la contamination des milieux, l’exposition et les impacts sur les organismes vivants, dont la santĂ© humaine, et les Ă©cosystĂšmes dans leur ensemble, ainsi que les phĂ©nomĂšnes d’apparition de rĂ©sistances. Son objectif est de dĂ©tecter au plus tĂŽt les signaux qui peuvent amener Ă  prendre des mesures de prĂ©vention ou de limitation des risques liĂ©s aux produits phytopharmaceutiques. L’agence se dote ainsi de moyens d’anticiper, de dĂ©tecter, d’analyser et de prĂ©venir les effets indĂ©sirables des produits phytopharmaceutiques. La phytopharmacovigilance complĂšte les missions assurĂ©es par l’ANSES d’évaluation a priori des risques liĂ©s aux produits phytopharmaceutiques ainsi que de dĂ©livrance et de retrait des dĂ©cisions d’autorisations de mise sur le marchĂ©. Par ailleurs, ce dispositif s’inscrit dans l’axe 3 du plan Ecophyto Ă©valuer, maĂźtriser et rĂ©duire les risques et les impacts des produits phytopharmaceutiques sur la santĂ© humaine et sur l’environnement. L’agence recueille toute information sur l’effet nocif des produits, qui doit ĂȘtre dĂ©clarĂ© par chaque industriel. Les limites de dĂ©tection sont de plus en plus basses, si bien qu’on trouve de plus en plus de traces, mais cela ne signifie pas qu’un produit soit nocif. Par exemple, L’ANSES a rĂ©alisĂ© l’étude Pesti’home, qui a pour objectif de mieux connaĂźtre les utilisations domestiques des produits commercialisĂ©s destinĂ©s Ă  Ă©liminer les nuisibles dans la maison. Elle a Ă©galement rĂ©alisĂ© une Ă©tude sur l’alimentation des enfants de moins de 3 ans sauf le lait. Elle essaie de dĂ©terminer les valeurs limite acceptables. La phytopharmacovigilance repose sur trois modalitĂ©s fondamentales et complĂ©mentaires de recueil de donnĂ©es et de production de connaissances – la collecte systĂ©matique et rĂ©guliĂšre d’informations produites par les organismes de surveillance et de vigilance dĂ©jĂ  existants effets indĂ©sirables des produits phytopharmaceutiques sur l’homme, les animaux d’élevage et sauvages dont l’abeille domestique, les Ă©cosystĂšmes dans leur intĂ©gralitĂ© biodiversitĂ©, cultures, faune, flore, air, eau, sol mais aussi les aliments et l’apparition de phĂ©nomĂšnes de rĂ©sistance aux produits phytopharmaceutiques ; – des Ă©tudes ad hoc sur les effets indĂ©sirables des produits phytopharmaceutiques lorsque les informations fournies par les organismes de surveillance et de vigilance sont identifiĂ©es comme mĂ©ritant d’ĂȘtre prĂ©cisĂ©es. Ces Ă©tudes sont financĂ©es par l’agence sur la base du produit d’une taxe sur les ventes des produits phytopharmaceutiques par les dĂ©tenteurs d’autorisation de mise sur le marchĂ© ; – les signalements des acteurs professionnels comme les titulaires d’autorisation de mise sur le marchĂ©, les fabricants, les importateurs, les distributeurs ou utilisateurs professionnels de produits phytopharmaceutiques, les conseillers et formateurs de ces utilisateurs. Ces dĂ©clarations sont essentielles pour la phytopharmacovigilance puisque ces acteurs sont directement au contact des professionnels du terrain. La mutualisation des informations issues de ce dispositif permet Ă  l’agence – d’adapter les conditions d’autorisation de mise sur le marchĂ© des produits aujourd’hui commercialisĂ©s par exemple par la rĂ©duction des doses, l’adaptation des conditions d’application ou le retrait d’une autorisation de mise sur le marchĂ© ; – de dĂ©finir des mesures de gestion transversale, par exemple pour la protection des personnes Ă  proximitĂ© des zones traitĂ©es ; – de contribuer Ă  s’assurer du respect des interdictions d’usages de produits, notamment ceux dont les substances actives ne sont plus approuvĂ©es au niveau europĂ©en. 5. Le pouvoir de contrĂŽle des inspecteurs de l’ANSES La loi d’avenir pour l’agriculture a donnĂ© aux inspecteurs de l’ANSES un pouvoir de contrĂŽle des activitĂ©s de production, formulation, emballage et Ă©tiquetage des produits phytopharmaceutiques et des matiĂšres fertilisantes. Deux inspecteurs ont Ă©tĂ© recrutĂ©s Ă  la fin de 2015 et sont en cours de qualification acquisition de compĂ©tences rĂ©glementaires et mĂ©thodologie d’inspection. Un protocole d’accord a Ă©tĂ© signĂ© le 11 dĂ©cembre 2015 avec la direction gĂ©nĂ©rale de l’alimentation DGAL et la direction gĂ©nĂ©rale de la concurrence, de la consommation et de la rĂ©pression des fraudes DGCCRF. Des contrĂŽles conjoints ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s avec la DGAL et brigade nationale d’enquĂȘtes vĂ©tĂ©rinaires et phytosanitaires BNEVP et la direction nationale du renseignement et des enquĂȘtes douaniĂšres DNRED. Un plan de contrĂŽle annuel a Ă©tĂ© proposĂ© pour 2016 plan de contrĂŽle de type alĂ©atoire, selon des critĂšres de ciblage sur des produits Ă  base de 10 substances actives prĂ©sentant un risque Ă©levĂ© pour l’opĂ©rateur, ainsi que sur l’étiquetage et le conditionnement, la conformitĂ© des Ă©lĂ©ments avec la dĂ©cision d’AMM usages, doses, zones non traitĂ©es, dĂ©lai avant rĂ©colte. Ces contrĂŽles ont Ă©tĂ© prĂ©vus dans des sites de distribution de produits phytopharmaceutiques, pour moitiĂ© pour les gammes professionnelles et pour moitiĂ© pour les gammes amateurs jardineries. Au milieu de l’annĂ©e, 5 rĂ©gions avaient Ă©tĂ© visitĂ©es, 20 Ă©tablissements contrĂŽlĂ©s, 4000 produits inspectĂ©s 200 par Ă©tablissement. Un bilan de la campagne 2016 sera rĂ©alisĂ© Ă  la fin de cette mĂȘme annĂ©e. Pour chaque inspection, un rapport d’inspection intermĂ©diaire a Ă©tĂ© transmis, statuant, point par point sur la conformitĂ© rĂ©glementaire. À ce stade, compte tenu de la phase de qualification des agents, des suites administratives et des demandes d’informations avec copie aux dĂ©tenteurs des AMM sont effectuĂ©es. L’ANSES estime qu’elle doit ĂȘtre vigilante sur le maintien de la qualitĂ© de la concertation et de la coordination avec les autres services de contrĂŽle, afin d’éviter les contrĂŽles successifs de diffĂ©rents services dans un mĂȘme Ă©tablissement. Il lui faut Ă©galement veiller au besoin d’acquisition de compĂ©tences par les inspecteurs, notamment en raison de la complexitĂ© du contrĂŽle liĂ© Ă  la rĂ©glementation Ă©volution rĂ©guliĂšre, dĂ©cisions successives prises sur un mĂȘme produit, dĂ©calage liĂ© au dĂ©lai rĂ©glementaire pour la mise Ă  jour des Ă©tiquettes
. 6. La transparence Afin d’assurer la plus grande transparence possible, il est mis Ă  la disposition du public sur le site internet de l’agence tous les documents relatifs aux modalitĂ©s d’instruction des demandes principes directeurs, comptes rendus des comitĂ©s de suivi ainsi que les dĂ©cisions d’AMM. Pour mener Ă  bien ses missions, l’agence s’appuie sur des lignes directrices pour gagner en transparence, en lisibilitĂ© et en fluiditĂ© dans le processus de dĂ©cision. Ces lignes directrices, qui ont fait l’objet d’une consultation publique avant leur adoption sont accessibles sur le site internet de l’agence. Elles visent Ă  expliciter les critĂšres permettant Ă  l’agence d’exercer son pouvoir d’apprĂ©ciation, sur la base de l’évaluation scientifique des dossiers de demande d’AMM, rĂ©alisĂ©e en application de la rĂ©glementation. Il s’agit de gagner en transparence, en explicitant les cas pouvant nĂ©cessiter, au-delĂ  du travail d’évaluation des dossiers, un examen complĂ©mentaire, concernant notamment les mesures de gestion des risques intĂ©grĂ©es aux dĂ©cisions AMM. Le catalogue des produits phytopharmaceutiques homologuĂ©s en France et de leurs usages est rĂ©pertoriĂ© dans une base de donnĂ©es gĂ©rĂ©e par l’ANSES Enfin, pour prĂ©server l’indĂ©pendance de l’agence, une charte des relations avec les porteurs d’intĂ©rĂȘt vise Ă  assurer une traçabilitĂ© des Ă©changes avec les parties intĂ©ressĂ©es qui sont en relation avec l’agence, et Ă  prĂ©venir tout risque de remise en cause de son indĂ©pendance. Le site internet Ephy 15 permet quant lui d’accĂ©der Ă  tous les produits phytopharmaceutiques, matiĂšres fertilisantes et supports de culture autorisĂ©s en France, ainsi qu’à leurs conditions d’utilisation. E. LA SURVEILLANCE SANITAIRE 1. La reconnaissance du rĂŽle des fĂ©dĂ©rations dĂ©partementales des chasseurs en matiĂšre de surveillance sanitaire Cette reconnaissance, qui fait l’objet de l’article 41 de la loi d’avenir, apparait comme lĂ©gitime Ă  la FĂ©dĂ©ration nationale des chasseurs FNC, compte tenu de l’implication de ceux-ci, notamment dans le rĂ©seau SAGIR avec l’Office national de la chasse et de la faune sauvage ONCFS. Le rĂ©seau SAGIR surveiller les maladies de la faune sauvage pour agir SAGIR est un rĂ©seau de surveillance Ă©pidĂ©miologique des oiseaux et des mammifĂšres sauvages terrestres en France. Cette surveillance, fondĂ©e sur un partenariat constant entre les fĂ©dĂ©rations des chasseurs et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, s’exerce depuis 1955, s’est consolidĂ©e en 1972 et a pris sa dimension actuelle en 1986 sous le nom de SAGIR. Ses objectifs sont essentiellement au nombre de quatre 1° DĂ©tecter prĂ©cocement l’apparition de maladies nouvelles pour la faune sauvage ; 2° DĂ©tecter les agents pathogĂšnes transmissibles Ă  l’homme et/ou partagĂ©s par la faune sauvage et les animaux domestiques ; 3° Surveiller les effets aigus non intentionnels de l’utilisation agricole des produits phytopharmaceutiques sur les oiseaux et mammifĂšres sauvages ; 4° CaractĂ©riser dans le temps et dans l’espace les maladies des oiseaux et des mammifĂšres sauvages Ă  enjeu pour la santĂ© des populations. Source ONCFS 2. La responsabilisation des chasseurs D’autres dispositions lui paraissent nĂ©gatives Ă  la FNC. La responsabilisation des chasseurs rĂ©sultant de l’article 41 semble Ă  la fĂ©dĂ©ration profondĂ©ment injuste », car les chasseurs sont placĂ©s au mĂȘme niveau que les propriĂ©taires et Ă©leveurs d’animaux res propria alors que les espĂšces d’animaux dont la chasse est autorisĂ©e sont res nullius. L’ensemble des dĂ©tenteurs et titulaires de droit de chasse est visĂ©, alors qu’en pratique, seule une minoritĂ© de territoires organise et maintient des concentrations excessives de gibiers susceptibles d’ĂȘtre Ă  l’origine d’un Ă©ventuel problĂšme sanitaire les enclos. Le lĂ©gislateur vise les seuls chasseurs
 et Ă©carte les gestionnaires d’espaces naturels protĂ©gĂ©s ». 3. Des consĂ©quences nĂ©gatives pour les chasseurs Il en rĂ©sulte donc pour les chasseurs plusieurs consĂ©quences dĂ©noncĂ©es par la FĂ©dĂ©ration nationale – selon l’ordonnance n° 2015-1242, ratifiĂ©e par l’article 41 de la loi, l’autoritĂ© administrative pourra imposer aux chasseurs des mesures particuliĂšres de contrĂŽle adaptĂ©es Ă  ces dangers et au caractĂšre sauvage des animaux ; – le mĂȘme article prĂ©voit Ă©galement l’obligation de supporter le coĂ»t des mesures de surveillance, de prĂ©vention ou de lutte prescrites par l’autoritĂ© administrative, y compris le coĂ»t du suivi de leur mise en Ɠuvre, sans prĂ©judice de l’attribution d’aides publiques ; – les chasseurs sont tenus, pour ce qui concerne la faune sauvage ou les espĂšces de gibier dont la chasse est autorisĂ©e, de rĂ©aliser ou de faire rĂ©aliser les mesures destinĂ©es Ă  la prĂ©vention, la surveillance et la lutte que la rĂ©glementation leur impose Ă  l’égard des dangers sanitaires de premiĂšre catĂ©gorie et des dangers sanitaires de deuxiĂšme catĂ©gorie faisant l’objet d’une rĂ©glementation. En cas de carence ou de refus, ces opĂ©rations peuvent ĂȘtre exĂ©cutĂ©es d’office, aux frais des intĂ©ressĂ©s, par l’autoritĂ© administrative ; – aprĂšs la constatation d’une maladie, le prĂ©fet statue sur les mesures Ă  mettre en exĂ©cution. Cela peut notamment se traduire par les mesures suivantes ● la limitation ou l’interdiction de la chasse, la modification des plans de chasse, de gestion cynĂ©gĂ©tique et de prĂ©lĂšvement maximal autorisĂ© ou la destruction ou le prĂ©lĂšvement d’animaux de la faune sauvage ; ● la dĂ©sinfection, l’amĂ©nagement ou la mise en Ɠuvre de modalitĂ©s particuliĂšres d’entretien du couvert vĂ©gĂ©tal et des zones frĂ©quentĂ©es par la faune sauvage sensible, sans prĂ©judice de l’attribution d’aides publiques ; ● les fĂ©dĂ©rations contribuent, Ă  la demande du prĂ©fet, Ă  l’exĂ©cution des arrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux autorisant des tirs de prĂ©lĂšvement. Elles agissent dans ce cadre en collaboration avec leurs adhĂ©rents. La FĂ©dĂ©ration nationale juge ces dispositions inĂ©galitaires elles font supporter aux seuls chasseurs des charges auxquelles les autres propriĂ©taires qui ne chassent pas ne sont pas soumis. Elle s’élĂšve Ă©galement contre l’ordonnance n° 2015-1243 du 7 octobre 2015, prise en application de l’article 55 de la loi, et relative au commerce et Ă  la protection des animaux de compagnies, qu’elle estime extrĂȘmement pĂ©nalisante » pour les particuliers chasseurs, puisqu’elle les oblige Ă  s’immatriculer en temps qu’éleveur dĂšs qu’il envisage de vendre plus d’une portĂ©e par an, le chasseur doit effectuer une dĂ©claration en prĂ©fecture, suivre une formation ou justifier d’une certification. Il doit en outre disposer d’installations rĂ©pondant Ă  certaines normes de conformitĂ© ; il est aussi instaurĂ© une diffĂ©rence de traitement entre propriĂ©taires de chiens rĂ©pertoriĂ©s au Livre des origines français LOF, et les autres. Ce dispositif menace donc, selon la FĂ©dĂ©ration, les sĂ©lections cynĂ©gĂ©tiques d’animaux non LOF opĂ©rĂ©es depuis de nombreuses annĂ©es, de mĂȘme que certaines activitĂ©s cynĂ©gĂ©tiques telles que la chasse au chien courant pour lesquelles les cessions Ă  titre onĂ©reux ont uniquement pour but de couvrir les frais d’élevage. Lors de leur audition, les reprĂ©sentants de la FĂ©dĂ©ration nationale ont dĂ©clarĂ© qu’ils acceptent d’exercer une surveillance, mais qu’ils n’étaient ni responsables, ni coupables ». 4. La protection des Ă©leveurs affectĂ©s par les attaques de loups L’article 44 renforce l’arsenal de protection des Ă©leveurs. DĂšs lors qu’une attaque avĂ©rĂ©e survient sur des animaux d’élevage, que celle-ci soit du fait d’un animal seul ou d’une meute, le prĂ©fet dĂ©livre sans dĂ©lai Ă  chaque Ă©leveur ou berger concernĂ© une autorisation de tir de prĂ©lĂšvement du loup valable pour une durĂ©e de six mois. En outre, le prĂ©lĂšvement de loups est autorisĂ© dans des zones de protection renforcĂ©e. Une zone de protection renforcĂ©e est dĂ©limitĂ©e, par arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral, pour une durĂ©e maximale d’un an lorsque des dommages importants causant une perturbation de grande ampleur aux Ă©levages sont constatĂ©s, en dĂ©pit des mesures de protection susceptibles d’assurer un Ă©quilibre entre les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques et sociaux et la protection de l’environnement. Un plafond de destruction spĂ©cifique est dĂ©terminĂ© pour chacune des zones de protection renforcĂ©e, dans le respect d’un plafond national. Les zones de protection renforcĂ©e contre le loup ne peuvent nuire au maintien dans un Ă©tat de conservation favorable de cette espĂšce sur le territoire national. Des difficultĂ©s demeurent nĂ©anmoins. La Terre compterait 350 000 loups, un nombre en progression dans tous les continents. En France, on Ă©value la population de 214 Ă  370 loups donnĂ©es ONCFS avec une croissance de 20 % par an. Cet animal ne cesse de conquĂ©rir de nouveaux territoires hors des zones de hautes montagnes. Le nombre d’attaques de loups augmente depuis les premiers cas constatĂ©s sur les troupeaux domestiques en 1993 une trentaine de dĂ©partements sont touchĂ©s, avec 2 000 attaques de troupeaux, tuant ainsi prĂšs de 9 000 animaux source ministĂšre de l’écologie, du dĂ©veloppement durable et de l’énergie. Les Ă©leveurs ont pourtant massivement pris des mesures permettant de protĂ©ger les troupeaux aides-berger, chiens, enclos, malgrĂ© les contraintes logistiques et financiĂšres et dĂ©sagrĂ©ments que celles-ci imposent – leur mise en place demande aux Ă©leveurs un investissement en temps et aussi financier puisqu’elles ne sont pas prises en charge Ă  100 % ; – elles peuvent avoir des consĂ©quences nĂ©gatives allongement de la journĂ©e de travail des bergers et des distances parcourues par les animaux, conflits avec les autres usagers du territoire en raison des chiens de protection 
. Par ailleurs, ces mesures de protection sont difficiles Ă  mettre en Ɠuvre et leur efficacitĂ© est parfois relative. En effet, les prĂ©dateurs s’adaptent et parviennent Ă  les contourner 85 % des attaques de loups par exemple ont lieu sur troupeaux protĂ©gĂ©s. En 2013, 1 434 contrats de protection » ont Ă©tĂ© engagĂ©s par des Ă©leveurs, 1 610 en 2014 et 2 110 en 2015. Ces contrats sont financĂ©s en partie par l’État et l’Europe. Les Ă©leveurs doivent assumer au moins 20 % des coĂ»ts engagĂ©s pour protĂ©ger leur troupeau. Selon Interbev, le coĂ»t total de la prĂ©dation par le loup en 2015 s’élĂšve Ă  plus de 20 millions d’euros. Les deux plus gros postes de dĂ©pense concernent les moyens de protection environ 18,6 M€ et l’indemnisation des victimes environ 2,7 M€. Au niveau international, le loup est protĂ©gĂ© par les textes suivants – la convention de Berne du 19 septembre 1979 relative Ă  la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel en Europe ; – la convention de Washington du 3 mars 1973 relative au contrĂŽle du commerce international des espĂšces de flore et de faune menacĂ©es d’extinction ; – la directive 92/43/CEE du 21 mai 1992 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages. En France, l’espĂšce est protĂ©gĂ©e par – le code de l’environnement articles L. 411-1 et 2 et R. 411-1 Ă  R. 411-5 ; – l’arrĂȘtĂ© du 23 avril 2007 fixant la liste des espĂšces de mammifĂšres protĂ©gĂ©s sur le territoire national le loup fait partie de cette liste depuis l’arrĂȘtĂ© ministĂ©riel du 10 octobre 1996 ; – l’arrĂȘtĂ© du 27 mai 2009 prĂ©cisant que le loup n’est plus une espĂšce protĂ©gĂ©e menacĂ©e d’extinction en France. Mais il reste toujours soumis au principe de protection stricte. Les actes de destruction, de capture, de dĂ©tention, de perturbation intentionnelle ou de commerce des espĂšces lupines sont donc interdits. Le Plan national Loup encadre les possibilitĂ©s de tir du loup. On distingue les tirs de dĂ©fense Ă  proximitĂ© des troupeaux pour les protĂ©ger et les tirs de prĂ©lĂšvements. Un dĂ©classement du loup en tant qu’espĂšce strictement protĂ©gĂ©e dans les textes demeure nĂ©cessaire pour assurer la survie de l’élevage français en plein air. Les revendications syndicales sont donc les suivantes – Paiement en temps et en heure des mesures pour la protection des troupeaux pour pouvoir rentrer dans le cadre du protocole loup et bĂ©nĂ©ficier des diffĂ©rents tirs effarouchement, dĂ©fense, dĂ©fense renforcĂ©e, prĂ©lĂšvement, prĂ©lĂšvement renforcĂ©, les Ă©leveurs doivent mettre en place diffĂ©rents types de moyens de protection. L’éleveur doit avancer tous les frais et 80 % de ces frais sont pris en charge par le ministĂšre de l’agriculture. Tous les ans, on constate des retards importants dans le paiement de ces mesures. Par exemple, l’annĂ©e 2015 n’est toujours par soldĂ©e. Ces frais peuvent ĂȘtre trĂšs importants pour certains Ă©leveurs, notamment ceux qui emploient un berger pour le gardiennage des troupeaux ; – RelĂšvement du plafond du nombre de loups dont la destruction est autorisĂ©e et mise en place d’une mĂ©thode de prĂ©lĂšvement plus efficace la rĂ©gulation des loups en France est dĂ©finie dans le cadre du Plan Loup. Dans ce contexte, deux arrĂȘtĂ©s cadre sont pris tous les ans pour dĂ©finir le nombre maximal de loup pouvant ĂȘtre dĂ©truit sur la pĂ©riode en question et les conditions et limites dans lesquelles des dĂ©rogations aux interdictions de destruction peuvent ĂȘtre accordĂ©es par les prĂ©fets concernant le loup. Pour la pĂ©riode juillet 2015-juin 2016 et juillet 2016-juin 2017, le nombre maximal de loup est de 36. Bien que les prĂ©lĂšvements soient de plus en plus efficaces, ils sont insuffisants. Les diffĂ©rents tirs actuels ne permettent pas forcĂ©ment de prĂ©lever les loups qui posent de rĂ©els problĂšmes. La FĂ©dĂ©ration nationale ovine FNO demande donc, en supplĂ©ment des tirs dĂ©crits dans les arrĂȘtĂ©s en cours, de pouvoir prĂ©lever des meutes entiĂšres sur les zones oĂč la pression de prĂ©dation est la plus forte ; – Refus d’une conditionnalitĂ© des indemnisations versĂ©es aux Ă©leveurs en cas d’attaque de troupeau pour la mise en place des moyens de protection ; – DĂ©classement du loup dans la directive europĂ©enne Habitats, Faune, Flore » 92/43/CEE il faut obtenir un changement d’annexe afin que le loup ne soit plus strictement protĂ©gĂ© » mais qu’il bĂ©nĂ©ficie uniquement d’une protection simple » dĂ©classement de l’annexe IV Ă  l’annexe V. La FĂ©dĂ©ration nationale des chasseurs, interrogĂ©e par vos rapporteurs, a considĂ©rĂ© qu’il fallait revoir la convention de Berne et les classements, en s’inspirant de pays qui, comme l’Espagne, varient leur rĂ©glementation selon les rĂ©gions plus de souplesse est souhaitable. Une nĂ©gociation internationale est nĂ©cessaire. Toutefois, elle ne souhaite pas particuliĂšrement que le loup soit chassable, car cela aurait un coĂ»t. QUATRIÈME PARTIE ENSEIGNEMENT, FORMATION, RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT AGRICOLES ET FORESTIERS I. PRÉSENTATION DE LA LOI A. INTENTION DU LÉGISLATEUR La transition agro-Ă©cologique ne sera possible et effective qu’avec l’appui d’un enseignement technique et supĂ©rieur dynamique, innovant et ouvert. Les missions de l’enseignement agricole reposent sur un socle solide, dĂ©fini par les lois du 9 juillet 1984 portant rĂ©novation de l’enseignement agricole public et du 31 dĂ©cembre 1984 portant rĂ©forme des relations entre l’État et les Ă©tablissements d’enseignement agricole privĂ©. L’enseignement technique agricole est le deuxiĂšme rĂ©seau Ă©ducatif du pays, avec des formations allant de la classe de 4e aux classes prĂ©paratoires aux grandes Ă©coles, en passant par le BTS et le recours Ă  l’alternance sous statut scolaire. L’apport de ces Ă©tablissements est largement reconnu. L’agriculture propose des formations d’excellence et diversifiĂ©es, permettant un taux d’insertion professionnelle Ă©levĂ© avec prĂšs de 9 diplĂŽmĂ©s sur 10 trouvant un emploi dans les trois ans et ce dans un secteur se caractĂ©risant par un rĂ©el dynamisme des offres d’emplois chaque annĂ©e, en moyenne, plus de 55 000 postes de salariĂ©s permanents sont pourvus dans l’agriculture et les services Ă  l’agriculture. Quant Ă  l’agroalimentaire, il s’agit de la premiĂšre industrie française, avec environ 14 000 entreprises et plus de 400 000 salariĂ©s. Les lois de 1984, qui gardent toute leur utilitĂ© n’avaient toutefois pas assignĂ© de missions Ă  l’enseignement agricole pris dans son ensemble et n’avaient pas pris en compte la nĂ©cessaire double performance de production et d’écologie. L’impĂ©ratif est, en effet, dĂ©sormais, de produire autant mais autrement. L’efficacitĂ© doit aller de pair avec la diversitĂ© des modes de production, y compris au sein d’une mĂȘme exploitation. Les Ă©tablissements d’enseignement technique sont dĂ©jĂ  nombreux Ă  dĂ©velopper des pratiques durables, mais la loi n’a pas encore pris en compte cette Ă©volution. Il est donc apparu nĂ©cessaire de repenser les missions de l’enseignement agricole l’acquisition et la diffusion de connaissances et la contribution de l’outil de formation et de recherche aux politiques publiques. De nouvelles missions ont Ă©tĂ© dĂ©finies pour cet enseignement et l’accent est mis sur sa contribution Ă  l’éducation au dĂ©veloppement durable, Ă  l’attractivitĂ© du territoire national, sans oublier la promotion de la diversitĂ© des recrutements, ainsi que l’insertion sociale et professionnelle des Ă©tudiants. La dimension internationale, qui Ă©tait ignorĂ©e, a Ă©tĂ© pleinement reconnue par le lĂ©gislateur. MalgrĂ© les qualitĂ©s actuelles de l’enseignement agricole – taux de rĂ©ussite aux diplĂŽmes, taux d’insertion professionnelle – cette filiĂšre est trop souvent mĂ©connue, et l’enseignement agricole est le parent pauvre du systĂšme scolaire. Il faut donc veiller Ă  ce que la procĂ©dure d’orientation scolaire soit revue et amĂ©liorĂ©e. Les projets d’établissement devront ĂȘtre Ă©laborĂ©s en liaison avec les missions de l’enseignement agricole. La performance doit ĂȘtre entendue au sens large Ă©conomique, sociale, Ă©cologique et sanitaire. La loi met l’accent sur quatre prioritĂ©s – l’agro-Ă©cologie au niveau central, rĂ©gional et local, ce qui traduit en outre l’attention qui doit ĂȘtre portĂ©e aux territoires ; – l’innovation pĂ©dagogique ; – l’objectif de promotion sociale, qui est historiquement un point fort de l’enseignement agricole ; – la synergie entre l’enseignement supĂ©rieur et la crĂ©ation de l’Institut agronomique, vĂ©tĂ©rinaire et forestier de France IAVFF. B. DESCRIPTIF DES ARTICLES L’article 60, trĂšs dense, contient de nombreuses dispositions – les Ă©tablissements ou organismes d’enseignement assurent l’acquisition et la diffusion de connaissances et de compĂ©tences permettant de rĂ©pondre aux enjeux de performance, Ă©conomique, sociale, environnementale et sanitaire, notamment par l’agro-Ă©cologie et par le modĂšle coopĂ©ratif et d’économie sociale et solidaire. Ils participent aux politiques d’éducation et de recherche. Ils Ă©laborent et mettent en Ɠuvre des projets communs ; – un mĂ©diateur de l’enseignement agricole technique et supĂ©rieur est instituĂ© ; – l’enseignement et la formation professionnelle publics doivent assurer la promotion de la diversitĂ© des systĂšmes de production agricole ; – l’acquisition des diplĂŽmes peut ĂȘtre progressive et prendre la forme d’unitĂ©s capitalisables ; une attestation valide les acquis de ceux ont suivi la formation correspondante ; – l’orientation des Ă©lĂšves fait l’objet d’un plan d’action au sein du projet d’établissement ; – il est instituĂ© un comitĂ© national d’expertise de l’innovation pĂ©dagogique, chargĂ© d’accompagner innovations pĂ©dagogiques et expĂ©rimentations ; – le montant des droits de scolaritĂ© et les conditions d’attribution d’aides Ă  la mobilitĂ© internationale accordĂ©es aux Ă©lĂšves seront prĂ©cisĂ©s par arrĂȘtĂ©s. Un pourcentage minimal d’élĂšves titulaires d’un baccalaurĂ©at professionnel agricole pourra accĂ©der aux prĂ©parations au brevet de technicien supĂ©rieur BTS agricole ; – tout Ă©tablissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricole regroupe un ou plusieurs ateliers technologiques ou exploitations agricoles. Des agents contractuels recrutĂ©s dans les centres de formation professionnelle peuvent ĂȘtre recrutĂ©s sur des emplois ouverts par le conseil d’administration de l’établissement ; – chaque Ă©tablissement public Ă©tablit un projet d’établissement, dans le respect des orientations des politiques publiques ; – les Ă©tablissements publics peuvent s’associer en un groupement d’établissements ; – le parallĂ©lisme entre enseignement public et privĂ© est affirmĂ© l’enseignement et la formation professionnelle privĂ©s sous contrat contribuent Ă©galement Ă  la promotion de la diversitĂ© des systĂšmes de production agricole ; l’organisation des diplĂŽmes est la mĂȘme, etc. Chaque Ă©tablissement privĂ© Ă©tablit un projet d’établissement Ă©tabli dans le respect des orientations des politiques publiques pour l’agriculture ; – un comitĂ© consultatif ministĂ©riel compĂ©tent Ă  propos des personnels enseignants et de documentation est chargĂ© des effectifs, emplois et compĂ©tences ainsi que des statuts. Il comprend des reprĂ©sentants de l’administration et des reprĂ©sentants des personnels ; – le schĂ©ma prĂ©visionnel des formations d’enseignement agricole est Ă©tabli en respectant le projet stratĂ©gique national, arrĂȘtĂ© Ă©galement pour une pĂ©riode de 5 ans aprĂšs concertation ; – dans les zones de montagne, les Ă©tablissements d’enseignement doivent proposer une offre suffisamment diversifiĂ©e de formations bi-qualifiantes ; – les Ă©tablissements d’enseignement agricole bĂ©nĂ©ficient des dispositions spĂ©ciales applicables aux calamitĂ©s publiques ; – les chefs d’exploitation et d’entreprises agricoles bĂ©nĂ©ficient de la formation continue. Les centres de formation continue et de promotion agricoles publics et les centres privĂ©s contribuent Ă  la formation continue Ă  l’agro-Ă©cologie. L’article 61 prĂ©voit la remise par le Gouvernement au Parlement, avant le 31 dĂ©cembre 2015, d’un rapport Ă©tudiant l’harmonisation des statuts des personnels des Ă©tablissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricole avec ceux des corps homologues de l’enseignement gĂ©nĂ©ral, technologique et professionnel. L’article 62 prĂ©voit la remise par le Gouvernement au Parlement, avant le 31 dĂ©cembre 2014, d’un rapport sur le dĂ©veloppement des formations bi-qualifiantes. L’article 63 dispose que l’enseignement et la formation professionnelle publics aux mĂ©tiers de l’agriculture, de la forĂȘt, de la nature et des territoires participent au service public du numĂ©rique Ă©ducatif et de l’enseignement Ă  distance. L’article 64 – Ă©numĂšre les missions de l’enseignement supĂ©rieur agricole public ; – crĂ©e des conditions particuliĂšres d’accĂšs aux formations d’ingĂ©nieur au sein des Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieurs publics, pour des Ă©lĂšves titulaires d’un baccalaurĂ©at professionnel agricole ayant suivi une classe prĂ©paratoire professionnelle. En cas d’échec, les Ă©lĂšves peuvent valider leurs acquis en vue de l’obtention d’un diplĂŽme de l’enseignement supĂ©rieur court ou d’une autre certification ; – prĂ©voit, au sein des Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur agricole la mise en place de dispositifs d’accompagnement pĂ©dagogiques pour les Ă©tudiants en difficultĂ© ; – crĂ©e l’Institut agronomique, vĂ©tĂ©rinaire et forestier de France, prĂ©cise les modalitĂ©s de sa gouvernance et prĂ©cise ses missions ; – traite de l’établissement de l’enseignement supĂ©rieur agricole public chargĂ© de la formation des personnels enseignants et de son accrĂ©ditation par les ministĂšres chargĂ©s de l’agriculture et de l’enseignement supĂ©rieur. L’article 65 traite de l’élection des reprĂ©sentants des enseignants-chercheurs, des autres personnels et des usagers. II. APPLICATION DE LA LOI LISTE DES DÉCRETS PUBLIÉS Article Base lĂ©gale Titre du dĂ©cret publiĂ© Objet Article 60, I, 2° Article L. 810-2 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-457 du 21 avril 2015 relatif au mĂ©diateur de l’enseignement agricole technique et supĂ©rieur Conditions d’intervention du mĂ©diateur de l’enseignement agricole technique et supĂ©rieur Article 60, I, 8°, a Article L. 811-8 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-1375 du 28 octobre 2015 relatif aux dispositions gĂ©nĂ©rales applicables aux agents contractuels de droit public des Ă©tablissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricole et des Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur agricole RĂšgles communes aux contractuels Ă  temps supĂ©rieur Ă  70% dans les Ă©tablissements d’enseignement agricole Article 60, I, 8°, a Article L. 811-8 du code rural et de la pĂȘche maritime RĂšgles communes aux contractuels Ă  temps supĂ©rieur Ă  70% dans les Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur agricole Article 60, I, 4° Article L. 811-2 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-1519 du 23 novembre 2015 relatif Ă  l’acquisition progressive du certificat d’aptitude professionnelle agricole ModalitĂ©s d’acquisition progressive des diplĂŽmes et de dĂ©livrance d’une attestation validant les acquis enseignement public. Article 60, I, 11°, a Article L. 813-2 du code rural et de la pĂȘche maritime ModalitĂ©s d’acquisition progressive des diplĂŽmes et de dĂ©livrance d’une attestation validant les acquis enseignement privĂ©. Article 60, I, 9° Article L. 811-12 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-730 du 24 juin 2015 relatif aux groupements d’établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricoles constituĂ©s en application de l’article L. 811-12 du code rural et de la pĂȘche maritime Conditions dans lesquelles les Ă©tablissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricoles peuvent s’associer en un groupement d’établissements Article 60, I, 12° Article L. 813-8-1 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2014-1218 du 21 octobre 2014 relatif au comitĂ© consultatif ministĂ©riel des personnels enseignants et de documentation mentionnĂ©s Ă  l’article L. 813-8 du code rural et de la pĂȘche maritime, instituĂ© auprĂšs du ministre chargĂ© de l’agriculture ModalitĂ©s relatives au comitĂ© consultatif ministĂ©riel compĂ©tent Ă  l’égard des personnels enseignants et de documentation Article 60, I, 12° Article L. 813-8-2 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2014-1219 du 21 octobre 2014 relatif Ă  la commission consultative mixte des personnels enseignants et de documentation mentionnĂ©s Ă  l’article L. 813-8 du code rural et de la pĂȘche maritime et modifiant le dĂ©cret n° 89-406 du 20 juin 1989 Élection des reprĂ©sentants des personnels enseignants et de documentation siĂ©geant Ă  la commission consultative mixte, instituĂ©e auprĂšs du ministre chargĂ© de l’agriculture Article 64, 5° Article L. 812-9 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-365 du 30 mars 2015 relatif Ă  l’organisation et au fonctionnement de l’Institut agronomique, vĂ©tĂ©rinaire et forestier de France Organisation et fonctionnement de l’IAVFF, compĂ©tences que celui-ci peut exercer par dĂ©lĂ©gation de ses membres LISTE DES MESURES EN ATTENTE DE DÉCRET Article de la loi Base lĂ©gale Objet du dĂ©cret Explication avancĂ©e par le cabinet du ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt Article 60, I, 4° Article L811-2, code rural et de la pĂȘche maritime ModalitĂ©s d’acquisition progressive des diplĂŽmes et de dĂ©livrance d'une attestation validant les acquis enseignement public. DĂ©crets distincts en fonction des diplĂŽmes concernĂ©s CAPA dĂ©cret du 23 novembre 2015 / BAC pro dĂ©cret signĂ© Article 60, I, 11°, a Article L813-2, code rural et de la pĂȘche maritime ModalitĂ©s d’acquisition progressive des diplĂŽmes et de dĂ©livrance d'une attestation validant les acquis enseignement privĂ©. DĂ©crets distincts en fonction des diplĂŽmes concernĂ©s CAPA dĂ©cret du 23 novembre 2015 / BAC pro dĂ©cret signĂ© RAPPORTS DÉPÔSÉS EN APPLICATION DE LA LOI 31/12/2015 Rapport qui Ă©tudie les conditions dans lesquelles les statuts des personnels des Ă©tablissements mentionnĂ©s Ă  l’article L. 811-8 du code rural et de la pĂȘche maritime sont harmonisĂ©s article 61 31/12/2014 Rapport qui Ă©tudie les modalitĂ©s de dĂ©veloppement des formations bi-qualifiantes dans l’enseignement agricole, notamment en zones de montagne article 62 A. LE PROJET STRATÉGIQUE POUR L’ENSEIGNEMENT AGRICOLE Dans son article 60, la loi a prĂ©vu la rĂ©daction d’un projet stratĂ©gique national pour l’enseignement agricole, d’une durĂ©e de 5 ans, qui constitue l’un des fondements du schĂ©ma prĂ©visionnel national des formations agricoles. Le premier projet stratĂ©gique a Ă©tĂ© adoptĂ© en dĂ©cembre 2014. Il rappelle les spĂ©cificitĂ©s de l’enseignement agricole, qui lui confĂšrent des atouts reconnus sur lesquels il peut s’appuyer, Ă  savoir sa diversitĂ©, son autonomie et la petite taille de la plupart des Ă©tablissements, ainsi que son ouverture sur les professions et les territoires, avec une forme de gouvernance efficace. Afin de fixer le cap, 11 prioritĂ©s sont dĂ©gagĂ©es – renforcer la promotion sociale et la rĂ©ussite scolaire ; favoriser l’accĂšs Ă  l’enseignement supĂ©rieur ; – conforter les filiĂšres de l’apprentissage et de la formation professionnelle tout au long de la vie ; – poursuivre la rĂ©novation des diplĂŽmes ; – relancer la pĂ©dagogie et les innovations, dĂ©velopper l’utilisation du numĂ©rique Ă©ducatif ; – enseigner Ă  produire autrement et renforcer la place des exploitations agricoles des Ă©tablissements ; – poursuivre l’ancrage territorial des Ă©tablissements et les liens avec leurs partenaires, pour notamment, adapter au contexte local les dĂ©marches de formation au produire autrement » ; – renforcer l’ouverture internationale ; – dĂ©velopper les actions Ă©ducatives, l’apprentissage du vivre ensemble et l’éducation Ă  la citoyennetĂ© ; – dĂ©velopper la formation initiale et continue de la communautĂ© Ă©ducative ; – appuyer les Ă©tablissements d’enseignement dans leurs projets, en repensant notamment un systĂšme national d’appui SNA Ă  l’enseignement technique agricole ; – mettre en Ɠuvre ces prioritĂ©s Ă  travers un dialogue social renforcĂ©. Le 6e schĂ©ma prĂ©visionnel national des formations SPNF pour 2016-2020 – Ă©tabli en respectant le projet stratĂ©gique – a Ă©tĂ© approuvĂ© par le Conseil national de l’enseignement agricole CNEA du 13 septembre 2016 et doit ĂȘtre arrĂȘtĂ© par le ministre. B. L’ENSEIGNEMENT ET LE PROJET AGRO-ÉCOLOGIQUE Un plan spĂ©cial a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© avant mĂȘme le vote de la loi pour enseigner Ă  produire autrement. Le projet agro-Ă©cologique pour la France agricultures, produisons autrement », lancĂ© le 18 dĂ©cembre 2012, engage l’agriculture sur la voie de la triple performance sociale, Ă©conomique et Ă©cologique, afin de faire de l’environnement un atout de sa compĂ©titivitĂ©. Le schĂ©ma stratĂ©gique insiste sur la nĂ©cessitĂ© de remettre l’agronomie au poste de commande, de pratiquer la pluridisciplinaritĂ© et une approche globale Ă©largie aux prĂ©occupations sociales et environnementales, de tirer parti de la diversitĂ© des situations gĂ©ographiques et des modes de production, de prĂ©parer Ă  la maĂźtrise de l’incertitude
ainsi, les Ă©volutions Ă  venir des rĂ©fĂ©rentiels de diplĂŽme, quel que soit leur niveau, dans le champ de l’agronomie, devront identifier un corps de savoirs robustes » destinĂ©s Ă  toutes les formations, pour pouvoir les appliquer avec intelligence aux situations concrĂštes
 ». Produire autrement suppose la mutualisation des savoirs et des expĂ©riences ». La responsabilitĂ© de l’administration centrale a Ă©tĂ© d’ajuster les programmes pour poursuivre leur adaptation aux Ă©volutions de l’agriculture et de l’agro-Ă©cologie, dĂšs la rentrĂ©e 2014. Plusieurs rĂ©fĂ©rentiels ont Ă©tĂ© modifiĂ©s pour les adapter aux Ă©volutions de l’agriculture et de l’agro-Ă©cologie ceux du BTS, du CAP, du baccalaurĂ©at professionnel agricole, Ă  la fois pour la filiĂšre scolaire et l’apprentissage Les Ă©tudiants en BTS doivent ĂȘtre formĂ©s Ă  tenir compte de l’environnement de la parcelle et Ă  porter un jugement sur l’optimisation de la production. Cet objectif est propre aux BTS car la formation supĂ©rieure doit ĂȘtre adaptĂ©e Ă  la prise en compte des incertitudes. La rĂ©vision du BTS devait ĂȘtre entreprise dĂšs 2012, mais a Ă©tĂ© dĂ©calĂ©e en raison de la rĂ©forme de la Politique agricole commune. Une Ă©volution sĂ©mantique s’est produite de produire autrement », on passe Ă  une approche agro-Ă©cologique. Les Ă©lĂšves du certificat d’aptitude professionnelle CAP sont de futurs ouvriers qui ne seront pas amenĂ©s Ă  prendre de dĂ©cisions ils doivent se focaliser sur l’analyse de la parcelle pour faire part des problĂšmes au chef d’exploitation ; ils ont un rĂŽle de description et non de gestion. Vos rapporteurs ont soulignĂ©, Ă  propos du rĂ©fĂ©rentiel du CAP prĂ©voyant la collecte par les Ă©lĂšves d’informations pour le chef de culture, que, dĂ©sormais, cette collecte pouvait ĂȘtre rĂ©alisĂ©e par d’autres moyens, tels que les drones, les robots, etc
 et se sont demandĂ© si ces techniques Ă©taient incluses dans la formation. La direction gĂ©nĂ©rale de l’enseignement et de la recherche DGER du ministĂšre, lors de son audition, a fait valoir qu’il existait un lien entre la mission Agriculture-Innovation 2025 et l’agriculture numĂ©rique la mission prĂ©voit en effet l’organisation au niveau français de la collecte des donnĂ©es pour que la profession se les rĂ©approprie ; elle a Ă©galement pour objectifs la crĂ©ation de startups. Quant Ă  la formation d’ingĂ©nieur, elle porte sur les big data et actualise un systĂšme plus classique. Toutefois, tous ces outils, pour utiles qu’ils soient, ne remplacent pas le tour de plaine ». La coexistence des deux types d’observations concerne davantage les Ă©tudiants du BTS. Pour la santĂ© des animaux, l’approche technologique est moins pertinente. L’observation humaine est indispensable dans un systĂšme agro-Ă©cologique, on pratique davantage le sur-mesure, l’observation de l’environnement est plus importante. Si l’agriculteur achĂšte Ă  une entreprise des donnĂ©es sur sa parcelle, il ne connaĂźtra rien sur la parcelle voisine. Pour les Ă©lĂšves du baccalaurĂ©at professionnel, il s’agit de regrouper l’approche animale et vĂ©gĂ©tale, alors qu’auparavant, les deux approches Ă©taient sĂ©parĂ©es ; la gestion de la matiĂšre organique sera ainsi mieux apprĂ©hendĂ©e de maniĂšre globale. L’objectif est de ne pas proposer de solutions toutes faites. Le ministĂšre a consultĂ© les professions, les enseignants pour mener une rĂ©novation en profondeur. Le comitĂ© de l’innovation rĂ©cemment crĂ©e voir ci-dessous a examinĂ© les projets de rĂ©fĂ©rentiels du ministĂšre. Dans le cadre du CASDAR 16, il a Ă©tĂ© lancĂ© un appel Ă  projet ciblĂ© agro-Ă©cologique. Tous les ans depuis trois ans, une quinzaine de projets ont Ă©tĂ© ainsi financĂ©s les lycĂ©es concernĂ©s ont un rĂŽle d’expĂ©rimentation important. Les Ă©tablissements doivent valoriser le rĂŽle des exploitations qui leur sont atachĂ©es. Il faut, en premier lieu, que ce rĂŽle soit en phase avec l’orientation agro-Ă©cologique de la loi. Les exploitations sont le lieu pour actualiser les connaissances et pour expĂ©rimenter. On recrĂ©e un lien entre les cours en salle et les exploitations. L’accent est mis Ă©galement sur la formation des directeurs des lycĂ©es et des exploitants y compris en formation initiale afin que les fondamentaux de l’agro-Ă©cologie progressent. La mise en Ɠuvre du concept produire autrement » impose une formation complĂ©mentaire et une qualification spĂ©cifique des personnels de la communautĂ© Ă©ducative des Ă©tablissements d’enseignement agricoles. Mais, comme le souligne le projet stratĂ©gique national, cette qualification spĂ©cifique n’exclut pas l’organisation de concours de recrutement commun avec le ministĂšre de l’éducation nationale dans les disciplines gĂ©nĂ©rales. La DGER du ministĂšre de l’agriculture estime que toutes les parties prenantes ont adhĂ©rĂ© Ă  l’agro-Ă©cologie le terrain, les syndicats d’enseignants, la FNSEA, soulignant qu’elle n’avait pas constatĂ© de combat d’arriĂšre-garde. Le message du ministĂšre portait autrefois sur l’économie de moyens ; or, c’est plus motivant d’avoir un autre message, plus positif. C. L’ACQUISITION DES DIPLÔMES ET LA PROMOTION SOCIALE L’aide Ă  la promotion sociale s’effectue par l’octroi de bourses on compte plus de 30 % de boursiers dans le secondaire plus dans le privĂ© que le public et 50 % pour les BTS plus dans le public que dans le privĂ©. Les articles 60 et 64 de la loi prĂ©voient la possibilitĂ© d’acquisition progressive des diplĂŽmes, facteur de promotion sociale. Plusieurs diplĂŽmes de l’enseignement agricole brevet professionnel, certificats de spĂ©cialisation, certificat d’aptitude professionnelle Ă©taient dĂ©jĂ  accessibles par la voie de la formation continue en unitĂ©s capitalisables. L’obtention d’une unitĂ© capitalisable donne lieu Ă  une attestation valable 5 ans. Le principal objectif de la loi a Ă©tĂ© d’étendre cette possibilitĂ© d’acquisition progressive Ă  la voie scolaire. Cette extension a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par deux dĂ©crets – le dĂ©cret n° 2015-1519 du 23 novembre 2015 relatif Ă  l’acquisition progressive du certificat d’aptitude professionnelle agricole prĂ©voit que les candidats ajournĂ©s Ă  l’examen du CAP agricole, en voie scolaire ou apprentissage, peuvent choisir de reprĂ©senter l’examen en Ă©talant les Ă©preuves sur une pĂ©riode de 5 ans. Ils peuvent obtenir une attestation des capacitĂ©s acquises correspondant aux Ă©preuves ; – le dĂ©cret n° 2016-782 du 10 juin 2016 relatif Ă  l’acquisition progressive du baccalaurĂ©at professionnel pour les spĂ©cialitĂ©s agricoles prĂ©voit que les candidats ajournĂ©s, en voie scolaire, peuvent Ă©galement prĂ©senter les unitĂ©s non acquises sur une pĂ©riode de 5 ans. Une disposition du code de l’éducation prĂ©voyait dĂ©jĂ  la possibilitĂ© d’émettre des attestations de rĂ©ussite des unitĂ©s acquises art D. 337-69 du code de l’éducation. Un programme ambitieux a Ă©tĂ© mis en Ɠuvre pour faciliter l’accĂšs des Ă©lĂšves ayant un baccalaurĂ©at professionnel aux Ă©coles d’ingĂ©nieurs. Un filet de rattrapage a Ă©tĂ© prĂ©vu en cas d’échec, ils seront titulaires du BTS. Il s’agit d’un systĂšme expĂ©rimental pour lequel deux classes ont Ă©tĂ© constituĂ©es ; des Ă©lĂšves ayant ce type de baccalaurĂ©at sont recrutĂ©s, ils reçoivent une formation de BTS et une formation spĂ©ciale et ils bĂ©nĂ©ficient Ă©galement d’un accompagnement avec des professeurs dĂ©diĂ©s et d’heures de soutien. Le programme commence Ă  fonctionner les rĂ©sultats en seront connus dans trois ans. Il s’agit donc d’un test, pour un systĂšme qui n’est pas simple et ne permettra pas de travailler sur une population nombreuse. Mais il faut remĂ©dier Ă  la situation actuelle, oĂč le discours porte sur la valorisation du baccalaurĂ©at professionnel, alors que les statistiques montrent que la moitiĂ© d’entre eux Ă©chouent. Pour accĂ©der aux Ă©tudes d’ingĂ©nieurs, plusieurs voies sont possibles les classes prĂ©paratoires traditionnelles, les classes prĂ©paratoires de la voie technologique, les classes prĂ©paratoires aprĂšs un BTS ou un DUT, et la licence professionnelle. En outre, dans toutes les Ă©coles d’ingĂ©nieurs, il existe une voie d’apprentissage, ce qui permet une vraie ouverture sociale, touchant un plus grand nombre. Cependant, des progrĂšs restent Ă  accomplir le recrutement des Ă©tudiants possĂ©dant un BTS dans les Ă©coles d’ingĂ©nieurs ne concerne pas un grand nombre de personnes. Une autre action porte plus spĂ©cifiquement sur le baccalaurĂ©at technologique le ministĂšre a menĂ© une analyse sur les Ă©preuves discriminantes, en tĂȘte desquelles vient l’anglais, et a rĂ©duit d’un jour les oraux afin de rĂ©duire les obstacles. Le schĂ©ma stratĂ©gique prĂ©voit d’autres actions. Il se propose de construire un CAPA qui favorisera une bonne insertion scolaire et professionnelle et ouvrira la possibilitĂ© de poursuivre des Ă©tudes, de renforcer les passerelles entre les diffĂ©rentes voies de formation et de diffĂ©rencier les parcours pour l’accĂšs au baccalaurĂ©at. Il a pour objectif Ă©galement d’instaurer des dispositifs d’accompagnement des titulaires de baccalaurĂ©ats professionnels pour les conduire Ă  la rĂ©ussite en BTSA. Il faudra en outre faire Ă©voluer le dispositif des BTSA sur la base du bilan de l’expĂ©rimentation et conforter les licences professionnelles pour renforcer la prĂ©sence de l’enseignement agricole dans le dispositif europĂ©en LMD. D. L’INNOVATION PÉDAGOGIQUE Historiquement, l’enseignement agricole avait une tradition d’innovation, qu’il faut relancer ; il faut en particulier animer les rĂ©seaux. Il est instituĂ© un ComitĂ© national d’expertise de l’innovation pĂ©dagogique, chargĂ© d’accompagner innovations pĂ©dagogiques et expĂ©rimentations. ComitĂ© national d’expertise de l’innovation pĂ©dagogique Le ComitĂ© national d’expertise de l’innovation pĂ©dagogique, mis en place en septembre 2014, est chargĂ© d’appuyer les Ă©tablissements d’enseignement agricole dans leurs efforts d’innovation. Les membres proviennent d’horizons trĂšs divers. Il comporte en majoritĂ© des reprĂ©sentants de l’éducation nationale mais aussi de l’enseignement agricole. Le prĂ©sident en est un professeur d’universitĂ©. La relance de la dynamique d’innovation pĂ©dagogique figure en effet parmi les 11 prioritĂ©s du projet stratĂ©gique de l’enseignement agricole. Le groupe d’experts a pour objectif de repĂ©rer les actions innovantes dans l’enseignement agricole, de les analyser et les expertiser, puis de proposer Ă  l’administration des modalitĂ©s de valorisation et de gĂ©nĂ©ralisation. Le travail du comitĂ© comporte trois volets – aider Ă  dĂ©finir la politique d’appui pour l’innovation dans l’enseignement agricole ; – encourager l’innovation pĂ©dagogique dans le cadre des rĂ©formes en cours, conforter ceux qui ont entrepris cette dĂ©marche ; – accompagner et Ă©tudier des actions innovantes. Le comitĂ© se rĂ©unit tous les 4 mois et effectue des visites dans les Ă©tablissements publics et privĂ©s. Source ChloroFil Le schĂ©ma stratĂ©gique propose cinq actions pour relancer l’innovation – mettre en place un dispositif national de pilotage, d’accompagnement et d’évaluation pĂ©dagogique, pour toutes les voies de formation ; – construire un systĂšme d’échange, de mutualisation et de valorisation des innovations locales ; – mobiliser l’enseignement supĂ©rieur agricole au service de l’enseignement technique dans le domaine de l’innovation pĂ©dagogique et du transfert des savoirs ; – dĂ©velopper l’ingĂ©nierie de formation dans les Ă©tablissements publics pour renforcer le pilotage pĂ©dagogique ; – conforter l’autonomie pĂ©dagogique et Ă©ducative des Ă©tablissements, dans le cadre de projets d’établissement adaptĂ©s aux contextes et besoins locaux. Le schĂ©ma stratĂ©gique met Ă©galement l’accent sur le dĂ©veloppement du numĂ©rique, vecteur important d’appui Ă  la pĂ©dagogie diffĂ©renciĂ©e et la pluridisciplinaritĂ©. Plus gĂ©nĂ©ralement, parmi les objectifs du projet stratĂ©gique national, figurent la relance de la rĂ©flexion sur les modalitĂ©s d’évaluation, la poursuite de l’adaptation des rĂ©fĂ©rentiels aux Ă©volutions de l’agriculture et de l’agro-Ă©cologie, ainsi que la rĂ©flexion avec les milieux professionnels sur l’opportunitĂ© de crĂ©er de nouvelles formations en lien avec le dĂ©veloppement durable et les bioĂ©nergies. Au printemps 2015, un sĂ©minaire a portĂ© sur la valorisation de l’innovation ; il en est rĂ©sultĂ© une note de service interne visant Ă  dĂ©complexer les Ă©quipes et incitant les Ă©tablissements Ă  prendre des initiatives. Le ministĂšre a demandĂ© une Ă©valuation des mesures adoptĂ©es. D’autres journĂ©es se sont tenues Ă  l’échelon rĂ©gional. L’innovation concerne les diplĂŽmes ; en effet, en cas d’échec au baccalaurĂ©at, soit l’élĂšve redouble, soit il repasse certaines disciplines dans les annĂ©es suivantes, ce qui suppose prĂ©voir une organisation importante. Deux dĂ©crets sont parus l’un sur le CAP, l’autre sur le Bac. La semestrialisation » a Ă©tĂ© introduite dans les enseignements du BTS dans le cadre du systĂšme LMD il faudra d’abord tirer les conclusions de sa mise en Ɠuvre. Par ailleurs, l’innovation doit veiller Ă  ĂȘtre en phase avec la production locale pour ĂȘtre crĂ©dible or certaines exploitations fonctionnent toujours sur le mode de la production intensive. Actuellement, 68 % des exploitations consacrent une partie de leur surface Ă  l’agriculture biologique, soit 18 % le double de la moyenne nationale, ce qui signifie, comme le soulignent vos rapporteurs, que 30 % d’entre elles n’ont aucune surface en culture biologique, et qu’il faut progresser. Les lycĂ©es d’ailleurs le souhaitent ; toutefois, il faut former les jeunes Ă  tous les types d’agriculture, biologique on non. Chaque lycĂ©e a dĂ©fini ses objectifs en termes d’agro-Ă©cologie, le suivi en a Ă©tĂ© effectuĂ© par les DRAF et la DGER. Les exploitations agricoles et les ateliers technologiques des Ă©tablissements, Ă  vocation pĂ©dagogique, constituent un levier majeur de l’apprentissage du produire autrement ». L’innovation est une dynamique forte, qui a touchĂ© les acteurs, les enseignants et les directeurs d’exploitation. Le ministĂšre va en prĂ©parer le bilan Ă  mi-parcours. Coop de France a apprĂ©ciĂ© que les coopĂ©ratives entrent dans le champ de cet article, mais a fait remarquer que cela ne se traduisait pas encore dans les faits. Par exemple, dans d’autres pays, le principe de coopĂ©ration est enseignĂ© dans les Ă©coles. L’APCA a indiquĂ© aux rapporteurs qu’elle avait entendait dĂ©velopper l’innovation les chambres disposent de fermes, de stations expĂ©rimentales, qui souffrent d’un manque de financement, mĂȘme si elles bĂ©nĂ©ficient de fonds CASDAR. L’APCA propose donc l’établissement d’un crĂ©dit d’impĂŽt recherche et l’éligibilitĂ© de ces stations au CICE. E. LE MÉDIATEUR DE L’ENSEIGNEMENT AGRICOLE La loi d’avenir a instituĂ© un mĂ©diateur de l’enseignement agricole technique et supĂ©rieur. De façon gĂ©nĂ©rale, la mission de ce mĂ©diateur est de favoriser le dialogue entre les agents, les usagers apprenants et/ou parents et l’administration de l’enseignement agricole et d’amĂ©liorer le fonctionnement du service public de l’enseignement agricole. Le dĂ©cret n° 2015-457 du 21 avril 2015 prĂ©cise les missions et le mode de travail du mĂ©diateur, avec les principales caractĂ©ristiques – il conserve la continuitĂ© de la fonction du mĂ©diateur de l’enseignement agricole qui Ă©tait, avant l’intervention du lĂ©gislateur, rĂ©gie par la note de service du 25 octobre 2000 ; – ses dispositions reprennent celles du dĂ©cret n° 98-1082 du 1er dĂ©cembre 1998 instituant des mĂ©diateurs de l’éducation nationale ; – de façon complĂ©mentaire, il permet au mĂ©diateur de l’enseignement agricole technique et supĂ©rieur d’intervenir Ă  titre prĂ©ventif. Ce texte a Ă©galement reçu l’avis favorable du Conseil national de l’enseignement agricole, du Conseil national de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche agricole, agroalimentaire et vĂ©tĂ©rinaire et du comitĂ© technique national de l’enseignement agricole public. Sur les bases de ce dĂ©cret, un appel Ă  candidatures a Ă©tĂ© publiĂ© fin 2015, et deux agents recrutĂ©s, l’un pour un poste de mĂ©diateur, placĂ© sous l’autoritĂ© de la DGER, et l’autre pour un poste de mĂ©diateur adjoint. Le mĂ©diateur et son adjoint ont pris leurs fonctions au 1er septembre 2016. Depuis le 1er septembre 2016, les mĂ©diateurs ont traitĂ© les dossiers existants avant le 1er septembre et ceux qui s’y sont rajoutĂ©s, soit au total – 9 demandes en provenance du personnel d’établissements d’enseignement agricole, dont 5 traitĂ©es ; – 13 saisines d’élĂšves, dont 12 rĂ©glĂ©es ; – 11 recours co-traitĂ©s avec le DĂ©fenseur des droits, dont 3 rĂ©solus. À la demande de la DGER, trois interventions sont sollicitĂ©es dans des Ă©tablissements d’enseignement agricole EPLEFPA d’Antibes, l’ENSFEA de Toulouse, VĂ©tagrosup Lyon. Une demande d’adhĂ©sion au Club des mĂ©diateurs de services au public est en cours. Deux entretiens ont eu lieu avec le mĂ©diateur de l’éducation nationale et de l’enseignement supĂ©rieur et ses services, une rencontre s’est Ă©galement tenue avec le mĂ©diateur de la police nationale. Enfin une premiĂšre prise de contact a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e avec le DĂ©fenseur des droits. F. L’INSTITUT AGRONOMIQUE, VÉTÉRINAIRE ET FORESTIER DE FRANCE 1. Un nouvel Ă©tablissement La loi d’avenir a créé l’Institut agronomique, vĂ©tĂ©rinaire et forestier de France, Ă©tablissement public de coopĂ©ration Ă  caractĂšre administratif. PlacĂ© sous la tutelle conjointe des ministres chargĂ©s de l’agriculture et de l’enseignement supĂ©rieur, il a pour mission l’élaboration et la mise en Ɠuvre de stratĂ©gies de recherche et de formation communes aux Ă©tablissements aux niveaux national, europĂ©en et international. Il est dirigĂ© par un directeur et administrĂ© par un conseil d’administration qui fixe les orientations gĂ©nĂ©rales. Celui-ci est assistĂ© d’un conseil d’orientation stratĂ©gique, Ă  vocation prospective, constituĂ© de personnalitĂ©s extĂ©rieures et d’un conseil des membres. Agreenium existait avant la loi d’avenir. Agreenium et l’IAVFF sont le mĂȘme Ă©tablissement, le deuxiĂšme ayant absorbĂ© le premier. Mais c’est le nom d’Agreenium qui a Ă©tĂ© conservĂ© pour capitaliser son dĂ©but de notoriĂ©tĂ© internationale. L’objectif principal de l’établissement est la prĂ©sence française sur la scĂšne internationale. Le dispositif français d’enseignement supĂ©rieur a perdu de son influence, peut ĂȘtre en raison de la langue, d’un repli sur soi-mĂȘme, ce qui n’est pas normal Ă©tant donnĂ© ses compĂ©tences, et parce que, comme l’a soulignĂ© Mme Marion Guillou, prĂ©sidente d’Agreenium, nous ne savons pas chasser en meute et nous prĂ©senter Ă  l’extĂ©rieur. L’important est d’ĂȘtre comprĂ©hensible ». Il fallait accroĂźtre la lisibilitĂ©, la visibilitĂ©, l’attractivitĂ©, l’efficacitĂ© et le rayonnement international du systĂšme français de recherche, de formation et d’innovation agronomique, vĂ©tĂ©rinaire et forestier. En plus de son rĂŽle essentiel Ă  l’international – comprendre et anticiper les Ă©volutions mondiales, participer aux grandes initiatives internationales en diffusant le modĂšle français, internationaliser le parcours des Ă©tudiants et enseignants, accompagner les acteurs dans le dĂ©veloppement de leurs activitĂ©s Ă  l’étranger, rĂ©pondre de maniĂšre coordonnĂ©e aux grands appels d’offres europĂ©ens, dĂ©velopper des partenariats internationaux par reprĂ©sentation ou dĂ©lĂ©gation des membres –, Agreenium vise d’autres objectifs. Il se propose de dĂ©velopper une offre globale et cohĂ©rente de formation fondĂ©e sur la rĂ©ponse aux besoins professionnels et sociĂ©taux, sur l’articulation entre enseignement technique et enseignement supĂ©rieur, entre formation initiale et continue tout au long de la vie professionnelle. Il doit veiller en outre au dĂ©veloppement d’une recherche appliquĂ©e, cognitive, systĂ©mique. Enfin, il doit inscrire formation et recherche dans une dynamique d’innovation en rĂ©ponse aux attentes de la sociĂ©tĂ©. Depuis le vote de la loi, l’action est plus facile, car les partenaires ont Ă©tĂ© regroupĂ©s, sans que les diffĂ©rentes Ă©coles et Ă©tablissements membres aient Ă©tĂ© dissous. Les membres sont au nombre de 18 ; actuellement, Agreenium refuse des candidats pour ĂȘtre plus efficace, mais l’accĂšs n’est pas pour autant impossible Ă  terme. Deux candidats peuvent dĂ©jĂ  participer Ă  ses travaux. Au Forum Campus France qui s’est tenu rĂ©cemment, Agreenium a Ă©tĂ© trĂšs courtisĂ©, car il a du sens. L’Institut peut ĂȘtre accrĂ©ditĂ© par les ministres chargĂ©s de l’agriculture et de l’enseignement supĂ©rieur pour dĂ©livrer des diplĂŽmes nationaux dans les domaines correspondant aux compĂ©tences spĂ©cifiques de ses membres. Il existait dĂ©jĂ  un Ă©tablissement avant la loi, le Consortium national pour l’agriculture, l’alimentation, la santĂ© animale et l’environnement, créé en 2009, constituĂ© sous la forme d’un Ă©tablissement public de coopĂ©ration scientifique EPCS, mais le regroupement de ses membres Ă©tait facultatif, alors que la loi d’avenir a rendu certaines adhĂ©sions obligatoires. La loi a prĂ©vu 3 types de membres – ceux qui n’ont pas le choix et sont sous la tutelle des ministĂšres de l’agriculture et de l’enseignement supĂ©rieur ; – ceux qui entrent sur simple demande et sont obligatoirement acceptĂ©s Ă©tablissements sous tutelle du ministĂšre de l’enseignement supĂ©rieur de la recherche l’universitĂ© de Lorraine, l’INP Toulouse, l’Anses, le CIRAD ; – pour les autres candidats publics ou privĂ©s, français ou Ă©trangers, la loi n’est pas explicite ; ils sont concurrents par exemple, LaSalle Beauvais-ESITPA qui ont fusionnĂ© pour crĂ©er UniLaSalle, l’École supĂ©rieure du bois de Nantes
. Les membres qui ne le sont pas Ă  part entiĂšre peuvent ĂȘtre associĂ©s, ou signer des conventions avec Agreenium. Les 18 membres de l’IAVFF – 14 Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur reprĂ©sentant 15 Ă©coles Ă©coles vĂ©tĂ©rinaires, Ă©coles d’agronomie, ENGEES, ENSP, ENSFEA et universitĂ©s UniversitĂ© de Lorraine au titre de l’ENSTIB et de l’ENSAIA, INP de Toulouse au titre de l’ENSAT ; – 4 organismes de recherche INRA,CIRAD, IRSTEA, ANSES. Au total, l’Institut est reprĂ©sentĂ© Ă  travers ses membres dans plus de 50 pays, il dispose de 10 reprĂ©sentants permanents Ă  l’étranger INRA et CIRAD. C’est une communautĂ© forte de ‱ 16 800 personnels dont 6 700 chercheurs, enseignants chercheurs et ingĂ©nieurs de recherche, ‱ 10 000 Ă©tudiants, ‱ 412 unitĂ©s de recherche qui accueillent 2 500 doctorants, ‱ 15 Ă©coles doctorales, ‱ 150 masters. Le premier conseil d’administration s’est tenu le 25 novembre 2015, le dispositif dĂ©finitif ayant Ă©tĂ© mis en place aprĂšs une pĂ©riode provisoire. Agreenium est sous la tutelle du ministĂšre de l’agriculture, mais quelques Ă©tablissements sont sous celle du ministĂšre de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche. Son budget pour 2016 s’élĂšve Ă  820 000 € hors projets financĂ©s par – 248 000 € de subvention de la direction gĂ©nĂ©rale de l’enseignement et de la recherche DGER, – 489 000 € de contributions des membres, – 84 000 € de compensation masse salariale par l’INRA. L’activitĂ© projets » a atteint 200 000 € en recettes et en dĂ©penses en 2015. Fin 2016, les effectifs d’agents permanents s’établissent Ă  19 ETP sans compter les 11 reprĂ©sentants de l’INRA et du CIRAD Ă  l’international qui y travaillent Ă  temps partiel – 25 % de leur temps environ. 2. Des expertises Ă  l’étranger En matiĂšre de projets Ă  l’international, l’établissement continue Ă  porter ceux qui ont Ă©tĂ© initiĂ©s par l’ancien Agreenium projet HaĂŻti, Niger, USSEIN SĂ©nĂ©gal, AskAsia, ADECEA, AsiFood. Le SĂ©nĂ©gal se propose de fonder une universitĂ© francophone agricole pour 30 000 Ă©tudiants. Il demande une expertise pour construire des cursus, avec 29 licences professionnelles et des recrutements sur toute la rĂ©gion d’Afrique de l’Ouest. Aucune des Ă©coles françaises n’aurait pu rĂ©pondre Ă  cette demande sĂ©parĂ©ment. 3. DĂ©veloppement d’une universitĂ© numĂ©rique en agro-bio-sciences Agreenium a constituĂ© un dĂ©but d’universitĂ© numĂ©rique, avec l’objectif d’ĂȘtre une des premiĂšres formations en ligne au monde dans ce domaine. Tous les membres sont intĂ©ressĂ©s, car ils en constatent la valeur ajoutĂ©e. Actuellement, le travail consiste Ă  accumuler les ressources documentaires, Ă  constituer un rĂ©seau dans toutes les Ă©coles. Ces enseignements pourront toucher mĂȘme un public de professionnels en activitĂ©. L’universitĂ© numĂ©rique permettra de massifier l’enseignement. L’enseignement numĂ©rique est un axe essentiel pour le positionnement d’Agreenium les membres gagnent Ă  se rassembler pour produire des ressources numĂ©riques et Ă  les valoriser Ă  travers une plateforme commune de dimension nationale. Concernant l’offre de formation numĂ©rique, Agreenium a dĂ©jĂ  engagĂ© diffĂ©rents projets de Massive Open Online Courses 17 MOOC, soit un objectif d’une douzaine Ă  l’échĂ©ance de la fin de 2017 ; la production de 14 modules correspond Ă  environ 500 heures de formation, avec un financement du deuxiĂšme programme d’investissements d’avenir PIA 2, s’inscrivant dans l’appel Ă  projets Initiatives d’excellence en formations innovantes numĂ©riques IDEFI-N » projet AgreenCamp. Agreenium a posĂ© sa candidature et a Ă©tĂ© retenu, ce qui lui a permis de disposer de 900 000 € Ă  verser aux membres. Agreenium a Ă©galement dĂ©posĂ© un dossier pour l’appel Ă  projets pour le dĂ©veloppement de l’universitĂ© numĂ©rique expĂ©rimentale. Les membres sont en attente d’une capacitĂ© d’expertise pĂ©dagogique et technique et de portage de projets par Agreenium. Celui-ci a ainsi rĂ©pondu Ă  l’appel Ă  projet DUNE DĂ©veloppement d’universitĂ©s numĂ©riques expĂ©rimentales » du PIA 2 lancĂ© fin 2016. Il est Ă©galement prĂ©vu un MOOC agro-Ă©cologique dispensĂ© par Montpellier Sup Agro Ă  l’instigation d’Agreenium, pendant 10 semaines. On compte 12 000 inscrits dans le monde, c’est un enseignement gratuit, mais la certification est payante. On constate Ă©videmment une perte 3 000 personnes suivent jusqu’à la fin et 1 000 obtiennent une certification, certains d’entre eux viendront probablement en France ensuite. L’effet vitrine devrait ĂȘtre considĂ©rable. La notion d’agro-Ă©cologie n’est pas encore universellement reconnue, donc Agreenium a un rĂŽle Ă  jouer. Une Ă©quipe pĂ©dagogique supervise les corrections des travaux des Ă©tudiants ; mĂȘme si certaines d’entre elles sont effectuĂ©es par un logiciel, il est prĂ©vu une prĂ©sence humaine. Les forums s’auto-administrent. L’équipe pĂ©dagogique apprend Ă©galement. Les cours sont en français, mais un dĂ©veloppement est prĂ©vu en anglais et en espagnol. Agreenium a un correspondant en Chine et des accords ont Ă©tĂ© prĂ©vus pour accueillir des Chinois. On constitue ainsi un campus Ă  l’international qui permet de recruter Ă©ventuellement ensuite dans une Ă©cole ayant une existence physique. Une approche de protection intellectuelle a Ă©tĂ© adoptĂ©e contre les copies ; mais la simple copie des formations proposĂ©es par Agreenium ne suffirait pas car pour apprendre il faut un face Ă  face et une pratique. C’est grĂące Ă  Agreenium que ce nouveau champ est possible Ă  chaque fois, ce sont des membres diffĂ©rents qui interviennent et croisent leurs compĂ©tences ; ce ne serait pas viable au niveau d’une seule Ă©cole. Le collectif comprend 6 700 enseignants chercheurs. L’ingĂ©nierie pĂ©dagogique vise Ă  apporter ce qui fait dĂ©faut aux membres. Les Ă©tablissements de formation demandent eux aussi des MOOC. 4. Des progrĂšs Ă  rĂ©aliser Agreenium doit avancer dans plusieurs domaines – il faut que les Ă©quipes et les politiques des Ă©tablissements soient intĂ©grĂ©es, ce qui est indispensable pour la reconnaissance internationale. C’est encore difficile, le rapprochement s’effectue peu Ă  peu. C’est une des raisons pour lesquelles Agreenium estime qu’il ne doit pas grandir trop vite ; – la loi prĂ©voit une remise Ă  plat du rĂ©fĂ©rentiel pour les formations vĂ©tĂ©rinaires. Le processus est en cours avec perspective d’aboutir Ă  l’étĂ© 2017. La coopĂ©ration entre les Ă©coles vĂ©tĂ©rinaires est bien enclenchĂ©e, les Ă©coles ne dĂ©fendent pas leur projet seules. Toutefois, elle est moins avancĂ©e entre les Ă©coles agronomiques et les Ă©coles vĂ©tĂ©rinaires ; – l’INRA n’a plus le droit de mettre des personnels Ă  disposition elle mettait Ă  la disposition d’Agreenium 4 personnes, mais actuellement, elle lui paie la masse salariale correspondante ; – le chantier de la coordination de l’offre de formation agricole est inscrit dans la loi. Il conviendra d’identifier l’ensemble de l’offre ingĂ©nieurs, masters, etc. Ce travail n’a jamais Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©, alors que les formations foisonnent. L’offre va pouvoir ĂȘtre dĂ©clinĂ©e sur quatre grands identifiants, afin que chacun ne conserve pas sa terminologie propre. Les membres constateront peut-ĂȘtre des redondances pour certaines formations ou des manques pour d’autres par exemple, pour l’agronomie de prĂ©cision, il n’existe pas de format master. Les membres peuvent demander Ă  Agreenium de les aider Ă  dĂ©velopper certaines formations. Il n’existe pas encore de cartographie de l’offre de formation agricole en France mais, par exemple, une plaquette sur la formation sur la vigne et le vin en France vient d’ĂȘtre Ă©laborĂ©e. Pour les formations d’ingĂ©nieurs, une cartographie des formations, en voie de finalisation, pourra se prolonger par une rĂ©flexion avec les membres sur l’adĂ©quation de l’offre existante avec les besoins ; – un autre chantier prĂ©vu par la loi porte sur le lien entre l’enseignement agricole technique et supĂ©rieur. La formation des personnels enseignants de l’enseignement technique agricole en fait partie la formation continue des enseignants pose parfois problĂšme, les MOOC pourraient y remĂ©dier. Mais c’est la mission la moins bien dĂ©finie. Selon vos rapporteurs, il faut qu’en retour, l’enseignement technique alimente la recherche ; – un groupe de travail forĂȘt–bois a Ă©tĂ© mis en place pilotĂ© par AgroParisTech, assistĂ© d’Agreenium. L’objectif est de disposer d’une feuille de route d’ici la fin d’annĂ©e 2016 incluant un projet pour le PIA 2 et articulant une dĂ©marche en connexion avec les autres groupements. Il n’y a pas d’équivalent en France. Le modĂšle est Wageningen University and Research Centre WUR en Hollande avec qui Agreenium va ouvrir une universitĂ© d’étĂ© en agro-Ă©cologie et en productions animales en 2017. La structuration de WUR est la mĂȘme, les Ă©coles le composant n’ont pas fusionnĂ©, mais la signature des articles scientifiques est commune, alors que cela n’est pas le cas pour Agreenium. Toutefois, la France joue un rĂŽle important en termes de publications. G. LA SPÉCIFICITÉ DE L’ENSEIGNEMENT PRIVÉ La loi affirme le parallĂ©lisme entre enseignement public et privĂ© l’enseignement et la formation professionnelle privĂ©s sous contrat contribuent Ă©galement Ă  la promotion de la diversitĂ© des systĂšmes de production agricole et l’organisation des diplĂŽmes est la mĂȘme. Chaque Ă©tablissement privĂ© Ă©tablit un projet d’établissement dans le respect des orientations des politiques publiques pour l’agriculture. Toutefois, si les dispositions applicables Ă  l’enseignement public le sont aussi de façon similaire Ă  l’enseignement privĂ©, la spĂ©cificitĂ© de ce dernier en fait un acteur parfois diffĂ©rent, comme en tĂ©moignent les reprĂ©sentants de l’Union nationale des maisons familiales rurales d’éducation et d’orientation UNMFREO et celui du Centre national de l’enseignement agricole privĂ© CNEAP. Les maisons familiales et rurales MFR Ce sont – 430 Ă©tablissements de formation ; – 71 associations fĂ©dĂ©rales dĂ©partementales ou rĂ©gionales dont deux comitĂ©s territoriaux pour la Nouvelle CalĂ©donie et la PolynĂ©sie française ; – un Centre national pĂ©dagogique et une Union nationale ; – 70 000 jeunes et adultes en formation, dont ‱ 51 000 Ă©lĂšves sous statut scolaire dĂ©pendant du ministĂšre de l’agriculture, ‱ 12 000 apprentis inscrits dans des formations de l’éducation nationale ou de l’agriculture ; ‱ 2 000 stagiaires sont en contrat de professionnalisation ; ‱ 5 000 stagiaires en formation continue ou en validation des acquis de l’expĂ©rience VAE ; – plus de 130 qualifications proposĂ©es, rĂ©parties dans 18 secteurs professionnels ; – 8 000 salariĂ©s. Le CNEAP Le Conseil national de l’enseignement agricole privĂ© CNEAP est un rĂ©seau d’établissements d’enseignement agricole privĂ©s et de centres de formation vers les mĂ©tiers de la nature et du vivant, comptant – 51 000 Ă©lĂšves et Ă©tudiants ; – 3 000 apprentis ; – 4 500 Ă©lĂšves ingĂ©nieurs ; – 11 000 stagiaires adultes. Les lycĂ©es du CNEAP accueillent sur tout le territoire français, en externat, demi-pension et internat, les jeunes de la classe de 4Ăšme Ă  l’école d’ingĂ©nieur, en formation gĂ©nĂ©rale, professionnelle et technologique. Pour l’UNMFREO, produire autrement n’est pas suffisant, il faut Ă©galement consommer autrement et consommer localement, ce qui entraĂźne des coĂ»ts infĂ©rieurs. Elle a donc menĂ© une grande action pour sensibiliser le rĂ©seau et dĂ©crire un cadre pour les MFR ; elle a formĂ© 700 formateurs sur ce thĂšme. La traçabilitĂ© est trĂšs importante, mais ce n’est pas encore au point elle s’interroge donc sur l’éventuelle nĂ©cessitĂ© de lĂ©gifĂ©rer. Par ailleurs, elle Ă©tait dĂ©jĂ  consciente, avant le vote de la loi d’avenir, des problĂšmes causĂ©s par les certiphytosanitaires le rĂ©seau a Ă©tĂ© informĂ© afin d’accompagner les Ă©volutions indispensables. Avant l’examen de la loi d’avenir, un travail important avait Ă©tĂ© effectuĂ© avec M. Henri Nallet, ancien ministre de l’agriculture et prĂ©sident de l’Observatoire de l’enseignement agricole, au cours de sĂ©minaires sur l’avenir de l’enseignement agricole. L’UNMFREO rencontre une difficultĂ© particuliĂšre dans la mesure oĂč la loi a mis l’accent sur l’importance des exploitations agricoles dans l’enseignement. Or les MFR n’en disposent pas ; l’effort est donc axĂ© sur les participations Ă  des actions locales. Elle fait en sorte que ses Ă©quipes se sentent concernĂ©es malgrĂ© ce manque ; en particulier, elle organise des stages, grĂące Ă  un rĂ©seau de maĂźtres de stages et d’apprentissage bien formĂ©s. C’est positif pour les Ă©lĂšves qui peuvent voir les produits des maĂźtres de stage. Elle a en outre dĂ©veloppĂ© une plateforme numĂ©rique, appelĂ©e Walter », pour diffuser et partager les ressources pĂ©dagogiques Ă  l’usage des Ă©quipes et des jeunes Elle entend dĂ©velopper son rĂ©seau de rĂ©fĂ©rents. La DGER a mis en place un programme pluriannuel de formation de rĂ©fĂ©rents rĂ©gionaux publics et privĂ©s. Les rĂ©fĂ©rents nationaux et rĂ©gionaux des MFR y ont participĂ©. Ils diffusent l’information sur l’agro-Ă©cologie dans les Ă©tablissements, animent localement les projets, coordonnent les informations des Ă©quipes pĂ©dagogiques sur les actions qu’elles ont menĂ©es, et les thĂšmes abordĂ©s en lien avec le projet. Des rĂ©unions entre rĂ©fĂ©rents de la rĂ©gion permettent d’échanger sur l’avancĂ©e des projets. Elle approuve la rĂ©novation des diffĂ©rentiels des diplĂŽmes, prĂ©vu par le plan d’action, ainsi que les dispositions concernant les effectifs, emplois et compĂ©tences et les statuts des personnels enseignants et de documentation. Pour le CNEAP, au-delĂ  de la rĂ©novation des diplĂŽmes, il faudrait mettre en Ɠuvre de nouveaux parcours de formation, inventer de nouveaux diplĂŽmes. L’agriculture Ă©cologique va gĂ©nĂ©rer de nouveaux mĂ©tiers qui nĂ©cessiteront des formations diffĂ©rentes, des rĂ©fĂ©rentiels plus spĂ©cialisĂ©s. Ainsi, l’agriculture urbaine par exemple, l’exploitation du vivant dans les husseries peut ĂȘtre trĂšs porteuse. Il faudrait co-construire des diplĂŽmes avec le ministĂšre de l’éducation. Toutes les collectivitĂ©s territoriales urbaines ont besoin de nouvelles compĂ©tences. L’idĂ©e d’un continuum de formation tout au long de la vie aurait Ă©tĂ© intĂ©ressante, la mixitĂ© des publics – y compris gĂ©nĂ©rationnelle – doit ĂȘtre recherchĂ©e. L’UNMFREO se fĂ©licite que l’enseignement agricole permette le brassage de la population et soit une Ă©ducation Ă  la citoyennetĂ© pour produire autrement ; actuellement, les Ă©lĂšves viennent davantage de milieux urbains en 30 ans, les publics ont changĂ©. La loi d’avenir a permis d’intĂ©grer une dimension sociĂ©tale. Depuis le vote de la loi, le CNEAP a accordĂ© beaucoup d’importance aux services Ă  la personne en plus de la nĂ©cessitĂ© de produire autrement, Ă  la façon d’initier les citoyens Ă  avoir un comportement Ă©co-responsable, en sensibilisant les directions rĂ©gionales de l’agriculture et de la forĂȘt DRAF, ce que la loi n’abordait pas. Cette dĂ©marche ne peut pas relever que du monde agricole, elle touche aussi les acteurs du collectif social du territoire rural. Pour les DOM, il manque dans la loi d’avenir un volet sur l’enseignement agricole en gĂ©nĂ©ral, pas seulement privĂ©, pour produire et consommer localement. Toutefois, le rapport de Mme Chantal Berthelot et de M. HervĂ© Gaymard 18 a formulĂ© plusieurs propositions intĂ©ressantes – amĂ©liorer encore davantage la culture du terrain » dans les programmes d’enseignement ; – mieux coordonner les enseignements avec les particularitĂ©s de l’agriculture locale de chaque DOM et de chaque COM ; – ouvrir des plages horaires aux interventions des chercheurs issus des grands organismes de recherche, lorsque de tels Ă©tablissements sont prĂ©sents outre-mer, ainsi qu’aux interventions des acteurs des rĂ©seaux d’innovation et de transfert agricole RITA ; – crĂ©er, dans les sections de techniciens supĂ©rieurs STS, lorsqu’il n’existe qu’un seul brevet de technicien supĂ©rieur agricole BTSA offert aux Ă©tudiants, un Ă©ventail de choix plus large et donc plus attractif ; – instituer, dans les centres de formation d’apprentis CFA et dans les organismes de formation professionnelle continue, des modules d’enseignements centrĂ©s sur les diffĂ©rentes questions qui touchent Ă  l’installation. À Mayotte, l’implantation des MFR est rĂ©cente. L’UNMFREO a contractualisĂ© en 2015 avec le ministĂšre. L’enseignement privĂ© est trĂšs prĂ©sent en Guyane. Une coopĂ©ration exemplaire a pu ĂȘtre Ă©tablie entre le lycĂ©e public, la MFR et le lycĂ©e privĂ© prĂšs de Mana, qui est un pĂŽle d’excellence, car un dialogue s’est instaurĂ© concernant un projet global sur un territoire vaste, mais oĂč l’activitĂ© agricole est limitĂ©e en raison de la forĂȘt. Tous les milieux professionnels ont Ă©tĂ© contactĂ©s. Il s’avĂšre intĂ©ressant de mettre en place la loi d’avenir, mais en l’adaptant au mieux, en la dĂ©clinant compte tenu du contexte. L’enseignement agricole doit faire un effort spĂ©cial sur les outre-mer ; la loi n’est pas allĂ©e assez loin sur ces rĂ©gions oĂč des possibilitĂ©s de dĂ©veloppement sont rĂ©elles. Il existe des ateliers-relais, caractĂ©risĂ©s par un vĂ©ritable Ă©lan. Mais les moyens manquent, ainsi que des orientations prĂ©cises. Par exemple, la Guyane se caractĂ©rise par la juxtaposition de grandes exploitations et de trĂšs petites exploitations vivriĂšres, qui ont besoin d’une formation initiale et continue il faut adapter la lĂ©gislation en ce sens. En conclusion, les interlocuteurs de vos rapporteurs ont soulignĂ© que, politiquement, ils s’étaient ralliĂ©s Ă  la politique suivie sans Ă©tat d’ñme. La loi d’avenir a donnĂ© un cadre juridique Ă  ce qui existait afin de rĂ©pondre aux attentes de la sociĂ©tĂ© produire mieux, manger mieux
 mais ils ont dĂ©plorĂ© qu’il soit parfois difficile d’emboiter le pas aux travaux des DRAF car ils sont assez mal informĂ©s ou trop tardivement des actions de celles-ci. Le ministĂšre travaille dans l’urgence et apprĂ©hende mal toutes les familles de l’enseignement agricole. Il faut mettre en place des constructions communes ; la mĂ©canique d’ensemble doit ĂȘtre portĂ©e collectivement. Les MFR souhaiteraient que leurs Ă©lĂšves puissent aller sur les exploitations de l’enseignement agricole public, ce qui n’est pas le cas, car il s’agit d’un lieu rĂ©servĂ©. Ils ont Ă©galement regrettĂ© que, malgrĂ© la loi d’avenir, les crĂ©dits du programme 143 aient diminuĂ© dans les lois de finances pour 2015, pour 2016, et mĂȘme pour 2017, sauf pour quelques actions. Vos rapporteurs ont estimĂ© qu’il fallait promouvoir un enseignement multidisciplinaire, afin de permettre aux agriculteurs de rester. Le CNEAP a considĂ©rĂ© qu’il fallait sortir du noyau dur, la production, pour encourager d’autres activitĂ©s, comme la vente dans un magasin de produits des lycĂ©es agricoles. La loi accĂ©lĂšre cette Ă©volution, en Ă©tablissant un lien entre les lycĂ©es et la consommation. Il est intĂ©ressant que la formation mette du lien entre les acteurs. Il faut que les collectivitĂ©s territoriales contribuent Ă  cet effort. CINQUIÈME PARTIE DISPOSITIONS RELATIVES À LA FORÊT I. PRÉSENTATION DE LA LOI A. INTENTION DU LÉGISLATEUR La loi vise Ă  rĂ©pondre aux besoins d’évolution de la politique forestiĂšre et de dĂ©veloppement de la filiĂšre bois, afin de lui rendre la place Ă  laquelle elle peut prĂ©tendre en raison de l’importance et de la qualitĂ© du territoire forestier. DeuxiĂšme forĂȘt d’Europe, la forĂȘt française couvre aujourd’hui environ 16 millions d’hectares, soit plus du quart du territoire mĂ©tropolitain auxquels s’ajoutent 18 millions d’hectares dans les dĂ©partements et territoires d’outre-mer. Elle s’accroĂźt d’environ 40 000 hectares par an ainsi, chaque annĂ©e, notre forĂȘt produit 100 millions de m3 de biomasse bois, dont seulement 60 % sont rĂ©coltĂ©s. 1. Un potentiel important – Un potentiel Ă©conomique pour la construction, l’énergie, la production de papier, pour la chimie, etc., la forĂȘt fournit une matiĂšre premiĂšre valorisĂ©e dans de nombreux secteurs industriels. La filiĂšre forĂȘt-bois reprĂ©sente ainsi un chiffre d’affaire annuel de 60 milliards d’euros et emploie 425 000 personnes, allant de l’abattage et du sciage jusqu’à la mise en Ɠuvre du matĂ©riau bois dans le bĂątiment ; – Un potentiel environnemental elle sĂ©questre chaque annĂ©e 80 millions de tonnes de CO2 net, soit l’équivalent annuel de rĂ©duction des Ă©missions de la France au titre du protocole de Kyoto. Elle permet ainsi de lutter directement et facilement contre le rĂ©chauffement climatique. Elle est Ă©galement un lieu de dĂ©veloppement privilĂ©giĂ© de la biodiversitĂ© elle abrite, par exemple, 40 % des zones Natura 2000. Sa multifonctionnalitĂ© contribue en outre au dĂ©veloppement durable. – S’y ajoute un potentiel social, puisqu’elle offre un environnement entiĂšrement naturel, accessible sur l’ensemble du territoire et constitue un cadre de vie ou de loisirs trĂšs apprĂ©ciĂ©, accueillant ainsi plus de 500 millions de visiteurs chaque annĂ©e. Si le potentiel de la forĂȘt française est exceptionnel, l’usage qui en est fait reste encore en-deçà de ce qu’il pourrait ĂȘtre. Cette situation tient Ă  plusieurs facteurs d’ordre structurel. 2. Des difficultĂ©s structurelles La forĂȘt est trĂšs morcelĂ©e. DĂ©tenue aux trois-quarts par les particuliers, la forĂȘt française est rĂ©partie en une multitude de petits propriĂ©taires – 3,8 millions – dont les parcelles s’enchevĂȘtrent. Seuls 200 000 en possĂšdent plus de 10 hectares, alors que 2,3 millions en possĂšdent moins d’un hectare. Cette dissĂ©mination pose problĂšme pour ce qui est de la bonne gestion de la forĂȘt, mais Ă©galement de la mobilisation de la ressource bois. La forĂȘt publique, gĂ©rĂ©e par l’Office national des forĂȘts ONF, reprĂ©sente un quart de la forĂȘt française. Plus de 11 500 collectivitĂ©s sont propriĂ©taires de 2,9 millions d’hectares soit 15 % de la forĂȘt. L’État possĂšde 1,8 million d’hectares de forĂȘts domaniales, soit 10 %. La forĂȘt publique reprĂ©sente Ă  la fois un atout pour les collectivitĂ©s, mais Ă©galement une charge en termes d’entretien et d’administration, qui explique une attitude mesurĂ©e quant Ă  son agrandissement. Toutes les forĂȘts d’une surface supĂ©rieure Ă  10 Ă  25 hectares – publiques ou privĂ©es – doivent prĂ©senter un document de gestion approuvĂ© par l’État ; document d’amĂ©nagement et rĂšglement type de gestion pour les forĂȘts publiques ; plan simple de gestion, rĂšglement type de gestion et code de bonnes pratiques sylvicoles pour les forĂȘts privĂ©es. L’existence de ces documents entraĂźne une vraie complexitĂ© administrative, qui est allĂ©e s’accroissant. Les innombrables documents stratĂ©giques orientations rĂ©gionales forestiĂšres, schĂ©mas rĂ©gionaux de gestion sylvicole, stratĂ©gies locales de dĂ©veloppement forestier, chartes forestiĂšres de territoire, plans de dĂ©veloppement de massif, programmes rĂ©gionaux de la forĂȘt et du bois ... y participent Ă©galement. Ce trop plein » d’administration nuit Ă  la lisibilitĂ© et Ă  l’acceptabilitĂ© du dispositif d’encadrement des forĂȘts, que ce soit par les Ă©lus comme par les particuliers et les professionnels. Pour pallier ces difficultĂ©s, la loi d’avenir affirme l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral de la forĂȘt et propose une rĂ©elle clarification, avec une gouvernance rĂ©novĂ©e et plus efficiente. La crĂ©ation des groupements d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental forestier GIEEF vise Ă  encourager les dĂ©marches de gestion forestiĂšre en commun et Ă  faciliter l’exploitation d’une propriĂ©tĂ© morcelĂ©e. La rĂ©novation du droit de prĂ©fĂ©rence poursuit le mĂȘme but. La procĂ©dure des biens vacants et sans maĂźtre y concourt Ă©galement. 3. De nouveaux dĂ©sĂ©quilibres En outre, de nouveaux dĂ©sĂ©quilibres sont apparus, qui sont autant de dĂ©fis pour la forĂȘt française – le changement climatique ; – la compĂ©tition sur la ressource la nĂ©cessaire transition Ă©nergĂ©tique conduit Ă  reconsidĂ©rer la forĂȘt comme Ă©nergie renouvelable ce qui porterait atteinte au caractĂšre renouvelable de ladite forĂȘt ; – les enjeux de la biodiversitĂ© ; – la compĂ©tition sur l’usage des sols entre espaces urbains, agricoles et forestiers ; – le dĂ©sĂ©quilibre de la balance commerciale bois » de la France avec un dĂ©ficit de prĂšs de 5 milliards d’euros. Notre pays, qui possĂšde la plus grande forĂȘt de bois feuillu d’Europe et en produit des quantitĂ©s importantes, valorise insuffisamment cette ressource, en France comme en Europe il exporte des feuillus vers la Chine, principalement, qui reviennent transformĂ©s. De surcroĂźt, il importe des rĂ©sineux dont nous manquons pour la construction. – Le renouvellement insuffisant de la forĂȘt la majeure partie de la forĂȘt française a pour vocation de produire du bois d’Ɠuvre de qualitĂ©, dans le cadre d’une gestion durable, visant la conservation de la diversitĂ© biologique et le maintien des potentialitĂ©s des sols. Or, la valorisation des potentialitĂ©s de la filiĂšre est aujourd’hui insuffisante car le renouvellement par plantation ou rĂ©gĂ©nĂ©ration naturelle des peuplements ne permet pas de rĂ©pondre aux dĂ©fis Ă©cologiques et Ă©conomiques des prochaines dĂ©cennies. Pour pouvoir tirer pleinement profit de la forĂȘt, il est nĂ©cessaire d’investir davantage. En amont, la gestion de la forĂȘt et l’offre de bois se conçoivent dans le long terme toute insuffisance ou tout recul aujourd’hui aura nĂ©cessairement des rĂ©percussions nĂ©gatives d’ici quelques dĂ©cennies. Il faut donc encourager dĂšs Ă  prĂ©sent les travaux de plantation, d’entretien et d’exploitation du bois, qui sont indispensables pour conserver et dĂ©velopper une forĂȘt durable et multifonctionnelle. Pour assurer ce renouvellement et augmenter les rĂ©coltes, il faudrait Ă©galement une vĂ©ritable politique industrielle de filiĂšre sur les feuillus, afin de trouver de nouveaux dĂ©bouchĂ©s au bois, que ce soit dans la construction, le mobilier, la chimie... Cela implique de lancer une stratĂ©gie dĂ©libĂ©rĂ©e d’investissement dans la filiĂšre aval, qui soit Ă  mĂȘme de soutenir les prix de la matiĂšre premiĂšre, de redonner de la valeur ajoutĂ©e tout au long de la filiĂšre et in fine d’inverser la tendance dĂ©ficitaire de notre balance extĂ©rieure. Enfin, et cela constitue un aspect fondamental d’une politique forestiĂšre d’avenir, il faut investir de façon massive sur l’enseignement, la recherche et l’innovation dans la filiĂšre bois. Il manque des personnels convenablement formĂ©s, les connaissances techniques adĂ©quates, les centres techniques qualifiĂ©s et les organismes de recherche appliquĂ©e au bois nĂ©cessaires. C’est pourquoi la loi d’avenir propose plusieurs mesures, dont l’institution du fonds stratĂ©gique pour la forĂȘt et le bois FSFB, afin de financer l’amont de la filiĂšre ; sa crĂ©ation tĂ©moigne de la volontĂ© de structurer la filiĂšre. La gĂ©nĂ©ralisation de la compensation au dĂ©frichement participe Ă©galement d’une meilleure gestion de la forĂȘt Ă  terme. Enfin, les rĂ©coltes illĂ©gales de bois, qui nuisent tant Ă  la gestion durable des forĂȘts qu’à leur exploitation, sont mieux sanctionnĂ©es. La loi traduit la volontĂ© de concilier performance Ă©conomique et performance environnementale en mettant fin Ă©galement Ă  l’opposition prĂ©sumĂ©e entre les deux. B. DESCRIPTIF DES ARTICLES L’article 66 ratifie l’ordonnance n° 2012-92 du 26 janvier 2012, prise par le Gouvernement en application de l’habilitation qu’il avait reçue du Parlement en application de l’article 69 de la loi de modernisation de l’agriculture et de la pĂȘche du 27 juillet 2010 pour refondre la partie lĂ©gislative du code forestier. L’article 67 comporte de nombreuses dispositions – il rĂ©affirme que les diffĂ©rentes fonctions de la forĂȘt relĂšvent de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral ; – il prĂ©cise la gouvernance de la forĂȘt le nouveau Conseil supĂ©rieur de la forĂȘt et du bois CSFB est informĂ© de tout projet d’implantation industrielle de transformation du bois et formule un avis s’il estime que ce projet implique une modification du programme national de la forĂȘt et du bois ; – la commission rĂ©gionale de la forĂȘt et du bois, chargĂ©e notamment d’élaborer les programmes rĂ©gionaux de la forĂȘt et du bois, comprend dĂ©sormais les fĂ©dĂ©rations dĂ©partementales ou interdĂ©partementales des chasseurs ; – rattachĂ© Ă  la commission rĂ©gionale, un comitĂ© composĂ© paritairement de reprĂ©sentants des propriĂ©taires forestiers et des chasseurs dresse le bilan des dĂ©gĂąts de gibier de l’annĂ©e Ă©coulĂ©e. Il adopte un programme d’actions en vue d’établir un Ă©quilibre sylvo-cynĂ©gĂ©tique dans les zones les plus affectĂ©es. En l’absence de majoritĂ© des deux tiers, ce programme est Ă©laborĂ© et arrĂȘtĂ© par le prĂ©fet de rĂ©gion. Il est ensuite transmis aux prĂ©fets de dĂ©partement avant l’établissement des schĂ©mas dĂ©partementaux de gestion cynĂ©gĂ©tique ; – la politique forestiĂšre favorise la recherche de contreparties pour les services rendus en matiĂšre environnementale et sociale par les bois et forĂȘts prĂ©sentant une garantie de gestion durable. L’État favorise les dĂ©marches territoriales et privilĂ©gie les initiatives des propriĂ©taires forestiers en faveur d’une gestion durable et multifonctionnelle ; – les documents de politique forestiĂšre traduisent les objectifs d’une gestion durable des bois et forĂȘts ; – l’article institue un programme national de la forĂȘt et du bois PNFB qui prĂ©cise les orientations de la politique forestiĂšre pour une durĂ©e maximale de dix ans ; – un programme rĂ©gional de la forĂȘt et du bois PNFB dĂ©cline les orientations et les objectifs du programme national dans un dĂ©lai de deux ans. Il fixe les prioritĂ©s et les traduit en objectifs, dĂ©finit des critĂšres de gestion durable et multifonctionnelle et des indicateurs associĂ©s. Il est Ă©laborĂ© par la commission rĂ©gionale de la forĂȘt et du bois, soumis Ă  la participation du public et arrĂȘtĂ© par le ministre chargĂ© des forĂȘts ; – la commission rĂ©gionale de la forĂȘt et du bois Ă©tablit un bilan de la mise en Ɠuvre du programme rĂ©gional et propose Ă©ventuellement des modifications ; – les documents d’orientation rĂ©gionaux, dĂ©partementaux et locaux arrĂȘtĂ©s par l’État ou par les collectivitĂ©s publiques, ayant une incidence sur la forĂȘt et la filiĂšre bois et figurant sur une liste Ă©tablie par dĂ©cret tiennent compte du programme rĂ©gional. Les orientations rĂ©gionales de gestion de la faune sauvage et de ses habitats et les schĂ©mas dĂ©partementaux de gestion cynĂ©gĂ©tique sont compatibles avec le programme rĂ©gional de la forĂȘt et du bois ; – toute occupation de bois et forĂȘts par des ouvrages, infrastructures ou Ă©quipements implantĂ©s sous terre sans l’accord Ă©crit des propriĂ©taires ou hors de toute servitude d’utilitĂ© publique rĂ©guliĂšrement dĂ©clarĂ©e donne lieu au paiement, au profit du propriĂ©taire ou de l’ONF, d’une indemnitĂ© annuelle d’occupation ; – l’accĂšs aux ressources gĂ©nĂ©tiques est rĂšglementĂ©e, ainsi que le partage juste et Ă©quitable des bĂ©nĂ©fices rĂ©sultant de leur utilisation, conformĂ©ment au protocole de Nagoya ; – le dĂ©partement Ă©labore chaque annĂ©e, en concertation avec les communes et les Ă©tablissements publics de coopĂ©ration intercommunale, un schĂ©ma d’accĂšs Ă  la ressource forestiĂšre ; – il est instituĂ© un fonds stratĂ©gique de la forĂȘt et du bois afin de financer des projets d’investissements, ainsi que des actions de recherche, de dĂ©veloppement et d’innovation, et afin d’amĂ©liorer la gestion durable et multifonctionnelle de la forĂȘt ; – l’article dĂ©finit les travaux forestiers, en y ajoutant la production de bois et dĂ©rivĂ©s destinĂ©s Ă  l’énergie ou Ă  l’industrie ; – l’Office national des forĂȘts peut exercer les droits reconnus Ă  la partie civile pour les faits portant un prĂ©judice direct ou indirect aux intĂ©rĂȘts qu’ils a pour objet de dĂ©fendre ; – le schĂ©ma dĂ©partemental de gestion cynĂ©gĂ©tique est Ă©laborĂ© par la fĂ©dĂ©ration dĂ©partementale ou interdĂ©partementale des chasseurs, en concertation notamment avec la chambre d’agriculture, les reprĂ©sentants de la propriĂ©tĂ© privĂ©e rurale et les reprĂ©sentants des intĂ©rĂȘts forestiers, en particulier lorsque le programme rĂ©gional de la forĂȘt et du bois fait Ă©tat de dysfonctionnements au regard de l’équilibre sylvo-cynĂ©gĂ©tique. Il est compatible avec les programmes rĂ©gionaux de la forĂȘt et du bois ; – l’équilibre sylvo-cynĂ©gĂ©tique tient compte des dispositions des programmes rĂ©gionaux de la forĂȘt et du bois ; – le plan de chasse prend en compte les documents de gestion des forĂȘts. L’article 68 porte sur le document d’amĂ©nagement. L’article 69 est Ă©galement trĂšs fourni – les bois et forĂȘts gĂ©rĂ©s conformĂ©ment aux divers textes et documents citĂ©s prĂ©sentent des garanties de gestion durable, sous rĂ©serve de la mise en Ɠuvre effective du programme de coupes et travaux prĂ©vu ; – aucune coupe ne peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e sur les dunes cĂŽtiĂšres fixĂ©es par des plantes arĂ©neuses et des arbres Ă©pars sans autorisation prĂ©alable de l’autoritĂ© administrative compĂ©tente de l’État. Celle-ci peut ĂȘtre subordonnĂ©e Ă  l’exĂ©cution de travaux de restauration. Le demandeur qui ne souhaite pas rĂ©aliser par lui-mĂȘme les travaux mentionnĂ©s peut proposer de s’acquitter de ses obligations en cĂ©dant Ă  l’État, Ă  une collectivitĂ© territoriale ou Ă  un Ă©tablissement public des dunes ; – l’ajournement des coupes fait l’objet d’une notification motivĂ©e Ă  l’autoritĂ© administrative compĂ©tente de l’État, dans des conditions fixĂ©es par dĂ©cret ; – les collectivitĂ©s territoriales et les personnes morales ne peuvent faire aucun dĂ©frichement dans leurs forĂȘts sans l’autorisation de l’autoritĂ© administrative ; – l’article fixe les conditions dans lesquelles toute commune classĂ©e en zone de montagne dont le taux de boisement dĂ©passe 70 % de son territoire peut procĂ©der Ă  du dĂ©frichement pour des raisons paysagĂšres ou agricoles ; – il est instituĂ© un groupement d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental forestier GIEEF, regroupement volontaire de propriĂ©taires forestiers de bois et forĂȘts, constituant un ensemble de gestion d’au moins 300 hectares ou, s’il rassemble au moins vingt propriĂ©taires, d’au moins 100 hectares. En zone de montagne, le programme rĂ©gional de la forĂȘt et du bois peut fixer une surface minimale diffĂ©rente lorsque l’ensemble de gestion rassemble au moins vingt propriĂ©taires. Un document de diagnostic justifie de la cohĂ©rence du territoire et expose les modalitĂ©s de gestion retenues et les conditions de suivi de l’atteinte des objectifs. Il est proposĂ© aux propriĂ©taires la mise en place d’un mandat de gestion avec un gestionnaire forestier et des projets de commercialisation de leurs bois. Les propriĂ©taires membres du groupement sont tenus de mettre en Ɠuvre le plan simple de gestion ou la partie de plan simple de gestion qui concerne leur propriĂ©tĂ© et restent personnellement responsables de la mise en Ɠuvre de leur gestion. Ils peuvent bĂ©nĂ©ficier de majorations dans l’attribution des aides publiques ; – le Centre national de la propriĂ©tĂ© forestiĂšre agrĂ©e les plans simples de gestion, approuve les rĂšglements types de gestion, ainsi que les programmes des coupes et travaux des adhĂ©rents aux codes des bonnes pratiques sylvicoles ; – en cas de vente d’une propriĂ©tĂ© classĂ©e et d’une superficie totale infĂ©rieure Ă  4 hectares, pour laquelle les propriĂ©taires d’une parcelle boisĂ©e contiguĂ« bĂ©nĂ©ficient d’un droit de prĂ©fĂ©rence, le vendeur est tenu de leur notifier le prix et les conditions de la cession projetĂ©e ; – l’article prĂ©cise les dispositions relatives au droit de prĂ©fĂ©rence de la commune en cas de vente d’une propriĂ©tĂ© d’une superficie infĂ©rieure Ă  4 hectares, ainsi que les dispositions relatives au droit de prĂ©emption de celle-ci. L’État bĂ©nĂ©ficie d’un droit de prĂ©emption si une forĂȘt domaniale jouxte la parcelle en vente ; – il modifie les conditions applicables au dĂ©frichement et les conditions dans lesquelles l’autoritĂ© administrative compĂ©tente de l’État donne son autorisation, notamment Ă  l’exĂ©cution sur d’autres terrains de travaux de boisement ou de reboisement ou Ă  la conservation sur le terrain de rĂ©serves boisĂ©es suffisamment importantes. Le demandeur peut s’acquitter de son obligation de boisement ou de reboisement en versant au Fonds stratĂ©gique de la forĂȘt et du bois FSFB une indemnitĂ© dont le montant est dĂ©terminĂ© par l’autoritĂ© administrative. L’article 70 porte sur les groupements forestiers d’investissement. Il dispose que tout groupement forestier qui lĂšve des capitaux auprĂšs d’investisseurs en vue d’investir ces montants est un groupement forestier d’investissement, soumis au code monĂ©taire et financier. Il dĂ©finit les conditions dans lesquelles il offre au public ses parts sociales. L’article 71 apporte une prĂ©cision rĂ©dactionnelle au code gĂ©nĂ©ral des impĂŽts. L’article 72 ouvre la procĂ©dure des biens vacants et sans maitre aux forĂȘts pour lesquelles la taxe fonciĂšre sur les propriĂ©tĂ©s non bĂąties TFNB n’est pas rĂ©glĂ©e pendant 3 ans ; chaque annĂ©e, les centres des impĂŽts fonciers signalent au prĂ©fet du dĂ©partement la liste des immeubles concernĂ©s par commune, qui, lui-mĂȘme, la transmet aux maires. Quand le propriĂ©taire ne s’est pas fait connaĂźtre dans les 6 mois, l’immeuble est prĂ©sumĂ© sans maĂźtre. La commune peut alors, aprĂšs dĂ©libĂ©ration dans un dĂ©lai de 6 mois, l’incorporer dans le domaine communal. À dĂ©faut, il est transfĂ©rĂ© dans le domaine de l’État. L’article 73 dĂ©finit les agents habilitĂ©s Ă  rechercher et constater les infractions forestiĂšres. L’article 74 complĂšte le contenu du contrat pluriannuel passĂ© entre l’État et l’Office national des forĂȘts, en ajoutant qu’il dĂ©termine les conditions dans lesquelles ce dernier contribue Ă  la mise en Ɠuvre des politiques publiques relatives Ă  la gestion de la forĂȘt et des milieux. L’article 75 porte sur la compĂ©tence de la collectivitĂ© territoriale de Corse en matiĂšre de production et de multiplication de plants forestiers et autres vĂ©gĂ©taux. L’article 76 prĂ©cise que la mise sur le marchĂ© du bois et de produits dĂ©rivĂ©s du bois est soumise au rĂšglement du Parlement europĂ©en et du Conseil du 20 octobre 2010 et dĂ©finit les agents chargĂ©s du contrĂŽle et la surveillance de ces dispositions. En cas de manquement, l’autoritĂ© administrative met en demeure l’intĂ©ressĂ© de prendre les mesures nĂ©cessaires pour y remĂ©dier. Si cette mise en demeure n’est pas suivie d’effets, l’autoritĂ© administrative peut suspendre le fonctionnement de l’entreprise ou l’exercice des activitĂ©s. Des sanctions pĂ©nales sont Ă©galement prĂ©vues. L’article 77 prĂ©voit, pour le Conseil national de l’expertise fonciĂšre agricole et forestiĂšre, la possibilitĂ© d’exercer devant toutes les juridictions tous les droits rĂ©servĂ©s Ă  la partie civile relativement aux faits portant un prĂ©judice direct ou indirect Ă  l’intĂ©rĂȘt collectif de la profession. L’article 78 prĂ©voit qu’un recouvrement triennal peut ĂȘtre organisĂ© pour la taxe fonciĂšre sur les propriĂ©tĂ©s non bĂąties s’agissant des propriĂ©tĂ©s inscrites au cadastre en nature de bois et forĂȘts et dont le montant total par article de rĂŽle est infĂ©rieur Ă  12 €. Cet article a depuis Ă©tĂ© abrogĂ© par la loi de finances rectificative pour 2015. L’article 79 dispose que le document de gestion arrĂȘtĂ© ou agréé Ă  la demande des propriĂ©taires de parcelles forestiĂšres constituant un ensemble d’une surface totale d’au moins 10 hectares situĂ©es sur le territoire d’une mĂȘme commune ou de communes limitrophes est un plan concertĂ©. L’article 80 dispose que les planches de parquet vendues sur le marchĂ© français ne peuvent prĂ©senter des taux de composĂ©s organiques volatils supĂ©rieurs Ă  des seuils fixĂ©s par dĂ©cret. Cette disposition, insĂ©rĂ©e dans le code de la santĂ© publique, devrait ĂȘtre prochainement abrogĂ©e article 25 du projet de loi de modernisation, de dĂ©veloppement et de protection des territoires de montagne. L’article 81 prĂ©voit que dans les bois, forĂȘts ou parcs situĂ©s sur le territoire de communes oĂč l’établissement d’un plan local d’urbanisme a Ă©tĂ© prescrit, ainsi que dans tout espace boisĂ© classĂ©, les coupes et abattages d’arbres sont soumis Ă  dĂ©claration prĂ©alable sauf s’il est fait application d’un rĂšglement type de gestion approuvĂ©. Ces dispositions ont Ă©tĂ© modifiĂ©es par l’ordonnance n° 2015-1174 du 23 septembre 2015. L’article 82 prĂ©cise que, dans un dĂ©lai de six mois Ă  compter de la promulgation de la loi, le Gouvernement dĂ©pose sur le bureau des assemblĂ©es parlementaires un rapport sur les rĂšgles applicables aux exportations et aux importations de bois et de produits fabriquĂ©s en bois, indiquant notamment les mesures Ă  prendre afin de renforcer ces rĂšgles. Il s’appuie sur l’analyse des donnĂ©es statistiques du commerce extĂ©rieur des produits bois des cinq derniĂšres annĂ©es. II. APPLICATION DE LA LOI LISTE DES DÉCRETS PUBLIÉS Article Base lĂ©gale Titre du dĂ©cret publiĂ© Objet Article 67 Article L. 113-2 du code forestier DĂ©cret n° 2015-778 du 29 juin 2015 relatif aux commissions rĂ©gionales de la forĂȘt et du bois DĂ©crets de cohĂ©rence avec certaines Ă©volutions CSFB, gouvernance Article 67, 6° Article L. 121-2-2 du code forestier DĂ©cret n° 2015-666 du 10 juin 2015 relatif au programme national de la forĂȘt et du bois et aux programmes rĂ©gionaux de la forĂȘt et du bois ModalitĂ©s d’élaboration du projet de programme national de la forĂȘt et du bois Article 67, 7° Article L. 121-2-2 du code forestier PrĂ©cisions sur la procĂ©dure d’élaboration du PRFB notamment autoritĂ© administrative Article 67, 14°, c Article L. 125-1 du code forestier DĂ©cret n° 2015-228 du 27 fĂ©vrier 2015 portant diverses mesures d'application de la loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forĂȘt et clarification du droit Montant de l’indemnitĂ© annuelle d’occupation de bois et forĂȘts par des ouvrages, infrastructures ou Ă©quipements implantĂ©s sous terre Article 67, 23° Article L. 156-4 du code forestier DĂ©cret n° 2015-776 du 29 juin 2015 relatif Ă  la gouvernance du fonds stratĂ©gique de la forĂȘt et du bois et aux rĂšgles d’éligibilitĂ© Ă  son financement ModalitĂ©s de gestion du fonds stratĂ©gique de la forĂȘt et du bois et rĂšgles d'Ă©ligibilitĂ© Ă  son financement Article 69, II, 4° Article L. 214-5 du code forestier DĂ©cret n° 2015-678 du 16 juin 2015 relatif aux conditions de mise en Ɠuvre du troisiĂšme alinĂ©a de l'article L. 214-5 du code forestier Notification par une collectivitĂ© territoriale de l'ajournement des coupes Ă  l’autoritĂ© administrative compĂ©tente de l’État lorsque l’état d’assiette est partiellement approuvĂ© Article 69, III, 3° Article L. 332-7, I, 2° du code forestier DĂ©cret n° 2015-728 du 24 juin 2015 relatif au groupement d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental forestier Groupement d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental forestier contenu minimal du document diagnostic Article 69, III, 3° Article L. 332-7, IV du code forestier DĂ©cret n° 2015-758 du 24 juin 2015 relatif Ă  la commission consultative prĂ©vue Ă  l’article L. 182-25 du code rural et de la pĂȘche maritime et Ă  l’autoritĂ© administrative compĂ©tente de l’État en matiĂšre de reconnaissance et de retrait de la qualitĂ© de groupement d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental forestier Reconnaissance et retrait de la qualitĂ© de groupement d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental forestier Article 69, III Article L. 412-6 du code forestier DĂ©cret n° 2015-656 du 10 juin 2015 modifiant certaines dispositions relatives aux autorisations de dĂ©frichement Application de l'article en cas d'autorisation tacite de dĂ©frichement Article 75, III DĂ©cret n° 2015-388 du 3 avril 2015 ModalitĂ©s relatives aux transferts de services Ă  la collectivitĂ© territoriale de Corse pĂ©piniĂšres Article 76, II DĂ©cret n° 2015-665 du 10 juin 2015 portant diverses dispositions d'application de la loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forĂȘt et diverses mesures de clarification et simplification DĂ©terminer l'autoritĂ© administrative compĂ©tente pour prononcer mise en demeure et sanctions LISTE DES MESURES EN ATTENTE DE DÉCRET Article de la loi Base lĂ©gale Objet du dĂ©cret Article 80 Article L. 5232-5 du code de la santĂ© publique Planches de parquet vendues sur le marchĂ© français plafond des taux de composĂ©s organiques volatils Article 78 Article 1396 du code gĂ©nĂ©ral des impĂŽts Conditions de recours au recouvrement triennal Article 94, I Conditions dans lesquelles les experts forestiers, organisations de producteurs du secteur forestier et gestionnaires forestiers professionnels peuvent obtenir communication par voie Ă©lectronique des donnĂ©es relatives aux propriĂ©tĂ©s inscrites en nature de bois et forĂȘts situĂ©es dans le pĂ©rimĂštre gĂ©ographique pour lequel ils sont reconnus OBLIGATION DE DÉPÔT DE RAPPORT 13/04/2015 Rapport sur les rĂšgles applicables aux exportations et aux importations de bois et de produits fabriquĂ©s en bois, prĂ©cisant notamment les conditions phytosanitaires dans lesquelles elles se dĂ©roulent, Ă©valuant les dispositifs de surveillance et de contrĂŽle les concernant et indiquant les mesures Ă  prendre afin de les renforcer. A. LES ENJEUX FORESTIERS ET UNE NOUVELLE GOUVERNANCE La loi reconnaĂźt l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral pour la Nation de la protection et la mise en valeur des bois et forĂȘts, de la conservation des ressources gĂ©nĂ©tiques forestiĂšres, de la fixation de dioxyde de carbone et du stockage de carbone dans les produits du bois. Cette reconnaissance donne une base lĂ©gislative Ă  la rĂ©glementation concernant les matĂ©riels forestiers de reproduction et l’accĂšs aux ressources Ă©nergĂ©tiques forestiĂšres pour une utilisation en recherche-dĂ©veloppement dans des conditions Ă©quitables, en conformitĂ© avec les engagements de la France dans le cadre du protocole de Nagoya. Pour prĂ©ciser la notion d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, l’article 67 rĂ©affirme les objectifs de la politique forestiĂšre adaptation des forĂȘts au changement climatique, Ă©quilibre sylvo-cynĂ©gĂ©tique, rĂ©gularitĂ© Ă  long terme de la disponibilitĂ© de bois, renforcement de la compĂ©titive des filiĂšres d’utilisation du bois, et dĂ©veloppement des territoires. D’ici 2025, nous devrons avoir renouvelĂ© 500 000 hectares de forĂȘt, ce qui correspond Ă  seulement 3 % de la surface totale actuelle pour rattraper le retard dĂ©jĂ  accumulĂ© », indique Philippe Leroy, sĂ©nateur de la Moselle 19. Pour la FĂ©dĂ©ration des forestiers privĂ©s de France FFPF, il est positif de souligner le rĂŽle d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral de la forĂȘt pour la recherche de financements et l’encouragement du mĂ©cĂ©nat, FFPF a créé la Fondation Fransylva, abritĂ©e au sein de la Fondation du patrimoine, afin d’attirer des moyens complĂ©mentaires pour l’investissement, la recherche, l’emploi, ce qui a donnĂ© une image positive de la forĂȘt dans le public. Le projet de reboisement pourrait crĂ©er de nombreux emplois, mais, comme l’ont fait remarquer les reprĂ©sentants de la FĂ©dĂ©ration nationale des communes forestiĂšres FNCOFOR, il faudrait le soutien de la puissance publique, car on plante en France 10 fois moins qu’en Allemagne. Pour conforter l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, l’Union de la coopĂ©ration forestiĂšre française UCFF vient de crĂ©er un fonds de dotation Plantons pour l’avenir » ; au bout de 6 mois, les premiers reboisements Ă©taient en cours de rĂ©alisation et une deuxiĂšme vague a Ă©tĂ© lancĂ©e grĂące au soutien d’une quinzaine d’entreprises mĂ©cĂšnes, mĂȘme extĂ©rieures Ă  la forĂȘt, comme NestlĂ©, ou des entreprises du CAC 40, ainsi que du CrĂ©dit agricole de France. – Le parlement » de la forĂȘt, le Conseil supĂ©rieur de la forĂȘt et du bois CSFB a Ă©tĂ© rĂ©novĂ© et revu en lien avec le contrat stratĂ©gique de filiĂšre dĂ©cret n° 2015-778 du 8 octobre 2015. Il a Ă©tĂ© créé au sein du Conseil des comitĂ©s spĂ©cifiques plus techniques Ă©conomie de filiĂšre, biodiversitĂ©, liens avec les territoires, formation-recherche, volets communautaires et internationaux. Ces comitĂ©s donnent leur avis sur le programme national forĂȘt-bois prĂ©vu par la loi qui fixe les orientations de la politique de la forĂȘt et sur les projets d’implantation industrielle. Le programme a Ă©tĂ© soumis au conseil supĂ©rieur au printemps, avant le dĂ©cret. Les commissions rĂ©gionales de la forĂȘt et du bois CRFB se substituent aux commissions rĂ©gionales de la forĂȘt et des produits forestiers. Elles concourent Ă  l’élaboration et Ă  la mise en Ɠuvre dans la rĂ©gion des orientations de la politique forestiĂšre, dans le respect des objectifs dĂ©finis au code forestier. PrĂ©sidĂ©es conjointement par le prĂ©fet de rĂ©gion et le prĂ©sident du conseil rĂ©gional, elles ont intĂ©grĂ© des reprĂ©sentants de l’aval de la filiĂšre dĂ©cret n° 2015-778 du 29 juin 2015. De plus, un comitĂ© composĂ© paritairement de chasseurs et de forestiers a Ă©tĂ© rattachĂ© aux commissions. Elles sont notamment chargĂ©es – d’élaborer le programme rĂ©gional de la forĂȘt et du bois et, le cas Ă©chĂ©ant, le contrat de la filiĂšre bois au niveau rĂ©gional ; – d’identifier les besoins et les contraintes de la filiĂšre forĂȘt-bois afin notamment de faciliter l’approvisionnement en bois des industries de cette filiĂšre ; – d’assurer la cohĂ©rence entre le programme rĂ©gional de la forĂȘt et du bois et les politiques publiques rĂ©gionales, nationales ou communautaires ainsi que les programmes d’investissement et d’aides publiques ayant une incidence sur la forĂȘt, ses produits et ses services ; – de faire toute proposition visant Ă  organiser le dialogue entre les acteurs intervenant dans le domaine de la forĂȘt et du bois ; – d’émettre un avis sur les projets de directives rĂ©gionales d’amĂ©nagement des forĂȘts et de schĂ©mas rĂ©gionaux d’amĂ©nagement des forĂȘts relevant du rĂ©gime forestier, ainsi que sur les projets de schĂ©mas rĂ©gionaux de gestion sylvicole des bois et forĂȘts des particuliers ; – d’assurer le suivi du programme rĂ©gional de la forĂȘt et du bois et d’en rĂ©aliser un bilan annuel qui est adressĂ© au conseil supĂ©rieur de la forĂȘt et du bois. B. LE PROGRAMME NATIONAL DE LA FORÊT ET DU BOIS Ce programme PNFB doit dĂ©terminer des objectifs Ă©conomiques, environnementaux et sociaux fondĂ©s sur des indicateurs de gestion durable. Il dĂ©finit Ă©galement des territoires supra-rĂ©gionaux qui justifient en raison de leurs caractĂ©ristiques une coordination des programmes rĂ©gionaux. Il vise Ă  redonner de la compĂ©titivitĂ© Ă  la filiĂšre forĂȘt-bois. Ses objectifs et ses engagements ont Ă©tĂ© validĂ©s en comitĂ© interministĂ©riel en tenant compte des engagements internationaux et communautaires. Le dĂ©cret relatif Ă  ce programme a Ă©tĂ© signĂ© le 10 juin 2015 n° 2015-666. Cinq groupes de travail se ont rĂ©unis tout au long de l’annĂ©e 2015 et un projet de PNFB a Ă©tĂ© soumis Ă  l’avis du CSFB le 8 mars, puis a Ă©tĂ© soumis Ă  l’avis du public le 7 novembre dernier et doit ĂȘtre dĂ©finitivement approuvĂ© par dĂ©cret. La FFPF a soulignĂ© que le programme national prĂ©voyait des actions concertĂ©es entre la forĂȘt publique et la forĂȘt privĂ©e, ce qui pourrait donner lieu Ă  une gestion rĂ©novĂ©e. Ce programme devra ĂȘtre dĂ©clinĂ© au niveau rĂ©gional par les programmes rĂ©gionaux forĂȘt-bois les orientations rĂ©gionales forestiĂšres et le plan pluriannuel rĂ©gional de dĂ©veloppement forestier seront fusionnĂ©s dans un document unique. Ces programmes comporteront des indicateurs de gestion durable. Dans chaque rĂ©gion, des programmes rĂ©gionaux de la forĂȘt et du bois PRFB, qui remplacent les anciennes orientations forestiĂšres dĂ©clineront le programme national. Ils identifieront les massifs Ă  enjeux prioritaires pour la mobilisation du bois, prĂ©ciseront les conditions du renouvellement des peuplements forestiers en veillant Ă  l’équilibre sylvo-cynĂ©gĂ©tique. Ils indiqueront les actions Ă  mettre en Ɠuvre dans les rĂ©gions et engloberont donc les anciens programmes pluriannuels rĂ©gionaux, qui seront supprimĂ©s. Chaque commission rĂ©gionale fera annuellement le bilan de la mise en Ɠuvre du PRFB, bilan qui sera transmis au ministre chargĂ© des forĂȘts. La synthĂšse en sera communiquĂ©e au CSFB dĂ©cret n° 2015-778 du 29 juin 2015. Les travaux d’élaboration des PRFB devront aboutir dans le courant de l’annĂ©e 2017. La FNCOFOR a dĂ©plorĂ© que tous les dĂ©crets sur les plans rĂ©gionaux du bois et de la forĂȘt n’aient pas Ă©tĂ© pris. L’APCA, qui a co-Ă©crit le programme national avec l’ensemble des parties prenantes, a souhaitĂ© faire part Ă  vos rapporteurs de quelques critiques constructives » – Ce document a perdu de vue la notion de multifonctionnalitĂ© des forĂȘts, les multi-usages, les complĂ©mentaritĂ©s entre l’agriculture et la forĂȘt, notamment dans les surfaces de sylvo-pastoralisme trĂšs prĂ©sentes dans le sud du pays ; – Il ne [traite] pas les arbres hors forĂȘt haie, bocage, agroforesterie, bosquets.... Les haies et arbres d’alignement reprĂ©sentent 2 millions d’hectares, accessibles, munis de dessertes et donc facilement mobilisables. Ces gisements pourront servir de complĂ©ment pour l’approvisionnement d’une filiĂšre bois-Ă©nergie de plus en plus demandeuse et permettront de prĂ©server certains autres peuplements pour les filiĂšres du sciage. Les arbres hors forĂȘt sont loin d’ĂȘtre une ressource marginale en volume il apparaĂźt important de les considĂ©rer Ă  leur juste valeur et de les rendre parties prenantes de cette stratĂ©gie de filiĂšre forĂȘt-bois aval ambitieuse ; – La proposition de PNFB, trĂšs axĂ©e sur l’accompagnement des filiĂšres longues, pourrait mieux prendre en compte les filiĂšres territorialisĂ©es. L’économie repose sur la complĂ©mentaritĂ© des usages et des marchĂ©s internationaux, nationaux et locaux les filiĂšres courtes mĂȘme si elles ne sont pas majoritaires, comme on les connaĂźt dans les sociĂ©tĂ©s coopĂ©ratives d’intĂ©rĂȘt collectif Bois-Énergie ou autour de l’association bois paysan », par exemple, sont absentes de ce plan ». C. CRÉATION D’UN FONDS STRATÉGIQUE DE LA FORÊT ET DU BOIS. Ce fonds FSBF a Ă©tĂ© créé par la loi de finances, mais dotĂ© par la loi d’avenir d’un comitĂ© de gouvernance. Il a vocation Ă  financer des projets d’investissements et d’actions de recherche, de dĂ©veloppement et d’innovation qui s’inscrivent dans le cadre, d’une part, des orientations stratĂ©giques du programme national de la forĂȘt et du bois et dans le cadre, d’autre part, des prioritĂ©s arrĂȘtĂ©es dans les programmes rĂ©gionaux de la forĂȘt et du bois. Le regroupement dans un fonds unique de l’ensemble des ressources financiĂšres donne une visibilitĂ© et une cohĂ©rence aux interventions financiĂšres de l’État, qui feront l’objet d’un suivi par le Conseil supĂ©rieur de la forĂȘt et du bois. À l’inverse du fonds bois créé en 2009 et orientĂ© vers la filiĂšre aval construction, ameublement
, le fonds stratĂ©gique vise Ă  renforcer la compĂ©titivitĂ© de la filiĂšre en amont. Le dĂ©cret dĂ©finissant les modalitĂ©s de sa gestion et les rĂšgles d’éligibilitĂ© Ă  ses financements a Ă©tĂ© publiĂ© le 30 juin 2015 n° 2015-776. Une instruction technique du 17 dĂ©cembre 2015 dĂ©finit les conditions gĂ©nĂ©rales de financement de ces opĂ©rations d’investissements rĂ©alisĂ©es dans le cadre des programmes de dĂ©veloppement rural rĂ©gionaux PDRR. Ses ressources sont les suivantes – dotations budgĂ©taires nationales programme 149 28 M€ en 2017, – compensations financiĂšres de dĂ©frichement 1 M€ au 1er novembre et plafonnĂ©es Ă  hauteur de 2 M€ pour 2017, – contributions des chambres dĂ©partementales d’agriculture cotisation provenant de la taxe additionnelle Ă  la taxe fonciĂšre sur les propriĂ©tĂ©s non bĂąties TATFNB 3,7 M€ ; jusqu’à prĂ©sent, elles Ă©taient affectĂ©es au financement d’animations prĂ©vues dans les plans pluriannuels rĂ©gionaux de dĂ©veloppement forestier, dont la majoritĂ© arrivera Ă  terme au cours de l’annĂ©e 2017. Comme il avait eu l’occasion de le souligner lors d’un dĂ©bat au SĂ©nat en janvier, le ministre de l’agriculture entend recourir aux cofinanceurs pour parvenir Ă  cette capacitĂ© de 100 millions d’euros. Les 18 millions d’euros supplĂ©mentaires sur le budget du ministĂšre doivent servir d’effet levier pour atteindre, avec les autres cofinanceurs Europe, rĂ©gions, fonds privĂ©s, BPI, BEI
 la cible de 100 millions d’euros », prĂ©cise le ministĂšre, dans un communiquĂ© diffusĂ© Ă  l’issue de cette rencontre. Une confĂ©rence des financeurs » doit arrĂȘter les prioritĂ©s de financement du fonds. Un appel Ă  projet sera lancĂ© avant la fin de l’annĂ©e. Le dispositif relatif aux conditions d’autorisation de dĂ©frichement a Ă©voluĂ©. Jusqu’à la loi d’avenir, l’autorisation de dĂ©frichement pouvait ĂȘtre conditionnĂ©e Ă  la rĂ©alisation de compensations, telles que, en particulier, des boisements compensateurs ou le versement d’une compensation financiĂšre. La loi a gĂ©nĂ©ralisĂ© les compensations aux dĂ©frichements elles peuvent prendre la forme de boisements, de travaux d’amĂ©lioration sylvicole ou de versement d’une indemnitĂ© Ă©quivalente au FSBF – au 31 juillet 2016, le montant versĂ© au FSFB s’élevait Ă  670 868 €. Ces rĂšgles ont fait l’objet du dĂ©cret n° 2015-656 du 10 juin 2015. L’enjeu n’est plus l’accroissement de la surface forestiĂšre, mais la mise en Ɠuvre d’une gestion forestiĂšre multifonctionnelle, rĂ©pondant aux objectifs de sĂ©questration de carbone et de rĂ©silience de la forĂȘt face aux effets du changement climatique, ce qui nĂ©cessite des investissements forestiers. La compensation dĂ©frichement est mise en Ɠuvre par les prĂ©fets. Le ministĂšre a fourni des idĂ©es directrices. Mais le ministĂšre dĂ©plore que des dĂ©cisions aient pu ĂȘtre prises en fonction du bĂ©nĂ©ficiaire par exemple pour aider des jeunes, alors que ce n’est pas le propos et souligne que le but est de protĂ©ger la forĂȘt, et non le bĂ©nĂ©ficiaire. Le bilan en apparait mitigĂ©, en raison, en particulier de la rĂ©ticence des agriculteurs Ă  propos de la compensation dĂ©frichement. Il est vrai que, comme vos rapporteurs l’ont fait remarquer, la forĂȘt progresse dans certaines parties du territoire, par exemple en Dordogne. La surface agricole utile SAU diminue d’un dĂ©partement tous les 7 ans. Ce fonds a fait l’objet de plusieurs remarques pendant les auditions. Selon l’UCFF et France Bois ForĂȘt FBF et l’ensemble de l’interprofession, il faudrait crĂ©er un compte d’affectation spĂ©ciale afin que les ressources soient pĂ©rennes, car le temps de la forĂȘt est trĂšs long. En outre, la taxe carbone est le cheval de bataille de la filiĂšre la forĂȘt capte 20 % des Ă©missions de carbone, elle souhaite qu’un euro par tonne de CO2 lui soit affectĂ©. La forĂȘt participant de l’écologie et de la biodiversitĂ©, il est logique que ces montants reviennent aux forestiers, aux producteurs et aux planteurs. Il serait souhaitable que les crĂ©dits du fonds soient redirigĂ©s vers le reboisement et l’investissement. Ce flĂ©chage » est trĂšs cohĂ©rent les Ă©metteurs de carbone devraient payer des actions qui contribuent Ă  capter et stocker ce carbone. Le compte d’affectation spĂ©ciale se justifierait en outre par le fait que l’innovation est un facteur d’expansion de la filiĂšre. Pour la FNCOFOR, il est essentiel que le fonds contribue aux investissements et au reboisement, mais il est nĂ©cessaire de garder Ă©galement des financements pour l’animation, car le public a tendance Ă  se refermer sur une forĂȘt sacralisĂ©e. Les professionnels de la forĂȘt estiment que les crĂ©dits de la TFNB sont mal utilisĂ©s par les chambres, car elles ne l’utilisent pas pour la forĂȘt, alors que le but devrait ĂȘtre de faire remonter les crĂ©dits vers le fonds stratĂ©gique. Toutefois, comme l’a soulignĂ© le ministĂšre, les sommes collectĂ©es sont renvoyĂ©es dans le dĂ©partement oĂč elles ont Ă©tĂ© gĂ©nĂ©rĂ©es. L’agriculteur peut proposer de reboiser, chez un forestier ou chez lui ; des bourses aux travaux sont proposĂ©es. C’est un cercle vertueux. L’APCA fait remarquer qu’une partie du FSFB est alimentĂ©e par la taxe pour frais de chambres d’agriculture 3,7 M€ pour des actions de dĂ©veloppement et d’animation territoriale dans le cadre du plan pluriannuel rĂ©gional de dĂ©veloppement forestier PPRDF instaurĂ© par la loi de modernisation de l’agriculture et de la pĂȘche du 27 juillet 2010 et Ă  partir de 2017, dans le cadre du programme rĂ©gional de la forĂȘt et du bois PRFB crĂ©e par la loi d’avenir. Il faudra s’assurer que ces fonds, qui proviennent des propriĂ©taires, servent au dĂ©veloppement de la forĂȘt privĂ©e, en appui aux chambres d’agriculture et centre rĂ©gionaux de la propriĂ©tĂ© forestiĂšre CRPF. Aucune garantie n’a Ă©tĂ© donnĂ©e actuellement. L’APCA s’insurge sur le traitement des centimes forestiers dans le cadre du PLF 2017 Les centimes forestiers 4,8 M€ alimentent le fonds national forĂȘt-bois pour financer des appels Ă  projets au niveau rĂ©gional par les directions rĂ©gionales de l’alimentation, de l’agriculture et de la forĂȘt DRAAF. Cette disposition ne lui parait pas acceptable, elle demande que ces fonds restent flĂ©chĂ©s » sur les actions des chambres d’agriculture, avec une gouvernance adaptĂ©e. À ce sujet, un groupe de travail vient d’ĂȘtre créé, pilotĂ© par la direction gĂ©nĂ©rale de la performance Ă©conomique et environnementale des entreprises DGPE. Les Jeunes agriculteurs s’élĂšvent avec vigueur contre la compensation la loi d’avenir a rendu la situation pire que ce qu’elle Ă©tait auparavant. Le rĂ©gime de compensation en nature avec coefficient multiplicateur Ă©tait injustifiĂ©. DĂ©sormais, malgrĂ© son maintien, a Ă©tĂ© ajoutĂ©e de maniĂšre optionnelle mais dans les faits systĂ©matique une conversion de la replantation en quasi-taxation ». JA souhaite a minima que les jeunes agriculteurs soient exonĂ©rĂ©s de toute obligation de compensation et, idĂ©alement, que les surfaces en reboisement naturel » qui existent partout en France soient considĂ©rĂ©es comme compensant de facto les dĂ©frichements correspondants. Un travail consĂ©quent doit ĂȘtre menĂ© sur cette question pour apporter une rĂ©ponse satisfaisante pour tous, et qui Ă©vite les conflits d’usage inutiles entre surfaces forestiĂšres et agricoles. D. FORÊT ET TERRITOIRES 1. Établir l’équilibre sylvo-cynĂ©gĂ©tique L’article 76 de la loi vise Ă  Ă©tablir l’équilibre sylvo-cynĂ©gĂ©tique. La loi prĂ©voit que les orientations rĂ©gionales de gestion de la faune sauvage et de ses habitats ORGFSH et les schĂ©mas dĂ©partementaux de gestion cynĂ©gĂ©tique devront ĂȘtre compatibles avec le programme rĂ©gional de la forĂȘt et du bois. Un comitĂ© composĂ© paritairement de forestiers et de chasseurs rattachĂ© Ă  la commission rĂ©gionale a Ă©galement Ă©tĂ© instaurĂ© ; il s’appuie toutefois sur les travaux des dĂ©partements. Ce comitĂ© devra dresser un bilan des dĂ©gĂąts de gibier recensĂ©s au niveau rĂ©gional et dĂ©finir un programme d’action permettant de favoriser l’établissement d’un Ă©quilibre sylvo-cynĂ©gĂ©tique dĂ©cret n° 2015-778 du 29 juin 2015. Aucun comitĂ© ne s’est encore rĂ©uni. Dans les rĂ©gions, l’équilibre sylvo-cynĂ©gĂ©tique est au cours des dĂ©bats. Vos rapporteurs estiment qu’il faudra parvenir Ă  un vrai dialogue entre forestiers et chasseurs. La FFPF a dĂ©plorĂ© que la FĂ©dĂ©ration nationale des chasseurs ait votĂ© contre le dĂ©cret relatif Ă  la concertation sur la prĂ©vention des dĂ©gĂąts sylvicoles de grands gibiers. Ce dĂ©cret est toutefois Ă  la signature du ministre. La FFPF a regrettĂ© que la FĂ©dĂ©ration nationale des chasseurs remette en cause ce qui a Ă©tĂ© fait jusqu’à prĂ©sent. Les forestiers sont membres des associations communales de chasse agréées ACCA, mais soulignent qu’ils ont, en fait, peu la parole dans ces instances. La FĂ©dĂ©ration nationale de chasseurs porte un jugement mitigĂ© sur la loi. Selon elle, l’équilibre sylvo-cynĂ©gĂ©tique est le volet le moins satisfaisant, qui va crĂ©er des problĂšmes avec les forestiers. Globalement, elle met l’accent sur de nombreux aspects nĂ©gatifs pour quelques points positifs ». Ces derniers sont au nombre de deux. En premier lieu, la loi prĂ©voit la possibilitĂ© pour les reprĂ©sentants des intĂ©rĂȘts cynĂ©gĂ©tiques d’entrer au sein du conseil d’administration de l’Office national des forĂȘts. Par ailleurs, la FĂ©dĂ©ration a craint que les ACCA ne soient dĂ©mantelĂ©es et se fĂ©licite que cela ne soit pas le cas pour elle, le risque Ă©tait que les propriĂ©taires forestiers utilisent le dispositif des GIEEF pour se regrouper et tenter de se soustraire Ă  l’action des ACCA dont le territoire est constituĂ© par les terrains des propriĂ©taires infĂ©rieurs Ă  certaines superficies. En se regroupant, les propriĂ©taires forestiers auraient pu constituer des unitĂ©s de surfaces supĂ©rieures Ă  ces superficies et s’extraire » des ACCA pour la gestion cynĂ©gĂ©tique. Il y avait un risque majeur de dĂ©mantĂšlement des ACCA, qui est donc Ă©cartĂ© ». En outre, au titre II de la loi, il est créé une commission dĂ©partementale de la prĂ©servation des espaces naturels, agricoles et forestiers, prĂ©sidĂ©e par le prĂ©fet, associant des reprĂ©sentants de l’État, des collectivitĂ©s territoriales et de leurs groupements, des professions agricoles et forestiĂšres, des chambres d’agriculture et des organismes nationaux Ă  vocation agricole et rurale, des propriĂ©taires fonciers, des notaires, des associations agréées de protection de l’environnement et des fĂ©dĂ©rations dĂ©partementales ou interdĂ©partementales des chasseurs, ce dont ces derniĂšres se fĂ©licitent. Au mĂȘme titre II, il est prĂ©vu Ă  l’article 29 la possibilitĂ© pour les fĂ©dĂ©rations dĂ©partementales, interdĂ©partementales ou rĂ©gionales des chasseurs de siĂ©ger dans les conseils d’administration des SAFER, autre point positif. En revanche, les sujets de discorde sont nombreux. La FĂ©dĂ©ration nationale des chasseurs dĂ©plore qu’on dĂ©veloppe la forĂȘt au dĂ©triment de la chasse, alors que le poids de la chasse dans l’économie forestiĂšre n’est pas nĂ©gligeable, qu’elle n’est pas une simple variable. Elle a estimĂ©, lors de son audition, que les logiques des forestiers et des chasseurs Ă©taient inconciliables sur plusieurs points – la reprĂ©sentation des chasseurs au sein de la commission rĂ©gionale de la forĂȘt et du bois, fixĂ©e par dĂ©cret, est dĂ©sĂ©quilibrĂ©e au regard de la composition de la commission ; – les fĂ©dĂ©rations dĂ©partementales ou interdĂ©partementales des chasseurs ne sont pas expressĂ©ment mentionnĂ©es pour reprĂ©senter les chasseurs au sein du comitĂ© paritaire de la commission rĂ©gionale de la forĂȘt et du bois. Ne sont mentionnĂ©s que les reprĂ©sentants » des chasseurs. Ce dĂ©faut de prĂ©cision pouvant entraĂźner des dĂ©rives dans les nominations par les prĂ©fets, il faudrait qu’une circulaire apporte des prĂ©cisions ; – la modification du rapport hiĂ©rarchique entre schĂ©ma dĂ©partemental de gestion cynĂ©gĂ©tique SDGC et programme rĂ©gional de la forĂȘt et du bois PRFB suscite l’inquiĂ©tude auparavant, les SDGC se devaient seulement de prendre en compte » les PRFB. DĂ©sormais, ils doivent ĂȘtre compatibles » avec eux. La loi promeut l’échelon rĂ©gional mais, en fait, les problĂšmes abordĂ©s dans les programmes rĂ©gionaux et des schĂ©mas dĂ©partementaux sont diffĂ©rents ; – la prise en compte des documents de gestion des forĂȘts en matiĂšre de plan de chasse pose problĂšme dans la mesure oĂč les intĂ©rĂȘts des forestiers Ă©taient dĂ©jĂ  pris en compte dans le cadre de la procĂ©dure de plan de chasse. L’article L. 425-6 du code de l’environnement dispose Le plan de chasse dĂ©termine le nombre minimum et maximum d’animaux Ă  prĂ©lever sur les territoires de chasse. Il tend Ă  assurer le dĂ©veloppement durable des populations de gibier et Ă  prĂ©server leurs habitats, en prenant en compte les documents de gestion des forĂȘts mentionnĂ©s Ă  l’article L. 122-3 du code forestier et en conciliant les intĂ©rĂȘts agricoles, sylvicoles et cynĂ©gĂ©tiques ». Et la FĂ©dĂ©ration d’ajouter dans la mesure oĂč le texte en vigueur prĂ©voyait dĂ©jĂ  une conciliation des intĂ©rĂȘts sylvicoles et cynĂ©gĂ©tiques, et oĂč les propriĂ©taires forestiers Ă©taient dĂ©jĂ  associĂ©s Ă  l’élaboration des plans de chasse grand gibier, il n’apparaissait pas opportun Ă  la FĂ©dĂ©ration nationale des chasseurs d’alourdir le dispositif en prĂ©voyant une rĂ©fĂ©rence explicite aux documents de gestion des forĂȘts. Le risque introduit par cette disposition est de mettre un pied dans la gestion cynĂ©gĂ©tique normative, qui consiste Ă  fixer des objectifs chiffrĂ©s de densitĂ© de cervidĂ©s, par l’intermĂ©diaire des documents de gestion des forĂȘts. Ce type de dĂ©marche est toujours vouĂ© Ă  l’échec. En effet, quand bien mĂȘme cette dĂ©marche est intellectuellement rassurante, elle ne peut aboutir car il est techniquement impossible de vĂ©rifier si la norme dĂ©finie est adaptĂ©e ou non, et surtout si l’objectif est atteint ou non ». – quant au projet de dĂ©cret pour la mise en place d’une concertation locale pour la prĂ©vention des dĂ©gĂąts sylvicoles de grand gibier, la FĂ©dĂ©ration estime qu’il est Ă  rejeter en totalitĂ© » compte tenu du caractĂšre excessif des dispositions prĂ©vues Ă  l’encontre des ACCA et des outils juridiques dĂ©jĂ  mis Ă  la disposition des forestiers pour faire valoir leurs droits chaque propriĂ©taire forestier est dĂ©jĂ  membre de droit des ACCA, peut formuler sa propre demande de plan de chasse et peut se constituer en association syndicale libre. Enfin, l’insuffisance de l’enquĂȘte transmise par les forestiers sur les disfonctionnements en matiĂšre de dĂ©gĂąts forestiers en ACCA ne milite pas en faveur de la publication d’un projet de dĂ©cret moins de 10 cas relevĂ©s en France ». s’agissant des autres articles du dĂ©cret, du fait que les propriĂ©taires forestiers peuvent chasser et louer ou non la chasse
 Les mesures proposĂ©es seront exclusivement Ă  charge pour les chasseurs et uniquement au stade de la proposition pour les forestiers. Le projet de dĂ©cret apparaĂźt donc comme fortement dĂ©sĂ©quilibrĂ© ». La FĂ©dĂ©ration nationale des chasseurs fait en outre valoir que l’indemnisation des dĂ©gĂąts s’élĂšve annuellement Ă  un montant de 25 Ă  35 M€, les frais d’expertise Ă  5 M€ environ, et les dĂ©penses de prĂ©vention hors valorisation du bĂ©nĂ©volat des chasseurs Ă  prĂšs de 15 M€, ce qui fait au total approximativement un montant assez Ă©levĂ© de 50 M€. En effet, depuis la loi sur le dĂ©veloppement des territoires ruraux de fĂ©vrier 2005, le propriĂ©taire forestier, victime de dĂ©gĂąts, peut obtenir rĂ©paration de la part du dĂ©tenteur du droit de chasse concernĂ© sous certaines conditions, en particulier s’il n’a pas rĂ©alisĂ© le minimum du plan de chasse qui lui Ă©tait attribuĂ©. La FNCOFOR a rappelĂ© que les forestiers, contrairement aux agriculteurs, ne percevaient pas d’indemnitĂ© pour des dĂ©gĂąts de gibier. L’équilibre forĂȘt-gibier est particuliĂšrement difficile Ă  trouver. C’est l’une des prioritĂ©s du contrat d’objectifs et de performance COP pour la pĂ©riode 2016-2020 entre l’État, la FNCFOR et l’Office national des forĂȘts ONF. L’ONF devra approfondir le partenariat avec l’Office national de la chasse et de la faune sauvage ONCFS ; mettre en place des outils de diagnostics partagĂ©s pour le suivi des contrats sylvo-cynĂ©gĂ©tiques et les examiner en commission consultative territoriale de la chasse ; Ă©laborer un plan d’action pour l’établissement Ă  diffĂ©rentes Ă©chelles de cartes d’impacts et suivre les dĂ©cisions prises sur les demandes de plan de chasse, y compris dans les cas de zones protĂ©gĂ©es. Lors de l’audition, vos rapporteurs ont fait remarquer que la population des chasseurs vieillissait et que de ce fait, les plans de chasse n’étaient pas appliquĂ©s. MĂȘme si le nombre des candidats a commencĂ© rĂ©cemment Ă  remonter, on constate des problĂšmes de dĂ©shĂ©rence dans le Centre de la France, les PyrĂ©nĂ©es, le Var. Dans le Var, selon la FĂ©dĂ©ration nationale, la chasse au sanglier a lieu jusqu’à 4 Ă  5 jours par semaine et les difficultĂ©s se multiplient les chasseurs sont trop pressurĂ©s – il faudrait arrĂȘter de faire payer les bracelets de cerfs – et sont verbalisĂ©s en cas de non-rĂ©alisation du minimum du plan de chasse, ce qui advient Ă©tant donnĂ© leur nombre rĂ©duit. On constate Ă©galement un trĂšs grand dĂ©sĂ©quilibre dans l’Est. Votre rapporteur estime qu’à moyen terme, les chasseurs ne pourront plus payer les dĂ©gĂąts. Selon le ministĂšre, les forestiers dĂ©clarent aux prĂ©fets qu’ils ne signent pas le programme national car celui-ci ne garantit pas la rĂ©gĂ©nĂ©ration si bien que la forĂȘt se dĂ©truit. En outre, la faune sauvage va croissant 650 000 sangliers ont Ă©tĂ© abattus en 2015, selon l’ONF. Les forestiers demandent la suppression du plan de chasse 20. Les Allemands ont ainsi mis 10 ans Ă  rĂ©guler la profession de la faune et non deux comme ils le prĂ©voyaient. En forĂȘt, les chasseurs nient les dĂ©gĂąts causĂ©s par la faune sauvage, mais on parvient Ă  dĂ©montrer qu’ils sont inexistants dans les enclos. Vos rapporteurs estiment que valoriser Ă©conomiquement les produits de la chasse pourrait intĂ©resser les chasseurs. Or, comme l’a indiquĂ© l’ONF, 90 % des produits de la venaison sont importĂ©s. Il faut des entrepreneurs pour mettre sur pied une industrie, vos rapporteurs suggĂ©rant l’organisation d’un concours avec de grands chefs cuisiniers. 2. Dispositions concernant la mobilisation du foncier et l’utilisation des sols – L’article 78 prĂ©voyait le recouvrement triennal de la taxe fonciĂšre sur les propriĂ©tĂ©s non bĂąties pour les propriĂ©tĂ©s en nature de bois et forĂȘts pour lesquelles le montant est infĂ©rieur Ă  12€ les petites surfaces afin d’inciter les propriĂ©taires Ă  gĂ©rer ou mettre en vente les parcelles. Cette disposition a Ă©tĂ© abrogĂ©e lors de l’examen du projet de loi de finances rectificative pour 2015, comme le prĂ©cise la rĂ©ponse Ă  la question Ă©crite n° 91897 XIV de M. Alain ChrĂ©tien du 15 dĂ©cembre 2015 L’objectif de mobilisation de la ressource forestiĂšre via une gestion durable constitue une prioritĂ© de la politique forestiĂšre nationale. Afin de contribuer Ă  sensibiliser les propriĂ©taires de petites parcelles forestiĂšres Ă  la nĂ©cessitĂ© de gestion de leurs forĂȘts, la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt du 13 octobre 2014 avait prĂ©vu la possibilitĂ© de mettre en place un recouvrement triennal de la taxe fonciĂšre sur les propriĂ©tĂ©s non bĂąties lorsque le montant annuel de celle-ci Ă©tait infĂ©rieur au seuil de perception. Cependant, cette mesure a Ă©tĂ© supprimĂ©e par l’article 49 de la loi no 2015-1786 du 29 dĂ©cembre 2015 de finances rectificative pour 2015. En effet, aux termes du travail menĂ© avec le ministĂšre des finances sur l’application de cette disposition, il est apparu que sa mise en Ɠuvre prĂ©sentait des difficultĂ©s importantes en gestion au regard du paiement annuel de l’impĂŽt. Le bilan coĂ»t-avantage a conduit le Gouvernement Ă  privilĂ©gier la suppression de cette disposition afin d’éviter un processus administratif complexe et coĂ»teux ». Le Centre national de la propriĂ©tĂ© forestiĂšre CNPF a regrettĂ© que la perception triennale de la taxe fonciĂšre ait Ă©tĂ© abandonnĂ©e. Elle Ă©tait fondĂ©e dans son principe il faut en effet donner un signal aux petits propriĂ©taires, qui doivent soit exploiter leur forĂȘt, soit la vendre. La forĂȘt doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un outil Ă©conomique. – La FFPF prĂŽne une modification du dispositif d’encouragement fiscal Ă  l’investissement en forĂȘt DEFI, crĂ©e par la loi d’orientation en forĂȘt du 9 juillet 2001 il permet une rĂ©duction de l’impĂŽt sur le revenu, sous rĂ©serve de certains plafonds, pour les contribuables domiciliĂ©s en France rĂ©alisant des investissements forestiers. C’est le seul dispositif permettant d’accompagner et d’orienter un propriĂ©taire dans les travaux qu’il rĂ©alise. Or l’article 199 decies H du code gĂ©nĂ©ral des impĂŽts, qui demande au contribuable -pour pouvoir bĂ©nĂ©ficier de l’exonĂ©ration ou du crĂ©dit d’impĂŽt- de fournir un ensemble de documents contraignant, pourrait ĂȘtre simplifiĂ©. En outre, il conviendrait de dĂ©plafonner le DEFI ForĂȘt. Ceci est d’autant plus justifiĂ© que la mise en valeur des bois et forĂȘts et le reboisement sont reconnus d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Le DEFI ForĂȘt retrouvera alors sa pleine efficience. – La loi d’avenir ouvre la procĂ©dure des biens vacants et sans maĂźtre aux propriĂ©tĂ©s en nature de bois et forĂȘt pour lesquelles la TFNB n’est pas rĂ©glĂ©e pendant 3 ans. La direction des finances publiques Ă©tablit une liste Ă  partir du cadastre, qui est transmise Ă  la prĂ©fecture, puis affichĂ©e en mairie. À l’issue d’un dĂ©lai de six mois Ă  compter de l’accomplissement des mesures de publicitĂ©, ces biens sont incorporĂ©s dans le domaine de la commune sur laquelle ils sont situĂ©s, ou, en cas de renoncement de la commune, la propriĂ©tĂ© est attribuĂ©e Ă  l’État. La procĂ©dure dure de un Ă  deux ans ; les bois et forĂȘts acquis selon ces modalitĂ©s sont soumis au rĂ©gime forestier Ă  l’expiration d’un dĂ©lai de cinq ans. Les maires dĂ©couvrent de ce fait l’importance du patrimoine de leur commune ; cela peut permettre de remĂ©dier Ă  certains problĂšmes fonciers, dans des endroits spĂ©cifiques par exemple, en zone de forte dĂ©prise agricole. Ces procĂ©dures sont actuellement lancĂ©es. – Elle modifie les rĂšgles relatives au droit de prĂ©fĂ©rence et au droit de prĂ©emption. Le droit de prĂ©fĂ©rence est Ă©tendu aux communes, mĂȘme lorsque celles-ci ne sont pas propriĂ©taire de terrains boisĂ©es et un droit de prĂ©emption est créé au profit des communes et de l’État lorsque ceux-ci sont propriĂ©taires de parcelles boisĂ©s contiguĂ«s relevant du rĂ©gime forestier. Pour les droits de prĂ©fĂ©rence et droits de prĂ©emption, on ne dispose pas de bilan. Les reprĂ©sentants de la forĂȘt privĂ©e s’insurgent contre les communes et les notaires sont mĂ©contents car ils doivent se renseigner sur les terrains aux alentours du bien. Droit de prĂ©emption et droit de prĂ©fĂ©rence Le droit de prĂ©emption de l’État art. L. 331-23 du code forestier Il va s’exercer en cas de vente d’une propriĂ©tĂ© boisĂ©e au cadastre d’une surface limitĂ©e de 4 ha. Il faut que l’État soit propriĂ©taire d’une forĂȘt domaniale et que celle-ci jouxte celle en vente. C’est au notaire qu’incombe la charge d’informer l’État de cette vente via le prĂ©fet. L’absence de rĂ©ponse pendant trois mois Ă©quivaut Ă  une renonciation. Le droit de prĂ©emption de la commune Art. L. 331-22 - al. 1er du code forestier Il s’agit d’un droit créé au profit de la commune sur laquelle se trouve la propriĂ©tĂ© Ă  vendre, classĂ©e au cadastre en nature de bois et forĂȘt et qui possĂšde une parcelle boisĂ©e contiguĂ« et soumise Ă  un document de gestion mentionnĂ© au a du 1° de l’art. L. 122-3 du code forestier. La parcelle de la commune doit ĂȘtre joignante de la propriĂ©tĂ© Ă  vendre. La surface de la propriĂ©tĂ© Ă  vendre doit ĂȘtre infĂ©rieure Ă  4 hectares. La notification doit ĂȘtre adressĂ©e au maire qui a deux mois pour faire connaĂźtre au vendeur s’il entend exercer son droit. En cas de conflit entre la commune et la SAFER – toutes deux titulaires du droit de prĂ©emption – c’est le droit de la commune qui est prĂ©pondĂ©rant art. L. 143-6, alinĂ©a 1er du code rural et de la pĂȘche maritime. Mais en cas de conflit entre l’État et la commune, c’est le droit de prĂ©emption de l’État qui est prioritaire art. L. 331-23, al. 4 du code forestier. Le droit de prĂ©fĂ©rence de la commune Art. L. 331-24 – al. 1er du code forestier Ce droit s’exercera en cas de vente d’une propriĂ©tĂ© situĂ©e sur son territoire, classĂ©e bois » au cadastre et d’une superficie limitĂ©e Ă  moins de 4 hectares. Ce droit de prĂ©fĂ©rence est identique Ă  celui des propriĂ©taires forestiers, mais avec quelques diffĂ©rences il n’est pas subordonne a la condition de contiguĂŻtĂ© en vigueur pour les propriĂ©taires forestiers. Si la commune est propriĂ©taire d’une parcelle boisĂ©e contigĂŒe valorisĂ©e, elle bĂ©nĂ©ficie alors d’un droit de prĂ©emption. Son but n’est pas la restructuration, mais celui de confĂ©rer Ă  la commune un rĂŽle d’amĂ©nageur » du territoire agricole et forestier. La loi prĂ©voit que le maire doit ĂȘtre informĂ© de la vente par le vendeur. La commune dispose ensuite de deux mois Ă  compter de la notification. Il existe deux possibilitĂ©s – aucun des propriĂ©taires de parcelles contigĂŒes n’a exercĂ© son droit de prĂ©fĂ©rence, la vente doit ĂȘtre signĂ©e dans le dĂ©lai de deux mois Ă  compter de la rĂ©ception de la dĂ©claration d’exercice par la commune de son droit de prĂ©fĂ©rence. Mais ce dĂ©lai de rĂ©alisation est suspendu au droit de prĂ©emption de la SAFER. Si celle-ci n’exerce pas son droit de prĂ©emption, les bois ainsi acquis par la commune seront soumis au rĂ©gime forestier de l’art. L. 211-1 du code forestier dans les cinq ans de leur incorporation au domaine communal elle devra donc Ă©tablir un "document d’amĂ©nagement" approuvĂ© par le reprĂ©sentant de l’État ; – un – ou plusieurs – propriĂ©taires de parcelles contigĂŒes Ă  la propriĂ©tĂ© Ă  vendre se manifestent, le droit de prĂ©fĂ©rence de la commune ne peut alors pas s’exercer. C’est alors le vendeur qui choisit son acquĂ©reur. Source d’aprĂšs CRFP Limousin Selon la FNCOFOR, le droit de prĂ©emption de la commune devrait s’appliquer Ă  la forĂȘt sectionnale propriĂ©tĂ© collecte gĂ©rĂ©e par l’ONF dans les conditions prĂ©vues par la loi. La FFPF a, pour sa part, estimĂ© que si une parcelle Ă©tait Ă  vendre et si le voisin disposait d’un document durable, il devrait avoir la prioritĂ©, ce qui permettrait de restructurer le foncier, bien que ce soit juridiquement compliquĂ©. Pour la FNCOFOR, ce serait le moyen de remettre en gestion des surfaces qui ne sont pas exploitĂ©es. – Dans le cadre d’un schĂ©ma communal approuvĂ© par la CRFB, les communes de montagne boisĂ©es Ă  plus de 70 % peuvent dĂ©fricher jusqu’à un taux de couverture de 50 % pour des motifs paysagers ou agricoles. – Le dĂ©partement Ă©labore chaque annĂ©e un schĂ©ma d’accĂšs Ă  la ressource forestiĂšre. Le PRFB devra en parallĂšle inclure un itinĂ©raire de desserte des ressources forestiĂšres en s’appuyant sur les rĂ©fĂ©rentiels gĂ©ographiques et forestiers de l’IGN. Le centre national de propriĂ©tĂ© forestiĂšre CNPF a dĂ©plorĂ© que les dispositions relatives aux dessertes et itinĂ©raires soient restĂ©es lettre morte, faute d’action des dĂ©partements. E. LA DYNAMISATION DE LA GESTION DURABLE 1. Les groupements d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental forestiers Les GIEEF visent Ă  dynamiser la gestion durable des forĂȘts privĂ©es. Il s’agit d’association de propriĂ©taires forestiers privĂ©s sur une base volontaire, avec des formes juridiques diverses organisation de producteurs, association syndicale, personne morale, groupement forestier, etc.. Il fournit un nouvel outil de gestion des forĂȘts Ă  l’échelle gĂ©ographique du massif plus de 300 ha ou plus de 20 propriĂ©taires d’au moins 100 ha ou moins de 100 ha en zone de montagne. Il permet de traiter toutes les questions de nature Ă©cologique protection de la biodiversitĂ©, Ă©conomique desserte, Ă©quilibre des classes d’ñge, commercialisation et sociale paysage, accueil du public. Les propriĂ©taires forestiers ainsi regroupĂ©s pourront faire appel Ă  un gestionnaire commun. De mĂȘme, ils pourront vendre leurs bois par voie de contractualisation c’est un label pour les propriĂ©taires qui s’engagent. La reconnaissance est liĂ©e Ă  la prĂ©sentation d’un document de diagnostic, prĂ©sentant les engagements, sur une surface suffisante, en termes de performances Ă©cologiques, Ă©conomiques et de multifonctionnalitĂ©, correspondant aux orientations sylvicoles rĂ©gionales. Le groupement doit Ă©galement produire un plan simple de gestion concertĂ© agrĂ©e par le centre rĂ©gional de la propriĂ©tĂ© forestiĂšre CRPF. Des mandats de gestion et des contrats d’approvisionnement seront proposĂ©s aux propriĂ©taires. Le GIEFF a Ă©tĂ© instituĂ© par les dĂ©crets n° 2015-728 et n° 2015-758 du 24 juin 2015, qui prĂ©cisent le contenu du document de diagnostic. Le dĂ©cret n° 2016-734 du 2 juin 2016 porte sur le contenu du plan simple de gestion PSG concertĂ© et apporte aussi des indications sur la procĂ©dure de reconnaissance par l’État de la qualitĂ© d’un GIEEF. Actuellement, un GIEEF a Ă©tĂ© validĂ© dans le dĂ©partement de l’ArdĂšche et deux autres sont en cours. La FFPF a fait remarquer que, sans PSG concertĂ©, il n’était pas possible de constituer un GIEEF. Pour l’Union de la coopĂ©ration forestiĂšre française UCFF, le GIEEF est un outil complĂ©mentaire intĂ©ressant. Avant mĂȘme sa crĂ©ation, l’existence d’organisations de producteurs permettait d’inciter les propriĂ©taires Ă  amĂ©liorer la productivitĂ©, de rassembler les propriĂ©taires pour le bon produit, pour le bon client, au bon moment, selon un modĂšle Ă©conomique qui fonctionne bien. Le GIEEF permettra une avancĂ©e supplĂ©mentaire. Toutefois, l’UCFF fait remarquer que si le GIEEF existe dĂ©sormais et permet aux propriĂ©taires de se regrouper de maniĂšre volontaire, d’autres dispositifs fonctionnent les organisations de producteurs, qui non seulement regroupent Ă©galement des propriĂ©taires mais approvisionnent rĂ©guliĂšrement, sans Ă -coups, l’industrie bois française Ă  travers des contrats d’approvisionnement. En effet, prĂšs de 6,5 millions de m3 de bois sont commercialisĂ©s par des organisations de producteurs forestiĂšres, rassemblant prĂšs de 120 000 propriĂ©taires. Ce lissage permet de sĂ©curiser l’approvisionnement des scieries. Il lui parait donc nĂ©cessaire d’inciter fiscalement – les propriĂ©taires Ă  rejoindre ces organisations de producteurs ; – les scieurs Ă  s’approvisionner en majoritĂ© auprĂšs de ces organisations de producteurs. Des aides, dĂ©jĂ  prĂ©vues Ă  l’article L. 553-4 du code rural et de la pĂȘche maritime, pourraient ĂȘtre renforcĂ©es. Par ailleurs, la loi a mis en place un groupement forestier d’investissement, destinĂ© Ă  lever des capitaux via les offres de parts publiques. 2. Les autres dispositions relatives Ă  la gestion durable – Au sein de l’interprofession de la forĂȘt et du bois, la possibilitĂ© de crĂ©er une section par produit fait l’objet de dĂ©bats, le comitĂ© interprofessionnel du pin maritime revendiquant la crĂ©ation d’une section spĂ©cialisĂ©e en s’appuyant sur le dernier alinĂ©a de l’article L. 632-1 du code rural et de la pĂȘche maritime, qui prĂ©voit Les organisations interprofessionnelles reconnues pour un groupe de produits dĂ©terminĂ©s peuvent crĂ©er en leur sein des sections spĂ©cialisĂ©es compĂ©tentes pour un ou plusieurs de ces produits ». L’UCFF et la FNCOFOR s’y opposent, arguant qu’il ne peut ĂȘtre constituĂ© une section gĂ©ographique ni par produit si l’on cĂ©dait, on demanderait une section spĂ©ciale pour le Douglas, puis d’autres pour d’autres essences, etc, si bien qu’on risquerait l’éclatement de l’interprofession France Bois ForĂȘt. Or, celle-ci a Ă©tĂ© rĂ©organisĂ©e, ses statuts ont Ă©tĂ© revus, elle a Ă©laborĂ© une vraie stratĂ©gie de filiĂšre qu’il ne faut pas remettre en cause. En outre, L’UCFF et la FNCOFOR estiment que, si l’on disperse un montant de 8 M€, il n’est plus possible de financer aucune action. Le lĂ©gislateur a souhaitĂ© Ă©viter les risques de dislocation, c’est pourquoi l’article L. 632-1-2 prĂ©cise Si elle est demandĂ©e par un groupement composĂ© dans les conditions prĂ©vues au premier alinĂ©a et reprĂ©sentant au moins 70 % de la production d’un ou plusieurs produits, la crĂ©ation d’une section spĂ©cialisĂ©e correspondant Ă  ce groupement ne peut ĂȘtre refusĂ©e ». Le comitĂ© professionnel estime qu’il reprĂ©sente 87 % de la rĂ©colte de pin maritime bois d’Ɠuvre, 89 Ă  90 % de la rĂ©colte de pin maritime de bois de trituration et de 82 Ă  85 % des sciages de pin maritime. Une mĂ©diation confiĂ©e Ă  M. Jean-Yves Caullet, prĂ©sident du conseil d’administration de l’ONF, a Ă©tĂ© mise en place. – Le code des bonnes pratiques sylvicoles CBPS est maintenu jusqu’en 2022. Les nouveaux CBPS contractĂ©s sont assortis d’un programme de coupes et travaux agrĂ©e par le CRPF. Ils constituent toujours une prĂ©somption de garantie de gestion durable. Le code des bonnes pratiques sylvicoles Le code des bonnes pratiques sylvicoles CBPS est un document Ă©laborĂ© par le CRPF en conformitĂ© avec le schĂ©ma rĂ©gional de gestion sylvicole. Il est approuvĂ© par le prĂ©fet de rĂ©gion. Le CBPS prĂ©sente et fixe les recommandations gĂ©nĂ©rales et les bonnes pratiques sylvicoles qui permettent la gestion durable des peuplements forestiers. Enfin, le CBPS identifie par zone naturelle les contraintes cynĂ©gĂ©tiques et prĂ©cise les itinĂ©raires et les pratiques sylvicoles les plus adaptĂ©s aux peuplements locaux dans leur contexte environnemental et social. Depuis la loi d’avenir de 2014, il est possible de joindre Ă  l’adhĂ©sion au CBPS un programme de coupes et de travaux indiquant ce que l’on souhaite rĂ©aliser dans ses bois, afin de disposer d’un rĂ©el outil de suivi de la gestion de ses peuplements. Les parcelles, pour lesquelles l’adhĂ©sion au code des bonnes pratiques sylvicoles a Ă©tĂ© sollicitĂ©e, bĂ©nĂ©ficient de la prĂ©somption de garantie de gestion durable. Cette disposition permet d’assortir l’engagement souscrit par le propriĂ©taire d’un avantage fiscal rĂ©duction d’impĂŽt sur la fortune
 quand la propriĂ©tĂ© boisĂ©e n’est pas soumise Ă  PSG. Pour le cas particulier du dispositif d’encouragement fiscal Ă  l’investissement en forĂȘt DEFI-ForĂȘt, un PSG est exigĂ© dĂšs 10 ha. L’adhĂ©sion au CBPS permet de demander les aides publiques. De plus, en espace boisĂ© classĂ© d’un PLU, si l’on prĂ©sente Ă  l’approbation du CRPF un programme de coupes et de travaux, il n’est pas nĂ©cessaire de dĂ©clarer ces interventions Ă  la mairie. Le code des bonnes pratiques sylvicoles s’adresse uniquement aux propriĂ©taires de petites forĂȘts sans obligation de PSG. L’adhĂ©sion est souscrite pour 10 ans pour une liste de parcelles clairement identifiĂ©es. Source Centre rĂ©gional de la propriĂ©tĂ© forestiĂšre CRPF de Poitou-Charentes Toutefois, dans la mesure oĂč ces codes sont vouĂ©s Ă  une disparition proche 2022, on peut se demander s’il faut continuer Ă  encourager, par des dĂ©penses publiques et des indicateurs de performance, l’orientation de propriĂ©taires vers ces documents de gestion. – La garantie de gestion durable est conditionnĂ©e Ă  la mise en Ɠuvre effective du programme de coupes et travaux. – les coupes prĂ©vues aux plans simples de gestion PSG peuvent ĂȘtre avancĂ©es ou reculĂ©es de 4 ans contre 5 ans prĂ©cĂ©demment. Ce changement n’a pas suscitĂ© de rĂ©actions. Quand une commune refuse des coupes, elle doit le justifier auprĂšs du prĂ©fet. La loi fait bouger les choses, mĂȘme si aucune sanction n’est prĂ©vue. La FNCOFOR n’y est pas hostile, mais estime que cette mesure doit ĂȘtre appliquĂ©e avec discernement ; – Le report des coupes inscrites Ă  l’état d’assiette pour les forĂȘts des collectivitĂ©s doit faire l’objet d’une notification motivĂ©e. Le plan simple de gestion Le plan simple de gestion PSG est un outil pratique pour – mieux connaĂźtre son bois ou sa forĂȘt ; – dĂ©finir des objectifs et faciliter les choix et dĂ©cisions Ă  prendre ; – prĂ©voir un programme prĂ©cis de coupes et travaux ; – Ă©tablir un bilan pĂ©riodique ; – intĂ©resser ses hĂ©ritiers au patrimoine forestier familial. Ce document constitue ainsi la mĂ©moire » de la forĂȘt. Sa rĂ©alisation est aussi pour le propriĂ©taire l’occasion d’échanger avec des professionnels de la forĂȘt. Un plan simple de gestion est obligatoire » – pour toutes les forĂȘts privĂ©es d’une surface supĂ©rieure ou Ă©gale Ă  25 ha d’un seul tenant ; – pour tout ensemble de parcelles forestiĂšres appartenant Ă  un mĂȘme propriĂ©taire, constituant au total une une surface surface supĂ©rieure ou Ă©gale Ă  25 ha, en prenant en compte tous les Ăźlots de plus de 4 ha situĂ©s sur la commune de l’ülot le plus grand et sur les communes contigĂŒes Ă  celle-ci ; – lorsque ces propriĂ©tĂ©s ne disposent pas d’un plan simple de gestion agréé, elles sont soumises au rĂ©gime spĂ©cial d’autorisation administrative pour toute coupe, une autorisation prĂ©alable est Ă  demander Ă  la direction dĂ©partementale des territoires. Un PSG facultatif » peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© pour les propriĂ©tĂ©s non soumises Ă  PSG obligatoire – d’une surface totale d’au moins 10 ha ; – d’un seul tenant ou non ; – situĂ©es sur une mĂȘme commune ou sur des communes contigĂŒes. Enfin, il est possible de prĂ©senter un plan simple de gestion en commun, avec plusieurs propriĂ©taires voisins. La durĂ©e d’application du PSG est choisie par le propriĂ©taire. Elle doit ĂȘtre comprise entre 10 et 20 ans. Le document doit ĂȘtre composĂ© des Ă©lĂ©ments suivants – renseignements administratifs propriĂ©taire, localisation, parcelles cadastrales... ; – facteurs de production, enjeux Ă©conomiques et environnementaux ; – carte de situation de la propriĂ©tĂ© ; – plan de la forĂȘt indiquant les types de peuplements ; – description des peuplements ; – objectifs de gestion et rĂšgles de sylviculture ; – programme annuel des coupes et travaux. Le plan simple de gestion peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© – par une coopĂ©rative forestiĂšre ; – par un expert forestier agréé ; – par le propriĂ©taire lui-mĂȘme. Source site de la forĂȘt privĂ©e – Les documents de gestion durable disposent de 5 ans pour prendre en compte les Ă©volutions rĂšglementaires. – Les experts, organisations de producteurs et gestionnaires forestiers professionnels peuvent accĂ©der aux donnĂ©es cadastrales pour informer les propriĂ©taires sur la valorisation de leurs forĂȘts. Le cadastre Ă©lectronique apparaĂźt comme positive aux forestiers, notamment Ă  l’UCFF, car elle fait entrer la forĂȘt et toute la filiĂšre correspondante dans l’ùre de l’électronique. Le pĂ©rimĂštre retenu – les opĂ©rateurs liĂ©s Ă  la production – doit ĂȘtre maintenu, car cela permet d’éviter le pillage des forĂȘts. Mais une amĂ©lioration serait souhaitable aujourd’hui seules les natures de culture forĂȘt et bois » sont comprises dans le dispositif. Or, en raison du phĂ©nomĂšne des accroissements des surfaces forestiĂšres qui concerne plusieurs centaines de milliers d’hectares, il serait pertinent de permettre Ă  ces opĂ©rateurs d’avoir accĂšs Ă  d’autres natures de cultures par exemple, les vergers, les vignes, les terres agricoles, les landes. – Le groupement forestier d’investissement, destinĂ© Ă  lever des capitaux via des offres de parts publiques a Ă©tĂ© mis en place. Il s’agit d’un groupement forestier qui fait une offre au public pour collecter des capitaux. Il dispose d’un visa de l’AutoritĂ© des marchĂ©s financiers AMF. L’objectif du lĂ©gislateur a Ă©tĂ© d’encourager l’investissement forestier, notamment afin de concentrer la propriĂ©tĂ© forestiĂšre dans ces groupements, et de permettre ainsi de mieux exploiter les forĂȘts françaises. De cette maniĂšre, l’investissement dans la forĂȘt est accessible pour des montants raisonnables ; cela dĂ©mocratise l’investissement forestier. En effet, l’éclatement de la propriĂ©tĂ© forestiĂšre française nuit Ă  l’exploitation de notre patrimoine forestier, et conduit les industriels du bois Ă  importer du bois Ă©tranger. Ce dispositif doit permettre le dĂ©veloppement de la filiĂšre bois en France. L’AMF devra prĂ©ciser les conditions d’exercice de l’activitĂ© de gestion des groupements forestiers d’investissement. – Les ouvrages implantĂ©s sous terre sans accord Ă©crit, dans le but d’assurer le transport d’énergie, les tĂ©lĂ©communications, le captage ou la distribution d’eau, donnent lieu au paiement, au profit du propriĂ©taire, ou de l’ONF, d’une indemnitĂ© dans la limite de 20 €/m. Cette disposition s’applique Ă©galement en forĂȘt privĂ©e. 3. Les ressources gĂ©nĂ©tiques forestiĂšres et les matĂ©riels forestiers de reproduction La politique nationale de gestion des ressources gĂ©nĂ©tiques forestiĂšres comprend l’inventaire, la conservation, la sĂ©lection, la commercialisation et l’utilisation durable de ces ressources. La rĂ©glementation concerne les matĂ©riels de reproduction des essences forestiĂšres, produits pour la commercialisation ou commercialisĂ©s en tant que plants ou parties de plantes, destinĂ©s Ă  des fins forestiĂšres. Le dĂ©cret n’est pas encore paru, car il dĂ©pendait du vote de la loi pour la reconquĂȘte de la biodiversitĂ©, de la nature et des paysages. La garantie d’une gestion durable est mise en Ɠuvre sur le terrain, mais les effectifs des directions dĂ©partementales des territoires ne sont pas suffisants. F. LES MESURES SOCIALES La loi d’avenir a recréé au profit des ouvriers l’allocation pour cessation progressive d’activitĂ© CPA Ă  55 ans, par exemple pour les bĂ»cherons et les sylviculteurs ; la loi prĂ©voit des nĂ©gociations au sein des branches professionnelles. Un an aprĂšs la publication de la loi, des discussions ont dĂ©bouchĂ© sur l’accord du 26 avril 2016, qui sera mis en Ɠuvre Ă  partir du 1er janvier 2017 ; les bĂ©nĂ©ficiaires reçoivent une rente et l’ONF continue de cotiser pour leur retraite. On Ă©value Ă  1 100 le nombre de bĂ©nĂ©ficiaires potentiels, mais on ignore combien de personnes vont choisir la CPA on estime que 15 % des personnes concernĂ©es sont intĂ©ressĂ©es. G. RÈGLEMENT SUR LE BOIS DE L’UNION EUROPÉENNE Le rĂšglement UE n° 995/2010 du Parlement europĂ©en et du Conseil du 20 octobre 2010 Ă©tablit les obligations des opĂ©rateurs qui mettent du bois ou des produits dĂ©rivĂ©s en marchĂ© ; adoptĂ© dans le cadre du plan d’action de l’Union europĂ©enne, contre l’exploitation illĂ©gale des forĂȘts, il est entrĂ© en application en mars 2013. Il interdit la mise sur le marchĂ© de bois issu d’une rĂ©colte illĂ©gale ou de produits dĂ©rivĂ©s de ce bois, qu’il s’agisse de produits peu transformĂ©s ou de produits plus Ă©laborĂ©s. Les opĂ©rateurs responsables de la premiĂšre mise sur le marchĂ© de bois ou de produits dĂ©rivĂ©s doivent utiliser un ensemble de procĂ©dures appelĂ© systĂšme de diligence raisonnĂ©e » afin de s’assurer que le bois commercialisĂ© n’est pas issu d’une rĂ©colte illĂ©gale en cas de doute, il ne peut pas ĂȘtre mis sur le marchĂ©. Les sanctions applicables doivent ĂȘtre dĂ©finies par chaque État membre. L’article 76 de la loi d’avenir institue une sanction administrative prononcĂ©e par l’autoritĂ© administrative lorsqu’une mise en demeure de corriger les manquements n’a pas Ă©tĂ© suivi d’effets dans le dĂ©lai prescrit ; il dĂ©finit et habilite les agents chargĂ©s du contrĂŽle ; ces contrĂŽles sont rĂ©alisĂ©s par les services dĂ©concentrĂ©s des ministĂšres de l’agriculture, de l’environnement, de l’énergie et de la mer. L’article dĂ©finit en outre les sanctions pĂ©nales applicables en cas de manquement aux obligations du systĂšme de diligence raisonnĂ©e, d’obstacle aux fonctions des agents de contrĂŽle ou de non-respect des sanctions administratives. La loi a prĂ©vu des sanctions pour la mise en marchĂ© de bois illĂ©gal ; on contrĂŽle Ă  la fois le bois importĂ© et le bois produit. SIXIÈME PARTIE DISPOSITIONS RELATIVES À L’OUTRE-MER I. PRÉSENTATION DE LA LOI A. INTENTION DU LÉGISLATEUR Comme le relĂšve le rapport de l’AssemblĂ©e nationale en premiĂšre lecture, le titre VI de la loi d’avenir modifie peu le droit en vigueur et la plupart des apports concernent de nouveaux articles. En outre, de nombreuses dispositions adoptĂ©es sont une dĂ©clinaison ultra-marine de dispositions créées ou modifiĂ©es dans les premiers titres de la loi. Comme pour l’ensemble de la loi, ce titre cherche Ă  combiner performance Ă©conomique, environnementale et sociale dans les dĂ©partements et rĂ©gions d’outre-mer. Des GIEE peuvent ĂȘtre créés en outre-mer. Une mĂȘme prĂ©occupation en faveur de la prĂ©servation du foncier agricole et des espaces forestiers anime les acteurs de l’outre-mer. Des dĂ©fis sont Ă©galement propres Ă  ces territoires, en particulier ce qui concerne la nĂ©cessitĂ© d’une meilleure structuration des filiĂšres et d’une prĂ©servation du foncier agricole. B. PRÉSENTATION DES ARTICLES DU TITRE VI L’article 83 dĂ©finit les finalitĂ©s de la politique agricole en outre-mer, en cohĂ©rence avec l’article L. 1 du code rural et de la pĂȘche maritime, créé par le titre prĂ©liminaire de la loi elles concernent le dĂ©veloppement agricole, les exportations, l’accĂšs au foncier et Ă  la transmission, les productions locales, la recherche et l’innovation et la mise en valeur des bois et forĂȘts. L’article 84 concerne le pilotage de la politique agricole et agroalimentaire outre-mer. Deux plans rĂ©gionaux dĂ©finissent les principes d’une gouvernance territorialisĂ©e de la politique agricole dans les outre-mer. Le contenu du plan rĂ©gional de l’agriculture durable PRAD est complĂ©tĂ© par des orientations prioritaires relatives au dĂ©veloppement des filiĂšres, notamment de l’agriculture familiale. Le plan rĂ©gional d’enseignement, de formation, de recherche et de dĂ©veloppement dĂ©finit les orientations en faveur de dĂ©veloppement agricole, agro-industriel, halio-industriel et rural en intĂ©grant les rĂ©seaux d’innovation et de transfert agricole RITA. Cet article crĂ©e Ă©galement un comitĂ© d’orientation stratĂ©gique et de dĂ©veloppement agricole COSDA, il coordonne l’action de l’État et des collectivitĂ©s territoriales, notamment dans la mise en Ɠuvre des programmes de l’Union europĂ©enne. L’article renforce les obligations faites au bailleur en cas de reprise d’un terrain. Il modifie la gouvernance des chambres d’agriculture ultramarines. Leurs missions sont clarifiĂ©es par des contrats d’objectifs et de performance. L’article tire les consĂ©quences de l’accĂšs de Mayotte au statut de rĂ©gion ultrapĂ©riphĂ©rique de l’Union europĂ©enne. Enfin, il Ă©tend aux produits de l’industrie agroalimentaire et halio-alimentaire l’obligation de prise en compte des performances en matiĂšre de dĂ©veloppement des approvisionnements directs de produits de l’agriculture pour l’attribution des marchĂ©s publics de restauration collective. L’article 85 modifie les rĂšgles de vote dans les indivisions pour donner Ă  bail un bien agricole. La surface agricole utile SAU en outre-mer est fortement limitĂ©e du fait de l’importance des terres en indivision en situation d’inculture. Cet article facilite la continuitĂ© de l’exploitation des biens agricoles indivis – une nouvelle procĂ©dure autorise les deux tiers des indivisaires Ă  donner Ă  bail un bien agricole, les autres indivisaires pouvant y faire opposition devant le tribunal de grande instance, qui statue en rĂ©fĂ©rĂ© ; – sur l’initiative d’un propriĂ©taire indivis d’un bien agricole souhaitant sortir de l’indivision Ă  des fins d’exploitation, il peut ĂȘtre procĂ©dĂ© Ă  l’aliĂ©nation du bien Ă  la majoritĂ© des deux tiers des indivisaires. Les droits des autres indivisaires sont totalement respectĂ©s en ce qui concerne les conditions d’information et d’indemnisation et l’encadrement de la procĂ©dure. L’article 86 adapte les dispositions du code forestier aux outre-mer, en particulier le programme national de la forĂȘt et du bois et les dispositions applicables Ă  Mayotte, Saint-BarthĂ©lemy et Saint-Martin ainsi que les missions du Conseil national de la propriĂ©tĂ© forestiĂšre. L’article 87 adapte aux outre-mer les dispositions adoptĂ©es aux titres Ier Ă  IV de la loi d’avenir concernant la terminologie, les compĂ©tences et la gouvernance. Il procĂšde Ă©galement Ă  l’homologation des peines d’emprisonnement prĂ©vues en PolynĂ©sie française. L’article 88 habilite le Gouvernement Ă  procĂ©der par ordonnance Ă  la refonte de la codification des dispositions relatives aux outre-mer au sein du code rural et de la pĂȘche maritime. II. APPLICATION DE LA LOI LISTE DES DÉCRETS PUBLIÉS Article Base lĂ©gale Titre du dĂ©cret publiĂ© Objet Article 84, II, 2°, b Article L. 181-25 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-755 du 24 juin 2015 relatif au comitĂ© d’orientation stratĂ©gique et de dĂ©veloppement agricole et au groupement d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental CompĂ©tences, composition et rĂšgles de fonctionnement du comitĂ© d’orientation stratĂ©gique et de dĂ©veloppement agricole en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, Ă  La RĂ©union, Saint-Martin et Ă  Mayotte Article 84, V, 1° Article L. 511-14 du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-924 du 27 juillet 2015 relatif au contrat d'objectifs et de performance des chambres d'agriculture de Guadeloupe, de Guyane, de Martinique, de La RĂ©union et de la chambre de l'agriculture, de la pĂȘche et de l'aquaculture de Mayotte PĂ©riodicitĂ©, modalitĂ©s d'Ă©laboration et champ d'application des contrats d'objectifs et de performance Ă©tablis entre la chambre d'agriculture, l'État, et la collectivitĂ©, en Guadeloupe, Guyane, Martinique et La RĂ©union Article 84, V, 2° Article L. 571-2 du code rural et de la pĂȘche maritime PĂ©riodicitĂ©, modalitĂ©s d’élaboration et champ d’application du contrat d’objectifs et de performance Ă©tabli entre la chambre de l’agriculture, de la pĂȘche et de l’aquaculture de Mayotte, l’État et le DĂ©partement de Mayotte Article 85, 1° Article L. 181-14-1, II du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-833 du 7 juillet 2015 relatif aux mesures en faveur de l'exploitation des biens agricoles en indivision dans les dĂ©partements d'outre-mer Terres en indivision outre-mer appel Ă  candidats au bail par la sociĂ©tĂ© d’amĂ©nagement foncier et d’établissement rural ou par l’opĂ©rateur foncier lorsque le bien n’est pas louĂ© Article 85, 1° Article L. 181-14-1, II du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-833 du 7 juillet 2015 relatif aux mesures en faveur de l'exploitation des biens agricoles en indivision dans les dĂ©partements d'outre-mer Terres en indivision outre-mer appel Ă  candidats au bail par la sociĂ©tĂ© d’amĂ©nagement foncier et d’établissement rural ou par l’opĂ©rateur foncier lorsque le bien n’est pas louĂ© Article 85, 1° Article III du code rural et de la pĂȘche maritime Outre-mer, exploitation du foncier agricole en statut d’indivision publicitĂ© de renouvellement du bail des indivisaires lorsque l’identitĂ© ou l’adresse de l’un ou plusieurs d’entre eux n’est pas connue Article 85, 1° Article II du code rural et de la pĂȘche maritime Outre-mer, exploitation du foncier agricole en statut d’indivision publicitĂ© de l'intention de vente d’une minoritĂ© d’ indivisaires lorsque l’identitĂ© ou l’adresse d’un des indivisaires est inconnue Article 85, 1° Article III du code rural et de la pĂȘche maritime Outre-mer, exploitation du foncier agricole en statut d’indivision publicitĂ© d'un projet d'aliĂ©nation par une majoritĂ© d’indivisaires lorsque l’identitĂ© ou l’adresse de certains indivisaires est inconnue Article 87, I, 6°, b Article du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-759 du 27 juin 2015 relatif Ă  la commission consultative prĂ©vue Ă  l’article L. 181-24 du code rural et de la pĂȘche maritime Outre-mer composition de la commission consultĂ©e sur les missions confiĂ©es aux sociĂ©tĂ©s d'amĂ©nagement foncier et d'Ă©tablissement rural Article 87, I, 8° Article du code rural et de la pĂȘche maritime DĂ©cret n° 2015-814 du 3 juillet 2015 relatif Ă  la composition de la commission consultative prĂ©vue Ă  l'article L. 182-25 du code rural et de la pĂȘche maritime Mayotte composition de la commission consultĂ©e sur les missions confiĂ©es aux sociĂ©tĂ©s d'amĂ©nagement foncier et d'Ă©tablissement rural ORDONNANCE PUBLIÉE EN APPLICATION DE L’ARTICLE 88 DU TITRE VI Article Objet de l’habilitation Ordonnance Article 88, 1 RĂ©organisation et rĂ©vision des dispositions de nature lĂ©gislative particuliĂšres Ă  l'outre-mer au sein du code rural et de la pĂȘche maritime regrouper et ordonner ces dispositions de maniĂšre cohĂ©rente dans un titre spĂ©cifique au sein de chacun des livres dudit code Ordonnance n° 2015-616 du 4 juin 2015 modifiant le code rural et de la pĂȘche maritime en vue d'assurer la conformitĂ© de ses dispositions avec le droit de l'Union europĂ©enne et modifiant les dispositions relatives Ă  la recherche et Ă  la constatation des infractions aux dispositions de son livre II Article 88, 2 RĂ©organisation et rĂ©vision des dispositions de nature lĂ©gislative particuliĂšres Ă  l'outre-mer au sein du code rural et de la pĂȘche maritime remĂ©dier aux Ă©ventuelles erreurs ou insuffisances de codification, en incluant les dispositions de nature lĂ©gislative qui n’auraient pas Ă©tĂ© codifiĂ©es et en adaptant le plan et la rĂ©daction des dispositions codifiĂ©es Article 88, 3 RĂ©organisation et rĂ©vision des dispositions de nature lĂ©gislative particuliĂšres Ă  l'outre-mer en vigueur Ă  la date de publication de l'ordonnance, au sein du code rural et de la pĂȘche maritime abroger les dispositions obsolĂštes, inadaptĂ©es ou devenues sans objet Article 88, 4 RĂ©organisation et rĂ©vision des dispositions de nature lĂ©gislative particuliĂšres Ă  l'outre-mer en vigueur Ă  la date de publication de l'ordonnance, au sein du code rural et de la pĂȘche maritime assurer le respect de la hiĂ©rarchie des normes et la cohĂ©rence rĂ©dactionnelle des textes, harmoniser l’état du droit et l’adapter au droit de l’Union europĂ©enne ainsi qu’aux accords internationaux ratifiĂ©s Article 88, 5 Adapter, le cas Ă©chĂ©ant, ces dispositions Ă  l’évolution des caractĂ©ristiques et contraintes particuliĂšres aux collectivitĂ©s rĂ©gies par l’article 73 de la Constitution Article 88, 6 Adapter les renvois faits, respectivement, Ă  l’arrĂȘtĂ©, au dĂ©cret ou au dĂ©cret en Conseil d’État Ă  la nature des mesures d’application concernĂ©es Article 88, 7 Étendre, le cas Ă©chĂ©ant, dans le respect des rĂšgles de partage des compĂ©tences prĂ©vues par la loi organique, l’application de ces dispositions, selon le cas, Ă  Saint-Pierre-et-Miquelon, Ă  Saint-BarthĂ©lemy, Ă  Saint-Martin, en Nouvelle-CalĂ©donie, en PolynĂ©sie française et aux Ăźles Wallis et Futuna, avec les adaptations nĂ©cessaires, et procĂ©der, si nĂ©cessaire, Ă  l’adaptation des dispositions dĂ©jĂ  applicables Ă  ces collectivitĂ©s A. LA CRÉATION DES COMITÉS D’ORIENTATION STRATÉGIQUE ET DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE COSDA, EN CHARGE DE LA DÉCLINAISON DE LA LOI D’AVENIR OUTRE-MER Les comitĂ©s d’orientation stratĂ©gique et de dĂ©veloppement agricole COSDA, mis en place dans les dĂ©partements d’outre-mer sont chargĂ©s de dĂ©finir une politique de dĂ©veloppement agricole, notamment pour la mise en Ɠuvre des aides des premiers et deuxiĂšme piliers de la PAC. Les COSDA tiennent compte – des orientations du conseil d’administration ou des comitĂ©s sectoriels de l’Office de dĂ©veloppement de l’économie agricole d’outre-mer ODEADOM ; – du plan rĂ©gional de l’agriculture durable PRAD ; – du plan rĂ©gional d’enseignement, de formation, de recherche et de dĂ©veloppement PREFRD dĂ©fini pour les Ă©tablissements concernĂ©s et les rĂ©seaux d’innovation et de transfert agricole RITA. Ils doivent Ă©mettre un avis sur les projets d’acte rĂ©glementaire et individuel en matiĂšre de structures agricoles, d’aides aux exploitants, aux exploitations, aux cultures et aux modes de production et sur les demandes de subvention FEADER fonds europĂ©en agricole pour le dĂ©veloppement rural. Les compĂ©tences, la composition et les rĂšgles de fonctionnement des COSDA ont Ă©tĂ© fixĂ©es par le dĂ©cret n° 2015-755 du 24 juin 2015 relatif au comitĂ© d’orientation stratĂ©gique et de dĂ©veloppement agricole et au groupement d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental. Les prĂ©fets ont entamĂ© un travail de concertation avec les collectivitĂ©s territoriales mais il a fallu attendre les Ă©lections rĂ©gionales de dĂ©cembre 2015 et la mise en place des nouveaux exĂ©cutifs pour que les nouvelles instances de gouvernance s’installent. COSDA PAR COLLECTIVITÉ TERRITORIALE CollectivitĂ© territoriale CrĂ©ation du COSDA RĂ©unions Guadeloupe Mai 2016 5 rĂ©unions depuis l’installation Martinique Non installĂ© Guyane Juillet 2016 4 rĂ©unions depuis l’installation La RĂ©union PrĂ©vue en janvier 2017 Mayotte Octobre 2016 1 rĂ©union de constitution. 2 rĂ©unions sont prĂ©vues en dĂ©cembre. B. LA FORÊT L’autoritĂ© administrative compĂ©tente de l'État en matiĂšre de reconnaissance et de retrait de la qualitĂ© de groupement d'intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental forestier GIEFF a Ă©tĂ© dĂ©signĂ©e par le dĂ©cret n° 2015-758 du 24 juin 2015 relatif Ă  la commission consultative prĂ©vue Ă  l'article L. 182-25 du code rural et de la pĂȘche maritime et Ă  l'autoritĂ© administrative compĂ©tente de l'État en matiĂšre de reconnaissance et de retrait de la qualitĂ© de groupement d'intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental forestier. Les missions confiĂ©es aux commissions dĂ©partementales de la consommation des espaces agricoles CDCEA ont Ă©tĂ© Ă©largies aux espaces naturels et forestiers par le dĂ©cret n° 2015-1488 du 16 novembre 2015 relatif Ă  la commission dĂ©partementale de la prĂ©servation des espaces naturels, agricoles et forestiers en Guadeloupe, en Guyane, Ă  la Martinique, Ă  La RĂ©union et Ă  Mayotte. Le plan rĂ©gional de l’agriculture durable PRAD prend davantage en compte les espaces naturels et forestiers La loi d’avenir a Ă©galement Ă©largi aux espaces naturels et forestiers les missions confiĂ©es aux commissions dĂ©partementales de la consommation des espaces agricoles CDCEA, qui deviennent les commissions dĂ©partementales de prĂ©servation des espaces naturels, agricoles et forestiers CDPENAF. Le dĂ©cret du 16 novembre 2015 prĂ©citĂ© tire les consĂ©quences de ces modifications, simplifie les modalitĂ©s de nomination du reprĂ©sentant des propriĂ©taires agricoles et ajoute une reprĂ©sentation de l'Office national de la forĂȘt avec voix consultative. Quant Ă  l'inventaire permanent des ressources forestiĂšres nationales, qui doit prendre en compte les particularitĂ©s des bois et forĂȘts situĂ©s outre-mer, l’objectif est de dĂ©finir une solution pĂ©renne pour le rapportage quinquennal auprĂšs des instances internationales et de rĂ©pondre aux grands enjeux des politiques publiques actuelles dĂ©frichement, carbone, Ă©nergie, biodiversitĂ©. Pour ce faire, une Ă©tude est en cours par l’Institut national de l’information gĂ©ographique et forestiĂšre IGN, dont les rĂ©sultats sont attendus pour janvier 2017. Par ailleurs, les directions de l'alimentation, de l'agriculture et de la forĂȘt DAAF rempliront, par voie d'instruction, le rĂŽle des centres rĂ©gionaux de la propriĂ©tĂ© forestiĂšre CRPF. SEPTIÈME PARTIE DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET DIVERSES LISTE DES DÉCRETS PUBLIÉS Article Base lĂ©gale Titre du dĂ©cret publiĂ© Objet Article 89, III, 2° Article L. 514-3, du code rural et de la pĂȘche maritime PĂ©riodicitĂ© selon laquelle la Commission nationale de concertation et de proposition engage des nĂ©gociations dans certains domaines pour favoriser l’adaptation et l’évolution du statut du personnel des chambres d’agriculture Ă©tabli par la Commission nationale paritaire DĂ©cret n° 2015-549 du 18 mai 2015 relatif Ă  la Commission nationale de concertation et de proposition du rĂ©seau des chambres d'agriculture. Article 95, I, 2° Article L. 653-12, du code rural et de la pĂȘche maritime Conditions dans lesquelles l’Institut français du cheval et de l’équitation assure certaines missions lorsqu' aucun organisme de sĂ©lection n’est agréé pour une race d’équidĂ©s DĂ©cret n° 2014-1728 du 30 dĂ©cembre 2014 relatif aux conditions dans lesquelles l’Institut français du cheval et de l’équitation assure les missions d’organisme de sĂ©lection en application de l’article L. 653-12 du code rural et de la pĂȘche maritime Article 95, I, 3° Article L. 653-13-1, du code rural et de la pĂȘche maritime Condition d'application du service universel Ă  la distribution et Ă  la mise en place de la semence des Ă©quins et asins. DĂ©cret n° 2016-471 du 14 avril 2016 relatif Ă  l'agrĂ©ment et aux missions des organismes de sĂ©lection d'Ă©quidĂ©s, au contrĂŽle des performances des Ă©quidĂ©s et portant adaptation aux Ă©quidĂ©s du service universel de distribution et de mise en place de la semence des ruminants Article 95, I 4° Article L. 653-13-2 du code rural et de la pĂȘche maritime PĂ©rimĂštre d’intervention du Haras national du Pin DĂ©cret n° 2015-805 du 2 juillet 2015 relatif Ă  l'Ă©tablissement public Haras national du Pin Article 95, I Article L. 653-13-6, du code rural et de la pĂȘche maritime Conditions d’organisation et de fonctionnement du Haras national du Pin , son rĂ©gime financier et comptable et modalitĂ©s d’exercice de la tutelle de l’État Article 94, I Conditions dans lesquelles les experts forestiers, organisations de producteurs du secteur forestier et gestionnaires forestiers professionnels peuvent obtenir communication par voie Ă©lectronique des donnĂ©es relatives aux propriĂ©tĂ©s inscrites en nature de bois et forĂȘts situĂ©es dans le pĂ©rimĂštre gĂ©ographique pour lequel ils sont reconnus DĂ©cret n° 2016-58 du 28 janvier 2016 pris pour application de l'article 94 de la loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forĂȘt EXAMEN EN COMMISSION Lors de sa rĂ©union du mardi 20 dĂ©cembre 2016, la Commission des affaires Ă©conomiques a examinĂ© le rapport d’information de MM. Antoine Herth et Germinal Peiro sur la mise en application de la loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt. Mme la prĂ©sidente FrĂ©dĂ©rique Massat. Nos collĂšgues Germinal Peiro et Antoine Herth nous prĂ©sentent ce matin leur rapport sur la mise en application de la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt du 13 octobre 2014. Outre le grand nombre d’auditions qu’il a nĂ©cessitĂ©, ce rapport a reprĂ©sentĂ© un travail considĂ©rable, Ă  l’image de ce grand texte sur l’agriculture qu’est la loi de 2014, qui comporte 96 articles et a donnĂ© lieu Ă  de nombreux dĂ©crets d’application. Hier encore, a Ă©tĂ© publiĂ© un dĂ©cret relatif Ă  la mise en transparence des rĂ©sultats des contrĂŽles de l’État dans le domaine de la sĂ©curitĂ© sanitaire des aliments ; il renforce l’information des consommateurs et permettra la publication sur internet, voire dans les Ă©tablissements concernĂ©s, des rĂ©sultats des contrĂŽles en matiĂšre de sĂ©curitĂ© sanitaire rĂ©alisĂ©s Ă  compter du 1er mars 2017. Nous avions adoptĂ©, dans le cadre de la loi du 9 dĂ©cembre 2016 relative Ă  la transparence, Ă  la lutte contre la corruption et Ă  la modernisation de la vie Ă©conomique, dite Sapin II », d’autres mesures, mais certaines ont Ă©tĂ© annulĂ©es comme cavaliers lĂ©gislatifs par le Conseil constitutionnel. Ces dispositions, auxquelles avaient travaillĂ© l’ensemble des dĂ©putĂ©s de notre commission, vont ĂȘtre reprises dans la proposition de loi relative Ă  la lutte contre l’accaparement des terres et au dĂ©veloppement du biocontrĂŽle, dont M. Dominique Potier vient d’ĂȘtre nommĂ© rapporteur, et qui sera examinĂ©e Ă  la rentrĂ©e. La lĂ©gislature qui va s’achever dans quelques semaines a Ă©tĂ© en grande partie consacrĂ©e aux dossiers agricoles. Il serait intĂ©ressant, aprĂšs que notre commission aura autorisĂ© la publication du prĂ©sent rapport, que nous ayons aussi le point de vue du ministre sur l’application de la loi. M. Germinal Peiro, rapporteur. Mon collĂšgue et ami Antoine Herth et moi-mĂȘme avons le plaisir de vous prĂ©senter, deux ans aprĂšs la promulgation de la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt du 13 octobre 2014, le rapport d’information sur sa mise en application. Deux ans aprĂšs la promulgation d’une loi, on attend du Gouvernement que l’ensemble des dĂ©crets nĂ©cessaires Ă  son application aient Ă©tĂ© publiĂ©s, dans le respect de l’intention du lĂ©gislateur. Nous nous souvenons tous du parcours de ce projet de loi dĂ©posĂ© en 2013 et initialement composĂ© de 39 articles, il est ressorti de la discussion fort de 96 articles, aprĂšs qu’aient Ă©tĂ© adoptĂ©s 1 769 amendements en premiĂšre lecture et 1 340 en deuxiĂšme lecture, et cela pour la seule AssemblĂ©e nationale. Ces 96 articles nĂ©cessitaient 103 mesures rĂ©glementaires d’application, dont 72 dĂ©crets simples et 31 dĂ©crets en Conseil d’État, dont la procĂ©dure d’adoption est plus longue. À ce jour, 62 dĂ©crets ont Ă©tĂ© publiĂ©s, mettant en Ɠuvre 70 mesures rĂ©glementaires prĂ©vues par la loi et 26 mesures rĂ©glementaires d’application non explicitement prĂ©vues par cette mĂȘme loi. La plupart de ces dĂ©crets ont Ă©tĂ© publiĂ©s dans l’annĂ©e suivant la promulgation de la loi, certains l’étant le jour mĂȘme de cette promulgation. Les textes d’application de la loi ont Ă©tĂ© publiĂ©s Ă  hauteur de prĂšs de 75 %, Ă©tant prĂ©cisĂ© qu’à l’exception notable de l’important dĂ©cret sur le registre des actifs agricoles, l’essentiel des dĂ©crets relevant du ministĂšre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la pĂȘche a Ă©tĂ© publiĂ©. Plusieurs de ceux relevant du ministĂšre des affaires sociales et de la santĂ© manquent Ă  l’appel. Le rapport est organisĂ© en sept parties, correspondant aux sept titres de la loi. Les trente et une auditions menĂ©es de juillet Ă  novembre nous ont permis de cibler notre analyse sur trente-trois thĂ©matiques. En ce qui concerne le titre Ier, relatif Ă  la performance Ă©conomique et environnementale des filiĂšres agricoles et agroalimentaires, sept thĂ©matiques sont explorĂ©es les groupements d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental GIEE, les groupements agricoles d’exploitation en commun GAEC, les coopĂ©ratives, les interprofessions, les relations commerciales, les espaces d’information pĂ©riodique gratuite pour les interprofessions et les garanties de l’origine et de la qualitĂ©. Ce titre est la traduction lĂ©gislative du fil conducteur de l’esprit de l’ensemble de la loi la double performance Ă©conomique et environnementale de la filiĂšre agricole et agroalimentaire. Cela passe par le dĂ©veloppement des formes collectives d’agriculture, par l’attention Ă  la qualitĂ© des productions et aux territoires auxquels elles se rattachent. La loi prĂ©voit l’adaptation des interprofessions et des rapports entre chacun des maillons de la filiĂšre en vue d’amĂ©liorer les relations commerciales et la rĂ©partition de la valeur ajoutĂ©e. Nous vous renvoyons au rapport pour le dĂ©tail des dĂ©crets publiĂ©s mais, pour ce titre, quatre dĂ©crets manquent. Le cabinet du ministre a donnĂ© le dĂ©tail de l’avancement de ces mesures rĂ©glementaires. Pour trois d’entre elles, le processus est bien avancĂ©. Pour la quatriĂšme, concernant les campagnes d’information pĂ©riodique gratuite Ă  la radio et tĂ©lĂ©vision publiques pour les interprofessions des produits frais, le Gouvernement a dĂ©clarĂ© qu’il y Ă©tait opposĂ©, et n’a pas prĂ©vu de publier ce dĂ©cret. Nombre de mesures s’appliquent efficacement, en particulier lorsque les dĂ©crets ont Ă©tĂ© publiĂ©s rapidement. Les GIEE sont un succĂšs on en compte 311, engageant plus de 4 000 agriculteurs sur une surface agricole utile de plus de 300 000 hectares. Le cadre de leur crĂ©ation est relativement souple et les thĂ©matiques retenues trĂšs larges. Un effort peut nĂ©anmoins ĂȘtre poursuivi sur la communication qui les accompagne et la frĂ©quence des appels Ă  projets rĂ©gionaux. Le cadre juridique des GAEC a Ă©tĂ© sĂ©curisĂ© et ils bĂ©nĂ©ficient dĂ©sormais du principe de transparence Ă©conomique, qui permet Ă  leurs membres de conserver les droits auxquels ils auraient pu prĂ©tendre s’ils Ă©taient restĂ©s exploitants individuels. On en dĂ©nombre 45 000, contre 36 000 lors du dĂ©pĂŽt du projet de loi. Il s’agit d’une formule trĂšs pertinente qui permet de rĂ©pondre aux contraintes liĂ©es au nombre important de petites exploitations, mĂȘme s’il est indĂ©niable que la hausse du nombre de GAEC est aussi le rĂ©sultat de la transformation d’entreprises agricoles Ă  responsabilitĂ© limitĂ©e EARL, dont la formule juridique est devenue moins intĂ©ressante. Les coopĂ©ratives agricoles ont fait l’objet d’un grand nombre de critiques relatives au manque de transparence de leur fonctionnement et, de ce fait, Ă  l’éloignement des associĂ©s coopĂ©rateurs des organes dirigeants de leur coopĂ©rative. MĂȘme si les conditions de rĂ©munĂ©ration des associĂ©s suscitent encore des critiques, la transparence s’est accrue. Le conseil d’administration et le directoire transmettent davantage d’informations et l’application des principes coopĂ©ratifs – valeurs initiales des coopĂ©ratives – est mieux contrĂŽlĂ©e par le Haut Conseil de la coopĂ©ration agricole et par la nomination d’un mĂ©diateur de la coopĂ©ration agricole, encore peu sollicitĂ© toutefois. Les interprofessions se sont mises en conformitĂ© avec le droit europĂ©en. Elles ont efficacement amĂ©liorĂ© la reprĂ©sentativitĂ© de leurs structures, en particulier le pluralisme syndical. MĂȘme si quelques recours sont en cours, Ă©manant souvent de la Coordination rurale et de la ConfĂ©dĂ©ration paysanne, l’extension obligatoire Ă  l’ensemble d’un secteur des accords professionnels passĂ©s au sein de l’interprofession amĂ©liore l’ensemble d’une filiĂšre. Plusieurs mesures se sont rĂ©vĂ©lĂ©es constituer des progrĂšs encore insuffisants il en est ainsi des relations commerciales entre des producteurs atomisĂ©s face Ă  la concentration de la grande distribution et la force de nĂ©gociation des industriels de l’agroalimentaire. La contractualisation et les regroupements de producteurs se mettent en place, mais difficilement. Le mĂ©diateur des relations commerciales considĂšre que les contrats ne remĂ©dient pas aux dĂ©sĂ©quilibres, en particulier lorsqu’ils sont trĂšs longs. Nombre de professionnels appellent de leurs vƓux une plus grande souplesse dans la contractualisation. Le problĂšme vient en fait aussi de la faible organisation des producteurs souhaitĂ©e par tous, elle peine cependant Ă  dĂ©coller dans certains secteurs. Le processus d’encouragement au regroupement doit se poursuivre et, d’ailleurs, la loi Sapin II, promulguĂ©e le 9 dĂ©cembre dernier, devrait amĂ©liorer les relations contractuelles. En ce qui concerne le titre II, relatif Ă  la protection des espaces naturels, agricoles et forestiers et au renouvellement des gĂ©nĂ©rations, l’intention du lĂ©gislateur Ă©tait non seulement de protĂ©ger les espaces agricoles, mais aussi d’étendre la protection aux espaces naturels et forestiers, tout autant menacĂ©s par l’artificialisation des terres. Le foncier agricole est mieux gĂ©rĂ© et protĂ©gĂ© par la crĂ©ation d’une nouvelle obligation de compensation des rĂ©ductions de surfaces agricoles et des externalitĂ©s Ă©conomiques qui leur sont liĂ©es. Le dĂ©cret sur cet article n’a Ă©tĂ© pris que le 31 aoĂ»t de cette annĂ©e. Il est vraiment trop tĂŽt pour en Ă©valuer les effets, mais on peut d’ores et dĂ©jĂ  relever que le nombre de projets concernĂ©s sera rĂ©duit, puisque trois critĂšres cumulatifs sont requis les projets doivent ĂȘtre soumis Ă  l’étude d’impact environnementale, ils doivent ĂȘtre situĂ©s dans une zone strictement dĂ©finie et le projet, sous rĂ©serve d’une dĂ©cision du prĂ©fet, doit reprĂ©senter une surface supĂ©rieure Ă  cinq hectares. En outre, la portĂ©e de l’évaluation est incertaine, en particulier sur la teneur des mesures compensatoires Ă  prendre et leur contrĂŽle. L’Observatoire des espaces naturels, agricoles et forestiers OENAF, anciennement ONCEA renforce les mesures permettant de limiter la consommation des espaces non urbains face Ă  la pression urbanistique. Au niveau local, les commissions dĂ©partementales des espaces naturels, agricoles et forestiers CDPENAF, anciennement CDCEA sont compĂ©tentes sur une plus grande partie du territoire et associent de trĂšs nombreux acteurs des territoires, notamment les sociĂ©tĂ©s d’amĂ©nagement foncier et d’établissement rural SAFER et l’Institut national de l’origine et de la qualitĂ© INAO, qui ne se privent pas de participer Ă  ces commissions. Manque nĂ©anmoins l’important dĂ©cret relatif aux notions de rĂ©duction substantielle des surfaces affectĂ©es Ă  des productions bĂ©nĂ©ficiant d’une appellation d’origine protĂ©gĂ©e AOP et d’atteinte substantielle aux conditions de leur production. Le renouvellement des gĂ©nĂ©rations d’agriculteurs est au cƓur de la loi la transmission et l’installation sont favorisĂ©es. Ces objectifs guident l’action renforcĂ©e des pouvoirs des SAFER et le contrĂŽle des structures. Le droit de prĂ©emption des SAFER est Ă©tendu et le nouveau schĂ©ma directeur rĂ©gional des exploitations agricoles SDREA devient l’alpha et l’omĂ©ga des orientations agricoles rĂ©gionales, en particulier pour la dĂ©termination des seuils au-delĂ  desquels une autorisation d’exploiter est requise. Le dĂ©cret sur les SDREA a Ă©tĂ© tardivement publiĂ©, notamment du fait de la rĂ©forme territoriale concomitante. Cependant, seuls deux schĂ©mas manquent Ă  l’appel Ă  ce jour. Il est Ă  noter que les mesures prĂ©vues dans la loi d’avenir ont rapidement rĂ©vĂ©lĂ© des faiblesses par la facilitĂ© de leur contournement, comme on l’a vu avec des investissements chinois dans l’Indre. La loi Sapin II en tirait les consĂ©quences en prĂ©voyant d’empĂȘcher les montages sociĂ©taires purement spĂ©culatifs – un coup d’épĂ©e dans l’eau, puisque le Conseil constitutionnel a censurĂ© ces articles considĂ©rĂ©s comme des cavaliers lĂ©gislatifs. Cependant, tout n’est pas perdu, puisque le rapporteur Dominique Potier prĂ©sentera prochainement une proposition de loi reprenant ces dispositifs. Par ailleurs, les aides Ă  l’installation et Ă  la transmission sont appuyĂ©es par des contrats de gĂ©nĂ©ration et un parcours d’installation dynamisĂ©, le tout avec l’appui des chambres d’agriculture. La principale source de prĂ©occupation des personnes auditionnĂ©es concerne le registre des actifs agricoles qui est au point mort, faute de dĂ©cret. Il doit permettre de mieux cibler les aides aux agriculteurs en les rĂ©servant aux agriculteurs actifs, mais la consultation des professionnels menĂ©e par le ministĂšre rĂ©vĂšle des divergences d’attentes, et surtout une grande mĂ©fiance sur les consĂ©quences Ă©conomiques et sociales du registre. M. Antoine Herth, rapporteur. La troisiĂšme partie du rapport concerne la politique de l’alimentation et la performance sanitaire ; treize dĂ©crets ont Ă©tĂ© publiĂ©s et quatre sont en attente. Les programmes alimentaires territoriaux PAT revĂȘtent une dimension Ă©conomique, environnementale et sociale, car il s’agit de projets collectifs regroupant tous les acteurs d’un territoire. Une soixantaine de PAT en cours ont Ă©tĂ© recensĂ©s. L’AssemblĂ©e permanente des chambres d’agriculture APCA a contribuĂ© Ă  ce que ces initiatives soient rĂ©unies autour d’un projet national commun, en mettant en rĂ©seau tous les acteurs concernĂ©s. Le ministĂšre de l’agriculture espĂšre en compter 500 en 2020, avec une premiĂšre vague de labellisation au 1er semestre 2017. Des dĂ©fis restent Ă  relever, dont le financement de l’animation, la participation des acteurs agro-alimentaires et de la distribution, et la question du juste prix » de l’alimentation. La lutte contre l’antibiorĂ©sistance est controversĂ©e. L’objectif chiffrĂ© dĂ©fini Ă  l’article 49 de la loi d’avenir est la rĂ©duction de 25 % de l’usage des antibiotiques en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire en cinq ans. Les vĂ©tĂ©rinaires ont eu l’impression d’ĂȘtre stigmatisĂ©s, alors qu’ils s’étaient dĂ©jĂ  investis dans cette diminution selon l’Agence nationale du mĂ©dicament vĂ©tĂ©rinaire ANMV, la vente d’antibiotiques a diminuĂ© de 28 % depuis 2011. Pour Coop de France, cette mesure a Ă©galement paru constituer une attaque contre les programmes sanitaires d’élevage PSE. La FĂ©dĂ©ration des syndicats vĂ©tĂ©rinaires de France FSVF a dĂ©plorĂ© la perte par la profession de 60 millions d’euros et demandĂ© que tout nouvel effort soit financĂ© par l’État, comme c’est le cas pour les autres professions de santĂ©. Le dĂ©cret du 10 juin 2015 relatif Ă  la publicitĂ© des mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires risque de limiter l’usage des vaccins, alors qu’ils permettent de rĂ©duire les antibiotiques. Je prĂ©cise que le Gouvernement est intervenu auprĂšs des instances europĂ©ennes afin qu’il en soit tenu compte dans la rĂ©daction du futur rĂšglement. Quant au dĂ©veloppement des alternatives aux antibiotiques, il passe Ă©videmment par le renforcement de la recherche. À plus court terme, plusieurs propositions nous ont Ă©tĂ© faites, parmi lesquelles le dĂ©veloppement de la vaccination et des pratiques homĂ©opathiques, une aide pour moderniser les bĂątiments d’élevage, ainsi que le dĂ©veloppement de la concertation entre les filiĂšres par des groupes de travail rĂ©unissant les diffĂ©rentes familles professionnelles. Enfin, nos interlocuteurs ont insistĂ© sur la nĂ©cessitĂ© d’arrĂȘter toute sur-transposition française de la rĂ©glementation europĂ©enne, qui entraĂźne des distorsions de concurrence. La maĂźtrise des produits phytosanitaires est prĂ©vue par l’article 53 de la loi d’avenir, qui interdit l’utilisation de pesticides dans les lieux frĂ©quentĂ©s par des publics sensibles, et subordonne, dans d’autres lieux, l’usage de ces produits Ă  des mesures de protection et des distances d’épandage. Mais c’est surtout un arrĂȘtĂ© en prĂ©paration qui suscite l’inquiĂ©tude pour la premiĂšre fois, il est envisagĂ© de rĂ©glementer autour des habitations et des jardins des particuliers. La FNSEA a appelĂ© ses adhĂ©rents Ă  se mobiliser contre l’arrĂȘtĂ© phyto », dont les dispositions priveraient les exploitants de 4 millions d’hectares de terres, soit 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an. Coop de France et la Coordination rurale ont fait part des mĂȘmes craintes. Quant Ă  l’APCA, elle considĂšre que l’arrĂȘtĂ© va trop loin en oubliant les dimensions Ă©conomiques du problĂšme. Les certificats d’économie de produits phytosanitaires CEPP ont Ă©tĂ© instituĂ©s par ordonnance. Pour Coop de France, ces textes permettent de diffuser les bonnes pratiques, mais c’est aussi la chronique d’une pĂ©nalitĂ© annoncĂ©e », car les agriculteurs doivent s’adapter Ă  des dispositions trĂšs ambitieuses, entraĂźnant de nouvelles charges administratives. Quant Ă  la FNSEA, elle a demandĂ© que la redevance pour pollution diffuse soit versĂ©e aux agriculteurs. Sur la performance sanitaire en gĂ©nĂ©ral, le Mouvement de dĂ©fense des exploitants familiaux MODEF constate une situation aberrante alors que la rĂ©glementation française est une des plus contraignantes – ce qui est positif –, la sociĂ©tĂ© française ne tient pas compte de ce qui se passe au-delĂ  de ses frontiĂšres et il s’ensuit des distorsions importantes. Un premier progrĂšs consisterait Ă  mettre en place une vraie transparence. Dans le cadre du transfert des autorisations de mise sur le marchĂ© AMM Ă  l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail ANSES, le dĂ©cret du 20 septembre 2015 a mis en place un comitĂ© de suivi. Les industriels dĂ©posent auprĂšs de l’ANSES une demande d’autorisation de mise sur le marchĂ© comportant tous les Ă©lĂ©ments scientifiques nĂ©cessaires Ă  l’évaluation des risques liĂ©s Ă  l’usage des produits. Le comitĂ© de suivi examine si les produits sont composĂ©s de substances autorisĂ©es au niveau europĂ©en, s’ils sont efficaces et n’exercent aucun effet inacceptable sur la santĂ© ; il contrĂŽle Ă©galement si la dĂ©cision est applicable, cohĂ©rente avec d’autres dĂ©cisions et si elle permet d’atteindre les objectifs voulus. Au sein de ce comitĂ©, les mesures examinĂ©es sont confrontĂ©es Ă  la rĂ©alitĂ© pratique. Cette dĂ©marche fait Ă©galement intervenir les Ă©quipes multidisciplinaires d’évaluateurs scientifiques de l’Agence, ainsi que deux comitĂ©s d’experts spĂ©cialisĂ©s. Les Ă©valuations rĂ©alisĂ©es conduisent Ă  un avis dĂ©favorable dans un quart des cas. Les avis favorables sont trĂšs majoritairement assortis de restrictions d’usage par rapport Ă  la demande initiale du pĂ©titionnaire. Les avis rendus par l’Agence sont publics. Depuis 2011, L’Union europĂ©enne est dĂ©coupĂ©e en trois zones gĂ©ographiques, la France Ă©tant rattachĂ©e Ă  la zone sud. L’évaluation rĂ©alisĂ©e par l’État membre sollicitĂ© s’applique aux autres pays de la zone, sauf en cas de particularitĂ©s locales. Les demandeurs d’AMM ont le choix du pays dit de rĂ©fĂ©rence », qui pilote l’évaluation. L’intervention en tant qu’État membre de rĂ©fĂ©rence est l’un des piliers donnant Ă  la France un positionnement incontournable en Europe. Mais aprĂšs le Brexit, il est probable qu’une partie des dossiers traitĂ©s par le Royaume-Uni lui revienne. Or, l’ANSES est dĂ©jĂ  trĂšs en retard dans le traitement des dossiers, qui prend actuellement deux ans. Chaque annĂ©e, elle examine prĂšs de 2 000 dossiers, dont plus de 300 relatifs Ă  une demande d’AMM. La FNSEA dĂ©plore que l’ANSES reprenne toutes les recommandations europĂ©ennes, mais avec une position maximaliste, ce qui introduit une distorsion de concurrence. L’ANSES est, par ailleurs, confrontĂ©e Ă  un problĂšme de moyens. Alors que des missions nouvelles lui ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es, elle dispose de moyens en diminution. L’Agence a bĂ©nĂ©ficiĂ© de quinze postes Ă  titre exceptionnel pour rĂ©sorber le stock de dossiers, alors que le plafond des Ă©quivalents temps plein ETP a Ă©tĂ© rĂ©duit de sept postes. Le budget de 138 millions d’euros est assis sur des subventions pour charges de service public, sur des revenus externes prĂ©vus par des conventions et sur des redevances et taxes perçues pour l’instruction des dossiers de produits rĂ©glementĂ©s et affectĂ©es Ă  l’ANSES. Ces taxes sont plafonnĂ©es par la loi de finances pour 2017. Or elles devraient permettre Ă  l’Agence d’ajuster les moyens qui lui sont nĂ©cessaires. Les recettes sont impossibles Ă  transformer en emplois, car un tel mĂ©canisme n’est pas prĂ©vu pour les Ă©tablissements publics administratifs, ce qui la pĂ©nalise fortement dans un contexte de forte concurrence europĂ©enne. Il est donc indispensable de lever la pression sur le plafond d’emploi et le plafond de masse salariale. Le respect des dĂ©lais conditionne en partie l’attractivitĂ© de la France pour les entreprises concernĂ©es. Les droits versĂ©s par les industriels devraient correspondre au coĂ»t complet du travail effectuĂ©. Afin d’assurer la plus grande transparence possible, il est mis Ă  la disposition du public, sur le site internet de l’Agence, tous les documents relatifs aux modalitĂ©s d’instruction des demandes, ainsi que les dĂ©cisions d’autorisation de mise sur le marchĂ©. La loi porte Ă©galement sur la surveillance sanitaire si la reconnaissance du rĂŽle des fĂ©dĂ©rations dĂ©partementales des chasseurs en la matiĂšre paraĂźt lĂ©gitime Ă  la FĂ©dĂ©ration nationale des chasseurs FNC, cette derniĂšre s’insurge contre certaines dispositions de l’article 41, trop coĂ»teuses – notamment les mesures de surveillance, de prĂ©vention ou de lutte prescrites par l’autoritĂ© administrative. En outre, elle estime extrĂȘmement pĂ©nalisante » l’ordonnance n° 2015-1243 du 7 octobre 2015, prise en application de l’article 55 de la loi et relative aux animaux de compagnie, qui oblige les chasseurs Ă  s’immatriculer en tant qu’éleveurs. L’article 44 renforce l’arsenal de protection des Ă©leveurs contre les attaques de loups. Mais des difficultĂ©s demeurent, et le nombre d’attaques augmente une trentaine de dĂ©partements sont touchĂ©s, malgrĂ© les mesures massives prises par les Ă©leveurs. En outre, celles-ci sont contraignantes, coĂ»teuses et d’une efficacitĂ© relative. MĂȘme si l’arrĂȘtĂ© du 27 mai 2009 prĂ©cise que le loup n’est plus une espĂšce protĂ©gĂ©e menacĂ©e d’extinction en France, il reste toujours soumis au principe de protection stricte. Les organisations professionnelles rĂ©clament le paiement en temps et en heure des mesures Ă  prendre pour la protection des troupeaux, sans conditionnalitĂ© des indemnisations versĂ©es en cas d’attaque, et le relĂšvement du plafond du nombre de loups dont la destruction est autorisĂ©e. Nous estimons qu’il faudrait s’inspirer de pays qui, comme l’Espagne, font varier leur rĂ©glementation selon les rĂ©gions. M. Germinal Peiro, rapporteur. La quatriĂšme partie du rapport est relative Ă  l’enseignement. Il s’agit de rĂ©pondre Ă  la nĂ©cessaire transition agro-Ă©cologique avec l’appui d’un enseignement technique et supĂ©rieur dynamique, innovant et ouvert. L’impĂ©ratif est dĂ©sormais de produire autant, mais autrement. Il est donc apparu nĂ©cessaire de repenser les missions de l’enseignement agricole. Dans ce domaine, neuf dĂ©crets ont Ă©tĂ© publiĂ©s et deux sont en attente. Pour l’application du projet agro-Ă©cologique, l’objectif est de ne pas proposer de solutions toutes faites, mais de mener une rĂ©novation en profondeur. Le comitĂ© de l’innovation, rĂ©cemment créé, a examinĂ© les projets de rĂ©fĂ©rentiels du ministĂšre. Les rĂ©fĂ©rentiels du BTS, du CAP et du bac pro ont Ă©tĂ© modifiĂ©s pour les adapter aux Ă©volutions de l’agro-Ă©cologie. Les nouvelles techniques – drones, robots, et autres – sont incluses dans la formation, notamment pour l’observation de l’exploitation. La mission Agriculture-Innovation 2025 travaille en particulier sur l’agriculture numĂ©rique et la collecte des donnĂ©es au niveau national, pour que la profession se les rĂ©approprie. Pour utiles qu’ils soient, ces outils numĂ©riques ne remplacent toutefois pas le tour de plaine » et ne doivent pas s’y substituer. Les Ă©tablissements doivent valoriser le rĂŽle des exploitations qui leur sont attachĂ©es. Il faut que ce rĂŽle soit en phase avec l’orientation agro-Ă©cologique de la loi. L’accent est mis Ă©galement sur la formation des directeurs des lycĂ©es et des exploitants afin que les fondamentaux de l’agro-Ă©cologie progressent. Selon la direction de l’enseignement du ministĂšre de l’agriculture, toutes les parties prenantes ont adhĂ©rĂ© Ă  l’agro-Ă©cologie. La loi prĂ©voit la possibilitĂ© d’acquisition progressive des diplĂŽmes, facteur de promotion sociale. Plusieurs diplĂŽmes de l’enseignement agricole Ă©taient dĂ©jĂ  accessibles par la voie de la formation continue, en unitĂ©s capitalisables. La loi Ă©tend cette possibilitĂ© le dĂ©cret du 23 novembre 2015 relatif Ă  l’acquisition progressive du CAP agricole, et le dĂ©cret du 10 juin 2016 relatif Ă  l’acquisition progressive du bac pro prĂ©voient un Ă©talement des Ă©preuves sur cinq ans. Par ailleurs, un programme ambitieux a Ă©tĂ© mis en Ɠuvre pour faciliter l’accĂšs des Ă©lĂšves ayant un bac pro aux Ă©coles d’ingĂ©nieurs. Il s’agit d’un systĂšme expĂ©rimental, pour lequel deux classes ont Ă©tĂ© constituĂ©es ; les Ă©lĂšves recrutĂ©s reçoivent une formation de BTS, ainsi qu’une formation spĂ©ciale, tout en bĂ©nĂ©ficiant d’un accompagnement avec des professeurs dĂ©diĂ©s et d’heures de soutien. En cas d’échec, ils seront titulaires du BTS. Le programme commence Ă  fonctionner, et les rĂ©sultats en seront connus dans trois ans. Il s’agit donc d’un test, pour un systĂšme qui n’est pas simple et ne permettra pas de travailler sur une population nombreuse. L’innovation pĂ©dagogique n’est pas oubliĂ©e. Il faut, en particulier, animer les rĂ©seaux. Il est instituĂ© un ComitĂ© national d’expertise de l’innovation pĂ©dagogique, chargĂ© d’accompagner innovations pĂ©dagogiques et expĂ©rimentations. Le schĂ©ma stratĂ©gique propose, en particulier, la construction d’un systĂšme de mutualisation des innovations locales, la mobilisation de l’enseignement supĂ©rieur au service de l’enseignement technique, le dĂ©veloppement de l’autonomie pĂ©dagogique et celui du numĂ©rique. Par ailleurs, l’innovation doit veiller Ă  ĂȘtre en phase avec la production locale pour ĂȘtre crĂ©dible. Or certaines exploitations fonctionnent toujours sur le mode de la production intensive. Il faut donc faire progresser l’agriculture biologique. Le mĂ©diateur de l’enseignement agricole a Ă©tĂ© instituĂ© par le dĂ©cret du 21 avril 2015. Depuis le 1er septembre 2016, il a traitĂ© au total neuf demandes en provenance du personnel d’établissements d’enseignement agricole et treize saisines d’élĂšves ; onze recours ont Ă©tĂ© co-traitĂ©s avec le DĂ©fenseur des droits. La loi d’avenir a créé l’Institut agronomique, vĂ©tĂ©rinaire et forestier de France IAVFF, qui a pour mission la mise en Ɠuvre de stratĂ©gies de recherche et de formation communes aux Ă©tablissements aux niveaux national, europĂ©en et international. Agreenium et l’IAVFF sont le mĂȘme Ă©tablissement ; le second a absorbĂ© le premier, qui existait avant la loi d’avenir pour l’agriculture, mais le nom d’Agreenium a Ă©tĂ© conservĂ© pour capitaliser son dĂ©but de notoriĂ©tĂ© internationale. Cet Ă©tablissement compte actuellement dix-huit membres. Son objectif principal est la prĂ©sence française sur la scĂšne internationale. Parmi les projets initiĂ©s Ă  l’international, il travaille avec le SĂ©nĂ©gal, qui se propose de fonder une universitĂ© francophone agricole de 30 000 Ă©tudiants et demande une expertise afin de construire des cursus. Agreenium a, en outre, constituĂ© un dĂ©but d’universitĂ© numĂ©rique, qui permettra de massifier l’enseignement. Il a dĂ©jĂ  engagĂ© diffĂ©rents projets de Massive Open Online Courses MOOC, ce qui reprĂ©sente un objectif d’une douzaine Ă  l’échĂ©ance de la fin de 2017, avec un financement du deuxiĂšme programme d’investissements d’avenir. Il se constitue ainsi un campus Ă  l’international. Agreenium a commencĂ© Ă  avancer sur plusieurs chantiers, inscrits dans la loi d’avenir il faut intĂ©grer les Ă©quipes et les politiques des Ă©tablissements ; mettre Ă  plat le rĂ©fĂ©rentiel des formations vĂ©tĂ©rinaires ; coordonner l’offre de formation agricole ; articuler enseignement technique et supĂ©rieur. Il conviendra Ă©galement d’identifier l’ensemble de l’offre – ce travail n’a jamais Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©, alors que les formations foisonnent. Quant Ă  l’enseignement privĂ©, la loi affirme le parallĂ©lisme entre enseignement public et privĂ©. Nos interlocuteurs ont soulignĂ© qu’ils s’étaient ralliĂ©s Ă  la politique suivie sans Ă©tat d’ñme. M. Antoine Herth, rapporteur. Dans son titre V, consacrĂ© Ă  la forĂȘt, la loi vise Ă  rĂ©pondre aux besoins d’évolution de la politique forestiĂšre et de dĂ©veloppement de la filiĂšre bois. Elle reconnaĂźt l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral pour la Nation de la protection et de la mise en valeur des bois et forĂȘts. Onze dĂ©crets sont parus et trois sont en attente. Une nouvelle gouvernance a Ă©tĂ© mise en Ɠuvre. Le Conseil supĂ©rieur de la forĂȘt et du bois CSFB a Ă©tĂ© rĂ©novĂ©. Un projet de programme national de la forĂȘt et du bois PNFB a Ă©tĂ© soumis Ă  son avis, puis Ă  celui du public et doit ĂȘtre dĂ©finitivement approuvĂ© par dĂ©cret. La fĂ©dĂ©ration des forestiers privĂ©s de France FFPF s’est fĂ©licitĂ©e que le programme national prĂ©voie des actions concertĂ©es entre la forĂȘt publique et la forĂȘt privĂ©e. Dans chaque rĂ©gion, des programmes rĂ©gionaux de la forĂȘt et du bois PRFB dĂ©clineront le programme national. Les commissions rĂ©gionales de la forĂȘt et du bois CRFB ont intĂ©grĂ© des reprĂ©sentants de l’aval de la filiĂšre. De plus, un comitĂ© composĂ© paritairement de chasseurs et de forestiers a Ă©tĂ© rattachĂ© aux commissions. L’APCA nous a fait quelques critiques constructives elle estime, en particulier, que la multifonctionnalitĂ© de la forĂȘt a Ă©tĂ© nĂ©gligĂ©e ; la proposition contenue dans le PNFB, trĂšs axĂ©e sur l’accompagnement des filiĂšres longues, pourrait mieux prendre en compte les filiĂšres territorialisĂ©es ; les filiĂšres courtes sont absentes de ce plan. Le fonds stratĂ©gique de la forĂȘt et du bois FSFB regroupe l’ensemble des ressources financiĂšres afin de donner une visibilitĂ© et une cohĂ©rence aux interventions financiĂšres de l’État. Le dĂ©cret a Ă©tĂ© publiĂ© le 30 juin 2015. Ses ressources sont les dotations budgĂ©taires du programme 149, les compensations financiĂšres de dĂ©frichement, les contributions des chambres dĂ©partementales d’agriculture provenant de la taxe additionnelle Ă  la taxe fonciĂšre sur les propriĂ©tĂ©s non bĂąties. La loi a gĂ©nĂ©ralisĂ© les compensations aux dĂ©frichements. Le bilan en apparaĂźt mitigĂ©. Le ministĂšre dĂ©plore que des dĂ©cisions aient pu ĂȘtre prises en fonction du bĂ©nĂ©ficiaire, alors que le but est de protĂ©ger la forĂȘt, et non le bĂ©nĂ©ficiaire. Les agriculteurs font part de leur rĂ©ticence et le syndicat Jeunes agriculteurs, en particulier, s’élĂšve avec vigueur contre ce principe de compensation. Le fonds a fait l’objet de plusieurs remarques pendant les auditions. Il faudrait notamment crĂ©er un compte d’affectation spĂ©ciale afin que les ressources soient pĂ©rennes. À cet effet, il est souhaitĂ© qu’un euro par tonne de CO2 au titre de la taxe carbone soit affectĂ© Ă  la forĂȘt. Il est nĂ©cessaire de garder Ă©galement des financements pour l’animation, car le public a tendance Ă  ne concevoir qu’une forĂȘt sacralisĂ©e. L’AssemblĂ©e permanente des chambres d’agriculture APCA s’insurge sur le traitement des centimes forestiers dans le cadre du projet de loi de finances pour 2017, et un groupe de travail vient d’ĂȘtre créé Ă  ce sujet. Dans les rĂ©gions, l’équilibre sylvo-cynĂ©gĂ©tique est en cours de dĂ©bat. Il est difficile de parvenir Ă  un vrai dialogue entre forestiers et chasseurs. La FFPF a dĂ©plorĂ© que la FĂ©dĂ©ration nationale des chasseurs ait votĂ© contre le dĂ©cret relatif Ă  la concertation sur la prĂ©vention des dĂ©gĂąts sylvicoles de grand gibier – ce dĂ©cret est actuellement Ă  la signature du ministre. La FĂ©dĂ©ration nationale de chasseurs estime, quant Ă  elle, que l’équilibre sylvo-cynĂ©gĂ©tique dĂ©fini par la loi va crĂ©er des problĂšmes avec les forestiers. Elle dĂ©plore le dĂ©veloppement de la forĂȘt au dĂ©triment de la chasse. Elle a soulignĂ© que la reprĂ©sentation des chasseurs en commission rĂ©gionale de la forĂȘt et du bois, fixĂ©e par dĂ©cret, Ă©tait dĂ©sĂ©quilibrĂ©e, que les fĂ©dĂ©rations dĂ©partementales ou interdĂ©partementales des chasseurs n’étaient pas expressĂ©ment visĂ©es pour reprĂ©senter les chasseurs au sein du comitĂ© paritaire de la commission rĂ©gionale de la forĂȘt et du bois. Elle craint l’instauration d’une gestion cynĂ©gĂ©tique normative » consistant Ă  fixer des objectifs chiffrĂ©s de densitĂ© de cervidĂ©s, par l’intermĂ©diaire des documents de gestion des forĂȘts. Quant au projet de dĂ©cret relatif Ă  la mise en place d’une concertation locale pour la prĂ©vention des dĂ©gĂąts sylvicoles de grand gibier, la FĂ©dĂ©ration le rejette en totalitĂ©. Elle fait, en outre, valoir que l’indemnisation des dĂ©gĂąts est trĂšs coĂ»teuse. M. Germinal Peiro, rapporteur. Force est de constater que la population des chasseurs vieillit et que, de ce fait, les plans de chasse ne sont pas appliquĂ©s. À moyen terme, les chasseurs ne pourront plus payer les dĂ©gĂąts. Vos rapporteurs estiment que valoriser Ă©conomiquement les produits de la chasse pourrait intĂ©resser les chasseurs, alors que 90 % des produits de la venaison sont importĂ©s. S’agissant de la mobilisation du foncier et de l’utilisation des sols, l’article 78, qui prĂ©voyait le recouvrement triennal de la taxe fonciĂšre sur les propriĂ©tĂ©s non bĂąties TFNB pour les propriĂ©tĂ©s en nature de bois et forĂȘts pour lesquelles le montant d’imposition est infĂ©rieur Ă  12 euros, afin d’inciter les propriĂ©taires Ă  gĂ©rer ou Ă  mettre en vente les parcelles, a Ă©tĂ© supprimĂ© par la loi de finances rectificative, car jugĂ© difficilement applicable. La FFPF prĂŽne une simplification et le dĂ©plafonnement du dispositif d’encouragement fiscal Ă  l’investissement en forĂȘt DEFI, qui permet une rĂ©duction de l’impĂŽt sur le revenu. La procĂ©dure des biens vacants et sans maĂźtre, applicable aux propriĂ©tĂ©s en nature de bois et forĂȘts pour lesquelles la TFNB n’est pas rĂ©glĂ©e pendant trois ans, est actuellement lancĂ©e. La loi modifie les rĂšgles relatives au droit de prĂ©fĂ©rence et au droit de prĂ©emption de l’État et de la commune, afin de remĂ©dier au morcellement de la forĂȘt. Selon la fĂ©dĂ©ration nationale des communes forestiĂšres, le droit de prĂ©emption de la commune devrait s’appliquer Ă  la forĂȘt sectionale, propriĂ©tĂ© collective gĂ©rĂ©e par l’Office national des forĂȘts ONF. La FFPF a, pour sa part, estimĂ© que si une parcelle Ă©tait Ă  vendre, le propriĂ©taire voisin devrait avoir la prioritĂ© afin de restructurer le foncier. Le dĂ©partement doit Ă©laborer chaque annĂ©e un schĂ©ma d’accĂšs Ă  la ressource forestiĂšre et, en parallĂšle, inclure un itinĂ©raire de desserte des ressources forestiĂšres. Le Centre national de la propriĂ©tĂ© forestiĂšre CNPF a dĂ©plorĂ© que ces dispositions soient restĂ©es lettre morte. Le groupement d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental forestier GIEEF, instituĂ© par le dĂ©cret du 24 juin 2015, vise Ă  dynamiser la gestion durable des forĂȘts privĂ©es. Le dĂ©cret du 2 juin 2016 porte sur la reconnaissance par l’État de la qualitĂ© de GIEEF. Actuellement, un GIEEF a Ă©tĂ© validĂ© dans le dĂ©partement de l’ArdĂšche et deux autres sont en cours. Le GIEEF est un outil complĂ©mentaire intĂ©ressant. Toutefois, d’autres dispositifs fonctionnent, telles les organisations de producteurs, qui approvisionnent rĂ©guliĂšrement, sans Ă -coups, l’industrie française du bois Ă  travers les contrats d’approvisionnement. Il paraĂźt donc nĂ©cessaire, selon l’Union de la coopĂ©ration forestiĂšre française UCFF, d’inciter fiscalement les propriĂ©taires Ă  les rejoindre. Pour ce qui est de l’outre-mer, tous les dĂ©crets et toutes les ordonnances prĂ©vus par les six articles du titre VI de la loi d’avenir ont Ă©tĂ© publiĂ©s. La dĂ©clinaison de la loi d’avenir s’y fait via les comitĂ©s d’orientation stratĂ©gique et de dĂ©veloppement agricole. Ces derniers n’ont pas tous Ă©tĂ© installĂ©s, en partie du fait des Ă©lections rĂ©gionales de dĂ©cembre 2015, qui ont retardĂ© la procĂ©dure. L’autoritĂ© administrative compĂ©tente de l’État en matiĂšre de reconnaissance et de retrait de la qualitĂ© de GIEEF a Ă©tĂ© dĂ©signĂ©e par le dĂ©cret du 24 juin 2015. Les missions confiĂ©es aux commissions dĂ©partementales de la consommation des espaces agricoles ont Ă©tĂ© Ă©largies aux espaces naturels et forestiers par le dĂ©cret du 16 novembre 2015. L’inventaire permanent des ressources forestiĂšres nationales doit prendre en compte les particularitĂ©s des bois et forĂȘts situĂ©s outre-mer afin de dĂ©finir une solution pĂ©renne pour le rapport quinquennal auprĂšs des instances internationales et de rĂ©pondre aux grands enjeux des politiques publiques actuelles. Une Ă©tude est menĂ©e par l’Institut national de l’information gĂ©ographique et forestiĂšre, dont les rĂ©sultats sont attendus pour janvier 2017. Mme Karine Daniel. Nous devons ĂȘtre fiers collectivement de l’adoption de la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt, par laquelle nous avons pris acte des Ă©volutions Ă  porter pour la pĂ©rennitĂ© de notre modĂšle agricole dans un monde en constante mutation. À travers cette loi, nous avons affirmĂ© le concept d’agro-Ă©cologie, qui remet la nature et les hommes au cƓur de la performance Ă©conomique dans le domaine agricole. L’agro-Ă©cologie est l’amĂ©nagement du modĂšle français au XXIe siĂšcle, Ă  travers la prise en compte d’une triple performance Ă©conomique, Ă©cologique et sociale. Rappelons que ce concept a Ă©tĂ© portĂ© par M. StĂ©phane Le Foll, ministre de l’agriculture Ă  la longĂ©vitĂ© inĂ©galĂ©e, dont je ne saurais oublier de saluer l’action. Sans nier les difficultĂ©s qu’ont connues, ces derniĂšres annĂ©es, nos agriculteurs, et surtout nos Ă©leveurs, reconnaissons que le Gouvernement a ƓuvrĂ© pour leur permettre de passer au mieux les crises. Si les choses peuvent toujours ĂȘtre amĂ©liorĂ©es, l’essentiel est que notre agriculture demeure reconnue pour sa qualitĂ© et sa capacitĂ© Ă  ĂȘtre consommĂ©e dans le monde entier. Permettez-moi de rappeler quelques-uns des Ă©lĂ©ments qui font de cette loi, avec ses 96 articles couvrant largement les secteurs agroalimentaires et sylvicoles, un vĂ©ritable enjeu d’avenir, un vecteur de progression pour nos agriculteurs. Je soulignerai, d’abord, les groupements d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental, par lesquels les agriculteurs qui veulent avancer ensemble peuvent mutualiser les risques des modifications qu’ils mettent en Ɠuvre dans leurs pratiques. Tout aussi intĂ©ressant est le dĂ©veloppement des groupements agricoles d’exploitation en commun, qui permettent Ă  des agriculteurs d’exploiter ensemble et de rĂ©duire l’exposition de chacun aux alĂ©as Ă©conomiques, tout en maintenant leur indĂ©pendance. C’est une forme d’entreprise d’avenir, encouragĂ©e par les accompagnements fiscaux qui ont pu ĂȘtre dĂ©veloppĂ©s avec l’élargissement de la transparence, c’est-Ă -dire la possibilitĂ© de faire bĂ©nĂ©ficier les GAEC des dispositifs fiscaux en fonction de leur nombre rĂ©el d’adhĂ©rents. Ces deux dispositifs me semblent caractĂ©ristiques de cette loi en visant la performance sociale et Ă©conomique. Quant Ă  la performance Ă©cologique, l’effort porte sur la limitation de l’épandage des pesticides, le renforcement des pouvoirs de l’ANSES ou la mise en avant des produits sous signes de qualitĂ© ou d’origine. J’aimerais aussi souligner le travail menĂ© sur le volet de l’enseignement agricole. L’agro-Ă©cologie et les nouvelles pratiques agricoles ne se feront pas sur le terrain sans une vĂ©ritable implication des personnels et des Ă©tablissements de l’enseignement agricole, publics et privĂ©s. Cet investissement, nous devons le faire aujourd’hui pour qu’il soit opĂ©rationnel demain. Si nous ne devons jamais cesser d’ĂȘtre attentifs Ă  la situation de nos agriculteurs et de nos agricultrices qui vivent une crise majeure, nous pouvons nous satisfaire de l’adoption de cette loi-cadre, qui a dĂ©jĂ  marquĂ© l’inscription durable de l’agriculture de notre pays dans une voie de dĂ©veloppement efficace Ă©conomiquement, socialement et Ă©cologiquement, et respectueuse des producteurs et des consommateurs. M. Philippe Le Ray. Sans reprendre les chiffres citĂ©s dans le rapport, je salue la volontĂ© du ministre de l’agriculture de faire appliquer rapidement les mesures de cette loi. Aujourd’hui, il s’agit d’un premier bilan ; il faudra attendre encore quelques annĂ©es pour en voir vraiment les effets. Nous n’avons pas votĂ© ce texte, Ă  l’époque, car nous considĂ©rions qu’un certain nombre de sujets n’avaient pas Ă©tĂ© abordĂ©s, comme l’abattage. Comment peut-on parler de circuits courts, de GIEE, d’économie circulaire, si l’on nĂ©glige le maillon de l’abattage ? Le volet d’une modernisation de grande ampleur a Ă©tĂ© Ă©galement oubliĂ© dans cette loi. Certes, il y a eu un plan de soutien de 100 millions d’euros, mais 100 millions divisĂ©s par 100 dĂ©partements, cela fait 1 million par dĂ©partement, c’est-Ă -dire que cela n’a aucun effet. Or l’agriculture des grandes exploitations reprĂ©sente 80 % de notre paysage agricole. Quant au volet fiscal, il est restĂ© bloquĂ© en rase campagne. Il n’est absolument pas adaptĂ© Ă  la rĂ©alitĂ© Ă©conomique d’aujourd’hui. On ne peut pas, d’un cĂŽtĂ©, dĂ©rĂ©guler les marchĂ©s et, de l’autre, conserver une fiscalitĂ© qui tient plus du colmatage que d’un rĂ©el pouvoir fiscal. L’autre grand oubliĂ© de ce texte, qui est peut-ĂȘtre la premiĂšre cause de suicide dans le monde agricole, c’est la protection du patrimoine privĂ©. Quand les agriculteurs arrivent dans le rouge », malheureusement, le poids de la dette, des agios, la pression rĂ©vĂšlent, au-delĂ  de l’absence de perspectives, toutes les limites de cette loi d’avenir. En ce qui concerne les GIEE, le rapport est clair. Le ministre les avait prĂ©sentĂ©s comme la pierre angulaire de cette loi. Aujourd’hui, on compte 311 GIEE. Personnellement, je n’en connais pas, ni personne autour de moi. Je pense que le GIEE n’est pas une mauvaise solution, mais j’aimerais avoir l’avis des rapporteurs sur la mise en Ɠuvre du dispositif. Concernant l’agro-Ă©cologie, dans le mĂȘme esprit, comment sortir du conceptuel pour passer dans le monde rĂ©el ? Je sais que les universitaires sont attachĂ©s Ă  cette approche, mais, entre la thĂ©orie et la pratique, il y a un Ă©cart. Quant aux relations commerciales, aujourd’hui, rien n’est rĂ©glĂ©. Les derniĂšres nĂ©gociations, en fĂ©vrier et lors de la crise du lait cet Ă©tĂ©, ont montrĂ© l’ampleur des tensions qui existent entre les professionnels. Le vrai dĂ©fi, c’est Ă©quilibrer les relations entre tous les acteurs de la chaĂźne. Dans la loi Sapin II, des dispositions ont Ă©tĂ© retenues, que notre groupe avait dĂ©jĂ  prĂ©sentĂ©es dans le cadre de la proposition de loi en faveur de la compĂ©titivitĂ© de l’agriculture et de la filiĂšre agroalimentaire. Il s’agissait de mettre en place des indicateurs de prix et une confĂ©rence annuelle sur les prix au sein mĂȘme des filiĂšres. D’autres mesures sont trĂšs opĂ©rationnelles puisqu’elles visent Ă  sanctionner la grande distribution en cas d’abus. À la lecture du rapport, on constate que la contractualisation est un outil qui mĂ©rite d’ĂȘtre amĂ©liorĂ©. C’est un vrai sujet qui devrait tous nous rĂ©unir dans les annĂ©es Ă  venir. Je tiens Ă  dire Ă©galement, au nom du groupe Les RĂ©publicains, que le Gouvernement a voulu rendre la loi de modernisation de l’économie LME du 4 aoĂ»t 2008 responsable de la crise agricole. Il aurait pourtant eu la possibilitĂ© de la modifier dans le cadre de la loi relative Ă  la consommation dite loi Hamon », de la loi d’avenir pour l’agriculture ou de la loi dite Macron ». S’il ne l’a pas fait, c’est qu’elle n’était pas si mauvaise. Sans doute, faut-il simplement la faire Ă©voluer. Je salue le maintien, voire le renforcement des GAEC. Les autorisations de mise sur le marchĂ© ayant Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es Ă  l’ANSES, je voudrais savoir pourquoi les moyens n’ont pas suivi pour mener Ă  bien cette nouvelle mission. Nous sommes tous d’accord que l’agriculture est un fleuron de notre pays. Mais la rĂ©alitĂ©, aujourd’hui, c’est un tiers des agriculteurs qui touche moins de 350 euros par mois, 3 % d’agriculteurs en moins chaque annĂ©e, une baisse de 12 % des prix du lait par rapport Ă  la moyenne des quatre derniĂšres annĂ©es, une baisse de 10 % des prix de la viande, et un taux de suicide record en 2016. M. AndrĂ© Chassaigne. Je tiens Ă  souligner le travail colossal que reprĂ©sente ce rapport. Il est vrai que la loi d’avenir comportait de nombreux articles. Une bonne trentaine d’auditions d’organisations syndicales et professionnelles, et d’institutions en illustrent, par des tĂ©moignages prĂ©cis, la mise en Ɠuvre. Le rapport montre que nous avions peut-ĂȘtre sous-estimĂ© l’intĂ©rĂȘt de cette loi qui balaie des champs extrĂȘmement larges, mĂȘme si elle ne rĂšgle pas la question fondamentale des prix payĂ©s Ă  la production. Certes, ce n’était pas sa vocation, mais elle comporte nĂ©anmoins des accompagnements connexes » pour essayer d’amĂ©liorer les revenus des agriculteurs. Les groupements d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental constituent l’un des points forts du texte. On en compte 311, qui concernent 4 000 agriculteurs. Vous avez dit qu’il y avait sans doute un problĂšme de communication auprĂšs des agriculteurs. MĂȘme si nous ne sommes qu’au dĂ©but du processus, je pense qu’il serait intĂ©ressant d’évaluer la portĂ©e des GIEE qui ont Ă©tĂ© mis en Ɠuvre De la mĂȘme façon, le rapport ne prĂ©cise pas le nombre de GIEE forestiers ni sur quoi ils portent. Sans doute est-ce trop rĂ©cent – le dĂ©cret a Ă©tĂ© publiĂ© le 24 juin 2015. En matiĂšre de protection des espaces naturels agricoles et forestiers, le rapport rend compte des vrais problĂšmes que le dĂ©frichement pose sur les territoires, dont on ne tient pas suffisamment compte des spĂ©cificitĂ©s. Certaines communes ont Ă©tĂ© considĂ©rablement boisĂ©es du fait de l’exode rural, souvent avec des Ă©picĂ©as qui ne sont pas forcĂ©ment des plantations de grande qualitĂ©. Or, il est quasiment impossible, ou alors cela coĂ»te trĂšs cher, de rĂ©cupĂ©rer des terres pour l’exploitation agricole. Le problĂšme n’est pas rĂ©glĂ© par la mise en application de la loi, qui n’est pas adaptĂ©e. Elle crĂ©e des conflits inutiles, et les jeunes agriculteurs qui ont besoin de terres sur un territoire n’en trouvent pas, alors que certaines communes proches sont sur-boisĂ©es. Enfin, il serait intĂ©ressant d’avoir un tableau des rapports qui, bien que prĂ©vus par la loi – comme c’est le cas dans toutes les lois – n’ont pas Ă©tĂ© remis. Je m’inquiĂšte, en particulier, du rapport, qui devait ĂȘtre rendu dans les six mois aux commissions compĂ©tentes de l’AssemblĂ©e nationale et du SĂ©nat, sur les retraites des salariĂ©s agricoles de la Guadeloupe, de la Martinique et de La RĂ©union. Mes collĂšgues d’outre-mer l’ont rĂ©clamĂ© Ă  plusieurs reprises, en vain, alors qu’il y a un vĂ©ritable problĂšme pour les retraites agricoles dans les dĂ©partements et territoires d’outre-mer. M. Thierry Benoit. Je fais partie de ceux qui, au nom du groupe Union des dĂ©mocrates et indĂ©pendants, ont soutenu et votĂ© cette loi. L’orientation donnĂ©e Ă  ce texte, qui s’inscrivait dans le prolongement de l’agriculture Ă©cologiquement intensive » pratiquĂ©e par les agriculteurs dans nos rĂ©gions, me paraissait positive, en particulier sur deux points l’agro-Ă©cologie et la lutte contre l’antibiorĂ©sistance. De mon point de vue, la moindre utilisation de mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires prĂ©sente un rĂ©el intĂ©rĂȘt. Les groupements d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental viennent complĂ©ter ce qui existait dĂ©jĂ  en termes de structuration du monde agricole. On compte un peu plus de 300 GIEE, organisĂ©s autour de diverses thĂ©matiques, comme les systĂšmes autonomes Ă©conomes en intrants, la conservation des sols et couverts vĂ©gĂ©taux, l’autonomie alimentaire, l’autonomie en azote et le dĂ©veloppement des lĂ©gumineuses, la diversification des assolements et l’allongement des rotations. Deux ans aprĂšs le vote de la loi, les GIEE ont-ils vraiment enclenchĂ© une dynamique territoriale agricole ? Le cƓur des difficultĂ©s que rencontrent aujourd’hui nos agriculteurs, que le ministre de l’agriculture lui-mĂȘme n’a pas manquĂ© de pointer depuis 2012, sont les relations commerciales. Le rapport indique, Ă  la page 33 Il semble que la loi d’avenir ne soit pas allĂ©e suffisamment loin dans le renforcement des pouvoirs des producteurs dans les relations commerciales avec l’aval de la filiĂšre ». Le dĂ©sĂ©quilibre que l’on continue de pointer dans les discussions entre l’amont et l’aval, c’est-Ă -dire entre les producteurs et les distributeurs, renvoie donc Ă  la question des organisations de producteurs et des associations d’organisations de producteurs. Depuis l’aprĂšs-guerre, nos amis agriculteurs ont perdu en souverainetĂ©. Les organisations de producteurs, rĂ©sultant de la dĂ©signation dĂ©mocratique de reprĂ©sentants pour discuter et nĂ©gocier les relations commerciales, permettraient de leur redonner de cette souverainetĂ©. Le rapport indique que le mĂ©diateur des relations commerciales agricoles appelle de ses vƓux des organisations de producteurs plus grandes pour vĂ©ritablement peser dans les relations commerciales. Prenant l’exemple de Lactalis, il a montrĂ© la difficultĂ© qu’avaient Ă  faire face Ă  une entreprise unique 17 000 producteurs de lait reprĂ©sentĂ©s par treize organisations de producteurs se concurrençant entre elles. C’était la rĂ©alitĂ© en 2012, ça l’était aussi en 2014 lorsque nous avons votĂ© la loi, et je crains que cela ne soit encore le cas aujourd’hui. La loi telle que nous l’avons votĂ©e a-t-elle permis une rĂ©elle rĂ©partition de la valeur ajoutĂ©e au profit de l’amont, c’est-Ă -dire des agriculteurs ? C’est lĂ , avec le revenu agricole, la vraie question qui reste posĂ©e pour l’agriculture française. Depuis cinquante ans, les agriculteurs rĂ©pondent Ă  toutes les attentes de la France et de l’Europe, tant en matiĂšre de sĂ©curitĂ© sanitaire, alimentaire et environnementale, que de qualitĂ© de la production. La loi d’avenir pour l’agriculture a-t-elle apportĂ© les corrections qu’ils sont en droit d’attendre sur le partage de la valeur ajoutĂ©e qu’eux-mĂȘmes crĂ©ent ? M. HervĂ© Pellois. Parmi les prĂ©conisations que les membres du Conseil Ă©conomique, social et environnemental CESE ont faites dans leur rapport sur la transition agro-Ă©cologique, ils recommandent que soient mentionnĂ©s dans le code rural et de la pĂȘche maritime le rĂŽle des sols et l’importance de leur prĂ©servation. Ils veulent aussi rĂ©orienter les prioritĂ©s de la recherche sur l’agro-Ă©cologie en privilĂ©giant l’indĂ©pendance de la recherche publique face Ă  la concentration croissante des acteurs de l’agrochimie, avec les rachats importants de Monsanto par Bayer, et de Syngenta par ChemChina. Le CESE suggĂšre Ă©galement d’adapter tous les dispositifs de formation Ă  l’agro-Ă©cologie, notamment en plaçant les lycĂ©es agricoles et leurs exploitations au centre des partenariats nouĂ©s avec les acteurs locaux de l’agriculture. Les groupes d’agrochimie ne seraient plus les seuls Ă  fournir des Ă©tudes de cas sur lesquels se forment les lycĂ©ens ou les Ă©lĂšves en formation continue. Enfin, il propose que les agriculteurs soient accompagnĂ©s et encouragĂ©s Ă  produire de maniĂšre agro-Ă©cologique. Il faut organiser les outils et les soutiens de la politique agricole commune en fonction de ces objectifs agro-Ă©cologiques. Pensez-vous que la loi d’avenir permet de rĂ©pondre Ă  cette proposition ? M. Guillaume Chevrollier. Selon les souhaits du ministre chargĂ© de l’agriculture, la loi d’avenir visait la performance Ă©conomique et environnementale des exploitations, dans le respect d’une agriculture riche de sa diversitĂ©. Aujourd’hui, l’ensemble des filiĂšres agricoles sont en crise, et nous avions dĂ©jĂ  pointĂ©, lors de l’examen de la loi, l’absence de vision Ă©conomique, s’agissant notamment du volet compĂ©titivitĂ©. La contractualisation, initiĂ©e par le prĂ©cĂ©dent Gouvernement, restait Ă  parfaire et Ă  finaliser avec les organisations de producteurs. Qu’en est-il rĂ©ellement sur le terrain ? Quel retour d’expĂ©rience a-t-on aujourd’hui s’agissant des groupements d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental ? L’agro-Ă©cologie est un concept intĂ©ressant, certes, mais reste un concept. Dans la rĂ©alitĂ©, qu’en est-il concrĂštement ? Quelles sont les relations entre l’agro-Ă©cologie et l’agriculture raisonnĂ©e ? Sur le terrain, nos agriculteurs rĂ©clament l’arrĂȘt des sur-transpositions de normes europĂ©ennes. La mise en application de cette loi se fait-elle en ce sens ? Enfin, oĂč est la simplification administrative, trĂšs attendue par les agriculteurs et par l’ensemble de nos concitoyens, dans la mise en Ɠuvre de cette loi ? Mme Brigitte Allain. Le rapport rend compte d’une apprĂ©ciation plutĂŽt positive de la loi d’avenir. Ce texte dense et travaillĂ©, notamment grĂące Ă  de nombreux apports parlementaires, a permis de donner une orientation positive Ă  l’agriculture française en se tournant vers l’agro-Ă©cologie, sur laquelle le ministre avait particuliĂšrement insistĂ©. La suite a nĂ©anmoins montrĂ© qu’une orientation plus franche, notamment par le flĂ©chage de moyens suffisants, aurait permis d’aller au bout de la dĂ©marche, de prendre en compte l’environnement et de rĂ©tablir la valeur agronomique des sols comme une opportunitĂ© Ă©conomique et sociale, un vrai dĂ©fi plutĂŽt qu’une charge. La demande des agriculteurs d’intĂ©grer une dimension sociale aurait mĂ©ritĂ© d’ĂȘtre mieux entendue, notamment par la prise en compte des coĂ»ts de production. Les manifestations des derniers mois expriment un vĂ©ritable dĂ©sarroi du monde agricole, qui aurait besoin d’une orientation plus franche et affirmĂ©e, avec un meilleur soutien Ă  la rĂ©duction des intrants et aux changements des pratiques agro-Ă©cologiques, un flĂ©chage en ce sens des aides aux investissements matĂ©riels et immatĂ©riels, ainsi que de rĂ©elles mesures de contrĂŽle des structures fonciĂšres. Il semble encore trop tĂŽt pour tirer tous les apports de ce texte qui, pour partie, a accompagnĂ© des Ă©volutions dĂ©jĂ  existantes, s’agissant notamment des antibiotiques. Mais on peut se satisfaire d’une meilleure prise en compte de la diversitĂ© des activitĂ©s agricoles, en particulier en circuit court, qui se traduit par une hausse des installations. Je suis plutĂŽt satisfaite de voir les GIEE et, bien sĂ»r, les projets alimentaires territoriaux se dĂ©velopper partout sur le territoire. Ils permettent de faire Ă©voluer les pratiques, de retisser des liens entre les agriculteurs qui redĂ©couvrent la notion d’entraide. Cela crĂ©e un nouveau contrat entre les agriculteurs et la sociĂ©tĂ©, qui favorisera l’agriculture biologique. Le RĂ©seau national pour un projet alimentaire territorial, portĂ© par les chambres d’agriculture et l’association Terres en ville, est positif. De nombreux autres acteurs interviennent dans l’accompagnement de ces projets, ce qui permet une bonne appropriation par les citoyens. Il ne me semble pas qu’il soit fait mention des prĂ©parations naturelles peu prĂ©occupantes PNPP. L’article 50 devait faciliter leur reconnaissance. Qu’en est-il ? Mme Annick Le Loch. Nous avons appris, par un communiquĂ© du ministĂšre de l’économie et des finances, que le rapport d’audit et d’évaluation des effets de la loi de modernisation de l’économie venait de paraĂźtre. Ce sera peut-ĂȘtre l’occasion d’évoquer plus concrĂštement ses effets. À mon tour, je veux fĂ©liciter nos deux rapporteurs pour ce rapport de qualitĂ©. Le nombre d’exploitations dans notre pays ne cesse de diminuer depuis des annĂ©es, et l’on prĂ©dit que ce phĂ©nomĂšne va encore se poursuivre, quels que soient les outils mis en place. En Bretagne, par exemple, on attendrait une baisse de 22 % Ă  l’horizon 2025. Le ministre de l’agriculture dĂ©fend, Ă  juste titre, notre modĂšle d’exploitation français, qui est plutĂŽt familial. Comment les outils que sont les GAEC, les GIEE et les coopĂ©ratives, qui ont Ă©tĂ© mis en place dans cette loi, pourront-ils inverser cette tendance ? L’agro-Ă©cologie pourra-t-elle jouer un rĂŽle dans le nombre des exploitations ? MalgrĂ© les promesses, le prix du lait payĂ© aux producteurs peine Ă  atteindre les 300 euros la tonne, et ceux-ci souffrent. On Ă©voque souvent la nĂ©cessitĂ© d’amĂ©liorer le fonctionnement des relations au sein de la filiĂšre, au travers de l’interprofession, avec le renforcement des organisations de producteurs et les associations d’organisations de producteurs AOP. Cet Ă©tĂ©, au cƓur de la crise, les relations entre la premiĂšre entreprise de France et les producteurs ont Ă©tĂ© qualifiĂ©es de moyenĂągeuses. Comment inciter plus encore les producteurs Ă  mieux s’organiser, Ă  dĂ©velopper des AOP qui pourraient rééquilibrer les relations et les nĂ©gociations commerciales ? La loi d’avenir a dĂ©jĂ  fait beaucoup progresser les choses et la loi Sapin II permettra de poursuivre ce travail, mais il y a encore matiĂšre Ă  travailler avec les acteurs. M. Lionel Tardy. Il faut se rĂ©jouir du succĂšs des GAEC. Le fait que la procĂ©dure d’agrĂ©ment ait Ă©tĂ© confiĂ©e au prĂ©fet n’a pas ralenti leur crĂ©ation, ce qui est une bonne chose. Lors des auditions auxquelles vous avez procĂ©dĂ©, la nĂ©cessitĂ© de simplifier la procĂ©dure a-t-elle Ă©tĂ© Ă©voquĂ©e ? MĂȘme si des avancĂ©es ont Ă©tĂ© obtenues avec les dĂ©crets d’application, d’autres sont peut-ĂȘtre encore possibles, comme la rĂ©duction des dĂ©lais ou l’application du silence vaut accord » pour les nouveaux agrĂ©ments. Qu’en pensez-vous ? L’échec des contrats de gĂ©nĂ©ration a Ă©tĂ© soulignĂ© par la Cour des comptes. La loi a cependant prĂ©vu l’instauration d’un contrat de gĂ©nĂ©ration adaptĂ© aux exploitations agricoles. Parmi l’ensemble des mesures dont vous notez qu’elles ont conduit Ă  une hausse du nombre d’installations, peut-on dresser un bilan spĂ©cifique de ces contrats de gĂ©nĂ©ration, en nombre de contrats signĂ©s et d’aides versĂ©es ? M. Dominique Potier. Bravo Ă  nos deux rapporteurs qui sont passionnĂ©s et trĂšs engagĂ©s sur ce sujet ! En tant que responsable de mon groupe sur ce texte de loi, je garde un bon souvenir de l’examen du projet de loi, au cours duquel nous avons pu amĂ©liorer le dessein qui Ă©tait portĂ© par M. StĂ©phane Le Foll, dont on peut saluer la pugnacitĂ©. Je tiens Ă  rĂ©affirmer ici que la sur-transposition par la France des directives europĂ©ennes est largement lĂ©gendaire et mythifiĂ©e. En rĂ©alitĂ©, notre pays les applique, sans en rajouter. Lorsqu’il le fait, c’est plutĂŽt au bĂ©nĂ©fice d’une excellence agricole qu’il veut porter haut et fort. C’est ce qui est affirmĂ© dans cette loi. L’agro-Ă©cologie n’est pas le problĂšme, c’est, au contraire, la solution pour nourrir demain toute la planĂšte – avec la rĂ©gulation, elle a encore Ă©tĂ© rĂ©affirmĂ©e comme telle par des voix venues de tous horizons, lors d’un colloque rĂ©cent. Le monde est bien l’échelle Ă  envisager, car il n’y a pas de vision agricole française qui ne se situe dans une vision mondiale. Un autre sujet que nous avons portĂ© avec force est le conditionnement de l’installation et du renouvellement des gĂ©nĂ©rations et de la biodiversitĂ© Ă  des politiques fonciĂšres. Le volet foncier de cette loi d’avenir a Ă©tĂ© inspirĂ© par une proposition de loi de 2013, consĂ©cutive aux dĂ©rĂ©gulations fonciĂšres liĂ©es Ă  la montĂ©e de l’individualisme paysan, aux failles normatives introduites lors des lĂ©gislatures prĂ©cĂ©dentes ainsi qu’à l’arrivĂ©e des fonds spĂ©culatifs. Pour faire obstacle aux importantes dĂ©rives constatĂ©es, nous avions fait un pas dans le cadre de la loi d’avenir, mais nous ne sommes pas allĂ©s aussi loin que nous le voulions. C’est grĂące au scandale de l’Indre que nous avons pu, dans le cadre de la loi Sapin II, amĂ©liorer les mesures de la loi d’avenir en renforçant le contrĂŽle foncier. HĂ©las ! le Conseil constitutionnel a considĂ©rĂ© qu’il s’agissait d’un cavalier lĂ©gislatif. Pour que cette disposition puisse enfin ĂȘtre adoptĂ©e, je l’ai reprise dans une proposition de loi visant Ă  lutter contre l’accaparement des terres, que j’ai dĂ©posĂ©e. Finalement, la loi Sapin II et la loi d’avenir fonctionnent un peu comme des poupĂ©es gigognes, la premiĂšre complĂ©tant et amĂ©liorant la seconde. Elles composent un ensemble lĂ©gislatif que nous devons porter avec beaucoup de fiertĂ©. Monsieur Antoine Herth, je me souviens trĂšs bien d’un amendement qui levait le plafond de verre du volume budgĂ©taire de l’ANSES. Vous Ă©voquez Ă  nouveau ce plafond de verre. Cet amendement est-il tombĂ© Ă  l’eau ? Le dĂ©cret n’est-il pas paru ? C’est pour moi un mystĂšre. Mme BĂ©atrice Santais. Vous avez indiquĂ© qu’il manquait encore le dĂ©cret relatif aux notions de rĂ©duction substantielle des surfaces affectĂ©es Ă  des productions bĂ©nĂ©ficiant d’une AOP. En rĂ©alitĂ©, ce dĂ©cret est prĂȘt puisque nous l’avons examinĂ© en Conseil national d’évaluation des normes CNEN. Il fait Ă©tat de seuils qui, Ă  mon avis, sont bien bas. On parle en effet de plus de 1 % de l’aire gĂ©ographique de cette appellation ou de plus de 2 % de l’aire comprise dans le pĂ©rimĂštre communal de l’appellation. Les maires sont souvent les premiers Ă  prĂ©server les appellations d’origine contrĂŽlĂ©e AOC sur leur territoire et il y a mĂȘme parfois des secteurs qui sont en AOC mais qui ne sont pas vraiment exploitĂ©s. Ces seuils particuliĂšrement bas pourraient empĂȘcher des projets et bouleverser des Ă©quilibres dans certaines communes lors de l’élaboration ou de la rĂ©vision des plans locaux d’urbanisme PLU. Mme Marie-Lou Marcel. Je salue les avancĂ©es qui ont Ă©tĂ© obtenues sur la protection des appellations d’origine et des indications gĂ©ographiques protĂ©gĂ©es, avec le droit d’opposition dont dispose dĂ©sormais le directeur de l’INAO Ă  la demande d’enregistrement d’une marque auprĂšs de l’Institut national de la propriĂ©tĂ© industrielle INPI. Notre collĂšgue Dino Cinieri et moi-mĂȘme avions prĂ©sentĂ© un rapport sur les signes d’identification de la qualitĂ© et de l’origine SIQO et fait diffĂ©rentes propositions. Dans votre rapport, vous faites le constat que les demandes de reconnaissance sont infĂ©rieures aux annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. De fait, il y a actuellement beaucoup de demandes de modification du cahier des charges, procĂ©dure quasiment aussi lourde que celle de la demande de reconnaissance. Comment allĂ©ger cette procĂ©dure ? M. Yves Daniel. Je considĂšre ce rapport trĂšs intĂ©ressant comme un rapport d’étape, car l’agriculture est en perpĂ©tuelle Ă©volution. Avec d’autres rapports sur des thĂ©matiques agricoles, telles les consĂ©quences de la fin des quotas sur la filiĂšre laitiĂšre française et europĂ©enne ou l’agriculture biologique, il faut en faire un outil pĂ©dagogique et de vulgarisation Ă  destination de tous les acteurs pour porter les missions de l’agriculture – nourrir, amĂ©nager, protĂ©ger notre santĂ© et celle de la planĂšte. Je ne reviens pas sur le foncier, tout en prĂ©cisant qu’il s’agit d’un point important. Je veux insister sur l’importance de la pĂ©dagogie de l’alternance. Les maisons familiales rurales n’ont pas d’exploitations agricoles dĂ©diĂ©es, mais un rĂ©seau de fermes. Cela va naturellement dans le sens de l’innovation, de l’adaptation de l’agriculture et de la formation des hommes, pas seulement des techniciens et des chefs d’entreprise, pour produire autrement. Avec l’école vĂ©tĂ©rinaire telle qu’elle a Ă©voluĂ© et le rĂ©seau des vĂ©tĂ©rinaires sur le terrain, nous disposons d’un modĂšle de santĂ© pour les animaux que j’aimerais bien voir appliquĂ© Ă  la santĂ© humaine. C’est formidable d’avoir des rendez-vous immĂ©diatement quand on a besoin de soigner des animaux ! Mme la prĂ©sidente FrĂ©dĂ©rique Massat. Le projet de loi de modernisation, de dĂ©veloppement et de protection des territoires de montagne, dont la commission mixte paritaire s’est rĂ©unie hier et qui sera examinĂ© demain en sĂ©ance publique, contient des mesures relatives Ă  l’agriculture, comme la reconnaissance de la rĂ©gulation de la prĂ©dation imputable aux loups, et la reconnaissance de l’indemnitĂ© compensatoire de handicap naturel ICHN. Ces dispositions accompagnent et complĂštent le travail qui a Ă©tĂ© menĂ© pendant cinq ans, mĂȘme s’il sera, il est vrai, toujours en perpĂ©tuelle Ă©volution. M. Germinal Peiro, rapporteur. M. Philippe Le Ray a abordĂ© beaucoup de sujets, dont certains, malgrĂ© ses 96 articles, ne figurent pas dans la loi. Elle en embrasse pourtant de forts divers et multiples. M. StĂ©phane Le Foll restera comme le ministre de l’agriculture qui s’est battu pour sauver – ce n’est pas rien ! – le budget de la politique agricole commune PAC, et qui a obtenu 9 milliards d’euros pour notre pays. Il s’est battu Ă©galement pour rĂ©orienter les aides de la PAC de façon plus juste, en sur-primant » les 52 premiers hectares. C’est Ă©galement celui qui a introduit la notion d’agro-Ă©cologie, la plaçant au cƓur de la loi d’avenir. Au dĂ©but, je craignais que l’agro-Ă©cologie ne soit quelque peu hors-sol », coupĂ©e de la rĂ©alitĂ© du monde agricole. Le ministre a d’ailleurs Ă©tĂ© rabrouĂ©, conspuĂ©, moquĂ© sur le sujet dans certains congrĂšs syndicaux. Pourtant, je suis surpris par la façon dont le monde agricole s’est emparĂ© de la notion d’agro-Ă©cologie, ce que j’ai pu constater dans le trĂšs grand dĂ©partement agricole de la Dordogne. PassĂ© le temps de l’opposition frontale politique et syndicale, les agriculteurs ont compris qu’il Ă©tait dans leur intĂ©rĂȘt direct de produire Ă  la fois plus et mieux, que performance Ă©conomique et performance environnementale sont intimement liĂ©es. Ils ont mĂȘme dit combien ce thĂšme faisait aujourd’hui partie de leur vie, lors de l’inauguration de Lascaux 4 au Centre international de l’art pariĂ©tal, Ă  l’occasion de laquelle le PrĂ©sident de la RĂ©publique a reçu les prĂ©sidents dĂ©partementaux de la FNSEA, de la chambre d’agriculture et des Jeunes agriculteurs. Je crois qu’il n’y aura pas de retour en arriĂšre, que l’agronomie des sols sortira de l’oubli et que l’idĂ©e qu’avec de l’eau et des engrais de synthĂšse, on pourrait tout faire pousser ad vitam aeternam sur n’importe quel support est rĂ©volue. Je le dis parce que je ne l’ai pas seulement constatĂ© dans des rĂ©gions de petites exploitations. Dans la Marne, oĂč j’ai visitĂ© l’agropĂŽle de Reims, le secteur du Champagne la pratique depuis plusieurs annĂ©es. S’agissant des GIEE, il faut les prendre comme un outil dont les agriculteurs peuvent se servir pour travailler en commun. Le monde agricole a beau avoir inventĂ© la coopĂ©ration, les coopĂ©ratives d’utilisation du matĂ©riel agricole CUMA et les mutuelles, les agriculteurs restent trĂšs isolĂ©s. L’une des solutions Ă  la dĂ©prise agricole rĂ©side aussi dans le regroupement et le travail en commun. Un mot sur les relations commerciales et les prix. Entre 2002 et 2012, 26 % des exploitations agricoles ont disparu dans notre pays, et ce mouvement se poursuit, car, malgrĂ© les aides publiques et le soutien Ă©conomique de l’Europe, de l’État, des rĂ©gions et des dĂ©partements, le prix n’est pas au rendez-vous. Si les exploitations continuent de disparaĂźtre, c’est parce que les agriculteurs travaillent souvent plus que les autres et gagnent moins. Leurs enfants ne reprennent pas l’exploitation parce qu’ils auront une vie meilleure comme salariĂ©s ou fonctionnaires. La loi d’avenir a essayĂ© de faire progresser la contractualisation, comme d’ailleurs la loi de modernisation de l’agriculture, portĂ©e par M. Bruno Lemaire en 2010, mais elle n’a pas rĂ©glĂ© le problĂšme, liĂ© Ă  un double phĂ©nomĂšne. D’abord, le monde agricole est totalement atomisĂ© par rapport aux acheteurs. Comme les interprofessions, que l’on a voulu renforcer, et les coopĂ©ratives, que l’on a rendues plus transparentes pour leur donner plus de lĂ©gitimitĂ©, les GIEE concourent Ă  donner plus de poids aux producteurs. C’est un dĂ©fi Ă©norme. Ensuite, le second dĂ©fi, c’est celui du principe de la concurrence qui interdit Ă  des gens de se mettre d’accord pour fixer le prix du lait, par exemple. Le ministre a organisĂ© des tables rondes en indiquant le prix minimum auquel il fallait parvenir, mais cette indication est interdite. Le principe europĂ©en de la concurrence que l’on doit appliquer Ă  tous les secteurs se retourne contre le monde agricole. Face Ă  cinq acheteurs, des milliers d’agriculteurs sont totalement dĂ©munis. Si nous ne parvenons pas Ă  revoir ce point avec l’Union europĂ©enne, les relations ne pourront pas ĂȘtre Ă©quilibrĂ©es. Madame Brigitte Allain, je revendique d’avoir rĂ©glĂ© la guerre du purin d’ortie avec les solutions que j’ai apportĂ©es en tant que rapporteur. Tant que les prĂ©parations naturelles peu prĂ©occupantes Ă©taient considĂ©rĂ©es comme des produits phytopharmaceutiques, on ne pouvait que se conformer Ă  la rĂ©glementation europĂ©enne ou nationale. On a pu Ă©viter cet Ă©cueil majeur en les classant comme biostimulants. C’est la lĂ©gislation espagnole qui m’a montrĂ© la voie. Une premiĂšre liste des prĂ©parations naturelles peu prĂ©occupantes a Ă©tĂ© publiĂ©e par le ministĂšre, aprĂšs qu’elles aient Ă©tĂ© prĂ©alablement testĂ©es, car on ne peut pas mettre n’importe quoi sur le marchĂ©. Je sais que d’autres demandes de validation de prĂ©parations naturelles ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es. M. Antoine Herth, rapporteur. S’agissant de la question de la valeur ajoutĂ©e, la loi s’est essentiellement concentrĂ©e sur les interprofessions. Nous les avons toutes rencontrĂ©es pour examiner leurs atouts en matiĂšre d’organisation et les Ă©tapes qui restent Ă  franchir. Selon les types de production, ces interprofessions intĂšgrent ou non la distribution, ont un dialogue serein ou non. L’interprofession laitiĂšre est probablement la plus en difficultĂ© aujourd’hui, parce que la crise dans ce secteur est particuliĂšrement aiguĂ«. La simplification administrative n’était pas vraiment le sujet de la loi. La meilleure façon de simplifier, c’est d’abroger des dispositions, mais nous n’étions pas dans ce cas de figure. Certaines parties du code rural et de la pĂȘche maritime ont Ă©tĂ© complĂštement réécrites, mais sans volontĂ© de rĂ©duire la masse des articles ou leur portĂ©e. Lors de l’examen du projet de loi, j’ai Ă©tĂ© trĂšs critique sur le transfert Ă  l’ANSES de la compĂ©tence d’examen des AMM des produits phytopharmaceutiques, au dĂ©triment de la direction gĂ©nĂ©rale de l’alimentation DGAL. Aujourd’hui, je constate que le dispositif fonctionne ; il a fait ses preuves, Ă  l’occasion de la chamaillerie interministĂ©rielle sur les nĂ©onicotinoĂŻdes, et Ă  la suite de certaines initiatives du Parlement. Finalement, c’est le Parlement qui a testĂ© la soliditĂ© de l’ANSES. Reste, Ă  notre sens, que davantage de moyens mĂ©ritent d’ĂȘtre dĂ©bloquĂ©s, l’expertise scientifique de l’ANSES Ă©tant sollicitĂ©e par l’agriculture, la santĂ©, l’écologie chaque fois qu’un problĂšme se pose, ce qui reprĂ©sente une charge de travail supplĂ©mentaire pour l’Agence. En matiĂšre de foncier, le rĂŽle des SAFER a Ă©tĂ© renforcĂ© par la loi d’avenir puis, aprĂšs le scandale de l’Indre, la loi Sapin II a encore tentĂ© de consolider leur capacitĂ© d’intervention. J’ai bien compris que nous reviendrons sur ce sujet au mois de janvier prochain, Ă  travers une proposition de loi. À titre personnel, je suis plus que sceptique sur la capacitĂ© des SAFER Ă  rĂ©gler tous les problĂšmes qui pourraient se prĂ©senter. Dans le rapport que nous vous prĂ©sentons, un tableau fait Ă©tat de l’activitĂ© des SAFER chaque annĂ©e, au niveau national, elles prĂ©emptent 6 000 hectares. Dans l’Indre, l’enjeu Ă©tait de 1 700 hectares, soit prĂšs d’un quart d’activitĂ© supplĂ©mentaire. Aujourd’hui, les SAFER n’ont pas les moyens de faire ce travail. Si nous voulons leur confier des fonctions nouvelles, il faudra leur affecter des dotations financiĂšres supplĂ©mentaires, donc voir avec le ministĂšre des finances si l’on peut trouver de l’argent, ce qui n’est pas vraiment dans l’air du temps. Un groupement d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique et environnemental forestier a Ă©tĂ© créé dans le dĂ©partement de l’ArdĂšche, et deux autres sont en cours de crĂ©ation. Pour ma part, je trouve Ă  l’agro-Ă©cologie cet intĂ©rĂȘt qu’un agriculteur non labellisĂ© bio peut enfin parler d’écologie. Il y a fort longtemps, j’ai Ă©tĂ© prĂ©sident de la Commission nationale de l’agriculture raisonnĂ©e. Lorsque l’on voulait ajouter une dimension environnementale dans l’acte de production agricole, on Ă©tait soupçonnĂ© de vouloir s’occuper de choses que l’on ne comprenait pas et qui ne nous regardaient pas. DĂ©sormais, dans les salons parisiens, dans les endroits chics, on a le droit de dire que tous les agriculteurs se prĂ©occupent aussi d’écologie dans leur travail. Cette loi a un grand dĂ©faut, c’est d’ĂȘtre arrivĂ©e Ă  un moment oĂč l’agriculture française s’enfonçait dans une crise sans prĂ©cĂ©dent. À travers ce texte, on cherche des solutions Ă  des problĂšmes de court terme. Or il n’est pas lĂ  pour cela, mais pour fixer des orientations, mĂȘme s’il ne porte pas le nom de loi d’orientation. C’est ce qui fait dire Ă  certains que cette loi n’a pas rĂ©glĂ© les problĂšmes – c’est vrai, en tout cas pour ceux de court terme. M. Germinal Peiro, rapporteur. J’indique Ă  M. AndrĂ© Chassaigne qu’il y a bien, dans notre rapport, des tableaux sur les rapports qui ont Ă©tĂ© prĂ©vus dans la loi. Je veux revenir un instant sur le dĂ©frichement. En voulant Ă©tendre la protection des espaces naturels sensibles et boisĂ©s, je pense que nous nous sommes laissĂ©s emporter par notre Ă©lan gĂ©nĂ©reux envers la forĂȘt. Notre RĂ©publique devrait ĂȘtre plus avisĂ©e et peut-ĂȘtre adapter ses textes aux rĂ©gions ou dĂ©partements. Les forestiers qui demandent une compensation aprĂšs la destruction d’une forĂȘt pensent aux forĂȘts de haute futaie du centre ou de l’est de la France, sans doute pas Ă  un vulgaire taillis de chĂątaigniers de la Dordogne ou de l’ArdĂšche ou aux quelques chĂȘnes rabougris que l’on trouve sur les causses dans le sud. Lorsque des agriculteurs qui pratiquent la fraisiculture veulent dĂ©fricher deux hectares de taillis de chĂątaigniers pour avoir un sol non seulement sablonneux et acide qui convient Ă  la fraise, mais aussi neuf et nourri, ce n’est pas sĂ©rieux de leur demander de payer une taxe de dĂ©frichement hors de prix. Lorsqu’un castanĂ©iculteur veut transformer un taillis de chĂątaigniers en verger de chĂątaigniers, il coupe les arbres et garde ceux qui sont alignĂ©s. En les recĂ©pant pour crĂ©er une chĂątaigneraie, il passe de la forĂȘt au verger et se voit appliquer la taxe de dĂ©frichement, ce qu’il a bien des difficultĂ©s Ă  admettre. M. AndrĂ© Chassaigne qui vit dans une zone montagneuse, Ă  1 000 mĂštres d’altitude, rencontre les mĂȘmes difficultĂ©s. Il devrait ĂȘtre possible de classifier les forĂȘts en fonction de leur intĂ©rĂȘt et de leur potentiel en matiĂšre de production de bois. Mme la prĂ©sidente FrĂ©dĂ©rique Massat. Tout Ă  fait ! Merci pour ce rapport et pour les rĂ©ponses que vous avez apportĂ©es. La Commission autorise, Ă  l’unanimitĂ©, la publication du rapport d’information sur l’application de la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt. LISTE DES PERSONNES AUDITIONNÉES par ordre chronologique 12 juillet 2016 Jeunes agriculteurs JA * M. JĂ©rĂ©my Decerle, prĂ©sident M. AurĂ©lien Vaucelle, directeur 27 septembre 2016 FĂ©dĂ©ration nationale des syndicats d'exploitants agricoles FNSEA M. Henri Brichart, vice- prĂ©sident M. Éric Thirouin, membre du bureau et prĂ©sident de la commission environnement M. Jean-Louis Chandelier, directeur du dĂ©partement de l’entreprise et des territoires M. Antoine Suau, directeur du dĂ©partement Ă©conomie et dĂ©veloppement durable 11 octobre 2016 Mouvement de dĂ©fense des exploitants familiaux MODEF M. Alexis Vanypre, animateur Coop de France * M. Vincent Magdelaine, directeur, MĂ©tiers du grain » M. Philippe Amar, docteur vĂ©tĂ©rinaire Coordination rurale M. François Lucas, premier vice-prĂ©sident 18 octobre 2016 MĂ©diateur des relations commerciales agricoles M. Francis Amand, inspecteur gĂ©nĂ©ral de l'INSEE M. Pierre Debrock, mĂ©diateur dĂ©lĂ©guĂ© M. Robert Deville, mĂ©diateur dĂ©lĂ©guĂ© 19 octobre 2016 Association des rĂ©gions de France ARF M. Jean-Pierre Raynaud, prĂ©sident de la commission agriculture de RĂ©gions de France, vice-prĂ©sident du conseil rĂ©gional Nouvelle Aquitaine chargĂ© de l’agriculture Mme Marie-Reine du Bourg, conseillĂšre aux relations parlementaires Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail ANSES M. Roger Genet, directeur gĂ©nĂ©ral Mme Françoise Weber, directrice gĂ©nĂ©rale adjointe en charge des produits rĂ©glementĂ©s Mme Alima Marie, directrice de l’information, de la communication et du dialogue avec la sociĂ©tĂ© 26 octobre 2016 MinistĂšre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt – Direction gĂ©nĂ©rale de l’enseignement et de la recherche DGER M. Philippe SchnĂ€bele, directeur gĂ©nĂ©ral adjoint, chef du service de l'enseignement technique Mme ValĂ©rie Baduel, adjointe au directeur gĂ©nĂ©ral, cheffe du service de l'enseignement supĂ©rieur, de la recherche et de l'innovation 9 novembre 2016 Association interprofessionnelle des fruits et lĂ©gumes frais INTERFEL M. Bruno Dupont, prĂ©sident M. Daniel Sauvaitre, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral M. Louis Orenga, directeur gĂ©nĂ©ral IntercĂ©rĂ©ales M. Philippe Pinta, prĂ©sident Mme Solenn Le Boudec, directrice adjointe Centre national interprofessionnel de l'Ă©conomie laitiĂšre CNIEL Mme Caroline le Poultier, directrice gĂ©nĂ©rale Mme Marie-Pierre Vernhes, directrice des affaires publiques FĂ©dĂ©ration nationale des sociĂ©tĂ©s d’amĂ©nagement foncier et d’établissement rural FNSAFER M. Emmanuel Hyest, prĂ©sident M. Michel Heimann, directeur de la Safer RhĂŽne-Alpes Mme Sabine Agofroy, chargĂ©e des relations parlementaires 15 novembre 2016 Institut national de l’origine et de la qualitĂ© INAO M. Gilles Flutet, responsable du service territoires et dĂ©limitation Groupement national interprofessionnel des semences et plants GNIS Mme Catherine Dagorn, directrice gĂ©nĂ©rale Mme Delphine Guey, responsable des affaires publiques et presse Institut agronomique et vĂ©tĂ©rinaire et forestier de France – Agreenium Mme Marion Guillou, administratrice M. Claude Bernhard, directeur AssemblĂ©e permanente des chambres d'agriculture APCA * M. Guy Vasseur, prĂ©sident M. RĂ©gis Dubourg, directeur gĂ©nĂ©ral M. Justin Lallouet, chargĂ© de mission affaires publiques FĂ©dĂ©ration des syndicats vĂ©tĂ©rinaires de France Dr Jean-Yves Gauchot, prĂ©sident de la FSVF et vice-prĂ©sident du Syndicat national des vĂ©tĂ©rinaires d’exercice libĂ©ral SNVEL Dr Benoit Assemat, prĂ©sident honoraire de la FSVF et administrateur du Syndicat national des inspecteurs en santĂ© publique vĂ©tĂ©rinaire SNISPV Dr Eric Lejeau, vice-prĂ©sident du SNVEL et vice-prĂ©sident de la FSVF Mme Anne Daumas, directrice du SNVEL 16 novembre 2016 FĂ©dĂ©ration nationale des chasseurs FNC M. Claude Bussy, directeur M. Thierry Coste, conseiller politique Caisse centrale de la mutualitĂ© sociale agricole CCMSA * M. Pascal Cormery, prĂ©sident de la Caisse centrale de la MSA M. Michel Brault, directeur gĂ©nĂ©ral Mme Isabelle Puret, responsable du service assujettissement et gestion des entreprises M. Christophe Simon, chargĂ© des relations parlementaires Interprofession nationale porcine Inaporc M. Guillaume RouĂ©, prĂ©sident M. Daniel Didier Delzescaux, directeur ConfĂ©dĂ©ration paysanne M. Mikel Hiribarren, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral M. Jacques Bonati, juriste 22 novembre 2016 Table ronde sur l’enseignement privĂ© Centre national de l’enseignement agricole privĂ© CNEAP M. Philippe Poussin, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral Union nationale des maisons familiales rurales d'Ă©ducation et d'orientation UNMFREO M. Xavier Michelin, prĂ©sident M. Serge Cheval, directeur Table ronde sur la forĂȘt Office national des forĂȘts ONF M. Dubreuil, directeur gĂ©nĂ©ral M. Patrick Falcone, adjoint au directeur gĂ©nĂ©ral Conseil supĂ©rieur de la forĂȘt et du bois CSFB Mme VĂ©ronique Borzeix, reprĂ©sentant le ministĂšre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt et la direction gĂ©nĂ©rale de la performance Ă©conomique et environnementale des entreprises DGPE au sein du CSFB Association nationale interprofessionnelle du bĂ©tail et des viandes INTERBEV * M. Dominique Langlois, prĂ©sident M. Marc Pages, directeur gĂ©nĂ©ral Mme Marine Colli, responsable du service enjeux publics Table ronde sur la forĂȘt FĂ©dĂ©ration Forestiers privĂ©s de France FFPF M. Luc Bouvarel, directeur gĂ©nĂ©ral Centre national de la propriĂ©tĂ© forestiĂšre CNPF M. Thomas Formery, conseiller du prĂ©sident Mme Claire Hubert, directrice gĂ©nĂ©rale Union de la coopĂ©ration forestiĂšre française UCFF et France Bois ForĂȘt FBF M. Cyril Le Picard, prĂ©sident de l’UCFF et de FBF M. Julien Bluteau, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’UCFF FĂ©dĂ©ration nationale des communes forestiĂšres FNCOFOR M. Alain Lesturgez, directeur gĂ©nĂ©ral M. Yves Lessard, conseiller du prĂ©sident * Ces reprĂ©sentants d’intĂ©rĂȘts ont procĂ©dĂ© Ă  leur inscription sur le registre de l’AssemblĂ©e nationale, s’engageant ainsi dans une dĂ©marche de transparence et de respect du code de conduite Ă©tabli par le Bureau de l’AssemblĂ©e nationale. 1 C’est ainsi que nous la dĂ©signerons dans le prĂ©sent rapport 2 RĂšglement UE n° 1151/2012 du Parlement europĂ©en et du Conseil du 21 novembre 2012 relatif aux systĂšmes de qualitĂ© applicables aux produits agricoles et aux denrĂ©es alimentaires 3 Colloque au ministĂšre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt La loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forĂȘt en actes », le 11 fĂ©vrier 2016 4 À noter que l’article 12 de la loi n° 2016-1087 du 8 aoĂ»t 2016 pour la reconquĂȘte de la biodiversitĂ©, de la nature et des paysages Ă©tend cette possibilitĂ© Ă  tous les agriculteurs. 5 Ce dernier a dĂ©jĂ  rejetĂ©, par un arrĂȘt du 5 octobre 2016, un recours de la ConfĂ©dĂ©ration paysanne et de la Coordination rurale sur l’extension d’un accord la section plants de pomme de terre du Groupement national interprofessionnel des semences et plants GNIS du 19 mars 2014 relatif au renforcement des moyens de l’obtention vĂ©gĂ©tale et au maintien d’une qualitĂ© sanitaire du territoire dans le domaine du plant de pomme de terre. 6 Panorama de la quantification de l'Ă©volution nationale des surfaces agricoles, mai 2014 7 DĂ©cret n° 2016-1110 du 11 aoĂ»t 2016 relatif Ă  la modification des rĂšgles applicables Ă  l'Ă©valuation environnementale des projets, plans et programmes 8 ‱ CAP services aux personnes et vente en espace rural »; ‱ BaccalaurĂ©at professionnel technicien conseil vente en alimentation » ; ‱ BaccalaurĂ©at professionnel laboratoire contrĂŽle qualitĂ© » ; ‱ BaccalaurĂ©at professionnel services aux personnes et au territoire » ; ‱ BTS agricole science et technologie des aliments ». 9 Le dispositif de la rĂ©munĂ©ration sur objectifs de santĂ© publique ROSP fonctionne selon un systĂšme de points attribuĂ©s, pour chaque indicateur, en fonction de la rĂ©alisation ou non de l’objectif fixĂ© pour cet indicateur ou de la progression vers l’objectif. Chaque point vaut 7€.site Ameli. 10 N° 19298, rĂ©ponse JO SĂ©nat du 4 fĂ©vrier 2016 11 Art du code rural 12 du code rural 13 L’arrĂȘtĂ© du 27 juin 2011 concerne l’interdiction d’utilisation de certains produits dans les lieux frĂ©quentĂ©s par le grand public ou des groupes vulnĂ©rables. Cet arrĂȘtĂ© prĂ©cise Ă©galement les conditions d’emploi Ă  respecter pour les produits qui peuvent ĂȘtre utilisĂ©s sur ces mĂȘmes lieux. Il s’agit des lieux frĂ©quentĂ©s par des enfants cours d’école, Ă©tablissements scolaires, crĂšches, centres de loisir, aires de jeux dans les parcs publics, par des personnes vulnĂ©rables hĂŽpitaux, maison de retraite, maison de santĂ©, ainsi que les parcs et espaces verts ouverts au public et les terrains de sport et de loisirs publics. 14 Le Monde du 18 octobre 2016 15 16 Le ministĂšre chargĂ© de l’agriculture contribue Ă  son financement au moyen du compte d’affectation spĂ©ciale DĂ©veloppement agricole et rural » CASDAR, créé par la loi de finances pour 2006. Le CASDAR est alimentĂ© par la taxe sur les exploitations agricoles. Il reprĂ©sente un levier important pour faire Ă©voluer les pratiques des agriculteurs en vue de rĂ©pondre aux enjeux liĂ©s Ă  l’innovation et Ă  la transition agro-Ă©cologique de l’agriculture française. 17 Cours en ligne massifs et gratuits 18 Rapport d’information de la dĂ©lĂ©gation aux outre-mer sur les agricultures des outre-mer, n°1510, enregistrĂ© le 6 novembre 2013 19 Le Figaro, 28 octobre 2016 20 Un plan de chasse consiste Ă  attribuer, pour un territoire donnĂ©, un quota maximal et parfois aussi minimal de spĂ©cimens d’une espĂšce Ă  prĂ©lever, le plus souvent Ă  tir mais aussi Ă  courre, pour une ou plusieurs saisons de chasse. Des critĂšres qualitatifs, tels que le sexe, l’ñge ou le poids peuvent aussi ĂȘtre mis en place. Le plan de chasse est constituĂ© principalement pour le cerf, le chevreuil, le mouflon, le daim, le chamois et l’isard, pour lesquels il est obligatoire. Il participe Ă  une gestion Ă©quilibrĂ©e des animaux et des cultures agricoles ou forestiĂšres. ONCFS. © AssemblĂ©e nationale
Cetoutil a été réalisé avec la collaboration du MinistÚre du travail, de l'INRS et dans le cadre du PRST3 action 1.9 amiante de la région des Pays de la Loire. Il s'appuie notamment sur le guide de prévention INRS ED 6091 "Travaux de retrait ou d'encapsulage de matériaux contenant de l'amiante" et a pour objet de vérifer l'ensemble des élÚments que doit contenir un PDRE (Cocher
Avis du Conseil national de l’alimentation en date du 20 novembre 2001 sur l’information relative aux modes d’élevage pour les filiĂšres bovines et avicoles NOR ECOC0100478V Rendu sur le rapport Ă©laborĂ© par le groupe de travail prĂ©sidĂ© par M. François Falconnet et Mme Françoise Guillon Avis adoptĂ© le 20 novembre 2001 Lors de la table ronde du 29 mai 2001 sur les produits carnĂ©s, organisĂ©e par les ministres chargĂ©s de l’agriculture et de la consommation et Ă  laquelle l’ensemble des acteurs Ă©taient conviĂ©s, mandat a Ă©tĂ© donnĂ© au Conseil national de l’alimentation CNA d’engager une rĂ©flexion sur les modalitĂ©s pratiques d’un Ă©tiquetage des viandes et des modes d’élevage des animaux qui permettraient d’atteindre un triple objectif d’information du consommateur, de loyautĂ© de cette information et de lisibilitĂ© des diffĂ©rentes catĂ©gories de produits. Les ministres ont demandĂ© que deux secteurs soient examinĂ©s en prioritĂ© le secteur bovin, car c’est celui pour lequel le problĂšme de la confiance du consommateur est le plus aigu, et le secteur des volailles, car c’est celui oĂč les productions sous signe de qualitĂ© sont les plus dĂ©veloppĂ©es, et c’est un secteur oĂč existent souvent des problĂšmes de diffĂ©renciation des produits. Les ministres ont en particulier souhaitĂ© que le CNA fournisse des recommandations sur la nature des informations qui devraient ou pourraient figurer sur les Ă©tiquettes des viandes au-delĂ  des exigences rĂ©glementaires existantes, et sur les conditions dans lesquelles elles pourraient figurer production sous signe officiel de qualitĂ©, respect d’un cahier des charges particulier, vĂ©rification par un organisme tiers indĂ©pendant, etc.. PrĂ©ambule MĂ©thode de travail du groupe Le CNA a constituĂ© un groupe de travail, qui a dĂ©cidĂ© d’identifier des indicateurs pertinents pour communiquer sur les modes d’élevage, en particulier par des mentions d’étiquetage. Le groupe de travail a examinĂ© l’état des connaissances sur les critĂšres zootechniques permettant de distinguer diffĂ©rents modes d’élevage des animaux qui auraient des consĂ©quences sur les qualitĂ©s gustatives ou nutritionnelles des viandes. Il s’est attachĂ© dans un premier temps aux aspects thĂ©oriques de la traçabilitĂ© et de l’information sur les modes d’élevage avant d’en apprĂ©cier les contraintes techniques ou de toute autre nature. Il a Ă©tudiĂ© par exemple si l’alimentation des animaux, leur mode d’hĂ©bergement, leur environnement, les modes de reproduction et de sĂ©lection et, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la conduite des troupeaux, des bandes, des lots a des consĂ©quences sur les qualitĂ©s gustatives ou nutritives des viandes ; de dresser l’état des lieux, d’une part, des obligations rĂ©glementaires et, d’autre part, des dĂ©marches volontaires relatives aux modes de production, notamment dans le cadre des signes officiels de qualitĂ© SOQ cf. note 1 . Le groupe de travail a recensĂ©, de maniĂšre approfondie pour les filiĂšres bovines et avicoles, les principales dispositions existantes en matiĂšre de mode d’élevage, qu’elles relĂšvent du domaine obligatoire ou volontaire, qu’elles concernent les productions bĂ©nĂ©ficiant d’un SOQ, ou non. Il a examinĂ©, d’une part, les dispositions relatives Ă  la traçabilitĂ© et Ă  ses modalitĂ©s de mise en Ɠuvre et, d’autre part, celles qui concernent l’information, notamment les mentions d’étiquetage ; de mettre en Ă©vidence les attentes des consommateurs et des acteurs de la filiĂšre en matiĂšre d’informations sur les modes d’élevage. Le groupe a fait l’inventaire de ces attentes en actualisant notamment les Ă©lĂ©ments recueillis pour l’élaboration du rapport et de l’avis sur la traçabilitĂ© des denrĂ©es alimentaires adoptĂ©s par le CNA le 28 juin 2001 ; d’étudier la faisabilitĂ© de l’information sur les modes de production. Le groupe a examinĂ© si les attentes peuvent ĂȘtre prises en compte par les mĂ©canismes de la traçabilitĂ© et de l’étiquetage, dans le cadre des SOQ et en dehors. Il a cherchĂ© Ă  prĂ©ciser les limites Ă©ventuelles pour communiquer aux consommateurs des informations loyales et lisibles. Sur ce dernier point, il s’est rapprochĂ© du groupe mandatĂ© par le CNA pour traiter de maniĂšre gĂ©nĂ©rale de l’information sur les denrĂ©es alimentaires ; de rĂ©pondre aux questions comment faire et assurer aux consommateurs qu’ils peuvent avoir confiance » ? Le groupe de travail a examinĂ© si les informations actuellement donnĂ©es sur les modes d’élevage peuvent ĂȘtre complĂ©tĂ©es dans le cadre de dispositifs viables et compatibles avec les contraintes pesant sur la production. Il a analysĂ© les modalitĂ©s de vĂ©rification des informations donnĂ©es et du contrĂŽle officiel. 1. Etats des lieux Quelques repĂšres Ă©conomiques sur la filiĂšre bovine D’aprĂšs les comptes de l’agriculture, en 1999, les exploitations professionnelles Ă  productions bovines dominantes occupaient 36 % de la main-d’Ɠuvre agricole. Elles ont assurĂ© viande et lait compris 35 % des productions agricoles, 84 % des productions d’origine bovine. Pour 100 F de productions agricoles, elles ont reçu 16 F de subventions. D’aprĂšs l’enquĂȘte bovine de l’annĂ©e 2000, sur 664 000 exploitations agricoles, 130 000 dĂ©tenaient en moyenne 34 vaches laitiĂšres et 155 000 dĂ©tenaient en moyenne 27 vaches allaitantes. Parmi ces derniĂšres, 36 000 dĂ©tenaient Ă  la fois des vaches allaitantes et des vaches laitiĂšres. Evolution des structures de production et du cheptel D’aprĂšs les chiffres fournis par le Service central des enquĂȘtes et Ă©tudes statistiques SCEES MinistĂšre de l’agriculture et de la pĂȘche , le nombre d’exploitations n’a cessĂ© de dĂ©croĂźtre, passant de 504 000 en 1989 Ă  266 000 en 2001 pour l’élevage de bovins, et de 450 000 en 1989 Ă  249 000 en 2001 pour l’élevage de vaches. La diminution du nombre d’exploitations de vaches nourrices, passant de 228 000 Ă  155 000, est un peu moins prononcĂ©e que celle des exploitations de vaches laitiĂšres qui passe de 268 000 Ă  130 000. Dans le mĂȘme temps, le cheptel bovin voyait son effectif diminuer de 21 430 Ă  20 346 milliers de tĂȘtes ; le seul cheptel Ă  avoir augmentĂ© est celui des vaches nourrices dont l’effectif passe de 3 492 Ă  4 110 milliers de tĂȘtes. Production ParallĂšlement, la production de gros bovins est passĂ©e de 4 295 milliers de tĂȘtes en 1989 Ă  3 691 milliers de tĂȘtes correspondant Ă  1 320 milliers de tonnes en 2000, et celle de veaux a chutĂ© de 2 407 milliers de tĂȘtes en 1989 Ă  1 866 milliers de tĂȘtes correspondant Ă  238 milliers de tonnes en 2000 source SCEES et Institut de l’élevage. Consommation Entre 1989 et 2000, la consommation de viande finie bƓuf et veau en France est passĂ©e de 1 705 milliers de tonnes 30,3 kg d’équivalent carcasse/habitant/an Ă  1 546 milliers de tonnes 25,5 kg d’équivalent carcasse/habitant/an, soit une baisse de prĂšs de 16 % de la consommation annuelle par habitant. Ces Ă©volutions parallĂšles engendrent un accroissement du taux d’auto-approvisionnement en bovins finis qui passe de 99 en 1989 Ă  101 en 2000 source SCEES. Place dans l’Union europĂ©enne Avec 1 845 milliers de tonnes de production intĂ©rieure totale bƓuf + veau en 1999, reprĂ©sentant 23,8 % de la production europĂ©enne, et une consommation de 1 631 milliers de tonnes, la France se place en tĂȘte pour la production et la consommation de viande bovine dans l’Union europĂ©enne source EUROSTAT. Commerce extĂ©rieur La structure du commerce extĂ©rieur en viandes bovines et animaux vivants en 2000 permet, Ă  la France, de dĂ©gager un solde bĂ©nĂ©ficiaire de 6 339 millions de francs, rĂ©sultant d’une balance entre 7 171 millions de francs d’importations et 13 510 millions de francs d’exportations source Douanes. Ce qui correspond Ă  une exportation de 22,3 % de la production qui Ă©tait de 34,1 % en 1990 et Ă  une importation de 21,7 % de la consommation qui Ă©tait de 25,6 en 1990 source GEB. Quelques repĂšres Ă©conomiques sur la filiĂšre avicole Production La filiĂšre aviculture chair rĂ©unit, en France, environ une dizaine de sĂ©lectionneurs, 15 Ă©levages de reproducteurs, 125 couvoirs, 300 usines d’aliments, 16 000 Ă©levages d’engraissement et 277 abattoirs parmi ces 277, 64 assurent plus de 72 % des abattages. Elle gĂ©nĂšre environ 55 000 emplois. Il y a dans le monde 5 groupes internationaux de sĂ©lection Ă  terme, il n’en restera certainement que 2 ou 3 qui dĂ©veloppent des souches Ă  croissance de plus en plus rapide, ce qui correspond Ă  la demande de l’ensemble des pays, Ă  la quasi unique exception de la France qui souhaite des souches Ă  croissance lente pour les labels ou semi-lentes pour les CCP. La concentration mondiale des sĂ©lectionneurs, dont aucun n’est français, implique une trĂšs faible marge de manƓuvre de la part des utilisateurs français de ces souches et rĂ©duit d’autant les possibilitĂ©s de mise en place de nouveaux produits Les contrats entre Ă©leveurs et maĂźtres d’Ɠuvre d’amont et d’aval couvrent la quasi-totalitĂ© de la production. Le maĂźtre d’Ɠuvre du contrat fournit les poussins et l’aliment, planifie les volumes mis en production et assure en contrepartie l’essentiel des risques du marchĂ©. Ce systĂšme d’économie contractuelle permet un ajustement Ă  la fois quantitatif et qualitatif de l’offre Ă  la demande du marchĂ©. En outre, ce systĂšme permet d’ĂȘtre trĂšs rĂ©actif pour prendre en compte de nouvelles exigences rĂ©glementaires ou de nouvelles attentes des consommateurs et offre les meilleures garanties en matiĂšre de traçabilitĂ©. Depuis de nombreuses annĂ©es, des fiches d’élevage reprenant les caractĂ©ristiques techniques des lots accompagnent les volailles Ă  l’abattoir. Au niveau de l’élevage, la production est planifiĂ©e en fonction des programmations de vente de l’abattoir. Depuis plusieurs annĂ©es, la France se place au quatriĂšme rang des pays producteurs de volailles aprĂšs les USA, la Chine et le BrĂ©sil. D’aprĂšs les donnĂ©es de l’ITAVI, en 2000, avec un volume de production de 2 240 000 tonnes, la viande de volailles reprĂ©sente prĂšs du tiers de la production française de viandes, juste derriĂšre la viande porcine 2 300 000 tonnes. La France est par ailleurs le premier producteur de volailles de l’Union europĂ©enne dont elle assure 26 % des volumes produits. La production de volailles est concentrĂ©e pour 65 % des volumes en Bretagne et Pays de la Loire. Elle est trĂšs diversifiĂ©e au niveau des espĂšces produites le poulet reprĂ©sente 48 % des volumes de production, la dinde 34 %, le canard 10 % et la pintade 3 %. Une originalitĂ© de la production française est l’importance des volumes produits sous signes officiels de qualitĂ© avec 113 millions de volailles produites sous label environ 170 000 tonnes Ă©quivalent/carcasse, 60 000 TEC de volailles certifiĂ©es et 9 000 TEC de volailles biologiques, la production de volailles sous SOQ reprĂ©sente 12 % des volumes d’abattages contrĂŽlĂ©s et 23 % des abattages de poulet. La viande de poulet produite sous SOQ reprĂ©sente par ailleurs prĂšs de 30 % de la consommation intĂ©rieure de poulet. Consommation Selon les donnĂ©es de l’OFIVAL, entre 1990 et 2000, la consommation de volailles en France a Ă©voluĂ© de 13,6 %, passant de 22,0 kg/habitant/an Ă  25,0 kg/habitant/an, ce qui place la France en dix-septiĂšme position mondiale. En 2000, la consommation de volailles reprĂ©sente le quart de la consommation française de viandes 93,6 kg/ habitant/an. Les tendances en matiĂšre de consommation conduisent Ă  la segmentation du marchĂ© selon deux axes principaux une diffĂ©renciation qualitative des produits SOQ et un degrĂ© croissant d’élaboration. Selon les donnĂ©es du panel SĂ©codip, entre 1990 et 2000, les parts de marchĂ© des produits sous SOQ sont passĂ©es de 10 % Ă  20 %. D’autre part, si les achats des mĂ©nages en ce qui concerne les volailles restent stables globalement, la segmentation du marchĂ© Ă©volue. Les ventes d’élaborĂ©s de volailles produits panĂ©s, marinĂ©s, rĂŽtis, charcuterie de volailles connaissent un dĂ©veloppement d’environ 40 % entre 1997 et 2000. Le dĂ©veloppement des produits Ă©laborĂ©s de volailles se fait souvent Ă  partir de matiĂšre premiĂšre importĂ©e, d’un coĂ»t moindre. Importations Avec 190 900 tonnes Ă©quivalent carcasse de volailles importĂ©es, la France Ă©tait en 2000 le dixiĂšme pays importateur de volailles. Exportations La filiĂšre avicole chair est fortement exportatrice puisque plus de 40 % de la production sont exportĂ©s. Elle a dĂ©gagĂ© en 2000 un excĂ©dent commercial de 8,2 milliards de francs, soit 13 % de l’excĂ©dent alimentaire français. Avec 940 300 tonnes Ă©quivalent carcasse de volailles exportĂ©es, la France Ă©tait en 2000 le deuxiĂšme pays exportateur de volailles derriĂšre les USA. Identification des indicateurs pertinents pour communiquer sur les modes d’élevage Le groupe de travail a souhaitĂ© dans un premier temps faire abstraction des dispositions rĂ©glementaires existantes, des contraintes techniques ou de toute autre nature, pour construire un raisonnement sur les seules connaissances scientifiques et techniques. Il s’est donc adressĂ© Ă  l’INRA et aux centres techniques des filiĂšres ITAVI, Institut de l’élevage pour faire l’état de l’art des indicateurs zootechniques susceptibles d’exercer une influence sur la qualitĂ© intrinsĂšque des viandes bovines et des volailles, et pour mieux connaĂźtre ceux qui exercent une influence sur l’image des produits. QualitĂ©s de la viande bovine liĂ©es Ă  la maniĂšre de produire Comme pour toute denrĂ©e alimentaire, il n’existe pas pour la viande bovine une qualitĂ© mais un ensemble de qualitĂ©s qui dĂ©pendent des besoins et attentes de chacun. SchĂ©matiquement et de maniĂšre assez thĂ©orique, les qualitĂ©s de la viande s’apprĂ©cient sous les angles de l’aptitude Ă  l’abattage et Ă  la dĂ©coupe ; technologique aptitude Ă  la transformation en viande ; sanitaire/hygiĂ©nique pas de germes pathogĂšnes, d’ESB, etc. ; organoleptique tendretĂ©, flaveur, jutositĂ©, couleur ; diĂ©tĂ©tique ; de l’image conditions d’élevage, origine ; du service. Dans le prĂ©sent rapport, les versants de la qualitĂ© qui ont Ă©tĂ© pris en considĂ©ration sont ceux qui semblent pouvoir exercer une influence sur la demande, donc ceux qui intĂ©ressent au premier chef les consommateurs. Il s’agit en particulier des aspects sanitaire, organoleptique et de l’image des produits. Pour revenir Ă  la maniĂšre de produire, les facteurs qui structurent ou pourraient structurer l’offre en se rattachant aux mĂ©thodes d’élevage sont principalement l’ñge, la race, le sexe, la vitesse de croissance, l’état d’engraissement des animaux, leur rĂ©gime alimentaire, l’attention apportĂ©e Ă  leur bien-ĂȘtre. D’un point de vue thĂ©orique, ces paramĂštres d’élevage exercent une influence sur les caractĂ©ristiques biologiques des muscles qui, ajoutĂ©s Ă  des facteurs technologiques, dĂ©terminent la qualitĂ© potentielle de la viande. Les caractĂ©ristiques biologiques des muscles tiennent Ă  leur structure myofibrillaire pigments ; types de fibres ; pH ; contraction ; rĂ©tention d’eau ; vitesse et intensitĂ© de maturation, au tissu conjonctif teneur en collagĂšne, rĂ©ticulation du collagĂšne, distribution, stabilitĂ© thermique, Ă  la teneur en gras. Les travaux scientifiques conduits jusqu’à ce jour donnent une indication encore assez partielle des liens existants entre les modes d’élevage et les caractĂ©ristiques des muscles et des viandes. Toutefois certaines corrĂ©lations fortes ont Ă©tĂ© mises en Ă©vidence. CorrĂ©lation entre modes d’élevage et caractĂ©ristiques du muscle PIGMENTS LIPIDES COLLAGÈNE FIBRES Race + +++ Culard ? Age +++ +++ ++ ++ Sexe ++ +++ ++ ++ Croissance ? +++ ++ ++ Nature aliments ? ? ? Bien-ĂȘtre Ă©levage ? + ? ? Stress abattage ? ? ? Source INRA-URH/SRV Clermont-Ferrand Theix, septembre 2001. CorrĂ©lation entre modes d’élevage et qualitĂ©s organoleptiques des viandes COULEUR FLAVEUR TENDRETÉ JUTOSITÉ Race Age ++ ++ +++ + Sexe + + ++ + Croissance ? ++ ++ ++ Nature aliments + ? ? ? Bien-ĂȘtre Ă©levage ? ++ + ? Stress abattage +++ + ++ +++ Source INRA-URH/SRV Clermont-Ferrand Theix, septembre 2001. Il ressort principalement de ces informations que l’ñge, le sexe, le rythme de croissance des animaux, exercent une influence incontestable sur les caractĂ©ristiques des muscles et des viandes. La race semble seulement influente sur les caractĂ©ristiques des muscles et aucune diffĂ©renciation de la qualitĂ© des muscles et des viandes ne semble pouvoir ĂȘtre rattachĂ©e Ă  l’influence du rĂ©gime alimentaire. Un critĂšre, qui ne relĂšve pas directement des mĂ©thodes d’élevage, exerce une influence dĂ©terminante sur la qualitĂ© organoleptique des viandes il s’agit du stress d’abattage. Cette information renvoie Ă  l’importance globale des conditions de transport, d’abattage, de dĂ©coupe, de maturation pour l’obtention de viandes de qualitĂ©. Les travaux qui ont permis d’expliciter, notamment, l’influence de l’étape de maturation des viandes rouges, montrent que les aspects technologiques ont une importance au moins Ă©quivalente aux mĂ©thodes d’élevage sur la qualitĂ© des viandes. Influence de la maturation de la viande bovine La maturation est une des trois Ă©tapes permettant la transformation du muscle en viande. Chronologiquement, on distingue trois Ă©tats consĂ©cutivement Ă  l’abattage l’état pantelant, la rigiditĂ© cadavĂ©rique ou rigor mortis, la maturation. Lors de la mise Ă  mort de l’animal, il y a largage de l’ion calcium Ca2+ au sein du cytoplasme de la cellule musculaire. Le calcium permet l’hydrolyse de l’adĂ©nosine triphosphate ATP qui entraĂźne des contractions musculaires visibles sur la carcasse pendant trois Ă  dix-huit heures. Dans un premier temps, l’ATP est rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e par diffĂ©rentes rĂ©actions biochimiques qui permettent le relĂąchement des liaisons actine-myosine. Puis, la concentration en ATP devient trop faible < 1 ”mol/g. Il y a alors liaison irrĂ©versible de l’actine et de la myosine. C’est la rigiditĂ© cadavĂ©rique qui s’installe entre la septiĂšme et la vingt-quatriĂšme heure toujours dans le mĂȘme ordre muscles masticateurs, muscles de l’encolure puis du tronc et enfin des membres. Puis va s’installer la phase de maturation Ă  proprement parler qui va durer de une Ă  trois semaines Ă  + 4 oC, d’autant plus longue que l’animal est ĂągĂ©. La maturation correspond Ă  une phase de dĂ©gradation enzymatique quasi aseptique. Elle fait intervenir essentiellement des enzymes endogĂšnes en particulier les cathepsines et va permettre le dĂ©veloppement du goĂ»t et de la tendretĂ© de la viande. On constate une protĂ©olyse des complexes actine-myosine. Elle est par contre trĂšs peu marquĂ©e pour le collagĂšne. On constate aussi un catabolisme des acides nuclĂ©iques qui aboutit Ă  la libĂ©ration de molĂ©cules responsables du goĂ»t et des odeurs de la viande. Cette phase est primordiale pour la qualitĂ© de la viande mais elle nĂ©cessite du temps. Les professionnels peuvent prĂ©fĂ©rer des animaux jeunes car la maturation est plus courte. Avec une vache de rĂ©forme, il faut attendre plus de temps pour obtenir la mĂȘme tendretĂ© mais avec un goĂ»t beaucoup plus marquĂ©. De plus on peut avoir du gras intramusculaire qui va donner toute l’onctuositĂ© Ă  la viande en fondant Ă  la cuisson. Ce gras intramusculaire n’est pas prĂ©sent chez les jeunes. Sur la base des connaissances acquises, l’INRA est Ă  mĂȘme de proposer des durĂ©es optimales de maturation en fonction du type et des caractĂ©ristiques des animaux abattus. En outre, le groupe de travail estime utile de prĂ©ciser les conditions techniques de la maturation des viandes bovines parce que celle-ci peut s’effectuer par exemple sur une carcasse entiĂšre ou sur des morceaux conditionnĂ©s sous-vide, chaque technique ayant une influence sur la durĂ©e optimale. QualitĂ©s des productions avicoles liĂ©es Ă  la maniĂšre de produire Chez le poulet, il n’y a pas de lien au sol. Le plus souvent, ce n’est pas l’éleveur qui produit l’aliment. L’alimentation est par ailleurs strictement contrĂŽlĂ©e. SĂ©lection/accouvage En matiĂšre de sĂ©lection, les choix qui ont une influence sur la qualitĂ© du produit concernent principalement la vitesse de croissance. Les souches peuvent ĂȘtre Ă  croissance lente, rapide ou intermĂ©diaire. Les poulets sont abattus Ă  un Ăąge prĂ©dĂ©terminĂ© et sont alimentĂ©s en consĂ©quence pour parvenir au poids attendu Ă  Ăąge type. La couleur du plumage noir ou blanc n’exerce pas d’influence sur les caractĂ©ristiques de la chair des poulets. L’accouvage et le transport jouent essentiellement un rĂŽle sur la qualitĂ© sanitaire des produits. Alimentation Quel que soit le mode de production standard, biologique, label, certifiĂ©e, le poulet reçoit un aliment complet Ă©quilibrĂ©, composĂ© de cĂ©rĂ©ales pour une part importante 50 Ă  80 %, mais aussi de protĂ©ines soja, colza, pois, etc., de minĂ©raux et de vitamines. ProtĂ©ines des apports protĂ©iques excessifs peuvent entraĂźner des dĂ©rĂšglements hormonaux Ă  l’origine de dĂ©ficiences immunitaires, qui peuvent en certains cas avoir des consĂ©quences indirectes sur la santĂ© de l’homme. Substances ajoutĂ©es certaines substances d’utilitĂ© sanitaire, comme les anticoccidiens, sont incorporĂ©es Ă  l’alimentation pour combattre des parasites indĂ©sirables du tube digestif des volailles. La prĂ©sence de rĂ©sidus de ces substances, et d’ailleurs de l’ensemble des produits Ă  usage vĂ©tĂ©rinaire, est strictement encadrĂ©e par la rĂ©glementation europĂ©enne, et des limites maximales de rĂ©sidus LMR dans les denrĂ©es destinĂ©es Ă  la consommation humaine sont dĂ©finies et rĂ©guliĂšrement réévaluĂ©es. Des temps d’attente obligatoires durĂ©e entre la date du dernier traitement et l’abattage sont prĂ©vus par les textes. OGM il n’existe rien dans la littĂ©rature qui puisse donner Ă  penser que les poulets qui ont consommĂ© des OGM sont diffĂ©rents des autres. Dans les aliments pour poulets, le maĂŻs et le soja sont aujourd’hui susceptibles de comprendre des variĂ©tĂ©s OGM. Lipides le profil des tissus adipeux de volailles est fortement corrĂ©lĂ© au profil des lipides alimentaires. Le poulet prĂ©sente le mĂȘme profil en acides gras que celui de l’aliment qu’il a reçu. Si on lui donne des graisses dĂ©saturĂ©es, les gras dĂ©posĂ©s vont ĂȘtre plutĂŽt dĂ©saturĂ©s et vice-versa. Il faut garder Ă  l’esprit la faible teneur de la viande de poulet en matiĂšre grasse puisque le gras abdominal et sous-cutanĂ© ne sont pas consommĂ©s et que les muscles en contiennent moins de 3 %. Cela a des consĂ©quences sur l’aspect technologique, nutritionnel, biochimique, sensoriel et sur l’image mĂȘme des produits. Les matiĂšres grasses les plus adaptĂ©es Ă  l’alimentation des volailles Ă©taient les graisses de volailles mais aujourd’hui on ne les utilise plus ou de moins en moins, au profit des matiĂšres grasses vĂ©gĂ©tales Ă  part le suif, le saindoux. Les matiĂšres grasses vĂ©gĂ©tales vont de l’huile de palme trĂšs saturĂ©e Ă  l’huile de lin trĂšs dĂ©saturĂ©e riche en omĂ©ga 3. Selon la combinaison que l’on fait de ces diffĂ©rentes matiĂšres premiĂšres, le gras des volailles est plus ou moins saturĂ© avec des consĂ©quences en matiĂšre d’oxydation des graisses, des consĂ©quences au niveau organoleptique, comme par exemple l’huile de lin qui donne un goĂ»t de mastic. Pour les Ɠufs, le profil en acides gras est Ă©galement semblable au profil des matiĂšres grasses ingĂ©rĂ©es. Mode d’élevage Le poulet est nourri Ă  volontĂ©, il n’y a pas de rationnement Ă  proprement parler. Cependant, l’éclairement reste une façon de rationner l’animal. Le ratio temps de lumiĂšre/temps d’obscuritĂ© l’incite Ă  consommer plus ou moins. Age d’abattage pour une souche donnĂ©e, la qualitĂ© sensorielle de la viande va dĂ©pendre de l’ñge de l’animal, en partie via l’adipositĂ©. L’ñge d’abattage a aussi un impact en terme d’image dans les systĂšmes de production français, les poulets dont l’ñge d’abattage est le plus long correspondent Ă  des poulets sous label qui sortent. AccĂšs Ă  un parcours l’accĂšs Ă  un parcours est positif en terme d’image mais peut en revanche prĂ©senter un risque sanitaire contamination coccidienne. De plus, toutes choses Ă©gales par ailleurs mĂȘme poids, mĂȘme Ăąge, mĂȘme programme alimentaire, il n’a jamais Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que le parcours amĂ©liorait la qualitĂ© de la viande sur le plan sensoriel. Abattage Hors les conditions de transport en terme de bien-ĂȘtre, les aspects relatifs au stress Ă  l’abattage, aux conditions de ressuage sont assez mal connus. Le poulet n’est pas une viande qui se mature, c’est une viande blanche qui rĂ©agit donc plutĂŽt mieux Ă  ces stress que la viande rouge. Des travaux dĂ©butent sur d’éventuelles relations entre conditions d’abattage et de dĂ©coupe et qualitĂ©s technologiques de la viande. Mais pour l’instant il existe trĂšs peu d’élĂ©ments. La dĂ©coupe et le stockage sont essentiellement reliĂ©s Ă  la qualitĂ© sanitaire du produit. CorrĂ©lations entre les conditions d’élevage, de transformation, de conservation des volailles et les qualitĂ©s des viandes QUALITÉS Sanitaire Technologique Nutritionnelle Biochimique Sensoriel Image SĂ©lection et accouvage. Type gĂ©nĂ©tique ? ? ? + + Accouvage + ? ? ? Transport poussins ++ ? + Alimentation. CaractĂ©ristiques + ? ++ + ? ++ ProtĂ©ines + ? + +++ Lipides +++ +++ +++ +++ +++ Additifs ++ ? + r ? +++ OGM ? ? ? ? +++ Mode d’élevage. Age d’abattage ? + ? ++ +++ + Parcours ++ ? +++ DensitĂ© + ? + Eclairement Abattage. Stress ? ? + ? ++ Ressuage ? ? ? DĂ©coupe. ChaĂźne du froid +++ ? ++ Stockage et distribution. ChaĂźne du froid +++ ++ ++ ++ Source INRA Le Magneraud, septembre 2001. Dispositions rĂ©glementaires La traçabilitĂ© dans le domaine de l’alimentation animale Le dĂ©cret d’aoĂ»t 2000, qui impose que l’étiquetage des matiĂšres premiĂšres destinĂ©es Ă  l’alimentation animale comporte le nom, l’adresse du fournisseur et les garanties nutritionnelles, permet une traçabilitĂ© depuis le point le plus amont de la filiĂšre. Ce point est d’autant plus important que, par exemple, cet Ă©tiquetage permet aux industriels de l’alimentation animale de vĂ©rifier si, Ă  la suite de l’interdiction des graisses d’origine animale, ne sont pas utilisĂ©s, en substitution, des ingrĂ©dients qui sont susceptibles de poser eux-mĂȘmes problĂšme parce qu’ils exigent des traitements particuliers ou bien parce qu’ils sont interdits pour des raisons de sĂ©curitĂ©, mĂȘme si cela ne rĂ©sout pas les fraudes dĂ©libĂ©rĂ©es. Cela peut concerner par exemple des huiles usagĂ©es d’origine vĂ©gĂ©tale, comme les huiles de friture devenues impropres Ă  la consommation humaine, ou d’origine minĂ©rale, c’est-Ă -dire issues de produits pĂ©troliers. Au stade suivant de la filiĂšre, c’est-Ă -dire pour une part Ă  la sortie des usines de fabrication d’aliments pour animaux, la rĂ©glementation europĂ©enne est aujourd’hui en pleine mutation. Les mentions d’étiquetage relatives Ă  la composition des aliments prĂ©parĂ©s par les fabricants ne pourront plus concerner des familles d’ingrĂ©dients, mais les ingrĂ©dients eux-mĂȘmes, un par un. Les fabricants d’aliments ont d’ores et dĂ©jĂ  anticipĂ© cet aspect de la rĂ©glementation, puisque les Ă©tiquettes d’aliments font dĂ©sormais mention des ingrĂ©dients eux-mĂȘmes. Par ailleurs, un guide de bonnes pratiques unique pour l’ensemble des fabricants d’aliments pour animaux est en cours de finalisation. En revanche, chaque client filiĂšre sous label, marque, distributeur etc. tend Ă  prĂ©voir sa propre charte de qualitĂ© dans ses relations avec les Ă©leveurs. Ainsi, le guide de bonnes pratiques fixe un socle commun de conditions de fabrication dans les usines alors que les chartes visent Ă  diffĂ©rencier les produits en fixant des exigences particuliĂšres pour les formulations d’aliments. Un effort particulier devra donc viser l’amĂ©lioration et la gĂ©nĂ©ralisation du guide de bonnes pratiques. La traçabilitĂ© et l’étiquetage dans la filiĂšre bovine La traçabilitĂ© et l’étiquetage de la viande bovine En ce qui concerne l’étiquetage des viandes bovines Ă  la distribution, un accord interprofessionnel de 1997, Ă©tendu par un arrĂȘtĂ© de 1998, a imposĂ© pour la viande bovine française, la mention de l’origine de l’animal, c’est-Ă -dire l’indication des lieux oĂč l’animal est nĂ©, oĂč il a Ă©tĂ© Ă©levĂ© et abattu, ainsi que son type racial laitier ou viande et sa catĂ©gorie jeune bovin, vache, taureau, etc.. Un dĂ©cret a Ă©tĂ© pris en 1999 pour fixer des rĂšgles de traçabilitĂ© dont le non-respect peut entraĂźner des sanctions pĂ©nales, du stade de l’abattage au stade de la commercialisation. Un autre accord interprofessionnel a Ă©tĂ© signĂ© le 16 novembre 1999 pour garantir la transparence des approvisionnements dans la restauration hors domicile. Il a Ă©tĂ© Ă©tendu par les pouvoirs publics le 24 fĂ©vrier 2000. Les exigences qu’il instaure sont toutefois moins dĂ©veloppĂ©es que celles prĂ©vues dans l’accord interprofessionnel concernant la distribution l’indication des lieux de naissance et d’élevage, de la catĂ©gorie de l’animal jeune bovin, vache, taureau et du type racial laitier ou viande n’est pas obligatoire. Le rĂšglement CE no 1760/2000, applicable et appliquĂ© depuis le 1er septembre 2000, abroge le rĂšglement CE no 820/97. Son champ d’application concerne la viande bovine, Ă  la fois les veaux et les gros bovins et la viande hachĂ©e sous toutes ses formes. Par contre, il ne concerne pas les produits transformĂ©s, qu’il s’agisse de plats cuisinĂ©s ou de la restauration. Il comporte deux parties une partie identification des animaux, qui comprend en grande majoritĂ© ce qui existait dĂ©jĂ  dans le rĂšglement prĂ©cĂ©dent, et une partie Ă©tiquetage. Description du dispositif communautaire Identification des animaux L’identification des animaux passe par les marques auriculaires identiques aux deux oreilles pour tous les animaux nĂ©s aprĂšs le 31 dĂ©cembre 1997 ; la mise en place d’une base de donnĂ©es informatique ; le passeport ; un registre dĂ©tenu par chaque dĂ©tenteur sauf par le transporteur. Etiquetage des produits La partie Ă©tiquetage des produits est celle qui a demandĂ© le plus de nĂ©gociations. Un Ă©tiquetage est maintenant obligatoire Ă  tous les stades de commercialisation avec des mentions obligatoires et des mentions facultatives. Mentions obligatoires En matiĂšre de mentions obligatoires, on distingue les viandes en piĂšces et les viandes hachĂ©es. Il y a deux pĂ©riodes Ă  chaque fois dans cette application des mentions obligatoires. La premiĂšre pĂ©riode va du 1er septembre 2000 au 31 dĂ©cembre 2001, la seconde dĂ©butera Ă  compter du 1er janvier 2002. Pour les viandes hors viandes hachĂ©es Depuis le 1er septembre 2000, sont obligatoires pour les viandes non hachĂ©es le numĂ©ro de l’animal ou le numĂ©ro du groupe d’animaux, ce qui correspond au numĂ©ro de lot ou de traçabilitĂ© ; le pays d’abattage plus le numĂ©ro d’agrĂ©ment de l’abattoir ; le pays de dĂ©coupe plus le numĂ©ro d’agrĂ©ment de l’atelier de dĂ©coupe. Au 1er janvier 2002 s’ajouteront aux mentions obligatoires prĂ©cĂ©demment Ă©voquĂ©es le pays de naissance ; le pays d’élevage. C’est Ă  partir de ces trois informations nĂ©, Ă©levĂ©, abattu » qu’on obtient la mention de l’origine de l’animal. Cas de la viande hachĂ©e Depuis le 1er septembre 2000, est obligatoire pour les viandes hachĂ©es, la mention du pays d’abattage et du pays de transformation indiquĂ©e comme suit Ă©laborĂ© en... transformation, abattage ou ; Ă©laborĂ© en... transformation + le pays d’abattage, lorsque les deux opĂ©rations sont faites dans des pays distincts. A partir du 1er janvier 2002, s’ajouteront aux mentions obligatoires prĂ©cĂ©demment Ă©voquĂ©es, la mention du pays de naissance et d’élevage, si ces pays sont distincts du pays d’élaboration, comme suit Ă©laborĂ© en... transformation + le pays d’abattage + les pays de naissance et d’élevage. Pour toutes les viandes, hachĂ©es ou piĂ©cĂ©es, le rĂšglement prĂ©voit que les Etats membres peuvent rendre obligatoires des mentions complĂ©mentaires jusqu’au 31 dĂ©cembre 2001. Mentions facultatives Les mentions facultatives sont toutes les mentions autres que celles rendues obligatoires. Pour ces mentions un cahier des charges est nĂ©cessaire. Le contrĂŽle de ces mentions peut ĂȘtre soit public, soit assurĂ© par un organisme indĂ©pendant conforme aux normes EN 45011. La France a retenu deux possibilitĂ©s en distinguant les cahiers des charges simples agréés par les pouvoirs publics DGAl, DGCCRF. Dans cette construction, la communication ne peut porter que sur des informations recueillies sur le document d’accompagnement bovin DAB ainsi que sur les opĂ©rations d’aval par exemple la durĂ©e de maturation. Le contrĂŽle de ces cahiers des charges relĂšve des pouvoirs publics ou d’organismes tiers indĂ©pendants ; les cahiers des charges de certification qui sont examinĂ©s par la Commission nationale des labels et certifications CNLC. Dans cette construction, peuvent apparaĂźtre des mentions d’étiquetage relatives aux modes de production mode d’élevage, alimentation, bien-ĂȘtre animal, etc.. Le contrĂŽle des spĂ©cifications contenues dans ces cahiers des charges est exĂ©cutĂ© par des organismes certificateurs agréés et en deuxiĂšme niveau par les pouvoirs publics contrĂŽle du respect du cahier des charges et contrĂŽle du respect du plan de contrĂŽle Ă©tabli par l’organisme certificateur. Autres mentions une origine gĂ©ographique, en dehors du nom du pays, peut ĂȘtre mentionnĂ©e dans l’étiquetage hors caractĂ©ristique certifiĂ©e, sauf si elle est enregistrĂ©e comme IGP. Dans le cahier des charges de certification, la mention gĂ©ographique peut figurer dans la dĂ©nomination du produit ou dans les caractĂ©ristiques certifiĂ©es si elle est enregistrĂ©e comme IGP. ConsĂ©quences du dispositif communautaire Le rĂšglement europĂ©en du 17 juillet 2000, applicable Ă  tous les stades de la commercialisation depuis le 1er septembre 2000, rend obligatoires seulement trois mentions dans les Etats membres un numĂ©ro de traçabilitĂ© assurant une relation entre des piĂšces de viande et les carcasses d’origine, le pays d’abattage, le numĂ©ro d’agrĂ©ment de l’abattoir numĂ©ro d’agrĂ©ment de l’atelier de dĂ©coupe. Au 1er janvier 2002, sera exigĂ©e une information complĂšte sur l’origine des animaux, comprenant les lieux de naissance et d’élevage ainsi que les sites d’abattage et de dĂ©coupe. MĂȘme Ă  cet horizon, l’indication du type d’animal et de la catĂ©gorie ne sera pas exigĂ©e. La France a obtenu de pouvoir maintenir sur son territoire des mentions complĂ©mentaires obligatoires pour les viandes d’origine française jusqu’au 31 dĂ©cembre 2001, sans que ces mentions puissent ĂȘtre imposĂ©es pour les viandes importĂ©es. Toutefois, dans la mesure oĂč le domaine de l’étiquetage est maintenant considĂ©rĂ© comme harmonisĂ© au plan communautaire, les rĂšgles nationales doivent dĂ©sormais ĂȘtre fondĂ©es juridiquement sur le texte communautaire et non plus sur les seuls fondements juridiques nationaux. En consĂ©quence, les textes nationaux pris avant le rĂšglement communautaire, et donc en l’espĂšce les deux arrĂȘtĂ©s d’extension pris respectivement pour Ă©tendre l’accord interprofessionnel relatif Ă  la distribution et celui relatif Ă  la restauration hors domicile RHD, ont perdu leur caractĂšre rĂ©glementaire. Les accords interprofessionnels eux-mĂȘmes subsistent mais n’auront plus de force obligatoire Ă  partir du 31 dĂ©cembre 2001. En outre, les producteurs Ă©trangers ne sont pas tenus par ces accords interprofessionnels. La traçabilitĂ© des produits transformĂ©s Ă  base de viande bovine La traçabilitĂ© n’est pas la mĂȘme pour les viandes et pour les produits transformĂ©s Ă  base de viande bovine. Une difficultĂ© technique pour remonter Ă  l’animal d’origine concerne en particulier les processus de fabrication qui comportent un grand mĂ©lange d’une mĂȘme matiĂšre premiĂšre un mĂȘme lot de fabrication incorpore un grand nombre de muscles provenant de diffĂ©rents lots d’animaux n’ayant pas nĂ©cessairement les mĂȘmes caractĂ©ristiques ni la mĂȘme origine. La traçabilitĂ© ne peut probablement pas toujours ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme Ă©quivalente entre les produits français et importĂ©s. Les produits transformĂ©s Ă  base de viande fabriquĂ©s en France ne doivent comprendre que des morceaux autorisĂ©s par les textes en vigueur dans notre pays. Un arrĂȘtĂ©, relatif Ă  l’interdiction d’importation de certains tissus de ruminants Ă  risques, a Ă©tĂ© pris le 10 novembre 2000 pour prĂ©venir le risque que les produits importĂ©s contiennent des morceaux qui sont interdits en France mais sont autorisĂ©s dans les pays d’origine de ces produits. Cet arrĂȘtĂ© prĂ©voit que le vĂ©tĂ©rinaire officiel du pays de provenance doit Ă©tablir le certificat sanitaire en tenant compte de la liste de MRS en vigueur sur le territoire français. Cependant, et au-delĂ  de l’obligation administrative ainsi instituĂ©e, la rĂ©alitĂ© des pratiques est sans doute difficile Ă  vĂ©rifier dans les conditions actuelles. En effet, si la liste des matĂ©riaux Ă  risques spĂ©cifiĂ©s MRS est effectivement harmonisĂ©e depuis le 1er octobre 2000 dans les pays de l’Union europĂ©enne, elle ne l’est pas dans d’autres pays. Des incertitudes peuvent subsister car il semble que les nouvelles dispositions communautaires sont encore appliquĂ©es de maniĂšre inĂ©gale entre les Etats membres. Or, le contrĂŽle par analyse de chaque lot de produits importĂ©s est Ă©videmment impossible. C’est d’ailleurs ce qui est craint par les parents pour ce qui concerne les denrĂ©es utilisĂ©es par la restauration scolaire. Pour ces produits, si l’on cherchait Ă  donner pour chaque ingrĂ©dient les mĂȘmes indications que pour la viande, un tel Ă©tiquetage serait compliquĂ© et sans doute, en certains cas, impossible. Selon les industriels, le coĂ»t de ces aliments augmenterait trĂšs sensiblement. Par ailleurs, toujours selon les professionnels, une profusion de mentions d’étiquetage sur un mĂȘme produit, mĂȘme quand elle est techniquement possible, pourrait ĂȘtre de nature Ă  inquiĂ©ter les consommateurs plutĂŽt qu’à les rassurer, parce qu’ils seraient dans l’impossibilitĂ© matĂ©rielle de lire toutes les mentions. Cette opinion n’est pas partagĂ©e par les reprĂ©sentants des consommateurs. La traçabilitĂ© de la viande bovine dans la restauration hors domicile RHD La restauration hors domicile RHD comprend la restauration collective et la restauration commerciale. Comme il a Ă©tĂ© indiquĂ© ci-dessus L’accord interprofessionnel concernant la restauration hors domicile n’est pas aussi complet que l’accord concernant la distribution puisque, s’il prĂ©voit bien l’indication du pays d’abattage, il ne prĂ©voit pas d’informer sur la catĂ©gorie Ă  laquelle appartient l’animal jeune bovin, vache, taureau, etc. ni sur la traçabilitĂ© depuis la naissance de l’animal. Cet accord avait Ă©tĂ© rendu obligatoire, jusqu’au 31 aoĂ»t 2000, par un arrĂȘtĂ© interministĂ©riel du 24 fĂ©vrier 2000, mais il relĂšve aujourd’hui du domaine volontaire. Les informations rendues obligatoires par le rĂšglement du 17 juillet 2000 numĂ©ro de traçabilitĂ© assurant une relation entre des piĂšces de viande et les carcasses d’origine, identification du lieu d’abattage et identification du lieu de dĂ©coupe sont fournies aux responsables de restaurants collectifs, mais elles sont jugĂ©es insuffisamment explicites. Les informations fournies aux responsables de restaurants collectifs figurent le plus souvent sur les documents d’accompagnement et peu souvent sur des Ă©tiquettes. Or, les documents d’accompagnement concernent souvent plusieurs lots groupĂ©s de produits ou sont destinĂ©s Ă  l’approvisionnement de plusieurs restaurants collectifs. Le gestionnaire direct n’en est donc pas toujours destinataire. Le cas particulier des achats publics dans le cadre de la restauration collective Les collectivitĂ©s publiques concĂ©dantes et les gestionnaires publics de restauration collective font observer que, juridiquement, les cahiers des charges des achats publics ne peuvent pas introduire de critĂšres gĂ©ographiques de choix. De tels critĂšres risqueraient en effet d’ĂȘtre jugĂ©s discriminatoires. En revanche, si elle ne permet pas Ă  l’acheteur public de sĂ©lectionner ses fournisseurs, la traçabilitĂ© lui permet au moins de connaĂźtre l’origine des viandes bovines achetĂ©es. Un nombre croissant d’acheteurs fournissent cette indication aux gestionnaires des restaurants et une part croissante de ceux-ci les rĂ©percute aux usagers. Toutefois ces pratiques ne sont pas gĂ©nĂ©ralisĂ©es. De nouvelles dispositions introduites par le dĂ©cret no 2001-210 du 7 mars 2001 portant code des marchĂ©s publics modifient trĂšs sensiblement les critĂšres d’attribution des marchĂ©s publics, ce qui peut prĂ©senter une opportunitĂ© d’ajustement avec les autres marchĂ©s. L’article 53 du nouveau code des marchĂ©s publics cite huit critĂšres d’attribution, le prix n’étant que l’un d’entre eux. Il ajoute que d’autres critĂšres peuvent ĂȘtre pris en compte s’ils sont justifiĂ©s par l’objet du marchĂ© ou ses conditions d’exĂ©cution. Les critĂšres doivent avoir Ă©tĂ© dĂ©finis et hiĂ©rarchisĂ©s ». De ces dispositions, dĂ©coule que l’acheteur public peut choisir l’offre la mieux disante » et pas nĂ©cessairement la moins disante » ce qui Ă©tait antĂ©rieurement la situation la plus frĂ©quente, mĂȘme si ce n’était pas une obligation. Le groupe viandes » du Groupe permanent d’étude des marchĂ©s des denrĂ©es alimentaires GPEM-DA qui met en place l’actualisation de la nomenclature des produits et services pourrait opportunĂ©ment rĂ©flĂ©chir avec les professionnels des filiĂšres concernĂ©es sur les critĂšres Ă  retenir au titre du mieux disant » de maniĂšre Ă  ce que les bases des contrats de marchĂ©s publics puissent ĂȘtre comparables aux autres modes de distribution en matiĂšre de traçabilitĂ© et d’information sur les viandes bovines et de volailles. La traçabilitĂ© et l’étiquetage des produits de la filiĂšre avicole LĂ©gislation communautaire Le rĂšglement vertical CE no 1538/91 du 5 juin 1991 dĂ©finit les mentions relatives au mode d’élevage Ă©tablissant les normes de commercialisation des viandes de volailles. Pour indiquer les modes d’élevage sauf Ă©levages de l’agriculture biologique, aucune autre indication que les suivantes ne peut apparaĂźtre sur l’étiquette et Ă  condition que les conditions dĂ©finies Ă  l’annexe du rĂšglement IV voir ci-dessous soient respectĂ©es alimentĂ© avec.... % de... ; Ă©levĂ© Ă  l’intĂ©rieur - systĂšme extensif ; sortant Ă  l’extĂ©rieur ; fermier - Ă©levĂ© en plein air ; fermier - Ă©levĂ© en libertĂ©. Ces termes peuvent ĂȘtre complĂ©tĂ©s par des indications concernant les caractĂ©ristiques particuliĂšres des modes respectifs d’élevage. De plus, la mention de l’ñge auquel les oiseaux sont abattus ou de la durĂ©e d’engraissement n’est autorisĂ©e que s’il est fait mention de l’un des termes indiquĂ©s ci-dessus et pour un Ăąge non infĂ©rieur Ă  celui indiquĂ© dans l’annexe IV du rĂšglement. Ce texte prĂ©cise Ă©galement que les contrĂŽles de ces mentions doivent ĂȘtre faits par un organisme rĂ©pondant Ă  la norme EN 45011. L’annexe IV du rĂšglement dĂ©finit les valeurs cibles minimales pour chacun des types d’élevage Ăąges, densitĂ©s surface du bĂątiment, % de cĂ©rĂ©ales. Ce document va ĂȘtre rĂ©visĂ© pour le mode d’élevage. LĂ©gislation française Des dispositions ont Ă©tĂ© introduites dans le droit interne par la loi du 4 janvier 2001 mentions Ă©levĂ© Ă  l’intĂ©rieur, systĂšme extensif » et sortant Ă  l’extĂ©rieur » elles sont rĂ©servĂ©es aux produits sous certification de conformitĂ© CCP, label rouge, AOC ou agriculture biologique ; mentions relatives Ă  l’ñge d’abattage produits sous CCP, label rouge, AOC ou agriculture biologique ; mentions fermier - Ă©levĂ© en plein air » ou fermier - Ă©levĂ© en libertĂ© » produits sous label rouge, AOC ou agriculture biologique ; mentions relatives Ă  l’alimentation ces mentions sont possibles en dehors des signes officiels de qualitĂ© mais en faisant rĂ©aliser des contrĂŽles rĂ©guliers selon la rĂ©glementation communautaire et dans des conditions fixĂ©es par dĂ©cret. Ceci implique l’intervention d’un organisme EN 45011 dans l’attente d’un dĂ©cret. Un organisme peut ĂȘtre accrĂ©ditĂ© EN 45011 sans pour autant procĂ©der Ă  la certification il peut mettre en Ɠuvre des contrĂŽles tierce partie hors certification. De plus, en dehors de ces Ă©lĂ©ments prĂ©cisĂ©s dans la rĂ©glementation, il existe une jurisprudence de la CNLC. Cette jurisprudence s’applique pour tous les cahiers des charges Ă  venir ou en cours de validation. La communication pour la viande de volailles est donc extrĂȘmement encadrĂ©e, et depuis trĂšs longtemps, ce qui se traduit peut ĂȘtre par la segmentation trĂšs poussĂ©e du marchĂ© et le trĂšs fort dĂ©veloppement des signes de qualitĂ© sur ce type de produits. C’est la production qui compte le plus grand nombre de labels rouges 272 contre 51 pour l’ensemble des autres viandes et ce malgrĂ© l’augmentation du niveau qualitatif derniĂšre rĂ©vision de la notice technique 1996. Les initiatives volontaires prises par les opĂ©rateurs des filiĂšres pour une meilleure information des consommateurs Dans la filiĂšre bovine L’Interprofession bĂ©tail et viandes INTERBEV a travaillĂ©, dans le cadre de l’Association française de normalisation AFNOR, Ă  la rĂ©daction de deux normes relatives Ă  la traçabilitĂ© dans son secteur d’activitĂ©. La premiĂšre NF V 46-007, intitulĂ©e TraçabilitĂ© des viandes identifiĂ©es » analyse les diffĂ©rents stades prĂ©sentant des risques sur la fiabilitĂ© de recueil des informations, de report desdites informations et prescrit des modalitĂ©s d’organisation pour garantir leur continuitĂ©, depuis l’arrivĂ©e de l’animal Ă  l’abattoir jusqu’à la mise en quartiers. La seconde NF V 46-010, intitulĂ©e Gros bovins - traçabilitĂ© des viandes identifiĂ©es - ateliers de dĂ©coupe, dĂ©sossage, travail de la viande, conditionnement et vente », s’applique aux viandes identifiĂ©es de gros bovins pour rĂ©aliser une traçabilitĂ© permettant de garantir le suivi d’un certain nombre d’informations prĂ©dĂ©finies du produit, du dĂ©but Ă  la fin de toute opĂ©ration de travail des viandes, cette derniĂšre Ă©tant effectuĂ©e entre la sortie des quartiers de l’abattoir et la remise du produit au client-consommateur final. Ces normes visent donc Ă  la traçabilitĂ© sur certains segments de la filiĂšre de production de la viande bovine. Par ailleurs, l’interprofession bovine a signĂ© avec la RHD, le 14 fĂ©vrier 2001, un contrat de transparence sur l’origine des viandes bovines et a lancĂ©, le 15 mars 2001, un guide destinĂ© aux acheteurs de gros bovins piĂ©cĂ©s et rĂ©frigĂ©rĂ©s. INTERBEV a Ă©galement conclu, le 29 mai 2001, un accord interprofessionnel sur les modalitĂ©s d’application de la rĂ©glementation fixant les rĂšgles d’étiquetage de la viande bovine qui a Ă©tĂ© Ă©tendu par les pouvoirs publics le 2 aoĂ»t 2001. Enfin, une campagne d’information TV faisant le lien entre le muscle entier et le steak hachĂ© a Ă©tĂ© organisĂ©e du 26 octobre au 11 novembre 2001. Dans la filiĂšre avicole Compte tenu du fait que le cadre rĂ©glementaire offre peu de souplesse, les initiatives des opĂ©rateurs de la filiĂšre avicole sont demeurĂ©es peu nombreuses. L’évolution en termes de communication au cours de ces derniĂšres annĂ©es est restĂ©e trĂšs liĂ©e Ă  la crise de la dioxine de l’étĂ© 1999 oĂč le besoin de rĂ©assurance du consommateur s’est traduit par la communication 100 % vĂ©gĂ©tal, minĂ©ral et vitaminique ». 2. Les attentes en matiĂšre de modes d’élevage et d’alimentation Les attentes des consommateurs Des besoins de rĂ©assurance consĂ©cutifs aux crises Ă  rĂ©pĂ©tition dans le domaine alimentaire Les auditions et les dĂ©bats internes au groupe de travail ont permis de mettre en Ă©vidence deux types d’attentes des consommateurs qui correspondent l’un et l’autre Ă  un besoin de rĂ©assurance consĂ©cutif aux crises une information suffisante sur les modes d’élevage, y compris la nourriture donnĂ©e, sur les procĂ©dĂ©s industriels de dĂ©coupe et de transformation, et sur les regroupements par lot de quartiers ou de piĂšces de dĂ©coupe ; qu’existent les moyens de rappeler des lots non conformes aux critĂšres de sĂ©curitĂ© sanitaire et de salubritĂ©, ce pour quoi la traçabilitĂ© est un Ă©lĂ©ment important. Pour les reprĂ©sentants des organisations de consommateurs du CNA, la traçabilitĂ© dĂ©termine les moyens mis en Ɠuvre par les professionnels pour assurer une information fiable et des possibilitĂ©s de contrĂŽles efficaces et rapides. Globalement, si les consommateurs ne se cristallisent pas sur les procĂ©dures choisies, ils estiment qu’ils ont Ă  faire connaĂźtre aux professionnels l’information qu’ils recherchent pour dĂ©terminer leurs achats et ce qu’ils veulent voir mentionner sur les Ă©tiquettes la traçabilitĂ© est un instrument pour fiabiliser cette information. Aucune donnĂ©e spĂ©cifique sur les attentes consumĂ©ristes en matiĂšre de traçabilitĂ© et d’information sur les modes d’élevage n’a, par ailleurs, pu ĂȘtre identifiĂ©e dans la littĂ©rature. Cependant, une enquĂȘte rĂ©alisĂ©e en 2000 par l’institut IPSOS en vue des Ă©tats gĂ©nĂ©raux de l’alimentation, l’enquĂȘte INCA de 2000, l’enquĂȘte CREDOC de juin 2001 sur les attentes des consommateurs en matiĂšre alimentaire et diverses contributions des organisations consumĂ©ristes donnent plusieurs types de renseignements. Quels aliments prĂ©sentent aujourd’hui des risques pour la santĂ© ? CLICHÉ Source CREDOC, juin 2001. Une demande de renforcement des contrĂŽles De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les crises Ă  rĂ©pĂ©tition ont engendrĂ© des attentes fortes en ce qui concerne le contrĂŽle officiel. Sans en connaĂźtre rĂ©ellement le niveau, les consommateurs les estiment trĂšs majoritairement insuffisants pour une application sans faille des obligations rĂ©glementaires. Dans la filiĂšre bovine, les demandes de renforcement du contrĂŽle concernent tout particuliĂšrement la vĂ©rification du retrait effectif des MRS et du respect de la rĂ©glementation en matiĂšre d’alimentation animale absence de farines animales dans les rations. Pour la santĂ© des consommateurs, les dispositifs suivants sont-ils suffisants ? CLICHÉ Source CREDOC, juin 2001. Une demande de rĂ©ciprocitĂ© des niveaux d’exigence et de reconnaissance mutuelle Les reprĂ©sentants d’organisations de consommateurs se disent inquiets en ce qui concerne les produits importĂ©s. Ils estiment que ceux-ci devraient prĂ©senter les mĂȘmes niveaux de sĂ©curitĂ© que les produits nationaux. Dans leur ensemble, les membres du groupe de travail estiment que la rĂ©ciprocitĂ© des niveaux d’exigence est indispensable. S’ils admettent que le problĂšme peut avoir une moindre acuitĂ© entre les Etats membres de l’Union europĂ©enne, ils considĂšrent en revanche que des mesures miroir, visant Ă  confĂ©rer des obligations identiques entre produits importĂ©s et production indigĂšne, doivent ĂȘtre la rĂšgle dĂšs lors qu’existent des courants commerciaux avec les pays tiers. Leur confiance tient sur ce point en grande partie Ă  l’idĂ©e qu’ils se font de l’existence rĂ©elle d’une rĂ©ciprocitĂ© des niveaux d’exigence et d’une reconnaissance mutuelle des mesures sanitaires. Une demande d’alignement des modalitĂ©s d’information des consommateurs quels que soient les circuits de distribution Les consommateurs constatent que les informations mises Ă  leur disposition varient considĂ©rablement en fonction des circuits de distribution. Ils estiment que ce qui est portĂ© Ă  leur connaissance dans le cadre de la restauration hors domicile est en rĂšgle gĂ©nĂ©rale trĂšs insuffisant. Les reprĂ©sentants des organisations de consommateurs regrettent que le rĂšglement communautaire 1760/2000 n’intĂšgre pas les produits transformĂ©s Ă  base de viande bovine, dans son champ d’application. Ils regrettent Ă©galement que le rĂšglement ne prĂ©voit pas l’obligation d’acheminer l’information jusqu’au consommateur final mais jusqu’au dernier stade de la prĂ©paration, ce qui exclut de fait l’information des usagers de la restauration collective et commerciale. L’alimentation en France les efforts des professionnels perçus, mais de moins en moins de goĂ»t Une enquĂȘte rĂ©alisĂ©e par IPSOS cf. note 2 en octobre 2000 met en Ă©vidence que malgrĂ© la focalisation rĂ©guliĂšre de l’actualitĂ© sur des problĂšmes liĂ©s Ă  la production, au contrĂŽle, Ă  la conservation ou Ă  la consommation de biens alimentaires, les Français ont aujourd’hui le sentiment que les choses se sont plutĂŽt amĂ©liorĂ©es au cours des derniĂšres annĂ©es. C’est dans le domaine du goĂ»t et de la saveur des aliments produits que les avis sont les plus partagĂ©s 32 % des interviewĂ©s considĂšrent que les choses se sont amĂ©liorĂ©es, 30 % qu’elles se sont dĂ©gradĂ©es tandis que 37 % penchent pour le statu quo. Cette enquĂȘte rĂ©vĂšle aussi que les Français se montrent partagĂ©s Ă  propos de la possibilitĂ© d’acheter de bons produits pour un prix accessible » si 51 % d’entre eux estiment que les choses se sont amĂ©liorĂ©es sur ce point, 29 % n’ont pas perçu d’évolution positive et 18 % la jugent mĂȘme nĂ©gative. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les consommateurs estiment que les filiĂšres qui connaissent des difficultĂ©s imputables Ă  des crises de confiance plus ou moins passagĂšres ne peuvent reconquĂ©rir les parts de marchĂ©s abandonnĂ©es qu’en apportant, d’une part, toutes les garanties sanitaires attendues et, d’autre part, en investissant fortement pour l’amĂ©lioration de la qualitĂ© des produits. Ils estiment que le goĂ»t demeure le principal moteur du renouvellement d’un acte d’achat. Un besoin gĂ©nĂ©ral d’information sur les conditions de production des denrĂ©es alimentaires Toutes les enquĂȘtes sociologiques montrent que la population française s’urbanise et que corrĂ©lativement, une mĂ©connaissance des modes de production des aliments s’installe. Cet Ă©tat de fait favorise l’émergence d’un climat gĂ©nĂ©ral de suspicion entretenu par la multiplication des dĂ©veloppements mĂ©diatiques sur les sujets alimentaires. Les organisations de consommateurs rapportent que leurs membres veulent disposer d’une information fiable et objective et attendent que les modes de production n’aient pas perdu tout lien avec la nature. Dans cette logique, l’enquĂȘte INCA cf. note 3 a montrĂ© que si les attentes des consommateurs ne s’expriment pas directement sur la traçabilitĂ©, en revanche, ils manifestent un intĂ©rĂȘt croissant pour les informations relatives aux pratiques culturales, aux modes d’élevage et de transformation des denrĂ©es alimentaires. Ces informations et la vĂ©rification de leur fiabilitĂ© par les services de contrĂŽle supposent une traçabilitĂ© des produits. Parmi la liste de critĂšres ci-dessous, quels sont dans l’ordre, les deux critĂšres auxquels vous accordez le plus d’importance pour juger de la qualitĂ© d’un produit alimentaire ? MODALITÉS CLASSÉESpar ordre dĂ©croissant de la 1re rĂ©ponse 1re RÉPONSEen pourcentage 2e RÉPONSEen pourcentage CUMULdes deux rĂ©ponses La fraĂźcheur, l’apparence du produit 32,5 20,8 53,3 La composition du produit 17,8 11,6 29,4 Le goĂ»t du produit 13,9 11,4 25,3 La prĂ©sence d’un marquage de contrĂŽle sanitaire 11,1 16,9 28,0 Les modes de production du produit mode d’élevage 10,2 10,8 21,0 L’origine gĂ©ographique du produit 3,9 6,3 10,2 Le prix 2,0 11,1 13,1 La prĂ©sentation, l’emballage du produit 1,6 2,8 4,4 Ne sait pas 7,0 8,4 15,4 Ensemble des individus de 15 ans et plus 100,0 100,0 Source CREDOC, enquĂȘte INCA, 1999. Concernant l’information sur l’alimentation, trouvez-vous que vous avez assez ou pas assez d’information Ă  propos des... ? INFORMATION À PROPOS DE... ASSEZd’information TROPd’information PAS ASSEZd’information NE SAIT PAS TOTAL ProcĂ©dĂ©s de transformation des aliments 9,9 1,1 72,0 17,0 100,0 Conditions d’élevage 24,0 1,5 65,1 9,4 100,0 Conditions de culture 20,5 1,5 63,5 14,5 100,0 Risques liĂ©s aux aliments ex fromage au lait cru 23,1 3,0 60,9 13,0 100,0 QualitĂ©s nutritionnelles des aliments 46,5 3,6 35,7 14,2 100,0 Conditions de conservation des produits 45,2 1,7 42,1 11,0 100,0 Source CREDOC, enquĂȘte INCA, 1999. Quels sont les deux critĂšres de qualitĂ© des aliments les plus importants ? CLICHÉ Source EnquĂȘte CREDOC, INC, fĂ©vrier 2001. L’étiquette est regardĂ©e Si l’on en croit leurs dĂ©clarations, les consommateurs pratiquent la recherche d’informations sur les produits qu’ils achĂštent avec une certaine assiduitĂ©. Huit sur dix environ regardent systĂ©matiquement la date limite de consommation sur les produits frais cf. note 4 . Et mĂȘme en dehors de cette DLC, ce sont trois personnes sur quatre qui disent lire toujours ou souvent les Ă©tiquettes des produits. Hormis la DLC, lit-on les Ă©tiquettes des produits que l’on achĂšte ? CLICHÉ Source enquĂȘte CREDOC sur les comportements alimentaires des Français, juin 2000. Cette volontĂ© de mieux connaĂźtre ce que l’on achĂšte et ce que l’on mange renvoie Ă  l’essence mĂȘme de la traçabilitĂ© et Ă  une de ses deux grandes fonctions. Les attentes des acteurs de la chaĂźne alimentaire Les acteurs intermĂ©diaires, de l’abattage des animaux Ă  la distribution, ne font pas Ă©tat d’attentes qui leur seraient propres. En revanche, Ă  chaque niveau, ils estiment devoir prendre en compte, dans toute la mesure du possible, les attentes des maillons qui leur succĂšdent et celles des consommateurs. Ils soulignent, en revanche, que dans tous les cas les attentes doivent demeurer compatibles avec les possibilitĂ©s techniques et Ă©conomiques des filiĂšres. Ils estiment qu’en ce qui concerne les attentes des consommateurs sur les modes d’élevage, celles qui ne rencontreraient pas une traduction nettement perceptible en matiĂšre de qualitĂ© substantielle du produit mais ne concerneraient que son image, doivent ĂȘtre limitĂ©es dans leur champ, compte tenu des coĂ»ts induits. Sur la faisabilitĂ© d’une information sur les modes d’élevage et l’alimentation animale Les industriels de la viande bovine font remarquer que les modes d’élevage sont trĂšs divers et que toute codification serait forcĂ©ment rĂ©ductrice. Ils estiment que la description du mode d’élevage est particuliĂšrement indiquĂ©e pour des produits placĂ©s sous signe officiel de qualitĂ©, en revanche, il leur paraĂźt difficile de trouver, en vue d’un Ă©tiquetage gĂ©nĂ©ralisĂ©, une classification qui rendrait compte de maniĂšre pertinente et complĂšte des conditions d’élevage et d’alimentation des animaux. Ils soulignent que la comparaison faite dans ce groupe de travail, entre d’une part la filiĂšre avicole et d’autre part la filiĂšre bovine, ne doit pas donner Ă  penser que la premiĂšre pourrait inspirer des Ă©volutions pour la seconde filiĂšre. Ils rappellent que la production bovine est par nature trĂšs liĂ©e Ă  l’environnement pĂ©do-climatique et agronomique du lieu d’élevage. Sur la nĂ©cessitĂ© de limiter les distorsions de concurrence Les opĂ©rateurs de la filiĂšre, tout particuliĂšrement pour la filiĂšre avicole, font remarquer que les demandes de consommateurs s’orientent de plus en plus vers les produits Ă©laborĂ©s pour lesquels les volailles ont qualitĂ© d’ingrĂ©dients + 40 % dans les achats des mĂ©nages entre 1997 et 2000 selon le panel SĂ©codip. Ils indiquent que, dans le mĂȘme temps, les volailles utilisĂ©es dans ces prĂ©parations sont le plus souvent importĂ©es en raison d’un coĂ»t plus faible qui tient Ă  des conditions moins contraignantes de production. Les reprĂ©sentants des producteurs estiment qu’il doit y avoir une recherche d’ajustement du niveau de contraintes d’un pays Ă  l’autre, faute de quoi naissent obligatoirement des distorsions de concurrence. Ce type de raisonnement peut ĂȘtre Ă©tendu Ă  tous les produits transformĂ©s, y compris Ă  ceux de la filiĂšre bovine. Une rĂ©flexion prochaine serait utile pour examiner les conditions prĂ©cises d’une rĂ©ciprocitĂ© des niveaux d’exigence. AdĂ©quation des attentes et des moyens Comme cela a Ă©tĂ© soulignĂ©, les attentes des consommateurs ont un caractĂšre gĂ©nĂ©ral qui se dĂ©cline comme une attente de traçabilitĂ© et une attente d’information pour le plus grand nombre possible de filiĂšres et de produits, si ce n’est tous. Une difficultĂ© tient Ă  ce que les consommateurs qui ont eu l’impression, Ă  l’occasion des crises, que des secrets de fabrication leur Ă©taient cachĂ©s, voudraient aujourd’hui disposer de la totalitĂ© des informations disponibles sur les produits, sans pour autant y accorder une importance systĂ©matique en situation d’achat. Cette exigence renvoie Ă©videmment Ă  des difficultĂ©s techniques pour y rĂ©pondre, mĂȘme si dans l’absolu les systĂšmes sont assez performants pour que presque tout soit virtuellement possible. Il y a donc lieu, sans doute, de leur expliquer que la traçabilitĂ© et l’information comportent des limites qui leur sont propres et que l’aptitude Ă  fournir pour un produit le plus grand nombre d’informations loyales ne doit pas ĂȘtre une condition d’accĂšs au marchĂ©. Ce processus, indĂ©pendamment des obligations rĂ©glementaires notamment relatives Ă  l’étiquetage, comporte implicitement l’obligation d’une concertation sur le contenu propre de l’information donnĂ©e entre producteurs et consommateurs, et ce pour chaque filiĂšre qui souhaite dĂ©velopper un cadre gĂ©nĂ©ral de traçabilitĂ© et d’information ou pour laquelle un tel cadre apparaĂźt indispensable. Seul ce type de processus peut conduire Ă  ne retenir que l’information Ă  tracer la plus utile aux consommateurs qui auront en ce qui les concerne une juste apprĂ©ciation des contraintes techniques et Ă©conomiques. La difficultĂ© technique Ă©voquĂ©e doit donc se rĂ©soudre par un ajustement nĂ©gociĂ© visant Ă  rendre possible pour les uns ce qui est souhaitable pour les autres. En ce qui concerne la filiĂšre bovine Les attentes exprimĂ©es en ce qui concerne les modes d’élevage et l’alimentation des bovins sont Ă  rattacher notamment Ă  des besoins de rĂ©assurance dans le contexte des crises, notamment de l’ESB. Cela ne doit pas conduire Ă  la recherche d’une information exhaustive sur toute l’histoire de chaque animal, mais Ă  analyser les Ă©lĂ©ments d’information susceptibles de rendre compte des particularitĂ©s de tel ou tel mode d’élevage. Le moyen doit ĂȘtre trouvĂ© de faire connaĂźtre l’ensemble des mesures de santĂ© publique sans attacher de maniĂšre systĂ©matique l’information sanitaire aux denrĂ©es alimentaires, et donc Ă  l’étiquetage. Si les consommateurs veulent lĂ©gitimement savoir si les MRS sont bien retirĂ©s et si les farines animales sont exclues des rations, le moyen le plus appropriĂ© est probablement une communication des services de contrĂŽle et non une mention figurant sur les Ă©tiquettes, puisque le retrait des MRS et l’exclusion des farines animales sont dĂ©sormais normalement gĂ©nĂ©ralisĂ©s et ne constituent dorĂ©navant plus des facteurs distinctifs. De fait, se dessinent deux possibilitĂ©s d’information des consommateurs celle qui accompagne le produit lui-mĂȘme et celle qui peut emprunter d’autres canaux. Les membres du groupe de travail estiment que la premiĂšre doit avoir trait Ă  la qualitĂ© perceptible par les consommateurs ou tout au moins par un jury d’analystes sensoriels ou bien rĂ©pondre Ă  une attente forte qui opĂšre une orientation dĂ©cisive au moment de l’acte d’achat comme par exemple la mention de la race animale. En ce qui concerne le rĂšglement communautaire no 1760/2000, des critiques sont apparues en ce qui concerne les mentions obligatoires d’étiquetage. Les numĂ©ros de traçabilitĂ© identification du lot et d’agrĂ©ment des Ă©tablissements d’abattage et de dĂ©coupe sont prĂ©sents sur l’étiquette alors qu’ils sont utiles aux seuls services de contrĂŽles. Les consommateurs n’en font aucun usage. Il a Ă©tĂ© unanimement regrettĂ© que soient confondues des mentions utiles et inutiles sur le mĂȘme support. Cet argument plaide en faveur d’une rĂ©ouverture des nĂ©gociations communautaires, que la France devrait chercher Ă  provoquer, pour que les dispositions harmonisĂ©es puissent mieux tenir compte des attentes des consommateurs. En ce qui concerne la filiĂšre avicole D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, il a Ă©tĂ© constatĂ© que les dispositions rĂ©glementaires applicables Ă  la filiĂšre avicole prĂ©cisent les modes d’élevage et d’alimentation des volailles Ă  la fois pour les produits gĂ©nĂ©riques et pour les segments de marchĂ© placĂ©s sous signes officiels de qualitĂ©. Ce carcan rĂ©glementaire semble rencontrer ses propres limites en matiĂšre de souplesse d’utilisation. Il a par ailleurs Ă©tĂ© regrettĂ© que la doctrine française qui a interprĂ©tĂ© les obligations communautaires, lorsque c’était possible, n’a pas laissĂ© suffisamment de place aux initiatives Ă  caractĂšre volontaire, ce qui accroĂźt les difficultĂ©s de segmentation du marchĂ© en dehors des signes officiels de qualitĂ© et condamne la filiĂšre Ă  ne pas pouvoir prendre en compte certaines attentes qui seraient exprimĂ©es par les consommateurs pour les produits standards. En ce qui concerne la transformation des produits des filiĂšres bovines et avicoles Les reprĂ©sentants de la transformation font savoir que les attentes en matiĂšre de mode d’élevage et d’alimentation trouvent un sens principalement pour les produits peu transformĂ©s compte tenu de l’influence directe que ces critĂšres peuvent exercer sur la qualitĂ© des produits finis. En revanche, dans le cas des produits utilisĂ©s comme ingrĂ©dients, les professionnels indiquent que le lien est plus tĂ©nu entre, par exemple, l’alimentation d’un bovin et les caractĂ©ristiques sensorielles d’un ravioli. Il est primordial pour eux de ne pas mĂ©sestimer l’importance des caractĂ©ristiques technologiques au profit d’attentes gĂ©nĂ©rales des consommateurs qui pourraient trĂšs vite perdre tout sens en fonction du niveau d’élaboration des produits. Des paramĂštres sensoriels tels que la tendretĂ©, la flaveur ou la saveur d’une viande bovine sont, selon leur propre expĂ©rience, sans rĂ©elle influence sur la qualitĂ© intrinsĂšque du produit Ă©laborĂ©. Ces mĂȘmes professionnels indiquent en revanche que l’ajustement des niveaux d’exigences entre produits peu transformĂ©s et produits incorporĂ©s Ă  des recettes complexes doit concerner les caractĂ©ristiques sanitaires. 3. Les voies d’amĂ©lioration de la situation Sur la forme, les dĂ©bats qui se sont tenus au sein du groupe de travail ont montrĂ© que toute contribution, aussi modeste soit-elle, Ă  la rĂ©solution des crises qu’ont connu les filiĂšres dioxine ou qu’elles connaissent encore ESB, dĂ©passe largement le champ de la question de l’information sur les modes d’élevage et d’alimentation. Pour traiter cette saisine interministĂ©rielle, le groupe de travail a donc souhaitĂ©, dans un souci d’efficacitĂ©, se prononcer sur la question elle-mĂȘme et sur tous ses Ă©lĂ©ments de contexte. Sur le fond, il est ressorti par ailleurs des dĂ©bats menĂ©s au sein du groupe de travail que des Ă©carts existent entre la rĂ©alitĂ© des efforts consentis par les filiĂšres en faveur de la qualitĂ© et de la sĂ©curitĂ© des produits mis sur le marchĂ© et l’idĂ©e que peuvent en avoir les consommateurs. Une amĂ©lioration de la situation ne semble possible que si tous les acteurs amont s’attachent Ă  une rĂ©assurance mĂ©thodique des consommateurs, Ă  une prise en compte de leurs attentes ou Ă  dĂ©faut Ă  une information claire sur le fait que telle ou telle attente ne peut pas ĂȘtre satisfaite pour des raisons techniques ou Ă©conomiques. Enfin, les filiĂšres doivent ĂȘtre convaincues que le goĂ»t est un Ă©lĂ©ment moteur du marchĂ© des denrĂ©es alimentaires, dĂšs lors que la confiance est rĂ©tablie. Parvenir Ă  une rĂ©assurance des consommateurs Par une communication globale sur les produits Il serait erronĂ© de croire que la rĂ©assurance des consommateurs dans le cadre de crises aussi profondes et anciennes que celle de l’ESB peut s’accomplir en dĂ©livrant une information sur les produits eux-mĂȘmes. Il serait probablement contre-productif de vouloir multiplier, Ă  des fins de rĂ©assurance, les mentions d’étiquetage de sorte que l’on puisse connaĂźtre l’historique de chaque ingrĂ©dient. Il faut donc dissocier l’information gĂ©nĂ©rale sur les conditions de production et les mentions spĂ©cifiques qui attestent de caractĂ©ristiques particuliĂšres d’un produit. D’aprĂšs diverses enquĂȘtes rĂ©centes voire ci-dessus, le besoin d’informations Ă  partir desquelles la confiance des consommateurs peut se construire, concerne d’une part, les contrĂŽles et d’autre part, la rĂ©alitĂ© des modes de production. Par une communication globale sur les contrĂŽles En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, les orientations de la politique de contrĂŽle, l’objet des contrĂŽles, leurs rĂ©sultats, sont bien connus des seuls professionnels. Le grand public n’en a le plus souvent qu’une idĂ©e lointaine et lacunaire puisque ne parviennent Ă  lui, et de maniĂšre non-exhaustive, que les non-conformitĂ©s, les dĂ©faillances, les fraudes ou falsifications, sans leur mise en rapport avec les rĂ©sultats satisfaisants. Il peut avoir l’impression que des problĂšmes de grande ampleur existent alors que le plus souvent tel n’est pas le cas. Une information du public doit donc ĂȘtre organisĂ©e pour mieux faire connaĂźtre l’ensemble du dispositif mis en Ɠuvre Ă  des fins de santĂ© publique. Il est probablement souhaitable d’associer dans cet exercice les autoritĂ©s sanitaires, les acteurs Ă©conomiques via les centres d’information collectifs, les prescripteurs d’opinion, et d’accroĂźtre la communication. Par une communication globale sur la rĂ©alitĂ© des modes d’élevage Qu’il s’agisse de monogastriques ou de polygastriques, l’alimentation des animaux d’une rĂ©gion Ă  l’autre, voire d’un Ă©levage Ă  l’autre, est raisonnĂ©e et ajustĂ©e Ă  leurs besoins. Le rĂ©gime alimentaire des volailles est principalement constituĂ© de cĂ©rĂ©ales, pour l’apport en Ă©nergie, et de lĂ©gumineuses, pour l’apport en protĂ©ine ; celui des bovins principalement de fourrage herbe pendant la pĂ©riode estivale, ensilage ou foin qui permettent la conservation pendant la pĂ©riode hivernale. Les rations de ces derniers sont complĂ©tĂ©es par des aliments riches en Ă©nergie et en protĂ©ines aliments concentrĂ©s au moment des pics de production ou en phase de croissance. A la faveur des dĂ©veloppements mĂ©diatiques sur la dioxine et les farines animales, les consommateurs ont eu l’impression persistante que les animaux ne consommaient plus des rations traditionnelles. Le moyen de revenir Ă  des niveaux de connaissance Ă©lĂ©mentaires, qui ne travestissent toutefois aucune rĂ©alitĂ©, passe sĂ»rement par une information Ă  caractĂšre gĂ©nĂ©ral dispensĂ©e au plus proche du lieu d’achat sans pour autant ĂȘtre directement apposĂ©e sur les produits. Des membres du Conseil ont constatĂ© qu’en ce qui concerne la boucherie traditionnelle, la proximitĂ© et le dialogue entre l’artisan et ses clients permettent de rĂ©pondre aux attentes d’information sur les modes d’élevage. Ils ont suggĂ©rĂ© que des partenariats soient envisagĂ©s entre la grande distribution et les filiĂšres viande en l’espĂšce filiĂšres bovine et avicole pour que soient installĂ©es dans le plus grand nombre possible de lieux de vente des systĂšmes d’information du public, comme par exemple des bornes informatives, qui montreraient des animaux en conditions d’élevage. Par une rĂ©duction des disparitĂ©s d’information sur les modes d’élevage et d’alimentation en fonction des modes de distribution Comme cela a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© indiquĂ© dans le prĂ©sent rapport, il ne doit pas exister de mode de distribution nettement dĂ©calĂ© par rapport aux autres pour les informations mises Ă  disposition des consommateurs en matiĂšre de modes d’élevage des animaux. Il importe en particulier de compenser les retards constatĂ©s dans le cadre de la restauration hors domicile RHD et en matiĂšre d’achats publics. MĂȘme si les fournisseurs sont obligĂ©s de transmettre les informations au gestionnaire de la RHD, celui-ci n’a aucune obligation de les donner aux consommateurs. Le contrat de transparence viande bovine d’INTERBEV destinĂ© Ă  la RHD est en lui-mĂȘme trĂšs intĂ©ressant, mais il demeure d’application volontaire et ne compense pas le dĂ©calage existant avec la distribution sur laquelle pĂšsent des obligations rĂ©glementaires consacrĂ©es par le rĂšglement communautaire. Par des mentions d’étiquetage spĂ©cifiques Ă  certaines attentes des consommateurs En ce qui concerne l’alimentation des animaux d’élevage, les besoins de rĂ©assurance de certains consommateurs tiennent Ă  la certitude que les animaux ne consomment plus de farines animales ou d’autres matiĂšres comportant des dangers qu’ils ne connaĂźtraient pas. D’autres consommateurs souhaitent ĂȘtre assurĂ©s que les animaux qu’ils consomment n’ont pas Ă©tĂ© nourris avec des OGM. Ces deux attentes sont spĂ©cifiques de la pĂ©riode actuelle, mais probablement Ă©volutives. L’interdiction d’incorporer des farines animales est une obligation rĂ©glementaire depuis plus de dix ans pour les bovins et depuis un an pour tous les animaux terrestres, Ă  l’exception des farines de poissons pour les monogastriques. Dans l’esprit de la rĂ©glementation sur la publicitĂ© non trompeuse, il n’est pas possible d’allĂ©guer sur la conformitĂ© Ă  la rĂ©glementation, en dehors de trĂšs rares exceptions. Sur ce point, l’étiquetage ne peut donc ĂȘtre d’aucun secours. Sur les OGM, en revanche, il est actuellement techniquement possible, dans des contextes locaux, de procĂ©der Ă  des substitutions entre des espĂšces vĂ©gĂ©tales potentiellement OGM et des espĂšces pour lesquelles aucun OGM n’est autorisĂ© Ă  la mise sur le marchĂ©, si un marchĂ© existe rĂ©ellement pour que cette substitution soit Ă©conomiquement viable. Il est Ă©vident que cette possibilitĂ© ne doit pas ĂȘtre Ă  l’origine d’un raisonnement global pour toutes les espĂšces animales et qu’elle n’a de sens que dans un contexte oĂč la substitution ne porte que sur une sĂ©rie trĂšs restreinte d’espĂšces vĂ©gĂ©tales. A cette condition, le groupe de travail a estimĂ© que pour les bovins Ă©levĂ©s dans ces conditions trĂšs spĂ©cifiques avec par exemple une substitution du tourteau de soja par des fĂ©veroles, des lupins ou d’autres protĂ©agineux, l’allĂ©gation animal nourri avec des espĂšces vĂ©gĂ©tales ne comprenant aucune variĂ©tĂ© OGM autorisĂ©e » n’aurait pas un caractĂšre trompeur. Ce type de mention devrait pouvoir concerner indiffĂ©remment les animaux, qu’ils soient ou non placĂ©s sous signe officiel de qualitĂ©, mais dans un cadre volontaire cf. note 5 , sur la base d’un cahier des charges simple agréé par les pouvoirs publics et contrĂŽlĂ© par un organisme tiers indĂ©pendant. Mieux prendre en compte les attentes des consommateurs En ce qui concerne la filiĂšre bovine Par des efforts en matiĂšre de qualitĂ©s objectives des produits Comme cela a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© vu, la qualitĂ© des viandes bovines dĂ©pend en grande partie de l’état physiologique de l’animal, de son Ă©tat d’engraissement, des prĂ©cautions qui ont Ă©tĂ© prises pour que l’animal parvienne au stade de l’abattage sans ĂȘtre stressĂ©. Les membres du groupe de travail ont pris bonne note des efforts engagĂ©s par l’interprofession bovine pour qu’une proportion importante d’éleveurs, de nĂ©gociants en bestiaux, d’abattoirs, de grandes et moyennes surfaces et de bouchers puissent se rallier volontairement au guide de bonnes pratiques de la filiĂšre bovine » prĂ©sentĂ© publiquement le 16 octobre 2001. Le Conseil rappelle nĂ©anmoins que les efforts d’amĂ©lioration de la qualitĂ© objective doivent concerner le plus grand nombre d’animaux pour que les consommateurs puissent retirer une satisfaction des produits consommĂ©s et renouveler leur acte d’achat. Ainsi, il semblerait trĂšs profitable pour la filiĂšre qu’aucun animal non tari cf. note 6 ou non engraissĂ© ne puisse ĂȘtre destinĂ© Ă  la consommation de viandes piĂ©cĂ©es, non pour des raisons sanitaires, mais pour dĂ©finir une qualitĂ© seuil. Le groupe de travail estime qu’il est de l’intĂ©rĂȘt de la filiĂšre bovine de dĂ©finir une qualitĂ© seuil, non seulement au niveau de l’interprofession, mais dans un cadre associant tous les maillons de l’amont Ă  la consommation et avec l’objectif de rehausser les niveaux d’exigences qualitatifs pour les viandes destinĂ©es Ă  une consommation sous forme piĂ©cĂ©es. Ces exigences pourraient concerner la conformation, l’état d’engraissement, le poids de carcasse d’un animal adulte rĂ©formĂ© ou tout autre critĂšre pertinent Ă  partir desquels la dĂ©finition de seuils peut conduire Ă  un socle commun de qualitĂ© reconnue. Il semble nĂ©anmoins que ces diffĂ©rents critĂšres ne peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s isolĂ©ment parce que les spĂ©cialistes indiquent qu’ils interagissent entre eux. Le groupe de travail estime que la profession devrait prendre l’initiative d’un travail technique qui servirait de support Ă  une concertation aussi large que possible, avec au moins des reprĂ©sentants de tous les collĂšges constitutifs du CNA, et ce dans des dĂ©lais aussi brefs que possible. Par une simplification de l’étiquetage et une amĂ©lioration de sa lisibilitĂ© De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, il a Ă©tĂ© regrettĂ© que des mentions informatives Ă  usages diffĂ©rents puissent figurer dans un mĂȘme champ visuel sans ĂȘtre organisĂ©es de maniĂšre cohĂ©rente. Des membres du groupe de travail ont indiquĂ© que certaines entreprises d’abattage et de dĂ©coupe avaient entrepris une rĂ©organisation et un regroupement des informations utiles pour que le consommateur puisse caractĂ©riser le morceau et si besoin se dĂ©terminer Ă  partir de ces critĂšres en les dissociant nettement des informations mĂ©trologiques, du prix, de la date de pĂ©remption et des estampilles sanitaires. Le Conseil estime que l’idĂ©e d’apposer un stick, une Ă©tiquette ou tout autre support comportant au voisinage des autres mentions les Ă©lĂ©ments regroupant l’origine, la catĂ©gorie, le type racial et Ă©ventuellement, toute mention relative aux modes d’élevage ou d’alimentation faciliterait l’accĂšs des consommateurs Ă  l’information qui les intĂ©resse alors mĂȘme qu’ils n’ont que peu de temps Ă  consacrer Ă  l’acte d’achat. Le Conseil estime en outre, que pour ĂȘtre utilisĂ©es, ces indications doivent apparaĂźtre en caractĂšres de taille suffisante et ĂȘtre parfaitement lisibles, ce qui n’est pas systĂ©matiquement le cas. Par la sauvegarde des informations sur la catĂ©gorie et le type racial Au 1er janvier 2002, une information complĂšte sur l’origine des animaux, comprenant le lieu de naissance et d’élevage ainsi que les sites d’abattage et de dĂ©coupe sera exigĂ©e. Mais Ă  cet horizon, l’indication du type de l’animal et de sa catĂ©gorie ne le sera pas. Elle relĂšvera du seul domaine volontaire, ce que regrettent notamment les organisations de consommateurs. Compte tenu des Ă©volutions du contexte enregistrĂ©es depuis le 17 juillet 2000, date de l’adoption du rĂšglement communautaire, et notamment de la nouvelle crise de l’automne 2000 et de la baisse persistante du marchĂ©, les membres du CNA estiment qu’une rĂ©ouverture des nĂ©gociations communautaires devrait ĂȘtre envisagĂ©e pour gĂ©nĂ©raliser au niveau communautaire des mentions prĂ©cieuses pour le rĂ©tablissement de la confiance. Par une meilleure utilisation des mentions facultatives La France a retenu deux possibilitĂ©s pour recourir Ă  des mentions facultatives dans l’étiquetage des viandes bovines le cahier des charges simple agréé par les pouvoirs publics qui ne peut concerner que des informations recueillies sur le document d’accompagnement bovin DAB ainsi que sur les opĂ©rations d’aval ; le cahier des charges de certification de conformitĂ© produit CCP pour les mentions d’étiquetage se rapportant aux modes de production modes d’élevage, alimentation, bien-ĂȘtre animal. Ce choix est apparu restrictif, en ce sens que l’usage du cahier des charges simple est forcĂ©ment limitĂ©, et parce que la CNLC ne conçoit la certification de produits que sur des critĂšres qui exercent une influence directe sur leurs qualitĂ©s substantielles, au point que les diffĂ©rences par rapport aux produits standards puissent ĂȘtre mesurĂ©es. Les options retenues par la France ne permettent donc pas de dĂ©velopper dans un cadre volontaire les informations sur un aspect saillant du mode d’élevage et d’alimentation qui serait sans incidence sur la qualitĂ© substantielle du produit mais correspondrait Ă  des attentes fortes. Le Conseil estime qu’un travail technique qui servirait de support Ă  une concertation aussi large que possible, avec au moins des reprĂ©sentants de tous les collĂšges constitutifs du CNA, devrait ĂȘtre entrepris, dans des dĂ©lais courts, pour dĂ©finir les allĂ©gations sur les modes d’élevage sans incidence sur la qualitĂ© substantielle des produits qui pourraient ĂȘtre communiquĂ©es hors SOQ et contrĂŽlĂ©es par un organisme tiers indĂ©pendant. D’ores et dĂ©jĂ , et si le cadre dĂ©terminĂ© par les autoritĂ©s françaises ne devait pas Ă©voluer, il est possible de faire un usage plus abouti d’une mention existante sur le DAB dans le cadre des cahiers des charges simples, en utilisant la possibilitĂ© de dĂ©cliner l’information sur le type racial, ce qui est apparu comme une demande forte des consommateurs. A partir du code de la race figurant sur le DAB, il est en effet possible pour des animaux de race pure, qu’ils soient ou non inscrits au livre gĂ©nĂ©alogique, de mentionner directement leur race et non plus seulement leur type racial viande » ou laitier ». Ceci existe dĂ©jĂ  dans certains cahiers des charges simples, mais compte tenu du nombre de races traditionnelles en France et de l’attachement des consommateurs Ă  cette information, une gĂ©nĂ©ralisation de cette disposition pourrait s’avĂ©rer trĂšs profitable Ă  la filiĂšre bovine. En ce qui concerne la filiĂšre avicole Les modes d’élevage des volailles, comme cela a Ă©tĂ© vu prĂ©cĂ©demment, sont trĂšs encadrĂ©s d’un point de vue rĂ©glementaire ce qui n’offre que peu de possibilitĂ©s d’initiatives pour dĂ©velopper des mentions d’information au-delĂ  des usages en vigueur. Par ailleurs, pour les volailles, le profil des tissus adipeux est fortement corrĂ©lĂ© au profil des lipides alimentaires utilisĂ©s dans la ration, ce qui peut donner dans certains cas aux productions de la filiĂšre avicole un intĂ©rĂȘt particulier en matiĂšre de nutrition humaine. MalgrĂ© le manque de souplesse du dispositif, il pourrait ĂȘtre profitable que des mentions sur l’intĂ©rĂȘt nutritionnel de certaines volailles et de leurs produits dĂ©rivĂ©s soient prĂ©cisĂ©es dans le cadre de cahiers des charges simples et conformĂ©ment aux obligations du code de la consommation en matiĂšre de publicitĂ© non trompeuse. Concevoir que le goĂ»t est un Ă©lĂ©ment moteur du marchĂ© des denrĂ©es alimentaires En ce qui concerne la filiĂšre bovine L’audition des zootechniciens a montrĂ© que deux Ă©lĂ©ments ont un impact important pour l’obtention de viandes bovines de qualitĂ©. Il s’agit d’une part, du rythme et de l’état final d’engraissement des animaux, et d’autre part de la maturation des carcasses. Importance de l’engraissement et de son rythme La consultation des zootechniciens a permis de mettre en Ă©vidence que chez les polygastriques, l’activitĂ© ruminale limite considĂ©rablement l’influence de la nature des aliments ingĂ©rĂ©s sur la qualitĂ© des viandes parce que les bactĂ©ries du rumen transforment les aliments en nutriments directement utilisables par le bovin. La ration alimentaire doit donc ĂȘtre conçue pour permettre un fonctionnement optimal du rumen. En revanche, ils ont indiquĂ© que le soin apportĂ© Ă  la finition des animaux influence incontestablement les qualitĂ©s biochimiques des muscles et, de ce fait, les qualitĂ©s sensorielles des viandes. Ils ont expliquĂ© que la dynamique revĂȘt une importance certaine. Un rythme d’engraissement progressif, qui laisse suffisamment de temps pour un dĂ©pĂŽt progressif de gras inter et intra musculaire, est bĂ©nĂ©fique pour la qualitĂ© sensorielle des viandes. Ils ont par ailleurs expliquĂ© que l’absence d’engraissement ne permet pas d’obtenir des viandes piĂ©cĂ©es de qualitĂ©. Comme pour les durĂ©es de maturation, les zootechniciens sont Ă  mĂȘme, sur la base d’un Ăąge d’abattage thĂ©orique, du sexe et du type racial de l’animal, de prĂ©ciser les rythmes et durĂ©es d’engraissement optimum. Le Conseil estime qu’un animal ayant Ă©tĂ© engraissĂ© dans les rĂšgles de l’art doit pouvoir donner Ă  l’éleveur la possibilitĂ© de valoriser la contribution qu’il aura apportĂ©e Ă  l’obtention d’une viande de bonne qualitĂ©. Des mentions du type rythme et durĂ©e d’engraissement optimisĂ©s » devraient pouvoir figurer sur l’étiquette. Les membres sont toutefois conscients que des campagnes d’information seront nĂ©cessaires pour que les consommateurs puissent tirer profit de ce type de mention et l’interprĂ©ter sans biais. Importance de la maturation des viandes Comme cela a Ă©tĂ© vu au point la phase de maturation est primordiale pour la qualitĂ© de la viande mais elle nĂ©cessite du temps. Pour les animaux jeunes, elle est plus courte que pour une vache de rĂ©forme, pour aboutir Ă  des effets Ă©quivalents. Le Conseil estime que la fixation de durĂ©es optimales de maturation en fonction du type et des caractĂ©ristiques des animaux abattus pourrait ĂȘtre demandĂ©e aux zootechniciens de sorte que l’interprofession puisse construire une concertation entre tous ses membres pour en gĂ©nĂ©raliser l’usage. Le Conseil estime en outre qu’un moyen efficace d’en obtenir une gĂ©nĂ©ralisation, seule Ă  mĂȘme d’exercer une influence objective sur la qualitĂ© de toutes les viandes bovines, est son insertion dans le guide de bonnes pratiques de la filiĂšre bovine. Les durĂ©es de maturation ne seraient ainsi plus Ă©tablies forfaitairement mais en fonction des particularitĂ©s des carcasses. En ce qui concerne la filiĂšre avicole Les Ă©conomistes ont plusieurs fois indiquĂ©, dans le cadre du CNA, que le dĂ©veloppement des SOQ, notamment du label rouge et de la CCP, avait incidemment exercĂ© une influence favorable sur le niveau qualitatif des productions standards, ce dont le consommateur ne peut que se rĂ©jouir. Cette influence favorable conduit Ă  ce que la qualitĂ© globale des viandes de volailles, en France, est actuellement nettement supĂ©rieure Ă  ce qu’elle Ă©tait, il y a une vingtaine d’annĂ©es. A la faveur des crises, les opĂ©rateurs de la filiĂšre avicole ont portĂ© le poids des segments de marchĂ© sous SOQ Ă  un niveau jamais atteint. SimultanĂ©ment, les orientations donnĂ©es par le rĂšglement communautaire et l’interprĂ©tation qui en est faite par la France, ont conduit Ă  rĂ©server un certain nombre de modes d’élevage et d’alimentation, et l’emploi des mentions correspondantes, aux seuls SOQ. Cette orientation peut rencontrer certaines limites en ce sens que, pour ĂȘtre convenablement valorisĂ©e, l’offre de produits sous SOQ et de produits standards doit coexister. Il importe donc que la possibilitĂ© entrouverte par la rĂ©glementation nationale de permettre aux produits standards d’allĂ©guer sur le mode d’alimentation soit mieux mise en Ɠuvre et que le dĂ©cret prĂ©vu Ă  cette fin soit publiĂ©. Il reste au demeurant souhaitable que les allĂ©gations sur l’alimentation et la nutrition pour des produits hors SOQ puissent s’appuyer sur un contrĂŽle par tierce partie. 4. Les recommandations du Conseil national de l’alimentation Sur la saisine des ministres en charge de l’agriculture et de la consommation, le CNA a examinĂ© la question des modalitĂ©s d’information des consommateurs sur les modes d’élevage et d’alimentation des bovins et volailles. Il appelle l’attention des pouvoirs publics sur le fait qu’au fur et Ă  mesure de sa rĂ©flexion, la nĂ©cessitĂ© d’apprĂ©hender cette question dans son contexte d’ensemble lui est apparue pour proposer des voies d’amĂ©lioration des dispositifs existants qui tiennent compte du climat créé par les crises sanitaires et des attentes les plus fortes exprimĂ©es par les consommateurs. Le Conseil, sur le constat que l’amĂ©lioration de la qualitĂ© d’ensemble des viandes bovines lui semble ĂȘtre une nĂ©cessitĂ© pour sortir d’une crise sans prĂ©cĂ©dent, estime qu’il est indispensable d’ouvrir des voies nouvelles, et de les expĂ©rimenter, dans l’objectif de redonner au plus vite une dynamique Ă  la consommation et de stimuler la demande intĂ©rieure. Le Conseil souligne l’ensemble des constatations qui prĂ©cĂšdent et formule les recommandations suivantes Pour retrouver la confiance des consommateurs 1. Le Conseil estime que la rĂ©assurance des consommateurs est indispensable dans un contexte marquĂ© par des crises sanitaires successives. Les membres considĂšrent que la confiance ne pourra se rĂ©tablir que sur la base d’informations vĂ©rifiables concernant, d’une part, la rĂ©alitĂ© des modes de production et, d’autre part, les contrĂŽles. Le Conseil considĂšre qu’il est souhaitable de ne pas associer systĂ©matiquement une information gĂ©nĂ©rale sur les modes d’élevage et les rĂ©sultats des contrĂŽles au flux de produits, donc Ă  l’étiquette. En revanche, il recommande que des campagnes d’information soient organisĂ©es dans un cadre interprofessionnel et avec une implication suffisante des autoritĂ©s sanitaires et de celles chargĂ©es du suivi de l’information des consommateurs. Par ailleurs, le Conseil a constatĂ© qu’en ce qui concerne la boucherie traditionnelle, la proximitĂ© et le dialogue entre l’artisan et ses clients contribuent Ă  rĂ©pondre aux attentes d’information sur les modes d’élevage. Il propose que des partenariats soient recherchĂ©s entre les filiĂšres viande » en l’espĂšce filiĂšres bovine et avicole et la grande distribution pour que soient installĂ©es dans le plus grand nombre possible de lieux de vente, des systĂšmes de formation des jeunes et d’information du public, comme par exemple des bornes informatives, qui montreraient des animaux en conditions d’élevage ou donneraient des renseignements sur leur rĂ©gime alimentaire. 2. Le CNA constate que l’information acheminĂ©e n’est pas uniforme en fonction des modes de distribution des denrĂ©es alimentaires. Il remarque en particulier que la restauration hors domicile RHD n’est pas concernĂ©e par le rĂšglement communautaire harmonisant l’étiquetage des viandes bovines, ce que l’interprofession essaye de compenser par un contrat de transparence intĂ©ressant mais d’application volontaire. Le Conseil estime que les pouvoirs publics devraient user de leur pouvoir rĂ©glementaire pour que, sur le principe, puissent ĂȘtre mises Ă  disposition des clients ou convives des informations sur le type, la catĂ©gorie, l’origine des animaux et Ă©ventuellement toute autre indication disponible et utile pour les consommateurs. Il resterait alors Ă  concevoir des dispositifs appropriĂ©s pour que ces gestionnaires puissent rĂ©percuter l’information aux clients ou aux convives sans attendre qu’ils en fassent la demande. Pour les achats publics, le Conseil prend acte des Ă©volutions rĂ©glementaires rĂ©centes qui aboutissent Ă  ce que les acheteurs publics puissent choisir l’offre la mieux disante » et non plus l’offre la moins disante ». Il constate toutefois qu’à ce jour le vocable offre mieux disante » n’a pas Ă©tĂ© prĂ©cisĂ© et il recommande que le groupe de travail viandes » du GPEM-DA engage sans attendre une concertation impliquant Ă©troitement les reprĂ©sentants des filiĂšres concernĂ©es. 3. Le CNA a pu constater que les besoins de rĂ©assurance des consommateurs tiennent, pour certains d’entre eux, Ă  l’absence de certitude d’une exclusion effective des farines animales des rations alimentaires, et pour d’autres Ă  la crainte que les animaux puissent consommer des OGM. D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le Conseil estime qu’il n’est pas souhaitable d’allĂ©guer sur la conformitĂ© d’un mode de production Ă  la rĂ©glementation, ce qui peut donner Ă  penser que des produits d’un mĂȘme marchĂ© qui n’allĂšguent pas en ce sens, contreviennent Ă  leurs obligations. Pour cette raison, le Conseil n’est pas favorable Ă  une rĂ©ponse par voie d’étiquetage en ce qui concerne le respect de l’interdiction d’utilisation des farines animales puisqu’en principe il n’entre plus de farines animales dans l’alimentation d’aucun animal terrestre. En revanche, il en va diffĂ©remment pour les OGM puisque l’alimentation des animaux peut en contenir ou non. Le Conseil est sensible aux arguments de certains Ă©leveurs de bovins allaitants qui indiquent qu’il est actuellement techniquement possible, dans des contextes locaux, de procĂ©der Ă  des substitutions entre des espĂšces vĂ©gĂ©tales potentiellement OGM et des espĂšces pour lesquelles aucun OGM n’est autorisĂ© Ă  la mise sur le marchĂ©. Le Conseil souligne en revanche que cette possibilitĂ© ne doit pas ĂȘtre Ă  l’origine d’un raisonnement global pour toutes les espĂšces animales et qu’elle n’a de sens que dans un contexte oĂč la substitution ne porte que sur une sĂ©rie trĂšs restreinte d’espĂšces vĂ©gĂ©tales. A cette condition, le CNA estime que pour les bovins Ă©levĂ©s dans ces conditions trĂšs spĂ©cifiques avec par exemple une substitution du tourteau de soja par des fĂ©veroles, des lupins ou d’autres protĂ©agineux, l’allĂ©gation animal nourri avec des espĂšces vĂ©gĂ©tales ne comprenant aucune variĂ©tĂ© OGM autorisĂ©e » n’aurait pas un caractĂšre trompeur. Ce type de mention pourrait concerner indiffĂ©remment les animaux, qu’ils soient ou non placĂ©s sous signe officiel de qualitĂ©, sur la base d’un cahier des charges simple agréé par les pouvoirs publics et contrĂŽlĂ© par un organisme tiers indĂ©pendant. Le Conseil rappelle toutefois que l’usage des allĂ©gations nĂ©gatives doit demeurer l’exception. Pour mieux prendre en compte les attentes des consommateurs 4. DĂšs lors que les questions relatives Ă  la rĂ©assurance des consommateurs ont Ă©tĂ© prises en compte, le CNA estime que la qualitĂ© objective des produits d’une filiĂšre est un argument dĂ©terminant pour que les consommateurs puissent retirer une satisfaction des produits consommĂ©s et renouveler leur acte d’achat. Il consacrera une rĂ©flexion prochaine Ă  la rĂ©ciprocitĂ© et Ă  la reconnaissance des niveaux d’exigence en ce qui concerne la qualitĂ©, notamment entre les produits nationaux et les produits importĂ©s. Le Conseil constate que les signes officiels de qualitĂ© connaissent un essor inĂ©gal dans la filiĂšre bovine Label et CCP alors mĂȘme que les modes de production traditionnels qui pourraient satisfaire aux conditions requises sont trĂšs rĂ©pandus. Il constate que d’autres filiĂšres semblent en avoir tirĂ© d’avantage partie et considĂšre que la filiĂšre bovine pourrait probablement mieux s’organiser pour amĂ©liorer leur dĂ©veloppement. Le Conseil est par ailleurs favorable Ă  la dĂ©finition d’une qualitĂ© seuil qui pourrait par exemple conduire dans la filiĂšre bovine Ă  ce qu’aucun animal non tari ou non engraissĂ© ne puisse ĂȘtre destinĂ© Ă  la vente sous forme de viande piĂ©cĂ©e, non pour des raisons sanitaires, mais pour satisfaire Ă  une qualitĂ© seuil. Le Conseil estime qu’il est de l’intĂ©rĂȘt de la filiĂšre bovine de dĂ©finir une qualitĂ© seuil, non seulement au niveau de l’interprofession, mais dans un cadre associant tous les maillons de l’amont Ă  la consommation et avec l’objectif de rehausser les niveaux d’exigences qualitatifs pour les viandes destinĂ©es Ă  une consommation sous forme piĂ©cĂ©e. Ces exigences pourraient concerner la conformation, l’état d’engraissement, le poids de carcasse d’un animal adulte rĂ©formĂ© ou tout autre critĂšre pertinent Ă  partir desquels la dĂ©finition de seuils peut conduire Ă  un socle commun de qualitĂ© reconnue. Le Conseil estime que la profession devrait prendre l’initiative d’un travail technique qui servirait de support Ă  une concertation aussi large que possible, avec au moins des reprĂ©sentants de tous les collĂšges constitutifs du CNA, et ce pour qu’une qualitĂ© seuil, nĂ©gociĂ©e et arbitrĂ©e collectivement, soit dĂ©finie dans des dĂ©lais aussi brefs que possible. Le Conseil estime en outre que les pouvoirs publics devraient ĂȘtre sensibles Ă  cette nĂ©cessitĂ© d’une qualitĂ© seuil lorsqu’ils envisagent des mesures d’assainissement du marchĂ©. 5. En ce qui concerne l’étiquetage de la viande bovine, le Conseil regrette que diverses mentions soient confondues, qu’elles aient ou non une utilitĂ© pour le consommateur au moment de l’acte d’achat. Les initiatives qui ont Ă©tĂ© portĂ©es Ă  sa connaissance et qui visent Ă  regrouper les Ă©lĂ©ments relatifs Ă  l’origine, Ă  la catĂ©gorie, au type racial et Ă©ventuellement au mode d’élevage ou d’alimentation, doivent ĂȘtre encouragĂ©es dans la mesure oĂč les consommateurs n’ont que peu de temps Ă  consacrer Ă  l’acte d’achat. Le Conseil estime que pour ĂȘtre utilisĂ©es, ces indications doivent apparaĂźtre en caractĂšres de taille suffisante et ĂȘtre parfaitement lisibles. 6. A partir du 1er janvier 2002, une information complĂšte sur l’origine des bovins comprenant le lieu de naissance et d’élevage ainsi que les sites d’abattage et de dĂ©coupe sera exigĂ©e. Mais Ă  cet horizon, l’indication du type de l’animal et de sa catĂ©gorie, imposĂ©e jusqu’ici en France et qui rĂ©pond Ă  des attentes fortes des consommateurs, ne le sera plus et relĂšvera du seul domaine volontaire. Compte tenu de l’évolution du contexte enregistrĂ©e depuis le 17 juillet 2000, date de l’adoption du rĂšglement communautaire, le CNA estime qu’une rĂ©ouverture des nĂ©gociations communautaires est souhaitable pour gĂ©nĂ©raliser, dans un cadre europĂ©en, des mentions prĂ©cieuses pour le rĂ©tablissement de la confiance, notamment des mentions relatives au type de l’animal et Ă  sa catĂ©gorie. 7. Sur la base du dispositif existant, le Conseil considĂšre qu’il est possible de faire un meilleur usage du code racial figurant sur le DAB qui aboutirait, dans le cadre d’un cahier des charges simple, Ă  dĂ©cliner plus souvent l’information sur le type racial, ce qui est apparu comme une demande forte des consommateurs. En effet, il est possible dans un grand nombre de cas de mentionner en toute lettre sur l’étiquette la race qui est codifiĂ©e sur le DAB, ce qui pourrait s’avĂ©rer trĂšs profitable Ă  la filiĂšre bovine, compte tenu du nombre de races traditionnelles en France et de l’attachement spĂ©cifique d’un grand nombre de consommateurs aux races bovines qui symbolisent le plus souvent une rĂ©gion ou une contrĂ©e. 8. D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le Conseil manifeste sa prĂ©fĂ©rence pour un systĂšme souple relevant strictement du domaine volontaire pour faire mention du mode d’élevage et d’alimentation des bovins. Il considĂšre qu’il n’y a pas lieu de prendre des dispositions Ă  caractĂšre obligatoire. Le CNA estime que les deux possibilitĂ©s retenues par la France pour recourir Ă  des mentions facultatives dans l’étiquetage des viandes bovines restreignent les possibilitĂ©s d’utilisation du cahier des charges simple qui ne peut principalement porter que sur des informations contenues dans le DAB. Il suggĂšre que les possibilitĂ©s de recours Ă  ce type de cahiers des charges soient facilitĂ©es de sorte que les produits hors SOQ puissent dĂ©velopper des allĂ©gations sur les modes d’élevage et d’alimentation dans le cadre d’un cahier des charges approuvĂ© par les pouvoirs publics et contrĂŽlĂ© par un organisme tiers indĂ©pendant. Les membres du Conseil estiment que, dans cet objectif, un travail technique qui servirait de support Ă  une concertation aussi large que possible, avec au moins des reprĂ©sentants de tous les collĂšges constitutifs du CNA, devrait ĂȘtre entrepris, dans des dĂ©lais courts, pour dĂ©finir les allĂ©gations sur les modes d’élevage sans incidence sur la qualitĂ© substantielle des produits qui pourraient ĂȘtre communiquĂ©es hors SOQ et contrĂŽlĂ©es par un organisme tiers indĂ©pendant cf. note 7 . Ce travail devra prendre en compte les possibilitĂ©s de confusion entre la communication sur les produits hors SOQ et ceux sous signe officiel de qualitĂ©, et proposer des stratĂ©gies pour les prĂ©venir. 9. En ce qui concerne spĂ©cifiquement la filiĂšre avicole, le CNA a pris bonne note que le profil des tissus animaux est fortement corrĂ©lĂ© au profil de la ration alimentaire et que dans certains cas, cela peut prĂ©senter un intĂ©rĂȘt particulier en alimentation humaine. S’il prend acte du manque de souplesse du dispositif rĂ©glementaire pour les volailles, le Conseil est favorable Ă  ce que des mentions, portant sur l’intĂ©rĂȘt nutritionnel de certaines volailles ou de leurs produits dĂ©rivĂ©s, soient apposĂ©es dans le cadre de cahiers des charges simples et conformĂ©ment aux obligations du code de la consommation en matiĂšre d’allĂ©gations et de publicitĂ© non trompeuse. Pour faire du goĂ»t un Ă©lĂ©ment moteur du marchĂ© des denrĂ©es alimentaires 10. Le Conseil prend acte que le soin apportĂ© Ă  la finition des bovins influence incontestablement les qualitĂ©s biochimiques du muscle et de ce fait, les qualitĂ©s sensorielles des viandes. Ce soin concerne le rythme, donc la durĂ©e, et l’état final d’engraissement. Le Conseil prend acte que l’absence d’engraissement ne permet pas d’obtenir des viandes piĂ©cĂ©es de qualitĂ© et que les zootechniciens sont Ă  mĂȘme, sur la base d’un Ăąge d’abattage thĂ©orique, du sexe et du type racial de l’animal, de prĂ©ciser les rythmes et durĂ©es d’engraissement optimum. Le Conseil estime qu’un animal ayant Ă©tĂ© engraissĂ© dans les rĂšgles de l’art doit pouvoir donner Ă  l’éleveur la possibilitĂ© de valoriser la contribution qu’il aura apportĂ©e Ă  l’obtention d’une viande de bonne qualitĂ©. Des mentions du type rythme et durĂ©e d’engraissement optimisĂ©s » devraient pouvoir figurer sur l’étiquette. Le Conseil est toutefois conscient que des campagnes d’information seront nĂ©cessaires pour que les consommateurs puissent tirer profit de ce type de mentions et l’interprĂ©ter sans biais. 11. Le Conseil prend acte que la phase de maturation des carcasses de bovins est primordiale pour la qualitĂ© de la viande. Il estime que la fixation de durĂ©es optimales de maturation en fonction du type et des caractĂ©ristiques des animaux abattus pourrait ĂȘtre demandĂ©e aux zootechniciens de sorte que l’interprofession puisse en gĂ©nĂ©raliser l’usage. Le Conseil recommande Ă  la filiĂšre bovine de l’insĂ©rer notamment dans le guide de bonnes pratiques de la filiĂšre. Les durĂ©es de maturation ne seraient ainsi plus Ă©tablies forfaitairement mais en fonction des particularitĂ©s de chaque carcasse pour en optimiser les effets. En outre, le Conseil est favorable Ă  l’apposition de mentions du type viande Ă  maturation optimale » ; maturation garantie » ; viande soigneusement maturĂ©e » ; etc., pour les opĂ©rateurs qui se seront donnĂ© pour contrainte de respecter les durĂ©es recommandĂ©es. Le CNA est conscient qu’une information gĂ©nĂ©rale est nĂ©cessaire pour expliquer au public la maturation et son influence positive sur la qualitĂ© sensorielle des viandes. 12. En ce qui concerne la filiĂšre avicole, le Conseil constate que les orientations donnĂ©es par le rĂšglement communautaire et l’interprĂ©tation qui en est faite par la France, ont conduit Ă  rĂ©server un certain nombre de modes d’élevage et d’alimentation, et l’emploi des mentions correspondantes, comme le terme fermier » aux seuls SOQ. Cette orientation peut rencontrer certaines limites, en ce sens que pour ĂȘtre convenablement valorisĂ©e, l’offre de produits sous SOQ et l’offre de produits standards doivent coexister. Le Conseil considĂšre que la possibilitĂ© entrouverte » par la rĂ©glementation nationale de permettre aux produits standards d’allĂ©guer sur le mode d’alimentation devrait ĂȘtre mieux mise en Ɠuvre et que le dĂ©cret prĂ©vu Ă  cette fin soit publiĂ©. Il souhaite que l’accĂšs Ă  la certification de conformitĂ© soit rendu plus souple et plus rapide pour la communication sur les modes d’élevage. Il reste au demeurant souhaitable que les allĂ©gations sur l’alimentation et la nutrition pour des produits hors SOQ puissent s’appuyer sur un contrĂŽle par tierce partie. A N N E X E Participants au groupe de travail du CNA sur la traçabilitĂ© des denrĂ©es alimentaires PrĂ©sidence M. Falconnet ANIA ; Mme Guillon UFCS ; RĂ©dacteurs M. Nairaud ; Mlle Suberville ; CollĂšge consommateur Mme Barcelo ORGECO ; Mme Menigot CNAFAL ; Mme Rache INDECOSA-CGT ; M. Chouleur ADEIC ; M. Rodriguez CSF ; M. du Sablon ORGECO ; CollĂšge production Mme Langhade APCA ; Mme Nicolas FNSEA ; M. Marteau FNSEA ; CollĂšge restauration Mme Sacquet SNERRS ; M. Bellisson UMIH ; M. Germain CCC ; CollĂšge transformation Mme Bricard CGAD ; Mme Castet CFCA ; Mme Hernot FIA ; Melle Peyruchaud ANIA ; M. Baldo FIA ; M. Bessemoulin CFCA ; M. Coutrel ANIA ; M. Kozlovsky CFCA ; CollĂšge distribution Mme Quentel FCD ; M. Dubern FCD ; M. Hudelist FCD ; M. Rogge FCD ; ReprĂ©sentants des administrations Mme Gatinois DPEI ; Mme Molinier DPEI ; M. Arrambourg DPEI ; PersonnalitĂ©s invitĂ©es Mme Daniel CFBCT ; Mme Dunoyer SNIA ; Mme Focque CERQUA ; Mme Magdelaine ITAVI ; Mme Taillard GENCOD-EAN France ; M. Agabriel INRA ; M. Chapelle FNB ; M. Debrincat CERQUA ; M. Juin INRA ; M. Lucbert Institut de l’Elevage ; M. Micol INRA ; M. Montecot SNIA ; M. Morand INTERBEV ; M. Orenga CIV ; M. Salomon EcoSys International ; Cet avis a Ă©tĂ© adoptĂ©, le 20 novembre 2001, Ă  l’unanimitĂ© des membres prĂ©sents ou reprĂ©sentĂ©s moins quatre abstentions Mmes Drouelle et Fillaud, MM. Allain et Laborde. Le CNA est une instance consultative indĂ©pendante. Le Conseil national de l’alimentation CNA est consultĂ© par les ministres en charge de l’agriculture, de la santĂ© et de la consommation, sur la dĂ©finition de la politique alimentaire » française. Il peut, en particulier, ĂȘtre interrogĂ© sur l’adaptation de la consommation aux besoins nutritionnels, la sĂ©curitĂ© alimentaire des consommateurs, la qualitĂ© des denrĂ©es alimentaires, l’information des consommateurs ». Il peut s’autosaisir. Le CNA reprĂ©sente toute la chaĂźne alimentaire ». Le CNA est composĂ© de 47 membres reprĂ©sentant toutes les composantes de la chaĂźne alimentaire » et de la sociĂ©tĂ© civile associations de consommateurs et d’usagers 9 membres, producteurs agricoles 9 membres, transformation et artisanat 9 membres, distribution 3 membres, restauration 6 membres, syndicats des salariĂ©s de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la distribution 5 membres, personnalitĂ©s scientifiques qualifiĂ©es 6 membres, reprĂ©sentants des ministĂšres techniques concernĂ©s et de l’AFSSA qui participent aux dĂ©bats avec voix consultative. Le CNA Ă©met des avis et recommandations. DĂšs qu’il est saisi d’une question par les pouvoirs publics ou par son prĂ©sident, le CNA, qui tient des rĂ©unions plĂ©niĂšres environ tous les deux mois, constitue un groupe de travail prĂ©sidĂ© par l’un de ses membres. Le rapporteur est un membre du CNA ou une personnalitĂ© extĂ©rieure. Le groupe, qui doit ĂȘtre composĂ© de personnes aux sensibilitĂ©s diffĂ©rentes » se rĂ©unit alors rĂ©guliĂšrement pour prĂ©parer un rapport et un projet d’avis. Ce texte, si possible longuement rĂ©flĂ©chi » et consensuel » est ensuite soumis Ă  la formation plĂ©niĂšre du CNA. NOTE S 1 Sont considĂ©rĂ©s comme signes officiels de qualitĂ© les appellations d’origine, les labels, les produits de l’agriculture biologique, les produits certifiĂ©s. 2 Les Français, la qualitĂ© et la sĂ©curitĂ© des aliments. - Une Ă©tude IPSOS pour les Ă©tats gĂ©nĂ©raux de l’alimentation, octobre 2000. Ce sondage est cependant antĂ©rieur Ă  la crise de l’ESB survenue en novembre 2000. 3 Ces donnĂ©es proviennent de l’enquĂȘte INCA enquĂȘte nationale sur les consommations individuelles communiquĂ©e par l’AFSSA en dĂ©cembre 2000. 4 EnquĂȘte CAF 2000. 5 Domaine ou cadre volontaire mĂ©canisme consistant Ă  crĂ©er une discipline professionnelle fondĂ©e sur le principe d’une adhĂ©sion volontaire Ă  un ensemble de rĂšgles communes et non sur des mesures coercitives. 6 Femelle tarie femelle pour laquelle, au terme d’une pĂ©riode de production laitiĂšre ou d’allaitement, aucune sĂ©crĂ©tion des glandes mammaires n’est plus observĂ©e. 7 Au cours des travaux du Conseil ont Ă©tĂ© notamment Ă©voquĂ©es des mentions portant sur le taux de fourrage de la ration alimentaire de l’animal, sur l’utilisation d’ensilage ou sur celle de fourrages secs. © MinistÚre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie - DGCCRF - 23 janvier 2002
Masqueschirurgicaux: La dĂ©contamination par enveloppe possible Des chercheurs bĂ©nĂ©voles rassemblĂ©s dans le collectif AdiosCorona prĂŽnent la rĂ©utilisation des masques chirurgicaux aprĂšs quelques jours de stockage dans des enveloppes. Explications. Économique et Ă©cologique : la mĂ©thode de rĂ©utilisation des masques chirurgicaux conseillĂ©e par le collectif scientifique
TOME SECOND Volume 2 SOMMAIRE DES AUDITIONS retour au sommaire gĂ©nĂ©ral des auditions Les auditions sont prĂ©sentĂ©es dans l'ordre chronologique des sĂ©ances tenues par la mission d'information la date de l'audition figure ci-dessous entre parenthĂšses Pages __ M. Louis de NEUVILLE, prĂ©sident de l'Union nationale des livres gĂ©nĂ©alogiques mercredi 17 juillet 1996. 235 __ M. Bernard TERRAND, prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration nationale des groupements de dĂ©fense sanitaire du bĂ©tail FNGDSB mercredi 17 juillet 1996. 246 __ Mme Marie-JosĂ© NICOLI, prĂ©sident de l'Union fĂ©dĂ©rale des consommateurs UFC mercredi 17 juillet 1996. 255 __ M. Yves MONTÉCOT, prĂ©sident du Syndicat national des industriels de la nutrition animale mercredi 4 septembre 1996. 265 __ M. Jacques CHESNAUD, prĂ©sident de la ConfĂ©dĂ©ration française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs mercredi 4 septembre 1996. 282 __ M. William DAB, professeur Ă  l'Ă©cole nationale de santĂ© publique mercredi 4 septembre 1996. 299 __ M. Jean-François GIRARD, directeur gĂ©nĂ©ral de la santĂ© mercredi 4 septembre 1996. 308 __ M. Pierre-Mathieu DUHAMEL, directeur gĂ©nĂ©ral des douanes et droits indirects mercredi 4 septembre 1996. 322 __ MM. Christian BARTHOLUS et Jacques PUJOL, respectivement prĂ©sident et secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la FĂ©dĂ©ration nationale des exploitants d'abattoirs prestataires de services FNEAPS mercredi 4 septembre 1996. 333 __ MM. Philippe GROJEAN et Michel BOLZINGER, respectivement prĂ©sident et vĂ©tĂ©rinaire-export de la chambre syndicale de la boyauderie française, accompagnĂ©s de M. Christian PEIGNON, prĂ©sident directeur gĂ©nĂ©ral de la SARL Peignon et fils mardi 10 septembre 1996. 347 __ M. Christian BABUSIAUX, directeur gĂ©nĂ©ral de la concurrence, de la consommation et la rĂ©pression des fraudes mardi 10 septembre 1996. 357 __ M. Louis ORENGA, directeur du Centre d'information des viandes mardi 10 septembre 1996. 370 __ M. Patrick LAGADEC, chercheur Ă  l'École Polytechnique mardi 10 septembre 1996. 383 __ M. Jacques BARRIERE, prĂ©sident du Syndicat national des vĂ©tĂ©rinaires-inspecteurs du ministĂšre de l'agriculture mardi 10 septembre 1996. 400 __ M. Michel TEYSSEDOU, prĂ©sident de la Chambre d'agriculture du Cantal mardi 10 septembre 1996. 412 __ MM. GĂ©rard CHAPPERT et Alain GAIGNEROT, respectivement prĂ©sident et directeur du MODEF mercredi 11 septembre 1996. 426 __ M. Philippe GUÉRIN, directeur gĂ©nĂ©ral de l'alimentation au ministĂšre de l'agriculture mercredi 11 septembre 1996. 435 __ M. Thierry BARON, chef de l'unitĂ© virologie agent transmissible non conventionnel » au Centre national d'Ă©tudes vĂ©tĂ©rinaires et alimentaires CNEVA mercredi 11 septembre 1996. 447 __ M. Michel BARNIER, ministre dĂ©lĂ©guĂ© aux affaires europĂ©ennes mercredi 11 septembre 1996. 456 Audition de M. Louis de NEUVILLE prĂ©sident de l'Union nationale des livres gĂ©nĂ©alogiques extrait du procĂšs-verbal de la deuxiĂšme sĂ©ance du 17 juillet 1996 PrĂ©sidence de Mme Evelyne GUILHEM, PrĂ©sident M. Louis DE NEUVILLE Je vais d'abord vous prĂ©senter l'Union nationale des livres gĂ©nĂ©alogiques que je prĂ©side. Dans le patrimoine français, il y a non seulement des exploitants et des exploitations, mais Ă©galement des races. Pour me faire mieux comprendre, je vais vous parler de la premiĂšre race française, qui est la race charolaise. Depuis trĂšs longtemps, la race charolaise a Ă©tĂ© identifiĂ©e par les AmĂ©ricains et beaucoup d'autres Ă  travers le monde comme Ă©tant une race Ă  viande qui a marquĂ© d'une pierre blanche la production de viande dans le monde. Si le XIXe siĂšcle a Ă©tĂ© le siĂšcle de la production Ă  partir des races anglaises, le XXe siĂšcle a Ă©tĂ© celui d'une production non diffĂ©renciĂ©e, depuis que les dĂ©couvertes de Mendel sur le phĂ©nomĂšne de vigueur hybride - connu par le biais de tous les vĂ©gĂ©taux - ont mis au second plan les races, car elles ont permis une production quantitativement importante. Il est d'ailleurs bien normal qu'en temps de guerre, on massifie la production, ce qui diminue l'importance de l'Ă©leveur. DĂšs lors, le roi de l'Ă©levage n'a plus Ă©tĂ© l'Ă©leveur, mais le crayon. Ce n'est qu'en cette fin de siĂšcle que nous revenons Ă  une notion de race qui Ă©tait extrĂȘmement commune au XIXe siĂšcle, car nous constatons qu'un certain nombre de besoins ne sont pas satisfaits sur le plan qualitatif. La technologie ne peut pas ĂȘtre un substitut Ă  tout. L'Union nationale des livres gĂ©nĂ©alogiques est une instance professionnelle de concertation qui a Ă©tĂ© créée en 1959, Ă  la suite d'un comitĂ© spĂ©cialisĂ© qui avait Ă©tĂ© instituĂ© par le ministĂšre de l'agriculture en 1946. Aux termes d'une convention signĂ©e avec le ministĂšre de l'agriculture, les principales missions de l'UNLG sont de concerter l'ensemble des races et des espĂšces françaises autour de la crĂ©ation et du progrĂšs gĂ©nĂ©tique attendu par les utilisateurs des animaux et des produits, de gĂ©rer et de valoriser la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique du cheptel national, d'amĂ©liorer l'efficacitĂ© de la gĂ©nĂ©tique dans les filiĂšres animales françaises aux plans intĂ©rieur et extĂ©rieur pour les races bovines, ovines, chevalines, caprines, porcines et canines. La sociĂ©tĂ© centrale canine, qui regroupe actuellement 250 races de chiens, fait ainsi partie de l'UNLG. Tous les chiens, les chats, les chevaux ou les bovins d'une race dĂ©terminĂ©e sont regroupĂ©s dans une fĂ©dĂ©ration d'espĂšce et ont un livre gĂ©nĂ©alogique, seuls les chevaux de sang faisant bande Ă  part, si je puis dire. La fĂ©dĂ©ration dont je suis le prĂ©sident regroupe les livres de toutes les races bovines, des quarante-deux races ovines, des races canines, etc. C'est un Ă©lĂ©ment essentiel du patrimoine français. Comme je l'ai dit tout Ă  l'heure, le charolais a rĂ©volutionnĂ© la production de viande dans le monde puisqu'il a ouvert la voie Ă  la race limousine, puis Ă  la race blonde d'Aquitaine. Toutes nos races laitiĂšres Ă©taient nulles jusqu'Ă  ce que la loi sur l'Ă©levage adoptĂ©e en 1966 permette de faire de la gĂ©nĂ©tique française un produit tout Ă  fait particulier et leader sur le marchĂ© mondial. Ainsi, parmi les dix meilleurs taureaux mondiaux, trois sont français. Avant d'aborder le sujet qui nous intĂ©resse plus particuliĂšrement aujourd'hui, je tiens Ă  prĂ©ciser que je suis connu pour dire ce que je pense, ce qui n'est pas forcĂ©ment ce que tout le monde pense. Je vais continuer dans cette voie. Certes, nous sommes actuellement dans une mouise Ă©pouvantable, mais personnellement, je souhaiterais que l'on s'attache davantage aux aspects positifs de la situation qu'Ă  ses aspects nĂ©gatifs, mĂȘme si Ă©videmment ces derniers ne doivent pas ĂȘtre nĂ©gligĂ©s car c'est notre vie de paysan qui est en cause - j'ai moi-mĂȘme une exploitation qui compte cent vaches de race spĂ©cialisĂ©e Ă  viande -, mais d'autres le font beaucoup mieux que moi, notamment le syndicalisme agricole. L'encĂ©phalopathie spongiforme bovine est le rĂ©vĂ©lateur, au sens photographique du terme, d'un excĂ©dent structurel qui nous aurait conduits dans deux ans Ă  une surproduction, laquelle n'est pas due, comme par le passĂ©, Ă  des excĂ©dents de production mais Ă  une sous-consommation. C'est le cas non seulement en France mais aussi dans le reste du monde, Ă  l'exception de la Chine qui voit l'Ă©mergence d'une classe moyenne qui a envie de manger autre chose que du canard, du poulet ou du porc. Nous devons donc faire face Ă  la fois Ă  un problĂšme circonstanciel et Ă  un problĂšme de fond. Celui-ci a Ă©tĂ© cachĂ© jusqu'Ă  prĂ©sent pour une raison simple on a mal rĂ©solu le problĂšme du lait avec l'instauration des quotas dans le sens oĂč l'on s'est intĂ©ressĂ© Ă  la restructuration de l'Ă©levage, sans se prĂ©occuper de celle du troupeau. En outre, Bruxelles ayant un talent particulier pour Ă©dicter des choses Ă  la fois simples et compliquĂ©es, on crĂ©e des inflexibilitĂ©s qui n'arrangent pas la situation. Ainsi, des primes ont Ă©tĂ© créées en 1993 et en 1994, alors qu'on Ă©tait en bas de cycle. De sorte qu'aujourd'hui on accumule les vaches nourrices, puisque le cycle reprend dans une pĂ©riode de sous-consommation, c'est-Ă -dire que tout se ligue pour que les choses n'aillent pas. Pour vous donner une idĂ©e de l'ampleur du problĂšme, on compte aujourd'hui environ vingt six millions d'animaux produisant de la viande et, Ă  cheptel constant, on enregistre un excĂ©dent d'un million de tonnes. Le calcul est simple sur 1,8 million de tonnes de viande produites, on va perdre quatre francs par kilo, soit sept milliards de francs. AjoutĂ©s aux trois milliards de francs prĂ©vus pour la rĂ©forme de l'armĂ©e, nous nous interrogeons sur la façon dont le Gouvernement va trouver cet argent et nous ne cachons pas notre inquiĂ©tude. Cela Ă©tant, je voudrais vous soumettre un certain nombre de rĂ©flexions. Je suis Ă©tonnĂ© que l'on considĂšre le problĂšme en opposant le cheptel laitier et le cheptel allaitant. Je m'explique il y a effectivement une rivalitĂ©. On entend parler de la solution immĂ©diate qui consiste Ă  tuer les veaux laitiers pendant trois ans. Aujourd'hui, les associations protectrices des animaux ne poseront pas de problĂšme parce qu'il s'agit d'une question de santĂ©, mais l'annĂ©e prochaine ou dans trois ans, il n'en sera peut-ĂȘtre pas de mĂȘme. C'est donc une solution qui n'en est pas une. Il existe en fait une solidaritĂ© entre le cheptel laitier et le cheptel allaitant et peut-ĂȘtre faudrait-il, tout au moins le souhaitons-nous, que le cheptel laitier utilise ses capacitĂ©s de production au profit de veaux de races allaitantes, qui produisent un certain type de viande qui a des dĂ©bouchĂ©s que d'autres n'ont pas. Ce qui, par contre, pourrait ĂȘtre rĂ©alisĂ© avec grand bĂ©nĂ©fice serait une certaine territorialisation » de notre territoire. Nul doute que certains d'entre vous sont au courant d'une enquĂȘte sur le problĂšme de l'eau qui a Ă©tĂ© faite dans 94 bassins aux USA et qui montre d'une façon particuliĂšrement claire que la seule solution, d'une part au maintien de l'Ă©tiage des nappes phrĂ©atiques, d'autre part des riviĂšres venant des montagnes, c'est la prairie pĂąturĂ©e. Certains pensent que, aprĂšs tout, si on replantait le Massif central, ce ne serait pas terrible. Eh bien, si, ce serait terrible en ce qui concerne le rĂ©gime de l'eau. Car de ce point de vue, la forĂȘt est pire que la prairie et la prairie non pĂąturĂ©e est pire que la prairie pĂąturĂ©e qui, elle, est la condition du maintien de cet Ă©quilibre gĂ©nĂ©ral. Et c'est lĂ  que le Massif central se diffĂ©rencie de la Bretagne. Ce n'est donc pas le laitier ou l'engraisseur breton qui se distingue de l'Ă©leveur de vaches allaitantes du Centre, c'est bien le territoire. Cela paraĂźt ĂȘtre trĂšs loin de l'encĂ©phalopathie spongiforme, mais il faut partir de loin si l'on veut Ă©viter de se cantonner aux solutions circonstancielles. Par consĂ©quent, il me paraĂźtrait relativement intĂ©ressant de relier nos problĂšmes actuels au problĂšme de fond de la territorialisation de notre territoire en matiĂšre de production de viande. Par ailleurs, je ne crois pas, au contraire d'un grand nombre de mes collĂšgues, que le phĂ©nomĂšne actuel de sous-consommation soit totalement irrĂ©versible. Il l'est dans sa tendance. Il est vrai que le taux de consommation de viande par habitant diminuera au cours des annĂ©es Ă  venir. Ce qui, en revanche, ne me semble pas irrĂ©versible, c'est l'ampleur de la diminution actuelle, que l'on peut Ă©valuer Ă  environ 15 %. La clĂ© de la rĂ©versibilitĂ© de cette tendance est liĂ©e au fait que le consommateur souhaite qu'on lui dise que des contrĂŽles ont Ă©tĂ© effectuĂ©s et que l'on peut trouver tel produit sain Ă  tel endroit. Or aujourd'hui, dans le domaine des hormones, par exemple - je m'Ă©carte du sujet un instant, mais il sera Ă  l'ordre du jour quand les AmĂ©ricains vont attaquer, au mois de septembre ou d'octobre -, il est frappant que l'on en soit encore aux analyses d'urines. Or, chacun sait comment il faut s'y prendre avant une analyse d'urines pour que le rĂ©sultat en soit nĂ©gatif. Et quand des contrĂŽles sont effectuĂ©s lors des foires, nous le savons ! Le problĂšme, c'est que si les analyses sont bonnes, ce ne sont pas ceux qui font les analyses qui ont fait les prĂ©lĂšvements. Personne n'a l'air de savoir qu'il existe depuis de nombreuses annĂ©es le diagnostic foliaire pour les vĂ©gĂ©taux. Aujourd'hui, le poil d'un animal est une preuve irrĂ©futable de la prĂ©sence d'hormones ou pas. Aucun laboratoire français ne s'en prĂ©occupe, alors que c'est fondamental ! AprĂšs cela, on pourrait dire Ă  tout le monde, et mĂȘme aux AmĂ©ricains, que nous n'avons plus de problĂšmes, parce qu'on a le moyen de savoir que telle bĂȘte est shootĂ©e » et que telle autre ne l'est pas ! Puis on laissera le consommateur choisir. Et vous verrez comment il choisira ! C'est la mĂȘme chose pour ce qui concerne la viande en gĂ©nĂ©ral. Il existe des diffĂ©rences notables entre les viandes, en dĂ©pit de ce que disent la plupart des gens. Aujourd'hui, 95 % des gens vous disent qu'il n'y en a pas. Nous avons fait des analyses, nous savons que des diffĂ©rences existent, nous savons que des satellites de l'ADN permettent Ă  des marqueurs de savoir que telle viande est de la charolaise ou que telle autre est de la pie noire. Mais ces rĂ©sultats restent planquĂ©s dans tel IUT d'une obscure ville de province parce que, quand on demande les deux millions de francs nĂ©cessaires pour mettre au point l'analyse qui permettra Ă  coup sĂ»r de dĂ©tecter la fraude de tel ou tel, on nous rĂ©pond non ! Cela n'intĂ©resse pas ! Je suis content Ă  la limite que cette encĂ©phalopathie spongiforme nous oblige Ă  prendre le taureau par les cornes sur ce sujet car le produit viande n'est pas unique il y a le produit viande conviviale et la protĂ©ine carnĂ©e. La protĂ©ine carnĂ©e, certes, est intĂ©ressante elle est facilement digestible, elle contient du zinc, du fer, peu de graisse. Mais elle reste une protĂ©ine carnĂ©e industrielle ! La viande conviviale, c'est tout Ă  fait autre chose. Elle prĂ©sente les mĂȘmes caractĂ©ristiques et les mĂȘmes avantages, mais elle a en plus tout ce qui fait sa convivialitĂ©, c'est-Ă -dire notamment de l'Ă©paisseur et une structure graisseuse distribuĂ©e de façon diffĂ©rente. Il faudra se rĂ©signer Ă  convenir qu'il y a de la viande qui coĂ»te cher et qui n'est destinĂ©e qu'Ă  30 % de la population. Cela n'a rien Ă  voir avec le niveau de vie de l'acheteur. Il y a des gens pauvres qui achĂštent de l'excellente viande, ils le font seulement moins souvent que ceux qui ont des moyens supĂ©rieurs. Alors, je vous en prie, vous, mesdames et messieurs les parlementaires, ne vous enfermez pas dans une dialectique passĂ©iste ! J'oserai ajouter d'ailleurs que cette crise est tellement exceptionnelle qu'elle ne peut pas ĂȘtre rĂ©solue par les structures actuelles. Et si nous ne faisons pas appel Ă  des lumiĂšres extĂ©rieures au syndicalisme, nous aurons manquĂ© notre vocation. Il n'y a qu'un seul corps qui peut le faire, c'est vous ! Mais il faut que vous ayez de l'audace. Si vous vous contentez d'Ă©couter le choeur des pleureuses, dont je fais partie - je ne me dĂ©solidarise de rien -, vous n'aurez fait qu'un petit pas, que j'appellerais Ă©lectoral. Pardonnez-moi, mais il existe un problĂšme de fond dont il faut se saisir. La solution passe par la segmentation du marchĂ©. La viande ne peut pas rester le dernier marchĂ© non segmentĂ©. AprĂšs le whisky, le chocolat, le beurre, tous les produits alimentaires, la viande est le dernier des marchĂ©s non segmentĂ©s. Il va se segmenter, c'est une loi fondamentale. Ma troisiĂšme rĂ©flexion consiste Ă  dire qu'aujourd'hui est peut-ĂȘtre venue la grande chance des bouchers. Les bouchers ne sont plus les dĂ©coupeurs de viande qu'ils Ă©taient, ils sont devenus dans la plupart des cas des nĂ©gociants en piĂšces de viande. Il faudrait donc peut-ĂȘtre profiter de la crise actuelle pour envisager une action de formation conjuguĂ©e avec la profession de la boucherie française. Il me semble qu'aujourd'hui - et c'est quelqu'un qui a fait un peu plus de cinquante fois le tour du monde qui vous le dit - notre pays a une vocation singuliĂšre qui est celle de rĂ©introduire du qualitatif dans le quantitatif mondial. Ce n'est pas l'Angleterre, l'Allemagne, les Etats-Unis, l'AmĂ©rique du Sud, l'Australie ni la Chine qui peuvent le faire ! Seule la France est dĂ©positaire d'une histoire et d'un savoir-faire qui lui permettent de jouer un rĂŽle fondamental. Je n'hĂ©site pas Ă  le dire, nous pouvons devenir la nation semenciĂšre de l'univers. C'est en ce sens que nous sommes solidaires des cĂ©rĂ©aliers et de toutes les autres professions de l'Ă©levage. Mais cela passe par une restauration des vieux mĂ©tiers que nous savions exercer et par des actions de formation. Mme le PrĂ©sident A crise exceptionnelle, faut-il appliquer des mesures d'exception ? S'agissant de la qualitĂ©, que pourrait-on faire, outre les labels, pour augmenter la consommation de viande de qualitĂ© ? Ne pensez-vous pas qu'une part importante de la population ne pourra jamais acheter une viande Ă  trĂšs haut prix ? Croyez-vous que la qualitĂ© trouvera suffisamment de parts de marchĂ© ? Est-elle vraiment nĂ©cessaire et comment la mettre en place ? M. Louis DE NEUVILLE Dans un premier temps, nous devons bien assimiler le fait que la viande, qui Ă©tait autrefois un produit commun parce qu'il Ă©tait symbolique de force et de virilitĂ©, a complĂštement changĂ© d'image. Elle a actuellement non seulement ses propres substituts au sein des viandes blanches mais Ă©galement des tas d'autres rivaux. Des expĂ©rimentations ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es Ă  travers le monde et je suis en mesure de vous apporter des Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse certains. PremiĂšrement, 70 % de la population n'achĂšte qu'en fonction du prix et 30 % seulement de la population achĂšte en tenant compte d'un ratio qualitĂ©-prix. HĂątivement, on pourrait dire que 70 % de la population n'aura pas accĂšs Ă  une viande dite de qualitĂ© - encore faudrait-il s'entendre sur le terme de qualitĂ© -. Mais si cette population ne prend pas les moyens d'accĂ©der Ă  cette viande, c'est parce qu'elle ne le veut pas. Nous avons fait des expĂ©riences sous toutes les latitudes et notamment au Japon, en Australie, en AmĂ©rique du Nord, dans les pays gros consommateurs de viande d'AmĂ©rique du Sud, mais aussi dans des pays tels que la Pologne ou la RĂ©publique tchĂšque, oĂč le pouvoir d'achat est aujourd'hui trĂšs bas, ainsi qu'en ThaĂŻlande, pays bouddhiste oĂč l'on mange peu de viande. Nous savons que mĂȘme des gens pauvres se rĂ©galent de viande une fois ou l'autre parce qu'ils sont en situation conviviale, Ă  condition qu'ils sachent pourquoi elle est bonne. C'est donc une question de communication. Je sais bien que 99 % d'entre vous ne pensent pas la mĂȘme chose, mais ce n'est pas une raison pour ne pas considĂ©rer que c'est la vĂ©ritĂ©. Nous avons commencĂ© nos expĂ©rimentations en 1973 et nous savons cela depuis 1977. En 1977, Ă  Pompadour, dans le Limousin, un Belge directeur de supermarchĂ©s est venu expliquer aux reprĂ©sentants d'un grand nombre de pays les expĂ©riences que nous avions rĂ©alisĂ©es Ă  Charleroi. Mais les directeurs des chambres d'agriculture ni les parlementaires prĂ©sents de l'Ă©poque n'avaient consenti Ă  Ă©couter ce message. L'Institut national de recherche agronomique vient d'ailleurs de publier une Ă©tude qui dĂ©bouche sur la mĂȘme conclusion, Ă  un chiffre prĂšs j'Ă©value le pourcentage de la population intĂ©ressĂ©e par la qualitĂ© Ă  30 %, alors qu'elle l'Ă©value, dans la situation actuelle, Ă  35 % en France, Ă  20 % en Italie et Ă  10 % en Allemagne. Par consĂ©quent, j'affirme que ce n'est pas un problĂšme de niveau de vie, mais un problĂšme d'attraction pour un produit dĂ©terminĂ© dans un rapport qualitĂ©-prix, mais ce raisonnement ne peut ĂȘtre tenu qu'Ă  condition que l'on admette qu'il y a une segmentation du marchĂ© et que les signes de qualitĂ© existent. Cela nous ramĂšne aux labels qui posent un problĂšme Ă  la fois de communication et de contractualisation. Comme souvent, on a une belle lĂ©gislation, mais on ne prĂ©voit pas le financement. Si bien que les labels ne se sont pas imposĂ©s encore, sauf dans le domaine de le volaille, oĂč il se passe des choses tout Ă  fait intĂ©ressantes aprĂšs ĂȘtre passĂ©s par une phase d'implantation, puis de banalisation, nous sommes maintenant dans une phase de rediffĂ©renciation. Que faudrait-il faire pour faire prendre conscience du fait que la viande peut ĂȘtre un produit de qualitĂ© ? PremiĂšrement, dĂ©velopper ce qui est fait dĂ©jĂ  en corrigeant les erreurs. DeuxiĂšmement, avoir un oeil neuf venant de l'extĂ©rieur. Je vous invite Ă  interroger des reprĂ©sentants d'entreprises telles que L'OrĂ©al ou Shell qui ont dĂ» faire face Ă  des problĂšmes analogues de dĂ©saffection du consommateur ou de disqualification, car c'est le grand mot aujourd'hui. Et aujourd'hui, je n'hĂ©site pas Ă  dire que nous vous faisons courir un grand danger Ă  vous, parlementaires, en vous demandant des crĂ©dits parce que l'opinion, qui disqualifie actuellement les Ă©leveurs, va disqualifier ceux qui viennent Ă  leur secours si on ne prend pas un certain nombre de prĂ©cautions de communication. Je ne dis pas qu'il ne faut pas nous aider, mais qu'il faut veiller Ă  la façon dont nous communiquons. M. le Rapporteur L'Ă©tude des livres gĂ©nĂ©alogiques vous permet-elle de dĂ©duire que tel ou tel facteur gĂ©nĂ©tique prĂ©dispose une race par rapport Ă  une autre Ă  dĂ©velopper l'encĂ©phalopathie spongiforme bovine ? Dans la mesure oĂč la Grande-Bretagne est le pays le plus touchĂ© par cette maladie, vos homologues anglais ont-ils fait des Ă©tudes dans ce domaine ? Pouvez-vous proposer une stratĂ©gie pour tenter de mieux cerner le phĂ©nomĂšne ? M. Louis DE NEUVILLE La rĂ©ponse est oui, puisque nous garantissons les filiations Ă  travers les groupes sanguins et grĂące Ă  des analyses fondĂ©es sur un modĂšle scientifique, de gĂ©nĂ©tique quantitative. Ainsi, pour un bovin, nous disposons aujourd'hui, outre de son identification par son nom et son numĂ©ro de tatouage ou de boucle, de son numĂ©ro de groupe sanguin, c'est-Ă -dire des preuves totalement irrĂ©futables de sa filiation. Par consĂ©quent, nous pourrions remonter cinq gĂ©nĂ©rations en arriĂšre en cas de besoin. Mais nous ne l'avons pas encore fait, faute de moyens financiers. A ma connaissance, l'Angleterre non plus. M. RenĂ© BEAUMONT Je vous remercie de votre discours que je qualifierai de philosophique et d'humaniste et dont la hauteur de vues ne se rencontre pas si souvent. La segmentation du marchĂ© est un problĂšme fondamental sur lequel nous butons depuis plusieurs annĂ©es. Le partage entre le marchĂ© de la viande conviviale et de la viande nourriture protĂ©ique apparaĂźt trĂšs difficile dans la mesure oĂč nous avons affaire Ă  de grands individualismes. Pour ne citer que le dĂ©partement que je reprĂ©sente ici, nous avons en terre charolaise trois labels, ce qui revient au mĂȘme que si nous n'en avions aucun. J'ai apprĂ©ciĂ© le terme de territorialisation que vous avez employĂ© car je pense qu'aujourd'hui, ce n'est pas en crĂ©ant des labels que nous pourrons avancer, mais en Ă©tablissant des certificats d'origine territoriaux. Partagez-vous ce point de vue ? Par ailleurs, comme vous l'avez rappelĂ©, la possibilitĂ© de dĂ©tecter la prĂ©sence d'hormones chez les animaux est scientifiquement connue. De la mĂȘme façon, outre le contrĂŽle de l'identification des animaux, le contrĂŽle gĂ©nĂ©tique effectuĂ© Ă  la naissance de chaque individu permettrait-il d'assurer la sĂ©curisation de la traçabilitĂ© ? Ce matin, un responsable du commerce de la viande a affirmĂ© que la traçabilitĂ© ne posait pas de problĂšme technique. C'est vrai, mais Ă  quel prix ? Enfin, je suis un peu moins d'accord avec ce que vous avez dit sur la production de veaux par les races laitiĂšres. Si j'ai bien compris, vous souhaitez que l'on revienne Ă  des principes de croisement avec les races Ă  viande pour assurer un potentiel de viande de meilleure qualitĂ©. Outre les problĂšmes structurels que cela risquerait de poser au sein du marchĂ©, je me permets de rappeler que les Français ne consomment plus de viande de veau depuis vingt ans Ă  cause des hormones et de l'hypermĂ©diatisation de cette question. Par consĂ©quent, je ne vois pas pourquoi demain, en pleine Ă©pidĂ©mie d'ESB, les consommateurs se remettraient Ă  manger du veau, quel qu'il soit. C'est une utopie. Quitte Ă  produire du veau, autant le produire avec des races laitiĂšres, puisque parmi les veaux, on a forcĂ©ment des veaux mĂąles laitiers qui fourniront moins de viande que du veau croisĂ© ou des veaux de race Ă  viande. J'aimerais avoir votre avis sur ce point. M. Louis DE NEUVILLE Territorialisation, pourquoi ? Parce qu'il m'apparaĂźt que la seule issue de notre agriculture est dans une valeur ajoutĂ©e, que celle-ci est essentiellement aujourd'hui une notion de service, qui se divise lui-mĂȘme en deux, l'un que je dirais Ă  la japonaise » qui, un jour, sera intĂ©grĂ© dans le prix et un qui ne sera jamais quantifiable, c'est ce que j'appelle l'Ăąme du produit. Cette Ăąme se caractĂ©rise non seulement en fonction de la race, mais aussi du territoire. Cette approche du territoire se fera diffĂ©remment selon la position par rapport au problĂšme de l'eau, que j'ai Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment. Mais cela nous emmĂšnerait trop loin. En ce qui concerne la sĂ©curisation de la traçabilitĂ©, elle ne peut exister qu'Ă  partir de la gĂ©nĂ©tique. La seule personne qui peut me dire que tel homme est mon pĂšre, c'est ma mĂšre ! Et cela, cela ne coĂ»te rien ! Une traçabilitĂ© Ă  l'abattoir coĂ»te beaucoup d'argent parce qu'il faut installer des puces sur toute la chaĂźne, il faut un ordinateur qui permette aux carcasses de s'aligner, il faut une traçabilitĂ© qui aille jusqu'Ă  la dĂ©coupe de la viande. C'est possible, mais cela coĂ»te cher. Le systĂšme le moins cher est le contrĂŽle par la gĂ©nĂ©tique. Sans compter que tout autre moyen est entachĂ© de suspicion. En utilisant la gĂ©nĂ©tique, il n'y a plus de suspicion, il y a nettement fraude ou non. S'agissant de la production des veaux, la France de l'Ă©levage est divisĂ©e aujourd'hui en deux parties et la situation des Ă©leveurs de races spĂ©cialisĂ©es de la rĂ©gion du Centre est perturbĂ©e par l'arrivĂ©e d'un nombre incalculable de vaches dites nourrices. Pourquoi ? Parce que Bruxelles verse une prime qu'il suffirait de supprimer pour faire disparaĂźtre ces veaux engraissĂ©s blancs et noirs. Il s'agit de savoir quel produit nous voulons mettre sur le marchĂ©. Si le produit principal d'un Ă©leveur est le lait, c'est le lait ! Il a un coproduit, trĂšs bien ! Si le produit principal d'un Ă©leveur est la viande, qu'il nourrisse ses animaux avec de l'herbe ! Mais Ă  partir du moment oĂč sont versĂ©es des primes au maĂŻs et que la pratique du maĂŻs ensilage est encouragĂ©e, il n'y a plus de diffĂ©renciation. Mais on veut faire plaisir Ă  tout le monde ! Malheureusement, il ne s'agit pas d'un problĂšme de production mais d'un problĂšme de justice. Nous invitons aujourd'hui les producteurs, et certaines associations le feront demain, Ă  Ă©laborer des chartes prĂ©voyant l'Ă©levage des animaux sans ensilage. Et puis Ă  un moment donnĂ©, il faudra peut-ĂȘtre que certains cĂ©rĂ©aliers ne fassent plus de carottes... Il faut corriger les abus parce que nous faisons la course au plus astucieux, mais c'est un vrai problĂšme. Je suis trĂšs inquiet de constater que le massacre des veaux de huit jours est envisagĂ© avec sĂ©rĂ©nitĂ© au ministĂšre de l'agriculture. Comme je le disais tout Ă  l'heure, il est possible, si la dĂ©cision Ă©tait prise, que les associations de protection des animaux ne s'y opposent pas et l'opinion, dĂšs lors qu'il s'agit de sa santĂ©, le supportera. Mais dans deux ou trois ans, je ne suis pas sĂ»r qu'il en soit de mĂȘme. Je suis trĂšs prĂ©occupĂ© par le fait qu'on prenne des mesures qui pourraient disqualifier les Ă©leveurs aux yeux de l'opinion. Pourquoi les veaux des vaches allaitantes ont-ils de l'intĂ©rĂȘt ? Dans le Limousin, le veau que l'on appelle de Saint-Etienne - il s'agit d'un veau de neuf mois qui pĂšse 220 kilos - de race spĂ©cialisĂ©e, Charolais ou Limousin, est qualifiable, alors que le mĂȘme de race Pie noire-Holstein est disqualifiable. Au lieu de tuer des animaux pour rĂ©duire le tonnage, qu'on charge l'INRA et l'Institut de l'Ă©levage de chiffrer des alternatives ! On chiffre des hypothĂšses nĂ©gatives qui prĂ©conisent de tuer, mais pas celles qui seraient positives. Or, si un certain nombre de productions Ă  la française Ă©taient contractualisĂ©es, nous aurions des dĂ©bouchĂ©s commerciaux dans un certain nombre de pays, tels le Liban par exemple. Nous avons fait face Ă  des problĂšmes commerciaux plus difficiles que cela. M. Jean-Marc NESME Je ne reviendrai pas sur l'identification des animaux, qui est une nĂ©cessitĂ©. Pour reconquĂ©rir la confiance du consommateur, il est indispensable qu'il connaisse l'origine du produit. Cette identification passe par la territorialisation des productions car dans l'esprit du consommateur, il existe un lien trĂšs fort entre le terroir et la production. Il me semble que notre pays a commis, depuis 35 ou 40 ans, une erreur considĂ©rable l'hyperconcentration des centres d'abattage. La France est le seul pays europĂ©en Ă  avoir mis en oeuvre une telle politique, avec des exemples sulfureux comme celui de la Villette. Or, il me semble que la garantie passe non seulement par le terroir, mais aussi, dans chaque bassin de production, par des centres d'abattage Ă  taille humaine. Je prĂ©side - bĂ©nĂ©volement - aux destinĂ©es d'un abattoir de 5 000 tonnes. On m'a toujours dit que cet abattoir dĂ©poserait trĂšs rapidement son bilan. Nous faisons la dĂ©monstration inverse. A l'heure actuelle, en pleine pĂ©riode de vache folle, l'abattage des bĂȘtes charolaises - puisque cet abattoir se situe dans le bassin de production de la race charolaise - n'a pas diminuĂ© et nous assistons mĂȘme Ă  une progression de l'abattage des animaux labellisĂ©s. Comme le disait RenĂ© Beaumont, il y a effectivement beaucoup trop de labels, les consommateurs n'y comprennent plus rien. Il faudrait sans doute que les Ă©leveurs fassent un effort d'unification et de clarification dans ce domaine. Je crois qu'ils en sont conscients aujourd'hui. Mais il faut aussi mettre un terme Ă  l'hyperconcentration de l'abattage. Qu'en pensez-vous ? Par ailleurs, la viande est devenue une feuille d'impĂŽt. A chaque maillon de la filiĂšre viande bovine, de la production Ă  la distribution comprise, une tonne de viande supporte de plus en plus de taxes fiscales ou parafiscales. Le produit viande est ainsi devenu trĂšs cher, ce qui a pour consĂ©quences, d'une part, de dĂ©tourner le consommateur et, d'autre part, de pousser Ă  un productivisme excessif au dĂ©triment de la qualitĂ©. Il serait intĂ©ressant de connaĂźtre - et Ă  ma connaissance personne n'a fait cette Ă©tude - le poids fiscal et parafiscal que supporte une tonne de viande bovine sur l'ensemble de sa filiĂšre en France et par rapport Ă  nos concurrents europĂ©ens. Quel jugement portez-vous sur ce point ? M. Marc LAFFINEUR Pourriez-vous, monsieur le prĂ©sident, prĂ©ciser votre conception de la segmentation du marchĂ© de la viande ? M. Arnaud LEPERCQ Dans le contexte actuel d'une situation de l'offre et de la demande complĂštement dĂ©sĂ©quilibrĂ©e, vous avez essayĂ© de nous faire comprendre qu'il fallait Ă©liminer l'hypothĂšse du retrait de veaux laitiers. Mais comment faire autrement si on veut ajuster l'offre et la demande Ă  trĂšs court terme ? Vous avez par ailleurs parlĂ© de la grande chance que la crise actuelle pourrait offrir aux bouchers et je partage votre point de vue, car l'existence d'une relation humaine entre le client et le boucher est importante pour la crĂ©dibilitĂ© du produit qui est en vente. Mais vous avez eu l'air d'Ă©mettre quelques rĂ©serves quant Ă  leurs compĂ©tences. Pourriez-vous aller plus loin dans la rĂ©flexion sur ce sujet ? Enfin, Ă  l'heure oĂč la communication va ĂȘtre primordiale, avez-vous des idĂ©es Ă  soumettre Ă  l'ensemble de la filiĂšre pour essayer de reconquĂ©rir les marchĂ©s injustement perdus ? M. Yves VAN HAECKE J'ai Ă©coutĂ© vos propos avec beaucoup d'intĂ©rĂȘt parce que vous dĂ©fendez une conception qui n'est pas celle qui a influencĂ© la politique Ă©conomique en matiĂšre d'Ă©levage pendant de trĂšs nombreuses annĂ©es. C'est Ă  croire que les tenants de l'Ă©conomie actuelle - les maisons de nĂ©goce international, les opĂ©rateurs installĂ©s Ă  Rungis, quelques grandes coopĂ©ratives - ont complĂštement disparu. Les propos que vous avez tenus sont satisfaisants, mais je serais plus rassurĂ© si l'on pouvait faire passer l'idĂ©e que l'approche territorialisĂ©e est la bonne et qu'elle ne condamne pas exagĂ©rĂ©ment la partie de production de viande qui viendrait d'autres troupeaux que les troupeaux allaitants traditionnels voire d'autres races que les races allaitantes traditionnelles. S'agissant de la segmentation du marchĂ© de la viande, comment harmoniser la race et le territoire ? Et comment entendre la notion de race ? Enfin, c'est la premiĂšre fois que j'entends un responsable dire quelle avait Ă©tĂ© la consĂ©quence de l'introduction en 1992 de la prime au maĂŻs ensilage Ă  l'Ă©gal de celle versĂ©e pour les cĂ©rĂ©ales. Je crois savoir que ce n'est pas la commission de Bruxelles qui l'avait proposĂ©e, mais qu'elle a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e Ă  la demande du gouvernement français, sans doute pour faire passer une bonne partie du dispositif qui se voulait dĂ©jĂ  un peu favorable aux zones d'Ă©levage traditionnel. C'est peut-ĂȘtre un des Ă©lĂ©ments qui ont contribuĂ© Ă  crĂ©er la situation actuelle. M. Louis DE NEUVILLE L'abattoir de proximitĂ© fait effectivement partie du dispositif nĂ©cessaire pour assurer la traçabilitĂ© totale. Vous avez Ă©voquĂ© la viande devenue feuille d'impĂŽt, je dirais oui et non. Il est vrai que la viande supporte de lourdes charges, mais il faut se rappeler que c'est bien le produit qu'ils vendent qui permettent Ă  NestlĂ©, Ă  Kodak et aux autres d'avoir des laboratoires de recherche. Il faut donc Ă  un moment donnĂ© qu'il y ait un retour du produit pour le financement de la recherche et du dĂ©veloppement. Jusqu'Ă  prĂ©sent, la France a choisi que le financement de la recherche soit Ă  la charge de l'Etat. Pourquoi pas ? C'est une option. Mais Ă  partir du moment oĂč l'on rĂ©duit tous les crĂ©dits budgĂ©taires, il faut bien que cette recherche soit financĂ©e et donc il faut qu'il y ait un retour sur le produit, comme c'est le cas par l'intermĂ©diaire du fonds national de l'Ă©levage. Je suis un peu surpris que tous les conseils rĂ©gionaux et gĂ©nĂ©raux ne parlent aujourd'hui que d'aides et qu'aucun n'ait songĂ© Ă  crĂ©er, par exemple, des sociĂ©tĂ©s d'Ă©conomie mixte avec certains Ă©leveurs pour introduire des aspects positifs de dĂ©veloppement et de retransformation, en liaison avec la territorialisation. Il ne faut pas toujours penser en termes de primes ! Mais je reconnais que nous-mĂȘmes, les Ă©leveurs, nous n'avons pas posĂ© cette question aux prĂ©sidents des conseils gĂ©nĂ©raux ou rĂ©gionaux. Par consĂ©quent, je ne blĂąme pas, je suis simplement Ă©tonnĂ© que dans cette crise formidable, cette approche n'ait mĂȘme pas Ă©tĂ© Ă©voquĂ©e. Monsieur Lepercq, il est vrai que les veaux laitiers sont indispensables puisqu'une vache n'a pas de lait si elle ne conçoit pas. Il faut donc bien en faire quelque chose. Je suis convaincu que la mise en place d'une contractualisation gĂ©nĂ©rale d'une chaĂźne de production allant jusqu'Ă  la dĂ©coupe et fabriquant des produits viande française » nous permettrait de commercialiser cette viande laitiĂšre Ă  bas prix dans d'autres pays du monde. Je me tiens Ă  la disposition de ceux qui le souhaiteraient pour approfondir ce sujet. Il existe donc une alternative Ă  l'utilisation des veaux laitiers et je souhaiterais qu'elle soit chiffrĂ©e. Il faudrait que le Gouvernement, qui s'il prend la dĂ©cision de tuer tous les veaux laitiers devra verser des sommes importantes pour l'indemnisation, se pose la question de savoir s'il ne serait pas possible de contractualiser toute la chaĂźne afin d'obtenir un produit et une valeur ajoutĂ©e. Les bouchers ont aujourd'hui besoin de pep talk », comme diraient les AmĂ©ricains. Ils ont une grande vocation, Ă  l'heure oĂč l'on parle d'identification. Quand je parle des bouchers, j'inclus ceux qui exercent dans les grandes surfaces, Ă  condition que ce ne soit pas le directeur financier de ces supermarchĂ©s qui commande, mais que cela fasse aussi partie d'une contractualisation. Je ne crois qu'Ă  la contractualisation. Le retour de la qualitĂ© dans le quantitatif moderne ne peut se faire qu'Ă  travers des cahiers des charges, avec des gens qui connaissent les rĂšgles de la production de viande qui ne sont pas les mĂȘmes pour les veaux laitiers et pour les veaux de races spĂ©cialisĂ©es. Tout cela est liĂ© Ă  la formation. On pourrait donner aux jeunes une vocation dans les lycĂ©es agricoles, ou ailleurs, avec la boucherie française - Ă  condition qu'elle s'anime, elle aussi. La communication d'un bon boucher ne sera jamais remplacĂ©e par un Ă©talage muet, aussi brillant et attractif soit-il. La viande conviviale, elle, ressort d'un dialogue. En matiĂšre de communication, l'exigence est, dans la situation que nous connaissons aujourd'hui, la requalification. L'OrĂ©al ou Shell, que j'ai Ă©voquĂ©es tout-Ă -l'heure, ont su se requalifier, mais il s'agissait de sociĂ©tĂ©s, alors que nous sommes, nous, dans le domaine coopĂ©ratif ou collectif, ce qui suppose une approche relativement diffĂ©rente. Il est vrai qu'il faut dĂ©finir la notion de race, mais elle est dĂ©jĂ  trĂšs dĂ©finie. Tout rĂ©sulte de la notion d'identification. En rĂ©alitĂ©, il n'y a pas un consommateur, il y a des consommateurs. Je me permets de dire, quitte Ă  aller encore une fois Ă  contre-courant, que pour 70 % de la clientĂšle, il y a beaucoup trop de labels et de marques certifiĂ©es. Ces 70 % veulent qu'on choisisse pour eux et veulent simplement ĂȘtre rassurĂ©s sur un contrĂŽle ou sur une marque unique, mais il y a 30 % des gens qui ont les besoins des premiers plus la volontĂ© de choix. Par consĂ©quent, nous devons affiner notre approche sur ce plan. L'histoire de la prime au maĂŻs ensilage est simple la France dĂ©tenant 38 % du cheptel spĂ©cialisĂ© en Europe, sur le plan de la quantitĂ©, il est infiniment plus facile et plus Ă©conomique de produire de la viande, Ă  partir de races spĂ©cialisĂ©es ou non, avec du maĂŻs ensilage. On avait dit qu'un jour on utiliserait des cĂ©rĂ©ales parce que le prix des cĂ©rĂ©ales allait baisser. Or, le prix des cĂ©rĂ©ales n'a pas baissĂ© et ne baissera jamais. La tendance mondiale va dans cette direction. Nous devons donc revoir une certaine politique. Mais Ă  Bruxelles, on ne veut jamais revoir ! En outre, songez que si nous sommes obligĂ©s de garder nos broutards parce que nous n'avons pas de clients, notre fameux seuil de 1,4 Ă  l'hectare va exploser et nous n'allons plus avoir de prime ! C'est stupide ! Messieurs les parlementaires, je vous adjure d'enfoncer le clou et de n'accepter de dialoguer Ă  Bruxelles ou ailleurs qu'avec ceux qui ont l'esprit ouvert et qui ne se retranchent pas dans les tranchĂ©es de Verdun ! Je conclurai par la question de la segmentation du marchĂ©, que je vais illustrer par un exemple concret. En 1975, alors que nous gĂ©rions le rayon boucherie de cinq des supĂ©rettes d'un commerçant qui Ă  l'Ă©poque en dirigeait onze, nous avons installĂ© sur un mĂȘme linĂ©aire, sans aucune identification, deux types de viande. Pendant six mois, nous avons maintenu tous les produits Ă  un prix identique. Au bout de six mois, nous avons augmentĂ© de 4 % les produits situĂ©s d'un cĂŽtĂ© du rayon. La plupart des clientes ont achetĂ© les moins chers, quelques-unes ont choisi le plus cher, en rĂąlant, mais elles ont achetĂ©. La demande a Ă©tĂ© chaotique pendant onze mois. Au bout de onze mois, la demande est devenue linĂ©aire, en s'amplifiant peu Ă  peu. Nous avions ainsi identifiĂ© une catĂ©gorie de clientes qui achetaient des produits dont le prix variait constamment de plus 18 % Ă  moins 12 % . C'est de lĂ  que rĂ©sulte le taux de 30 % dont je parlais tout Ă  l'heure. La segmentation du marchĂ© signifie qu'il y a diffĂ©rents types de consommateurs. II faut donc s'adresser d'une façon diffĂ©rente aux diffĂ©rentes catĂ©gories de consommateurs. Mme le PrĂ©sident Je vous remercie. Audition de M. Bernard TERRAND, prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration nationale des groupements de dĂ©fense sanitaire du bĂ©tail FNGDSB extrait du procĂšs-verbal de la deuxiĂšme sĂ©ance du 17 juillet 1996 PrĂ©sidence de Mme Evelyne GUILHEM, PrĂ©sident M. Bernard TERRAND La fĂ©dĂ©ration nationale des groupements de dĂ©fense du bĂ©tail a Ă©tĂ© créée dans les annĂ©es 50 pour aider l'administration Ă  dĂ©finir les prophylaxies, notamment celles de la brucellose et de la tuberculose. Les groupements, qui existent dans chaque commune, sont fĂ©dĂ©rĂ©s au niveau dĂ©partemental, en passant par le canton. Chaque groupement compte 98 Ă  99 % des Ă©leveurs, adhĂ©rents volontaires, ceux qui ne sont pas adhĂ©rents Ă©tant plutĂŽt des marginaux notamment dans l'Ă©levage ovin. La plupart des groupements de dĂ©fense sanitaire gĂšrent directement ou indirectement l'identification du bĂ©tail dont nous reparlerons tout Ă  l'heure. Les groupements de dĂ©fense sanitaire ont un caractĂšre interprofessionnel, puisque notre conseil compte aussi bien des Ă©leveurs que des vĂ©tĂ©rinaires, des reprĂ©sentants d'autres organisations agricoles et l'administration par le biais du directeur des services vĂ©tĂ©rinaires de chaque dĂ©partement, membre de droit. La fĂ©dĂ©ration s'intĂ©resse aux maladies reconnues contagieuses, ainsi qu'aux maladies d'Ă©levage. Nous avons mis en place un fonds spĂ©cial d'indemnisation contre la fiĂšvre aphteuse car si cette maladie se dĂ©clarait Ă  nouveau, rien n'est prĂ©vu pour les Ă©leveurs qui subissent les consĂ©quences indirectes d'un blocage autour d'un foyer - alors que ceux dont le cheptel est abattu sont indemnisĂ©s -. Le montant de la caisse de pĂ©rĂ©quation que nous avons mise en place s'Ă©lĂšve Ă  environ 100 millions de francs. Une telle somme peut paraĂźtre excessive quand il n'y a pas de danger, mais l'utilitĂ© de cette action se justifie aujourd'hui, oĂč l'on voit apparaĂźtre des cas de fiĂšvre aphteuse aux frontiĂšres de la CEE voire en son sein, comme c'est le cas en GrĂšce depuis quelques jours. Par ailleurs, en liaison avec l'administration et les vĂ©tĂ©rinaires, nous avons mis en place une association pour la certification des Ă©levages qui dĂ©bouche sur une Ă©pidĂ©miosurveillance, ce qui nous fait dire que nous n'avons pas abandonnĂ© les missions premiĂšres des groupements de dĂ©fense sanitaire que sont l'hygiĂšne et l'environnement. En ce qui concerne l'ESB, nous n'avons pas la prĂ©tention d'en faire une analyse complĂšte. Notre idĂ©e premiĂšre est de ne pas nous occuper de cette affaire » sur le plan scientifique, c'est-Ă -dire que nous faisons entiĂšrement confiance Ă  la commission scientifique que prĂ©side le docteur Dormont, qui a d'ailleurs exposĂ© ses conclusions lors de notre assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale. Cela Ă©tant, la FNGDSB a Ă©mis un certain nombre d'alertes. En 1989, lors d'un dĂ©placement en Angleterre, l'attachĂ© d'ambassade chargĂ© des problĂšmes agricoles nous a indiquĂ© qu'il se passait des choses graves au Royaume-Uni. DĂšs notre retour, nous avons adressĂ© un courrier au ministre de l'agriculture attirant son attention sur le caractĂšre sĂ©rieux de l'affaire. Ensuite, Ă  partir de donnĂ©es scientifiques recueillies par un vĂ©tĂ©rinaire de la fĂ©dĂ©ration nationale, nous avons publiĂ© une note datĂ©e d'avril 1990 que vous trouverez dans le dossier qui vous a Ă©tĂ© remis. Depuis cette date, peu d'Ă©lĂ©ments certains se sont dĂ©gagĂ©s par rapport aux craintes qui s'Ă©taient manifestĂ©es Ă  l'Ă©poque, qu'il s'agisse de la transmission de la maladie entre bovins, de la transmission entre espĂšces ou de la transmission Ă©ventuelle Ă  l'homme. Le monde scientifique semble bien n'avoir avancĂ© qu'Ă  petits pas dans ce domaine, sauf pour Ă©mettre des hypothĂšses du type il n'est pas impossible que... ». Le premier cas est apparu en France en 1991. Les autoritĂ©s de l'Ă©poque ont envoyĂ© les premiers animaux atteints par la maladie au CNEVA Ă  Lyon, afin qu'ils soient examinĂ©s. Les autres ont Ă©tĂ© abattus et incinĂ©rĂ©s. L'administration a pris ces dĂ©cisions en parfaite harmonie avec la profession malgrĂ© l'absence totale de fondements scientifiques. Il a fallu convaincre certains membres de l'administration qui considĂ©raient que ces dĂ©cisions paraissaient superflues en l'absence de tout fondement scientifique. Aujourd'hui, nous pouvons nous en fĂ©liciter. Je mettrai en parallĂšle le fait qu'au Royaume-Uni, non seulement les troupeaux ne sont pas Ă©liminĂ©s en totalitĂ©, mais mĂȘme les animaux atteints ne sont pas tous Ă©liminĂ©s. La France a sans doute pris des positions par excĂšs puisque rien ne les justifiait sur le plan scientifique, sinon le fait de ne rien savoir. MoralitĂ© nous sommes dans la mĂȘme situation que ceux qui n'ont rien fait, et cela nous ennuie beaucoup. Il est anormal que nous soyons pĂ©nalisĂ©s de la sorte. Aux Etats-Unis, il nous semble qu'il y a une absence totale de dĂ©ontologie des fabriquants de faines de viande qui ont abaissĂ© le degrĂ© et la durĂ©e de cuisson des produits pour des raisons trĂšs diverses. Certains prĂ©tendent que c'est sous la pression d'Ă©cologistes qui ont demandĂ© le retrait de certains solvants. Je pense que la raison premiĂšre Ă©tait l'abaissement des coĂ»ts de fabrication. C'est aussi une composante de l'attitude des Anglais. Par ailleurs, les fabricants d'aliments n'ont pas contrĂŽlĂ© ni analysĂ© les produits de base qu'ils utilisaient. Or, normalement, quand on intĂšgre un produit dans un produit fini, il faut au moins en contrĂŽler l'origine et savoir exactement ce qui le compose. La politique ultra-libĂ©rale des gouvernements successifs du Royaume-Uni depuis 1986 est une Ă©vidence, et signifie que rien n'a Ă©tĂ© contrĂŽlĂ©. Enfin, je suis atterrĂ© de constater la passivitĂ© dont nos collĂšgues agriculteurs anglais ont fait preuve dans cette affaire. Je voudrais maintenant vous soumettre quelques propositions. En premier lieu, j'insiste sur la nĂ©cessitĂ© d'appliquer strictement les rĂ©glementations communautaires quand elles existent. Je vous donne deux exemples du fait qu'elles sont actuellement appliquĂ©es de maniĂšre trĂšs inĂ©gale. En France, la brucellose bovine est quasiment maĂźtrisĂ©e, Ă  part quelques poches dont nous allons nous occuper sĂ©rieusement avec l'administration pour en finir. Mais nous avons constatĂ© Ă  la frontiĂšre avec l'Espagne que la directive Ă©tait interprĂ©tĂ©e trĂšs diffĂ©remment dans ce pays. En Irlande, on assiste Ă  un maintien voire Ă  une recrudescence de la tuberculose bovine qui devient trĂšs coĂ»teuse pour tout le monde. Un tel rĂ©sultat est anormal aprĂšs 25 ans de lutte contre cette maladie. En fait, les pays peuvent faire presque ce qu'ils veulent. Et je suis Ă  la fois surpris et fĂąchĂ© de constater - comme je l'ai fait hier encore Ă  l'occasion de rencontres que j'ai eues Ă  Bruxelles - que les directives ne soient pas appliquĂ©es avec plus de sĂ©rieux. Quand les directives n'existent pas, il faudrait envisager la communautarisation » des mesures. Je veux dire par lĂ  qu'avant de prendre des positions nationales, et aprĂšs avis des scientifiques et des personnes compĂ©tentes, il faudrait essayer d'arrĂȘter des dĂ©cisions uniformes, tant en ce qui concerne la surveillance du cheptel que les mesures de prĂ©caution ou de lutte contre les maladies. Pour remĂ©dier Ă  l'application trĂšs inĂ©gale des directives existantes, il faut accroĂźtre la surveillance sanitaire avec des moyens renforcĂ©s. Savez-vous que pour surveiller les pays de l'Union et Ă©ventuellement envoyer des gens en mission dans les pays exportateurs ou importateurs, la Commission n'emploie que 41 vĂ©tĂ©rinaires inspecteurs ? A l'Ă©vidence, ces moyens sont totalement insuffisants. Je pose la question aux parlementaires français que ferons-nous quand, suite aux accords du GATT, nous recevrons de la viande hormonĂ©e ? Il faut par ailleurs procĂ©der Ă  une identification totale du cheptel de la CEE avec un fichier central interne Ă  chaque Etat, et mettre en place le rĂ©seau animaux » qui a Ă©tĂ© acceptĂ© par tous les pays. A l'heure actuelle, l'identification des animaux est assez bizarre. Les pays qui respectent les critĂšres de la directive europĂ©enne sont la Belgique, une partie de l'Allemagne - environ la moitiĂ© des lĂ€nder - le Danemark, la Finlande, la France, les Pays-Bas et la SuĂšde. Viennent ensuite l'Autriche, l'Espagne, l'Irlande et le Portugal oĂč les directives sont en cours de mise en application. Enfin la Grande-Bretagne, la GrĂšce et l'Italie sont trĂšs en retard. Comment peut-on maĂźtriser une maladie quelle qu'elle soit sans disposer d'une identification parfaite ? C'est impossible ! L'identification française n'est peut-ĂȘtre pas parfaite mais elle nous permet de contrĂŽler tous les animaux et tous leurs mouvements. Un contrĂŽle trĂšs strict doit en outre ĂȘtre effectuĂ© aux frontiĂšres de l'Union europĂ©enne. Je n'aurai aucun mal Ă  en justifier l'utilitĂ© dans la mesure oĂč des cas de fiĂšvre aphteuse sont apparus depuis quelques jours en GrĂšce. Enfin, il faut absolument Ă©tablir l'identification complĂšte de la chaĂźne viande, afin de connaĂźtre la provenance de l'animal. Si certains sont hostiles Ă  cette mesure - les Belges ont perdu, heureusement, le recours qu'ils avaient intentĂ© concernant ce type d'identification -, il y a peut-ĂȘtre des raisons, en tout cas elle ne gĂȘne pas les producteurs de viande bovine française. Seule une parfaite identification nous permettra de sortir du ghetto oĂč nous nous trouvons. Cette position rejoint d'ailleurs la demande des consommateurs. Les reprĂ©sentants d'associations de consommateurs que j'ai rencontrĂ©s derniĂšrement s'interrogent. Le consommateur sait d'oĂč viennent les lĂ©gumes, les fruits ou les boĂźtes de conserve, alors qu'il ne sait rien au sujet de la viande qu'il achĂšte. C'est un souhait parfaitement lĂ©gitime. Il faut que chacun fasse des efforts dans ce domaine pour y parvenir rĂ©ellement. Un effort de rigueur doit ĂȘtre fait Ă©galement pour rechercher les trafiquants » de farines de viande car, malheureusement, ils existent. Ce problĂšme n'a pas Ă©tĂ© abordĂ© jusqu'Ă  prĂ©sent, mais il va falloir que chacun prenne ses responsabilitĂ©s et qu'on ne se reporte pas toujours au dernier maillon de la chaĂźne pour trouver quelqu'un qui ne fait pas son travail correctement. Cela suppose une augmentation des moyens de contrĂŽle des services vĂ©tĂ©rinaires, car il est impossible de tout contrĂŽler avec peu de moyens. Une volontĂ© politique doit s'affirmer afin d'Ă©radiquer toutes les maladies contagieuses, en particulier brucellose et tuberculose. Il faut en terminer Ă©galement avec les fraudeurs. Je souhaite que tous les individus qui sont harponnĂ©s » parce qu'ils ont fait une faute ne reçoivent aucun soutien pour les aider Ă  passer Ă  travers les mailles du filet. Malheureusement, des exemples existent. Des gens Ă©pinglĂ©s » pour des trafics plus ou moins douteux dans le domaine des anabolisants voire des hormones ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de certains coups de main qu'ils n'auraient pas dĂ» recevoir. Je demande une trĂšs grande vigilance Ă  l'Ă©gard de ces trafiquants, aujourd'hui nous n'avons plus le droit de laisser faire n'importe quoi Ă  n'importe qui. J'ajoute qu'il serait souhaitable d'augmenter les crĂ©dits du chapitre 44-70 relatifs Ă  la santĂ© animale, malgrĂ© les exigences de la rigueur budgĂ©taire. Dans la crise actuelle, la FNDGSB n'a pas voulu s'associer au vacarme mĂ©diatique dans la mesure oĂč elle a un travail de technicien de fond. Par ailleurs, compte tenu du nombre de cas relevĂ©s en France - vingt-deux cas dans vingt-et-un Ă©levage - je me permets de prĂ©ciser que l'ESB n'a rien Ă  voir avec une Ă©pidĂ©mie. Et compte tenu du caractĂšre opĂ©rationnel de notre rĂ©seau de surveillance, on peut quasiment affirmer que tous les cas sont dĂ©tectĂ©s. Enfin, la profession s'Ă©tonne que, sur l'ESB, les enchĂšres soient montĂ©es aussi haut, tant au plan journalistique qu'au plan politique. Il n'y a quand mĂȘme aucune commune mesure de danger entre l'ESB, l'amiante, le sang contaminĂ© et le sida. Mme le PrĂ©sident Existe-t-il dans les autres pays de la CommunautĂ© europĂ©enne des groupements de dĂ©fense sanitaire ? Il y a encore quelques cas de brucellose en France. Les bĂȘtes sont abattues quand la maladie atteint un certain pourcentage d'animaux. Des contrĂŽles semblables sont-ils effectuĂ©s pour la brucellose dans les autres pays de la CommunautĂ© europĂ©enne ? Dans la mesure oĂč quelques cas de fiĂšvre aphteuse ont Ă©tĂ© signalĂ©s en GrĂšce, devons-nous envisager de vacciner Ă  nouveau les troupeaux français ? M. Bernard TERRAND L'Ă©quivalent des groupements de dĂ©fense sanitaire n'existe pas dans les autres pays de la CEE, sauf peut-ĂȘtre en Italie oĂč cette action est liĂ©e au syndicalisme Ă  vocation gĂ©nĂ©rale et en Belgique. Le Portugal commence Ă  mettre quelques Ă©lĂ©ments en place. Tous les animaux français atteints de brucellose sont abattus. Dans ce domaine, les directives europĂ©ennes ne sont pas interprĂ©tĂ©es ni appliquĂ©es de la mĂȘme façon dans tous les Etats de la CEE, notamment en Espagne. D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, sur le plan des conditions sanitaires, le Danemark occupe la premiĂšre place. La France arrive ensuite. A l'heure actuelle, je ne pense pas qu'il soit utile d'envisager la vaccination contre la fiĂšvre aphteuse. Si l'Ă©pizootie devait se dĂ©velopper, la vaccination deviendrait nĂ©cessaire. L'Italie a dĂ» lutter contre cette maladie il y a deux ans. En Italie du Nord, l'Ă©pizootie a Ă©tĂ© enrayĂ©e dĂšs le deuxiĂšme foyer ; en Italie du Sud, oĂč les pratiques ne sont pas les mĂȘmes, elle a durĂ© beaucoup plus longtemps. Par consĂ©quent, si les modalitĂ©s mises en place par la CEE pour lutter contre cette maladie sont appliquĂ©es rapidement, il n'y a pas de danger d'extension. Je rappelle en outre que cette vaccination nous avait posĂ© de sĂ©rieux problĂšmes de commercialisation, avec l'institution amĂ©ricaine des zones propres » et des zones sales ». Encore aujourd'hui, nous ne pouvons pas exporter dans certains pays car il y encore, paraĂźt-il, des sĂ©quelles de vaccination. M. le Rapporteur Monsieur le prĂ©sident, je voudrais essayer de comprendre la cohĂ©rence de vos affirmations. Dans un premier temps, vous avez pris la prĂ©caution de dire qu'il n'Ă©tait pas de la compĂ©tence de votre fĂ©dĂ©ration de s'occuper de l'aspect scientifique. Dans un deuxiĂšme temps, vous ignorez l'aspect scientifique puisque vous dites que les mesures ont sans doute Ă©tĂ© prises par excĂšs, vous prĂ©cisez qu'il ne s'agit pas d'une Ă©pidĂ©mie, vous considĂ©rez que ces problĂšmes sont trĂšs limitĂ©s et ne justifient pas toutes les mesures et vous dĂ©plorez que l'excĂšs de mesures pĂ©nalise ceux qui ont fait le mieux leur travail comme s'ils n'avaient rien fait. Vous dĂ©plorez Ă©galement les fraudes et le manque d'attention dans certains domaines. Pouvez-vous tenir tout votre discours en ayant d'emblĂ©e Ă©cartĂ© les arguments scientifiques, y compris dans leurs incertitudes ? C'est en quelque sorte ce que vous avez fait. M Bernard TERRAND Non, je ne les ai pas Ă©cartĂ©s, monsieur le Rapporteur. M. le Rapporteur Pensez-vous que les mesures qui ont Ă©tĂ© prises sont excessives ? Avez-vous la preuve qu'il y a eu rĂ©ellement des fraudes et que des farines animales pouvant ĂȘtre contaminantes ont Ă©tĂ© importĂ©es, stockĂ©es et distribuĂ©es bien aprĂšs que les mesures d'interdiction aient Ă©tĂ© prises ? M. Bernard TERRAND Je n'ai pas Ă©cartĂ© l'aspect scientifique, mais j'ai la conviction d'un scientifique, c'est-Ă -dire que je ne sais pas trop. Les scientifiques Ă©tant dans l'incertitude, il faut prendre toutes les prĂ©cautions. J'approuve totalement les prĂ©cautions qui ont Ă©tĂ© prises car il faut garantir la santĂ© humaine. Les producteurs n'ont aucun intĂ©rĂȘt Ă  faire le contraire. Je n'Ă©carte rien, je dis que je fais confiance aux gens dont c'est le mĂ©tier et je les suis. Cela Ă©tant, je confirme que les mesures ont Ă©tĂ© sans doute prises par excĂšs, au regard des connaissances scientifiques, mais Ă©tant donnĂ© les incertitudes il fallait les prendre et je les approuve. Je dis simplement que ceux qui les ont prises et ceux qui ne les ont pas prises sont victimes d'une punition collective. Je n'ai pas d'exemple prĂ©cis sur les fraudes mais personne ne peut dire aujourd'hui que les mesures d'interdiction portant sur les farines animales venant d'Angleterre ont Ă©tĂ© appliquĂ©es Ă  la lettre. M. Arnaud LEPERCQ Il est vrai que dans aucun autre pays que dans le nĂŽtre on a autant fait et depuis aussi longtemps, d'une part, pour Ă©radiquer les maladies contagieuses, d'autre part, pour identifier les animaux. Cela n'a pas Ă©tĂ© simple partout. Il y a trente ou quarante ans, un certain nombre d'Ă©leveurs ont eu du mal Ă  entrer dans les groupements de dĂ©fense sanitaire et Ă  en accepter les dures rĂšgles. Mais depuis plusieurs dizaines d'annĂ©es elles le sont et avec une trĂšs grande efficacitĂ©. Je rends hommage au travail qui a Ă©tĂ© fait par les dirigeants de l'Ă©poque et d'aujourd'hui. Vous avez Ă©voquĂ© les problĂšmes liĂ©s Ă  l'application des dĂ©cisions de la CEE. Vous avez raison. J'ai participĂ© il y a quelques annĂ©es Ă  la commission d'enquĂȘte sur les distorsions de concurrence sur la viande bovine et ovine. Nous avions dĂ©jĂ  regrettĂ© vivement qu'aucun moyen de contrĂŽle suffisant n'existe au niveau communautaire. L'augmentation du nombre de vĂ©tĂ©rinaires inspecteurs, qui est passĂ© de 25 Ă  41, n'est pas suffisante par rapport aux enjeux, d'autant que la plupart des pays ne disposent pas d'un quadrillage aussi efficace que celui qui existe en France grĂące aux groupements sanitaires du bĂ©tail. Des pays tels que l'Espagne ou l'Italie n'appliquent pas les rĂšglements avec suffisamment de rigueur pour qu'on puisse leur faire confiance. La CEE n'a pas les moyens d'avoir des brigades de contrĂŽle, bien qu'elle trouve des gens quand il s'agit de contrĂŽler les surfaces PAC. La France a depuis longtemps mis en place le tatouage, puis le bouclage. De nouvelles techniques de marquage sont apparues, notamment la possibilitĂ© d'implanter chez l'animal une puce Ă©lectronique permettant de reconnaĂźtre l'Ă©levage, le lieu de naissance et sa filiation. Pensez-vous qu'il soit possible de gĂ©nĂ©raliser cette technique ? Son coĂ»t serait-il supportable par la filiĂšre ? M. Bernard TERRAND Sur le plan technique, la puce n'est pas complĂštement au point. ImplantĂ©e Ă  un point prĂ©cis sous la peau d'un animal, elle peut ĂȘtre retrouvĂ©e Ă  un autre endroit. Beaucoup de progrĂšs restent encore Ă  faire dans ce domaine. Quant au coĂ»t, il est trĂšs Ă©levĂ© car il faut installer des lecteurs partout. Il est certain que ce serait la technique de haut de gamme, mais pour l'instant ce n'est pas possible sur le plan technique ni - et surtout - sur le plan financier. M. RĂ©my AUCHÉDÉ Vous semblez regretter les mesures qui ont Ă©tĂ© prises par la France et vous prĂŽnez la communautarisation ». Ne pensez-vous pas que s'il avait fallu les prendre au niveau communautaire, cela aurait Ă©tĂ© plus difficile et surtout beaucoup moins rapide, d'autant que la Grande-Bretagne compte parmi nos partenaires ? La CEE n'a-t-elle pas failli quant au trafic des farines de viande ? Estimez-vous qu'il soit toujours prĂ©fĂ©rable d'attendre que les mesures soient prises par la CEE ? M. Bernard TERRAND En ce qui concerne les mesures qui devraient ĂȘtre prises, il n'est pas bon de partir trop tĂŽt ou trop tard. On a pris en France le parti de dire que dans la mesure oĂč on ne pouvait pas exclure que l'ESB soit une encĂ©phalopathie spongiforme ovine, il fallait s'intĂ©resser Ă  la tremblante ovine qui existe depuis 1735. Si nous sommes les seuls Ă  mener de telles recherches sur les causes de la maladie, nous risquons d'ĂȘtre pĂ©nalisĂ©s dans la mesure oĂč cela peut faire croire que nous sommes les seuls Ă  ĂȘtre atteints. Je ne critique pas les dĂ©cisions qui ont Ă©tĂ© prises car elles peuvent Ă©ventuellement faire dĂ©marrer la machine dans le bon sens. Ainsi, on ne peut qu'approuver l'arrĂȘt de l'importation de la viande bovine anglaise. Mais il faudrait essayer d'uniformiser les prises de dĂ©cision quand elles peuvent attendre un certain temps. En ce qui concerne les farines, elles doivent ĂȘtre contrĂŽlĂ©es par la CEE, mais aussi et avant tout par les pays. Le problĂšme, en ce qui concerne les dĂ©cisions prises notamment par le gouvernement français, d'interdire l'entrĂ©e des farines de viande en provenance du Royaume-Uni, c'est qu'il aurait fallu les faire appliquer, mais vraiment. Pour cela, il faudrait un nombre suffisant de personnes chargĂ©es de quadriller le territoire français afin que rien ne passe Ă  travers les mailles du filet. Cela dit, nous n'avons sĂ»rement pas Ă  rougir de ce que nous avons fait en France, quand on compare nos 22 cas aux 160 000 anglais. M. Francis GALIZI Comment sont dĂ©tectĂ©s les cas de brucellose ou de tuberculose ? Que deviennent les animaux atteints ? M. Bernard TERRAND Tous les ans, un vĂ©tĂ©rinaire sanitaire, qui est un vĂ©tĂ©rinaire libĂ©ral mandatĂ© par l'administration, visite tous les Ă©levages pour effectuer tous les prĂ©lĂšvements nĂ©cessaires Ă  la dĂ©tection des maladies reconnues contagieuses. Cela n'existe dans aucun autre pays, sauf en Autriche. Si un animal apparaĂźt positif, il est abattu immĂ©diatement. Lorsque plusieurs animaux sont atteints - 7 Ă  10 % du troupeau environ - tout le cheptel est abattu. La plus grande part de l'indemnisation est versĂ©e par l'Etat - le montant est plus important lorsque l'abattage est total -, une partie provient des collectivitĂ©s locales - notamment les dĂ©partements - et une autre de la profession, par le biais des groupements de dĂ©fense sanitaire. M. Francis GALIZI Que deviennent les carcasses ? M. Bernard TERRAND Les animaux sont abattus dans des abattoirs agréés. Tous les abats sont dĂ©truits et la viande est utilisĂ©e essentiellement pour la fabrication de l'alimentation des animaux tels que les chats ou les chiens. M. Francis GALIZI Vous paraĂźt-il anormal, dans ces conditions, que les Anglais aient utilisĂ© les carcasses des moutons atteints de tremblante dans la fabrication des farines animales ? M. Bernard TERRAND Cela ne m'aurait pas choquĂ© s'ils avaient agi dans les rĂšgles de l'art. Or, pour des raisons diverses, les fabricants de farines ont diminuĂ© le degrĂ© et la durĂ©e de la cuisson. Les problĂšmes sont apparus le jour oĂč les rĂšgles habituelles n'ont plus Ă©tĂ© appliquĂ©es. M. Pierre HELLIER En sommes-nous sĂ»rs ? M. Bernard TERRAND Il faut le demander Ă  M. Dormont. J'ajoute que si certains en sont venus Ă  incorporer de la farine de viande dans l'alimentation des ruminants, il y a une cause profonde. De plus en plus, certains commerçants ou certains fabricants cherchent Ă  nourrir les gens Ă  moindre coĂ»t. En tant qu'Ă©leveur, si on me dit aujourd'hui de continuer Ă  vendre le kilo de viande au prix oĂč je le vends, je ne saurais plus le faire. Ce qui s'est passĂ©, c'est tout simplement que certains Ă©leveurs ont cherchĂ© des modes d'alimentation du bĂ©tail qui coĂ»taient moins cher que l'Ă©levage traditionnel. Mais l'Ă©levage français n'a aucun intĂ©rĂȘt Ă  traficoter » l'alimentation des bovins. Je connais des rĂ©gions oĂč je peux vous dire avec certitude aujourd'hui qu'il n'y aura pas de cas d'ESB parce que l'Ă©levage traditionnel y a encore pignon sur rue. M. Michel VUIBERT Monsieur le PrĂ©sident, vous rĂ©clamez Ă  juste titre la rigueur pour l'identification et le contrĂŽle sanitaire. Pourtant, le comportement de rigueur que nous avons adoptĂ© a peut-ĂȘtre portĂ© prĂ©judice Ă  nos Ă©leveurs dans la crise que nous vivons actuellement. Cette exigence ne devrait-elle pas plutĂŽt ĂȘtre dĂ©sormais dirigĂ©e vers nos partenaires ? Je ne souhaiterais pas qu'il subsiste une ambiguĂŻtĂ© sur le fait que les quelques Ă©leveurs français, du dimanche, comme vous l'avez dit tout Ă  l'heure, qui ne seraient pas en rĂšgle pourraient peser sur la qualitĂ© sanitaire de notre bĂ©tail. M. Bernard TERRAND Je n'ai parlĂ© des Ă©leveurs du dimanche qu'Ă  propos du tout petit nombre d'Ă©leveurs qui ne sont pas adhĂ©rents des groupements de dĂ©fense sanitaire, mais non Ă  propos de la rigueur. La rigueur s'impose Ă  tout le monde et je fĂ©licite l'administration et les services vĂ©tĂ©rinaires en particulier qui ont brillamment fait leur travail. Je suis d'accord avec vous, de ce point de vue, la France n'a pas de leçon Ă  recevoir, elle en a plutĂŽt Ă  donner, cela dit sans vouloir non plus culpabiliser personne. M. Jean-Marie MORISSET Vous considĂ©rez que les Ă©leveurs sont punis pour un mal qu'ils n'ont pas commis et que nos entreprises sont pĂ©nalisĂ©es par des mesures parfois excessives. Le rĂŽle de notre mission est d'Ă©couter tous les intervenants afin que leurs rĂ©flexions nous permettent d'interroger ensuite les instances de dĂ©cision qui ont pris ces mesures. Vous nous rappeliez que votre fĂ©dĂ©ration avait Ă©tĂ© alertĂ©e en 1989, qu'elle avait Ă©crit un courrier en 1990. Avez-vous reçu des rĂ©ponses ? Ce dossier a-t-il Ă©tĂ© Ă©voquĂ© lors des assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales annuelles de la fĂ©dĂ©ration compte tenu du dĂ©veloppement de cette affaire au Royaume-Uni ? M. Bernard TERRAND Nous n'avons pas reçu de rĂ©ponse Ă©crite Ă  la lettre que nous avions envoyĂ©e, mais nous avons Ă©tĂ© reçu par le ministre de l'Ă©poque, M. Henri Nallet, qui nous a dit se pencher sur la question. Tant qu'aucun cas de ESB n'Ă©tait signalĂ© en France, ce sujet n'Ă©tait pas Ă  l'ordre du jour de nos assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales. Il l'a Ă©tĂ© Ă  partir de 1991, lorsqu'un cas est apparu en France. Je voudrais Ă  mon tour poser une question. Compte tenu du systĂšme d'identification anglais au Royaume-Uni, j'aimerais savoir comment les Anglais pourront repĂ©rer les animaux de plus de trente mois pour les abattre, alors qu'il n'y a ni dĂ©claration, ni identification, ni liaison entre les fichiers. Par ailleurs, comment pourrons-nous empĂȘcher les Anglais d'acheter aux Etats-Unis des animaux de repeuplement qui leur seront payĂ©s en Ă©cus ? Ne pourrait-on pas les obliger Ă  racheter des animaux en Europe ? Ne serait-ce pas un juste retour des choses ? Mme le PrĂ©sident Nous prenons acte de vos prĂ©occupations et poserons le cas Ă©chĂ©ant ces questions aux interlocuteurs compĂ©tents. M. Bernard TERRAND Pour conclure, je voudrais dire, sans ĂȘtre corporatiste ni xĂ©nophobe, que la grandeur d'Ăąme française Ă  l'Ă©gard du Royaume-Uni - Ă  moins qu'elle soit intĂ©ressĂ©e et dans ce cas nous attendons les compensations... - irrite les agriculteurs. Mme le PrĂ©sident Je vous remercie. Audition de Mme Marie-JosĂ© NICOLI, prĂ©sident de l'Union fĂ©dĂ©rale des consommateurs UFC extrait du procĂšs-verbal de la deuxiĂšme sĂ©ance du 17 juillet 1996 PrĂ©sidence de Mme Evelyne GUILHEM, PrĂ©sident Mme Marie-JosĂ© NICOLI J'aborderai le dossier de la vache folle en distingant trois pĂ©riodes avant 1990, 1990, de 1990 Ă  1996. Avant 1990, un certain nombre de signes avant-coureurs, que l'on peut aujourd'hui comparer Ă  l'affaire de la vache folle - je pense notamment au veau aux hormones -, ont traduit le malaise du monde agricole avec l'apparition des Ă©levages intensifs, les trafics en tout genre, l'Ă©mergence de la notion de rentabilitĂ©. Je rappelle aussi que c'est en 1981 qu'est intervenue en Grande-Bretagne la modification des procĂ©dĂ©s de fabrication des farines animales, qui nous a conduits Ă  la situation actuelle. En 1988, le Bureau europĂ©en des unions de consommateurs avait dĂ©jĂ  alertĂ© la Commission. Nous Ă©tions trĂšs inquiets des suites de l'affaire de l'ESB en Angleterre. A l'Ă©poque, Ă  la suite de l'affaire des veaux aux hormones, nous avions demandĂ© une identification et une traçabilitĂ© de la filiĂšre bovine. Evidemment, on ne nous a pas donnĂ© satisfaction. A la fin de l'annĂ©e 1989, l'Allemagne dĂ©cide d'interdire l'importation de la viande bovine de Grande-Bretagne. La France fait la mĂȘme chose six mois aprĂšs, les Italiens le 2 juin. Ces trois pays ont eu le courage, contre l'avis de la Commission, d'interdire l'importation de viande bovine. Le 6 juin 1990, la Commission convoque un conseil extraordinaire des ministres de l'agriculture. AprĂšs deux jours de dĂ©bats houleux et musclĂ©s, les trois pays en question ont levĂ© l'interdiction d'importation contre des promesses faites par le Royaume-Uni sur un certain nombre de mesures destinĂ©es Ă  assurer que cette affaire en reste lĂ . Nous savons aujourd'hui que les Anglais n'ont rien fait. Or, si les mesures demandĂ©es avaient Ă©tĂ© effectivement prises, peut-ĂȘtre ne serions-nous pas confrontĂ©s aujourd'hui Ă  une crise aussi aiguĂ«. Les articles parus dans la presse Ă  ce sujet durant l'annĂ©e 1990 sont trĂšs comparables Ă  ceux qu'on a pu lire en mars 1996. Ainsi, sous le titre Une affection bovine prend en Grande-Bretagne une allure de catastrophe. Cette maladie est-elle transmissible Ă  l'homme ? » un article paru dans Le Monde du 30 mai 1990 pose exactement les mĂȘmes interrogations qu'en mars 1996. De mĂȘme, un dossier de la revue Science et Vie publiĂ©e en juillet 1990 annonce l'apparition de gros problĂšmes de santĂ© humaine, en expliquant que les Anglais nous ont fourguĂ© » leurs farines contaminĂ©es, que la France a interdit l'importation de farines britanniques pour l'alimentation du bĂ©tail au mois d'aoĂ»t 1989, mais que de janvier Ă  juillet 1989 les Anglais et les Irlandais nous ont vendu 21 313 tonnes d'aliments infectĂ©s qui ne manqueront pas de contaminer nos bovins et peut-ĂȘtre mĂȘme nos porcs. Je tiens Ă  votre disposition ce dossier de la presse de 1990, qui fait clairement apparaĂźtre que les interrogations, les rĂ©serves et les hypothĂšses Ă©mises sont les mĂȘmes qu'aujourd'hui. En 1990, alors que les Anglais retiraient la viande bovine des cantines scolaires, la France levait l'interdiction d'importation de viande bovine. Pendant plusieurs annĂ©es, nous avons ainsi Ă©tĂ© la poubelle » des Anglais pour un certain nombre de produits d'origine bovine. De 1990 Ă  1996, quelques dĂ©cisions ont Ă©tĂ© prises mollement, mais la Commission n'a rien fait. En octobre 1990, dans une note un peu musclĂ©e, le service politique des consommateurs indique qu'il faut prendre une dĂ©cision car il y a des risques de transmissibilitĂ©. Il ne faudrait pas croire que ce document qui fait aujourd'hui quelques vagues est un document isolĂ©, il en existe d'autres du mĂȘme type. Ainsi, en fĂ©vrier 1990, le mĂȘme service indique clairement qu'il existe de gros risques de transmissibilitĂ© Ă  l'homme et qu'il faut faire attention. Sans doute parce que son premier souci Ă©tait la mise en place du marchĂ© unique, la Commission a alors manifestement jugĂ© prĂ©fĂ©rable d'Ă©viter un dĂ©bat sur cette affaire. En 1996, nous constatons les consĂ©quences de la situation onze personnes sont mortes au Royaume-Uni et cinq sont en observation, une personne est morte en France et deux sont en observation. Les scientifiques pensent de plus en plus qu'il y a de fortes probabilitĂ©s pour qu'existe un lien Ă©troit entre l'ESB et la maladie de Creutzfeldt-Jakob. La politique d'attente de ces derniĂšres annĂ©es nous a conduits Ă  une situation qui va malheureusement connaĂźtre des prolongements dans les mois Ă  venir. Aujourd'hui, les consommateurs savent concrĂštement que leur santĂ© n'est pas prise en compte par les dĂ©cideurs et qu'en plus ils prennent des risques lorsqu'ils mangent certains aliments. Le plaisir de manger de la viande devient ainsi un risque mortel ». Le monde agricole est en Ă©tat de choc, la filiĂšre bovine est sinistrĂ©e, et se pose pour les consommateurs un problĂšme de confiance sur la qualitĂ© de notre alimentation. Depuis le mois de mars dernier, nous avons rencontrĂ© tous les intervenants de la filiĂšre bovine. Nous leur avons expliquĂ© que nous voulions une meilleure information grĂące Ă  un Ă©tiquetage des morceaux de viande Ă  l'Ă©tal du boucher ou dans les rayons des grandes surfaces et une transparence de la filiĂšre, en les menaçant d'un boycott sur la viande bovine si nous n'avions pas satisfaction sur ce point avant la levĂ©e de l'embargo. Nous en serions dĂ©solĂ©s parce qu'une telle mesure accentuerait la diminution de la consommation de viande. Que faire pour rĂ©tablir la confiance du consommateur et remettre Ă  l'ordre du jour la qualitĂ© des produits agricoles ? L'affaire de la vache folle est une chose, mais malheureusement si des dĂ©cisions ne sont pas prises trĂšs rapidement, on risque de se retrouver dans la mĂȘme situation dans quelques mois pour le porc, pour la volaille, voire pour les poissons. Nous pensons en effet sĂ©rieusement que les farines animales devraient ĂȘtre complĂštement Ă©liminĂ©es de l'alimentation des animaux que nous mangeons. MalgrĂ© la dĂ©cision qui a Ă©tĂ© prise il y a quelques jours, il ne faut pas oublier qu'il existe des stocks qui vont ĂȘtre Ă©coulĂ©s. Quand on sait que ces farines animales Ă©taient fabriquĂ©es Ă  partir non seulement de cadavres d'animaux jusqu'Ă  ce jour contrĂŽlĂ©s dans les abattoirs, mais Ă©galement de cadavres d'animaux domestiques pas toujours morts de vieillesse mais aussi de maladie, et qu'elles Ă©taient donnĂ©es en complĂ©ment d'alimentation Ă  des animaux Ă©levĂ©s en batterie que l'on retrouvait ensuite dans nos estomacs, je comprends que l'on ait Ă  l'heure actuelle quelques problĂšmes de santĂ©. Nous demandons donc que ces farines soient supprimĂ©es de l'alimentation animale, d'autant qu'Ă  partir du mois de dĂ©cembre 1996, les industriels de ce secteur devront appliquer les nouvelles normes europĂ©ennes. Or eux-mĂȘmes disent, je les ai rencontrĂ©s, qu'il leur est techniquement impossible de mettre leurs usines en conformitĂ© avec ces normes. En outre, les normes qui sont prĂ©conisĂ©es sont des normes allemandes qui n'ont pas Ă©tĂ© testĂ©es. Il serait prĂ©fĂ©rable de se passer de ces farines plutĂŽt que de continuer Ă  tergiverser et Ă  perdre du temps. Ces farines pourraient alors ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme de vrais dĂ©chets et ĂȘtre utilisĂ©es non pas dans la chaĂźne alimentaire mais plutĂŽt dans la fabrication de certains matĂ©riaux. Le deuxiĂšme point important sur ce dossier concerne l'Ă©volution des contrĂŽles sanitaires. Evidemment, l'affaire de la vache folle est le dernier bienfait de la dĂ©rĂ©glementation et de l'autocontrĂŽle pratiquĂ©s en Angleterre, et cela se propage en Europe. Cela peut trĂšs bien se faire, les professionnels sont suffisamment responsables pour s'autocontrĂŽler, mais en aucune façon il ne faut perdre de vue que les vrais contrĂŽles doivent toujours ĂȘtre effectuĂ©s par l'Etat quand la santĂ© et la sĂ©curitĂ© des consommateurs sont en jeu. A l'heure actuelle, un grand dĂ©bat est ouvert sur la question de savoir s'il ne faudrait pas rĂ©unir les diverses administrations qui s'occupent de santĂ© publique et de santĂ© animale. Nous pensons qu'un tel regroupement serait une bonne chose, Ă  condition que la nouvelle structure soit indĂ©pendante de l'industrie agro-alimentaire, c'est-Ă -dire qu'elle soit placĂ©e sous la tutelle d'un ministĂšre fort et non pas celle du ministĂšre de l'agriculture. Vous devriez examiner prochainement la loi d'orientation agricole. Or se dĂ©roulent actuellement de grandes manoeuvres pour que tous les contrĂŽles sanitaires effectuĂ©s en matiĂšre d'alimentation reviennent au ministĂšre de l'agriculture. Nous n'y sommes pas du tout favorables. Nous prĂ©fĂ©rerions que ce soit un ministĂšre de la consommation et de l'alimentation qui gĂšre l'ensemble de ces problĂšmes en toute indĂ©pendance. Enfin, le Conseil national de la consommation travaille actuellement avec le ministĂšre de l'Ă©conomie et des finances et le ministĂšre de l'agriculture sur la mise en place de mĂ©thodes destinĂ©es Ă  assurer une meilleure traçabilitĂ© de la filiĂšre bovine, afin d'obtenir au bout de la chaĂźne une information loyale et claire du consommateur, sous forme d'un Ă©tiquetage. Les discussions sont longues et compliquĂ©es parce que les consommateurs sont traumatisĂ©s. Et comme la filiĂšre bovine est trĂšs opaque, aussi bien dans sa façon de fonctionner qu'au bout de la chaĂźne oĂč aucune information n'est donnĂ©e au consommateur, Ă  l'heure actuelle les consommateurs se dĂ©chaĂźnent et demandent plus d'informations que ce que le raisonnable pourrait exiger. Mais il faut demander beaucoup pour obtenir un peu. A l'heure actuelle, nous travaillons sur l'origine de la viande, c'est-Ă -dire oĂč la bĂȘte est nĂ©e, oĂč elle est Ă©levĂ©e, oĂč elle est engraissĂ©e. Nous apprenons ainsi des choses extraordinaires, nous dĂ©couvrons des pratiques que nous imaginions difficilement. Certains pays engraissent, d'autres Ă©lĂšvent, d'autres font naĂźtre. Nous dĂ©couvrons l'existence de bovins baladeurs en Europe. Est-ce que c'est bon pour la maturation de la viande ? De nombreux sujets, tels que la catĂ©gorie, la race, le lieu d'abattage font l'objet de discussions avec les professionnels et le ministĂšre de l'agriculture. Enfin, pour que la confiance des consommateurs revienne, il faut reparler de qualitĂ©, entendue comme qualitĂ© de masse et non pas qualitĂ© sĂ©lective. Les labels et la certification sont de bonnes choses, mais ils reprĂ©sentent des parts minimes du marchĂ©. L'affaire de la vache folle donne un exemple concret Ă  prendre en compte dans l'examen des projets de loi qui vous seront soumis dans les mois Ă  venir. En particulier, avec la loi d'orientation agricole, les modes d'Ă©levage, les circuits de distribution, toutes les filiĂšres, on est au coeur du problĂšme. Cette affaire prouve que depuis trente ans le monde agricole marche sur la tĂȘte et qu'il faut revenir Ă  des mĂ©thodes plus raisonnables qui tiennent compte davantage des dĂ©sirs des consommateurs que des intĂ©rĂȘts des intermĂ©diaires des diffĂ©rentes filiĂšres. Mme le PrĂ©sident Je voudrais me faire un peu l'avocat du diable. Les consommateurs regrettent l'opacitĂ© de la filiĂšre bovine, mais celle-ci reprĂ©sente aussi des familles qui consomment, elles aussi. Pensez-vous que le monde agricole se plairait Ă  intoxiquer le consommateur en s'intoxiquant lui aussi ? Pensez-vous que la filiĂšre bovine soit aussi obscure et aussi fautive que vous le dites ? Est-ce qu'on peut, Ă  partir de vingt-et-un cas d'ESB en France, tirer le signal d'alarme aussi brutalement et dresser un tableau aussi noir que vous le faites de la filiĂšre bovine ? Je crois tout de mĂȘme qu'il existe des gens responsables au sein de cette filiĂšre. Peut-ĂȘtre y a-t-il eu des dĂ©rapages en Grande-Bretagne, mais il n'y en a pas eu dans la mĂȘme proportion en France. Ce matin, un chercheur de l'INRA nous expliquait que 90 % du cheptel français consomme 90 % de fourrage. Il faut bien sĂ»r que des mesures soient prises pour qu'il n'y ait plus de dĂ©rapages, que les agriculteurs ne jouent pas aux apprentis sorciers, mais on ne peut pas dire que ces gens qui sont aussi des consommateurs veuillent intoxiquer leurs propres familles. Mme Marie-JosĂ© NICOLI Tout le monde est consommateur, pas seulement les agriculteurs. Quand je parle de la filiĂšre bovine, je ne parle pas uniquement des agriculteurs, je pense aussi aux intermĂ©diaires. Le ministĂšre de l'agriculture reprĂ©sente de moins en moins les agriculteurs et les Ă©leveurs et de plus en plus l'industrie agro-alimentaire. Le dĂ©veloppement de notre agriculture est tel qu'on utilise des procĂ©dĂ©s industriels pour la fabrication de produits qui - pour ce qui concerne les produits de masse - ne sont pas forcĂ©ment de bonne qualitĂ©. Or, dans la mesure oĂč il n'y a pas eu de communication, le monde agricole est devenu opaque pour les consommateurs. En outre, quand on va sur le terrain, on constate que cette opacitĂ© existe vraiment d'un stade de la filiĂšre Ă  l'autre. Ainsi, les Ă©leveurs disent - et je veux bien les croire - qu'ils ignoraient la composition des farines animales. Tout au long de la filiĂšre bovine, chacun fait confiance au chaĂźnon prĂ©cĂ©dent, sans se prĂ©occuper des pratiques ou des mĂ©thodes employĂ©es qui ne sont pas toujours claires. Nous essayons de mettre en place des moyens informatiques, manuels, magnĂ©tiques qui permettront d'obtenir une meilleure traçabilitĂ© de la viande, en partant de la naissance de l'animal jusqu'Ă  l'Ă©tal du boucher ou le rayon de la grande surface. Je n'entrerai pas dans la polĂ©mique soulevĂ©e par la presse en ce qui concerne les trafics. Nous savons ce qu'il en est pour les veaux aux hormones puisque nous avons engagĂ© une bataille Ă  ce sujet depuis 1975. A l'heure actuelle, la situation s'est dĂ©bloquĂ©e parce que nous avons choisi le terrain judiciaire. Les parquets commencent Ă  nous accorder davantage de crĂ©dit, ne serait-ce que dans le montant des dommages et intĂ©rĂȘts qui nous sont accordĂ©s. Nous connaissons tous les abus qui peuvent exister au sein du monde agricole, mais ce qui nous intĂ©resse Ă  l'heure actuelle c'est d'aller de l'avant, de travailler avec les professionnels pour essayer d'Ă©viter les erreurs qui ont Ă©tĂ© faites jusqu'Ă  prĂ©sent. Nous ne pouvons toutefois y parvenir qu'en faisant pression car nous ne sommes pas les dĂ©cideurs. M. le Rapporteur Est-ce que vous continuez Ă  manger de la viande ? Mme Marie-JosĂ© NICOLI Oui, bien sĂ»r. Je ne mange plus d'abats, je mange de la viande, mais pas n'importe laquelle. M. le Rapporteur Votre rĂ©ponse est mesurĂ©e. Mme Marie-JosĂ© NICOLI Tout Ă  fait. M. le Rapporteur J'ai lu dans les documents que vous nous avez transmis que vous conseilliez Ă  vos lecteurs de faire une distinction entre les morceaux pouvant ĂȘtre contaminants - les abats- et les autres, en particulier le muscle. J'appelle votre attention sur le fait que les consommateurs d'une façon gĂ©nĂ©rale n'entendent pas un discours mesurĂ© tel que vous l'avez Ă©crit. Ils entendent ne plus manger de viande du tout. Par consĂ©quent, si vous aviez un message trĂšs fort Ă  faire passer, ce serait un message diffĂ©renciĂ©. Par ailleurs, pourquoi n'ĂȘtes-vous pas aussi mesurĂ©e sur la question des farines animales, puisque vous nous avez dit que vous ne vouliez plus entendre parler de ces farines ? C'est sans doute que vous pensez aux possibilitĂ©s de fraude, Ă  l'Ă©coulement de stocks antĂ©rieurs Ă  l'interdiction. Mais s'il s'agissait de farines animales fabriquĂ©es Ă  partir d'animaux clairement identifiĂ©s et selon les nouvelles normes, votre discours serait-il le mĂȘme ou le moduleriez-vous ? Mme Marie-JosĂ© NICOLI Je ne sais pas si nous le modulerons. Je me permets de laisser la parole au technicien qui m'accompagne pour vous donner des Ă©lĂ©ments scientifiques. M. Serge MICHELS On a choisi le procĂ©dĂ© allemand qui est le plus rigoureux mais Ă  notre connaissance, il n'y a pas eu d'expĂ©rimentation des diffĂ©rents procĂ©dĂ©s de fabrication de ces farines ni d'Ă©valuation de leur capacitĂ© Ă  dĂ©truire le prion. Par ailleurs, on va casser tous les outils de fabrication de farines en France alors que le procĂ©dĂ© français n'a pas fait l'objet d'une Ă©valuation. Ce qui nous gĂȘne beaucoup, c'est que les dĂ©cisions ont Ă©tĂ© prises sans que les procĂ©dĂ©s de fabrication des farines aient Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s sur les diffĂ©rentes maladies Ă  prion, alors qu'elles seront lourdes de consĂ©quences et Ă  trĂšs long terme. Or, les scientifiques avancent de plus en plus l'hypothĂšse que l'ESB n'est pas issue de la tremblante du mouton mais d'un agent diffĂ©rent existant chez les bovins et qui a Ă©tĂ© amplifiĂ© par les farines. Mme Marie-JosĂ© NICOLI Il y a aussi un problĂšme d'Ă©thique. Ce raisonnement peut s'appliquer Ă  la filiĂšre fruits et lĂ©gumes. En effet les consommateurs se dĂ©tournent des fruits car ils n'en sont plus satisfaits. Le problĂšme tient Ă  ce qu'on adapte les produits Ă  la filiĂšre - en mettant au point par exemple des produits plus rĂ©sistants - et que malgrĂ© l'insatisfaction du consommateur, il n'est pas question de modifier la filiĂšre. La recherche joue un rĂŽle d'apprenti sorcier. Il faut dire aussi que pour que les fruits et les lĂ©gumes arrivent mĂ»rs dans nos assiettes, il faudrait que le paysan aille plus souvent dans son champ. Or il n'en est pas question ! Il faudrait aussi que les distributeurs fassent des stocks moins importants. Il n'en est pas question non plus ! On ne veut pas modifier les habitudes, alors on modifie les produits. Je considĂšre que l'on marche sur la tĂȘte. On dit que les protĂ©ines animales ne sont pas plus dangereuses que les protĂ©ines vĂ©gĂ©tales. Or un certain nombre de scientifiques recommandent la prudence. On ne sait pas tout. Pourquoi dans quelque temps ne connaĂźtrait-on pas des porcs fous ? Il y a bien des cas de chats fous en Angleterre ! Jusqu'Ă  prĂ©sent, les consommateurs ne connaissaient pas les farines animales. Mais si on commence Ă  leur en dĂ©crire la composition, avec des termes bien prĂ©cis, on va leur couper l'appĂ©tit. Ils iront sans doute de moins en moins vers ce mode d'alimentation. M. Jean-Marc NESME Vous avez Ă©tĂ© trĂšs sĂ©vĂšre avec les agriculteurs au dĂ©but de votre exposĂ©. Vous m'avez un peu rassurĂ© Ă  la fin. Il faut Ă©viter de faire des amalgames, dans tous les domaines. Je peux vous assurer que les agriculteurs français n'ont nullement l'intention de rendre malade la population de leur pays et que la trĂšs grande majoritĂ© d'entre eux sont soucieux de la qualitĂ© de leurs produits. Qu'il y ait eu des dĂ©viances, c'est une Ă©vidence, mais il ne faut pas dramatiser Ă  outrance. J'ai beaucoup apprĂ©ciĂ© ce que vous avez dit sur l'identification. Nous sommes tous des consommateurs et quel que le soit le produit que nous voulons acheter - alimentaire ou non - nous souhaitons de plus en plus en connaĂźtre l'origine, la composition, les modalitĂ©s de fabrication et de distribution. Pour ce qui est de la viande bovine, comme pour la plupart des produits alimentaires, l'identification est pour les annĂ©es Ă  venir, tant sur les plans psychologique, Ă©conomique et commercial que sur le plan de la distribution, la colonne vertĂ©brale de l'avenir de la production. On parle beaucoup de traçabilitĂ©, mais je me mĂ©fie beaucoup des mots... Mme Marie-JosĂ© NICOLI Ce n'est pas un mot français, en plus ! Il ne figure pas dans les dictionnaires. M. Jean-Marc NESME Qu'attendez-vous, dans le domaine de l'identification, du produit viande bovine ? Qu'est-ce que cela reprĂ©sente concrĂštement pour vous ? Mme Marie-JosĂ© NICOLI ConcrĂštement, je souhaite que lorsque j'achĂšte un morceau de viande je puisse lire sur l'Ă©tiquette d'oĂč il vient, comment l'animal a Ă©tĂ© Ă©levĂ©, quel a Ă©tĂ© son temps de maturation - les gens parlent plutĂŽt de la tendretĂ© de la viande, mais chacun sait que c'est un Ă©lĂ©ment important de la qualitĂ© d'une viande - et quel a Ă©tĂ© le lieu d'abattage. Les agriculteurs sont prĂȘts Ă  nous aider. Les travaux ont commencĂ© depuis peu, mais dĂšs la premiĂšre sĂ©ance de travail au Conseil national de la consommation, nous avons eu des problĂšmes. Les rĂ©ticences viennent de la grande distribution, des grossistes, des marques telles que Charal qui mĂ©langent les viandes pour obtenir une viande stable et qui ne veulent pas donner la provenance de leurs produits. Nous ne sommes pas les seuls Ă  demander cela en France. Toutes les associations de consommateurs europĂ©ennes le demandent. Nous faisons pression auprĂšs de la Commission, Ă  tel point que s'est formĂ© en son sein un groupe de travail composĂ© de reprĂ©sentants de onze directions gĂ©nĂ©rales pour travailler sur le sujet. Nous travaillerons sans doute plus vite et nous espĂ©rons d'ici Ă  la fin du mois de septembre avoir mis Ă  plat tous les problĂšmes. Nous prĂ©senterons alors des propositions Ă  la Commission pour que l'identification fasse l'objet d'une rĂ©glementation europĂ©enne. Je suis pour une rĂ©glementation. Je ne suis pas pour une sorte de dĂ©ontologie qui sera accolĂ©e Ă  une marque ou Ă  un produit labellisĂ©. Il faut que ce soit obligatoire pour tout le monde. Dans la mesure oĂč nous sommes restĂ©s longtemps dans l'ignorance, nous devenons tellement exigeants que nous empiĂ©tons sur le domaine de la certification et de la labellisation. Mais nous faisons la diffĂ©rence entre une bonne information et la qualitĂ© du produit. Nous demandons que le consommateur soit informĂ©. Cela signifie que le temps de maturation de la viande - 6 jours, 7 jours, peut-ĂȘtre 20 jours ou plus, je ne sais pas - doit ĂȘtre inscrit. Et nous expliquerons au consommateur qu'une viande de 6 jours est peut-ĂȘtre moins tendre qu'une viande de 20 jours. C'est lĂ  que se joue la qualitĂ©. La qualitĂ© n'est pas simplement un mode de communication, c'est un plus pour le consommateur. S'il n'y a pas ce plus, je ne vois pas Ă  quoi servent les labels. D'ailleurs il en existe tellement que les consommateurs nous demandent quel est le meilleur. A cela s'ajoutent la certification, la normalisation... et les gens ne savent plus ce qu'ils achĂštent. M. Charles JOSSELIN Il est regrettable que les consommateurs restent encore insuffisamment organisĂ©s et prĂ©sents dans notre pays en dĂ©pit des efforts que vous faites, Madame. La sĂ©curitĂ© alimentaire n'a pas de prix, mais elle a un coĂ»t. Le consommateur est-il prĂȘt Ă  le payer ? J'ai dĂ©jĂ  eu l'occasion de dire qu'il fallait trĂšs probablement distinguer l'information liĂ©e Ă  la sĂ©curitĂ© de celle liĂ©e Ă  la qualitĂ© au sens label ». Que pensez-vous de cette distinction ? Par ailleurs, vous avez Ă©voquĂ© la dictature, en quelque sorte, de la filiĂšre, en expliquant qu'on a tendance Ă  conduire les rĂ©formes avec le souci de ne pas modifier son fonctionnement. J'ai entendu vos propos au sujet du terrorisme du stockage, du transport ou de la concentration de la distribution. Nous ferons profit de ces observations lorsque nous discuterons de la loi d'orientation agricole. Mais ces impĂ©ratifs de la filiĂšre sont aujourd'hui la rĂšgle pour tous les pays producteurs. Dans la mesure oĂč nous sommes dans un marchĂ© ouvert, tant en Europe qu'aux Etats-Unis oĂč les consommateurs sont, paraĂźt-il, encore mieux organisĂ©s et depuis plus longtemps, avez-vous des relations avec vos homologues Ă©trangers, notamment les AmĂ©ricains et les Allemands ? Avez-vous eu des Ă©changes sur le dossier de la vache folle ? Avez-vous eu l'occasion de vous Ă©tonner auprĂšs d'eux que les Etats-Unis, avec leurs cent et quelques millions de bovins et en dĂ©pit des soupçons qui pĂšsent au travers de ce qui affecte les wapitis ou autres visons, affichent tranquillement qu'ils n'ont aucun cas de vache folle ? Qu'en pensent les consommateurs amĂ©ricains ? Enfin, vous avez Ă©voquĂ© la question des procĂ©dĂ©s de fabrication des farines. Nous n'avons pas eu encore l'occasion d'entendre les industriels de ce secteur, mais il y a lĂ  des enjeux industriels considĂ©rables selon que les procĂ©dĂ©s retenus et validĂ©s sont seulement les allemands ou aussi les français. La question est de savoir si, au sein de l'Europe, ce n'est pas finalement la volontĂ© allemande qui est en train de prĂ©valoir et cela me prĂ©occupe. Mme Marie-JosĂ© NICOLI Chaque fois que l'on veut amener une profession Ă  produire de la qualitĂ©, on nous oppose le coĂ»t. Je ne sais pas si nous sommes prĂȘts Ă  payer plus, mais je sais que nous ne voulons plus manger des produits de mauvaise qualitĂ©. Les labels sont une rĂ©ponse Ă  une partie de la question mais pas Ă  toute la question. La part de marchĂ© la plus importante revient aux labels pour les poulets. Ils reprĂ©sentent 25 % du marchĂ©. Mais que mangent les 75 % des gens qui n'achĂštent pas de poulets labellisĂ©s ? De la cochonnerie ? Il n'est pas vrai que la labellisation tire obligatoirement la qualitĂ© vers le haut. En fait, c'est davantage un moyen de marketing qu'un vĂ©ritable Ă©lĂ©ment de la qualitĂ©. Nous ne sommes pas dupes, la labellisation n'a pas Ă©tĂ© instaurĂ©e pour les consommateurs mais pour sortir de l'orniĂšre une profession qui, Ă  l'Ă©poque, avait de gros problĂšmes. Nous serions prĂȘts Ă  payer une certaine qualitĂ©, mais pas n'importe quoi. C'est Ă  discuter et Ă  nĂ©gocier. M. Serge MICHELS Dans le secteur de la viande, les prix Ă  la production baissent depuis des annĂ©es, alors que les prix Ă  la consommation ne cessent d'augmenter. La grande distribution notamment augmente ses marges sur la viande. On pourrait peut-ĂȘtre consacrer une partie de ces marges Ă  produire de la qualitĂ© et Ă  rassurer les consommateurs. Mme Marie-JosĂ© NICOLI Nous entretenons des relations assez Ă©troites avec les organisations de consommateurs europĂ©ennes puisque nous avons une structure commune au niveau europĂ©en et au niveau international. Le seul pays avec lequel nous avons eu des relations depuis l'apparition de l'ESB, c'est l'Argentine. Nous n'avons pas eu de contact avec les Etats-Unis dans la mesure oĂč nous considĂ©rions qu'il s'agissait d'un problĂšme europĂ©en. Par contre, toutes les associations europĂ©ennes se sont rĂ©unies pour Ă©mettre un certain nombre de demandes et d'observations qui ont Ă©tĂ© transmises le 25 juin dernier au Parlement europĂ©en. Toutes les associations vont dans le mĂȘme sens et demandent la mĂȘme chose. Vous aviez l'air de dire que du fait qu'en France et en Europe les associations de consommateurs ne sont pas trĂšs fortes, on a la vache folle ! On fait ce qu'on peut. On pourrait sĂ»rement faire mieux. Aidez-nous, on fera mieux ! M. Charles JOSSELIN Il ne faut pas confondre le prix de la qualitĂ© et le coĂ»t de la sĂ©curitĂ©. Je ne crois pas que la sĂ©curitĂ© puisse ĂȘtre garantie sans le renforcement d'un certain nombre de contrĂŽles, ce qui signifie qu'il faut davantage de personnels chargĂ©s du contrĂŽle. Il faudra aussi, vraisemblablement, revoir certains processus de cela a un coĂ»t, ce sont ces points que je voulais souligner. Par ailleurs, je n'ai pas voulu vous reprocher de mal travailler, je regrette seulement que le mouvement consommateur dans sa globalitĂ© ne soit pas plus prĂ©sent. J'aurais donc tendance Ă  plaider dans votre sens. Mme Marie-JosĂ© NICOLI La qualitĂ© sanitaire est le minimum que l'on peut demander. La question ne devrait mĂȘme pas se poser. La sĂ©curitĂ© sanitaire des produits alimentaires va de soi. Je ne pense pas que qui que ce soit ait envie de fabriquer un produit qui empoisonnerait ou rendrait malade le consommateur. M. Jean-Marie MORISSET Votre message est dur pour les Ă©leveurs et pour la filiĂšre car celle-ci reprĂ©sente 50 % de la richesse de certains dĂ©partements et fait fonctionner un certain nombre de structures. A mon sens, votre message n'est pas trĂšs clair Ă  l'Ă©gard du consommateur. Vous disiez que manger de la viande est un risque mortel ». Or, vous avez confirmĂ© vous-mĂȘme que vous en mangiez. J'ai pris connaissance du dossier que vous nous avez transmis. Vous le dites vous mĂȘme, il est bon d'informer pour un retour au bon sens. Or, vous faites Ă©tat dans vos publications des notions de risque important », risque mal connu », risque apparemment limitĂ© », qui peuvent prĂȘter Ă  confusion. Dans les messages, je considĂšre qu'il faut ĂȘtre clair. Mme Marie-JosĂ© NICOLI Dans tous nos communiquĂ©s de presse, depuis le dĂ©but de l'affaire de la vache folle, nous sommes sĂ©rieux, raisonnables, responsables. Nous n'avons pas affolĂ© le consommateur. Par contre, nous sommes fermes et dĂ©terminĂ©s et nous l'avons traduit par des boycotts partiels, par le dĂ©pĂŽt d'une plainte contre X avec constitution de partie civile au tribunal de grande instance de Paris contre les importateurs de farines animales britanniques. Mais nous ne sommes plus maĂźtres de notre information quand elle passe dans les mĂ©dias. Il est vrai qu'il existe un dĂ©calage entre les informations parues dans les mĂ©dias et celles que nous avons publiĂ©es. Mais en fin de compte, le consommateur a le droit de ne pas ĂȘtre raisonnable dans cette affaire il est inquiet, on l'a grugĂ©, pendant des annĂ©es on a pris des dĂ©cisions, notamment au niveau europĂ©en, sans tenir compte de sa santĂ©. Je dis qu'il a le droit de ne plus manger de viande. C'est une sanction. Il reviendra aux habitudes qu'il avait auparavant, mais ce sera trĂšs long. Pendant des annĂ©es, la filiĂšre bovine a fait ce qu'elle a voulu en nous vendant ce qu'elle voulait. Les marchĂ©s se sont organisĂ©s sans notre avis. Que les consommateurs aient une rĂ©action, qui n'est pas mĂ©chante, bien que vous la trouviez excessive, c'est un coup de semonce. Si demain on dĂ©clenchait un boycott total de la viande bovine, ce ne serait pas seulement de 25 % que la consommation diminuerait, parce qu'on donnerait les raisons de notre action. Mais nous ne voulons pas en arriver lĂ . C'est pourquoi nous travaillons avec les Ă©leveurs et toute la filiĂšre pour fournir aux consommateurs une information loyale et contrĂŽlable. Les consommateurs reprendront alors le chemin des boucheries. Mais Ă  l'heure actuelle, vous ne pouvez pas leur reprocher de rĂ©agir. J'estime mĂȘme qu'ils sont raisonnables. M. Jean-Marie MORISSET Vous confirmez que le muscle ne prĂ©sente pas de risque. Mme Marie-JosĂ© NICOLI Nous l'avons toujours dit. M. Marc LE FUR Je comprends votre propos, Madame, mais sachons raison garder. Je suis un lecteur, certes occasionnel, de votre publication, mais je voudrais y trouver les mĂȘmes dĂ©nonciations Ă  l'Ă©gard des producteurs d'automobiles qui sont Ă  certains Ă©gards responsables de bon nombre des prĂšs de 10 000 morts sur nos routes chaque annĂ©e ou Ă  l'Ă©gard des producteurs de tabac. Il faut savoir conserver une hiĂ©rarchie entre les diffĂ©rents risques et la vie est Ă  certains Ă©gards un risque Ă  assumer. Il est intĂ©ressant de trouver dans votre dossier la note datĂ©e du mois d'octobre 1990, dont la presse a parlĂ©, qui rĂ©vĂšle une attitude tout Ă  fait surprenante de la part de la Commission europĂ©enne un responsable de la Commission, M. Castille, incitait Ă  l'Ă©poque Ă  organiser une vĂ©ritable dĂ©sinformation pour mettre cette affaire sous le boisseau. Je vous remercie de nous avoir donnĂ© connaissance de ce document. J'imagine que vous avez accueilli avec satisfaction l'attitude du ministre de l'agriculture qui, trĂšs vite, a dĂ©cidĂ© l'embargo et que vous ĂȘtes Ă©galement favorable Ă  la prolongation de l'embargo Ă  l'Ă©gard des viandes britanniques. Mme Marie-JosĂ© NICOLI Nous dĂ©nonçons rĂ©guliĂšrement tous les sujets que vous avez abordĂ©s. Mais nous ne pouvons pas faire que de la dĂ©nonciation, il faut aussi ĂȘtre positif. M. Marc LE FUR C'est la proportion que je mettais en avant. Mme Marie-JosĂ© NICOLI A l'heure actuelle, ce dossier est brĂ»lant et nous sommes bien obligĂ©s d'informer les gens. Vous ĂȘtes les premiers Ă  avoir copie de la note de M. Castille, Ă  part un ou deux journaux. Je prĂ©cise que n'est pas le seul document de ce type. D'autres antĂ©rieurs Ă  celui-ci prouvent que la Commission Ă©tait bien informĂ©e des risques qu'elle a mal Ă©valuĂ©s Ă  l'Ă©poque. Audition de M. Yves MONTÉCOT, prĂ©sident du Syndicat national des industriels de la nutrition animale extrait du procĂšs-verbal de la premiĂšre sĂ©ance du 4 septembre 1996 PrĂ©sidence de Mme Evelyne GUILHEM, PrĂ©sident M. Yves MONTÉCOT Madame le prĂ©sident, mesdames, messieurs, la France comprend deux secteurs d'activitĂ© en matiĂšre de nutrition animale, l'un privĂ© et l'autre public avec les coopĂ©ratives. Je suis pour ma part prĂ©sident du syndicat des fabricants d'aliments du secteur privĂ©. Il me faut tout d'abord prĂ©ciser que les fabricants d'aliments pour bĂ©tail ne sont pas des fabricants de farines de viande. Il s'agit de deux mĂ©tiers totalement diffĂ©rents, et je tenais en prĂ©ambule Ă  lever cette confusion qui a Ă©tĂ© entretenue dĂšs le dĂ©part dans cette affaire. Pour ce qui nous concerne, les farines de viande constituent des matiĂšres premiĂšres qui n'entrent dans l'ensemble de notre production que pour 2 Ă  3 % suivant les espĂšces. L'industrie de l'alimentation animale française est la premiĂšre d'Europe en volume avec 22 millions de tonnes produites annuellement. Dans ce total, le secteur de la volaille reprĂ©sente 40 % environ, celui du porc 29 % et celui des bovins 20 %, les secteurs privĂ© et coopĂ©ratif se partageant le marchĂ© Ă  peu prĂšs Ă  parts Ă©gales. Notre industrie s'est restructurĂ©e depuis une dizaine d'annĂ©es elle compte aujourd'hui 425 unitĂ©s de fabrication pour 385 entreprises de tailles trĂšs diverses, depuis l'entreprise multinationale jusqu'Ă  l'entreprise rĂ©gionale. Celles-ci connaissent en outre une implantation gĂ©ographique variĂ©e due aux marges trĂšs faibles du secteur en termes de valeur ajoutĂ©e. Les matiĂšres premiĂšres reprĂ©sentant 80 Ă  85 % du prix de revient, les produits ne peuvent supporter des frais de transport Ă©levĂ©s, ce qui explique l'implantation de nos entreprises dans toutes les rĂ©gions et leur importance en matiĂšre d'amĂ©nagement du territoire. Un fort tonnage 40 % du total provient toutefois de l'ouest de la France et 10 millions de tonnes sont issues du reste du territoire. ConfrontĂ©e au problĂšme de l'ESB, notre profession a rĂ©agi trĂšs rapidement. DĂšs 1988, mais plus particuliĂšrement dĂšs 1989, nous avons pris des dĂ©cisions qui anticipaient celles des pouvoirs publics. Il est clair que les farines animales ont toujours eu chez le consommateur une image nĂ©gative, ce qui explique la vigilance de notre profession face Ă  ces matiĂšres premiĂšres. Nous avons transformĂ© ce handicap en avantage puisque cette situation nous a conduits Ă  cette anticipation de nos dĂ©cisions par rapport Ă  celles des pouvoirs publics. Il nous a cependant Ă©tĂ© fait des reproches dans une certaine presse », le dossier de l'ESB Ă©tant devenu trĂšs mĂ©diatique Ă  partir du mois de mars, avec une relance en juin. J'expliquerai pour quelle raison. A cet Ă©gard, il convient d'abord de prĂ©ciser que l'utilisation de farines animales pour les ruminants n'est pas rĂ©cente, puisqu'elle remonte Ă  la fin du XIXĂšme siĂšcle, et qu'elle n'est pas contre nature. Elle n'a pas pour consĂ©quence de rendre les animaux carnivores mais simplement de satisfaire les besoins nutritionnels complexes des bovins comme des autres espĂšces. Je rappelle ensuite que notre profession est trĂšs rĂ©glementĂ©e. Avant cette crise, nous avions mĂȘme l'habitude de dire qu'elle Ă©tait plus rĂ©glementĂ©e que celle de l'alimentation humaine puisque pour notre seul pays 52 ou 53 textes la rĂ©gissent. En outre, elle est trĂšs surveillĂ©e, en particulier par deux administrations, celles de l'agriculture et des fraudes, les contrĂŽles Ă©tant permanents. Le rapport Galland publiĂ© au mois de juillet dernier en fait d'ailleurs Ă©tat. Tous les fabricants d'aliments pour le bĂ©tail ont pris l'habitude de se plier Ă  ces rĂ©glementations et, dans certains cas, de les anticiper. Notre profession, ainsi que je le soulignais tout Ă  l'heure, est importante pour l'amĂ©nagement du territoire. Mais elle l'est Ă©galement pour tous les producteurs puisque, tous secteurs confondus, l'alimentation animale reprĂ©sente entre 70 et 80 % du prix de revient d'une viande. Nous entretenons de ce fait des relations permanentes avec tous ceux qui font partie de notre environnement, c'est-Ă -dire les Ă©leveurs, les abattoirs et les pouvoirs publics. Pour Ă©voquer l'historique de l'ESB qui remonte Ă  1988, nous avons pour notre part Ă©tĂ© alertĂ©s du problĂšme qui se posait en Grande-Bretagne en septembre 1989 et, dĂšs octobre 1989, mon prĂ©dĂ©cesseur adressait une lettre circulaire Ă  tous nos adhĂ©rents leur recommandant de façon pressante de ne plus utiliser de farines de viande - je rappelle que les textes rĂ©glementaires interdisant leur utilisation datent de 1990. A partir de 1989, nous n'avons donc plus utilisĂ© de farines de viande anglaises ou françaises, puisque cette recommandation avait Ă©tĂ© Ă©largie Ă  l'ensemble des farines de viande françaises. Je peux donc affirmer que depuis 1989 les farines de viande n'ont pas Ă©tĂ© utilisĂ©es dans l'alimentation des ruminants. Mme le PrĂ©sident Vous venez d'indiquer que depuis 1989 vos adhĂ©rents n'utilisent plus de farines animales pour l'alimentation des ruminants. En est-il de mĂȘme pour les fabricants du secteur coopĂ©ratif ? Par ailleurs, vous utilisez des farines animales pour la fabrication des aliments destinĂ©s Ă  d'autres animaux, par exemple pour les volailles. Pourriez-vous nous apporter des prĂ©cisions sur ce point ? M. Yves MONTÉCOT Pour ce qui est de votre premiĂšre question, je prends la responsabilitĂ© d'affirmer qu'il en est de mĂȘme dans l'autre secteur. Toutes mes interventions depuis quelques mois ont d'ailleurs concernĂ© l'ensemble de la profession. Nous faisons le mĂȘme mĂ©tier avec les mĂȘmes contraintes. S'agissant de l'alimentation de la volaille ou du porc, nous avons toujours utilisĂ© des farines animales dans une proportion relativement faible - sachant bien toutefois que dans ce cas le problĂšme tient moins Ă  cette proportion qu'Ă  leur utilisation elle-mĂȘme - et nous continuons Ă  les utiliser. Des contraintes nouvelles ont Ă©tĂ© rĂ©cemment mises en place par le lĂ©gislateur et par les pouvoirs publics quant Ă  l'utilisation des farines animales, en particulier l'obligation de sĂ©parer les farines provenant d'animaux sains et de l'Ă©quarrissage. Nous avions lĂ  encore anticipĂ© puisque les farines animales ayant une image relativement nĂ©gative, l'accord interprofessionnel concernant notamment les farines de viande est l'un des plus anciens. Depuis quelques annĂ©es, il y avait donc en matiĂšre sanitaire des accords interprofessionnels entre les fabricants de farines de viande et les acheteurs que nous sommes qui allaient plus loin que la rĂ©glementation en vigueur et qui portaient notamment sur des exigences en matiĂšre de sĂ©curitĂ©. Mme le PrĂ©sident Le conditionnement de l'alimentation animale comporte-t-il toute l'information nĂ©cessaire, notamment sur l'Ă©ventuelle prĂ©sence de farines animales ? Tel ne semble pas avoir toujours Ă©tĂ© le cas. M. Yves MONTÉCOT La lĂ©gislation sur l'Ă©tiquetage de l'alimentation animale date de 1940. Cette information est beaucoup plus complĂšte que pour l'alimentation humaine aucun aliment pour bĂ©tail ne peut ĂȘtre commercialisĂ© en France si sa composition n'est pas indiquĂ©e sur l'Ă©tiquette. C'est un des points les plus surveillĂ©s et Ă  juste raison. On a pu nous reprocher depuis les annĂ©es 1990 une certaine dĂ©nomination des farines animales - celle de farines animaux terrestres » - mais nous n'avons fait lĂ  que respecter les derniers textes communautaires de 1990 qui nous ont imposĂ© une telle dĂ©nomination. Jusqu'en 1990, nous devions porter la mention farines de viande » - ou farines de poisson ». En France, nous utilisons les cĂ©rĂ©ales comme matiĂšres premiĂšres principales. L'Ă©tiquetage donne alors par ordre dĂ©croissant les Ă©lĂ©ments entrant dans la composition des produits. Les matiĂšres premiĂšres ou les groupes de matiĂšres premiĂšres sont donc bien indiquĂ©s et le terme de farines d'animaux terrestres » qui nous a Ă©tĂ© imposĂ© par la rĂ©glementation europĂ©enne est clair. M. le Rapporteur Vous avez indiquĂ© que votre profession Ă©tait rĂ©glementĂ©e et contrĂŽlĂ©e et que vos productions Ă©taient de qualitĂ©, et je dois avouer que je ne connais pas de professionnels qui disent autre chose. Mais pour fabriquer vos produits, vous avez besoin de matiĂšres premiĂšres et je voudrais savoir si, au-delĂ  du produit fini, les contrĂŽles s'exercent sur les matiĂšres premiĂšres utilisĂ©es et selon quelles modalitĂ©s, notamment en termes de qualitĂ©. Les rĂ©cents dĂ©veloppements montrent en effet trĂšs clairement que l'on ne peut s'abriter derriĂšre des directives ou des rĂšglements, notamment communautaires, pour penser que l'on fait bien. Pour en revenir Ă  la pĂ©riode 1988-1989, vous nous avez dit avoir alors anticipĂ©. Mais existait-il des stocks et, dans l'affirmative, pendant combien de temps pensez-vous que l'on ait continuĂ© Ă  utiliser ces stocks qui avaient Ă©tĂ© produits selon des procĂ©dĂ©s de fabrication regrettables ? En ce qui concerne l'Ă©tiquetage, il semblerait que de l'alimentation animale importĂ©e Ă  destination de la volaille et non des ruminants ait pu quand mĂȘme ĂȘtre donnĂ©e Ă  ces derniers puisque son utilisation appartient en dernier ressort Ă  l'Ă©leveur. Existe-t-il pour ces deux derniers points des modalitĂ©s de contrĂŽle ou de suivi et avez-vous connaissance de fraudes que de tels contrĂŽles auraient dĂ©celĂ©es ? PlutĂŽt que de nous parler toujours de ce qui est parfait, pourriez-vous nous faire part de tel ou tel manquement qui aurait pu se produire et des conditions dans lesquelles ils auraient Ă©tĂ© relevĂ©s ? Par ailleurs, exportez-vous et importez-vous et selon quelles modalitĂ©s ? Dans ce cas, les exigences Ă  l'importation sont-elles les mĂȘmes que celles Ă  l'exportation ? Enfin, pouvez-vous nous prĂ©ciser les consĂ©quences notamment financiĂšres de cette crise pour les industriels que vous reprĂ©sentez ? M. Yves MONTÉCOT Je l'affirme aujourd'hui, et nous avons fait des communiquĂ©s Ă  ce propos, la profession a respectĂ© la lĂ©gislation. Il est vrai que cela ne suffit pas. Notre contrĂŽleur principal, qui est le service des fraudes, qui relĂšve de M. Yves Galland, ministre dĂ©lĂ©guĂ© aux finances et au commerce extĂ©rieur, a donnĂ© une confĂ©rence de presse le 15 juillet et a rĂ©digĂ© un rapport. Je ne sais pas si vous en avez eu connaissance et je peux vous en donner les conclusions. Selon ce rapport, disponible auprĂšs du ministĂšre, sur les 486 entreprises, toutes ont Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©es - Ă  quelques unes prĂšs. Il prĂ©cise clairement que sur les 385 fabricants d'aliments pour le bĂ©tail, 377 ont fait l'objet d'inspections, que les contrĂŽles ont montrĂ© que dans tous les cas, il y avait eu respect de la lĂ©gislation, qu'il n'y avait pas eu d'importations illĂ©gales et qu'il n'y avait pas eu d'utilisations illĂ©gales, Ă  un cas prĂšs, qui date de 1992 et qui porte sur 4 tonnes de farines animales. Je ne me contente donc pas d'affirmer, je me base sur les rapports des services contrĂŽleurs de l'administration qui sont compĂ©tents en la matiĂšre. Je suis moi-mĂȘme industriel en Normandie et j'ai rĂ©guliĂšrement la visite des services de la rĂ©pression des fraudes. RĂ©cemment, ils ont passĂ© deux, presque trois semaines dans mon entreprise, petite entreprise de taille rĂ©gionale. Ils sont remontĂ©s sur plusieurs annĂ©es, ont repris toutes nos fabrications et contrĂŽlĂ© l'ensemble des stocks pour voir s'il y avait cohĂ©rence. L'ensemble des fabricants a subi de tels contrĂŽles et cela a Ă©tĂ© lourd. Certains de nos adhĂ©rents s'en sont plaints mais nous n'avons pas Ă  nous en plaindre, au contraire, car nous souhaitons que les contrĂŽles soient les plus frĂ©quents et approfondis possible. Le rapport de M. Yves Galland est trĂšs important, en particulier en ce qui concerne les importations. Ses auteurs ont reconnu s'ĂȘtre heurtĂ©s Ă  une incohĂ©rence des statistiques. Tout ce que j'indique n'est donc pas seulement l'affirmation d'un prĂ©sident, c'est l'affirmation d'une profession, Ă©tayĂ©e par des faits et par des contrĂŽles. J'en viens maintenant au contrĂŽle de la qualitĂ©. J'ai Ă©voquĂ© l'accord interprofessionnel sur la qualitĂ© des farines de viande. Depuis de nombreuses annĂ©es, des addendums ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©s et des accords techniques ont Ă©tĂ© passĂ©s sur les autres matiĂšres premiĂšres, notamment les cĂ©rĂ©ales. Des accords dĂ©terminent donc les qualitĂ©s Ă  respecter et les contrĂŽles Ă  effectuer. Nous continuons dans cette voie. Nous avons signĂ©, au dĂ©but de l'annĂ©e, des accords interprofessionnels sur les tourteaux de colza et sur les tourteaux de tournesol. Nous avons signĂ© un accord il y a un an sur le son. Toutes les matiĂšres premiĂšres doivent ĂȘtre contrĂŽlĂ©es et nous passons des contrats avec nos fournisseurs. Cela est trĂšs suivi. Autre point important du point de vue de la qualitĂ© la certification. Un certain nombre d'entreprises d'aliments pour le bĂ©tail sont certifiĂ©es et la dĂ©marche de certification et de conformitĂ© que nous avons engagĂ©e date de 1990 et n'a donc pas Ă©tĂ© provoquĂ©e par la crise actuelle. J'Ă©voquerai maintenant les modalitĂ©s des contrĂŽles en usine. GĂ©nĂ©ralement, nous avons deux types de contrĂŽles tout d'abord, il y a un contrĂŽle rapide avant dĂ©chargement ou en cours de dĂ©chargement des matiĂšres premiĂšres. Ce contrĂŽle est visuel, mais aussi analytique. Nous disposons pour le rĂ©aliser de matĂ©riel qui permet d'obtenir instantanĂ©ment des analyses de conformitĂ© protĂ©ines, matiĂšres grasses.... Ce premier contrĂŽle rapide dĂ©termine la marchandise qui doit ĂȘtre exclue. Ensuite, il y a gĂ©nĂ©ralement un contrĂŽle rĂ©alisĂ© par un laboratoire extĂ©rieur. Certains Ă©chantillons sont prĂ©levĂ©s de maniĂšre statistique et lui sont envoyĂ©s. A ce niveau-lĂ , l'ensemble des matiĂšres premiĂšres est contrĂŽlĂ©. On ne peut pas analyser chaque lot, mais le contrĂŽle est trĂšs prĂ©cis. En ce qui concerne la pĂ©riode 1988-1989 et les stocks de farines de viande, il faut tout d'abord savoir que les matiĂšres premiĂšres de notre profession ne se stockent pas et que la durĂ©e d'utilisation des farines de viande est limitĂ©e Ă  deux mois. Les stocks ne sont donc jamais importants dans nos usines. En outre, nous travaillons en circuit court, en flux tendus. Si tel n'Ă©tait pas le cas, il faudrait des installations de stockage trĂšs importantes, compte tenu du volume. Pour ce qui est des importations, la synthĂšse du rapport Galland apporte de nombreux Ă©lĂ©ments d'information. Je vais prendre la peine de vous en lire quelques extraits pour vous Ă©clairer sur l'interprĂ©tation qui en a Ă©tĂ© faite Des erreurs sur l'origine gĂ©ographique et sur la dĂ©nomination des produits ont Ă©tĂ© commises. Certains produits qui, d'aprĂšs la dĂ©claration des douanes, auraient Ă©tĂ© importĂ©s du Royaume-Uni, Ă©taient en rĂ©alitĂ© d'origine irlandaise, et donc non soumis Ă  embargo. Des erreurs matĂ©rielles ont Ă©tĂ© commises dans l'Ă©tablissement des dĂ©clarations des douanes. D'autres produits ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s par erreur comme farines de viande alors que ce n'Ă©tait pas le cas et qu'il ne s'agissait pas de produits Ă  risque-farines de volailles destinĂ©es Ă  ĂȘtre incorporĂ©es dans les aliments pour chiens et chats, farines de biscuits, etc. ». Cela signifie que les chiffres qui ont circulĂ© Ă©taient faux, ce qui a eu des consĂ©quences dramatiques. Si l'on remonte au moins de mars, qui correspond Ă  l'arrivĂ©e de la crise, fin mai l'on peut affirmer que le problĂšme Ă©tait Ă  peu prĂšs rĂ©solu. DĂ©but juin, il a Ă©tĂ© relancĂ© par la parution de certains chiffres qui indiquaient que les fabricants français avaient importĂ© des quantitĂ©s phĂ©nomĂ©nales » de farines animales au cours des annĂ©es 1988-1989. C'est ce qui a dĂ©clenchĂ© la deuxiĂšme crise, de loin la plus importante. Je vais maintenant indiquer quels Ă©taient les chiffres rĂ©els. En 1989, 15 000 tonnes ont Ă©tĂ© importĂ©es en France. Il s'agit du dĂ©but de la non-utilisation. En 1990, 17 000 tonnes ont Ă©tĂ© importĂ©es en Europe, dont 1000 tonnes en France. Ces 1 000 tonnes ont Ă©tĂ© importĂ©es avec des dĂ©rogations spĂ©cifiques des pouvoirs publics, pour des utilisations autres que l'alimentation des ruminants. En 1991, 25 000 tonnes ont Ă©tĂ© importĂ©es en Europe, 20 tonnes en France, avec des dĂ©rogations spĂ©cifiques. En 1992, aucune importation. En 1993, 600 tonnes en France, mais ce sont des farines provenant d'Irlande, ainsi que des farines de volailles. En 1994, 4 300 tonnes, lĂ  encore en provenance d'Irlande ou farines de volailles. Souvenez-vous des chiffres qu'on a pu lire, et qui Ă©taient trĂšs diffĂ©rents. L'explication, malheureusement, est que les statistiques douaniĂšres, par erreur, ont mĂ©langĂ© des provenances. Les contrĂŽles des services des fraudes ont prouvĂ© qu'aucune de ces farines importĂ©es lĂ©galement n'a Ă©tĂ© utilisĂ©e illĂ©galement. MĂȘme si des farines animales ont Ă©tĂ© importĂ©es, la traçabilitĂ© permet de remonter sans difficultĂ© sur plusieurs annĂ©es le parcours des produits, mĂ©lange par mĂ©lange. Quant aux importations d'aliments, elles sont peu importantes. Environ 200 000 tonnes par an sur 20 millions de tonnes d'importations d'aliment pour le bĂ©tail, en provenance de Belgique ou d'Italie. Ces produits ne pouvant pas supporter des frais de transport importants, il ne peut s'agir que de pays trĂšs proches. La rĂ©glementation communautaire sur l'Ă©tiquetage s'impose Ă  eux et il n'y a pas de raison de penser qu'ils ne la respectent pas. Peut-il y avoir une erreur d'utilisation entre un aliment bovin et un aliment volaille ? Non. Je vais essayer de vous expliquer pourquoi. D'abord, la prĂ©sentation est diffĂ©rente. Traditionnellement, les aliments destinĂ©s aux volailles sont en petites miettes, en petits granulĂ©s, les aliments pour bovins sont en granulĂ©s plus gros. Ensuite, l'identification par Ă©tiquetage est trĂšs complĂšte composition du produit, garantie analytique, mais aussi mode d'emploi et espĂšce Ă  laquelle il est destinĂ©. Cela doit ĂȘtre indiquĂ© clairement. Chaque sac - de 5 , 25 ou 50 kg - doit ĂȘtre cousu et porter une Ă©tiquette cousue. Cette Ă©tiquette est donc fixe, elle est inviolable, elle ne peut pas ĂȘtre modifiĂ©e. Si elle a Ă©tĂ© enlevĂ©e, on ne peut pas la remettre. Lorsqu'il s'agit d'une livraison en vrac, elle doit ĂȘtre accompagnĂ©e d'une Ă©tiquette, lot par lot, qui accompagne le bon de livraison, lui-mĂȘme signĂ©. Enfin, lorsqu'il s'agit de sacs, les fabricants, europĂ©ens ou français, ont l'habitude de les identifier selon les espĂšces tĂȘtes d'animaux, couleurs diffĂ©rentes, etc. C'est un moyen de gestion des stocks et d'identification. Il n'y a pas, dans la profession, de sacs neutres, toutes espĂšces confondues. Je ne vois donc pas comme il serait possible de donner des aliments pour volailles Ă  des bovins. En ce qui concerne les importations et les exportations, les exigences au niveau de l'aliment sont semblables. L'Ă©tiquetage est le mĂȘme. Il n'y a pas de difficultĂ©. Nous souhaitons cependant que les mĂȘmes exigences sur le tri des farines animales d'origine - farines de viandes saines ou non saines - soient applicables Ă  l'ensemble des pays europĂ©ens. Pour l'instant, cela n'est pas prĂ©vu dans le droit français. Mais dans le dernier accord interprofessionnel que le SNIA a signĂ© avec les fabricants de farines de viandes, les fabricants français s'engagent Ă  exiger que les Ă©ventuelles importations de farines animales de l'Ă©tranger soient conformes Ă  la lĂ©gislation française. Il semble que les pouvoirs publics français envisagent actuellement d'intĂ©grer de telles dispositions dans la loi, mais il y a beaucoup de rĂ©ticences dans les autres pays d'Europe. Mais notre profession, depuis le mois de juillet, dans un accord interprofessionnel, s'est donnĂ© cette contrainte. Nous souhaitons qu'elle soit intĂ©grĂ©e dans la loi et qu'elle soit applicable au niveau communautaire. J'aborderai enfin les consĂ©quences de la crise pour notre profession. Elles sont trĂšs importantes et elles concernent bien entendu l'alimentation des bovins-viande, et en tant que partie prenante de la filiĂšre, nous soutenons clairement les Ă©leveurs pour les aider Ă  passer cette crise. Le tonnage des aliments destinĂ©s aux bovins-viande a chutĂ©, des baisses importantes de volumes ayant aussi Ă©tĂ© enregistrĂ©es sur le bovin-lait. Au mois de juin, la baisse Ă©tait de l'ordre de 25 %. En termes de fabrication, juin n'est pas un mois facile Ă  comparer car c'est un mois court. Par contre, pour juillet, la baisse de volume a Ă©tĂ© de 10 Ă  15 %. Alors que nous avons connu Ă  ce moment, en particulier dans l'ouest, une certaine sĂ©cheresse qui, normalement, aurait dĂ» se traduire par une certaine augmentation, nous avons enregistrĂ© une baisse de l'ordre de 10 Ă  15 %. Pour des usines et des entreprises trĂšs spĂ©cialisĂ©es dans les secteurs bovins, cela pose d'Ă©normes problĂšmes en termes de rĂ©sultats ainsi que des difficultĂ©s financiĂšres. Mme le PrĂ©sident Je voudrais revenir sur les importations britanniques. Un rapport de la direction des douanes fait Ă©tat de 14 000 tonnes de farines carnĂ©es britanniques importĂ©es par la France entre 1993 et 1996. Je ne comprends pas comment cela a pu se faire. Cela n'aurait pu se faire que dans le cadre de dĂ©rogations, mais les services du ministĂšre de l'agriculture disent qu'il n'y en a pas eu. M. Yves MONTÉCOT Pour 1993, j'ai le chiffre de 600 tonnes ; pour 1994, 4 300 ; pour 1995, 4 100. Cela fait environ 10 000 tonnes. En 1996, l'embargo a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© au mois de juin, je ne dispose pas des chiffres. Admettons que ce soit 2 000 tonnes. Le total s'Ă©lĂšverait Ă  12 000 tonnes, ce qui n'est pas incohĂ©rent avec le chiffre que vous indiquez. S'agit-il des chiffres aprĂšs ou avant rectification des erreurs ? M. Yves Galland, dans son rapport, prĂ©cisait qu'il y avait eu des erreurs d'imputation. Il y a eu assimilation, dans les chiffres publiĂ©s par la presse, entre les farines de viandes et les farines de volailles. Mme le PrĂ©sident Cela paraĂźt trĂšs trouble... M. Yves MONTÉCOT Non... Mme le PrĂ©sident Le problĂšme n'est pas qu'il y ait 12 000 tonnes ou 14 000 tonnes, mais qu'il y ait eu importation de farines carnĂ©es britanniques pendant une pĂ©riode oĂč l'on n'importait plus qu'avec dĂ©rogations. M. Yves MONTÉCOT S'agissait-il de farines d'Irlande ou pas ? Mme le PrĂ©sident De farines carnĂ©es britanniques. M. Yves MONTÉCOT LĂ  encore, le rapport Galland dit qu'il y a eu confusion avec l'Irlande. S'il s'agit des farines irlandaises, elles Ă©taient effectivement libres d'accĂšs. Il faut relativiser ces tonnages. Vous Ă©voquez le chiffre de 13 000 tonnes sur trois ans. Cela fait 4 000 tonnes par an. Rien qu'en France, nous utilisons 400 000 tonnes de farines animales françaises. Comparons ces 4 000 tonnes au tonnage total français qui est de 22 millions de tonnes, et au tonnage europĂ©en, qui est de 100 millions de tonnes. Les pourcentages sont faibles. M. Charles JOSSELIN Chacun sent bien l'importance que prĂ©sente pour cette mission l'audition des reprĂ©sentants des industriels de l'alimentation animale. Parmi les hypothĂšses pour expliquer la crise de l'ESB, il en est une communĂ©ment admise la mauvaise affaire qui nous rĂ©unit aujourd'hui aurait dĂ©butĂ© lorsque les Britanniques ont commencĂ© Ă  modifier le mode de fabrication de leurs farines animales. Et le lien entre l'alimentation animale et le dĂ©veloppement de la maladie de la vache folle a Ă©tĂ© Ă©videmment rapidement fait. Vous dites avoir Ă©tĂ© alertĂ© en septembre 1989. Comment ? Par qui ? Etaient-ce les services publics, Ă©taient-ce vos relations ? Si c'Ă©taient vos relations, notamment avec vos collĂšgues britanniques, n'est-il pas un peu surprenant qu'il ait fallu un an pour que l'information se propage ? Par ailleurs, pouvez-vous nous dire comment ont Ă©voluĂ© les cours des farines de viande britanniques durant la pĂ©riode ? Il semble bien que ceux-ci se soient effondrĂ©s en Grande-Bretagne, Ă  partir du moment oĂč l'utilisation de la farine de viande n'y a plus Ă©tĂ© permise. Certes, la loi -ou le rĂšglement- a mis du temps avant de prendre la mesure de ces rĂ©alitĂ©s, et on ne peut pas vous faire le reproche d'avoir eu des comportements illĂ©gaux par rapport Ă  des rĂ©glementations qui ont tardĂ© Ă  venir. Il n'en reste pas moins que l'on peut vous reprocher d'avoir eu connaissance de la rĂ©alitĂ© britannique, et d'en avoir peut-ĂȘtre tirĂ© profit en procĂ©dant Ă  des importations Ă  des prix plus allĂ©chants. L'on comprend l'empressement qu'avaient les Anglais Ă  se dĂ©barrasser d'une production qui n'avait plus de marchĂ© chez eux. Certains ont indiquĂ© qu'au cours de la pĂ©riode qui va de leur interdiction en Grande-Bretagne Ă  leur interdiction en France, il y aurait eu une augmentation brutale des importations de farines de viande britanniques en France. Je constate ce que dit le rapport Galland et je suis fort surpris de dĂ©couvrir que ces statistiques n'auraient finalement aucune valeur et qu'on mĂ©langerait allĂšgrement les pays de destination. Pour un peu, on se tromperait de marchandise ! J'avais compris qu'on avait plutĂŽt eu tendance Ă  baptiser irlandaises des farines britanniques. Or vous nous dites que c'est l'inverse ce sont des farines irlandaises qu'on aurait baptisĂ© britanniques ! Je cherche le mobile, car on aurait masquĂ© le produit dans le mauvais sens. Il est d'ailleurs surprenant que brutalement, en quelques mois -toujours selon l'Ă©volution des statistiques-, l'Irlande soit devenu pays producteur de farines de viande. Ainsi, au moment oĂč les importations de Grande-Bretagne ont chutĂ©, on a vu les importations d'Irlande augmenter brutalement. La question du calendrier est donc primordiale. Par ailleurs, quelles sont vos relations avec les opĂ©rateurs Ă©trangers et selon quelles modalitĂ©s vous procurez-vous vos matiĂšres premiĂšres importĂ©es ? Est-il vrai que les circuits qu'elles suivent sont parfois complexes et peu clairs ? Autre question quelles sont vos relations avec les fabricants de farines de viande ? Je pense Ă  l'Ă©quarrissage. Vous avez dit souhaiter que les rĂšgles soient les mĂȘmes dans l'ensemble de l'Europe. C'est aussi, trĂšs largement, je crois , le point de vue de notre mission. Mais actuellement, nos fabricants ne sont pas en mesure de respecter les normes qui ont Ă©tĂ© retenues pour la fabrication de farines de viandes, sous la pression des Allemands semble-t-il. S'ils devaient appliquer ces normes, cela induirait un surcoĂ»t qui se rĂ©percuterait sur le prix de leurs produits. ConsidĂ©rez-vous que ces farines prĂ©sentent pour les Ă©leveurs un intĂ©rĂȘt tel que vous pourriez accepter une augmentation du prix de vos matiĂšres premiĂšres de façon Ă  amortir les modification de processus de fabrication destinĂ©es Ă  les rendre compatibles avec les normes europĂ©ennes ? DerniĂšre question, qu'avez-vous fait de vos stocks ? Comment vous en ĂȘtes-vous dĂ©barrassĂ©s ? M. Yves MONTÉCOT Vous ĂȘtes stupĂ©fait par le rapport Galland. Ce n'est pas le cas de la profession. Personnellement, en tant que fabricant depuis une trentaine d'annĂ©es, je ne suis pas stupĂ©fait. Ce qui est stupĂ©fiant, c'est que nous ayons Ă©tĂ© mis en cause depuis quelques mois. Nous avons essayĂ© de rĂ©pondre. On ne nous a pas Ă©coutĂ©s. C'est cela qui est stupĂ©fiant ! Certains grands distributeurs nous ont vilipendĂ©s. Je ne parle mĂȘme pas de la presse, je parle de professionnels. Je tiens Ă  votre disposition leurs dĂ©clarations. Pour revenir en 1988, il faut ĂȘtre trĂšs clair aujourd'hui, il n'y a pas de certitudes. Les scientifiques n'en ont pas. Est-ce que la contamination est simplement alimentaire ? On s'aperçoit qu'elle devient verticale. Est-ce qu'il n'y a pas d'autre contamination ? Je ne dispose pas de ces informations. Ce que je crains, c'est qu'Ă  terme l'on dĂ©couvre qu'il y a d'autres modes de contamination. Ce serait dramatique car l'on aurait inquiĂ©tĂ© peut-ĂȘtre inutilement les consommateurs. Aujourd'hui, on n'a pas de certitudes. Pour rĂ©pondre Ă  votre question, nous avons Ă©tĂ© informĂ©s par un courrier du ministĂšre de l'agriculture, datĂ© du 1er septembre 1989, de la tenue d'une rĂ©union le 26 septembre 1989 Ă  9 heures 45 au ministĂšre de l'agriculture. Je profite de l'occasion pour dire que cette invitation avait Ă©tĂ© faite Ă  tous les partenaires de la filiĂšre bovine, y compris les organisations reprĂ©sentant les producteurs, et qu'ils y ont participĂ©. Je n'y ai pas personnellement assistĂ© car je ne dirigeais pas le syndicat Ă  cette date, mais nos cadres Ă©taient prĂ©sents. C'est Ă  partir de ce moment lĂ  que nous avons Ă©tĂ© informĂ©s. Notre profession compte environ 500 fabricants en France et nous ne sommes pas en liaison permanente avec nos collĂšgues Ă©trangers, car notre prioritĂ© est d'ĂȘtre prĂ©sents dans nos usines, Ă  contrĂŽler nos matiĂšres premiĂšres, Ă  amĂ©liorer la sĂ©curitĂ©, Ă  entretenir des relations avec nos clients. Nous ne passons pas notre temps Ă  Ă©couter ce que nos collĂšgues Ă©trangers ont envie de nous dire ou ne pas nous dire. En 1989, j'exerçais cette profession depuis plusieurs annĂ©es dĂ©jĂ  et je ne disposais d'aucune information. La premiĂšre information officielle nous a Ă©tĂ© transmise par les pouvoirs publics en septembre 1989. Notre premiĂšre rĂ©action, avant la publication des nouvelles rĂ©glementations fut de rĂ©diger une circulaire prĂ©voyant une interdiction d'utilisation. A ce niveau-lĂ , nous ne pouvions pas rĂ©agir plus vite. J'aborde maintenant la question relative aux prix. Il convient Ă  cet Ă©gard de souligner que tant pour l'industrie française que pour l'industrie europĂ©enne, les farines animales ne sont pas des produits stratĂ©giques, Ă  la diffĂ©rence des tourteaux de soja ou, aujourd'hui, du blĂ©. Les farines animales, quelles qu'elles soient, n'entrent que pour 1 Ă  2 % dans la fabrication de nos produits - un certain nombre de fabricants français n'en ont mĂȘme jamais utilisĂ© et n'en utiliseront jamais. Voici quelques exemples de prix pour 100 kg en 1988, 162 francs en fĂ©vrier, 174 francs en mai, 225 francs en aoĂ»t et 207 francs en novembre. En 1989, 197 francs en fĂ©vrier, 217 francs en mai et 187 francs en aoĂ»t. Le niveau des prix ne s'explique donc pas par le fait que les Britanniques nous auraient vendu de la marchandise Ă  bas prix. Si tel avait Ă©tĂ© le cas, on aurait pu alors s'interroger. En revanche, les tourteaux de soja ont, eux, subi des variations de cours importantes 150 francs en fĂ©vrier 1988, 170 francs en mai et 205 francs en aoĂ»t. Et lorsqu'une matiĂšre premiĂšre leader » subit une augmentation, elle entraĂźne celle des matiĂšres premiĂšres secondaires. Ces chiffres peuvent ĂȘtre vĂ©rifiĂ©s. En aucun cas, les farines animales britanniques mĂȘme Ă  bas prix n'auraient donc pu reprĂ©senter un intĂ©rĂȘt Ă©conomique suffisant pour faire prendre un quelconque risque. L'une des prĂ©occupations majeures des chefs d'entreprise concerne la notion de risque et depuis toujours les fabricants d'aliments pour le bĂ©tail ont voulu le limiter. S'agissant de nos relations avec les opĂ©rateurs, celles-ci ne sont pas celles qui ont Ă©tĂ© dĂ©crites. Je ne connais pas de circuits parallĂšles de matiĂšres premiĂšres. La cotation des tourteaux de soja et des cĂ©rĂ©ales existe au niveau mondial et toute opĂ©ration donne lieu Ă  document Ă©crit, aucune affaire ne se concluant dans notre profession sans trois confirmations -celles du courtier, de l'acheteur et du vendeur. Avec ces confirmations croisĂ©es, existe ainsi une traçabilitĂ© permanente des opĂ©rations rĂ©alisĂ©es. Quand il s'agit de produits importĂ©s, un contrĂŽle des services officiels a lieu. On ne fait pas disparaĂźtre ou changer de mains un bateau chargĂ© de tourteaux de soja ou de farines animales. Il y a lĂ  aussi une traçabilitĂ© permanente. Il faut le dire, il Ă©tait intĂ©ressant pour certains Ă  un moment donnĂ© de trouver un bouc Ă©missaire face Ă  une incertitude scientifique totale sur la transmission de la maladie ou encore sur la durĂ©e de la crise. Notre profession a alors Ă©tĂ© visĂ©e et c'est pourquoi nous avons dĂ©cidĂ© de rĂ©agir trĂšs fortement. L'importance de la matiĂšre premiĂšre en question, je le rĂ©pĂšte, doit ĂȘtre relativisĂ©e, mĂȘme au niveau europĂ©en. Elle ne lui donne pas une valeur stratĂ©gique telle qu'elle pourrait conduire Ă  l'instauration de circuits parallĂšles. Quant aux Ă©quarrisseurs, ils sont pour nous des fournisseurs de matiĂšres premiĂšres. Les premiers accords interprofessionnels sur les farines animales datent des annĂ©es 70 et ont Ă©tĂ© rĂ©visĂ©s quatre ou cinq fois en fonction de l'Ă©volution des connaissances scientifiques et des exigences du marchĂ©. Nous nous rencontrons rĂ©guliĂšrement, notamment lorsque nous demandons Ă  rĂ©viser ces accords, sachant qu'un accord interprofessionnel n'Ă©volue pas Ă  l'initiative du vendeur qui, lui, se satisfait toujours des derniĂšres contraintes qui lui ont Ă©tĂ© imposĂ©es et se mĂ©fie de celles que pourrait exiger l'acheteur. Le dernier avenant a ainsi Ă©tĂ© signĂ© au mois de juillet dernier. Nous nous sommes engagĂ©s alors Ă  n'utiliser des farines animales qui ne seraient pas fabriquĂ©es en France que si elles correspondaient aux spĂ©cifications françaises. S'agissant du traitement des carcasses sous une pression de trois bars, je n'ai pas d'opinion personnelle. Tout doit ĂȘtre mis en oeuvre pour que la sĂ©curitĂ© maximale soit acquise, et cela le plus rapidement possible. Si les Ă©quarrisseurs doivent investir pour se mettre en conformitĂ© avec la recommandation -sachant que s'il y avait une lĂ©gislation, ils n'auraient pas le choix- les pouvoirs publics doivent les aider au maximum. Ces investissements ne sont pas trĂšs importants et sont supportables par l'industrie. Il leur faut cependant des dĂ©lais mais je crois que les Ă©quarrisseurs ont la volontĂ© de se mettre en conformitĂ© avec cette recommandation le plus rapidement possible. En ce qui concerne les dĂ©cisions prises par les pouvoirs publics français, nous les jugeons positives. La preuve en est que vingt cas d'ESB ont Ă©tĂ© relevĂ©s dans notre pays depuis dix ans contre combien en Grande-Bretagne -20 000 ? 160 000 ? 200 000 ? Mais les professionnels aussi ont pris les bonnes dĂ©cisions depuis le dĂ©but, ce qui nous a permis de limiter la crise. De mĂȘme, la Suisse, le Portugal ont enregistrĂ© beaucoup plus de cas que nous. En Europe, la France a Ă©tĂ© le premier pays Ă  prendre les bonnes dĂ©cisions en matiĂšre de sĂ©curitĂ©. Il y a pu y avoir des erreurs dans l'interprĂ©tation des donnĂ©es par les douanes, mais il faut les relativiser. En Europe, on fabrique 100 millions de tonnes d'aliments pour le bĂ©tail par an. Les 20 000 tonnes importĂ©es en question n'auraient pas eu d'incidence si elles n'avaient pas Ă©tĂ© mises en exergue, d'autant qu'il n'y a pas eu d'importation illĂ©gale. L'une des dĂ©cisions fondamentales prises rĂ©cemment par les pouvoirs publics a Ă©tĂ© d'isoler les circuits des farines animales, Ă  savoir que toute viande qui n'est pas propre Ă  la consommation humaine ne doit dĂ©sormais pas entrer dans la composition des farines animales. Nous demandons que cette dĂ©cision soit Ă©largie Ă  l'Europe mais d'ores et dĂ©jĂ  les fabricants exigent le respect de cette dĂ©cision de la part de leurs fournisseurs. Si notre rĂŽle de professionnels est parfois de devancer la lĂ©gislation, il est aussi d'ĂȘtre un contrepoids Ă©conomique car si un fabricant belge ou allemand veut aujourd'hui vendre de la farine de viande sur le marchĂ© français, il devra se mettre en conformitĂ© avec nos exigences. Ceci nous permet de rĂ©agir immĂ©diatement, alors que la mise en oeuvre des rĂšglements ou des lois demande du temps. Nos collĂšgues bretons, par exemple, avaient dĂšs le mois de juin lancĂ© un ultimatum aux Ă©quarrisseurs en leur faisant savoir que s'ils ne modifiaient pas leur mode de fonctionnement, ils n'achĂšteraient plus leurs produits. Les Ă©quarrisseurs ont pris les bonnes dĂ©cisions. Ils vont maintenant les mettre en application. Et sans vouloir les dĂ©fendre particuliĂšrement, on peut dire qu'ils ont rĂ©agi en professionnels. Pour ce qui est des stocks de farines de viande, tous ceux qui se trouvent aussi bien dans nos usines que chez les Ă©quarrisseurs ont Ă©tĂ© dĂ©truits ou vont l'ĂȘtre. LĂ  aussi, les pouvoirs publics ont pris les bonnes dĂ©cisions en prenant en charge le coĂ»t de ces matiĂšres premiĂšres. Une difficultĂ© est apparue quant au prix demandĂ© par les industriels pour pratiquer des incinĂ©rations, notamment ceux qui rĂ©alisent le traitement d'ordures ou qui exploitent les cimenteries, mais elle devrait se rĂ©gler. En tout Ă©tat de cause, l'ensemble des stocks est actuellement consignĂ© Ă  la fois dans les usines et chez les Ă©quarrisseurs. Nous avons estimĂ© le stock d'aliments pour le bĂ©tail, avant conformitĂ©, Ă  2 500 tonnes. Les Ă©quarrisseurs ont bien Ă©tĂ© obligĂ©s de prendre en charge les animaux et l'on a vu les difficultĂ©s que cela a posĂ© voilĂ  quelques semaines. Pour notre part, nous aurions pu, en 48 heures, au mois de mai ou de juin, nous interdire d'utiliser toute farine animale. Cela aurait pu calmer les esprits mais que se serait-il alors passĂ© dans les abattoirs et dans les Ă©levages ? On Ă©value Ă  3 500 000 tonnes la viande fraĂźche et les dĂ©chets qu'il faut Ă©liminer tous les ans et rĂ©duire en farine. Si nous avions pris cette dĂ©cision qui aurait permis de satisfaire certaines exigences mĂ©diatiques, nous aurions alors mis l'ensemble de la filiĂšre dans une situation particuliĂšrement dramatique. M. Marc LE FUR Pourriez-vous nous prĂ©ciser le nombre d'emplois relevant tant du secteur privĂ© que du secteur associatif de votre profession ? Par ailleurs, quelles seraient les consĂ©quences sur le coĂ»t des protĂ©ines d'origine vĂ©gĂ©tale, marchĂ© qui est largement dominĂ© par les fournisseurs nord-amĂ©ricains, et sur le prix payĂ© par le consommateur final, si certaine hypothĂšse jusqu'au-boutiste Ă©tait retenue, Ă  savoir l'interdiction brutale de toute utilisation des farines animales y compris pour l'alimentation de la volaille et du porc ? M. RĂ©my AUCHEDÉ AprĂšs 1989 et l'interdiction de l'utilisation des farines animales dans l'alimentation bovine, je suppose que les producteurs de farines de viande ont recherchĂ© d'autres possibilitĂ©s d'utilisation. A quoi ont donc servi les farines animales aprĂšs 1989, hormis l'alimentation des volailles et des porcs ? Face aux incertitudes qui Ă©taient encore plus grandes alors, les professionnels sont-ils Ă  l'Ă©poque intervenus auprĂšs des pouvoirs publics, notamment dans le domaine de la recherche sur la nutrition animale, pour essayer de comprendre un certain nombre de choses ? Vous avez par ailleurs parlĂ© de baisse des ventes d'aliments pour bĂ©tail ces derniers mois. Pourtant, comme il y a moins d'abattages, il devrait y avoir davantage d'animaux Ă  nourrir ! Mme SĂ©golĂšne ROYAL Avez-vous identifiĂ© des distorsions - fiscales, techniques, industrielles, commerciales - qui incitent Ă  une baisse de la qualitĂ© des produits autorisĂ©s pour l'alimentation animale ? A contrario, sur quels point faudrait-il revenir pour que l'ensemble des industriels de la partie de la filiĂšre que vous reprĂ©sentez soient incitĂ©s Ă  la qualitĂ© en matiĂšre d'alimentation animale et pas seulement bovine, puisque l'on a dĂ©couvert Ă  l'occasion de cette crise des mĂ©thodes d'alimentation peut-ĂȘtre autorisĂ©es mais pas toujours conformes Ă  la qualitĂ© recherchĂ©e ? Quelles seraient vos propositions prĂ©cises afin de sortir de cette crise par le haut et de progresser en matiĂšre non seulement de sĂ©curitĂ© alimentaire mais Ă©galement de qualitĂ© tout en prenant en compte vos contraintes ? M. Yves MONTÉCOT La profession reprĂ©sente 15 000 emplois. C'est donc un secteur qui n'est pas neutre. En ce qui concerne les protĂ©ines, la dĂ©cision de supprimer toute utilisation de farines animales aurait augmentĂ© de façon trĂšs significative notre dĂ©pendance protĂ©ique vis-Ă -vis de l'AmĂ©rique du Nord. Celle-ci qui, pour l'Europe, Ă©tait de l'ordre de 60 %, serait passĂ©e Ă  75 oĂč 80 %. En 1972 et 1973 dĂ©jĂ , l'embargo sur le soja avait fait passer le kilo de soja Ă  4 francs. Les bateaux mettaient ainsi quinze jours pour remonter l'estuaire de la Seine car entre-temps le prix de leur marchandise doublait presque. Et mĂȘme en les payant trĂšs cher on ne trouvait pas forcĂ©ment des matiĂšres premiĂšres de remplacement, ce qui conduisait Ă  un blocage de l'Ă©levage français. Pour ce qui est de nos propositions, nous demandons, en particulier, que des mesures françaises et europĂ©ennes soient prises en faveur des protĂ©ines d'origine europĂ©enne et notamment des substituts possibles du soja. Il faut soutenir toute la filiĂšre protĂ©agineuse et non pas diminuer les aides comme on veut le faire alors qu'elle est dĂ©jĂ  en difficultĂ©. Cela permettrait ainsi de diminuer notre dĂ©pendance vis-Ă -vis de certaines importations mais aussi de prĂ©voir l'avenir car d'autres crises peuvent survenir sur d'autres produits De mĂȘme, notre profession se bat depuis longtemps pour que les cĂ©rĂ©ales soient accessibles aux fabricants plutĂŽt que d'ĂȘtre laissĂ©es en stock dans les silos. Il y a quelques annĂ©es on comptait 10 millions de tonnes de blĂ© ainsi stockĂ©es qu'il aurait mieux valu permettre aux entreprises d'utiliser. La rĂ©forme de la politique agricole commune a permis une Ă©volution et il faut poursuivre dans cette voie en rendant les cĂ©rĂ©ales compĂ©titives. Nous pourrons alors diminuer notre dĂ©pendance tout en jouant un rĂŽle moteur en faveur des productions vĂ©gĂ©tales. Nous sommes Ă  un moment de l'agriculture française oĂč les Ă©leveurs ont le mĂȘme intĂ©rĂȘt que les producteurs de cĂ©rĂ©ales. Cela n'a pas Ă©tĂ© toujours le cas et le grand enjeu des annĂ©es Ă  venir est que cette situation soit confortĂ©e. Les cĂ©rĂ©ales sont devenues notre premiĂšre matiĂšre premiĂšre. Pour la saison derniĂšre qui se terminait au mois de juin, 8 millions de tonnes toutes cĂ©rĂ©ales confondues ont Ă©tĂ© utilisĂ©es pour 20 millions de tonnes fabriquĂ©es. On peut prĂ©voir pour l'annĂ©e 1996-1997 du fait de la qualitĂ© de la rĂ©colte et des volumes prĂ©vus, l'utilisation de 9 millions de tonnes, nouveau record historique - nous avons Ă©tĂ© en effet cette annĂ©e les premiers utilisateurs de blĂ© en France avant la meunerie. Des matiĂšres premiĂšres sont disponibles en France et en Europe -tourteaux de colza ou de tournesol, par exemple- et l'on va, je crois, assister Ă  une nouvelle orientation de l'agriculture et de l'Ă©levage. Quant au devenir des farines de viande qui n'Ă©taient plus utilisables pour les bovins, il faut d'abord rappeler que les aliments bovins sont ceux qui utilisent le moins de farines animales. Leur volume ne doit pas reprĂ©senter 1 % tous bovins confondus. La quantitĂ© disponible sur le marchĂ© Ă©tait donc tout Ă  fait rĂ©duite et ne pouvait avoir de consĂ©quences ni sur les cotations ni sur la recherche de nouveaux produits. La ration de base du bovin est en effet composĂ©e majoritairement de produits issus de la ferme. La baisse des ventes d'aliments rĂ©sulte de deux raisons. L'herbe est encore disponible dans les exploitations et les tonnages achetĂ©s sont donc moins importants. Par ailleurs, la crainte de la baisse des cours fait que les Ă©leveurs achĂštent moins. Ils raisonnent en chefs d'entreprise en limitant leurs achats, quitte Ă  perdre en performance. A l'inverse, les ventes de volaille ont augmentĂ©. Le consommateur qui s'est mis Ă  consommer moins de viande bovine, n'a pas, heureusement, cessĂ© de consommer des viandes et a reportĂ© ses achats en particulier sur le porc et le poulet. Des augmentations en volume suite Ă  des transferts d'achat ont ainsi pu ĂȘtre enregistrĂ©es. Pour en revenir aux distorsions, il en existe en France et en Europe qui nuisent Ă  l'Ă©volution de la qualitĂ©. Je veux notamment parler de celles dues Ă  la grande distribution et Ă  la diminution des prix de vente. Il y a une vingtaine d'annĂ©es, l'objectif Ă©tait de rĂ©duire l'inflation, de faire baisser le prix du panier de la mĂ©nagĂšre. Les pouvoirs publics n'Ă©taient pas Ă  cet Ă©gard innocents. Tout le monde allait dans le mĂȘme sens. Mais cet objectif a Ă©galement Ă©tĂ© repris par la grande distribution dont la pression a conduit Ă  des baisses de prix dans des secteurs en difficultĂ© avec pour risque supplĂ©mentaire une baisse de la qualitĂ©, cela afin d'augmenter les rendements. L'effet positif de cette crise sera de faire prendre conscience aux consommateurs, aux acheteurs et aux leaders d'opinion que la qualitĂ© se paie - je ne parle pas de la sĂ©curitĂ©, notion qui doit exister mĂȘme pour les produits Ă  bas prix. La France est aussi leader en Europe en ce domaine. Les signes de qualitĂ© français sont trĂšs novateurs. La vision française de la qualitĂ©, de la qualitĂ© des viandes, en particulier, aurait besoin d'ĂȘtre Ă©largie rapidement Ă  l'Europe. Vous avez lĂ©gifĂ©rĂ© et pris de bonnes dĂ©cisions dans ce sens, mais ces dĂ©marches sont relativement longues. Venons-en aux distorsions -et lĂ  je vais me sĂ©parer quelques minutes de mes amis du secteur coopĂ©ratif. Il faudra bien rĂ©gler les distorsions sur les taxes, sur les impĂŽts, sur les contributions. Cela aboutit parfois Ă  une compĂ©tition qui se fait au dĂ©triment de la qualitĂ©. Il y a d'autres distorsions au niveau des exportations. Je pense aux possibilitĂ©s qu'ont nos entreprises d'exporter non plus de l'aliment pour le bĂ©tail, mais des produits finis. Parce que lorsqu'on exporte du poulet, on exporte de l'aliment, indirectement. Sur les exportations, il y a de nombreuses distorsions. Nous n'aurons pas le temps aujourd'hui, mais il est bon que vous le notiez. Nous sommes Ă  votre disposition pour revenir plus en dĂ©tail sur ces points, car il faut qu'il y ait effectivement Ă©galitĂ© face Ă  l'exportation et au dĂ©veloppement. Un mot pour terminer nous avons rĂ©uni notre assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale en juin dernier Ă  Besançon. Notre objet Ă©tait d'Ă©tudier l'Ă©volution de l'agriculture française et des viandes dans les vingt ans Ă  venir. Au niveau mondial, la consommation mondiale de viande de porc va doubler, ainsi que la consommation de viande de volailles. En revanche -c'Ă©tait avant les consĂ©quences de la crise- la consommation de viande bovine Ă©tait dĂ©jĂ  stable ou en rĂ©gression. C'Ă©tait dĂ©jĂ  un produit difficile, pour d'autres raisons. Les enjeux sont importants. Qu'allons-nous vendre ? Des matiĂšres premiĂšres, des viandes ? Allons-nous participer Ă  l'Ă©laboration de ces viandes ? Ce sont les enjeux de la qualitĂ©. Mais cet aspect prospectif est primordial pour l'Ă©conomie et l'agriculture françaises. M. Yves VAN HAECKE Je voudrais revenir sur la question des contrĂŽles, mais auparavant, permettez-moi de relever quelques incertitudes dans vos propos, sinon quelques contradictions concernant le bilan gĂ©nĂ©ral dans la CommunautĂ©, l'incorporation de matiĂšres premiĂšres riches en protĂ©ines dans les aliments, vous faites une place trĂšs importante aux farines animales... M. Yves MONTÉCOT Non ... M. Yves VAN HAECKE ... ensuite, pour ce qui concerne l'aliment bovin-viande, vous dites que c'est une part trĂšs faible, sinon nulle. Ces aliments sont souvent des complĂ©ments qui incorporent forcĂ©ment le plus fort taux de protĂ©ines. M. Yves MONTÉCOT Non. M. Yves VAN HAECKE Par consĂ©quent, on peut imaginer que parmi ces protĂ©ines figure de la farine animale quand celle-ci est vendue Ă  prix compĂ©titif. M. Yves MONTÉCOT Non. M. Yves VAN HAECKE Je m'interroge aussi sur ce que vous pouviez savoir en 1988-1989 car vous ĂȘtes tenu de vendre un produit sain et vous ne pouvez pas vous permettre de vendre un produit infectĂ© ou contaminĂ©. Vous ĂȘtes donc forcĂ©ment en chasse » pour savoir ce qui se passe. Ainsi, nous sommes frappĂ©s d'entendre que vous savez ce qui se passe en Suisse et au Portugal et vous pourriez sans doute nous apprendre beaucoup de choses. A l'origine et mĂȘme encore maintenant, comment assurez-vous le contrĂŽle de ce que vous achetez, de la farine animale qui vient d'industries qui s'approvisionnent aussi bien Ă  l'Ă©quarrissage qu'ailleurs ? Je veux parler de l'Ă©quarrissage malsain » - les animaux morts - et de l'Ă©quarrissage sain -les rĂ©sidus d'abattoirs -. Ce n'est sans doute pas la mĂȘme chose. Je crois savoir justement que l'industrie anglaise n'est pas trĂšs regardante et qu'on a pu mettre des animaux morts dans le circuit de la fabrication de farines. Quand vous recevez un lot de farines, est-ce que vous le recevez directement d'une usine anglaise, ou belge ou allemande ou française ? Y a-t-il l'indication d'origine, du fabricant sur le sac et sur le wagon de chemin de fer ? M. Yves MONTÉCOT Bien sĂ»r. M. Yves VAN HAECKE Qu'est-ce que vous savez exactement ? On doit pouvoir savoir si telle farine, tel lot vient d'Irlande, l'usine Ă©tant en Irlande, ou de Grande-Bretagne, sachant qu'il n'y a pas de frontiĂšres entre les deux Etats. Que savez-vous des circuits ? Qui assure le contrĂŽle de ces Ă©changes Ă  l'intĂ©rieur de l'Union europĂ©enne ? S'agit-il des douanes, des services de la rĂ©pression des fraudes ? Et lorsqu'il y a contrĂŽle chez vous, ĂȘtes-vous tenus de fournir des Ă©chantillons ? Le service de contrĂŽle en exige-t-il systĂ©matiquement et est-il en mesure de les utiliser ? M. Jean-Yves LE DÉAUT Je voudrais tout d'abord abonder dans le sens de ce que vous avez dit sur la filiĂšre protĂ©agineuse. Par ailleurs, vous avez dit que si jamais l'on arrĂȘtait toute production de farine animale, cela aurait des consĂ©quences catastrophiques pour la totalitĂ© de la filiĂšre. Mais Ă  cĂŽtĂ© de cela, vous nous dĂźtes qu'on en incorpore trĂšs peu. Pour essayer de lever cette ambiguĂŻtĂ©, il faut nous indiquer de la maniĂšre la plus claire possible, Ă  l'heure actuelle, quelles sont les provenances de la farine animale -filiĂšre Ă©quarrissage ou dĂ©chets-, et combien de tonnes sont utilisĂ©es actuellement en France. Je souhaiterais savoir Ă  quel moment on les fait entrer dans les fabrications et Ă  quels animaux on destine ces farines animales ? S'agit-il des monogastriques, des volailles, des poissons d'Ă©levage et dans quelles proportions ? M. Georges SARRE Vous m'avez appris tout Ă  l'heure, et peut-ĂȘtre que certains collĂšgues ont Ă©tĂ© un peu surpris comme moi, que les farines animales existaient, depuis plus d'un siĂšcle. Moi qui suis originaire de la Creuse, je ne me souviens pas de telles pratiques. MĂȘme si je ne vivais pas dans une ferme, j'ai l'impression que les animaux Ă©taient plutĂŽt nourris autrement. Comment l'Ă©volution s'est-elle faite et comment voyez-vous l'avenir de votre profession ? Vous nous avez annoncĂ© pour les prochaines annĂ©es une consommation accrue de porc et de volaille. Entre l'Ă©levage intensif et l'Ă©levage traditionnel, quel est pour vous le point d'Ă©quilibre ? Enfin, j'ai entendu dire cent fois pendant le mois d'aoĂ»t les Ă©leveurs vendent leurs bĂȘtes de moins en moins cher, et chez les bouchers et au supermarchĂ©, le prix de la viande n'a pas baissĂ©. Comment expliquez-vous cette situation ? M. Yves MONTÉCOT La consommation française de farines de viande est de 400 000 tonnes par an, sur une production de 20 millions de tonnes d'aliments... Mme le PrĂ©sident Il y a eu beaucoup de chiffres dans votre intervention, il serait bien que nous puissions avoir une note ... M. Yves MONTÉCOT Nous vous transmettrons ces Ă©lĂ©ments. 400 000 tonnes sur 20 millions de tonnes, vous voyez le pourcentage que cela reprĂ©sente. Je le maintiens, les aliments pour bovins sont les moins gros consommateurs de farines de viandes. Je ne peux pas vous donner une rĂ©ponse en disant, c'est 3%, 4%. Pour les aliments destinĂ©s au bĂ©tail, le pourcentage est en permanence en Ă©volution, selon l'Ăąge des animaux et leurs besoins. Il peut y avoir aujourd'hui un fabricant qui utilise 1% de farine de viandes et un autre qui en utilise 0,5%. Je vous ai donnĂ© des fourchettes d'utilisation. En aliments pour monogastriques, ce sont les plus gros utilisateurs -volailles ou porcs-, 3 Ă  6 %. En aliment pour bovins, cela va de 0%... M. AndrĂ© ANGOT Cela allait » ! M. Yves MONTÉCOT En effet. Cela allait de 0%, dans bien des cas, Ă  2 ou 3% maximum. Je ne peux pas ĂȘtre plus prĂ©cis. Mais relativisons au niveau français les volumes de farine animale par rapport au volumes globaux utilisĂ©s en alimentation animale. Quelle serait l'incidence sur l'Ă©levage de l'interdiction totale des farines animales ? 400 000 tonnes de farines animales, cela veut dire 3,5 millions de tonnes de dĂ©chets Ă  traiter. Au moment oĂč les pouvoirs publics se posaient la question de cette interdiction, nous estimions son coĂ»t Ă  3 Ă  5 milliards de francs par an. Mais ce coĂ»t n'est pas Ă  notre charge, ce que l'on a beaucoup de mal Ă  expliquer. Certains pensent que cela reprĂ©sente pour nous un intĂ©rĂȘt Ă©conomique Ă©norme. Cela n'est pas exact. Le coĂ»t rĂ©sultait du traitement, du stockage, de la destruction et de la pollution. Et nous avons pris en compte ces Ă©lĂ©ments. C'Ă©tait notre rĂŽle de le faire et de participer. Mais pour nous le coĂ»t, je l'affirme aujourd'hui, le coĂ»t de substitution en tant que tel est pratiquement nul. J'Ă©voquerai maintenant le problĂšme des contrĂŽles. Pour bien comprendre les contrĂŽles auxquels on procĂšde, il faudrait que vous passiez une journĂ©e dans une usine d'aliments pour le bĂ©tail d'abord, rĂ©ception des matiĂšres premiĂšres par camions de vingt-cinq tonnes. On les stocke dans les silos. On les broie, on les transforme en farine, on les mĂ©lange, on les pĂšse, on les transforme en granulĂ©s. C'est-Ă -dire qu'on dĂ©truit la structure des matiĂšres premiĂšres, on les remĂ©lange pour qu'elles puissent ĂȘtre agglomĂ©rĂ©es. Les contrĂŽles ont lieu Ă  toutes les Ă©tapes. Je vous ai dĂ©jĂ  parlĂ© des contrĂŽles Ă  la rĂ©ception contrĂŽle visuel, rapide, contrĂŽle analytique, avec du matĂ©riel trĂšs rapide. Je vous ai dit que nous travaillons avec des laboratoires extĂ©rieurs. D'oĂč des prĂ©lĂšvements sous forme d' Ă©chantillothĂšque » pendant la durĂ©e de validitĂ© des aliments, en gĂ©nĂ©ral trois mois, ce qui permet de remonter sur trois mois. A toutes les Ă©tapes du processus de fabrication, il y a des contrĂŽles. C'est ce que nous appelons l'assurance qualitĂ©. Je ne vais pas jusqu'Ă  la certification. La certification est un choix, qui va au-delĂ . L'important, c'est que l'ensemble de la profession se soit engagĂ© dans des procĂ©dures d'assurance qualitĂ©. Quel est le niveau de risque ? A quelle Ă©tape? Comment rĂ©agir ? Comment prĂ©venir ce risque ? Les contrĂŽles sont Ă  la fois internes -dans l'entreprise- et externes lorsque les fabricants, de plus en plus nombreux, font appel Ă  des organismes de contrĂŽles. De toute façon, ils sont en permanence sous la responsabilitĂ© des pouvoirs publics. Ces derniers visitent les usines d'aliments pour le bĂ©tail. Vous trouverez les chiffres dans le rapport Galland. Le nombre de visites rĂ©alisĂ©es par an est important. En outre, deux administrations interviennent services de la rĂ©pression des fraudes et services du ministĂšre de l'agriculture. Il y a des agrĂ©ments français pour un certain type de fabricants, les aliments mĂ©dicamenteux, par exemple. Ne peut fabriquer des mĂ©dicaments en aseptie que le fabricant qui a subi certaines vĂ©rifications de la part de l'administration. Je profite de l'occasion pour dire que nous avons proposĂ© aux pouvoirs publics, pour aller trĂšs loin dans ce sens, une rĂšgle qui peut ĂȘtre instituĂ©e rapidement. Une directive communautaire existe sur l'agrĂ©ment des aliments pour le bĂ©tail en Europe. Nous avons officiellement demandĂ© -et nous sommes prĂȘts Ă  aller trĂšs vite- aux administrations et aux ministres concernĂ©s que cette directive soit transcrite et appliquĂ©e le plus rapidement possible en droit français. Elle reprend notre dĂ©marche vers cette assurance qualitĂ© et nous souhaitons qu'elle soit applicable partout en Europe. Nous souhaitons aller encore plus loin sur l'aspect qualitĂ©. Le risque zĂ©ro n'existe pas. Par contre, on doit tendre vers le risque zĂ©ro. Et toutes les mesures de prĂ©vention que nous prenons et que nous devons prendre doivent avoir cet objectif. J'en viens aux produits sains et aux matiĂšres premiĂšres. Je vous ai parlĂ© tout Ă  l'heure de l'accord interprofessionnel. Mais il existe aussi des textes de loi sur la qualitĂ© des matiĂšres premiĂšres, cĂ©rĂ©ales ou autres. Les matiĂšres premiĂšres doivent ĂȘtre saines, loyales et marchandes. C'est aussi de la responsabilitĂ© du fournisseur de matiĂšres premiĂšres. Le premier qui doit s'assurer que la matiĂšre premiĂšre est saine, loyale et marchande, c'est celui qui la vend. Nous avons rĂ©agi. On a trĂšs souvent confondu le rĂŽle de fournisseur de matiĂšres premiĂšres et celui de fabricant, qui sont trĂšs diffĂ©rents. On a parfois cherchĂ© Ă  nous faire endosser la responsabilitĂ© d'une contamination qui viendrait des matiĂšres premiĂšres. La premiĂšre responsabilitĂ© incombe aux fabricants de matiĂšres premiĂšres. C'est Ă  eux de faire le nĂ©cessaire pour que la matiĂšre premiĂšre soit saine. Notre responsabilitĂ© Ă  nous, qui passe par l'assurance qualitĂ©, c'est de nous assurer que le fournisseur a bien pris les bonnes prĂ©cautions et que la matiĂšre premiĂšre est saine. C'est lĂ  qu'interviennent les Ă©chantillons que nous faisons aux fins d'analyses, en particulier pour la recherche des salmonelles. On parlera peut-ĂȘtre un jour de salmonelle. Nous analysons les matiĂšres premiĂšres dans des plans de contrĂŽles. Tous les points Ă  risque » sont dĂ©tectĂ©s. Au-delĂ  du contrĂŽle Ă  l'importation des services des douanes, nous avons recours, dans notre interprofession, Ă  des organismes indĂ©pendants, type QUALIMAC -il y en a Ă  Rennes, Ă  Bordeaux, dans le Sud-Ouest. Ce sont des organismes interprofessionnels, et nous faisons nous-mĂȘmes des prĂ©lĂšvements sur les matiĂšres premiĂšres qui arrivent par bateau. Les importations sont donc contrĂŽlĂ©es par les pouvoirs publics, mais nous avons aussi nos propres systĂšmes de contrĂŽle interprofessionnels. Ces contrĂŽles permanents permettent d'assurer la traçabilitĂ©, c'est Ă  dire de retrouver l'origine d'un lot de matiĂšres premiĂšres et d'Ă©viter la contamination croisĂ©e une matiĂšre premiĂšre qui est bonne pour une espĂšce est moins bonne pour une autre et des prĂ©cautions doivent ĂȘtre prises pour faire en sorte qu'il n'y ait pas d'incident. Terminons sur l'avenir de la profession. Un dĂ©bat sur ce point s'engage effectivement. Cette crise montre les limites de l'intensification Ă  outrance. MĂȘme s'il est nĂ©cessaire de fournir le marchĂ© mondial, qui est demandeur, il faudra Ă  terme prendre des prĂ©cautions et limiter l'intensification. Cela rejoint aussi la notion de qualitĂ©. Il faut peut-ĂȘtre rĂ©partir de façon plus rĂ©aliste les volumes fabriquĂ©s dans les diffĂ©rentes rĂ©gions de France -c'est un problĂšme d'amĂ©nagement du territoire. Les filiĂšres animales doivent ĂȘtre rĂ©parties sur l'ensemble du territoire. A ce sujet-lĂ , j'indique que nous participons Ă  la rĂ©flexion relative au projet de loi d'orientation agricole et nous pouvons vous transmettre notre synthĂšse sur ce texte. Mme le PrĂ©sident Je vous remercie. Audition de M. Jacques CHESNAUD, prĂ©sident de la ConfĂ©dĂ©ration française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs extrait du procĂšs-verbal de la premiĂšre sĂ©ance du 4 septembre 1996 PrĂ©sidence de Mme Evelyne GUILHEM, PrĂ©sident M. Jacques CHESNAUD Madame le prĂ©sident, mesdames, messieurs, je vous remercie au nom de mon organisation d'avoir bien voulu nous inscrire dans le calendrier de vos auditions afin de pouvoir exprimer en cette pĂ©riode de crise le point de vue de l'ensemble des bouchers français. Je vous en remercie d'autant plus que, exprimant pourtant depuis bien longtemps un message clair mais qui allait Ă  l'encontre de la pensĂ©e dominante, nous n'avions pu capter suffisamment l'attention. Je vous en remercie aussi car depuis le dĂ©but de la crise de la vache folle, c'est-Ă -dire depuis la fin mars 1996, nous n'avons pu qu'Ă  de rares occasions accĂ©der directement aux mĂ©dias Ă©crits et, mise Ă  part une Ă©mission de 11 minutes sur LCI, jamais aux mĂ©dias tĂ©lĂ©visĂ©s, ce qui, vous le reconnaĂźtrez, est une situation inconfortable pour notre mĂ©tier dans la tourmente que nous traversons. Si vous le permettez, notre audition d'aujourd'hui sera donc pour nous l'occasion d'exposer aux reprĂ©sentants Ă©lus de la nation le point de vue des bouchers français sur le fonctionnement de la filiĂšre viande, sachant que si nous pouvons nous tromper, nous nous exprimerons avec beaucoup de sincĂ©ritĂ©. Je pense que nous serons tous d'accord pour reconnaĂźtre que la situation que nous connaissons rĂ©sulte en l'occurrence d'un accident industriel de recyclage des produits alimentaires et non pas d'une crise de l'Ă©levage comme on l'a faussement prĂ©sentĂ© au dĂ©but. Selon nous, la cause de cet accident tient principalement Ă  l'alimentation du troupeau laitier en pĂ©riode de lactation du fait de la politique des quotas, Ă  la nĂ©cessitĂ© d'une production intensive de lait, Ă  la pression sur les prix par le transformateur et au choix du cheptel - les Prim' Holstein qui sont des machines Ă  faire du lait et que l'on a essayĂ© de pousser Ă  leur maximum par tous les moyens possibles et imaginables. Tout ceci tient Ă  plusieurs raisons et l'on ne peut comprendre la situation actuelle si l'on ne remonte pas aux lois d'orientation agricole de la pĂ©riode 1960-1965, Ă  l'industrialisation des productions, de la transformation et de la distribution, aux politiques agricoles communes successives et aux mĂ©canismes d'intervention et d'exportation subventionnĂ©es par le systĂšme des restitutions. Cette politique, connue sous le nom de cogestion, associait les pouvoirs publics et un syndicalisme agricole majoritaire appuyĂ© sur l'assemblĂ©e permanente des chambres d'agriculture, siĂšge de la grande coopĂ©ration et des lobbies du lait, des cĂ©rĂ©ales et des sucres, sans oublier le rĂŽle d'Unigrains. La politique qui a conduit Ă  la filiĂšre viande que nous connaissons aujourd'hui n'a pu ĂȘtre menĂ©e sans de fortes convergences d'intĂ©rĂȘts qui font que chacun est un peu responsable de la situation dans laquelle nous nous trouvons la direction gĂ©nĂ©rale de l'alimentation qui, en autorisant l'incorporation de gras dans la viande hachĂ©e industrielle, a manifestement faussĂ© les circuits ; les rĂšgles communautaires qui ont interdit Ă  la boucherie française traditionnelle de ne servir nul autre que le consommateur final, tendant ainsi Ă  l'Ă©liminer de tous les services de collectivitĂ©s ; le fonctionnement des abattoirs qui a totalement Ă©cartĂ© de toute responsabilitĂ© la boucherie française depuis vingt ans ; la rĂ©glementation des prix, objet de tant de polĂ©miques, et dont la mĂ©canique du prix d'achat moyen pondĂ©rĂ© aboutissait obligatoirement Ă  un mĂ©lange des produits vendus Ă  l'intĂ©rieur d'un mĂȘme magasin, ce qui ne pouvait que pousser Ă  la recherche du rendement ; les scientifiques de l'INRA eux-mĂȘmes - ils me le pardonneront - qui rĂ©cemment ont tentĂ© de dĂ©montrer qu'aprĂšs vingt jours de maturation toutes les viandes sont identiques, ce qui est faux, et qui ont ainsi apportĂ© leur pierre Ă  la banalisation des produits qui est une des erreurs de la filiĂšre ; les fabricants de farines de viande dont la dĂ©fense met l'accent sur l'aspect financier du problĂšme, Ă©vacuant complĂštement l'aspect sanitaire, que l'on ne peut ignorer ; la circulaire Fontanet relative au refus de vente et Ă  l'extension de la TVA au stade du dĂ©tail ; et enfin - et je pĂšse mes mots - une harmonie de vision, dans cette pĂ©riode et les annĂ©es qui ont suivi, entre certains partis politiques, certaines centrales syndicales, certains mĂ©dias et certains rĂ©seaux bancaires, car c'Ă©tait le temps oĂč il fallait Ă  tout prix moraliser le commerce. Le tout a abouti Ă  un changement profond du paysage au sein de la filiĂšre viande telle qu'elle Ă©tait sortie de la derniĂšre guerre mondiale, changement qui allait pĂȘcher par excĂšs Ă  la fois dans la dimension et dans le temps - car cette politique qui au dĂ©part Ă©tait une nĂ©cessitĂ© s'est prolongĂ©e trop longtemps. C'est ainsi que l'on a assistĂ© Ă  l'apparition d'ateliers de dĂ©coupe Ă  la fois surpuissants et incapables de vivre sans le systĂšme de l'intervention, d'un rĂ©seau d'abattoirs dĂ©saccordĂ© du terrain, de 13 millions de mĂštres carrĂ©s de grandes surfaces au 1er janvier 1995, d'entitĂ©s puissantes dans les secteurs du lait, des cĂ©rĂ©ales, du sucre et, dans une moindre mesure, de la viande, ainsi qu'Ă  la disparition de 15 000 points de vente artisanaux. Ce serait dĂ©jĂ  beaucoup mais ce serait omettre le rĂ©sultat principal de cette politique, Ă  savoir une banalisation du produit par le bas et une pratique gĂ©nĂ©ralisĂ©e du mĂ©lange, cause principale de la livraison d'un mauvais produit et de la dĂ©saffection continue du consommateur pour la viande bovine - l'accident industriel n'Ă©tant que le rĂ©vĂ©lateur. On peut s'interroger devant cette situation, non pas sur la responsabilitĂ© des autoritĂ©s de Bruxelles dans le rĂ©sultat des politiques agricoles communes successives car cette responsabilitĂ© est Ă©vidente, mais sur la forte rĂ©serve dont la Commission a fait preuve Ă  propos de la maladie de la vache folle alors que son existence et ses causes en Ă©taient connues depuis plusieurs annĂ©es. Si la rĂ©serve et une certaine opacitĂ© des travaux de la Commission sont de rĂšgle, on peut donc s'Ă©tonner que cette fois cette rĂ©serve ait volĂ© en Ă©clat. Il fallait que la crise soit forte. J'en viens Ă  la thĂ©rapeutique avec d'abord quelques remarques prĂ©alables. Pour ce qui est en premier lieu de l'aspect santĂ©, il convient de remarquer qu'apparemment il n'existe aucune certitude du passage de l'encĂ©phalite spongiforme bovine Ă  la maladie de Creutzfeldt-Jakob de l'homme. NĂ©anmoins, devant la gravitĂ© du risque, il est normal et nĂ©cessaire de faire comme si cela Ă©tait le cas. Si les prĂ©cautions devant le risque sont normales, on ne peut s'empĂȘcher de relever que l'on a assistĂ© Ă  un fort matraquage publicitaire dans lequel il semblerait puĂ©ril de nier l'influence des Etats-Unis, trĂšs mĂ©contents du refus opposĂ© Ă  leur viande aux hormones, ou encore le dĂ©sir d'Ă©ventuelles dĂ©localisations de la production et de la transformation » dans les pays de l'Est qui, pour la Commission de Bruxelles, peut du point de vue financier prĂ©senter un certain intĂ©rĂȘt. S'agissant des mĂ©dias en gĂ©nĂ©ral et de la tĂ©lĂ©vision en particulier, toute personne normalement cultivĂ©e sait que c'est la façon dont nous voyons le problĂšme qui est le problĂšme. Et tout le monde en tant que citoyen peut constater tous les jours dans tous les domaines qu'un fort matraquage assorti d'extraits de radio-trottoir » orientĂ©s et de montages par coupures d'Ă©missions enregistrĂ©es permet d'imposer ou de tenter d'imposer avec une certaine rĂ©ussite une sorte de pensĂ©e unique » dĂ©coulant d'une vision unique, pensĂ©e unique » qui correspond bien sĂ»r Ă  celle des vrais dĂ©cideurs du mĂ©dia considĂ©rĂ©. Pour le citoyen que je suis et qui va prendre le pas quelques instants sur le prĂ©sident d'organisation syndicale, ces pratiques sont en train de fausser en France la vie de la dĂ©mocratie. Par ailleurs, on s'est beaucoup prĂ©occupĂ© de savoir si la maladie Ă©tait transmissible. Mais on n'a semble-t-il pas trop cherchĂ© Ă  savoir pourquoi les vaches deviennent folles ! Imaginons une voiture dans le moteur de laquelle on mettrait du vin blanc au lieu de l'essence ou encore un central tĂ©lĂ©phonique dont on changerait tous les terminaux sans en avertir la mĂ©moire centrale. La recherche de la cause du problĂšme ne devrait pas ĂȘtre Ă©vitĂ©e. Quant au fameux logo VBF qui a jouĂ© incontestablement son rĂŽle dans les deux premiers mois de la crise, il est devenu totalement insuffisant Ă  partir du moment oĂč a Ă©tĂ© constatĂ©e la porositĂ© des frontiĂšres françaises aux farines anglaises et oĂč le consommateur s'est rendu compte que ce logo, qui devait garantir une sĂ©curitĂ© sur le plan alimentaire, Ă©tait attribuĂ© Ă  des troupeaux qui pouvaient prĂ©senter certains risques, en particulier dans le troupeau laitier. Il nous apparaĂźt par consĂ©quent indispensable sur le plan de la santĂ© d'identifier, avec un processus de traçabilitĂ© Ă  la française, les viandes europĂ©ennes et celles des pays tiers autorisĂ©s, ainsi que de prĂ©ciser, Ă  cĂŽtĂ© de l'identification gĂ©ographique - qui n'est pas suffisante car c'est une sorte de manteau de NoĂ© qui recouvre des caractĂ©ristiques diffĂ©rentes - les races Ă  viande, les races laitiĂšres, les jeunes bovins ou les races mixtes. Il sera Ă©galement indispensable de prĂ©ciser clairement l'alimentation du troupeau concernĂ© et d'organiser la traçabilitĂ© de cette alimentation car les farines Ă  base de viande Ă©tant autorisĂ©es dans certains cas et interdites dans d'autres, une erreur est toujours possible en l'absence de suivi informatique et d'impression sur les sacs. Dans la mise en place des signes identifiants rĂ©pondant aux exigences prĂ©cĂ©dentes, il faudra bien sĂ»r, lorsque l'on pourra repartir Ă  la conquĂȘte des consommateurs, favoriser la communication de signes identifiants rĂ©sultant d'accords de vrai partenariat et distincts par circuit de distribution car l'expĂ©rience a montrĂ© que lorsque des identifiants sont identiques en grande surface et en boucherie traditionnelle, c'est l'Ă©chec qui est au bout. On pourra enfin s'interroger, mĂȘme si ce sujet est aujourd'hui polĂ©mique, sur la crĂ©ation d'une Ă©ventuelle agence de la santĂ©. Pour ce qui est, en second lieu, de l'aspect Ă©conomique du problĂšme, je voudrais dire que le mĂ©canisme reliant les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments de la filiĂšre viande regroupĂ©e au sein d'Interbev est assez particulier. L'amont de la filiĂšre - l'Ă©levage - cherche et trouve peu Ă  peu une partie importante de sa rĂ©munĂ©ration dans les caisses publiques. Le milieu de la filiĂšre - abattoirs, ateliers, grossistes - tente de complĂ©ter sa rĂ©munĂ©ration par le mĂ©lange des genres, des produits et des clients au moyen des services aux collectivitĂ©s, des ventes directes, de l'intervention et de la disparitĂ© des prix de vente selon les circuits. L'aval de la filiĂšre -grande distribution et boucherie - est quant Ă  lui forcĂ© de trouver sa rĂ©munĂ©ration par la sĂ©duction de la mĂ©nagĂšre, consommatrice maĂźtresse de son porte-monnaie, remarque Ă©tant toutefois faite que la grande distribution peut faire aussi de la pondĂ©ration grĂące aux milliers d'articles, y compris non alimentaires, qu'elle vend. Du fait de la diversitĂ© des sources de financement permettant d'atteindre le seuil de rentabilitĂ©, il n'est pas surprenant que des tensions rĂšgnent au sein d'une filiĂšre aux intĂ©rĂȘts parfois complĂ©mentaires, parfois opposĂ©s. Cette disparitĂ© des ressources induit deux rĂ©sultats. D'une part, la tendance forcenĂ©e au rendement au moyen des hormones, des farines et de l'Ă©levage intensif. D'autre part, de trĂšs fortes pressions sur les prix de production - et j'ai utilisĂ© les mĂȘmes mots au Conseil national de la consommation devant les reprĂ©sentants des consommateurs parce que cette affaire est suffisamment grave pour que l'on ne tienne pas plusieurs langages - car un trop long temps s'est Ă©coulĂ© avant que les consommateurs et leurs organisations n'aient pris conscience, admis et reconnu que le prix ne doit pas ĂȘtre la seule motivation d'achat. A cet ensemble de donnĂ©es Ă©conomiques, il faut ajouter la fĂ©roce et agressive concurrence des viandes blanches, des produits laitiers et des produits Ă  base de cĂ©rĂ©ales et de sucre. Dans ce contexte, la filiĂšre viande bovine, qui a rĂ©pondu par la banalisation et le mĂ©lange, a Ă©tĂ© conduite Ă  livrer trĂšs souvent un mauvais produit du point de vue de la qualitĂ© - non de la santĂ© - et a vu les bons produits se dĂ©valoriser par l'Ă©clairage tendancieux et dĂ©sinformant » mis sur leur prix. Je prendrai Ă  cet Ă©gard l'exemple de la derniĂšre Ă©mission tĂ©lĂ©visĂ©e ayant traitĂ© de ce point. Il date d'hier 3 septembre. On a pu alors entendre parler devant l'ensemble des Français du prix de la viande en gĂ©nĂ©ral sans que soient distinguĂ©s les cours d'achat par troupeau et par catĂ©gorie d'animaux. Le prix de vente d'un broutard qui s'effondre faute de pouvoir ĂȘtre expĂ©diĂ© en Italie n'a pourtant rien Ă  voir avec celui d'une vache limousine qui dispose encore d'un circuit de distribution. Parler de prix sans parler des prix d'achat et des qualitĂ©s vendues par circuit n'a pas de sens. On sait trĂšs bien que deux circuits de distribution existent en France, l'un, globalement, s'approvisionnant sur le troupeau laitier et l'autre sur le troupeau allaitant. On ne peut parler de prix en confondant ces deux sources d'approvisionnement. De mĂȘme, comparer les prix d'achat sur pied avec le prix de la viande nette sans tenir compte des pertes de poids successives - selon qu'il s'agit d'animal vivant, de carcasse ou encore de viande nette et de ses diffĂ©rentes catĂ©gories - ne peut ĂȘtre perçu par nous que comme une manoeuvre des producteurs de vaches laitiĂšres qui, par la pratique de l'amalgame, essaient de faire oublier qu'ils ont livrĂ© de mauvais produits et de nuire aux races Ă  viande. S'opposent dans cette affaire les casseurs de prĂ©fecture » contre les marcheurs de Charroux ». Toujours hier, on pouvait lire au cours de cette Ă©mission sur un tableau, Ă  cĂŽtĂ© du prix d'achat de l'animal estimĂ© Ă  20 francs le kg et des frais de transport, des coĂ»ts d'intervention et de la TVA, que la viande devrait se vendre 50 francs le kg. Il s'agit lĂ  d'une plaisanterie ! Il est dramatique, dans un moment difficile, de dire des sottises pareilles. La confĂ©dĂ©ration de la boucherie française qui demande depuis longtemps et par Ă©crit une Ă©tude comparĂ©e des prix d'achat par circuit et qui est en train d'organiser une collecte de photocopies de ses factures d'achat, est sereine devant ces attaques car la coalition Ă©ventuelle de ses 25 000 points de vente qui pratiqueraient tous ensemble la mĂȘme dĂ©rive des pratiques de vente lui est toujours apparue depuis les annĂ©es 70 - la situation c'est vrai Ă©tait diffĂ©rente dans la pĂ©riode antĂ©rieure - comme un serpent de mer, une rĂ©ponse que l'on ressort lorsque l'on veut Ă©viter de parler d'autre chose. Dans le cas particulier, on parle des prix en espĂ©rant Ă©viter de parler d'une Ă©ventuelle rĂ©forme. Par consĂ©quent, partant du fait, qui semble incontestable, que la bonne viande bien travaillĂ©e, que le bon boeuf bien travaillĂ©, c'est bon et que le consommateur qui en mangerait aurait envie d'en racheter - au contraire du produit que l'on a quelquefois livrĂ© ces derniĂšres annĂ©es - il faut ajouter aux questions de santĂ© le retour majoritaire Ă  l'Ă©levage extensif par une rĂ©vision du systĂšme des primes et de l'intervention. A cet Ă©gard, et Ă  condition d'en analyser toutes les consĂ©quences, la notion de prime Ă  l'hectare ne devrait peut-ĂȘtre pas ĂȘtre Ă©cartĂ©e complĂštement de nos rĂ©flexions. Il faudra aussi accepter que la qualitĂ© ait un prix mais celui-ci bien Ă©videment doit ĂȘtre un juste prix. Dans le domaine des animaux de qualitĂ©, le systĂšme de labellisation qui, par sa structure Ă©conomique, aboutit en fait Ă  un mono-fournisseur sans possibilitĂ© de discussion de prix lors de la mise sur le marchĂ©, est un des Ă©lĂ©ments qui explique que ce secteur n'a conquis que 2 % Ă  peu prĂšs du marchĂ©. Si les labels, qui sont une des rĂ©ponses au problĂšme, doivent se dĂ©velopper de façon satisfaisante, il faut rĂ©flĂ©chir Ă  d'autres conditions de mise sur le marchĂ©. En conclusion, dans une situation oĂč tout le monde est responsable, il ne s'agit pas de dresser les gens les uns contre les autres mais de rĂ©aliser que les intĂ©rĂȘts qui s'affrontent dans un marchĂ© qui dĂ©passe annuellement les 80 milliards de francs de chiffre d'affaires sont tellement contradictoires et les lobbies d'agression et d'inertie » si puissants que - je pĂšse mes mots - si le Gouvernement commet l'erreur de donner l'argent des aides avant d'avoir rĂ©formĂ©, il ne pourra plus jamais faire ces rĂ©formes. Le problĂšme de la vache folle finira alors en dĂ©robade Ă  l'image de ce qui s'est passĂ© avec la dĂ©funte charte du veau, avec tous les risques d'explosion que cela comprend. Pour en ĂȘtre convaincu, il suffit de regarder avec attention les textes des rescapĂ©s de la cogestion ». Ils parlent de milliards, de restructuration et d'assainissement, oubliant l'essentiel, Ă  savoir le service aux consommateurs et la fourniture d'un vrai bon produit, qui permettraient Ă  la filiĂšre de vivre autrement que de charitĂ© publique. On pourrait Ă  cet Ă©gard penser qu'une confĂ©rence sur la qualitĂ© rĂ©unissant autour du ministre compĂ©tent toutes les parties concernĂ©es ne serait pas inopportune. Pour en revenir Ă  la relance par le prix, nous avons vu que les animaux de moins de six ans, issus en particulier des races Ă  viande, sont ceux qui offrent les meilleures garanties. On va vraisemblablement tuer les veaux de 8 jours, stocker les broutards de 6 mois et essayer de se dĂ©gager du troupeau laitier qui prĂ©sente quelques risques lorsqu'il a plus de six ans par incitation sur le prix. Tout esprit sensĂ© relĂšvera la bizarrerie de cette situation. Dans le mĂȘme esprit de confusion, et alors qu'en matiĂšre de communication il faudrait mettre fortement l'accent sur la viande certifiĂ©e rĂ©sultant d'un contrat de partenariat et d'un cahier des charges correct, certains parlent de ne communiquer que sur la certification elle-mĂȘme, vĂ©ritable manteau de NoĂ©. A l'image du logo VBF, un unique tampon "Viande certifiĂ©e" recouvrirait en mĂȘme temps les jeunes bovins, les races mixtes, le troupeau laitier, les animaux importĂ©s, sans vĂ©ritable traçabilitĂ©. On compte Ă  ce jour Ă  peu prĂšs 25 000 bouchers français dont 7 000 Ă  8 000 sont acheteurs en vif - lesquels ont d'ailleurs superbement rĂ©sistĂ© dans la crise, Ă©tant Ă  mĂȘme de donner Ă  leurs clients des preuves de la provenance de leurs produits. Ces 25 000 professionnels compĂ©tents ont fourni des efforts exceptionnels d'organisation, contrairement Ă  ce que l'on a pu dire regroupement des achats avec une fĂ©dĂ©ration de coopĂ©ratives, la COOBOF; communication, plus ou moins bien rĂ©ussie ; structure forte de formation ; contenu de formation ; outil de financement et Ă©galement outil de formation avec les centres de gestion agréés. Les 25 000 bouchers français ont aussi rĂ©alisĂ© avec d'autres professions alimentaires et les services officiels concernĂ©s une structure hygiĂšne et qualitĂ© ». Le Parlement nous a aidĂ©s en votant la dispense Ă  l'agrĂ©ment de Bruxelles pour le service au consommateur autre que le consommateur final, et nous avons dans ce cadre mis en place des guides pratiques, des fiches techniques, des centres nationaux et locaux d'action qualitĂ© et des prĂȘts Ă  3,5 % pour des entreprises indĂ©pendantes. Sur ces bases de travail - hygiĂšne, qualitĂ©, compĂ©tence et clartĂ© - ces 25 000 couples modestes, bien Ă©levĂ©s et travailleurs - formule peut-ĂȘtre un peu ridicule mais que j'emploie Ă  dessein car nos adversaires Ă©conomiques ont parfois tendance Ă  nous coller dans la presse l'Ă©tiquette de voleurs - qui ont Ă©tĂ© les seuls Ă  accepter dĂšs le dĂ©but de la crise les contrĂŽles, ont vu dans la crise de la vache folle se confirmer l'existence de leur bonne image de marque auprĂšs des consommateurs qui ont reconnu en eux un maillon sĂ©rieux et fiable de la filiĂšre. Cela est si vrai que jusqu'au 12 juin, date de parution de l'article du journal Le Monde » sur les farines et la porositĂ© des frontiĂšres ainsi que sur la transmission de macaque Ă  macaque, le niveau d'activitĂ© des bouchers français Ă©tait demeurĂ© satisfaisant, il avait progressĂ© pour ce qui concerne les acheteurs en vif. Il a fallu le choc du 12 juin pour mettre en pĂ©ril Ă  la fois l'emploi et la pĂ©rennitĂ© des toutes petites entreprises, pour lesquelles il va falloir trouver des solutions d'accompagnement. On constate cependant Ă  la reprise d'activitĂ© aprĂšs les vacances, qu'en ce dĂ©but du mois de septembre, la confiance du consommateur français en son boucher s'est encore renforcĂ©e. Il y a donc en France de la bonne viande et de bons bouchers. Des mesures sont simples Ă  prendre en ce qui concerne la traçabilitĂ© et le soutien Ă  l'Ă©levage extensif. Prenons-les en accord avec les organisations de consommateurs. Nous devrons aussi avoir Ă  l'esprit qu'au-delĂ  des mesures prioritaires concernant la santĂ© publique, le rĂ©tablissement d'une concurrence objective et l'existence d'une boucherie française forte face aux mondialistes » et aux corporatistes » constitueront une arme pour Ă©viter une nouvelle et inĂ©vitable crise et un moyen plus efficace, en produisant pour un marchĂ©, que l'appel permanent aux contribuables qui va finir par se retourner contre la filiĂšre elle-mĂȘme. M. AndrĂ© ANGOT Mme Evelyne Guilhem ayant dĂ» s'absenter quelques instants, elle m'a demandĂ© de bien vouloir vous poser les deux questions qu'elle avait prĂ©parĂ©es Ă  votre intention. PremiĂšrement, votre profession a-t-elle tirĂ© des bĂ©nĂ©fices de la mise en place au printemps dernier du logo Viande Bovine Française ? Comment jugez-vous cette opĂ©ration cinq mois aprĂšs son lancement ? DeuxiĂšmement, dans un Ă©ditorial de La Boucherie Française » datĂ© de juillet-aoĂ»t, vous avez dĂ©clarĂ© que la relance de la consommation par le prix se ferait uniquement au profit de l'Ă©coulement des stocks sur pied d'animaux nourris Ă  la farine. Vous sous-entendiez donc qu'il existe encore en France des stocks de viandes contaminĂ©s prĂȘts Ă  ĂȘtre livrĂ©s aux consommateurs. Pourriez-vous nous en dire un peu plus ? Pour ma part, j'ai notĂ© que vous mettiez en cause le rĂŽle des mĂ©dias dans l'intoxication, si j'ose dire, des consommateurs dans la crise actuelle. Pourtant vous vous servez vous-mĂȘme d'une intoxication des mĂ©dias en ce qui concerne la porositĂ© des frontiĂšres et l'utilisation, bien aprĂšs l'annĂ©e 1990, de farines animales interdites. Est-il normal Ă  la fois de condamner une mĂ©thode et de s'en servir ? M. Jacques CHESNAUD Manifestement, le sigle VBF, sur la pĂ©riode avril-mai, a Ă©tĂ© une bonne opĂ©ration. Je rappelle qu'il fallait dans l'immĂ©diat rassurer le consommateur sur la non prĂ©sence de viande anglaise - on ne connaissait pas la suite du dossier. Il a Ă©tĂ© mis en place trĂšs vite, pratiquement d'un mercredi Ă  un samedi, et il a jouĂ© un rĂŽle important dans le circuit qui a pu l'afficher le premier - parce que tout le monde ne pouvait pas l'afficher. Il a contribuĂ© Ă  maintenir une certaine confiance chez les consommateurs et la frĂ©quentation des magasins. En revanche, il est trĂšs vite apparu que le logo n'Ă©tait pas suffisant pour donner au consommateur les prĂ©cisions nĂ©cessaires pour assurer sa tranquillitĂ©. A partir du milieu du mois de mai, le consommateur a commencĂ© Ă  se poser de nombreuses questions. On observe aujourd'hui un trĂšs net recul de la position du logo VBF, parce qu'il n'a pas Ă©tĂ© Ă  temps diffĂ©renciĂ© selon l'origine du troupeau troupeau laitier, troupeau allaitant, jeune bovin, troupeau mixte. On peut presque dire que, sauf dans certains cas, il est plus gĂȘnant qu'utile. Mais au dĂ©part, l'opĂ©ration de mise en place a Ă©tĂ© vite faite, bien faite et a eu un rĂ©sultat satisfaisant. C'est la situation qui a Ă©voluĂ©. La deuxiĂšme question concernait la relance par le prix. J'ai peut-ĂȘtre Ă©crit ce que vous avez indiquĂ©, mais ce n'est peut-ĂȘtre pas tout Ă  fait ce que j'ai voulu dire. Ce que j'ai voulu dire, c'est que lier Ă  l'existence d'un logo VBF, qui couvre aussi bien le troupeau laitier que le troupeau allaitant, une relance par le prix qui permettrait aux entreprises qui ont les moyens d'acheter des pages de journaux - proposant Ă  59 francs le kg un animal achetĂ© 20 francs alors qu'en parallĂšle des animaux achetĂ©s 30 francs portent le mĂȘme logo VBF - et juxtaposer un logo imprĂ©cis Ă  une politique de prix qui dĂ©pend des diffĂ©rentes catĂ©gories de viandes achetĂ©es, nous paraissaient extrĂȘmement nuisible. Il nous fallait expliquer aux consommateur que le troupeau qui pouvait se vendre Ă  un prix diffĂ©rent Ă©tait un troupeau particulier. Tout le monde sait maintenant que l'alimentation par farines ayant Ă©tĂ© utilisĂ©e surtout dans le troupeau laitier en pĂ©riode de lactation et que l'interdiction des farines remontant Ă  peu prĂšs Ă  cinq ou six ans, tous les animaux d'un Ăąge antĂ©rieur Ă  cette pĂ©riode sont en zone de risque », alors que les animaux nĂ©s aprĂšs cette pĂ©riode, sauf dans les cas oĂč il y aurait eu des fraudes, ne sont pas en zone de risque » et enfin, que les animaux du troupeau allaitant ne sont pas du tout en zone de risque ». Par consĂ©quent, si on fait une relance par le prix, il faut expliquer aux consommateurs ce qu'on leur vend. La boucherie française, c'est 25 000 bouchers il y a des acheteurs en vif, d'autres qui vendent du troupeau allaitant, d'autres qui ont essayĂ© de concurrencer les grandes surfaces par une politique de prix. Il est possible de vendre des animaux de toutes origines, mais il faut dire au consommateur c'est du jeune bovin, c'est du troupeau mixte, c'est du troupeau allaitant, et donner l'Ăąge. Si on ne donne pas l'Ăąge des animaux, on trompe les gens. Enfin, vous avez essayĂ© de m'emmener dans une discussion sophistiquĂ©e Ă  propos des mĂ©dias. J'ai parlĂ© du matraquage publicitaire. Je ne me suis pas Ă©levĂ© contre le rĂŽle de la presse, car je sais bien que sans elle, il n'y a plus de dĂ©mocratie. On tient donc Ă  la presse et aux polĂ©miques qu'elle gĂ©nĂšre. Mais quand il y a un matraquage de la presse, manifestement disproportionnĂ© par rapport Ă  l'Ă©vĂ©nement, on peut considĂ©rer qu'elle tente de prĂ©senter le problĂšme d'une façon Ă  modifier le jugement. Cela dit, que Le Monde », dans un article du 12 juin dernier, ait montrĂ© ce qui Ă©tait une rĂ©alitĂ©, Ă  savoir la porositĂ© des frontiĂšres françaises, et qu'il ait quelquefois publiĂ© des articles un peu longs Ă  notre goĂ»t sur le sujet, n'empĂȘchait pas de reconnaĂźtre avec objectivitĂ© qu'il s'agissait d'un bon argument. Je ne vois pas pourquoi on n'aurait pas utilisĂ© une vĂ©ritĂ© qui nous amenait Ă  reconsidĂ©rer tout le dispositif de traçabilitĂ©, sous prĂ©texte qu'on n'Ă©tait pas trĂšs content de la façon dont on abusait des mĂ©dias. M. AndrĂ© ANGOT Il se trouve que l'intervenant prĂ©cĂ©dent s'est efforcĂ© de nous dĂ©montrer que le service des douanes confirmait qu'il n'y avait pas eu de porositĂ© des frontiĂšres. En mĂȘme temps, le syndicat des fabricants d'aliments nous a expliquĂ© quelles quantitĂ©s de farine Ă©taient utilisĂ©es. Il considĂ©rait justement que cette dĂ©claration du journal Le Monde » faisait partie des intoxications mĂ©diatiques ». M. le Rapporteur Monsieur le prĂ©sident, merci de vos propos. Pour ma part, je voudrais vous poser des questions d'ordre gĂ©nĂ©ral, sachant que dans la filiĂšre bovine vous ĂȘtes des intermĂ©diaires, un maillon de la chaĂźne, avec en amont les Ă©leveurs et en aval les consommateurs. PremiĂšrement, vous ĂȘtes Ă©videmment responsables de ce que vous vendez. Est-ce comme cela que vous le comprenez ? Et si vous ĂȘtes responsables de ce que vous vendez, quel est votre degrĂ© de certitude sur la qualitĂ© de ce que vous vendez ? Je parle en termes de conviction morale. Vous l'avez bien dit, les scientifiques ne savent pas. Mais il y a un moment oĂč il faut assumer une responsabilitĂ© Ă  la place qui est la sienne, et dans le doute, il est clair que vous ne vous abstenez pas. Vous continuez de vendre de la viande, et vous dites d'ailleurs que c'est de la bonne viande. J'aimerais bien que vous me disiez les convictions profondes qui vous conduisent Ă  dire qu'aujourd'hui la viande que vous vendez est de bonne qualitĂ© et qu'elle n'est pas contaminante. J'aimerais savoir si vous en ĂȘtes vraiment persuadĂ©s et quels sont les Ă©lĂ©ments qui vous amĂšnent Ă  le penser. Quand on intervient en aval dans une chaĂźne, il est clair qu'on accepte d'entĂ©riner ce qui a Ă©tĂ© fait plus en amont. A partir du moment oĂč vous achetez de la viande pour la vendre, vous engagez votre responsabilitĂ© sur la qualitĂ©. M. Jacques CHESNAUD Sur la qualitĂ© sanitaire ? M. le Rapporteur Bien entendu. M. Jacques CHESNAUD Les textes lĂ©gaux français ont expulsĂ© les bouchers français des abattoirs et ils n'ont plus le droit d'y intervenir. MĂȘme un boucher acheteur en vif laisse son animal Ă  la porte de l'abattoir et le rĂ©cupĂšre Ă  la sortie les quatre quarts, le suif et la corde avec laquelle il a amenĂ© l'animal. La vĂ©rification de la santĂ© de l'animal, qui ne peut se faire sĂ©rieusement que quand l'animal est vivant ou quand il est abattu en carcasse et qu'on peut examiner notamment le sang, les viscĂšres, les abats rouges et les abats blancs, est du ressort exclusif des services vĂ©tĂ©rinaires. Aucun boucher français n'a le droit d'aller dans un abattoir donner son avis sur un animal Ă  partir du moment oĂč l'animal abattu a Ă©tĂ© ouvert et oĂč les viscĂšres sont en vue. Cette mesure a Ă©tĂ© prise Ă  l'Ă©poque oĂč l'on avait dĂ©cidĂ© de moraliser le commerce. On voulait moraliser les abattoirs, de maniĂšre que les vilains marchands » ne laissent pas passer des animaux contaminĂ©s. Ainsi, la rĂšgle est formelle aucun boucher ni aucun reprĂ©sentant d'une grande surface- sauf si elles ont leur propre abattoir - ne peut intervenir au moment oĂč l'on peut constater un Ă©ventuel vice de forme » du produit vendu. Par consĂ©quent, de par la loi et les faits, pour nous, la conformitĂ© du produit est attestĂ©e par le certificat et le tampon vĂ©tĂ©rinaire. Si votre question avait pour but de m'amener Ă  dire que nous devions mettre en doute la capacitĂ© et le sĂ©rieux des services vĂ©tĂ©rinaires français, je ne dirai pas cela. Je dis simplement que l'opĂ©ration de vĂ©rification se passait Ă  un endroit dont l'accĂšs nous Ă©tait interdit. Revenons Ă  ce qui se passe aujourd'hui. Les Ă©vĂ©nements Ă©tant ce qu'ils sont, nous avons Ă©tĂ© amenĂ©s Ă  regarder tous ensemble, comme on le fait lĂ , le problĂšme de prĂšs. Il nous est apparu que les animaux de moins de six ans et que parmi les animaux de plus de six ans, et que parmi les animaux de moins de six ans, ceux Ă©levĂ©s en Ă©levages extensifs dits de races Ă  viande » posaient encore moins de problĂšmes que ceux du troupeau laitier. Nous pouvons donc dire au consommateur que les animaux du troupeau allaitant ayant une traçabilitĂ© assurĂ©e ont le maximum de chances d'ĂȘtre sanitairement corrects. Il est vrai que dans les dix ans prĂ©cĂ©dents, le mĂȘme genre de recherches approfondies aurait pu ĂȘtre fait par l'ensemble de la filiĂšre, y compris par nous-mĂȘmes. Il est vrai que personne ne l'a fait, puisque mĂȘme l'Union europĂ©enne n'est plus intervenue sur le dossier, que le ministĂšre de l'Agriculture, plus ou moins informĂ© des travaux du Conseil Ă©conomique et social, ne s'en est pas spĂ©cialement saisi, et que nous-mĂȘmes, qui, dans la concurrence acharnĂ©e des circuits de distribution Ă©tions tous plus ou moins rĂ©fugiĂ©s dans le mĂ©lange et la banalisation du produit, nous ne nous sommes pas posĂ© la question. Ce n'est plus vrai Ă  l'heure actuelle, oĂč l'on peut parler au consommateur et diffĂ©rencier selon le troupeau et l'Ăąge... M. le Rapporteur Cela veut donc dire que vous vous dĂ©chargez de votre responsabilitĂ© administrative, Ă  partir du moment oĂč vous avez le certificat vĂ©tĂ©rinaire... M. Jacques CHESNAUD On nous en a dĂ©chargĂ©s, contre notre grĂ©... M. le Rapporteur ...mais vous estimez donc que votre responsabilitĂ© administrative n'est pas engagĂ©e, et vous vendez un produit que l'on vous vend comme conforme aux impĂ©ratifs sanitaires. M. Jacques CHESNAUD Oui, tout Ă  fait. M. le Rapporteur Et votre responsabilitĂ© morale ? M. Jacques CHESNAUD Monsieur le professeur, elle aurait pu s'Ă©veiller plus tĂŽt, mais mieux vaut tard que jamais. Sourires. Seulement, tout le monde l'avait, cette responsabilitĂ© morale, y compris les scientifiques. Alors, je veux bien prendre ma part de pĂ©chĂ©, mais tout le monde la sienne... M. Pierre FORGUES Je tiens Ă  dire que j'ai Ă©tĂ© particuliĂšrement satisfait de ce que j'ai entendu. J'ai apprĂ©ciĂ© la critique objective de l'Ă©volution de notre agriculture et notamment des conditions d'Ă©levage. Il est incontestable qu'il y a eu une banalisation du produit vers le bas et que depuis plus de vingt ans, et l'on continue allĂšgrement aujourd'hui, il y a un mĂ©lange du produit. Ce mĂ©lange du produit est fait dans les grandes surfaces, certes, mais aussi, dans les boucheries, dans les petites comme dans les plus grandes. Or, c'est une Ă©vidence aussi, il y a une relation de confiance entre le consommateur et son boucher. Et il me semble que vous, les bouchers, vous Ă©tiez vraiment les mieux placĂ©s pour donner toutes les informations aux consommateurs. Que veut le consommateur ? Il veut savoir d'oĂč vient la viande, oĂč elle a Ă©tĂ© abattue. Est-ce que c'est une viande qui vient d'une vache allaitante ou d'une vache laitiĂšre ? Il ne le sait pas. Moi-mĂȘme je ne le sais pas, et j'ai des relations de confiance avec mon boucher. Il faut que je lui demande. Cela n'est en gĂ©nĂ©ral pas indiquĂ©. Il me semble que vous, vous auriez pu tout Ă  fait faire figurer sur l'Ă©tal l'origine de la viande. Bien sĂ»r, il y a des bouchers qui le font, mais c'est trĂšs trĂšs rĂ©cent. Le mĂ©lange des genres existe depuis plus de vingt ans, et je suppose que vous n'avez pas attendu aujourd'hui pour faire l'analyse critique Ă  laquelle vous avez procĂ©dĂ©e devant nous. Vous ĂȘtes responsable d'une catĂ©gorie professionnelle qui reste trĂšs importante dans la vente de la viande. C'est cette relation de confiance avec le consommateur qui a fait que les bouchers ont rĂ©sistĂ©. Alors je trouve que vous avez mis beaucoup de temps. Quand vous allez acheter l'animal Ă  l'abattoir, il est parfaitement identifiĂ©. Mais il n'y a que 8 000 bouchers Ă  indiquer prĂ©cisĂ©ment la provenance de l'animal. Restent les 17 000 autres bouchers qui achĂštent de la vache laitiĂšre et qui vendent le bifteck Ă  peu prĂšs le mĂȘme prix que celui d'une vache allaitante. LĂ , il y a quelque chose qui ne va pas. J'espĂšre qu'Ă  l'avenir les bouchers feront tout pour que le consommateur ait vĂ©ritablement toute l'information. Alors vos propos, monsieur le prĂ©sident, prendront effectivement toute la dimension que pour l'instant je leur donne. M. Yves VAN HAECKE Vous avez citĂ© l'agence de la santĂ©. Quelle devrait ĂȘtre sa tĂąche, plus particuliĂšrement vis-Ă -vis des bouchers ? Quels contrĂŽles lui confieriez-vous ? A propos de l'identification, j'ai relevĂ© vos termes, auxquels je souscris Ă  100 %. Vous avez Ă  juste titre dĂ©noncĂ© la banalisation et le mĂ©lange. Pour reprendre les questions dĂ©jĂ  posĂ©es concernant l'identification et l'Ă©tiquetage, qu'est-ce qui selon vous devrait ĂȘtre obligatoire et facultatif ? M. Jacques CHESNAUD Sans vouloir faire se battre les gens les uns contre les autres, vous savez comme moi qu'avant la crise de l'encĂ©phalopathie spongiforme, le DAB, document d'accompagnement bovin » - Ă  partir de la boucle d'oreille, pour se transformer en fiche d'accompagnement Ă  l'abattoir -, n'Ă©tait jamais ou mal rempli dans 75 cas sur 100. Il a fallu la crise pour que ces DAB soient remplis correctement. Certes, on aurait pu mettre le feu Ă  quelques prĂ©fectures et dĂ©filer dans les rues pour attirer l'attention sur le problĂšme. Je rappelle nĂ©anmoins que la communication faite par INTERBEV sur les fonds de l'interprofession est quasiment bloquĂ©e depuis trois ans parce que nous n'arrivons pas Ă  faire passer, au sein d'INTERBEV, la notion de messages par types de troupeau, une partie importante d'INTERBEV, au sein duquel il existe un droit de veto, s'obstinant Ă  vouloir faire une communication gĂ©nĂ©rique du type VBF, qui recouvre tout sans rien distinguer. Peut-ĂȘtre avons-nous manquĂ© d'Ă©nergie. Mais il y a eu aussi des obstacles Ă©normes, auxquels nous nous heurtons encore actuellement. Et je suis convaincu que si le Gouvernement ne fait pas une rĂ©forme maintenant sur ce point et ne met pas en place les aides correspondantes, il ne le fera plus aprĂšs. Le DAB - vĂ©rifiez autour de vous, questionnez vos Ă©leveurs et les gens des abattoirs - est devenu un document sĂ©rieux et fiable depuis la crise de la vache folle. Avant, il y avait de faux DAB, des DAB sans numĂ©ro, sans lettre, qui Ă©taient pratiquement inutilisables. Le budget de l'interprofession est Ă  peu prĂšs de 100 millions de francs par an et la communication qui devrait s'ensuivre devrait porter sur la clartĂ© vis-Ă -vis du consommateur. Or il y a trois ans qu'on n'arrive pas Ă  faire l'unanimitĂ©, parce que la tendance au logo manteau de NoĂ© » est toujours prĂ©sente et toujours chez les mĂȘmes, que tout le monde connaĂźt. L'agence de la santĂ©, vous le savez comme moi, est un sujet polĂ©mique qui agite fortement le ministĂšre de l'Ă©conomie et des finances, le ministĂšre de l'agriculture, de la pĂȘche et de l'alimentation et les vĂ©tĂ©rinaires. Nous Ă©viterons d'entrer dans ce dĂ©bat et nous dirons simplement, vu du cĂŽtĂ© des usagers, que la disparitĂ© des directions - les fraudes, les services vĂ©tĂ©rinaires -, la proximitĂ© un peu trop Ă©troite des services de rĂ©pression avec ceux qu'ils contrĂŽlent et l'absence dans ce dossier, depuis le dĂ©but, d'avis clairs des services de la santĂ© proprement dits, pourraient plaider pour une rĂ©organisation des services pour en faire un outil efficace, indĂ©pendant, rassemblant Ă  peu prĂšs au mĂȘme endroit les choses possibles Ă  faire. Et je ne suis pas sans peser les diffĂ©rences de statuts du personnel, la crispation des diffĂ©rents ministĂšres sur les services de leur royaume ». N'empĂȘche que sur le fond, on peut penser que ce serait une chose souhaitable, Ă  rĂ©aliser progressivement. La certification est un cheminement devant lequel nous avions longtemps reculĂ©. En effet, dans le systĂšme de certification de type label, l'acte de certification entraĂźne automatiquement une perception de droits, des possibilitĂ©s de formation et de communication qui font que les outils certifiĂ©s deviennent de petites fĂ©odalitĂ©s difficiles Ă  rĂ©former. En revanche, la certification de produits a notre accord, Ă  telle enseigne que pour la marque BTB qui a Ă©tĂ© dĂ©finie en partenariat avec la production, nous allons aller vers la certification. Je rĂ©pĂšte qu'il faut indiquer au consommateur l'origine de l'animal - en prĂ©cisant oĂč il est nĂ©, oĂč il a Ă©tĂ© Ă©levĂ©, oĂč il a Ă©tĂ© abattu - et ce pour tous les pays de la CommunautĂ©. Parce qu'Ă  l'heure actuelle, si le contrĂŽleur des fraudes vĂ©tĂ©rinaires passe dans la rue, devant une boucherie avec le logo VBF, il rentre et passe tout au tamis ». Mais s'il passe devant une boucherie qui vend un produit importĂ© autre qu'anglais, qui est donc en rĂšgle mais n'a pas de logo, il sifflote et il ne s'arrĂȘte pas. Petit Ă  petit, Ă©tant donnĂ© le tempĂ©rament français, les gens choisiront la situation la moins contraignante. D'oĂč la nĂ©cessitĂ© de rĂ©gler au plus tĂŽt ce problĂšme. Je pense qu'il y a au sein de la commission spĂ©cialisĂ©e qui travaille sur ce sujet au Conseil de la consommation un consensus fort avec les organisations de consommateurs. Leur diffĂ©rence de point de vue porte sur la liste des mentions Ă  afficher, qu'il convient peut-ĂȘtre de raccourcir. Mais il faut indiquer au consommateur nĂ©, Ă©levĂ©, abattu, que ce soit pour les viandes allemandes, nĂ©erlandaises, danoises, belges, françaises... Il faut indiquer aussi race Ă  viande, race laitiĂšre, jeune bovin et Ă  l'intĂ©rieur de chaque section l'alimentation dont a bĂ©nĂ©ficiĂ© l'animal. Il faut organiser en mĂȘme temps une traçabilitĂ© de l'alimentation. Car si on a des farines composĂ©es d'une façon pour l'alimentation des porcs et des volailles, d'une autre façon pour celle des bovins, et si on ne suit pas les quantitĂ©s, il est Ă©vident qu'il y aura des problĂšmes. Il faut aussi indiquer le type d'Ă©levage, extensif ou intensif. Mais il ne convient pas d'aller au-delĂ . Le mieux est l'ennemi du bien. Dans un premier temps, instituer un DAB prĂ©cis et bien rempli et prĂ©ciser l'origine, le lieu d'Ă©levage, le lieu d'abattage, le type de troupeau, le mode d'alimentation, le type d'Ă©levage, extensif ou intensif, on n'en a pas fait autant en cinquante ans ! Alors, si on faisait cela, ce ne serait pas si mal. M. Marc LAFFINEUR Nous sommes nombreux ici Ă  partager votre point de vue sur le fait que les consommateurs ont confiance en leur boucher. J'ai remarquĂ© aussi dans ma rĂ©gion que les ventes ont certainement beaucoup moins diminuĂ© chez les bouchers que dans les grandes surfaces. Quelle est donc actuellement la baisse enregistrĂ©e chez les bouchers par rapport Ă  la situation antĂ©rieure au mois de mars et quel pourcentage de la vente de viande est rĂ©alisĂ© par les bouchers ? DeuxiĂšmement, pourquoi les prix n'ont-ils pas baissĂ© ? Il serait intĂ©ressant que vous puissiez donner votre avis, parce que cela choque un peu le consommateur que la situation soit si diffĂ©rente au niveau de la production et de la consommation. Enfin, vous nous avez parlĂ© de la traçabilitĂ©. Nous nous sommes aperçus, dans cette mission, qu'il Ă©tait extrĂȘmement difficile d'avoir une traçabilitĂ© dans laquelle on puisse avoir confiance. Pour ĂȘtre sĂ»r, aussi bien chez le boucher que dans les grandes surfaces, de l'origine de la viande, comment faut-il faire techniquement ? M. RenĂ© BEAUMONT Je voudrais d'abord vous remercier et vous fĂ©liciter d'avoir usĂ© d'un certain bon sens pour nous faire comprendre les problĂšmes de la filiĂšre viande depuis quelques dĂ©cennies. Nous l'avons beaucoup apprĂ©ciĂ©. Je vous remercie aussi d'avoir un peu dĂ©mystifiĂ© les labels dans la mesure oĂč c'est un vaste pluriel dans notre pays. Ils ne correspondent plus Ă  une notion de qualitĂ© et ils sont pernicieux du fait de la notion de fournisseur unique, comme vous l'avez dĂ©veloppĂ©. J'ai cru comprendre, en revanche, que vous Ă©tiez favorable aux certifications d'origine d'alimentation, Ă  condition que soit connu l'Ăąge des bovins, et je crois que c'est dans ce sens qu'il faudrait que nous orientions une partie de nos conclusions. J'Ă©voquerai rapidement un problĂšme qui me semble essentiel pour l'avenir de la filiĂšre viande, la politique de traçabilitĂ© mise en place par le ministĂšre aujourd'hui. On se gargarise dans ce pays, et en tant qu'ancien vĂ©tĂ©rinaire sanitaire, je sais de quoi je parle, de la qualitĂ© du service vĂ©tĂ©rinaire français et du contrĂŽle sanitaire en gĂ©nĂ©ral. C'est indĂ©niable. Mais tout ceci, de mĂȘme que le certificat d'origine Ă©voquĂ© Ă  l'instant et le certificat d'alimentation et d'Ăąge, ne reposent que sur des documents administratifs dĂ©livrĂ©s par les services de l'Etat. Et force est de constater qu'il n'y a pas longtemps encore des animaux arrivaient avec des documents incomplets, voire sans documents. Ainsi, trĂšs rĂ©cemment, dans mon dĂ©partement, plus de trente bovins ont Ă©tĂ© identifiĂ©s » par les agriculteurs sur les routes ou dans les abattoirs, dĂ©pourvus totalement d'identification, de certificats, des bovins venant de Belgique s'Ă©tant mĂȘme retrouvĂ©s qualifiĂ©s viande bovine française ». Je crois qu'il faut alerter les services administratifs de notre pays, et en particulier les services sanitaires. Ce n'est pas tolĂ©rable. Cela dit, monsieur le prĂ©sident, je suis vigoureusement opposĂ© Ă  la tentation que vous me semblez avoir d'opposer sur le plan de la qualitĂ©, non pas sanitaire mais organoleptique, deux types de troupeaux, le troupeau laitier et le troupeau allaitant. Cela, c'est criminel, monsieur le prĂ©sident, et ce n'est pas tolĂ©rable. Comment pouvez-vous dire qu'il suffit qu'un animal soit charolais ou limousin pour ĂȘtre de qualitĂ© ? Alors que nous exportons - avec difficultĂ©, c'est vrai, actuellement - des broutards qui vont se faire engraisser en Italie ou en Espagne mais dans les ateliers d'engraissement et qu'ils nous reviennent ensuite en viandes de consommation. Ils ont Ă©tĂ© nourris comme on les nourrit en France dans les ateliers d'engraissement du Nord et de l'Est, avec des farines. Alors que des vaches qui certes, auront sans doute - celles qui ont plus de six ans aujourd'hui - mangĂ© au cours de leur vie des farines de viande, mais dont la viande prĂ©sente une qualitĂ© organoleptique bien supĂ©rieure Ă  celle de n'importe quel jeune bovin, qu'il soit charolais ou laitier, engraissĂ© dans un atelier d'engraissement. Il faut Ă  tout prix Ă©viter d'opposer ces deux types d'Ă©levages. L'Ă©levage laitier a toujours eu comme consĂ©quence la production de viande. MĂȘme si cela dĂ©plaĂźt, il faut savoir que pratiquement 60 % de la viande consommĂ©e en France provient du cheptel laitier et que le cheptel allaitant ne pourra jamais suffire Ă  l'alimentation humaine ni dans notre pays ni dans l'Europe entiĂšre. En outre, que faire des vaches de rĂ©forme laitiĂšres ? Reste posĂ© le problĂšme des veaux. J'en profite pour dire que pour ma part je n'accepterais pas sans difficultĂ©, en tant que vĂ©tĂ©rinaire, qu'on puisse sacrifier des veaux Ă  la naissance. Mais j'accepterais que ce soit dans l'ensemble du cheptel français, parce qu'il y a aussi des veaux qui ne mĂ©ritent pas forcĂ©ment l'engraissement, y compris dans le cheptel allaitant. Vous avez enfin mis en cause les services vĂ©tĂ©rinaires. On ne peut pourtant pas leur reprocher de ne pas avoir dĂ©tectĂ© la maladie de la vache folle en France. S'il y avait eu Ă  leur place des mĂ©decins - puisque vous avez Ă©voquĂ© une agence de santĂ© - je ne crois pas que le rĂ©sultat eĂ»t Ă©tĂ© meilleur. Les services vĂ©tĂ©rinaires - vous me pardonnerez de faire Ă  mon tour une plaidoirie pro domo - sont parmi les plus performants Ă  condition qu'on leur donne des moyens et, surtout, que l'administration suive bien leurs prescriptions et soit capable de gĂ©rer les documents techniques qui ne sont pas de la compĂ©tence des vĂ©tĂ©rinaires praticiens sur le terrain. M. Jacques CHESNAUD Je commencerai par rĂ©pondre au deuxiĂšme intervenant, ayant Ă©tĂ© quelque peu traumatisĂ© par l'emploi du mot criminel ». Le DAB, depuis la crise de la vache folle, fonctionne de façon satisfaisante dans 95 % des cas, ce qui est un grand progrĂšs, mĂȘme s'il peut toujours y avoir des tentatives de passage d'animaux français ou non sans DAB. On peut donc penser, en dĂ©pit du flou des trois premiers mois, que le pari de l'identification au moyen de la boucle d'oreille, du DAB et du document d'accompagnement peut ĂȘtre gagnĂ©. S'agissant du troupeau laitier et du troupeau allaitant, il est possible que je me sois mal exprimĂ©. Tous les professionnels de la viande savent qu'une entrecĂŽte de vache normande de 8 ans est dix fois meilleure qu'un morceau d'entrecĂŽte de Charolais de 24 mois. Je n'ai donc pas voulu faire de discrimination envers le troupeau laitier. D'ailleurs M. le rapporteur sait bien que l'alimentation en viande de la bonne ville de Marseille s'est faite pendant longtemps Ă  partir du troupeau laitier des vallĂ©es avoisinantes, situation dont nous dĂ©plorons fortement la disparition. Si j'ai diffĂ©renciĂ© les deux troupeaux, c'est uniquement dans le cadre de leur alimentation et de la notion de risque affĂ©rente. Pour le reste, je ne peux que souhaiter que mes 24 999 confrĂšres puissent trouver des vaches laitiĂšres de 5 Ă  8 ans, ce qui permettrait d'offrir aux consommateurs un meilleur produit que celui qu'on veut leur faire manger depuis vingt ans et qui provient de bĂȘtes de 30 mois. J'espĂšre que l'accusation de criminalitĂ© sera ainsi adoucie ! De mĂȘme, je n'ai jamais voulu dire qu'il fallait remplacer les vĂ©tĂ©rinaires par des mĂ©decins. Les services vĂ©tĂ©rinaires français sont probablement ceux qui fonctionnent le mieux au sein de la CommunautĂ©. On ne pouvait en effet leur demander de dĂ©celer la maladie de la vache folle qui est indĂ©celable en l'Ă©tat actuel des choses Ă  l'abattage. Quant Ă  la crĂ©ation Ă©ventuelle d'une agence de la santĂ©, il s'agit simplement de regrouper en un mĂȘme lieu des gens qui s'occupent d'une mĂȘme chose. A l'heure actuelle, le passage successif sur un mĂȘme point de vente des vĂ©tĂ©rinaires et du service des fraudes ne permet pas toujours une harmonisation des remarques de ces agents. S'agissant de l'Ă©volution des tonnages, on s'est aperçu que de fin mars Ă  fin mai le tonnage n'avait diminuĂ© chez les bouchers français que dans trĂšs peu de cas - il s'agissait surtout de bouchers ayant voulu suivre les grandes surfaces dans la casse des prix » en vendant des viandes importĂ©es. Quant aux acheteurs en vif ou aux bouchers achetant des viandes labellisĂ©es ou identifiĂ©es, leur situation s'Ă©tait mĂȘme amĂ©liorĂ©e. L'article du journal Le Monde » du 12 juin dernier qui a dĂ©truit le logo VBF a conduit dans les huit jours qui ont suivi Ă  une baisse de l'ordre de 20 Ă  30 % sur l'ensemble des points de vente. Le consommateur avait perdu tous ses repĂšres. Le travail a repris lentement, sauf dans les magasins Ă  petits prix, mais la consommation semble ĂȘtre repartie depuis la rentrĂ©e avec une perte de tonnage que l'on peut Ă©valuer Ă  10 % par rapport Ă  la pĂ©riode antĂ©rieure au 12 juin. Quant Ă  la traçabilitĂ© au niveau des boucheries de dĂ©tail, il faut avoir Ă  l'esprit que ces magasins ont une surface de 30 Ă  100 mĂštres carrĂ©s, que le tonnage traitĂ© y varie de 12 Ă  100 tonnes par an, que les documents d'accompagnement y sont affichĂ©s, qu'un livre d'achat doit y ĂȘtre conservĂ© pendant quatre ans et qu'il est donc facile de s'apercevoir si des marchandises ont Ă©tĂ© achetĂ©es en dehors de toute traçabilitĂ©. Nous sommes Ă  cet Ă©gard d'accord avec les propositions des consommateurs sauf peut-ĂȘtre celle concernant l'indication vache » ou gĂ©nisse », par exemple. Commençons par l'indication du type de troupeau et de l'origine. Dans leur vĂ©rification portant sur le sigle identifiant qu'est le BTB et qui rassemble 2 100 bouchers, les services de contrĂŽle n'ont pas rencontrĂ© de difficultĂ© en matiĂšre de suivi de la marchandise. Les habitudes prises pendant 50 ans sont telles que sans effort soutenu pendant un laps de temps suffisant, les risques de rechute existeront - mais je rappelle tout de mĂȘme qu'il y a eu 10 000 contrĂŽles. M. Jean-Yves le DÉAUT J'ai pour ma part visitĂ© avec votre groupement un certain nombre de boucheries de Meurthe-et-Moselle et j'ai pu m'apercevoir que la situation pouvait y ĂȘtre trĂšs diffĂ©rente. Si la baisse de 10 Ă  12 % est gĂ©nĂ©rale, certaines boucheries ont plus souffert que d'autres, notamment dans les villes. Dans les citĂ©s moins importantes oĂč le boucher affichait dĂ©jĂ  le nom du producteur, on a mĂȘme pu assister dans un certain nombre de cas Ă  une augmentation du chiffre d'affaires. La situation est donc variable. Il n'empĂȘche que des baisses de prix auraient dĂ» avoir lieu en raison des diffĂ©rences de qualitĂ© des viandes. Pourquoi n'y a-t-il pas eu de rĂ©percussion sur le prix de vente au consommateur et qui a empochĂ© la diffĂ©rence ? S'agissant des labels, il existe en Lorraine depuis trois ans, donc bien avant la crise, le label Lorraine QualitĂ© Viande » qui rĂ©pond aux critĂšres que vous avez indiquĂ©s. Envisagez-vous de prendre Ă©galement en compte dans la traçabilitĂ© que vous voulez mettre en place la transformation par le boucher de la totalitĂ© d'une piĂšce et de diffĂ©rencier celui qui transforme la totalitĂ© d'un boeuf ou les quartiers avant et arriĂšre de celui qui achĂšte de la viande en kit » comme on peut en trouver dans les grandes surfaces ? Un organisme indĂ©pendant devrait-il alors intervenir aux fins de certification et lequel ? Enfin, vous avez soulignĂ© que le Gouvernement commettrait une erreur en donnant l'argent des aides avant d'avoir fait les rĂ©formes. A quelles rĂ©formes pensez-vous ? M. Patrick HOGUET En ce qui concerne les labels, on peut dire qu'Ă  la faveur » de cette crise, les Ă©leveurs ont pris conscience que des efforts Ă©taient Ă  fournir et ils sont prĂȘts Ă  dĂ©finir des cahiers des charges qui pourraient garantir les conditions dans lesquelles ils Ă©lĂšvent leurs animaux, tous Ă©lĂ©ments susceptibles de rassurer les consommateurs. Dans toutes les rĂ©gions de production, un effort est ainsi fait pour mettre en place des marques de qualitĂ© locales - trop de labellisation risque en effet de tuer le label en le banalisant - qui permettent de renouer avec la confiance. A cet Ă©gard, deux conditions doivent ĂȘtre rĂ©unies. D'une part, que l'effort ainsi rĂ©alisĂ© par les Ă©leveurs soit relayĂ© par l'aval de la filiĂšre - mais vos adhĂ©rents sont-ils prĂȘts Ă  participer Ă  cet effort de mise en place de marques de qualitĂ© locales ? Et d'autre part, qu'il permette une valorisation de leurs produits - mais le coĂ»t de ces contraintes sera-t-il pris en compte lorsque les Ă©leveurs proposeront leurs produits valorisĂ©s Ă  l'aval de la filiĂšre ? M. Jacques CHESNAUD Les diffĂ©rences entre les 25 000 bouchers sont en effet grandes, qu'il s'agisse de la taille des magasins, de leur spĂ©cialisation - qui va du haut de gamme aux produits de grande distribution - ou de leur situation gĂ©ographique. Les comportements des consommateurs ont effectivement Ă©tĂ© trĂšs diffĂ©rents selon qu'ils vivaient Ă  la campagne ou en ville. La remarque sur la chute du chiffre d'affaires en centre-ville est donc fondĂ©e. Elle induit en outre ma rĂ©ponse Ă  la question du prix. Relever que les prix Ă  la production s'effondrent et que ceux Ă  la distribution restent stables n'a pas de sens si l'on ne diffĂ©rencie pas les produits - race Ă  viande, race laitiĂšre, jeune bovin, race mixte -, les magasins et les prix d'achat. Nous avons la conviction que les grossistes, plus ou moins Ă©tranglĂ©s par la grande distribution qui reprĂ©sente environ 60 % de la vente de viande, avaient tendance Ă  faire une marge sur des acheteurs qui avaient un pouvoir d'achat beaucoup moins important. C'est la raison pour laquelle nous demandons avec obstination, sans avoir Ă©tĂ© entendus jusqu'Ă  prĂ©sent, une Ă©tude comparĂ©e des prix d'achat. Outre qu'il convient de juger la situation troupeau par troupeau et acheteur par acheteur, il est possible qu'au sein de telle ou telle entreprise, dont l'activitĂ© principale est la viande, dont le rĂ©sultat fait vivre toute une famille et dont le chiffre d'affaires a enregistrĂ© une baisse de 20 %, on n'ait pas rĂ©percutĂ© immĂ©diatement un Ă©cart de prix. Mais si les broutards en particulier ont vu baisser leur prix de moitiĂ© par suite de difficultĂ©s d'exportation en Italie, les Ă©carts de prix sur le troupeau allaitant n'ont Ă©tĂ© que de 2 ou 3 francs. Nous ne sommes donc pas opposĂ©s Ă  ce que l'on examine le problĂšme des prix mais Ă  condition de le faire Ă  partir de factures d'achat et non en gĂ©nĂ©ralisant de façon injuste. Concernant la traçabilitĂ©, nous essayons, dans les discussions que nous avons avec le ministĂšre des petites et moyennes entreprises, du commerce et de l'artisanat, de faire en sorte que le commerçant-artisan qui a droit Ă  l'appellation boucher » soit celui qui achĂšte lui-mĂȘme son produit, qui le reçoit en quartiers, qui le dĂ©pĂšce et le dĂ©sosse, qui le prĂ©pare et qui le vend. Ce point de vue semble se heurter Ă  des rĂ©serves importantes de la part de la direction de la concurrence. Pour ce qui est des certifications, il convient d'abord de veiller au choix des moyens. Je citerai Ă  cet Ă©gard qu'une interprofession bien connue avait commencĂ© Ă  travailler avec un outil de certification avant de s'apercevoir que le conseil d'administration Ă©tait composĂ© de gens du lobby du lait et de la maison Leclerc, ce qui a conduit Ă  s'interroger sur l'objectif de l'outil. Je rappelle tout de mĂȘme qu'une force importante de vĂ©rification existe avec la DGCCRF et les services vĂ©tĂ©rinaires. Quant aux rĂ©formes dont j'ai parlĂ©, elles tendent Ă  mettre en place de la naissance Ă  l'abattage la traçabilitĂ© par troupeau, avec suivi de l'alimentation. Si en France on persĂ©vĂšre, chaque fois qu'un ennui apparaĂźt au sein de la filiĂšre viande, Ă  ponctionner le TrĂ©sor public pour compenser les pertes, alors que logiquement on devrait fabriquer et vendre un produit avec une marge grĂące Ă  la sĂ©duction opĂ©rĂ©e sur le consommateur, le monde continuera de tourner Ă  l'envers. Le consommateur n'acceptera de remettre de l'argent dans la filiĂšre que dans la mesure oĂč on lui aura expliquĂ© clairement ce qui s'y fait. S'agissant d'une formule autre que celle du label, autrement dit de vrai partenariat avec la production, je ne ferai pas de dĂ©claration d'intention car cette formule existe. Nous avons dĂ©fini, en accord avec les reprĂ©sentants des Ă©leveurs du troupeau allaitant - c'est-Ă -dire de Limousins, de Charolais et de Blondes d'Aquitaine, en particulier - une marque collective BTB regroupant dĂ©jĂ  2 100 bouchers adhĂ©rents, en prenant grand soin d'en laisser la propriĂ©tĂ© Ă  INTERBEV, de prĂ©voir Ă  l'intĂ©rieur de l'association un droit de veto et de convenir qu'en cas de dĂ©saccord entre les partenaires la marque serait dĂ©truite afin de ne pas se perdre dans la grande distribution. Pour ce qui est de promettre actuellement en France Ă  un producteur qu'il retrouvera automatiquement dans le prix la compensation des efforts qu'il aura fournis en matiĂšre de qualitĂ©, sans que l'on entoure le dispositif de mesures particuliĂšres, c'est un mensonge. Et je ne pourrais qualifier autrement la dĂ©marche des magasins Carrefour. La promesse n'a d'ailleurs pu ĂȘtre tenue et a Ă©tĂ© tournĂ©e d'une façon peu convenable. Si les producteurs et les distributeurs s'engagent par contrat dans un partenariat avec l'accord de la FĂ©dĂ©ration nationale bovine et au moyen des fonds de l'interprofession, c'est-Ă -dire sans rien demander Ă  personne, une forte communication sur le produit entraĂźnera un relĂšvement du prix de celui-ci. Mais dire qu'ipso facto les choses se passeront ainsi serait mentir. Mme le PrĂ©sident Je vous remercie. Audition du M. William DAB, professeur Ă  l'Ă©cole nationale de santĂ© publique extrait du procĂšs-verbal de la premiĂšre sĂ©ance du 4 septembre 1996 PrĂ©sidence de Mme Evelyne GUILHEM, PrĂ©sident M. William DAB Madame le prĂ©sident, mesdames, messieurs, je suis mĂ©decin Ă©pidĂ©miologiste formĂ© ou dĂ©formĂ©..., en AmĂ©rique du Nord, avec une pratique de l'Ă©pidĂ©miologie de terrain sĂ»rement diffĂ©rente de celle que l'on connaĂźt de façon majoritaire en France. Je suis professeur Ă  l'Ecole nationale de santĂ© publique et je travaille - ce qui n'est pas inintĂ©ressant au regard du problĂšme qui nous rassemble ici aujourd'hui - dans un service de recherche qui dĂ©pend d'EdF et de GdF, une de nos missions Ă©tant la veille scientifique et technique dans le domaine de l'environnement et de la santĂ©. Un certain nombre d'enseignements dont je voudrais vous faire part me viennent de cette pratique. De mĂȘme, certaines de mes rĂ©flexions viennent des discussions qui ont eu lieu au sein de la SociĂ©tĂ© française de la santĂ© publique - qui est une fĂ©dĂ©ration des professionnels de santĂ© publique dont j'assume la vice-prĂ©sidence - au sujet de cette crise majeure qui restera dans l'histoire comme LA crise de santĂ© publique du XXĂšme siĂšcle. Cette crise n'est pas apparue dans un ciel serein. Elle vient Ă  la suite de trĂšs nombreux Ă©pisodes transmission transfusionnelle du sida, dĂ©pistage du sida, Tchernobyl, amiante, pollution atmosphĂ©rique et, voilĂ  une dizaine d'annĂ©es, pyralĂšne . C'est mĂȘme Ă  un point tel qu'il faut peut-ĂȘtre se poser la question de savoir s'il n'y a pas lĂ  une spĂ©cificitĂ© française non pas que ces crises ne surviennent pas ailleurs mais il y a lĂ  en une dĂ©cennie une accumulation de dĂ©stabilisations majeures dans le domaine de la santĂ© publique qui devrait inciter la reprĂ©sentation nationale Ă  s'interroger. A chaque fois, on retrouve un certain nombre de mĂ©canismes semblables un Ă©lĂ©ment dĂ©clenchant qui est une dĂ©nonciation juridique ou mĂ©diatique assortie d'une accusation de nĂ©gligence ; des responsables dont la rĂ©action immĂ©diate et le quasi rĂ©flexe est de prĂ©tendre qu'il n'y avait pas de problĂšme ; une grande incertitude des connaissances ; une utilisation incorrecte des connaissances Ă©pidĂ©miologiques disponibles ; des arbitrages dĂ©favorables Ă  la santĂ© dĂšs lors que des intĂ©rĂȘts Ă©conomiques ou industriels sont en jeu ; une carence de l'expertise, dispersĂ©e, fragmentĂ©e, inadĂ©quate, superficielle, non indĂ©pendante, homogĂšne - c'est-Ă -dire constituĂ©e de spĂ©cialistes issus d'une seule spĂ©cialitĂ©. En d'autres termes, nous ne disposons que d'une expertise en absolue dĂ©calage avec les pratiques internationales dans ce domaine. Le rĂ©sultat de ce constat est sous nos yeux un effondrement total de la confiance du public dans la capacitĂ© des pouvoirs publics Ă  garantir la sĂ©curitĂ© sanitaire dans le pays. Les pouvoirs publics ne sont plus considĂ©rĂ©s comme crĂ©dibles et il sera trĂšs difficile de remonter la pente. On arrive Ă  ce paradoxe que le professeur Tubiana dĂ©nonçait trĂšs pertinemment, voire trĂšs naĂŻvement, dans Le Figaro » en se demandant rĂ©cemment comment il pouvait y avoir un tel dĂ©calage entre la crainte du risque et son ampleur rĂ©elle. On ne peut comprendre en effet ce dĂ©calage si l'on omet de prendre en compte la confiance de nos concitoyens envers les services de santĂ©, qui est vĂ©ritablement au coeur du problĂšme. Le facteur clĂ© est Ă  cet Ă©gard l'attitude Ă  adopter quand on doit gĂ©rer un problĂšme caractĂ©risĂ© par une incertitude scientifique et mĂ©dicale trĂšs forte. On a complĂštement changĂ© d'Ă©poque en trĂšs peu de temps Ă  l'Ă©poque prĂ©cĂ©dente, les pouvoirs publics, a-t-on pu dire, ont pris des dĂ©cisions molles sur des connaissances dures, et la collectivitĂ© nationale va maintenant en payer le prix. Je citerai le cas de l'amiante voilĂ  vingt ans que l'on sait que l'amiante est cancĂ©rigĂšne et que des comitĂ©s d'experts internationaux l'ont dĂ©montrĂ© - et de ce point de vue la rĂ©cente expertise de l'INSERM ne nous a rien appris. Aujourd'hui, au contraire, les responsables politiques vont ĂȘtre conduits Ă  prendre des dĂ©cisions dures - par rachat envers cette Ă©poque de dĂ©cisions molles - mais sur la base de connaissances molles. L'Ă©pisode actuel Ă  la fois ressemble et ne ressemble pas Ă  ces crises. Parmi les points communs, on relĂšve d'abord qu'en Grande-Bretagne la possibilitĂ© d'une transmission Ă  l'homme a Ă©tĂ© niĂ©e de façon dogmatique et non scientifique pendant des annĂ©es et que le brutal retournement d'attitude ne pouvait que dĂ©clencher une rĂ©action de type nuclĂ©aire, une rĂ©action en chaĂźne incontrĂŽlable. On retrouve aussi dans cet Ă©pisode, toujours en Grande-Bretagne, un grand succĂšs Ă©pidĂ©miologique caractĂ©risĂ© par une identification trĂšs rapide de l'Ă©pidĂ©mie, mais un Ă©norme Ă©chec de santĂ© publique. Cette situation est semblable Ă  celle que l'on a connue avec le sida au 19Ăšme cas de sida aux Etats-Unis, le Center for disease control avait dĂ©tectĂ© l'Ă©pidĂ©mie. Cet exploit Ă©pidĂ©miologique s'est doublĂ© d'un Ă©chec de santĂ© publique, faute de pouvoir maĂźtriser le dĂ©veloppement d'une Ă©pidĂ©mie pourtant dĂ©tectĂ©e Ă  son tout dĂ©but. On note Ă©galement des pratiques frauduleuses poursuivies au mĂ©pris de la protection de la santĂ© publique. On retrouve de mĂȘme des erreurs dĂ©cisionnelles lancer le logo Viande Bovine Française sans penser - ce qui ne devait pas ĂȘtre trĂšs difficile Ă  anticiper - que des farines contaminĂ©es auraient pu ĂȘtre importĂ©es de façon frauduleuse, Ă©tait prendre un Ă©norme risque Ă©conomique et sanitaire. C'est en fait le syndrome de la ligne Maginot dont on connaĂźt l'efficacitĂ© historique. Enfin, on voit depuis trĂšs longtemps qu'il y a un dĂ©calage entre l'approche du problĂšme par les pouvoirs publics et sa perception par la population. On a fait pendant trĂšs longtemps de l'ESB un problĂšme pour les Ă©leveurs et la filiĂšre viande, alors que pour la population, c'est un problĂšme de santĂ© publique ! J'ajoute, avec tout le respect que je lui dois, qu'un ministre de l'agriculture est Ă©videmment mal placĂ© pour parler de santĂ© publique. J'y reviendrai en conclusion. Tout cela a conduit -c'est un mĂ©canisme trĂšs connu- Ă  un effondrement de la confiance ; et qui dit effondrement de la confiance dit surdimensionnement des rĂ©ponses. C'est-Ă -dire que maintenant, pour reconquĂ©rir la confiance, il va falloir mettre en oeuvre des mesures parfois sans proportionnalitĂ© avec l'ampleur des risques encourus. Mais en mĂȘme temps, je ne voudrais pas tenir un discours trop nĂ©gatif. Parce que je trouve que d'ores et dĂ©jĂ , un certain nombre de leçons ont Ă©tĂ© tirĂ©es des Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents. D'abord, la direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ© a Ă©tabli une chronologie des dĂ©cisions qui montre que les premiĂšres dĂ©cisions de protection sanitaire ont Ă©tĂ© prises trĂšs trĂšs tĂŽt. De ce point de vue, on a fait de grands progrĂšs par rapport aux crises prĂ©cĂ©dentes. Je note aussi que les dĂ©cisions politiques et administratives ont Ă©tĂ© prises avant que cette affaire ne fasse les gros titres dans les journaux. Ceci aussi est nouveau. Il est clair que la dĂ©cision d'embargo, par exemple, a prĂ©cĂ©dĂ© les gros titres dans les journaux et n'a pas Ă©tĂ© prise en rĂ©action Ă  une pression mĂ©diatique. Je note encore, cela me paraĂźt trĂšs important, que pour le coup, on a compris comment faire fonctionner l'expertise. Je n'en fais pas partie, je suis donc tout Ă  fait Ă  l'aise pour le dire je trouve que le comitĂ© prĂ©sidĂ© par M. Dominique Dormont est remarquable, que sa composition a Ă©tĂ© vraiment bien pensĂ©e, que c'est une expertise pluraliste. Je ne crois pas du tout Ă  l'indĂ©pendance des experts, mais je crois Ă  leur multidĂ©pendance. C'est celle-ci qui va assurer l'indĂ©pendance de l'expertise collective. De ce point de vue, je trouve qu'on a fait un gros progrĂšs. J'en viens aux enseignements et aux prioritĂ©s actuelles. Il y a une question cruciale, Ă  laquelle il n'est pas possible de rĂ©pondre mais Ă  laquelle la reprĂ©sentation nationale doit exprimer clairement son besoin d'avoir le plus rapidement possible une rĂ©ponse sommes-nous dans une situation Ă©pidĂ©mique chez l'homme ? C'est une question Ă  laquelle il est trĂšs difficile de rĂ©pondre -je parle en tant qu'Ă©pidĂ©miologiste- Ă  l'heure actuelle, parce qu'on ne sait pas si nous sommes capables de mieux repĂ©rer les cas parce qu'on y fait plus attention, ou si nous sommes effectivement au dĂ©but d'une Ă©pidĂ©mie. Personne n'a Ă©videmment la rĂ©ponse, mais il faut demander le plus rapidement possible aux experts de mettre en oeuvre des techniques spĂ©cifiques d'analyse statistique des donnĂ©es disponibles, de façon Ă  rĂ©pondre de la façon la plus claire possible Ă  cette question clĂ©, qui dĂ©termine tout le reste du dossier. L'expertise aujourd'hui est correcte. Mais attention Ă  la spĂ©cialisation, attention Ă  la parcellisation excessive. Nous avons la manie de dĂ©velopper un comitĂ© d'experts par problĂšme. On est en train d'Ă©puiser le vivier d'experts disponibles dans le pays ! Vous avez un conseil scientifique pour l'Ă©tablissement des greffes, un conseil scientifique pour l'agence du sang, un conseil scientifique pour l'agence du mĂ©dicament, une expertise spĂ©cifique vache folle - prion». Ce n'est pas possible. A un moment donnĂ©, sur ces problĂšmes de sĂ©curitĂ© sanitaire, qui relĂšvent tous des mĂȘmes mĂ©thodes d'Ă©valuation et de gestion des risques, il va falloir une expertise qui soit capable de penser globalement le problĂšme. En termes Ă©pidĂ©miologiques, il faut ĂȘtre capable de caractĂ©riser et de reconstituer l'exposition de notre population aux prions. Vraisemblablement, nous avons tous Ă©tĂ© exposĂ©s, mais de façon inĂ©gale. Il faudra Ă©tudier prĂ©cisĂ©ment cette question. Mais qui dit exposition ne dit pas seulement exposition Ă  la viande. Par ailleurs, il faut penser Ă  l'expertise globale. Il est facile d'interdire un produit -et lĂ , c'est celui qui travaille dans l'Ă©tude des relations entre l'environnement et la santĂ© qui vous parle -encore faut-il penser Ă  ce qu'on va faire des produits interdits. Si ceux-ci aboutissent Ă  des contaminations environnementales, on aura dĂ©placĂ© le risque Ă  niveau d'exposition constant. Il faut s'assurer que l'expertise dans ce domaine permettra aux dĂ©cideurs d'avoir une vision globale de maĂźtrise et de diminution du niveau d'exposition de la population aux prions pathogĂšnes. Et, je le redis, il ne faut pas s'intĂ©resser uniquement Ă  l'exposition Ă  la viande. Autre enseignement, en termes scientifiques il faut structurer une fonction de veille scientifique et mĂ©dicale. Cette fonction n'est pas structurĂ©e dans notre systĂšme actuel. Pour ma part, j'ai dĂ©couvert en travaillant dans le milieu industriel ce qu'Ă©tait une fonction de veille scientifique et technique. Je ne dis pas que tout est parfait. Mais je pense qu'un certain nombre d'industries, comme l'aĂ©ronautique et le nuclĂ©aire, ont une trĂšs grande expĂ©rience de ces systĂšmes de veille et qu'il faut aller la chercher pour l'importer en santĂ© publique. Si l'aĂ©ronautique n'offrait pas un des meilleurs systĂšmes de veille scientifique et technique, nous refuserions de monter dans les avions. Et pourtant, les avions tombent de temps en temps, on le sait bien, mais on sait aussi que tout sera fait pour que les raisons d'un accident ponctuel ne se reproduisent pas. C'est comme cela que la sĂ©curitĂ© aĂ©ronautique a fait ses progrĂšs. Et on sait que ce systĂšme est indĂ©pendant des compagnies et des constructeurs, tout en utilisant l'expĂ©rience qui existe dans ces compagnies. L'audition prĂ©cĂ©dente Ă©tait trĂšs intĂ©ressante. Elle a montrĂ© que, contrairement Ă  ce qu'on peut penser de loin, notre systĂšme agricole s'est industrialisĂ© sans qu'y soient vraiment incorporĂ©s les systĂšmes de base utilisĂ©s en matiĂšre de sĂ©curitĂ© industrielle. Le problĂšme est moins que l'on ait donnĂ© des protĂ©ines aux vaches, ce qui personnellement ne m'a jamais choquĂ©, que d'avoir laissĂ© un systĂšme s'industrialiser sans lui appliquer les concepts de base de la sĂ©curitĂ© industrielle. Retrouver la confiance passe par lĂ . Et c'est assez difficile, en tout cas beaucoup plus compliquĂ© que ce que je connais par mon expĂ©rience professionnelle dans un systĂšme -EDF, nuclĂ©aire- Ă  dĂ©cideur unique. Quand j'identifie un signal faible, j'ai un dĂ©cideur unique Ă  convaincre. J'ai en tĂȘte un exemple prĂ©cis survenu sur un fleuve français. Un signal faible a Ă©tĂ© identifiĂ©. J'ai alors fait modifier un processus industriel. Et on a pu le faire trĂšs vite. Vous avez, au contraire, affaire Ă  25 000 bouchers ! C'est effectivement beaucoup plus difficile ! Des modĂšles de sĂ©curitĂ© industrielle existent. Il faut les importer en santĂ© publique. Sinon, on ne retrouvera jamais la confiance. Et si vous n'avez pas de capacitĂ© de traitement de signal faible dans ce domaine, vous serez conduits Ă  surdimensionner les rĂ©actions. En termes de santĂ© publique, il est donc urgent de structurer, au sein des pouvoirs publics, une vĂ©ritable capacitĂ© d'Ă©valuation des risques. La sĂ©curitĂ© sanitaire est un tel enjeu, humain bien sĂ»r, mais aussi Ă©conomique, qu'elle justifie Ă  elle seule une direction d'administration centrale. La direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ© ne dĂ©mĂ©rite pas, mais il est difficile de gĂ©rer Ă  la fois la sĂ©curitĂ© sanitaire et l'organisation du systĂšme de soins, avec les moyens extraordinairement faibles, trĂšs peu spĂ©cialisĂ©s et trĂšs peu mĂ©dicalisĂ©s dont elle dispose. Les consĂ©quences Ă©conomiques d'un manquement Ă  la sĂ©curitĂ© sanitaire sont telles qu'on a suffisamment d'arguments pour faire valoir Ă  Bercy que toute autre solution va coĂ»ter beaucoup plus cher. Vous avez vu ce que va coĂ»ter l'amiante. On va voir ce que va coĂ»ter la vache folle, non seulement Ă  la France mais Ă  l'ensemble de l'Europe. Les coĂ»ts d'une professionnalisation du systĂšme d'Ă©valuation des risques reprĂ©sentent un infime pourcentage de ces enjeux Ă©conomiques. On ne peut plus dans un tel contexte opposer les raisonnements habituels de Bercy face aux ministĂšres dĂ©pensiers. Il va falloir que chacun prenne ses responsabilitĂ©s. On a rĂ©agi , au cours de la dĂ©cennie, de façon un peu panique, et on a créé autant d'Ă©tablissement publics qu'on avait de problĂšmes Ă  gĂ©rer le sida, le sang, les greffes, les mĂ©dicaments. Je plaide Ă  nouveau fortement pour une instance unique d'Ă©valuation des risques, de gestion de la sĂ©curitĂ© sanitaire. Les concepts, les mĂ©thodes, les compĂ©tences professionnelles sont les mĂȘmes, quel que soit le domaine considĂ©rĂ©. Il n'y a pas de justification de mĂ©thode Ă  sectoriser ainsi le champ de la sĂ©curitĂ© sanitaire. Je prĂ©cise que dans mon esprit, plaider pour la crĂ©ation d'une direction centrale au sein du ministĂšre de la santĂ© ne mĂ©connaĂźt pas l'apport irremplaçable des autres professionnels tomber dans un conflit de pouvoirs entre mĂ©decins et vĂ©tĂ©rinaires, par exemple, serait une erreur tragique, car la sĂ©curitĂ© sanitaire en matiĂšre alimentaire ne peut pas se faire sans les vĂ©tĂ©rinaires. Je n'exprime pas lĂ  une revendication territoriale. Nous avons de l'interprofessionnalitĂ©, de l'interministĂ©rialitĂ© Ă  organiser. Mais on ne peut avancer de façon crĂ©dible que le ministĂšre en charge de la protection Ă©conomique d'un secteur -ce qui me paraĂźt une fonction sociale tout Ă  fait lĂ©gitime- est aussi bien placĂ© pour dĂ©fendre sa sĂ©curitĂ© sanitaire. En clair, que la sĂ©curitĂ© alimentaire soit actuellement gĂ©rĂ©e sous l'Ă©gide du ministĂšre de l'agriculture n'est pas logique et n'est pas crĂ©dible. Quelles que soient les compĂ©tences et les bonnes volontĂ©s, il faudra en tirer la leçon. Ce qui ne veut pas dire que les vĂ©tĂ©rinaires ni que la direction de l'agriculture ont dĂ©mĂ©ritĂ©, ce qui veut dire qu'il y a un conflit objectif d'intĂ©rĂȘts qui fait que l'on ne peut pas recrĂ©er de crĂ©dibilitĂ©. J'ajoute que cet effort devra passer par un renforcement des services de santĂ© publique sur le terrain. Il n'y a pas un mĂ©decin inspecteur de santĂ© publique dans chaque dĂ©partement français ! Je vous donne quelques exemples je suis parent d'Ă©lĂšve, je m'occupe de mon association de parents d'Ă©lĂšves. De quoi m'ont parlĂ© mes adhĂ©rents hier, au moment de la rentrĂ©e scolaire dans une Ă©cole primaire du Xe arrondissement de Paris ? Pas du tout du nombre d'enfants par classe ! Ils m'ont demandĂ© comment allez-vous vous assurer qu'il n'y aura pas de boeuf Ă  la cantine ? » Qui rĂ©pond Ă  cela ? Qui donne de l'information aux mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes ? On leur pose tous les jours la question Docteur, est-ce que je peux consommer de la viande ? » Qui a donnĂ© une seule information officielle, validĂ©e, d'Ă©valuation du risque, de conseil sanitaire aux mĂ©decins français ? Personne, les mĂ©decins sont laissĂ©s Ă  eux-mĂȘmes ! Il y a lĂ  une Ă©norme carence. Il faut remplir ce un rĂŽle de conseil en santĂ© publique c'est lĂ  une condition essentielle de la gestion du risque. Nous avons tous entendu, professionnels de la santĂ© publique, au moment de la campagne rĂ©fĂ©rendaire sur le traitĂ© de Maastricht, qu'un des acquis et des progrĂšs de ce TraitĂ© qu'on nous demandait d'approuver Ă©tait une meilleure protection de la santĂ© publique. Mais, comme professionnel de la santĂ© publique, j'ai Ă©tĂ© un peu surpris que la santĂ© ne soit pas reconnue comme une compĂ©tence pleine et entiĂšre au niveau europĂ©en. DĂšs lors que la santĂ© vient en concurrence, ce qui peut trĂšs bien arriver, avec des intĂ©rĂȘts industriels, Ă©conomiques, des problĂšmes de libre concurrence et de circulation des marchandises, qui relĂšvent de la compĂ©tence europĂ©enne, il est nĂ©cessaire de crĂ©er une agence europĂ©enne de santĂ© publique. Mieux vaut le faire le plus rapidement possible et qu'il y ait au niveau europĂ©en des avocats de la santĂ©, de la mĂȘme maniĂšre qu'il y a des avocats de l'agriculture, ce qui est complĂštement lĂ©gitime. Et c'est du compromis, de la discussion et du dĂ©bat entre les diffĂ©rents avocats que naĂźtront des positions socialement acceptables. VoilĂ  l'analyse de santĂ© publique que l'on peut faire sur l'Ă©norme crise que nous vivons tous. Mme le PrĂ©sident Merci, docteur. Votre intervention a Ă©tĂ© remarquable car elle nous a permis de prendre un peu de recul par rapport au cĂŽtĂ© irrationnel et passionnel de la crise de la vache folle. Peut-ĂȘtre n'Ă©tait-il pas souhaitable que les services du ministĂšre de l'agriculture gĂšrent cette crise, puisqu'elle est avant tout de santĂ© publique. Mais je crois que la premiĂšre manifestation de la crise concernait le secteur agricole. Il y a eu une telle pression des dĂ©partements d'Ă©levage, qui ont Ă©tĂ© les premiers Ă  ressentir cette crise et Ă  la subir, que c'Ă©tait Ă  l'Ă©vidence le ministĂšre de l'agriculture qui devait la prendre en mains. Certes, sur le terrain, on entend trĂšs souvent la population dire qu'il aurait Ă©tĂ© souhaitable que d'autres ministĂšres -dont celui de la santĂ©- s'expriment. Mais je pense pour ma part qu'une interministĂ©rialitĂ© excessive aurait pu nuire Ă  la clartĂ© du message dĂ©livrĂ©. Pour prolonger votre exemple relatif Ă  la rentrĂ©e scolaire, je dois souligner que, dans les dĂ©partements oĂč il y a un taux important de personnes ĂągĂ©es, celles-ci appellent frĂ©quemment leur mĂ©decin rien que pour savoir si elles peuvent manger de la viande ! Cela devient une vĂ©ritable phobie ! Mais pensez-vous qu'il soit possible, sachant qu'il n'y a pas actuellement de certitude scientifique, de rĂ©pondre Ă  ces parents d'Ă©lĂšves ou Ă  ces personnes ĂągĂ©es, mĂȘme par l'intermĂ©diaire de communications auprĂšs des gĂ©nĂ©ralistes ? Est-ce qu'on peut honnĂȘtement envoyer aux gĂ©nĂ©ralistes une communication qui permette de rĂ©pondre Ă  ces personnes et Ă  leurs inquiĂ©tudes ? M. William DAB Ce n'est pas qu'on peut, c'est qu'on doit ! La solution qui consiste Ă  dire le problĂšme est compliquĂ© scientifiquement, tellement compliquĂ© que je n'arrive Ă  m'exprimer dessus, n'est pas une rĂ©ponse acceptable ! Je ne suis pas un spĂ©cialiste de ces problĂšmes-lĂ , mais je crois que c'est si l'on veut forcer une rĂ©ponse binaire, qu'il sera Ă©videmment impossible de rĂ©pondre. Mais on sait par contre gĂ©rer l'incertitude. On peut trĂšs bien dire aux gens si vous demandez si le risque est nul, on ne va pas pouvoir rĂ©pondre ». Mais il est faux de dire que nos concitoyens demandent le risque nul, de nombreuses Ă©tudes le montrent. Le problĂšme n'est pas l'existence du risque encouru. Un risque faible peut entraĂźner des rĂ©actions d'Ă©moi majeur. Et il y a des risques trĂšs forts, on le sait bien, qui laissent les gens absolument impassibles. Le problĂšme n'est pas lĂ . Il faut communiquer non pas sur l'ampleur du risque que l'on ne connaĂźt pas mais sur la nature des efforts faits pour amĂ©liorer la qualitĂ© sanitaire des produits mis sur le marchĂ©. Si on me dit qu'il n'y a rien Ă  dire dans ce domaine-lĂ , on est face Ă  une crise majeure, cette filiĂšre va s'effondrer complĂštement. On ne peut pas rĂ©pondre sur l'ampleur du risque, on ne peut mĂȘme pas rĂ©pondre sur l'existence d'un risque chez l'homme cela, il faut le dire. Et puis, il faut en mĂȘme temps faire passer ce message dĂšs que nous saurons, nous le dirons. Et par ailleurs, voilĂ  les moyens que l'on met en oeuvre pour limiter l'exposition de la population, pour lui offrir des produits de la meilleure qualitĂ© possible. S'il y a dans la population des gens qui veulent gĂ©rer leur vie sur un principe de risque nul, on peut le comprendre, et notre rĂŽle est de leur donner l'information pour qu'ils puissent faire ce choix. Mais en ce moment, ce n'est pas cela qui se passe. Les gens ont une rĂ©action de dĂ©fiance face Ă  l'incertitude, face au fait qu'il n'y a aucun interlocuteur crĂ©dible, ni le ministre, ni leur mĂ©decin, qui soit susceptible de leur donner une information autorisĂ©e. Comment voulez-vous que les gens aient confiance dans une telle situation ? Communiquer ne veut pas seulement dire lever toutes les ambiguĂŻtĂ©s scientifiques. C'est prendre acte des ambiguĂŻtĂ©s scientifiques, c'est expliquer aux gens qu'on va vivre vraisemblablement longtemps encore dans cette ambiguĂŻtĂ© scientifique et c'est dire en mĂȘme temps voilĂ  les leçons que nous en tirons pour mettre sur le marchĂ© des produits contrĂŽlĂ©s ». Qu'a dit hier la directrice de l'Ă©cole ? Elle a rĂ©pondu Ah ! les services vĂ©tĂ©rinaires contrĂŽlent tout ! » Ce n'est pas crĂ©dible comme rĂ©ponse ! Mes parents d'Ă©lĂšves n'y ont pas cru ! Il faut expliquer et non s'abriter derriĂšre des procĂ©dures ou des normes. On ne peut plus donner des chĂšques en blanc Ă  des services de contrĂŽle ou Ă  des services chargĂ©s de la sĂ©curitĂ© sanitaire. Il faut savoir communiquer sans volontĂ© de rassurer. Dans une situation comme celle-lĂ , si vous tentez de rassurer, vous augmentez l'inquiĂ©tude, des milliers de travaux le dĂ©montrent. Il faut communiquer en donnant tous les Ă©lĂ©ments pour que chacun puisse au mieux choisir son risque. Cet axe de communication est relativement neutre, pas trop inquiĂ©tant, plutĂŽt rassurant mĂȘme, dans la mesure oĂč l'on donne Ă  chacun la possibilitĂ© de se rĂ©approprier une possibilitĂ© de choix. Je crois que c'est une mauvaise communication qui a créé la crise de confiance. Comme les gens sont laissĂ©s dans une incertitude totale, comme les professionnels de santĂ© dans lesquels ils ont confiance sont incapables -et le leur disent- de leur donner un point de vue professionnel, les gens ont le sentiment que le seul choix qui leur reste, c'est d'essayer de se mettre Ă  exposition nulle, Ă  tort ou Ă  raison. Avec d'ailleurs des risques non nĂ©gligeables pour la santĂ© publique, qu'il faut expliquer diminuer l'alimentation carnĂ©e peut avoir, je pense aux enfants, des effets secondaires indĂ©sirables qu'il faut expliquer aussi. Qui travaille en ce moment lĂ -dessus ? Qui travaille Ă  la dĂ©finition de messages intelligents, dont les 150 000 mĂ©decins du pays pourraient ĂȘtre porteurs ? C'est un travail de santĂ© publique. Personne ne s'en occupe. Il y a une vĂ©ritable carence. M. AndrĂ© ANGOT Vous avez dit, dans votre exposĂ© prĂ©alable, qu'on a complĂštement occultĂ© l'existence d'importations de farines frauduleuses ou d'utilisations frauduleuses de ces farines. Sur quels fondements le dites-vous ? Parce que cela ne semble pas ĂȘtre l'avis, ni de la direction des douanes, ni des reprĂ©sentants des professionnels de l'alimentation du bĂ©tail. M. William DAB Malheureusement, je n'ai absolument pas les moyens de justifier cette prise de position. Clarifions mon propos. Dans ces situations de grande turbulence, des solutions simples semblent s'imposer d'emblĂ©e. Or nos systĂšmes de dĂ©cision ne sont pas prĂ©parĂ©s Ă  anticiper les effets indĂ©sirables de telles dĂ©cisions. En mĂȘme temps qu'on a pris la dĂ©cision de crĂ©er ce logo Viande Bovine Française», il aurait fallu qu'on se pose la question quel facteur pourrait dĂ©crĂ©dibiliser ce logo ? » Et si on s'Ă©tait posĂ© cette question, je pense que les spĂ©cialistes concernĂ©s auraient dit le facteur qui pourrait mettre Ă  bas ce dispositif de protection et d'information du consommateur serait le fait qu'on apprenne que des viandes françaises ont Ă©tĂ© exposĂ©es Ă  des farines potentiellement contaminantes ». Et on aurait Ă©tudiĂ© si cela avait pu se produire ! Je ne suis absolument pas qualifiĂ© pour vous dire si cela a Ă©tĂ© le cas ou pas. Mais l'intervenant prĂ©cĂ©dent a soulignĂ© que la perception de la rĂ©alitĂ© est souvent plus importante que la rĂ©alitĂ© elle-mĂȘme. Tous les gens croient maintenant Ă  la rĂ©alitĂ© de l'importation de ces farines. Il est donc trop tard. Et non seulement les gens le croient, mais ils sont persuadĂ©s qu'on a essayĂ© de les escroquer, de tromper leur confiance. C'est pour cette raison qu'il sera difficile de la rĂ©tablir. Je ne porte pas de jugement sur la rĂ©alitĂ© de ces importations frauduleuses, j'espĂšre que certains ont l'information et vous la donneront. C'Ă©tait en tout cas la question qu'il fallait se poser avant la crĂ©ation du logo. Certes, il est facile de parler aprĂšs, mais je crois que ce n'Ă©tait pas compliquĂ©. On en avait dĂ©jĂ  parlĂ© Ă  la SociĂ©tĂ© française de santĂ© publique on savait qu'un jour ou l'autre, ce problĂšme arriverait sur la place publique de façon aiguĂ«, donc de façon critique ! GrĂące aux travaux menĂ©s sur la perception des risques, on savait que ce problĂšme avait toutes les caractĂ©ristiques pour crĂ©er une crise majeure un agent inconnu, nouveau, de nouvelles technologies, de fortes incertitudes scientifiques, une exposition fortement rĂ©pandue, une maladie terrible dans son expression, pour laquelle les mĂ©decins disent qu'ils ne disposent d'aucun traitement. Vous avez le cocktail qu'il faut pour fabriquer une crise de santĂ© publique ! Vous m'excuserez de vous contredire, madame le PrĂ©sident. La chronologie des Ă©vĂ©nements et des dĂ©cisions Ă©tablie par la direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ© montre bien qu'avant mĂȘme qu'il y ait le premier signe agricole, il y avait eu des signaux faibles au sein du systĂšme de santĂ© et qu'ils n'ont pas Ă©tĂ© ignorĂ©s. Contrairement Ă  ce qui s'est passĂ© dans d'autres affaires, le ministĂšre de la santĂ© peut faire valoir qu'il a pris des mesures de prĂ©caution extrĂȘmement rapidement Ă  chaque Ă©tape du dĂ©veloppement de la crise. Mais le dossier est restĂ© confinĂ©, au Conseil supĂ©rieur d'hygiĂšne publique par exemple. Si le problĂšme sanitaire a Ă©tĂ© traitĂ©, il n'y a pas eu de rĂ©flexion prĂ©alable sur la stratĂ©gie de communication quelle interministĂ©rialitĂ© inventer avec le ministĂšre de l'agriculture ? Comment prĂ©parer nos services DGA, DGS Ă  fonctionner de concert pour Ă©viter la cacophonie que vous craignez ? Ce travail de prĂ©paration n'a pas Ă©tĂ© fait, et il est sĂ»r que ce n'est pas dans l'urgence qu'on peut le faire. Il faut donc aussi demander Ă  nos services administratifs de mieux se prĂ©parer Ă  gĂ©rer ces Ă©vĂ©nements. Et ces Ă©vĂ©nements n'auront rien d'exceptionnel. L'ESB est un problĂšme hyper complexe, mais le XXIe siĂšcle sera fait de la gestion de problĂšmes hyper complexes ! Les services en charge de ces problĂšmes doivent apprendre Ă  gĂ©rer dans une telle optique ces problĂšmes de santĂ©, ces Ă©pidĂ©mies complexes. Des modĂšles industriels existent ; ils ne sont certes pas parfaits, mais ils peuvent nous faire bĂ©nĂ©ficier de quinze ou vingt ans d'expĂ©rience. Mme le PrĂ©sident Je vous remercie. Audition de M. Jean-François GIRARD, directeur gĂ©nĂ©ral de la santĂ© extrait du procĂšs-verbal de la deuxiĂšme sĂ©ance du 4 septembre 1996 PrĂ©sidence de Mme Evelyne GUILHEM, PrĂ©sident M. Jean-François GIRARD Madame le PrĂ©sident, monsieur le Rapporteur, mesdames, messieurs les dĂ©putĂ©s, afin d'Ă©viter de reprendre certains aspects dĂ©jĂ  exposĂ©s devant vous par M. Gaymard, je me propose de faire un exposĂ© introductif bref et de me livrer Ă  vos questions. Je dirais volontiers aujourd'hui que l'histoire des encĂ©phalopathies humaines et animales s'est dĂ©roulĂ©e en trois temps. Pendant la premiĂšre pĂ©riode, jusqu'au tournant des annĂ©es quatre-vingt-dix, la connaissance est lacunaire, les diffĂ©rentes informations dont on dispose, en particulier grĂące Ă  l'expĂ©rience des vĂ©tĂ©rinaires, sur les diffĂ©rentes espĂšces animales et ce que l'on sait des maladies Ă  prion chez l'homme, restent Ă©parses. Bien sĂ»r, Ă  cette Ă©poque on connaĂźt assez bien la maladie de Creutzfeldt-Jakob humaine. Elle est bien dĂ©crite sur le plan clinique, moins bien sur le plan Ă©pidĂ©miologique et complĂštement incomprise en ce qui concerne ses causes. On connaĂźt par ailleurs le dĂ©veloppement de l'Ă©pidĂ©mie d'encĂ©phalopathie spongiforme bovine en Grande-Bretagne et son caractĂšre explosif dans la deuxiĂšme partie de la dĂ©cennie quatre-vingts. On sait enfin les liens qu'il faut Ă©tablir et les interrogations que l'on peut poser, sans toutefois pouvoir y rĂ©pondre. Le tournant des annĂ©es quatre-vingt-dix nous fait entrer dans le deuxiĂšme temps. La lecture de nos comptes rendus et divers autres documents- je ne peux toutefois parler lĂ  que de l'expĂ©rience de mes services - montre qu'en 1991 on s'interroge sur la nĂ©cessitĂ© de mettre en place un systĂšme de suivi Ă©pidĂ©miologique systĂ©matique, et on le fait. On s'est interrogĂ© parce qu'on est informĂ© Ă  cette Ă©poque du rĂŽle qu'ont pu jouer les farines animales et de ce qui s'est passĂ© dans la dĂ©cennie quatre-vingts. Le premier rapport Dormont » de 1992, qui lui avait Ă©tĂ© commandĂ© par le ministre de la recherche faisait la synthĂšse des connaissances. Il marque l'entrĂ©e dans le deuxiĂšme temps de l'histoire des encĂ©phalopathies, qui s'Ă©tend jusqu'au 20 mars 1996. Cette deuxiĂšme Ă©poque est caractĂ©risĂ©e par une meilleure connaissance d'un certain nombre de faits et par l'adoption de mesures dans le domaine sanitaire. Celles-ci concernent deux registres. Un premier volet a consistĂ© Ă  prĂ©venir le risque de la maladie de Creutzfeldt-Jakob au sein de l'espĂšce humaine. Un certain nombre de circulaires ont Ă©tĂ© publiĂ©es, en particulier sur la dĂ©sinfection des matĂ©riels utilisĂ©s Ă  plusieurs reprises, comme les endoscopes. Je me souviens notamment d'une qu'il avait fallu dĂ©fendre auprĂšs des professionnels de santĂ© tant elle paraissait tatillonne elle concernait le problĂšme du matĂ©riel dit Ă  usage unique, qui, lorsqu'il Ă©tait pourtant rĂ©utilisĂ©, nĂ©cessitait la mise en oeuvre de moyens de dĂ©sinfection appropriĂ©s Ă  la rĂ©sistance du prion, qui survit aux techniques classiques. L'autre train de mesures, qui s'est Ă©chelonnĂ© au cours de cette deuxiĂšme pĂ©riode, consistait Ă  lutter contre les risques de transmission de la maladie de l'espĂšce animale Ă  l'espĂšce humaine, si tant est que le risque pouvait exister » telle Ă©tait l'expression utilisĂ©e Ă  cette Ă©poque. Ainsi, Ă  la suite du rapport Dormont, un ensemble de mesures ont Ă©tĂ© prises pour les mĂ©dicaments contenant des extraits animaux, en particulier bovins, et pour les cosmĂ©tiques. A l'Ă©poque, cette transmission n'Ă©tait encore qu'une hypothĂšse, tant l'apprĂ©ciation scientifique dominante - et ce que l'on disait de la tremblante du mouton Ă©tait une rĂ©fĂ©rence pour beaucoup d'experts - laissait Ă  penser que la transmission d'espĂšce Ă  espĂšce semblait peu probable. Personnellement, je n'Ă©tais pas trĂšs rassurĂ© par cette opinion, tant le rapport Dormont avait fait naĂźtre chez moi une vĂ©ritable interrogation. Nous sommes entrĂ©s dans le troisiĂšme acte le 20 mars 1996, date Ă  laquelle le Gouvernement britannique a rendu publique l'Ă©mergence d'une nouvelle forme de la maladie de Creutzfeldt-Jakob chez dix patients, qui sont maintenant douze, en Grande-Bretagne. Cela constitue, Ă  mon sens, un argument trĂšs fort - pas suffisant mais trĂšs fort - pour considĂ©rer que l'hypothĂšse de la transmission se confirme. Entre mars 1996 et aujourd'hui, cinq ou six arguments, issus d'ailleurs de travaux diffĂ©rents qui ne sont pas tous Ă©pidĂ©miologiques, sont apparus qui m'ont fait dire assez rapidement - au mois d'avril je me suis exprimĂ© sur ce sujet Ă  deux reprises au nom de M. Gaymard parce que ce dernier Ă©tait absent - qu'il fallait considĂ©rer l'hypothĂšse non seulement comme une possibilitĂ© ou une probabilitĂ©, mais comme une rĂ©alitĂ© qui imposait de prendre des mesures. Depuis, j'aurais mĂȘme tendance Ă  dire qu'il faudrait qu'on me dĂ©montre que cette hypothĂšse est absurde et que nous avons fait fausse route. Mais je considĂšre que l'ensemble des arguments qui se sont accumulĂ©s, singuliĂšrement depuis un peu moins de six mois, vont tous dans le mĂȘme sens, et imposent d'agir au nom, plus seulement du principe de prĂ©caution, mais de celui d'une trĂšs grande probabilitĂ©. Je voudrais maintenant Ă©voquer trois points l'Europe, la sĂ©curitĂ© et la notion de risque dans notre sociĂ©tĂ©. Au sujet de l'Europe, mes responsabilitĂ©s me font dire que la rĂ©ponse europĂ©enne en termes de santĂ© publique est indigne de ce qu'attendent nos nations, en tout cas leurs populations, qui ne comprennent pas trĂšs bien un tel dĂ©calage avec leurs attentes en matiĂšre de protection de la santĂ© publique. L'article 129 du traitĂ© de Maastricht ne suffira pas Ă  apporter une rĂ©ponse adĂ©quate, mĂȘme si on sait l'exploiter au maximum. Il est nĂ©cessaire de donner une dimension europĂ©enne aux problĂšmes de santĂ© publique. L'exemple des encĂ©phalopathies montre Ă  quel point le dispositif europĂ©en est inadaptĂ©, et pas seulement parce que les problĂšmes y sont traitĂ©s exclusivement dans la filiĂšre de l'agriculture et au sein des instances vĂ©tĂ©rinaires. L'organisation europĂ©enne en matiĂšre de santĂ© n'est pas adĂ©quate. Pour ce qui est de la sĂ©curitĂ© - et lĂ  aussi je dĂ©passe le cadre strict et des encĂ©phalopathies - nous devons nous poser la question de la responsabilitĂ© du ministre de la santĂ© et de son administration dans un certain nombre de situations qui, in fine, menaceront la santĂ© humaine. Il n'est pas possible pour ce ministre et cette administration de n'intervenir qu'en bout de chaĂźne, lorsque les consĂ©quences sanitaires de telle ou telle dĂ©cision sont patentes. Le ministre de la santĂ© n'est plus le ministre de la maladie. Par consĂ©quent, il ne peut pas ne pas avoir de responsabilitĂ© sur les dĂ©terminants des maladies, qu'elles soient individuelles ou collectives. Cette remarque vaut pour les maladies d'origine alimentaire, pour celles d'origine environnementale ou pour celles qui sont liĂ©es aux conditions de travail par exemple. Bien Ă©videmment, je ne prĂ©tends pas que le ministĂšre de la santĂ© doit avoir autoritĂ© sur tous ces secteurs, mais il est nĂ©cessaire que ce dĂ©bat s'ouvre pour savoir en quoi celui qui, je le rĂ©pĂšte, n'est plus le ministre de la maladie mais celui de la santĂ© peut avoir des moyens d'intervention ou de contrĂŽle sur tous ces secteurs. Enfin, je terminerai sur un point plus culturel. Je suis extrĂȘmement frappĂ© dans mon expĂ©rience professionnelle de l'apprĂ©ciation que notre sociĂ©tĂ© a du risque, celui que nous prenons ou celui auquel nous sommes exposĂ©s. Bien sĂ»r, il est facile de constater qu'il y a une grande disparitĂ© entre les risques que nous prenons en conduisant vite 8 000 morts par an en France, en fumant beaucoup ou en faisant de la montagne en espadrilles, dont nous exigeons d'ĂȘtre les gestionnaires, et les risques auxquels nous sommes exposĂ©s et pour lesquels nous avons une exigence de sĂ©curitĂ© qui appelle, Ă  mon sens, une rĂ©flexion d'ordre sociologique, culturel, Ă©thique et donc politique. Mme le PrĂ©sident Je vous remercie, monsieur le directeur gĂ©nĂ©ral. La rentrĂ©e des classes hier a eu lieu hier et nombreux sont les parents d'Ă©lĂšves Ă  s'inquiĂ©ter des menus de cantine scolaire. Selon un intervenant que nous avons reçu ce matin, ces interrogations sont d'autant plus nombreuses que l'information est rare, peut-ĂȘtre parce que les mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes n'ont pas reçu une information suffisamment Ă©laborĂ©e et pĂ©dagogique. Ne pourrait-on pas y remĂ©dier ? Tout le monde fait Ă©tat par ailleurs d'un Ă©clatement de l'information. N'y-a-t-il pas eu suffisamment de liens entre les services de MM. Vasseur et Gaymard ? Il est vrai que M. Vasseur, depuis le dĂ©but, a pris en main la crise de la vache folle dans la mesure oĂč elle Ă©tait d'abord visible dans le monde agricole. Mais nombreux sont ceux qui attendent maintenant une communication plus interministĂ©rielle. M. Jean-François GIRARD Madame le PrĂ©sident, je veux rĂ©pondre modestement, car je ne suis qu'un modeste directeur d'administration et que vos questions sont politiques. Il existe effectivement un dĂ©faut d'information, que deux raisons peuvent expliquer. La premiĂšre est l'organisation interministĂ©rielle. Certes, les directeurs concernĂ©s - ceux de la consommation, de l'alimentation, de la santĂ©, et plus rĂ©cemment le directeur gĂ©nĂ©ral de la recherche et de la technologie se rencontrent tous les lundis, Ă  dix-huit heures trente, de prĂ©fĂ©rence en prĂ©sence des directeurs gĂ©nĂ©raux. Je ne crois pas, trĂšs sincĂšrement, que l'on puisse imputer le dĂ©faut de communication Ă  un dĂ©faut de travail en commun. Mais nos ministres respectifs sont trĂšs attentifs aux problĂšmes de communication et je crois que votre appel Ă  une meilleure communication est juste. La deuxiĂšme raison qui rend cette communication difficile est la teneur du message Ă  diffuser. Qui aura le courage de dire les choses quand on ne sait pas ce qu'il faut dire ? C'est trĂšs difficile. Vous me rĂ©torquerez que ce n'est pas une raison. Je me suis exprimĂ© rĂ©cemment Ă  la tĂ©lĂ©vision - sur la CinquiĂšme -. A la question Faut-il manger du boeuf ? », question que tout le monde se pose, j'ai rĂ©pondu que le hasard avait fait que j'avais mangĂ© un steak tartare au dĂ©jeuner - je ne l'avais pas fait exprĂšs - et que dans ma famille on mange du boeuf. J'ajoute qu'Ă  mon sens en France aujourd'hui - on peut ĂȘtre plus nuancĂ© sur le risque passĂ© -, compte tenu des mesures qui ont Ă©tĂ© prises, du niveau de l'Ă©pidĂ©miologie bovine en France vingt-deux cas seulement et d'un certain nombre de contrĂŽles, le risque peut ĂȘtre qualifiĂ© d'infime. Infime, qu'est-ce que cela signifie ? Cela renvoie Ă  une perception quasiment individuelle du risque que l'on peut prendre. Et certains acceptent ce caractĂšre infime, d'autres ne l'acceptent pas. Certains, quand ils ont oubliĂ© leur permis de conduire font immĂ©diatement demi-tour parce qu'ils n'envisagent pas de rouler sans, d'autres prennent un risque et le font. DerriĂšre les rĂ©ponses officielles sur le risque se profile une perception trĂšs individuelle sur laquelle il faut ĂȘtre prudent. Je pense qu'il faut quand mĂȘme dire les choses il existe un risque infime. L'expĂ©rience que me donnent les deux interventions que j'ai faites devant la presse, une fois sur le cas français dĂ©but avril, et une autre fois Ă  propos du premier rapport Dormont, prouve que dire VoilĂ , c'est comme cela et on ne sait pas tout » est relativement facile. C'est prĂ©fĂ©rable Ă  un message insuffisant. Vis-Ă -vis de l'Ă©cole - parce que je n'avais pas pensĂ© Ă  l'Ă©cole, je le reconnais - il faut saisir cette occasion pour transmettre un message, encore une fois difficile par l'imprĂ©cision de son contenu. Le professeur Dormont a encore dit hier Ă  quel point on ne savait rien - je reprends ses termes ou Ă  peu prĂšs - sur une Ă©pidĂ©mie complĂštement impalpable dont les causes sont inconnues et les modes de transmission encore plus. Qui aura le courage - ou l'insouciance - de dire qu'il n'y a pas de risque ? Qui affirmera cela ? C'est vrai qu'en toute rigueur ce serait outrepasser la rĂ©alitĂ© de ce que l'on peut savoir maintenant que d'affirmer qu'il n'y a pas de risque. M. le Rapporteur Monsieur le directeur gĂ©nĂ©ral, je vous poserai un certain nombre de questions. Tout d'abord, vous venez d'aborder partiellement le sujet des rapports relatifs entre les diffĂ©rents ministĂšres concernĂ©s par une telle crise. Or, si l'on se rĂ©fĂšre Ă  une crise analogue par certains points - celle de la transfusion sanguine et de la contamination par le virus du Sida - il incombait Ă  un seul ministĂšre de prendre les dĂ©cisions et de gĂ©rer l'ensemble. Pour tenter de mieux comprendre les faits, nous avons dĂ©jĂ  reçu le ministre de la santĂ©, le ministre de la recherche, le ministre de l'agriculture et le ministre du commerce extĂ©rieur. Nous auditionnerons prochainement le ministre des affaires europĂ©ennes. L'opinion publique, mĂȘme si les choses se sont un peu corrigĂ©es, a le sentiment que l'affaire a Ă©tĂ© essentiellement pilotĂ©e par le ministĂšre de l'agriculture. Ma question est donc simple pensez-vous que les responsabilitĂ©s sont correctement distribuĂ©es au niveau des diffĂ©rents ministĂšres ? Sans vous entraĂźner sur des terres que vous ne souhaitez pas aborder, puisque cela relĂšve, c'est exact, du domaine politique, il est fondamental pour moi de savoir si cette affaire n'aurait pas dĂ» ĂȘtre confiĂ©e Ă  une personnalitĂ© organisant des rĂ©unions interministĂ©rielles. Ainsi, comme cela a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© prĂ©cisĂ©, la santĂ© serait apparue comme le souci numĂ©ro un. Cela m'amĂšne Ă  une deuxiĂšme question concernant la santĂ© publique. Je m'adresse, ici, non seulement au directeur gĂ©nĂ©ral de la santĂ©, mais au spĂ©cialiste de la santĂ© publique. Vous avez dĂ©plorĂ© la rĂ©ponse indigne », en termes de santĂ© publique, de l'Europe. Il est vrai que des efforts ont Ă©tĂ© accomplis en France au cours des toutes derniĂšres annĂ©es. Pensez-vous qu'aujourd'hui notre appareil de santĂ© publique est capable de faire face Ă  une crise de cette ampleur, de la prĂ©venir, de la dĂ©tecter Ă  temps et de proposer des solutions ? Notre systĂšme de veille sanitaire, de surveillance, est-il suffisant ? Cela m'amĂšne Ă  vous poser une question complĂ©mentaire. Avez-vous l'impression que les cas que nous connaissons traduisent le fait que l'on s'intĂ©resse davantage Ă  cette affection aujourd'hui ou qu'ils marquent le dĂ©but d'une Ă©pidĂ©mie qui, compte tenu du dĂ©lai d'incubation, va progressivement se manifester ? Votre rĂ©ponse est pour nous de la plus grande importance. Il est clair qu'il existerait un dĂ©calage entre un discours politique qui affirmerait qu'il n'y a plus de risque et une opinion publique qui verrait nĂ©anmoins apparaĂźtre les cas annĂ©e aprĂšs annĂ©e, mois aprĂšs mois, du fait d'une contamination antĂ©rieure. C'est extrĂȘmement difficile Ă  gĂ©rer. Quel est l'avis de l'Ă©pidĂ©miologiste que vous ĂȘtes sur le sujet ? Ma troisiĂšme question concerne la sĂ©curitĂ© sanitaire et je vous prie de ne pas la considĂ©rer comme une critique. Pensez-vous qu'aujourd'hui la sĂ©curitĂ© sanitaire peut ĂȘtre assurĂ©e au sein d'une direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ©, mĂȘme renforcĂ©e ? Ne pensez-vous pas souhaitable qu'elle soit prise en charge en totalitĂ© par une direction indĂ©pendante au lieu d'ĂȘtre comme aujourd'hui Ă©clatĂ©e entre votre direction et diffĂ©rents organismes ? Autrement dit, a-t-on, aujourd'hui, une politique de sĂ©curitĂ© sanitaire ? J'en arrive Ă  ma quatriĂšme interrogation. Elle dĂ©coule du fait que nous sommes dans l'inconnu sur le plan scientifique et sur le plan des moyens. Il ne peut y avoir une prĂ©vention que s'il y a une connaissance. Vous avez d'ailleurs abordĂ© ce problĂšme dans votre Ă©vocation du risque. A partir du moment oĂč il n'y a pas de prĂ©vention possible, on entre dans l'application stricte du principe de prĂ©caution. L'ignorance qui est la nĂŽtre ne nous permet pas d'envisager une prĂ©vention, mais nous impose de prendre des prĂ©cautions. Quelles devraient donc ĂȘtre d'aprĂšs vous, aujourd'hui, grĂące aux donnĂ©es que vous possĂ©dez et au regard des enjeux alimentaires, les bases d'une politique axĂ©e sur le principe de prĂ©caution au regard de la sĂ©curitĂ© sanitaire ? Enfin - et c'est plus une remarque qu'une question - se pose le problĂšme de l'Europe. Il n'est pas Ă©tonnant que la santĂ© n'ait pas sa place en Europe, puisque la CommunautĂ© europĂ©enne, si ma mĂ©moire est bonne, n'Ă©tait pas censĂ©e s'en occuper. Lorsque nous nous sommes penchĂ©s sur les problĂšmes de bioĂ©thique - vous ĂȘtes bien placĂ© pour le savoir - par le biais de la commission du marchĂ© intĂ©rieur, auraient pu ĂȘtre prises des dispositions Ă  l'impact Ă©thique extrĂȘmement important. Aujourd'hui, je ne suis pas sĂ»r que cette Europe ne soit pas un sous-produit de prĂ©occupations exclusivement Ă©conomiques ou technocratiques. J'aimerais avoir votre sentiment sur ce point. M. Jean-François GIRARD En ce qui concerne la gestion de l'interministĂ©rialitĂ©, effectivement, la crise de la transfusion sanguine et celle de la vache folle ne se ressemblent pas, la premiĂšre ayant Ă©tĂ© gĂ©rĂ©e exclusivement par le ministĂšre de la santĂ©, la seconde relevant Ă  tout le moins de trois ministĂšres, voire quatre ou cinq. Durant ces trois derniers mois, on ne peut pas dire que l'interministĂ©rialitĂ© ne se soit pas exercĂ©e dans la rĂ©alitĂ© des faits et des mĂ©canismes de prise de dĂ©cision. Le SGCI ou le cabinet du Premier ministre ont donnĂ© des instructions relatives aux rĂ©unions du lundi soir entre les services dont j'ai parlĂ©. Mais la prĂ©sence sur la scĂšne mĂ©diatique ne reflĂšte pas forcĂ©ment, je me permets de l'affirmer, le poids respectif des influences exercĂ©es dans les mĂ©canismes de dĂ©cision. J'ai le sentiment et mĂȘme la conviction que le ministĂšre de la santĂ© a fait prĂ©valoir certaines prĂ©occupations en temps utile lors de ces rĂ©unions interministĂ©rielles. Des exemples, tels le retrait des cervelles, et des documents en tĂ©moignent. Je crois que nous avons Ă©tĂ© extrĂȘmement prĂ©sents. Effectivement, en termes de communication, un certain nombre de facteurs ont conduit M. le ministre de l'agriculture Ă  s'exprimer plus souvent que ses collĂšgues et singuliĂšrement que le ministre de la santĂ©. Mais, je le rĂ©pĂšte, la prĂ©sence mĂ©diatique n'est pas le reflet le plus fidĂšle des influences dans les mĂ©canismes de dĂ©cision. Vous comprendrez que je n'en dise pas plus, mais je sais que le ministre de la santĂ© partage ce sentiment. En deuxiĂšme lieu, vous m'avez interrogĂ© sur la qualitĂ© du rĂ©seau de surveillance. Des progrĂšs ont Ă©tĂ© accomplis au cours des annĂ©es qui se sont Ă©coulĂ©es et que j'ai eu le privilĂšge de vivre, il me semble que les moyens mis en oeuvre par les pouvoirs publics ont Ă©voluĂ© positivement. Si j'ai rencontrĂ© beaucoup de difficultĂ©s Ă  faire crĂ©er le RĂ©seau national de santĂ© publique, il existe aujourd'hui et a montrĂ© sa pertinence dans un certain nombre d'affaires. Il en va de mĂȘme pour la sĂ©curitĂ© sanitaire. Il est impĂ©ratif que le RĂ©seau national de santĂ© publique, que d'aucuns avec gentillesse appellent un mini CDC », passe Ă  la vitesse supĂ©rieure, tant en termes de statut juridique et administratif que, surtout, en termes de moyens. En quatre ans, les effectifs du RĂ©seau national de santĂ© publique sont passĂ©s de cinq Ă  une quarantaine de personnes. Mais, Ă  titre de comparaison, la structure Ă©quivalente en Grande-Bretagne en emploie six cents. La France donc en la matiĂšre un retard Ă  rattraper. L'idĂ©al serait que le RĂ©seau national de santĂ© publique soit composĂ© d'une centaine de personnes. Les demandes ne correspondent pas nĂ©cessairement Ă  des besoins strictement sanitaires, mais concernent l'alimentation, l'environnement, la santĂ© au travail. Il serait souhaitable de pouvoir crĂ©er, au sein du RNSP, un dĂ©partement alimentation et un dĂ©partement environnement sur le modĂšle du CDC amĂ©ricain. La visite rĂ©cente aux Etats-Unis au cours de laquelle j'ai accompagnĂ© M. Gaymard m'a confortĂ© dans cette idĂ©e. Donc, l'outil existe pour la surveillance. Sa conception me paraĂźt adaptĂ©e aux besoins. Il reste un problĂšme de moyens dans un contexte oĂč les constructions budgĂ©taires sont particuliĂšrement ardues. Votre troisiĂšme question concernait le futur de l'Ă©pidĂ©mie. Vous avez Ă©voquĂ© la relative contradiction entre, d'une part, l'affirmation qu'il existe aujourd'hui un risque infime de contamination et, d'autre part, la difficultĂ© de communiquer sur l'apparition Ă©ventuelle d'autres cas dus Ă  des contaminations antĂ©rieures. Il est nĂ©cessaire de comprendre que, compte tenu de la latence de la maladie, les faits cliniques pathologiques observĂ©s aujourd'hui sont la consĂ©quence du risque auquel Ă©tait exposĂ©e la population il y a cinq, dix ou vingt ans. Affirmer qu'il y a un risque infime de contamination Ă  l'heure actuelle n'empĂȘchera pas, aujourd'hui, demain, la semaine prochaine, l'apparition de cas identiques Ă  celui de Lyon. M. Gaymard avait Ă©tĂ© trĂšs prĂ©cis sur ce sujet, lorsque vous l'avez reçu. L'information la plus prĂ©cise que je peux vous donner est la suivante en ce qui concerne les formes atypiques de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, nous comptons un cas certain et trois cas incertains, dans la mesure oĂč, les patients Ă©tant encore vivants, on ne peut Ă©videmment, par respect de la personne et par rigueur scientifique, mener Ă  bien les techniques invasives nĂ©cessaires Ă  la confirmation du diagnostic. Je ne possĂšde pas de rĂ©ponse Ă  cette contradiction. Je dois reconnaĂźtre que vous avez raison. En particulier, je ne peux pas exclure que, dans l'avenir, il n'y aura pas d'autres cas. MĂȘme si l'information les concernant est parfaitement diffusĂ©e, il sera difficile de convaincre l'opinion qu'ils sont la consĂ©quence du passĂ© et que toutes les prĂ©cautions sanitaires sont dĂ©sormais respectĂ©es. Je ne peux pas prendre de position tranchĂ©e sur l'ampleur de l'Ă©pidĂ©mie ultĂ©rieure. Ce n'est qu'avec une grande prudence, et si l'on me pousse dans mes retranchements, que j'avancerai que nous ne sommes probablement pas au dĂ©but, en France, d'une Ă©pidĂ©mie explosive, semblable, par exemple, Ă  celle du Sida. Nous ne disposons, en tout cas, pas d'argument pour en ĂȘtre certains, si ce n'est quelques Ă©lĂ©ments sur la frĂ©quence Ă©pidĂ©miologique des cas. J'aborderai maintenant votre question sur la sĂ©curitĂ© sanitaire. Non, la direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ© n'a pas les moyens d'assurer la sĂ©curitĂ© sanitaire et j'ajoute - les deux phrases ne sont pas dissociables - que ce n'est pas son rĂŽle. Une administration centrale n'est pas conçue pour avoir de telles fonctions opĂ©rationnelles, mais pour aider les ministres Ă  concevoir une politique, Ă  la mettre en oeuvre, Ă  en vĂ©rifier l'application. Elle n'est pas faite pour suivre les cas de listĂ©riose ou de Creutzfeldt-Jakob, ni pour assurer la sĂ©curitĂ© des produits. Je n'ai eu de cesse, depuis que je suis directeur gĂ©nĂ©ral de la santĂ©, de sortir » de l'administration centrale - c'est l'exemple de la cellule de surveillance des maladies transmissibles relevant jusqu'en 1992 du bureau des maladies transmissibles - tout ce qui est fonction opĂ©ratoire. De mĂȘme, je trouve anormal qu'une autre direction d'administration centrale ait dĂ©livrĂ© en son temps des autorisations de mise sur le marchĂ©. En effet, ces fonctions opĂ©rationnelles » nĂ©cessitent une expertise et un savoir-faire, alors qu'une administration centrale a pour mission d'aider le ministre Ă  conduire sa politique. La sĂ©curitĂ© sanitaire rĂ©pond Ă  cette logique et exige donc le recours Ă  des outils spĂ©cifiques. On ne peut en effet accepter que la surveillance des maladies transmissibles - je pense par exemple au recensement des cas de listĂ©riose - soit effectuĂ©e par la mĂȘme structure que celle qui dĂ©finit les axes gĂ©nĂ©raux de la politique de sĂ©curitĂ© sanitaire - en l'espĂšce, la politique du calendrier vaccinal - Ă  dĂ©faut, le risque est grand de ne se consacrer, sous la pression, par ailleurs lĂ©gitime, du ministre ou des mĂ©dias, qu'Ă  l'urgence, qu'Ă  l'opĂ©rationnel. Pour ce qui est de la sĂ©curitĂ© sanitaire, il faut plaider fermement pour la crĂ©ation d'outils spĂ©cifiques et les extra-territorialiser par rapport Ă  l'administration centrale. Cela ouvre le dĂ©bat sur les agences et leur nombre faut-il crĂ©er une grande agence chargĂ©e de la sĂ©curitĂ© des produits sanitaires et non sanitaires, ou, au contraire, faut-il admettre la juxtaposition d'institutions que l'histoire, y compris rĂ©cente, nous a lĂ©guĂ©es ? A titre personnel, je crois qu'il est prĂ©fĂ©rable de recourir Ă  une institution unique. En effet, pour le directeur gĂ©nĂ©ral de la santĂ©, la gestion des frontiĂšres entre les diffĂ©rentes institutions se rĂ©vĂšle toujours chronophage et parfois sportif ! Il est certain - et M. le ministre s'Ă©tant exprimĂ© sur ce point, j'ai quelques scrupules Ă  aller plus loin - que la crĂ©ation d'un outil de sĂ©curitĂ© dans le domaine sanitaire est un objectif que le voyage Ă  Washington a tout au plus confortĂ©. Vous m'avez Ă©galement interrogĂ© sur la question de la connaissance et les mesures Ă  prendre pour l'amĂ©liorer. Nous disposons, maintenant, d'un systĂšme de surveillance Ă©pidĂ©miologique humaine Ă  coup sĂ»r parfaitement performant. Nous sommes l'un des cinq pays en Europe capables de prĂ©ciser Ă  l'unitĂ© prĂšs notre situation Ă©pidĂ©miologique. Je souhaite, mais ce ne peut ĂȘtre qu'un voeu, que les autres pays europĂ©ens nous rejoignent trĂšs vite, sans toutefois sous-estimer toutes les consĂ©quences qu'aurait une telle dĂ©cision. J'espĂšre surtout que d'autres pays dans le monde, qui affirment n'avoir rencontrĂ© aucun cas de ce genre et considĂšrent que cette affaire est strictement europĂ©enne, se dĂ©pĂȘchent de mettre en place un systĂšme de surveillance aussi performant que le nĂŽtre... En revanche, si difficiles sur le plan conceptuel que soient les pistes de recherches qui s'ouvrent face Ă  cet agent pathogĂšne inhabituel qui semble un peu, comme la mĂ©moire de l'eau, n'ĂȘtre dĂ» qu'Ă  la forme d'une molĂ©cule, la recherche fondamentale est une ardente urgence. Le ministre de la recherche a dĂ©bloquĂ© des crĂ©dits. Un programme interministĂ©riel est en voie d'ĂȘtre arrĂȘtĂ©. Une rĂ©union s'est tenue encore hier Ă  ce titre. Vous ĂȘtes revenu sur l'Europe avec la mĂȘme problĂ©matique qu'au plan national, Ă  savoir le problĂšme de gestion de l'interministĂ©rialitĂ©. Jusqu'oĂč va la responsabilitĂ© ? Qu'il s'agisse d'une direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ© Ă  Bruxelles - une DG 5 bis - ou du ministĂšre de la santĂ© Ă  Paris, la problĂ©matique est identique. Mettre en place un outil de sĂ©curitĂ© exige de savoir parfaitement qui fait quoi la rĂ©ponse Ă  cette question n'est pas technique, mais politique. Elle concerne la distinction que nous devons faire entre la chaĂźne alimentaire et la sĂ©curitĂ© alimentaire. J'ai Ă  ce sujet quelques joutes - c'est normal - avec mes homologues de l'agriculture, tant je crois que la sĂ©curitĂ© alimentaire ne fait pas partie de la chaĂźne alimentaire, ce qui ne signifie pas que la gestion de la chaĂźne alimentaire ne doive pas intĂ©grer des principes de sĂ©curitĂ©. Il est nĂ©cessaire de respecter la rĂšgle selon laquelle on ne peut pas ĂȘtre juge et partie. Enfin, j'ajouterai un dernier mot, mĂȘme si je dois donner l'impression dĂ©sagrĂ©able d'ĂȘtre un directeur d'administration qui pleure sur ses moyens. Les effectifs de la direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ©, qui avaient augmentĂ© entre 1993 et 1996 de 15 % - je parle d'une augmentation nette, c'est-Ă -dire sans faire entrer en ligne de compte l'ajout d'un certain nombre de structures -, sont de nouveau en train de diminuer depuis trois mois. Ainsi, lorsque l'un des responsables des maladies transmissibles quitte ce service, il n'est pas remplacĂ©. Je ferai preuve d'une grande fermetĂ© Ă  ce sujet, car je vis comme une grande injustice le fait de gĂ©rer des dossiers aussi difficiles, aussi sensibles, politiquement et mĂ©diatiquement, avec des moyens qui en ce moment diminuent. Il en va de ma responsabilitĂ©. Je vous remercie. M. AndrĂ© ANGOT Monsieur le directeur, on peut supposer que, dans la gestion de la crise, vous entretenez des relations tout Ă  fait particuliĂšres avec la Grande-Bretagne. Logiquement, compte tenu des 165 000 cas recensĂ©s dans l'espĂšce bovine en Grande-Bretagne Ă  comparer avec les vingt-deux cas recensĂ©s en France, on pourrait supposer que s'il devait y avoir une grande Ă©pidĂ©mie en France, il s'agirait d'une catastrophe nationale en Grande-Bretagne. Vos contacts avec vos homologues anglais sont-ils frĂ©quents, rĂ©guliers ? Disposez-vous d'informations rĂ©centes sur le dĂ©veloppement de l'Ă©pidĂ©mie en Grande-Bretagne ? Ma deuxiĂšme question concerne la situation aux Etats-Unis. On cite le rĂ©seau amĂ©ricain d'Ă©pidĂ©mio-surveillance pour les maladies humaines comme un modĂšle mondial. En revanche, il semblerait que le rĂ©seau d'Ă©pidĂ©mio-surveillance animale y soit inexistant. Or tout le monde sait que les maladies Ă  prions n'y sont pas absentes chez les animaux on connaĂźt des cas d'encĂ©phalite du vison et des cervidĂ©s sauvages, ainsi qu'un syndrome dit de la vache couchĂ©e », autre terme, Ă  n'en pas douter, pour viser une encĂ©phalite Ă  prion. Le rĂ©seau amĂ©ricain d'Ă©pidĂ©mio-surveillance humaine Ă©tant extrĂȘmement performant et les pratiques d'alimentation du bĂ©tail, faisant intervenir des farines de viande Ă©tant identiques aux Etats-Unis et en France, ne pourrait-on pas dĂ©duire du fait qu'il n'y a toujours pas de cas dĂ©clarĂ© aux Etats-Unis, que le risque est trĂšs faible qu'une Ă©pidĂ©mie se dĂ©veloppe en Europe ? M. Jean-Marie MORISSET Monsieur le directeur, il serait intĂ©ressant que vous nous expliquiez les relations non seulement entre les ministres, mais aussi entre les services qui prĂ©parent les dĂ©cisions. Vous avez affirmĂ© que votre administration centrale avait pour rĂŽle d'aider les ministres Ă  conduire leur politique. Je pense, pour ma part, qu'elle les aide Ă©galement Ă  prendre leurs dĂ©cisions. Par ailleurs, un certain nombre de mesures ont Ă©tĂ© prises en vertu du principe de prĂ©caution, parmi lesquelles les arrĂȘtĂ©s concernant l'interdiction de certains abats. Nous pouvons supposer que le ministĂšre dont vous relevez a participĂ© aux rĂ©unions interministĂ©rielles qui ont conduit Ă  ces dĂ©cisions. Parmi celles-ci, je retiendrai simplement qu'ont Ă©tĂ© interdits les intestins de bovins français nĂ©s avant le 31 juillet 1991, dans la mesure oĂč l'on pouvait craindre que les bovins aient pu manger des farines animales importĂ©es. Aujourd'hui, des boyaudiers ont dĂ» licencier un certain nombre de personnes, mais continuent Ă  faire analyser les prĂ©lĂšvements sous l'autoritĂ© de la direction gĂ©nĂ©rale de l'alimentation, en accord avec le CNEVA, pour bien s'assurer que les gros intestins, une fois nettoyĂ©s, peuvent tout Ă  fait ĂȘtre exploitĂ©s. Dans les semaines ou les mois prochains, si les administrations compĂ©tentes, en l'occurrence le CNEVA et le ministĂšre de l'agriculture, donnent leur sentiment sur l'exploitation des gros intestins des bovins avant le 31 juillet 1991 et confirment que l'exploitation des gros intestins des bovins nĂ©s avant le 31 juillet 1991 ne prĂ©sentent pas de risque, quelle sera la position de la direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ© ? M. HervĂ© MARITON Vous avez Ă©voquĂ©, monsieur le directeur gĂ©nĂ©ral, une rĂ©ponse europĂ©enne indigne », en termes de santĂ© publique. La rĂ©ponse europĂ©enne est aussi un peu ce que l'on en fait. Les politiques europĂ©ennes ne sont pas dĂ©finies en apesanteur, chacun des gouvernements de l'Union y contribue. Ma premiĂšre question sera donc la suivante. Qu'a entrepris et qu'entreprend aujourd'hui le Gouvernement français et, en particulier, le ministĂšre de la santĂ©, pour veiller Ă  ce que cette rĂ©ponse ne reste pas indigne ? Vous avez par ailleurs Ă©voquĂ© la date de la dĂ©cision du retrait des cervelles. Pensez-vous, en tant que directeur gĂ©nĂ©ral de la santĂ©, que cette dĂ©cision aurait pu ĂȘtre prise sensiblement plus tĂŽt ? M. Jean-François GIRARD Oui, les relations et les Ă©changes d'informations sont frĂ©quents avec la Grande-Bretagne. Je prĂ©cise par ailleurs que les quinze directeurs gĂ©nĂ©raux de la santĂ© se rĂ©unissent une fois tous les six mois, et le fax avec mon homologue fonctionne bien. On me dit qu'il n'est pas toujours facile d'obtenir des informations des Britanniques. NĂ©anmoins, si des interrogations sur l'Ă©tat des recherches subsistent encore et si au cours des trois ou quatre derniers mois la pĂȘche Ă  l'information n'a pas Ă©tĂ© facile, je peux vous indiquer que j'ai reçu, tout Ă  fait rĂ©cemment, une mise au point que je crois transparente sur le nombre de cas de forme atypique de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Le nombre de cas avĂ©rĂ©s s'Ă©tablit toujours Ă  douze et il subsiste des suspicions. Les suspicions sont, bien sĂ»r, Ă  prendre en compte, mais avec beaucoup de prudence sinon on en verrait partout. Il n'existe pas actuellement d'argument pour affirmer que l'on est en face d'un phĂ©nomĂšne explosif. Mais inversement nous n'avons pas d'argument pour affirmer le contraire. Par contre, les informations sont beaucoup plus lacunaires en provenance des Etats-Unis. Je partage tout Ă  fait votre apprĂ©ciation sur le caractĂšre performant de l'Ă©pidĂ©miologie humaine sous l'Ă©gide du CDC d'Atlanta ; il est tout aussi vrai que le suivi des maladies animales est beaucoup plus alĂ©atoire. Je ne sais pas en dire beaucoup plus. J'ai toutefois remarquĂ© que le PrĂ©sident Clinton avait au cours de l'Ă©tĂ© pris une dĂ©cision modifiant sensiblement les responsabilitĂ©s en matiĂšre de suivi et de contrĂŽle sanitaire de la viande. Je n'en dis pas plus. M. Morisset m'a interrogĂ© sur les intestins bovins. Je crois qu'il appartient bien sĂ»r au ministĂšre de la santĂ© de faire prĂ©valoir la protection sanitaire de la population. Je mesure les dangers que ferait courir une attitude systĂ©matique et jusqu'au-boutiste, mĂȘme Ă  titre de protection personnelle et qu'Ă  trop crier au loup » on finira par ne plus ĂȘtre cru. La difficultĂ© la plus grande que rencontre mon administration est donc de ne pas laisser quelque chose, tout en sachant trĂšs bien que prendre systĂ©matiquement la mesure la plus sĂ©curitaire, alors que l'on a dit Ă  quel point on savait mal apprĂ©cier le risque, peut susciter des problĂšmes. Je rappellerai assez volontiers que la dĂ©cision de retirer du marchĂ© les viandes ovines provenant d'animaux malades a Ă©tĂ© demandĂ©e par le ministĂšre de la santĂ©, qui l'a obtenue assez vite. LĂ , nous avons fait prĂ©valoir un point de vue de santĂ© publique humaine. Concernant le problĂšme que vous avez Ă©voquĂ©, il y aura une contre-expertise. En tout Ă©tat de cause, le souci de la prĂ©servation de la santĂ© publique ne consiste pas Ă  prĂŽner systĂ©matiquement la mesure la plus extrĂȘme, mais celle qui est la plus appropriĂ©e en fonction de la connaissance Ă  un moment donnĂ©. Il est vrai que l'on aura besoin, mais cela dĂ©passe les responsabilitĂ©s du directeur gĂ©nĂ©ral de la santĂ©, de se pencher sur l'application du principe de prĂ©caution je renvoie ici Ă  ce que j'ai dit prĂ©cĂ©demment sur la notion de risque. Enfin, puisque vous me donnez l'occasion de revenir sur l'Europe, je crois, comme M. le Rapporteur l'a dit, que les prĂ©occupations de santĂ© n'ont pas constituĂ© un des fondements, loin s'en faut, de la construction europĂ©enne. Visiblement, la notion de libre marchĂ© l'a emportĂ© et pas seulement pour des raisons Ă©conomiques. Nous sommes, dans le monde de la santĂ©, dĂ©pendants de cette conception de la construction europĂ©enne qui instaure la libre circulation des produits et des hommes. Je prends l'exemple de la dĂ©mographie mĂ©dicale, qui n'est pas le produit des intĂ©rĂȘts de telle ou telle entreprise, mais rĂ©sulte d'une dĂ©cision en matiĂšre de libre circulation des mĂ©decins. On voit trĂšs bien les consĂ©quences potentielles de la libre circulation alors que, selon les pays, les densitĂ©s mĂ©dicales par habitant vont du simple au double voire au triple. Pour l'instant, les obstacles linguistiques en limitent les consĂ©quences, mais voilĂ  un exemple oĂč les points de vue des administrations de la santĂ© de chacun des pays n'ont pas prĂ©valu. Nous sommes donc amenĂ©s Ă  nous interroger - et le rĂ©cent dĂ©placement Ă  la FDA nous a confortĂ©s dans cette idĂ©e - sur l'opportunitĂ© d'une relecture des rĂšgles fondatrices de l'Europe et de la construction europĂ©enne afin d'assurer la protection du consommateur et de l'usager en matiĂšre de santĂ©. C'est la responsabilitĂ© des Etats. Je prendrai un autre exemple, trĂšs actuel, portant sur les dispositifs mĂ©dicaux. Ceux-ci peuvent-ils se suffire d'un encadrement fondĂ© sur le seul marquage afin de ne pas freiner la production de ces produits et l'essor Ă©conomique qui l'accompagne ? En France, nous sommes en train de prendre position. Nous avons rĂ©ussi, par exemple, Ă  faire sortir les greffes et les tissus de la directive relative aux dispositifs mĂ©dicaux, car, en termes de sĂ©curitĂ©, il n'est pas trĂšs difficile de convaincre qui que ce soit que la qualitĂ© d'un greffon ou d'un tissu mĂ©rite des encadrements trĂšs prĂ©cis - en tout cas diffĂ©rents de celui exigĂ© pour une compresse. S'agissant, enfin, de la date de retrait des cervelles, si je rĂ©pondais que la date Ă©tait appropriĂ©e, ce serait utiliser la langue de bois. Il est probable que dans ce dossier tout aurait pu ĂȘtre dĂ©calĂ©. Je suis capable maintenant de prendre des dĂ©cisions, ou de les proposer au ministre quand elles sont de nature politique, en trois minutes. Il y a eu d'autres dĂ©cisions, dans de tout autres domaines, oĂč des retards administratifs sont manifestes tel n'est pas le cas sur le dossier que nous Ă©voquons aujourd'hui. Mais encore une fois, avec beaucoup d'humilitĂ© et de sincĂ©ritĂ©, je pense que toute cette affaire aurait pu ĂȘtre gĂ©rĂ©e plus vite. Cela Ă©tant, la connaissance est une chose, son intĂ©gration dans la prise de dĂ©cision en est une autre. M. Patrick OLLIER Monsieur le directeur gĂ©nĂ©ral, vous nous avez donnĂ© des informations trĂšs intĂ©ressantes. A l'Ă©vidence, on y voit clair dans les rĂ©actions et dans les dĂ©cisions qui ont Ă©tĂ© prises depuis 1990. Pourtant, les informations que nous recevons des uns ou des autres sont relativement contradictoires. Si le systĂšme de surveillance ne fonctionnait pas - on a bien compris que la raison en Ă©tait l'absence d'une institution structurĂ©e et coordonnĂ©e -, quelles mesures ont Ă©tĂ© prises en termes de prĂ©caution ? Car enfin, la curiositĂ© de la communautĂ© scientifique ou celle des services compĂ©tents du ministĂšre de la santĂ© aurait dĂ» conduire Ă  prendre un certain nombre d'initiatives entre 1988 et 1992 ! D'aprĂšs nos informations, la premiĂšre note de rĂ©action officielle est celle de M. Curien. Heureusement qu'il l'a fait, fin 1992, car auparavant aucune dĂ©cision n'avait Ă©tĂ© prise. Depuis 1988, le ministĂšre de la santĂ© s'est-il intĂ©ressĂ© Ă  ce problĂšme ? A-t-il posĂ© des questions ? A-t-il essayĂ© d'engager, par prĂ©caution, un certain nombre d'initiatives ? Le responsable de l'INRA que nous avons reçu nous a dit qu'en 1990 il s'Ă©tait posĂ© des questions et que l'INRA avait dĂ©cidĂ© de se mettre en position d'attente ». Je rappelle que c'est en 1986 qu'on recense les soixante-trois premiers cas en Angleterre, que c'est en 1988 que le Royaume-Uni prend la premiĂšre dĂ©cision de supprimer les farines animales. Cela aurait dĂ» nous alerter ! Mais je crois que vous n'Ă©tiez pas en fonction Ă  l'Ă©poque.... M. Jean-François GIRARD J'exerce mes responsabilitĂ©s depuis le 30 janvier 1986. M. Patrick OLLIER Je souhaiterais par ailleurs formuler une autre question Ă  laquelle je sais qu'en l'Ă©tat actuel des connaissances scientifiques vous ne pourrez pas me rĂ©pondre d'une maniĂšre trĂšs prĂ©cise. Peut-on estimer que les prĂ©cautions sanitaires sont suffisantes pour limiter les risques de contamination nouvelle ? Je ne vous demande Ă©videmment pas de vous engager sur un risque nul... M. RĂ©my AUCHEDÉ Monsieur le directeur gĂ©nĂ©ral, je voudrais revenir sur les rĂ©ponses que vous avez apportĂ©es sur les notions de risque et de responsabilitĂ© du ministĂšre de la santĂ©. La crise de confiance des consommateurs de viande bovine perdure et les inconnues scientifiques rendent incertaine la frontiĂšre entre le rationnel et l'irrationnel. NĂ©anmoins, au cours d'auditions prĂ©cĂ©dentes, nous avons entendu assurer que la consommation de muscle du bĂ©tail est Ă  risque zĂ©ro mais que le risque reste rĂ©el pour d'autres organes, notamment la cervelle. Ma question est trĂšs prĂ©cise peut-on effectivement diffuser cette information et, le cas Ă©chĂ©ant, pourquoi le ministre de la santĂ© ne s'en charge-t-il pas ? Il pourrait ainsi donner au consommateur une information de nature Ă  le rassurer, ce qui permettrait peut-ĂȘtre relancer la consommation. M. Charles JOSSELIN La qualitĂ© des rĂ©ponses dĂ©jĂ  apportĂ©es va me permettre de limiter mes questions Ă  deux. La premiĂšre concerne l'Europe et le moyen terme, la seconde l'actualitĂ© immĂ©diate. On a dĂ©jĂ  dĂ©plorĂ© l'absence d'harmonisation vĂ©ritable des normes et plus encore leur mauvaise application Ă  l'Ă©chelle europĂ©enne. Êtes-vous aujourd'hui en mesure de nous dire que nous sommes Ă  l'abri de voir importer en France des produits animaux ne rĂ©pondant pas aux normes françaises, parce que produits dans un pays oĂč les normes sont moins sĂ©vĂšres ? Par ailleurs, la perspective d'un rĂ©seau europĂ©en de santĂ© publique vous paraĂźt-elle totalement irrĂ©aliste ? Venons-en Ă  l'actualitĂ© immĂ©diate. Êtes-vous associĂ©, et le cas Ă©chĂ©ant de quelle maniĂšre, Ă  la gestion des stocks produits par les usines d'Ă©quarrissage qui aujourd'hui ne sont plus en mesure de les conserver Ă  l'intĂ©rieur de leurs locaux - les Ă©quarrisseurs sont en train d'en chercher et en trouvent qui ne sont pas forcĂ©ment adaptĂ©s ? Êtes-vous associĂ© Ă©galement Ă  la recherche sur l'incinĂ©ration de ces stocks ? J'ai le sentiment que ces professionnels sont aujourd'hui un peu seuls pour rĂ©soudre des problĂšmes considĂ©rables. M. Jean-François GIRARD Sur la premiĂšre question de M. Ollier, j'avais fait une distinction entre le dĂ©but des annĂ©es quatre-vingt-dix et l'annĂ©e 1992, date de publication du rapport Dormont. On ne peut pas dire que le dĂ©clic ait Ă©tĂ© la note de M. Curien. Des mesures ont Ă©tĂ© prises avant et c'est pour cela que j'ai parlĂ© du dĂ©but des annĂ©es quatre-vingt-dix. J'ai ajoutĂ© que le rapport de M. Dormont avait concrĂ©tisĂ© mes propres interrogations ou simplement mes doutes. Il s'est fait des choses avant 1992, en particulier la mise en place du rĂ©seau de surveillance Ă©pidĂ©miologique. Des rĂ©unions se sont tenues au cours de l'annĂ©e 1991, et mĂȘme fin 1990, sur la mise en oeuvre d'un rĂ©seau de surveillance de la maladie de Creutzfeldt-Jakob , tel qu'il fonctionne maintenant. Cela aurait-il pu ĂȘtre fait avant ? Cette question et quelques autres renvoient aux limites ou Ă  l'absence de limite des compĂ©tences du ministĂšre de la santĂ©. C'est vrai que je n'ai pas Ă©tĂ© informĂ© du problĂšme des farines dans les annĂ©es quatre-vingts, avant 1990 et mĂȘme aprĂšs d'ailleurs. Je ne l'ai pas su. Et c'est vrai qu'il faudrait savoir remonter le plus en amont possible pour pouvoir exercer ses responsabilitĂ©s ! Il faut de surcroĂźt un certain dĂ©lai pour avoir la certitude qu'une hypothĂšse scientifique se confirme ! Je vous exposerai briĂšvement un contre-exemple tout Ă  fait significatif. En 1976, le New England Journal of Medecine a publiĂ© un article retentissant accusant la consommation excessive de cafĂ© d'ĂȘtre responsable du cancer du pancrĂ©as. Cet article n'avait alors suscitĂ© aucune rĂ©action et je ne crois pas que la production de cafĂ© dans le monde en ait rĂ©ellement pĂąti. Imaginez ce type d'article en 1996 ! A cette Ă©poque on a Ă©tĂ© sage, on n'a pas bougĂ©, on a attendu. Trois mois aprĂšs, est paru un autre article affirmant que le premier reposait sur une erreur monumentale de mĂ©thodologie, qu'il ne fallait pas affoler les populations et ne pas casser le cours du cafĂ© ! La connaissance en matiĂšre de santĂ© n'est jamais quelque chose qui du jour au lendemain permet de dire voilĂ  ce qu'il faut faire. » C'est trĂšs difficile. TrĂšs humblement, peut-ĂȘtre aurait-il fallu prendre conscience plus tĂŽt. Je ne saurais le dire. Par contre, en matiĂšre Ă©pidĂ©miologique, les mesures ont Ă©tĂ© prises trĂšs tĂŽt. Il faut bien reconnaĂźtre que dans ce dossier oĂč la connaissance scientifique manque, il est au moins un secteur oĂč nous disposons d'informations prĂ©cises, c'est le suivi Ă©pidĂ©miologique humain et animal en France pratiquement, dĂšs qu'il y a un cas de maladie de Creutzfeldt-Jakob de plus, toute la France le sait le soir mĂȘme ! La question sur les risques actuels renvoie au problĂšme de la crise de confiance. Je crois en quelque sorte y avoir rĂ©pondu. Parce que le tissu musculaire a toujours Ă©tĂ© connu comme indemne de prion, parce qu'il n'y a que vingt-deux cas de vache folle en France, parce que depuis le 20 mars des mesures ont Ă©tĂ© prises, la seule chose que je sois capable de dire c'est que le risque est infime. Je ne sais pas ce qu'est le risque zĂ©ro, je n'ai pas le droit d'affirmer que le risque est nul. Il est infime et j'ajoute, Ă  titre anecdotique, que j'ai mangĂ© un steak tartare Ă  midi. C'est tout ce que je peux rĂ©pondre. Je laisse mes enfants manger de la viande rouge, ce qui est d'ailleurs plus significatif parce que, compte tenu du dĂ©lai de latence de la maladie, j'ai personnellement beaucoup de risques d'ĂȘtre atteint d'autre chose avant la maladie de Creutzfeldt-Jakob ! C'est comme cela que j'essaie de m'exprimer quand j'ai Ă  le faire publiquement, et je pense que c'est assez efficace. Si on dit les choses de cette façon, les gens ne peuvent pas avoir l'impression qu'on les leur cache c'est ainsi que l'on peut contribuer Ă  amĂ©liorer la confiance et Ă  sortir de la crise. M. Josselin me demande si nous sommes au courant de ce qui se passe rĂ©ellement en matiĂšre d'importation. J'ai indiquĂ© tout Ă  l'heure qu'un ensemble de questions renvoyait aux limites de la compĂ©tence du ministĂšre de la santĂ©. Je ne me retranche pas derriĂšre une trop stricte compĂ©tence juridique, j'Ă©voque la compĂ©tence rĂ©elle de mon administration on ne compte que 400 mĂ©decins-inspecteurs de la santĂ© en France ! Je ne maĂźtrise pas les problĂšmes d'importation ni d'ailleurs, pour ce qui est de l'immĂ©diat, les conditions de destruction et d'incinĂ©ration des animaux. Ces questions sont dĂ©battues le lundi Ă  dix-huit heures trente. Avant-hier, nous avons Ă©voquĂ© ce dernier point, notamment les conditions techniques nĂ©cessaires pour des incinĂ©rations efficaces. Ce que j'ai envie de dire, comme je l'ai dit avant-hier soir, c'est qu'il faut que l'on se dĂ©pĂȘche de trouver une solution. Cela pose des problĂšmes de deux ordres, relatifs Ă  la santĂ© publique et Ă  la santĂ© animale d'une part, mais aussi aux actions entreprises par les diffĂ©rentes professions concernĂ©es d'autre part. Nous sommes lĂ  dans un cas de figure typique, oĂč nous nous situons aux confins de plusieurs compĂ©tences ministĂ©rielles le dĂ©bat que nous allons avoir Ă  propos de l'institution future de sĂ©curitĂ© sanitaire va nous obliger Ă  dĂ©finir les limites des attributions des uns et des autres. Vous avez demandĂ© si un rĂ©seau europĂ©en de surveillance Ă©tait envisageable. Ma rĂ©ponse est oui, sans ambages. Je vous remercie de cette question car j'affirme, depuis que le RĂ©seau national de santĂ© publique s'est créé, que si nous sommes assez malins, le CDC europĂ©en » sera implantĂ© Ă  Paris. Je voudrais, si vous le permettez, madame le PrĂ©sident, terminer, parce que c'est une obsession pour moi, par des problĂšmes de moyens, en apportant un argument supplĂ©mentaire. Dans plusieurs affaires on pourrait montrer que les dĂ©cisions auraient pu ĂȘtre prises plus vite, qu'elles auraient pu ĂȘtre diffĂ©rentes, qu'elles auraient pu s'appuyer sur une meilleure coordination interministĂ©rielle. Mais elles ont Ă©tĂ© prises. Par contre, la faiblesse de notre systĂšme rĂ©side dans le fait que leur application n'est pas contrĂŽlĂ©e. Je voudrais vous citer un exemple. Mon prĂ©dĂ©cesseur avait, dĂšs 1983, signĂ© une circulaire destinĂ©e Ă  sĂ©lectionner par interrogatoires parmi les donneurs de sang ceux qui Ă©taient exposĂ©s au risque, encore trĂšs mal connu, d'infection par le virus de l'immuno-dĂ©ficience humaine. Tout le monde est d'accord pour dire que cette circulaire remarquable Ă©tait arrivĂ©e en temps utile. Mais elle n'a pas Ă©tĂ© appliquĂ©e et on n'a pas vĂ©rifiĂ© si elle l'Ă©tait. Cet exemple est caractĂ©ristique. Le fait que les dĂ©cisions ne sont pas appliquĂ©es tient partiellement Ă  des raisons culturelles, mais les Ă©vĂ©nements font Ă©voluer la situation assez vite sur ce point ; il tient surtout aux moyens qui sont mis Ă  notre disposition. A cet Ă©gard, je vous ai citĂ© - sans mĂȘme parler du CDC d'Atlanta - les chiffres anglais. La notion de contrĂŽle est essentielle je sais que le Parlement s'en prĂ©occupe beaucoup. MĂȘme si le problĂšme de moyens n'est pas le seul - il faut construire ce contrĂŽle, il faut faire avancer la culture - il n'en demeure pas moins trĂšs important. Mme le PrĂ©sident Monsieur le directeur gĂ©nĂ©ral, nous vous remercions de votre intervention. Audition de M. Pierre-Mathieu DUHAMEL, directeur gĂ©nĂ©ral des douanes et droits indirects extrait du procĂšs-verbal de la deuxiĂšme sĂ©ance du 4 septembre 1996 PrĂ©sidence de Mme Evelyne GUILHEM, PrĂ©sident M. Pierre-Mathieu DUHAMEL Mesdames, messieurs les dĂ©putĂ©s, les consĂ©quences Ă©conomiques, commerciales, financiĂšres et sociales de la crise qui affecte aujourd'hui la filiĂšre bovine sont d'une grande ampleur. C'est pourquoi tous les services de la Direction gĂ©nĂ©rale des douanes se sont immĂ©diatement mobilisĂ©s, conformĂ©ment aux instructions donnĂ©es par le Premier ministre, dĂšs que les arrĂȘtĂ©s du 21 mars 1996 pris par le ministĂšre de l'agriculture, de la pĂȘche et de l'alimentation ont frappĂ© d'une mesure de prohibition nationale les bovins vivants, les viandes bovines, les farines, les produits d'origine animale prĂ©parĂ©s Ă  partir de viande bovine originaire du Royaume-Uni. Comme vous le savez, cette initiative du Gouvernement français a Ă©tĂ© confortĂ©e dĂšs le 28 mars 1996 par une dĂ©cision d'embargo de la Commission europĂ©enne qui a concernĂ© l'ensemble de ces produits. La douane a donc mis en oeuvre un dispositif d'intervention et de contrĂŽle qui, depuis cette date, met Ă  contribution l'ensemble de ses services nationaux et territoriaux. Sans vouloir abuser d'une image commode, je dirai que depuis lors nous vivons dans la douane une sorte de vigipirate sanitaire ». En quoi cela consiste-t-il, c'est-Ă -dire comment appliquons-nous les mesures nationales et communautaires ? Tout d'abord, sont opĂ©rĂ©s des contrĂŽles Ă  l'entrĂ©e et Ă  la circulation des moyens de transport, tant aux frontiĂšres de notre pays qu'Ă  l'intĂ©rieur du territoire. A la fin aoĂ»t, 101 000 contrĂŽles avaient Ă©tĂ© effectuĂ©s, environ les trois quarts aux abords des frontiĂšres et 26 000 Ă  l'intĂ©rieur du territoire. Sur ce total, 249 se sont avĂ©rĂ©s positifs, dont 171 ont pu donner lieu Ă  autorisation d'introduction aprĂšs vĂ©rification par le service vĂ©tĂ©rinaire, les 78 autres - pour un total de 360 tonnes de viande - s'Ă©tant traduits par un refoulement. Je signale que les contrĂŽles positifs ont, pour l'essentiel, Ă©tĂ© enregistrĂ©s peu aprĂšs la dĂ©cision d'embargo. Je pense donc que cela correspondait Ă  des flux ou Ă  des transactions qui avaient Ă©tĂ© lancĂ©s avant la dĂ©cision de prohibition et qui avaient, en quelque sorte, continuĂ© sur leur lancĂ©e. Ce dispositif est toujours en vigueur, environ 6 400 agents prĂ©sents sur le territoire veillant Ă  sa mise en oeuvre. S'y ajoutent 400 enquĂȘteurs spĂ©cialisĂ©s de la Direction nationale de recherches et d'enquĂȘtes douaniĂšres mobilisĂ©s en amont, dans les tĂąches de renseignement et de lutte contre la fraude pour aider les services opĂ©rationnels Ă  conduire les investigations nĂ©cessaires. ParallĂšlement, la direction des douanes a procĂ©dĂ© Ă  un certain nombre de vĂ©rifications concernant le contenu des dĂ©clarations d'Ă©changes de biens pour la pĂ©riode de janvier 1993 Ă  mai 1996. Il fallait, en effet, s'assurer de la bonne application de l'embargo Ă  travers ces outils statistiques et de la fiabilitĂ© des donnĂ©es du commerce extĂ©rieur. Pour ce faire, un dispositif de contrĂŽle documentaire a Ă©tĂ© mis en place dans les services. Il a d'abord portĂ© sur la pĂ©riode la plus rĂ©cente, c'est-Ă -dire les dĂ©clarations d'Ă©changes de biens qui ont suivi immĂ©diatement la mise en oeuvre de l'embargo et a consistĂ© Ă  examiner, sur la base des dĂ©clarations faites par les entreprises, le contenu des Ă©lĂ©ments documentaires Ă  la base de celles-ci. Les irrĂ©gularitĂ©s dĂ©celĂ©es pendant ces quelques mois sont trĂšs limitĂ©es. Elles concernent, en l'Ă©tat actuel de nos rĂ©sultats, huit entreprises pour une valeur de 3,2 millions de francs. Nous procĂ©dons actuellement aux investigations complĂ©mentaires pour nous assurer que les infractions douaniĂšres qui peuvent en rĂ©sulter sont effectivement Ă©tablies, afin de les notifier. Mais nous nous sommes aussi intĂ©ressĂ©s, dans cette recherche documentaire, Ă  ce qui a pu se passer entre janvier 1993 et mars 1996, afin de s'assurer que les marchandises qui, dĂšs cette Ă©poque, faisaient l'objet d'une prohibition sanitaire - prohibition relative, certes, mais prohibition tout de mĂȘme - n'avaient pas Ă©tĂ© introduites en France, et de vĂ©rifier si elles n'avaient pas pu l'ĂȘtre par le canal d'autres Etats. Un contrĂŽle systĂ©matique des dĂ©clarations d'Ă©changes de biens a donc eu lieu, au cours des semaines Ă©coulĂ©es, sur les introductions de farines animales et de cretons effectuĂ©es de janvier 1993 Ă  mars 1996 pour toutes les provenances et pour toutes les origines. Quels sont les rĂ©sultats de ces contrĂŽles ? Tout d'abord, ils n'ont pas conduit Ă  mettre en Ă©vidence de dĂ©tournement de trafic par le canal d'autres pays de l'Union europĂ©enne. Autrement dit, les origines mentionnĂ©es dans les dĂ©clarations d'Ă©changes de biens correspondaient, dans le cadre des contrĂŽles sur piĂšces que nous avons effectuĂ©s, aux origines des factures et de l'ensemble des piĂšces justificatives que dĂ©tenaient les entreprises. Comme il s'agit d'une chaĂźne, nous poursuivons des investigations approfondies de façon Ă  obtenir des certitudes. S'agissant des opĂ©rations d'origine britannique, nous en avons contrĂŽlĂ© 2 601 portant sur 153 900 tonnes de farines animales d'origine britannique et nous avons Ă©tĂ© amenĂ©s, Ă  hauteur de 30 000 tonnes, Ă  opĂ©rer un certain nombre de corrections. Autrement dit, les contrĂŽles auxquels nous avons procĂ©dĂ© nous ont amenĂ©s Ă  constater que la rĂ©alitĂ© statistique telle qu'elle dĂ©coulait des dĂ©clarations spontanĂ©es des entreprises. n'Ă©tait pas conforme Ă  la rĂ©alitĂ© documentaire telle que l'analyse approfondie des documents dĂ©tenus par ces entreprises la faisait apparaĂźtre. Ces corrections sont, pour l'essentiel, relativement mineures. Elles portent notamment sur l'origine dĂ©clarĂ©e. Un certain nombre d'entreprises, par exemple, avaient dĂ©clarĂ© par erreur une origine Royaume-Uni » alors qu'il s'agissait, le plus souvent, de l'Irlande, la proximitĂ© des codes expliquant la confusion. Se sont aussi produites des erreurs de nomenclature. Ainsi, des marchandises inscrites dans la position tarifaire correspondant aux marchandises faisant l'objet de la prohibition Ă©taient, en rĂ©alitĂ©, d'autres produits tels que farines de poisson, farines de luzerne, aliments pour chiens et chats. La vĂ©rification des facturations des documents dans les entreprises a permis de vĂ©rifier ces discordances. J'ajoute que sur les 30 000 tonnes ayant fait l'objet de corrections, environ 80 % des erreurs ont Ă©tĂ© commises par deux entreprises qui les ont rĂ©pĂ©tĂ©es systĂ©matiquement. Au terme de ces vĂ©rifications statistiques, l'interrogation peut demeurer, pour la pĂ©riode de rĂ©fĂ©rence, pour environ 1 260 tonnes de farines d'origine britannique - soit environ 1 % des quantitĂ©s introduites durant la pĂ©riode considĂ©rĂ©e -, pour lesquelles je n'ai pas, aujourd'hui, la possibilitĂ© d'affirmer qu'elles ont Ă©tĂ© introduites en France de maniĂšre rĂ©guliĂšre. Il s'agit de farines dont nous avons pu constater, en effectuant des contrĂŽles documentaires, qu'elles Ă©taient originaires du Royaume-Uni mais pour lesquelles nous n'avons pas trouvĂ© les certificats vĂ©tĂ©rinaires qui auraient dĂ» ĂȘtre dĂ©livrĂ©s pour que - dans cette pĂ©riode de prohibition relative - leur introduction puisse ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme rĂ©guliĂšre. Nous sommes en train de procĂ©der Ă  des vĂ©rifications complĂ©mentaires, car si le ministĂšre de l'agriculture, que nous avons interrogĂ© pour nous assurer de la dĂ©livrance ou de la non-dĂ©livrance de ces certificats, a pu nous rĂ©pondre sur la partie centralisĂ©e de ces opĂ©rations, il n'a pas pu encore le faire pour leur partie dĂ©concentrĂ©e. Lorsque ces vĂ©rifications seront terminĂ©es, il en restera une derniĂšre Ă  faire, qui ne relĂšve pas du domaine douanier, mais qu'il est important de prendre en compte pour le raisonnement. Il sera nĂ©cessaire, mĂȘme dans le cas oĂč a Ă©tĂ© opĂ©rĂ©e une introduction dans des conditions irrĂ©guliĂšres, c'est-Ă -dire sans certificat, de connaĂźtre l'usage qui a Ă©tĂ© fait de ces farines de façon Ă  savoir s'il a Ă©tĂ© conforme ou non aux possibilitĂ©s qui existaient alors d'utiliser de tels produits. Par ailleurs, j'ai prescrit Ă  mes services - l'opĂ©ration est en cours et je ne dispose pas aujourd'hui de ses rĂ©sultats - une analyse similaire sur les dĂ©clarations d'Ă©changes de biens en matiĂšre de bovins vivants, pour la pĂ©riode de janvier 1993 Ă  mars 1996. Enfin, nous avons dĂ©veloppĂ©, dans la continuitĂ© des efforts antĂ©rieurs mais en les accentuant, nos Ă©tudes sur les courants de fraudes et d'Ă©ventuels dĂ©tournements de trafics. Ainsi avons-nous systĂ©matiquement procĂ©dĂ© Ă  des analyses de risques, Ă  la fois sur les marchandises et sur les entreprises, pour dĂ©tecter les Ă©ventuels opĂ©rateurs commerciaux qui peuvent prĂ©senter des risques ou des possibilitĂ©s de fraudes, et activĂ© du mieux possible la collecte des renseignements opĂ©rationnels. Nous avons aussi mis en alerte nos capacitĂ©s de coopĂ©ration internationale avec les services de Bruxelles - notamment l'UCLAF, l'unitĂ© de coordination de lutte anti-fraude - et nos correspondants dans les diffĂ©rents pays europĂ©ens. Tel est, dans ses grandes lignes, en termes d'actions conduites et de rĂ©sultats, le bilan de l'action menĂ©e par les services douaniers depuis la mise en oeuvre de l'embargo, en mars 1996. L'objectif Ă©tait prioritairement de maĂźtriser la gestion des flux commerciaux pour assurer le plein respect de cette dĂ©cision communautaire et nationale et de procĂ©der Ă  l'analyse la plus fine de ce qui s'Ă©tait passĂ© antĂ©rieurement, afin de s'assurer du respect du dispositif sanitaire existant Ă  l'Ă©poque. Je souhaite maintenant aller un peu plus loin dans l'examen de ce que nous rĂ©vĂšle la crise en cours et de voir dans quelle mesure elle a pu mettre Ă  jour certaines insuffisances juridiques ou pratiques dans le dispositif communautaire de contrĂŽle des marchandises. En effet, depuis le 1er janvier 1993, les Ă©changes intra-communautaires de marchandises ne sont plus soumis Ă  des formalitĂ©s douaniĂšres, Ă  l'exception de certaines marchandises sensibles - les contrefaçons de marques, les dĂ©chets, les radio-Ă©lĂ©ments artificiels, les biens culturels et certains produits issus du corps humain - qui, seuls, sont encore susceptibles de faire l'objet de procĂ©dures s'apparentant Ă  des procĂ©dures douaniĂšres. Toutes les autres marchandises circulent librement au sein du territoire douanier. Je souhaiterais donc insister un instant devant vous sur cette distinction majeure au sein de la pĂ©riode durant laquelle est apparue puis s'est dĂ©veloppĂ©e la crise de l'ESB il y a la phase antĂ©rieure au 1er janvier 1993 puis celle postĂ©rieure Ă  cette date, caractĂ©risĂ©e par l'ouverture gĂ©nĂ©ralisĂ©e des frontiĂšres. Quel Ă©tait le dispositif juridique mis en oeuvre par les pouvoirs publics français dans le domaine sanitaire ? Depuis 1964, en l'absence d'harmonisation communautaire sur ce point, la France avait son propre dispositif de contrĂŽle sanitaire. C'Ă©tait une succession d'arrĂȘtĂ©s et d'avis aux importateurs dans le dĂ©tail desquels je n'entrerai pas. Depuis le 1er janvier 1993, s'applique le principe de libre circulation des marchandises, assorti, en matiĂšre sanitaire, de clauses de sauvegardes prĂ©vues par une directive communautaire relative aux contrĂŽles vĂ©tĂ©rinaires et zootechniques applicables dans les Ă©changes intra-communautaires de certains animaux vivants. Lorsque se pose un problĂšme particulier, notamment la dĂ©couverte de foyers infectieux pour certaines maladies reconnues au plan communautaire, la Commission peut prendre l'initiative de restreindre les Ă©changes susceptibles de gĂ©nĂ©rer un risque Ă©pidĂ©miologique dans l'ensemble des Etats membres. Nous avons vĂ©cu l'activation de ce dispositif Ă  plusieurs reprises, Ă  l'occasion, par exemple de l'Ă©radication de la fiĂšvre porcine, ou, rĂ©cemment, de la fiĂšvre aphteuse. Cette directive autorise aussi les Etats membres Ă  prendre des mesures nationales pour suspendre ou restreindre la circulation des produits jugĂ©s dangereux pour la consommation humaine et animale. C'est dans ce cadre que les bovins vivants, les viandes bovines, les farines et les produits d'origine animale prĂ©parĂ©s Ă  partir de viande bovine originaire du Royaume-Uni ont pu ĂȘtre frappĂ©s d'une mesure de prohibition nationale. C'est la prohibition absolue de l'embargo qui s'applique depuis le 21 mars, relayĂ©e par une prohibition communautaire. C'est Ă©galement dans ce cadre qu'avait pu ĂȘtre instituĂ©e auparavant ce que j'ai appelĂ© tout Ă  l'heure une prohibition relative. Mais les conditions dans lesquelles il est possible de gĂ©rer ce type de prohibition - relative ou absolue - ont Ă©tĂ© profondĂ©ment modifiĂ©es le 1er janvier 1993. C'est la deuxiĂšme distinction que je souhaiterais faire devant vous, Ă  savoir celle existant entre les possibilitĂ©s juridiques et opĂ©rationnelles d'intervention avant le 1er janvier 1993 et aprĂšs cette date. Avant le 1er janvier 1993, existaient des procĂ©dures de dĂ©douanement. Les agents disposaient d'un arsenal complet, prĂ©vu dans le code des douanes, la rĂ©glementation communautaire exigeant l'accomplissement de formalitĂ©s douaniĂšres dans les Ă©changes entre Etats membres. L'importateur devait satisfaire aux formalitĂ©s douaniĂšres et produire Ă  l'appui de sa dĂ©claration aux douanes tous les documents dĂ©montrant que les obligations fixĂ©es par les textes avaient Ă©tĂ© remplies. Les services douaniers pouvaient, dans ces conditions, s'assurer en temps rĂ©el qu'il n'y avait pas de fausses dĂ©clarations dĂ©tournant les mesures de prohibition, que les autorisations dĂ©livrĂ©es par les autoritĂ©s compĂ©tentes agricoles ou sanitaires, Ă©taient bien disponibles au moment de l'introduction des marchandises et que les services vĂ©tĂ©rinaires procĂ©daient bien, lorsqu'il y avait matiĂšre, Ă  des contrĂŽles physiques sur les marchandises introduites Les pouvoirs permettant d'exercer l'ensemble de ces prĂ©rogatives Ă©taient le droit de visite des marchandises, la possibilitĂ© de prĂ©lever des Ă©chantillons pour analyse et, plus largement l'ensemble des dispositions contenues dans le code des douanes. Tout manquement Ă  ces prescriptions entraĂźnait la constatation d'une infraction douaniĂšre pouvant donner lieu Ă  l'application de pĂ©nalitĂ©s. Ces possibilitĂ©s existaient Ă©galement aprĂšs le dĂ©douanement, puisque le code des douanes prĂ©voit aussi un droit de communication de l'ensemble d'Ă©lĂ©ments documentaires, un droit de visite domiciliaire sous contrĂŽle du juge et un droit de contrĂŽle sur la circulation des vĂ©hicules contenant des marchandises. De la mĂȘme façon, les contrĂŽles a posteriori pouvaient conduire Ă  s'assurer que l'ensemble des prescriptions, y compris sanitaires, avaient Ă©tĂ© respectĂ©es. Le marchĂ© unique a supprimĂ© l'ensemble de ces formalitĂ©s, sauf pour les quelques marchandises citĂ©es tout Ă  l'heure. DĂšs lors, les Ă©changes de marchandises intra-communautaires sont libres et, sur le plan douanier, ne donnent plus lieu Ă  aucune espĂšce de formalitĂ©, Ă  l'exception du dĂ©pĂŽt a posteriori de la dĂ©claration d'Ă©changes de biens. Cette dĂ©claration est un document rempli par l'entreprise qui spĂ©cifie, tous les mois, sur la base, notamment de nomenclatures, la nature des acquisitions communautaires auxquelles elle a procĂ©dĂ©. Il faut savoir par ailleurs que lorsque ces acquisitions sont infĂ©rieures Ă  250 000 francs par an elles ne donnent pas lieu Ă  dĂ©claration et qu'entre 250 000 et 750 000 francs elles sont dĂ©clarĂ©es de maniĂšre trĂšs simplifiĂ©e. On n'est, notamment, pas tenu de dĂ©clarer l'origine ni la quantitĂ©. Seules les acquisitions intra-communautaires au-dessus de 750 000 francs font apparaĂźtre Ă  la fois l'origine et la nature trĂšs prĂ©cises des quantitĂ©s introduites. Ces documents ont, d'une part, un objet statistique, la constitution des chiffres du commerce extĂ©rieur, et servent d'autre part de point d'appui aux services chargĂ©s d'effectuer les contrĂŽles dans le cadre de la vie interne du grand marchĂ©, Ă  savoir le ministĂšre de l'agriculture et les services de la rĂ©pression des fraudes. Ces derniers ont utilisĂ© la facultĂ© d'accĂ©der Ă  ces documents au cours de la pĂ©riode concernĂ©e, afin d'obtenir les informations nĂ©cessaires Ă  l'Ă©tablissement et Ă  la mise en oeuvre de leur propre plan de contrĂŽle sur des marchandises ou des biens soumis Ă  un certain nombre de conditions, dont, tout particuliĂšrement, les produits faisant l'objet de la prohibition relative Ă©voquĂ©e prĂ©cĂ©demment. S'agissant des pouvoirs propres de la douane depuis le 1er janvier 1993, nous avons connu deux pĂ©riodes successives. Entre le 1er janvier 1993 et le 10 fĂ©vrier 1994, la situation est assez facile Ă  dĂ©crire. Nous vivions exclusivement sous l'empire de l'article 2 bis du code des douanes qui le rendait inapplicable dans sa totalitĂ© aux Ă©changes intra-communautaires. Autrement dit, il n'y avait, pendant cette phase, aucune base lĂ©gale Ă  l'intervention des services douaniers dans les Ă©changes intra-communautaires. Cette situation a Ă©tĂ© modifiĂ©e par la loi du 10 fĂ©vrier 1994 qui a de nouveau attribuĂ© Ă  la douane des possibilitĂ©s - mĂȘme si elles sont trĂšs infĂ©rieures Ă  celles qui existaient avant janvier 1993 -, en matiĂšre de contrĂŽle Ă  la circulation des animaux vivants ainsi que des produits animaux et des denrĂ©es animales. Il s'agit d'un contrĂŽle basique » permettant aux services douaniers de s'assurer visuellement de la concordance entre ce qui se trouve dans un moyen de transport et ce qui est dĂ©crit dans un document d'accompagnement, lorsqu'il y en a un. Je reviendrai sur ce point, parce que l'existence d'un document d'accompagnement dans les Ă©changes intra-communautaires n'est pas, sauf pour quelques marchandises sensibles, une obligation. La seule possibilitĂ© pour les agents des douanes, lorsque ce contrĂŽle visuel les conduit Ă  dĂ©celer une anomalie, est de consigner les marchandises en question et de demander l'intervention des services vĂ©tĂ©rinaires qui indiqueront s'il faut aller au-delĂ  de la consignation et refouler ou refuser l'entrĂ©e de la marchandise. A partir de ce que je viens de dĂ©crire, quelles sont les pistes de rĂ©flexion, en termes juridiques et pratiques, qui nous donneraient les moyens de rĂ©agir face Ă  des difficultĂ©s majeures telles que celles qui ont surgi Ă  l'occasion de la crise de l'ESB ? Je m'intĂ©resserai, en premier lieu, aux instruments juridiques. J'ai Ă©tĂ© conduit Ă  proposer au ministre du budget, qui l'a lui-mĂȘme soumis au Premier ministre, la crĂ©ation d'un article 38-5 du code des douanes qui serait insĂ©rĂ© dans le projet de loi relatif Ă  la qualitĂ© sanitaire des denrĂ©es destinĂ©es Ă  l'alimentation, actuellement en cours d'examen au Conseil d'Etat. Cet article donnerait une base lĂ©gale Ă  la rĂ©activation conjoncturelle du code des douanes pour un certain nombres de produits communautaires soumis Ă  des restrictions Ă  la circulation, qui seraient fixĂ©s par arrĂȘtĂ© interministĂ©riel. La finalitĂ© de ce texte serait d'instaurer, dans les relations intra-communautaires, un dispositif de prohibition relative ou absolue beaucoup plus efficace en termes de moyens juridiques que celui dont nous disposons. Il permettrait d'habiliter les agents des douanes Ă  intervenir sur la base du code des douanes - ce qui est impossible aujourd'hui - et d'utiliser leur pouvoir de contrĂŽle et de rĂ©pression de la mĂȘme façon qu'Ă  l'Ă©gard des Ă©changes extra-communautaires. Ce projet d'article 38-5 permettrait aussi d'intervenir en amont des contrĂŽles qu'exercent les services de la rĂ©pression des fraudes, en apprĂ©hendant dĂšs le flux d'entrĂ©e les phĂ©nomĂšnes frauduleux et en permettant d'infliger des sanctions Ă  l'Ă©gard de tous ceux qui participent Ă  l'infraction, expĂ©diteur, destinataire, transporteur ou intermĂ©diaire. S'agissant du contrĂŽle documentaire effectuĂ© sur la base d'une dĂ©claration d'Ă©changes de biens, nous avons butĂ© sur une difficultĂ©. Les textes actuels prĂ©voient seulement la possibilitĂ© pour les services douaniers de demander Ă  l'entreprise de bien vouloir lui communiquer les dĂ©clarations d'Ă©changes des biens qu'elle a remplies et les piĂšces justificatives fondant ces dĂ©clarations. Cette disposition est un peu restrictive car elle ne permet pas d'effectuer en temps rĂ©el des contrĂŽles au fond et de vĂ©rifier aussi vite qu'il le faudrait la qualitĂ© et la fiabilitĂ© des dĂ©clarations dans le cas de produits soumis Ă  surveillance. En outre, la loi ne prĂ©voit pas de dĂ©lai de conservation pour les piĂšces permettant de vĂ©rifier la qualitĂ© de la dĂ©claration d'Ă©change de biens. Si une entreprise, pour telle ou telle raison, dĂ©cide de s'en dĂ©faire immĂ©diatement, elle le peut. Il me semble qu'il y a lĂ  une insuffisance. Il serait Ă  mon sens nĂ©cessaire d'imposer une obligation de dĂ©tention de ces documents pendant une durĂ©e de trois ans, correspondant Ă  la prescription existant en matiĂšre douaniĂšre et fiscale, de façon Ă  ce que pendant les pĂ©riodes susceptibles de donner lieu Ă  contrĂŽle, les services intĂ©ressĂ©s puissent obtenir les Ă©lĂ©ments de justification. J'en viens maintenant aux dispositions opĂ©rationnelles. Au-delĂ  de la crĂ©ation de l'article 38-5 dont j'ai expliquĂ© la finalitĂ©, la question se pose de le complĂ©ter par une obligation de prĂ©sentation en douane pour le cas oĂč nous nous trouverions dans une situation de crise, un tel dispositif nous donnant des possibilitĂ©s d'intervention identiques Ă  celles qui existaient antĂ©rieurement Ă  la crĂ©ation du grand marchĂ© intĂ©rieur. S'agissant des contrĂŽles Ă  la circulation, ils seraient beaucoup plus aisĂ©s et beaucoup plus rapides si existait - ce qui n'est pas le cas aujourd'hui - l'obligation pour les transporteurs de prĂ©senter un document d'accompagnement. J'illustrerai la difficultĂ© pratique rĂ©sultant de la situation actuelle Ă  partir d'un exemple touchant Ă  la crise de l'ESB. L'identification visuelle par les agents est assez aisĂ©e pour les bovins vivants et pour les quartiers de viande qui sont transportĂ©s dans des camions que l'on peut repĂ©rer facilement dans les flux de circulation. Je ne peux pas en dire tout Ă  fait autant des farines qui ne sont pas transportĂ©es dans des camions reconnaissables de l'extĂ©rieur. Et mĂȘme lorsqu'on regarde l'intĂ©rieur du chargement, on ne sait pas de maniĂšre Ă©vidente quelles en sont les caractĂ©ristiques. Lorsqu'on dispose d'un document d'accompagnement, on a une base permettant immĂ©diatement d'opĂ©rer un premier contrĂŽle de cohĂ©rence. Je ne mĂ©connais toutefois pas les inconvĂ©nients et la lourdeur que cela peut prĂ©senter, mĂȘme s'il n'est pas question, dans une telle hypothĂšse, de recrĂ©er un document d'accompagnement s'ajoutant Ă  d'autres. Ce sont les documents, lettres de connaissement et tous autres Ă©lĂ©ments d'accompagnement existant toujours dans les transactions commerciales qui seraient susceptibles de servir de base Ă  de tels contrĂŽles. S'agissant de l'aspect statistique, les recherches que nous avons faites Ă  partir des dĂ©clarations d'Ă©changes de biens ont Ă©tĂ© rendues trĂšs difficiles par le fait que la nomenclature des produits n'est aujourd'hui pas assez dĂ©taillĂ©e. A l'intĂ©rieur de la position tarifaire et de la position statistique inscrites dans les dĂ©clarations d'Ă©changes de biens, figurent aussi bien des marchandises soumises Ă  prohibition relative ou absolue que des marchandises qui ne le sont pas. La simple lecture de la ligne ne permet donc pas de savoir s'il y a eu des difficultĂ©s ou des anomalies. Il faut aller systĂ©matiquement regarder - cela a Ă©tĂ© l'objet de la campagne de contrĂŽle Ă  partir des dĂ©clarations d'Ă©changes de biens que j'Ă©voquais tout Ă  l'heure - le dĂ©tail des piĂšces justificatives. Cela rĂ©sulte simplement du choix technique fait au moment de la crĂ©ation du systĂšme de retenir une nomenclature Ă  huit chiffres. A l'Ă©poque, dans les discussions intra-communautaires qui ont eu lieu, la France avait Ă©tĂ© Ă  peu prĂšs la seule, me semble-t-il, Ă  soutenir l'idĂ©e qu'il fallait une nomenclature plus dĂ©taillĂ©e. La question est posĂ©e aujourd'hui, au vu des difficultĂ©s que nous rencontrons, d'ajouter un ou deux chiffres Ă  la nomenclature des dĂ©clarations d'Ă©changes de biens pour permettre d'isoler beaucoup mieux telle ou telle marchandise qui serait soumise Ă  prohibition. L'ensemble des points que j'ai Ă©voquĂ©s ne peuvent se traiter que dans le cadre d'une discussion communautaire. J'ai demandĂ© que la prochaine rĂ©union du comitĂ© de politique douaniĂšre s'en saisisse et que nous soyons amenĂ©s Ă  en dĂ©battre. J'ai eu rĂ©cemment l'indication que la direction gĂ©nĂ©rale concernĂ©e et la Commission Ă©taient d'accord pour inscrire ces sujets Ă  l'ordre du jour de nos prochains travaux. Il me paraĂźt en effet nĂ©cessaire de tirer ensemble les leçons de la premiĂšre crise grave qui affecte le fonctionnement du MarchĂ© unique depuis son entrĂ©e en vigueur. Je souhaite aussi que l'Ă©change qui doit avoir lieu sur ces sujets Ă  Bruxelles soit l'occasion de faire le point sur les informations dĂ©tenues par les services de la Commission et par l'ensemble des Etats-membres sur d'Ă©ventuelles tentatives de fraudes pour contourner l'embargo communautaire. Enfin, il me semble Ă©galement que cette affaire doit nous donner Ă  rĂ©flĂ©chir attentivement sur la gestion de l'Ă©largissement de l'Union europĂ©enne Ă  de nouveaux membres et sur la sĂ©curitĂ© du fonctionnement harmonisĂ© du marchĂ© intĂ©rieur ; ce sera une prĂ©occupation lĂ©gitime, Ă  la fois des gouvernements et de l'opinion publique, dans la mesure oĂč cet Ă©largissement fera entrer dans l'espace communautaire de nouveaux Etats membres et produira dans les Ă©changes que nous avons avec eux le mĂȘme type de modifications que celles que nous avons connues entre les membres actuels Ă  partir du 1er janvier 1993. Mme le PrĂ©sident Merci, monsieur le directeur. Pourriez-vous nous dire si on a des raisons de penser que circulent encore des stocks Ă  risque ? Par ailleurs, la presse a mentionnĂ© plusieurs fois un tonnage - de l'ordre de 15 000 tonnes - de farines carnĂ©es britanniques qui auraient Ă©tĂ© importĂ©es sans dĂ©rogation au cours des trois annĂ©es passĂ©es. Selon vous, il s'agirait de farines de volaille et non de viandes bovines. Mais il me semble que la dĂ©rogation Ă©tait nĂ©cessaire Ă©galement pour les farines provenant de volailles. Pouvez-vous nous Ă©clairer sur ce point ? M. Pierre-Mathieu DUHAMEL Sur le premier point, la notion de stock est un peu difficile Ă  apprĂ©hender. Je vous ai dit tout Ă  l'heure quelles Ă©taient les limites de nos capacitĂ©s d'intervention. J'ai en tout cas le sentiment, au vu de tous les Ă©lĂ©ments dont je dispose, que le fonctionnement de la prohibition relative, et dorĂ©navant de la prohibition absolue, ne laisse pas actuellement place Ă  la circulation de produits interdits. Je ne peux bien sĂ»r pas ĂȘtre affirmatif Ă  cent pour cent car quelle que soit la qualitĂ© du dispositif opĂ©rationnel que nous mettons en oeuvre - et les agents le font fonctionner avec beaucoup de coeur - ce n'est pas la ligne Maginot, il y a des limites, dans un espace ouvert, Ă  ce que nous savons apprĂ©hender. J'ai la conviction qu'il n'y a aucune raison de penser aujourd'hui que circulent, de maniĂšre significative ou mĂȘme marginale, des marchandises qui posent problĂšme. Ce n'est pas une dĂ©monstration scientifique, mais d'une certaine maniĂšre j'ai Ă©tĂ© assez heureux de ce qui s'est passĂ© lorsque les organisations agricoles ont dĂ©ployĂ© un dispositif de contrĂŽle inopinĂ© qui n'a fait apparaĂźtre comme seul problĂšme qu'un camion transportant 22 tonnes de viande, sur lesquels 25 kilos ont soulevĂ© des questions parce qu'il n'Ă©tait pas immĂ©diatement possible de savoir s'ils rĂ©pondaient bien aux prescriptions, le contrĂŽle des services vĂ©tĂ©rinaires ayant permis finalement de constater qu'il n'y avait pas de problĂšme. Ce n'est certes pas une dĂ©monstration scientifique, mais c'est une photographie montrant, Ă  un instant donnĂ©, sur une Ă©chelle importante, que notre dispositif fonctionne. Vous Ă©voquez le chiffre de 15 000 tonnes d'importations de farines britanniques. Je vous ai dit tout Ă  l'heure Ă  quelles conclusions successives avaient conduit les investigations approfondies auxquelles nous avons procĂ©dĂ©. Et je ne garde plus aujourd'hui d'interrogation que sur les 1 260 tonnes que j'ai Ă©voquĂ©es dans mon propos liminaire. Cette interrogation, je vous l'ai dit, porte sur la dĂ©livrance d'un certificat vĂ©tĂ©rinaire. Aujourd'hui je n'ai pas la preuve que ces certificats ont Ă©tĂ© dĂ©livrĂ©s et nous poursuivons la recherche avec les services locaux de l'agriculture. S'il s'avĂ©rait qu'il n'y a pas eu de certificat pour ces 1 260 tonnes, il est clair qu'il s'agirait lĂ  d'une infraction qui pourrait faire l'objet d'une procĂ©dure. Il faudrait, pour aller au bout de l'analyse, s'assurer en outre que ces 1 260 tonnes ont servi Ă  un usage interdit. M. le Rapporteur Monsieur le directeur gĂ©nĂ©ral, je me contenterai d'ĂȘtre un peu candide et d'observer que selon vous, comme selon tous ceux que nous entendons, tout va trĂšs bien, tous les contrĂŽles sont faits, la sĂ©curitĂ© est assurĂ©e, il n'y a pas de fraude. Je constate donc une distorsion entre le discours que tiennent les responsables et les faits portĂ©s Ă  la connaissance de l'opinion publique, mĂȘme si nous n'en avons pas de preuve. Il suffit de regarder les derniers articles parus dans la presse sur le sujet pour avoir conscience de ce dĂ©calage. En dĂ©finitive, en vous Ă©coutant, je me disais que les contrebandiers sont les meilleurs douaniers. J'ai envie de renverser la proposition et de vous demander si aujourd'hui vous ĂȘtes certain qu'il n'existe aucun moyen de contourner tous les dispositifs qui sont en place. Au-delĂ  de la conviction que vous venez d'exprimer, que vous n'avez aucun Ă©lĂ©ment pour penser qu'Ă  l'exception de quantitĂ©s infimes, pourraient circuler des marchandises qui posent un problĂšme, ĂȘtes-vous vraiment tout Ă  fait sĂ»r et tout Ă  fait tranquille quant Ă  la fiabilitĂ© de nos systĂšmes ? M. Pierre-Mathieu DUHAMEL Tout d'abord sur la tonalitĂ© gĂ©nĂ©rale de mon propos, je me suis efforcĂ© de montrer qu'il subsistait un certain nombre de difficultĂ©s et des marges d'amĂ©lioration, ce qui doit donc vous laisser penser que je ne suis pas pleinement satisfait des capacitĂ©s d'intervention, Ă  la fois juridiques et opĂ©rationnelles dont nous disposons aujourd'hui. Par ailleurs, je ne suis pas en mesure d'affirmer la main sur le coeur qu'il est impossible de contourner nos dispositifs. Si je pouvais le faire, je vous affirmerais aussi qu'il n'entre pas un gramme de stupĂ©fiant sur le territoire français. Or il en entre. C'est bien la dĂ©monstration que des flux frauduleux et criminels peuvent exister. Mais dans le domaine dont nous parlons, nous n'avons pas d'Ă©lĂ©ments qui nous permettent de dĂ©celer les courants de fraude que nous traquons. Si j'avais ces Ă©lĂ©ments, si j'avais un bilan contentieux, si j'avais des fraudeurs, je vous les aurais, si j'ose dire, livrĂ©s dans les mĂȘmes conditions que ce que je suis Ă  mĂȘme de faire sur d'autres sujets. Encore une fois je vous ai dit mon incertitude, qui porte sur 1 %. C'est Ă  la fois peu et beaucoup. C'est de toute façon l'indication quantitative aujourd'hui la meilleure que je peux vous livrer en Ă©tant sĂ»r de ce que je dis. M. Patrick OLLIER Monsieur le directeur gĂ©nĂ©ral, j'ai Ă©tĂ© heureux de prendre connaissance du dispositif que vous avez mis en place pour rĂ©pondre aux exigences des contrĂŽles. Je pense que nous pourrions peut-ĂȘtre rĂ©flĂ©chir sur le plan europĂ©en Ă  un systĂšme de tatouage pour les animaux vivants, pour l'ensemble de l'Europe. Cela rĂ©glerait dĂ©jĂ  un premier problĂšme important car rien ne ressemble plus Ă  un animal venant des pays de l'Est qu'un animal Ă©levĂ© en Europe, pour des douaniers qui n'ont pas reçu une formation sur les races. Je souhaiterais par ailleurs connaĂźtre le dĂ©tail du dispositif mis en place au cours de la pĂ©riode 1990-1993 pour faire assurer le respect du dĂ©cret de 1990 sur l'interdiction des farines animales. Nous avons en effet entendu des bruits concordants qui laissent penser qu'entre 1990 et 1993 il y a eu malheureusement Ă©coulement de stocks anglais sur le territoire national. Nous voudrions savoir si le dispositif de l'Ă©poque suffisait pour Ă©viter ces importations frauduleuses. D'autre part, l'Ă©tiquetage des produits destinĂ©s Ă  l'alimentation animale est-il satisfaisant ? Permet-il Ă  vos services de connaĂźtre trĂšs rapidement leur origine ou faut-il encore l'amĂ©liorer ? Enfin, nous avons Ă©tĂ© Ă©tonnĂ©s d'entendre diffĂ©rentes interprĂ©tations du rapport de M. Galland au sujet des importations venant d'Irlande, Ă  la suite des confusions qui ont Ă©tĂ© faites entre les Ăźles britanniques et l'Irlande dans la provenance de certains produits. Je souhaiterais que vous nous apportiez des prĂ©cisions sur ce point. M. Pierre-Mathieu DUHAMEL Tout d'abord, les douaniers, quelles que soient leurs qualitĂ©s, n'ont pas compĂ©tence pour distinguer les bovins selon leur provenance gĂ©ographique. Il leur appartient d'effectuer les contrĂŽles Ă  la circulation et l'ensemble des opĂ©rations que j'ai dĂ©crites tout Ă  l'heure. Ensuite, ils font intervenir les services vĂ©tĂ©rinaires, qui ont la compĂ©tence juridique et le savoir-faire technique pour rĂ©pondre Ă  la question posĂ©e. Il faut ĂȘtre tout Ă  fait clair sur ce point les douaniers sont totalement mobilisĂ©s dans les conditions que j'ai dites, mais jamais au grand jamais ils ne se substitutent Ă  ceux qui ont la capacitĂ© et le droit de procĂ©der aux constatations. Ce sont toujours les services vĂ©tĂ©rinaires qui dĂ©cident finalement du refoulement ou de l'introduction des marchandises qui ont fait l'objet d' une intervention de la douane. S'agissant de la pĂ©riode 1990-1993, je vous ai indiquĂ© tout Ă  l'heure en quoi elle se distinguait, sur le plan opĂ©rationnel et juridique, de la situation actuelle. Elle se caractĂ©risait par l'existence du processus de dĂ©douanement qui obligeait l'importateur Ă  prĂ©senter, dans les conditions que j'ai rappelĂ©es, sa marchandise et les Ă©lĂ©ments qui l'accompagnaient dans un bureau de douane spĂ©cialisĂ©. L'introduction des animaux vivants et des produits dĂ©rivĂ©s des animaux vivants n'Ă©tait possible que sur un certain nombre de points du territoire et c'est Ă  ce moment, en temps rĂ©el, que s'effectuaient les contrĂŽles. Cela n'a pas conduit Ă  l'Ă©poque Ă  la mise en place d'un dispositif particulier comme ce fut le cas dans la pĂ©riode rĂ©cente. La raison en est que les conditions dans lesquelles s'exerçait alors le contrĂŽle n'Ă©taient pas les mĂȘmes sur le plan opĂ©rationnel dans cette pĂ©riode, le processus de contrĂŽle s'est en quelque sorte coulĂ© dans l'activitĂ© normale de dĂ©douanement intra-communautaire des marchandises. Les deux dispositifs sont donc difficilement comparables dans leur nature et dans leur ampleur. S'agissant de l'Ă©tiquetage, il est tout Ă  fait exact que c'est une des solutions envisageables. Il reste qu'il ne rĂ©sout pas la question de l'intervention en temps rĂ©el puisque nous vivons maintenant avec un systĂšme dĂ©calĂ©, qui ne nous donne plus la possibilitĂ© d'intervenir au moment oĂč cet Ă©tiquetage aurait le plus d'intĂ©rĂȘt en termes de vĂ©rification. En ce qui concerne les indications donnĂ©es par le rapport de M. Galland, ce fut l'objet des vĂ©rifications opĂ©rĂ©es sur les dĂ©clarations d'Ă©changes de biens que j'ai Ă©voquĂ©es que de relever les erreurs. Il peut paraĂźtre un peu Ă©trange que deux entreprises importantes aient pu se tromper en remplissant leurs dĂ©clarations d'Ă©changes de biens dans un sens qui les conduisait Ă  indiquer une origine prohibĂ©e pour les marchandises concernĂ©es. Car c'Ă©tait bien en cela que consistait l'erreur la dĂ©claration indiquait une provenance Royaume-Uni au lieu d'Irlande alors que l'Irlande n'Ă©tait pas prohibĂ©e mais que le Royaume-Uni l'Ă©tait... Il est nĂ©anmoins certain, au vu des factures, des certificats et de l'ensemble des piĂšces, que ces entreprises auraient dĂ» remplir la position tarifaire Irlande ». De telles erreurs sont d'ailleurs sanctionnĂ©es car on considĂšre qu'elles mettent en cause la fiabilitĂ© des chiffres du commerce extĂ©rieur. M. Charles JOSSELIN Monsieur le directeur gĂ©nĂ©ral, dans quelle mesure vos services ont-ils contribuĂ© Ă  l'Ă©laboration du rapport Galland ? Etes-vous en mesure de nous fournir l'Ă©volution des importations de farine de viande de Grande-Bretagne et d'Irlande sur la pĂ©riode 1985 - 1990 ? Ma seconde question se rĂ©fĂšre au conditionnement des farines de viande. Le plus souvent c'est du vrac. Existe-t-il alors une forme d'Ă©tiquetage ? Comment faites-vous pour recouper les informations qui vous permettent finalement de considĂ©rer comme provenant d'Irlande des importations dĂ©clarĂ©es anglaises ? Je voudrais ĂȘtre vraiment sĂ»r que nous avons de bonnes raisons pour parvenir Ă  cette conclusion. TrĂšs concrĂštement comment remontez-vous la filiĂšre pour arriver en Irlande alors qu'on vous a dit qu'une marchandise Ă©tait partie de Grande-Bretagne ? C'est pour l'instant encore pour moi un mystĂšre. Enfin, qu'en est-il de votre intervention aux frontiĂšres extĂ©rieures de la communautĂ© ? Les importations venant de l'extĂ©rieur de l'Union font-elles l'objet d'un contrĂŽle spĂ©cifique ? Si oui, la collaboration entre les diffĂ©rents services concernĂ©s vous paraĂźt-elle satisfaisante ? M. Pierre-Mathieu DUHAMEL Sur le rapport Galland, je vous ai indiquĂ© que nous avions conjointement procĂ©dĂ© Ă  l'analyse des dĂ©clarations d'Ă©changes de biens. C'est ce travail qui a conduit aux chiffres que j'ai mentionnĂ©s et Ă  la mise en Ă©vidence de l'incertitude rĂ©siduelle dont j'ai fait Ă©tat. Il n'y a aucune difficultĂ© statistique Ă  retracer les flux pour la pĂ©riode qui vous intĂ©resse sur la base de la nomenclature que nous utilisons. Je vous ferai donc parvenir un tableau chiffrĂ© faisant apparaĂźtre pays par pays, origine par origine, annĂ©e par annĂ©e, les tonnages que vous souhaitez connaĂźtre. Sur la maniĂšre dont nous avons procĂ©dĂ© pour rectifier l'origine Ă  partir des dĂ©clarations d'Ă©changes de biens nous avons examinĂ© une par une les dĂ©clarations d'Ă©changes de biens ; chaque fois qu'un tonnage figurait comme provenant du Royaume-Uni, nous avons relevĂ© le nom de l'entreprise ; nous avons ensuite pris contact avec l'entreprise en question en lui demandant de communiquer le dossier commercial correspondant aux introductions des marchandises. Et c'est tout simplement au vu du contenu de ce dossier, et notamment de la provenance des factures, que nous sommes parvenus Ă  la conclusion qu'il y avait une erreur, une origine britannique Ă©tant indiquĂ©e alors que la facture avait Ă©tĂ© Ă©mise par un vendeur irlandais. M. Charles JOSSELIN Peut-on imaginer qu'il y ait eu un arrangement anglo-irlandais qui vous aurait Ă©chappĂ© ? En clair, que le fournisseur de farine de viande britannique, mesurant l'inconfort de la situation de son client, fasse le nĂ©cessaire pour que ces farines deviennent irlandaises ? Vos relations avec vos collĂšgues irlandais et britanniques vous permettent-elles de vous en assurer ? M. Pierre-Mathieu DUHAMEL C'est trĂšs exactement l'objet de l'assistance administrative mutuelle internationale que de veiller Ă  de tels recoupements avec les administrations homologues des pays concernĂ©s. Et nous avons effectivement demandĂ© Ă  ces administrations de fournir les Ă©lĂ©ments permettant des recoupements. Mais j'appelle votre attention sur le caractĂšre un peu diffus des contrĂŽles auxquels nous nous sommes livrĂ©s. J'ai prĂ©cisĂ© qu'en termes de tonnage 8 % des erreurs Ă©taient concentrĂ©s dans deux entreprises. Mais nous avons trouvĂ© de petites erreurs dans un trĂšs grand nombre d'entreprises. Il n'est donc pas rĂ©aliste de penser qu'une espĂšce de concertation gĂ©nĂ©ralisĂ©e des importateurs aurait pu conduire Ă  un phĂ©nomĂšne du type de celui que vous dĂ©crivez. Sur le conditionnement des farines, je reviens sur le problĂšme des documents d'accompagnement. Notre capacitĂ© Ă  identifier rapidement une marchandise varie selon sa nature et ses caractĂ©ristiques. Et il est clair que l'aspect physique d'une farine sans autre indication ne permet guĂšre de pousser loin nos investigations. Il faut immĂ©diatement dĂ©clencher une procĂ©dure beaucoup plus lourde. Comme le service de la rĂ©pression des fraudes, nous disposons d'un rĂ©seau de laboratoires sur le territoire. Ces laboratoires effectuent des dizaines de milliers d'analyses chaque annĂ©e puisqu'ils sont confrontĂ©s pour beaucoup d'autres sujets Ă  des problĂšmes similaires. Mais Ă  l'Ă©vidence le flux et le volume du commerce intra-communautaire sont tels que les problĂšmes seraient beaucoup plus faciles Ă  traiter si nous dispositions de cette sĂ©curitĂ© que constitue un document d'accompagnement, qui donne un premier Ă©lĂ©ment de tri. Sur les flux extra-communautaires, nous retrouvons les procĂ©dures et les exigences du dĂ©douanement qui s'appliquaient d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale avant le 1er janvier 1993. Nous sommes donc en mesure, premiĂšrement, de faire coĂŻncider, chaque fois que c'est nĂ©cessaire, flux physiques et contrĂŽles, deuxiĂšmement d'obtenir la production des certificats et l'ensemble des piĂšces attestant que telle ou telle prescription a Ă©tĂ© respectĂ©e. Il va de soi que cela ne nous met pas totalement Ă  l'abri des tentatives de fraude. J'ajoute que le dĂ©douanement opĂ©rĂ© sur un transfert extra-communautaire par un autre Etat membre renvoie Ă  la question de l'homogĂ©nĂ©itĂ© du fonctionnement des administrations douaniĂšres des pays des Etats membres. Mme le PrĂ©sident Je vous remercie, monsieur le Directeur gĂ©nĂ©ral. Audition de MM. Christian BARTHOLUS et Jacques PUJOL, respectivement prĂ©sident et secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la FĂ©dĂ©ration nationale des exploitants d'abattoirs prestataires de services FNEAPS extrait du procĂšs-verbal de la deuxiĂšme sĂ©ance du 4 septembre 1996 PrĂ©sidence de Mme Evelyne GUILHEM, PrĂ©sident Mme le PrĂ©sident Nous accueillons maintenant M. Christian Bartholus, prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration nationale des exploitants d'abattoirs prestataires de services. Pouvez-vous nous prĂ©ciser, monsieur, si votre organisation reprĂ©sente des abattoirs publics et privĂ©s et quelle est votre mission exacte ? M. Christian BARTHOLUS La plupart des adhĂ©rents de la FĂ©dĂ©ration nationale des exploitants d'abattoirs prestataires de services sont ce qu'autrefois nous appelions abattoirs publics. Pour des raisons liĂ©es Ă  la modification du systĂšme des taxes d'usage, nous avons prĂ©fĂ©rĂ© coller » aux rĂ©alitĂ©s de sorte que beaucoup d'abattoirs publics, aujourd'hui, deviennent des abattoirs prestataires de services de statut public ou de statut privĂ©. Je commencerai mon exposĂ© par un rapide inventaire de la situation des abattoirs en France. Aujourd'hui, 380 abattoirs fonctionnent, dont 241 abattoirs publics et 139 abattoirs privĂ©s. Sur ces 139 abattoirs privĂ©s, 20 Ă  25 sont prestataires de services, les autres Ă©tant des abattoirs de type industriel qui travaillent pour le propriĂ©taire de l'outil. Je rappellerai quelques chiffres pour vous expliquer l'importance respective des abattoirs publics et des abattoirs privĂ©s dans le tonnage rĂ©alisĂ© au niveau national. Les abattoirs publics reprĂ©sentent, aujourd'hui, 35 % de tous les abattages effectuĂ©s en France qui se montent Ă  3,6 millions de tonnes, toutes espĂšces d'animaux de boucherie confondues et les abattoirs privĂ©s, 65 %. Huit rĂ©gions se partagent prĂšs de 80 % des abattages. La Bretagne occupe la premiĂšre place pour l'abattage des porcs et des boeufs, puisque s'y trouvent quarante-six abattoirs reprĂ©sentant 35 % du tonnage français rĂ©alisĂ©. Les Pays-de-Loire viennent en deuxiĂšme position avec vingt abattoirs et reprĂ©sentent 14 % du tonnage rĂ©alisĂ©. La rĂ©gion RhĂŽne-Alpes compte quarante-sept abattoirs, l'on y trouve de nombreux Ă©tablissements de petite dimension reprĂ©sentant environ 4,5 % du tonnage. Vient, en dernier, la rĂ©gion du Poitou-Charentes. Au total, 80 % des abattages sont rĂ©alisĂ©s par 221 outils, abattoirs publics ou privĂ©s. Dans les autres rĂ©gions françaises - hormis naturellement la Bretagne et les Pays-de-Loire oĂč ils reprĂ©sentent 14,6 % - les abattoirs publics reprĂ©sentent 56 %. Cela signifie que le tissu des abattoirs publics recouvre bien toute la France, Ă  l'exception des pays de l'Ouest. Il est nĂ©cessaire de le souligner pour comprendre l'importance des abattoirs publics sur le territoire national. Les abattoirs privĂ©s, en Bretagne, reprĂ©sentent, quant Ă  eux, 86 % des abattages. Je vous communiquerai, maintenant, des donnĂ©es par espĂšces. 45 % des gros bovins sont abattus en abattoirs publics et 55 % en abattoirs privĂ©s ; ils reprĂ©sentent environ 1 350 million de tonnes par an. 53 % des veaux sont abattus en abattoirs publics, 47 % en abattoirs privĂ©s. 73 % des moutons sont abattus en abattoirs publics et 27 % en abattoirs privĂ©s. En revanche, 23 % des porcs le sont en abattoirs publics et 77 % en abattoirs privĂ©s. Les Ă©quidĂ©s reprĂ©sentent une proportion vraiment trĂšs faible, puisque les abattages ne s'Ă©lĂšvent qu'Ă  10 000 tonnes sur l'ensemble du territoire. J'en arrive maintenant Ă  la rĂ©partition des abattoirs par taille et par volume traitĂ©. Je prendrai deux exemples extrĂȘmes pour illustrer mon propos. Six abattoirs français rĂ©alisent plus de 100 000 tonnes par an d'abattages et 67 abattoirs que l'on appelle des abattoirs locaux rĂ©gionaux situĂ©s dans des rĂ©gions difficiles d'accĂšs ou rĂ©pondant Ă  des besoins bien spĂ©cifiques en assurent moins de 500 tonnes. En moyenne, 67 abattoirs rĂ©alisent 0,4 % de l'activitĂ© nationale et 313 abattoirs 99, 6 %. Si ce point vous intĂ©resse, je vous fournirai un document sur lequel figurent des statistiques Ă  ce sujet. Les porcs sont tuĂ©s, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, dans des abattoirs privĂ©s. Pour ce qui concerne les gros bovins - je prendrai l'annĂ©e 1994 comme rĂ©fĂ©rence - 333 abattoirs les ont traitĂ©s et 266 d'entre eux se rĂ©partissent 99,5 % de leur abattage. En France, 20 abattoirs seulement sont spĂ©cialisĂ©s en gros bovins et 84 abattoirs sont spĂ©cialisĂ©s ou en activitĂ© dominante gros bovins » et rĂ©alisent 41 % de ces abattages. La situation est semblable pour les veaux. J'insisterai maintenant, puisque c'est l'objet de notre rĂ©union d'aujourd'hui, sur les gros bovins. Depuis le mois de juillet, les abattages de gros bovins, notamment de taureaux et boeufs, ont considĂ©rablement progressĂ©. Cela est essentiellement dĂ» Ă  l'intervention de l'Union europĂ©enne. Au 30 juin, nous enregistrions une progression de l'abattage des vaches de 1,6 %, en comparaison avec 1995, une diminution de 1,4 % pour les boeufs, le taux s'avĂ©rant sensiblement Ă©gal pour les veaux et gĂ©nisses. Cela signifie que le creux important qu'on a connu Ă  partir du 20 mars, faisant suite Ă  la dĂ©claration du ministre britannique de la santĂ© sur l'ESB, a Ă©tĂ© rattrapĂ© le 30 juin. Depuis cette date, la progression s'avĂšre trĂšs significative. M. AndrĂ© ANGOT La crise bovine actuelle est-elle susceptible de remettre en cause l'existence d'un certain nombre d'abattoirs publics en particulier, et de projets concernant la construction d'abattoirs neufs pour des volumes, par exemple, de 10 000 tonnes ? Peut-on, Ă  votre avis, dans la conjoncture actuelle, se poser Ă  nouveau la question de la viabilitĂ© ou non d'un abattoir public ? M. Christian BARTHOLUS Eh bien oui! La profession vient de connaĂźtre une vĂ©ritable catastrophe. Il faut bien savoir que, depuis le mois de mars, elle a en effet rencontrĂ© des problĂšmes dont on ne peut encore mesurer parfaitement les consĂ©quences. Il est certain, Ă  mon avis, que tous les projets en cours doivent ĂȘtre Ă  nouveau Ă©tudiĂ©s, discutĂ©s, voire revus. S'imposent-ils toujours ? Ceci, d'ailleurs, n'est pas uniquement dĂ» Ă  la crise de la vache folle », mais Ă©galement Ă  la maĂźtrise de la production bovine que l'Union europĂ©enne essaie de mettre en place, qui aura essentiellement des consĂ©quences sur les volumes Ă  traiter. On s'oriente donc - c'est tout Ă  fait certain - vers une restructuration du secteur. Mais comment sera-t-elle faite ? Je n'en sais rien. Pour rĂ©pondre plus prĂ©cisĂ©ment Ă  cette question, il faudrait mieux connaĂźtre les consĂ©quences de la crise que nous venons de traverser. Nous ne pourrons donc, en consĂ©quence, nous prononcer qu'au mois d'octobre. Nous devons, ainsi, veiller Ă  deux points essentiels d'une part, les consĂ©quences directes de l'ESB sur le travail dans les abattoirs et, d'autre part, la maĂźtrise de la production telle que veulent la mettre en place les responsables de l'Union europĂ©enne. M. RenĂ© BEAUMONT J'ai eu rĂ©cemment connaissance d'un fait, citĂ© d'ailleurs dans la presse. Cela s'est passĂ© dans l'abattoir d'Autun, ville de mon dĂ©partement. Des animaux y sont entrĂ©s et ont Ă©tĂ© abattus sans certificat sanitaire, ou, pour certains, avec des certificats sanitaires falsifiĂ©s et sans les oreilles. Ma question est donc la suivante qui est responsable de l'entrĂ©e d'un animal dans un abattoir, de son suivi et du document produit Ă  la sortie ? M. Christian BARTHOLUS DĂšs la rĂ©ception de l'animal, lorsqu'il s'agit d'un abattoir public ou prestataire de services, l'exploitant de l'abattoir est le responsable. Il doit s'assurer, comme l'indique la loi, de l'existence des documents d'accompagnement. L'animal doit ĂȘtre parfaitement identifiĂ©. Je vous rappelle Ă  ce sujet que les services vĂ©tĂ©rinaires sont en permanence prĂ©sents dans de tels Ă©tablissements, afin de contrĂŽler ces opĂ©rations. Si ce n'est pas le cas, les animaux sont consignĂ©s sur pied ou aprĂšs l'abattage, et les vĂ©tĂ©rinaires prennent les mesures qui conviennent. M. RenĂ© BEAUMONT Je vous ai posĂ© une question prĂ©cise qui est responsable ? Vous ou les services vĂ©tĂ©rinaires ? M. Christian BARTHOLUS L'exploitant de l'abattoir doit pouvoir apporter la preuve que les animaux ont Ă©tĂ© introduits avec les documents nĂ©cessaires. M. RenĂ© BEAUMONT Je vous poserai une question annexe. J'en connais la rĂ©ponse, mais je pense qu'il est important de vous l'entendre prĂ©ciser ici. Qu'entend-on par exploitant de l'abattoir » ? M. Christian BARTHOLUS Pour les abattoirs publics ou prestataires de services, il s'agit de la sociĂ©tĂ© d'exploitation, donc, soit la concession, soit la sociĂ©tĂ© fermiĂšre, soit la rĂ©gie municipale. M. RenĂ© BEAUMONT Les abattoirs en rĂ©gie directe sont relativement rares. Pouvez-vous nous prĂ©ciser par qui est gĂ©nĂ©ralement dĂ©tenu le capital des sociĂ©tĂ©s d'exploitation ? M. Christian BARTHOLUS En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, on retrouve dans le capital des sociĂ©tĂ©s d'exploitation des abatteurs, des chevillards, parfois des chambres consulaires, la chambre d'agriculture et des producteurs, notamment par le biais d'associations ou de groupements. Cela rĂ©pond Ă  l'esprit de la loi de 1965 sur la modernisation du marchĂ© de la viande. M. RenĂ© BEAUMONT Il est donc trĂšs important de noter que, sauf pour les rĂ©gies qui sont relativement rares, les sociĂ©tĂ©s d'exploitants d'abattoirs publics ou privĂ©s se composent de membres partenaires de la filiĂšre. M. Christian BARTHOLUS On ne peut pas le nier. C'Ă©tait ce que recherchait le lĂ©gislateur lorsqu'a Ă©tĂ© adoptĂ©e la loi de 1965. M. Jacques PUJOL Je ne comprends pas trĂšs bien comment vous pouvez affirmer que les rĂ©gies directes sont trĂšs rares. Nous ne disposons malheureusement pas de statistiques trĂšs prĂ©cises Ă  ce sujet, mais on peut Ă©valuer, sur les 250 abattoirs publics en France, Ă  environ la moitiĂ© le nombre d'abattoirs exploitĂ©s par les rĂ©gies municipales Ă  autonomie financiĂšre ou Ă  personnalitĂ© civile. M. RenĂ© BEAUMONT La moitiĂ© en nombre. Mais ce sont bien les plus petits, n'est-ce pas ? M. Jacques PUJOL L'exploitation en rĂ©gie s'adresse en effet davantage aux petits abattoirs, contrairement aux sociĂ©tĂ©s fermiĂšres qui concernent les plus importants. Toutefois, les rĂ©gies sont en nombre Ă  peu prĂšs Ă©quivalent. Par ailleurs, il est en gĂ©nĂ©ral vrai que les sociĂ©tĂ©s fermiĂšres sont contrĂŽlĂ©es par les abatteurs. Il n'empĂȘche les exploitants d'abattoirs, que ce soit sous la forme de la rĂ©gie ou de la sociĂ©tĂ© fermiĂšre, sont soumis Ă  vingt-sept autoritĂ©s de tutelle qui, Ă  un moment ou Ă  un autre, exercent des contrĂŽles sur l'abattage. La marge de manoeuvre dont nous disposons pour interprĂ©ter la rĂ©glementation est relativement Ă©troite. M. RenĂ© BEAUMONT Qu'en est-il Ă  l'entrĂ©e et Ă  la sortie de l'abattoir ? Je vous prĂ©cise que je suis moi-mĂȘme vĂ©tĂ©rinaire et que j'ai travaillĂ© dans un abattoir pendant dix ans. Le contrĂŽle existe, certes, mais compte tenu de l'enjeu que reprĂ©sente la santĂ© humaine, il serait souhaitable que les partenaires directs de la filiĂšre ne soient pas Ă  la fois les contrĂŽleurs et les utilisateurs. Les services de l'Etat, en la matiĂšre, devraient opĂ©rer un vĂ©ritable contrĂŽle, et avoir une vraie responsabilitĂ©. M. Christian BARTHOLUS Si vous pouvez faire admettre que les contrĂŽles relĂšvent de la compĂ©tence des services de l'Etat, ce sera tout Ă  fait bien. Nous ne rencontrerions plus de situations aussi ambiguĂ«s. En effet, que faire des animaux en situation irrĂ©guliĂšre ? Les vĂ©tĂ©rinaires interdisent leur abattage, faute de documents. La loi prĂ©cise, de son cĂŽtĂ©, qu'un animal ne peut ressortir vivant d'un abattoir. Les services vĂ©tĂ©rinaires sont en permanence prĂ©sents dans nos outils, sauf si leur faible importance ne le nĂ©cessite pas. Cela ne se passe pas trop mal et je peux vous affirmer que, depuis maintenant six mois, les animaux sont bien accompagnĂ©s de leurs certificats. Il est vrai qu'il existe sĂ»rement des diffĂ©rences d'une rĂ©gion Ă  une autre. Je connais bien ma rĂ©gion de l'Est de la France. Je peux vous affirmer - peut-ĂȘtre faisons-nous preuve de plus de discipline - que dans l'abattoir dont j'ai la responsabilitĂ©, aucun animal - 30 000 tonnes ont Ă©tĂ© abattues cette annĂ©e - n'a Ă©tĂ© tuĂ© sans document. C'est ainsi. Les choses, je le pense, sont bien faites. Il est vrai que le capital des sociĂ©tĂ©s d'exploitation est constituĂ© - le lĂ©gislateur nous l'avait Ă  l'Ă©poque imposĂ© - par les sociĂ©tĂ©s d'abattage. Je rĂ©pĂšte, toutefois, qu'elles ne sont pas les seules, les producteurs organisĂ©s figurent aussi trĂšs souvent dans le capital, aux cĂŽtĂ©s Ă©galement de chambres consulaires, telle que la chambre d'agriculture ou autre. M. RenĂ© BEAUMONT Je prendrai deux exemples que je tire de mon expĂ©rience professionnelle. Il est important que la commission sache que le prĂ©posĂ©-vĂ©tĂ©rinaire ou le vĂ©tĂ©rinaire intervient sur la chaĂźne, alors que l'animal a dĂ©jĂ  pĂ©nĂ©trĂ© dans l'abattoir, qu'il est tuĂ© et Ă©viscĂ©rĂ©. M. Christian BARTHOLUS Cela ne se passe pas ainsi partout! L'inspection vĂ©tĂ©rinaire ante mortem est obligatoire. Les vĂ©tĂ©rinaires, me semble-t-il, assistent au dĂ©chargement. Peut-ĂȘtre en va-t-il diffĂ©remment dans d'autres rĂ©gions. Toutefois, la loi est la mĂȘme pour tout le monde, que ce soit au niveau de l'Union europĂ©enne, ou de la France. Cette inspection est faite Ă  partir de l'anesthĂ©sie, accompagnĂ©e d'une inspection systĂ©matique des abats et de la carcasse. M. RenĂ© BEAUMONT Puisque vous ne semblez pas me croire, je vous prĂ©ciserai ce dont la presse s'est fait l'Ă©cho, il y a trois semaines. Cela se passait Ă  l'abattoir d'Autun. Onze animaux sont arrivĂ©s dans un camion et ont Ă©tĂ© abattus. Sur ces onze animaux, un seul Ă©tait totalement en rĂšgle, neuf Ă©taient dĂ©pourvus de tout document d'accompagnement, quant au dixiĂšme, la situation Ă©tait pire, son document Ă©tait totalement falsifiĂ© ! De plus, ce dernier animal avait Ă©tĂ© importĂ© de Belgique moins de huit jours plus tĂŽt et allait ressortir de l'abattoir avec une Ă©tiquette viande bovine française ». Heureusement, un vigilant employĂ© de l'abattoir, fils d'Ă©leveur charolais du secteur, a alertĂ© les agriculteurs et les Ă©leveurs. Je suis en accord avec M. le Rapporteur et un de mes collĂšgues pour reconnaĂźtre Ă©galement qu'Ă  force d'entendre des intervenants divers, on a le sentiment que tout est parfait et que tout est merveilleux dans ce pays. On ne comprend mĂȘme pas pourquoi on se pose encore des questions. Or elles existent. Vous savez trĂšs bien que le contrĂŽle ante mortem effectuĂ© par un vĂ©tĂ©rinaire a lieu Ă  peu prĂšs une fois sur dix, quand le vĂ©tĂ©rinaire est disponible et que l'organisation de l'abattoir le permet. J'ai Ă©tĂ© personnellement inspecteur pendant dix ans dans un abattoir rĂ©alisant l'abattage de 35 000 tonnes de bovins. L'inspection ante mortem y Ă©tait quasiment impossible dans la mesure oĂč les animaux arrivaient gĂ©nĂ©ralement Ă  quatre heures du matin et qu'Ă  cinq heures, ils se trouvaient sur la chaĂźne d'abattage. Sauf Ă  prĂ©voir un vĂ©tĂ©rinaire derriĂšre tous les camions et, parallĂšlement un autre sur la chaĂźne, je ne vois pas comment on pouvait parfaitement contrĂŽler les deux phases. Il est toutefois vrai que les textes le prĂ©voient. Le vĂ©ritable problĂšme dont j'aimerais qu'on ait ici pleinement conscience c'est que, si la responsabilitĂ© du contrĂŽle appartient, certes, Ă  l'Etat, il lui incombe Ă©galement, ainsi qu'aux services vĂ©tĂ©rinaires officiels - que les abattoirs soient publics ou privĂ©s - d'assurer la surveillance de l'entrĂ©e et de la sortie. Cela moraliserait les choses, croyez moi ! M. Christian BARTHOLUS Je n'ai pas de commentaires Ă  ajouter. Je rappellerai simplement que l'abattoir d'Autun rĂ©alise moins de 500 tonnes par an... M. RenĂ© BEAUMONT Tout Ă  fait ! M. Christian BARTHOLUS Vingt bĂȘtes y sont envoyĂ©es pas semaine et encore. Il s'agit davantage d'une tuerie - excusez-moi de porter un tel jugement - qui devrait ĂȘtre fermĂ©e depuis plus de dix ans. Il y en a trĂšs peu de cette sorte dans notre pays. Je ne gĂ©nĂ©ralise pas, mais je tente d'expliquer ce que devrait ĂȘtre, en principe, la situation en France. Qu'il existe des exceptions est tout Ă  fait possible. Des gens peuvent tricher et accomplir plus ou moins correctement leur tĂąche. Je ne peux parler que de ce que je connais. C'est pourquoi, je peux affirmer que, globalement, et essentiellement depuis le dĂ©but de la crise de la vache folle », les services vĂ©tĂ©rinaires sont devenus extrĂȘmement stricts. Je suis convaincu que cela se passe partout ainsi dans le pays. Il y aura toujours des exceptions, mais je suis certain qu'aujourd'hui, le travail est rĂ©alisĂ© tout Ă  fait convenablement. Quant Ă  l'inspection ante mortem, il ne s'agit pas de prendre la tempĂ©rature des animaux, mais simplement de les examiner vivants, pour voir s'il n'y a pas - vous ĂȘtes vĂ©tĂ©rinaire, vous le savez mieux que moi - de problĂšmes particuliers qui ne pourraient pas ĂȘtre dĂ©tectĂ©s aprĂšs l'abattage. Ainsi l'inspection ante mortem se faisait autrefois pour les chevaux susceptibles d'ĂȘtre atteints de tĂ©tanos, affection indĂ©celable aprĂšs la mort. Mais, vous le savez, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, dans les abattoirs d'une certaine importance, voire mĂȘme les petits, le travail est trĂšs bien accompli. MĂȘme s'il n'y a pas un docteur vĂ©tĂ©rinaire en permanence, des techniciens des services vĂ©tĂ©rinaires - collaborateurs des vĂ©tĂ©rinaires - formĂ©s par un centre spĂ©cialisĂ© ont toutes les compĂ©tences nĂ©cessaires. Je crois que la santĂ© des consommateurs en France est bien protĂ©gĂ©e par l'inspection des viandes dans les abattoirs. M. RenĂ© BEAUMONT Sur la formation des prĂ©posĂ©s sanitaires, vous prĂȘchez un convaincu, d'autant plus que j'ai Ă©tĂ© l'un des premiers enseignants du centre de formation de Corbas. Je ne peux pas dire que la formation est mal faite, lĂ  n'est pas le problĂšme et pour la formation des vĂ©tĂ©rinaires encore moins. Je parle du problĂšme de responsabilitĂ©. C'est l'un des rares domaines, touchant Ă  la santĂ© oĂč des personnes financiĂšrement intĂ©ressĂ©es au produit sont Ă  la fois responsables et clients. Finalement le contrĂŽle vĂ©tĂ©rinaire ne peut pas, dans les conditions actuelles, s'exercer de maniĂšre parfaitement vigilante. Je suis sĂ»r que l'exemple d'Autun, dont la presse s'est fait l'Ă©cho largement, n'est pas le seul cas. D'autres problĂšmes existent dans notre dispositif aujourd'hui - ce qui n'Ă©tait pas le cas voilĂ  une dizaine d'annĂ©es - un certain nombre d'animaux se promĂšnent sur les routes sans aucun document. Dans mon dĂ©partement les Ă©leveurs sont assez vigilants, ils font des contrĂŽles inopinĂ©s. En un mois ils ont trouvĂ© trente-cinq animaux sans aucun certificat d'identification. Ce ne sont d'ailleurs pas des animaux du dĂ©partement, ils Ă©taient en transit. C'est inadmissible. Ce sont des carences qu'il ne faut pas avoir peur de dĂ©noncer. Si tout le monde vient nous dire ici que tout va bien dans le meilleur des mondes, on se demande pourquoi la commission existe ! Nous avons absolument besoin de connaĂźtre tous les dysfonctionnements et toutes leurs causes pour y apporter des remĂšdes. M. Christian BARTHOLUS Je n'ai jamais dit que tout allait bien en France en matiĂšre d'abattage. J'ai dit, d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, que les rĂšglements sont bien faits et que, dans l'ensemble, ils sont trĂšs bien appliquĂ©s. Des exceptions, vous venez d'en citer, l'abattoir d'Autun. C'est lĂ  que les services doivent effectuer un contrĂŽle plus rigoureux. Peut-ĂȘtre n'ont-ils pas assez de moyens ? Mais tel n'est pas mon propos. Vous m'avez posĂ© la question de savoir qui est responsable. Je vous ai rĂ©pondu, la loi aujourd'hui responsabilise l'exploitant de l'abattoir, c'est tout. M. RenĂ© BEAUMONT C'est un point important. M. Christian BARTHOLUS Ce n'est pas nous qui avons fait la loi, c'est vous, les dĂ©putĂ©s. M. RenĂ© BEAUMONT Tout Ă  fait ! M. le Rapporteur Monsieur le prĂ©sident, je n'ai pas la prĂ©tention de connaĂźtre dans le dĂ©tail le fonctionnement des abattoirs. Je vous ai Ă©coutĂ© avec beaucoup d'intĂ©rĂȘt. Je voudrais vous poser quelques questions Ă  propos du document que vous avez eu l'amabilitĂ© de nous distribuer. Il en ressort que pendant le premier semestre 1996, comparĂ© aux six premiers mois de l'annĂ©e antĂ©rieure, l'activitĂ© globale est sensiblement stable vaches + 1,6 %, boeufs - 1,4 %, jeunes bovins, + 0,7%. Un peu plus loin figure un courrier, signĂ© de vous, datĂ© du 12 avril Notre prĂ©occupation demeure toutefois trĂšs grande en ce qui concerne la baisse de l'abattage des gros bovins et des veaux ». Comment expliquez-vous le hiatus entre les chiffres que j'ai Ă©voquĂ©s et la baisse de l'abattage que vous mentionnez dans ce courrier ? Par ailleurs, pouvez-vous me confirmer que si le taux d'abattage reste stable, eu Ă©gard Ă  la baisse connue de la consommation, cela augmente la quantitĂ© des stocks ? Vous vous trouvez, au milieu d'une chaĂźne, Ă  assumer de par la loi une responsabilitĂ© sans pour autant pouvoir maĂźtriser l'amont correctement. FrappĂ©s de plein fouet par la crise, vous proposez un certain nombre de mesures, essentiellement d'ordre social, qui sont nĂ©cessaires, mĂȘme indispensables rĂ©activation de certaines mesures sociales, mesures fiscales et financiĂšres complĂ©mentaires. Mais je n'ai pas le sentiment - toutefois, je n'ai fait que parcourir ce document - que vous ayez vraiment tentĂ© de mettre le doigt sur les failles de l'Ă©tape abattoir » et d'identifier trĂšs clairement ce qui n'y fonctionne pas correctement afin d'y porter remĂšde. D'ailleurs, vous avez dit, au dĂ©tour d'une phrase depuis, ça a changĂ© ». J'ai donc l'impression qu'une prise de conscience s'est faite, qui vous a amenĂ©s maintenant, depuis cette crise, Ă  modifier des procĂ©dures et des mĂ©thodes qui probablement avaient fait l'objet de quelque relĂąchement. C'est sur ces points que je souhaiterais vous entendre, surtout sur la situation entre 1989 et 1992. M. Christian BARTHOLUS La rĂ©ponse Ă  votre premiĂšre question est trĂšs simple. Le courrier dont vous faites Ă©tat est datĂ© du 12 avril. Je vous rappelle que l'annonce du ministre britannique de la santĂ© sur l'ESB a eu lieu le 20 mars. Du 20 mars jusqu'Ă  la fin avril, on n'abattait plus rien. C'Ă©tait fini, terminĂ©. Les abattoirs ne fonctionnaient presque plus. Ensuite c'est reparti, on a mis en place l'intervention, de sorte qu'effectivement, fin juin nous avions rattrapĂ© le tonnage perdu pendant cette pĂ©riode. Il se situait au niveau de 1995 pour le premier semestre, avec 1 % de plus pour les vaches et un taux sensiblement Ă©gal pour les taureaux. Depuis cette date nous progressons en abattage. Cela est dĂ» exclusivement Ă  l'intervention rĂ©alisĂ©e au niveau de l'Union europĂ©enne sur les jeunes bovins et les boeufs, qui se traduit par une augmentation des stocks. Sur le deuxiĂšme point, j'ai dit, c'est vrai, que nous faisons maintenant davantage attention aux documents d'accompagnement des bovins -les DAB. Les services vĂ©tĂ©rinaires ont mis une pression accrue et une modification de la rĂ©glementation est intervenue en 1995 qui a bien prĂ©cisĂ© les choses. C'est Ă  ce moment qu'a Ă©tĂ© introduite la notion de responsabilitĂ© de l'exploitant d'abattoir, que l'on nous a dit qu'il n'appartenait pas aux services vĂ©tĂ©rinaires de vĂ©rifier si les papiers accompagnaient bien les animaux. Aujourd'hui, c'est l'exploitant de l'abattoir qui est tenu de vĂ©rifier et qui se fera contrĂŽler Ă©ventuellement par les services vĂ©tĂ©rinaires. Notre fĂ©dĂ©ration s'Ă©tait Ă©levĂ©e contre cette disposition qui nous donnait un travail supplĂ©mentaire. En outre, nous n'avons pas de moyens pour refouler les animaux, car nous sommes dans un systĂšme dans lequel tout animal qui entre vivant dans un abattoir ne peut plus en ressortir. Nous ne pouvons donc mĂȘme pas refuser les animaux une fois dĂ©chargĂ©s, parce qu'il faut bien les dĂ©charger pour vĂ©rifier que la boucle auriculaire correspond au document d'accompagnement ! Comment voulez-vous faire autrement ? M. Yves VAN HAECKE Est-ce que cela ne pourrait pas ĂȘtre fait au moment du chargement ? M. Christian BARTHOLUS Cela ne relĂšve pas de nous mais du transporteur. Nous recevons les animaux quand ils sont dans la cour de l'abattoir. Les transporteurs viennent de droite, de gauche, ils nous les dĂ©posent sur le quai, ils nous apportent une pile de documents. AprĂšs il faut prendre ces documents un par un et vĂ©rifier la boucle. Et si un ne correspond pas, qu'est-ce qu'on fait ? Il est exact que la prise de conscience est plus forte qu'auparavant, mais c'est ainsi que la rĂ©glementation a Ă©voluĂ© depuis un an Ă  peu prĂšs. Dans certains dĂ©partements, dans certaines rĂ©gions, c'Ă©tait dĂ©jĂ  bien mis en place. Dans d'autres cela avait un peu plus de mal Ă  se faire. Certaines difficultĂ©s ont pu se produire quand la crise de l'ESB est arrivĂ©e, dans les rĂ©gions qui avaient pris du retard pour la mise en place de cette rĂ©glementation. Mais dans des rĂ©gions comme les nĂŽtres, dans les gros abattoirs oĂč le service vĂ©tĂ©rinaire est prĂ©sent en permanence, croyez-moi nous Ă©tions prĂȘts, pratiquement prĂȘts. M. le Rapporteur Cela veut dire qu'a posteriori vous pouvez dire qu'il y avait auparavant des risques de laisser Ă©chapper des animaux sans contrĂŽle suffisant. Est-ce exact ? M. Christian BARTHOLUS GĂ©nĂ©raliser, c'est toujours difficile. Ce que je peux dire, c'est que depuis un an la rĂ©glementation a Ă©voluĂ©, elle a donnĂ© la responsabilitĂ© aux exploitants d'abattoirs, il fallait un dĂ©lai de mise en route. C'est vrai que cela s'est gĂ©nĂ©ralisĂ© plus rapidement du fait de cette Ă©pidĂ©mie d'ESB car il fallait absolument assurer une traçabilitĂ© » pour connaĂźtre l'origine des animaux. M. Yves VAN HAECKE Je suis particuliĂšrement intĂ©ressĂ© par ce problĂšme du contrĂŽle, puisque l'opĂ©rateur qu'Ă©voquait M. Beaumont est de ma circonscription. Évidemment des questions se posent sur la portĂ©e des contrĂŽles et sur le rĂŽle de la justice dans ce domaine. Je voudrais revenir sur les chiffres d'abattage depuis le dĂ©but de la crise. Par rapport aux abattoirs privĂ©s, hormis l'intervention, y-a-t-il une diffĂ©rence qui tienne Ă  la nature de l'abattoir ? Les abattoirs publics - excusez-moi de les appeler comme cela - n'ont-ils pas mieux maintenu leurs tonnages ? Dans quelle mesure, si cette hypothĂšse est exacte, cela pourrait-il tenir au fait que les abattoirs privĂ©s sont davantage impliquĂ©s dans les chaĂźnes de production d'Ă©levage intensif et que la baisse de consommation a Ă©tĂ© beaucoup plus forte pour les jeunes bovins Ă  engraisser ? Par ailleurs, dans quelle mesure les abattoirs sont-ils impliquĂ©s dans le cahier des charges du logo Viande bovine française » ? Enregistre-t-on des diffĂ©rences selon les rĂ©gions et selon la dimension des abattoirs ? Dans quelle mesure ĂȘtes-vous partie prenante dans les rĂ©flexions sur l'amĂ©lioration de l'Ă©tiquetage ? M. Christian BARTHOLUS Qui est responsable des animaux transportĂ©s puis introduits Ă  l'abattoir, lorsque le document n'est pas bon ? Tout le monde l'agriculteur qui a laissĂ© charger son animal sans donner les documents ; le transporteur qui a acceptĂ© de transporter l'animal sans vĂ©rifier que les documents correspondent bien ; si les animaux passent par un marchĂ© aux bestiaux, le marchĂ© aussi est responsable puisqu'il doit s'assurer qu'ils sont bien accompagnĂ©s du document ; l'abattoir, enfin, est responsable, mais parfois mis devant le fait accompli, quand les animaux sont sur son quai et que le camion repart. VoilĂ  la responsabilitĂ© aujourd'hui. Effectivement, le dernier maillon avant le sacrifice de l'animal, c'est bien l'exploitant de l'abattoir et c'est sur lui qu'on va tomber. Mais lui pourrait se retourner contre d'autres car tout le monde est responsable. M. Jacques PUJOL C'est un dĂ©cret de 1994 sur le contrĂŽle des documents sanitaires qui Ă©tablit la responsabilitĂ© de chaque opĂ©rateur dĂ©tenteur de l'animal Ă  quelque stade qu'il soit. Logiquement, si un certain nombre de responsabilitĂ©s Ă©taient exercĂ©es en amont, un animal ne devrait pas pouvoir arriver dans un abattoir sans son numĂ©ro. L'Ă©leveur, le transporteur, le marchĂ© aux bestiaux et en dernier ressort l'abattoir sont responsables de l'identification de l'animal. La responsabilitĂ© est partagĂ©e entre tous les opĂ©rateurs qui, Ă  un moment ou Ă  un autre, dĂ©tiennent l'animal. En termes de responsabilitĂ©, c'est clair. Mais in fine, aprĂšs contrĂŽle, les documents sont remis aux services vĂ©tĂ©rinaires qui, aprĂšs traitement, les renvoient Ă  l'Ă©tablissement dĂ©partemental de l'Ă©levage qui les a Ă©tablis. La boucle est ainsi bouclĂ©e. M. Christian BARTHOLUS Les abattoirs publics ont-ils travaillĂ© davantage que les abattoirs privĂ©s ? Il faut tenir compte des opĂ©rations d'achat public. Je vous rappelle que les achats publics n'ont portĂ© que sur les jeunes bovins et sur les boeufs. En France, il s'agit essentiellement des jeunes bovins parce qu'on fait trĂšs peu de boeufs. Les abattoirs publics comme les abattoirs privĂ©s ont fait des opĂ©rations d'achat public. Tant que l'intervention n'avait pas repris, les abattoirs, publics ou privĂ©s, qui Ă©taient spĂ©cialisĂ©s dans l'abattage des jeunes bovins destinĂ©s Ă  des marchĂ©s d'exportation tels que l'Italie, le Portugal, l'Espagne et aussi les pays tiers, notamment les pays du Maghreb, l'Égypte, l'Irak, l'Iran, Ă©taient pratiquement en arrĂȘt d'activitĂ© complet. Depuis, ces abattoirs ont bien repris leur activitĂ© et sont mĂȘme en avance par rapport Ă  l'annĂ©e derniĂšre puisqu'ils travaillent Ă  fond pour l'intervention. C'est tout Ă  fait clair. Les abattoirs publics n'ont-ils pas trop souffert de la crise ? Cela dĂ©pend de leurs clients. Non si leur clientĂšle est plutĂŽt constituĂ©e d'artisans bouchers car il semblerait que ceux-ci ne tirent pas trop mal leur Ă©pingle du jeu, les consommateurs leur ayant conservĂ© leur confiance. Les abattoirs de consommation situĂ©s dans les zones urbaines ou Ă  proximitĂ©, lĂ  oĂč le tissu d'artisans traditionnels est encore important, travaillent Ă  peu prĂšs convenablement. Par contre, il est sĂ»r que d'autres ont vu leur activitĂ© dĂ©croĂźtre. Mais dans l'ensemble, Ă  ce jour, les abattoirs ont bien travaillĂ©. Vous avez posĂ© une question importante sur VBF et sur la traçabilitĂ©. Tous nos abattoirs prennent VBF quand leurs clients le demandent. Je vous rappelle que nous sommes des prestataires de services. Nos clients paient un service et nous nous inscrivons dans cette dĂ©marche. Il faut savoir que VBF est une dĂ©marche non pas de l'abattoir, mais plutĂŽt de l'abatteur qui dĂ©cide de mettre en place ce logo. VBF est une marque collective qui appartient Ă  l'interprofession. Avec cette marque, elle a la volontĂ© d'assurer une traçabilitĂ© parfaite en s'inscrivant dans un schĂ©ma de certification. C'est trĂšs important. Cette situation est en train d'Ă©voluer dans ce sens et la certification ira beaucoup plus loin. Toutes les garanties seront apportĂ©es de la fourche Ă  la fourchette. Par contre, la rĂ©gion Ă  laquelle j'appartiens a dĂ©jĂ  fait cette dĂ©marche voilĂ  quatre ou cinq ans avec Lorraine QualitĂ© Viande », qui a Ă©tĂ© la premiĂšre viande certifiĂ©e française. Elle apporte effectivement toutes les garanties de la fourche Ă  la fourchette. Un organisme extĂ©rieur opĂšre, de façon ponctuelle, des contrĂŽles Ă  partir de l'Ă©leveur, qui doit respecter un cahier des charges, jusqu'au distributeur. Il peut prendre des sanctions si quelqu'un triche. Le service de la rĂ©pression des fraudes peut aussi intervenir. Cette initiative rĂ©gionale s'est aujourd'hui multipliĂ©e. Elle existe dans le Limousin et en Normandie. Surtout, ce qui est trĂšs important, c'est que VBF assure Ă©galement la traçabilitĂ© dans un schĂ©ma de certification. Ainsi nous apporterons le maximum de garanties aux consommateurs. M. Charles JOSSELIN Le dĂ©bat qui a eu lieu tout Ă  l'heure met en Ă©vidence la responsabilitĂ© des services de l'Etat. Lorsque nous devrons, dans quelques semaines, voter la loi de finances, la question des moyens vĂ©tĂ©rinaires de l'Etat sera d'une actualitĂ© un peu particuliĂšre. Les Ă©lus risquent alors d'ĂȘtre menacĂ©s de schizophrĂ©nie s'ils doivent, dans le mĂȘme temps, voter un budget qui ne donne pas des moyens supplĂ©mentaires Ă  l'Etat et dĂ©fendre l'existence d'abattoirs qui seront Ă©videmment remis en cause pour mieux assurer la responsabilitĂ© de l'Etat avec des moyens trop limitĂ©s. Mme le PrĂ©sident Nous recevrons trĂšs prochainement les vĂ©tĂ©rinaires-inspecteurs. Ils pourront vous dire ce qu'ils attendent. M. Charles JOSSELIN TrĂšs bien. Mes questions concernent Ă  nouveau l'Ă©quarrissage. Les sociĂ©tĂ©s d'Ă©quarrissage traversent une passe trĂšs difficile. Un audit a Ă©tĂ© Ă  nouveau demandĂ© pour apprĂ©cier leur situation Ă©conomique Ă  la lumiĂšre des Ă©vĂ©nements rĂ©cents. VoilĂ  quelques annĂ©es dĂ©jĂ , les sociĂ©tĂ©s d'Ă©quarrissage avaient fait valoir que les abattoirs les privaient de la partie la plus rentable de leur activitĂ© et elles en avaient d'ailleurs tirĂ© argument pour demander une participation financiĂšre aux collectivitĂ©s publiques. Êtes-vous associĂ©s Ă  l'audit sur la situation Ă©conomique des sociĂ©tĂ©s d'Ă©quarrissage, puisque vous ĂȘtes leurs fournisseurs pour 40 % et qu'actuellement il semble que seuls vos produits ont encore une valeur marchande, et encore pas tous, et dans des conditions particuliĂšres ? Dans l'hypothĂšse oĂč il faudrait faire participer les professionnels au coĂ»t de l'Ă©quarrissage et particuliĂšrement Ă  l'enlĂšvement des bovins, sans prĂ©juger de la part respective incombant aux professionnels et Ă  la puissance publique, est-ce au niveau de l'abattoir que doit intervenir la taxation, par exemple sous la forme par exemple de complĂ©ment de taxes dĂ©jĂ  prĂ©levĂ©es ? L'abattoir est-il selon vous le bon endroit pour mutualiser, en quelque sorte, le risque entre Ă©leveurs ? M. Christian BARTHOLUS En ce qui concerne l'Ă©quarrissage, nous sommes effectivement associĂ©s avec le ministĂšre de l'agriculture aux Ă©tudes et rĂ©flexions en cours. Je voudrais, avant d'aller plus loin, rappeler certains Ă©lĂ©ments importants concernant l'Ă©quarrissage, au niveau des abattoirs bien entendu. Vous savez que l'Etat français a pris la dĂ©cision de retirer de la consommation les viscĂšres, donc l'intĂ©gralitĂ© des intestins, des gros bovins nĂ©s avant juillet 1991, les viscĂšres des animaux de plus d'un an, l'encĂ©phale, la moelle Ă©piniĂšre, les produits dits Ă  risque. C'est une mesure franco-française. Elle n'existe pas au niveau de l'Union europĂ©enne. C'est la mĂȘme chose pour les cadavres. Aujourd'hui, dans toute l'Union europĂ©enne, les cadavres continuent d'ĂȘtre traitĂ©s dans les farines de viande, il faut le savoir. Cela crĂ©e un prĂ©judice au niveau des abattoirs. Ces produits-lĂ  doivent ĂȘtre sĂ©parĂ©s, il faut donc du personnel spĂ©cialisĂ©. De plus, ces produits n'apportent plus aucun profit ; autrefois nous arrivions Ă  les nĂ©gocier, nous faisions du boyau alimentaire, de la corde de tennis, notamment. Nous ne pouvons plus le faire. Enfin, cela pose un problĂšme au niveau de notre compte d'exploitation puisque c'Ă©taient justement les vaches de rĂ©forme qui apportaient le plus long mĂ©trage de boyaux de gros calibres. Nous enregistrons donc une perte importante au niveau de la valorisation de ces produits, une charge supplĂ©mentaire induite par la sĂ©paration qu'il faut faire entre les autres produits et les dĂ©chets. Enfin, les Ă©quarrisseurs exigent aujourd'hui d'ĂȘtre payĂ©s pour dĂ©truire ces produits, c'est-Ă -dire d'abord pour les transformer en farine grossiĂšre et ensuite pour les incinĂ©rer afin de supprimer tout problĂšme. Notre fĂ©dĂ©ration, rejoignant en cela les autres fĂ©dĂ©rations de la coopĂ©ration ou du commerce privĂ©, estime qu'il ne nous revient pas de supporter ces charges supplĂ©mentaires. C'est une dĂ©cision que l'Etat a prise. Je ne discute pas de son bien-fondĂ©. Mais c'est quelque chose qui nous tombe dessus. Nous allons devoir trouver les moyens pour payer. Nous ne sommes absolument pas d'accord pour payer l'enlĂšvement de ces produits Ă  hauts risques. Nous le redirons demain au ministre de l'agriculture, cela sera la troisiĂšme fois. Nous le lui avons dĂ©jĂ  dit voilĂ  huit ou dix jours. M. Charles JOSSELIN Quand je parlais de la taxation, je ne parlais pas de la taxation des abattoirs, j'Ă©voquais la possibilitĂ© que l'abattoir soit le lieu oĂč la mutualitĂ© puisse s'exercer au sein de la filiĂšre. M. Christian BARTHOLUS J'ai bien compris, mais je voulais rappeler cet Ă©lĂ©ment important qui est souvent passĂ© sous silence. Et la loi sur l'Ă©quarrissage, qui va apparemment ĂȘtre modifiĂ©e, ne traite que des cadavres et aborde trĂšs peu le problĂšme des abattoirs, qui demeure bien spĂ©cifique. J'en viens au problĂšme de la taxation. Pourquoi ne pas prĂ©lever sur les animaux abattus une cotisation qui permettrait de financer le coĂ»t de l'Ă©quarrissage ? On pourrait imaginer aussi, au niveau des chambres d'agriculture ou des groupements de dĂ©fense sanitaire une cotisation sur le nombre d'animaux prĂ©sents dans le cheptel. C'est une question qu'il faudrait poser Ă  la FNSEA. Je tiens Ă  dire, puisque je dirige Ă©galement un groupement de producteurs de viande, qu'il ne faut absolument pas faire payer les agriculteurs. Une telle dĂ©cision dĂ©molirait en cinq ans tout l'acquis sanitaire des cheptels de notre pays qu'il a fallu trente ans pour obtenir. Il faut donc trouver une autre solution. Mme le PrĂ©sident Dans certains dĂ©partements, les Ă©leveurs paient une cotisation Ă  la coopĂ©rative sanitaire pour la prophylaxie, Ă  laquelle est ajoutĂ©e une part pour l'Ă©quarrissage. M. Christian BARTHOLUS C'est ce que je vous disais tout Ă  l'heure avec la cotisation sur le cheptel en rapport avec le GDS. M. Jacques PUJOL Madame le PrĂ©sident, je voudrais rĂ©pondre Ă  une question que vous avez posĂ©e tout Ă  l'heure et Ă  laquelle il n'a Ă©tĂ© pas rĂ©pondu. Comment trouver un systĂšme de mutualisation au stade de l'abattoir, ce qui est d'ailleurs rĂ©clamĂ© sous une autre forme par une partie de la production, sous la forme d'une compensation entre les produits que l'on peut valoriser et ceux qui gĂ©nĂšrent un coĂ»t, qu'il s'agisse des cadavres ou des saisies ? C'est aussi un dĂ©bat entre la filiĂšre viande et la production car il est Ă©vident que si l'on joue la carte de la compensation, cela va peser sur les marges et in fine ce sera la production qui va payer. La taxation au niveau des abattoirs pose un problĂšme technique parce que, les animaux circulant Ă©normĂ©ment, un certain nombre d'abattoirs n'ont pas une relation trĂšs directe avec les coĂ»ts de leurs producteurs. Pour le porc, c'est possible parce que les zones d'approvisionnement autour des abattoirs sont extrĂȘmement limitĂ©es. Mais un certain nombre de gros abattoirs de bovins, de Bretagne notamment, s'approvisionnent sur les marchĂ©s lorrains, sur la Bourgogne, et mĂȘme sur Midi-PyrĂ©nĂ©es. Je ne sais pas trĂšs bien comment on ferait la relation entre la zone de production qui gĂ©nĂšre des coĂ»ts d'enlĂšvement diffĂ©rents et la zone de collecte. Une fois la pĂ©riode d'intervention europĂ©enne terminĂ©e, nous avons comme perspective, pour les annĂ©es 1997-1998 une baisse probable des abattages de bovins de l'ordre de 200 000 tonnes, c'est-Ă -dire 15 Ă  20 % de la production actuelle. Nous ne partageons pas le point de vue de certains experts selon lesquels nous serions en surcapacitĂ© -surcapacitĂ© par rapport Ă  quoi ?- mais nous avons une capacitĂ© d'abattage importante qui sera donc sous-utilisĂ©e. Par ailleurs, selon les informations dont nous disposons, les crĂ©dits dont disposera le ministĂšre de l'agriculture en 1997 pour aider les investissements dans le secteur de la viande en 1997 sont quasiment nuls, ils n'ont jamais Ă©tĂ© aussi bas. Le chiffre qui a Ă©tĂ© portĂ© Ă  ma connaissance est de 20 millions de francs, alors qu'il Ă©tait de plus de 60 ou 80 millions de francs l'annĂ©e derniĂšre. Les crĂ©dits spĂ©cifiquement destinĂ©s aux investissements des abattoirs publics serait de 8 millions de francs, au lieu de 16 millions l'annĂ©e derniĂšre. Le problĂšme, c'est que certaines opĂ©rations sont irrĂ©versibles ou on construit un abattoir ou on ferme l'ancien, entre les deux il n'y a pas d'alternative. Les perspectives sont donc plutĂŽt difficiles, mĂȘme si le FEOGA dispose de quelques disponibilitĂ©s, mais cela ne compensera pas le fait que pour l'annĂ©e prochaine nous ne pouvons attendre quasiment aucune aide de l'Etat. M. le Rapporteur a dit que notre rĂ©flexion Ă©tait essentiellement centrĂ©e sur les aides sociales. Effectivement, dans la perspective d'une baisse des abattages Ă  l'horizon de 1997-1998, 10 000 emplois dans ce secteur seront concernĂ©s soit ils disparaĂźtront, soit ils donneront lieu Ă  reconversion. Ce problĂšme nous prĂ©occupe Ă©normĂ©ment, sinon Ă  court terme, du moins Ă  moyen terme. La baisse de l'activitĂ© des abattoirs publics de 20 Ă  30 % pose Ă©galement le problĂšme des charges d'emprunts des collectivitĂ©s, qui resteront identiques. Qui prendra cela en charge ? Si des entreprises sont dĂ©faillantes, si le tonnage baisse, pour des raisons structurelles ou conjoncturelles, les opĂ©rateurs encore prĂ©sents ou les collectivitĂ©s locales devront assurer la diffĂ©rence et tout deviendra absolument impossible Ă  gĂ©rer. Nous avons aussi d'autres prĂ©occupations les coĂ»ts d'Ă©quarrissage, les baisses de chiffres d'affaires, les baisses de tonnages, les prises en charge du poids des structures, les pertes d'emplois, les reconversions des emplois existants. C'est une sĂ©rie de rĂ©flexions qu'il faut mener relativement vite parce que 1997 approche ! Mme le PrĂ©sident Je reviendrai sur un point Ă  propos des mesures prises par le Gouvernement français concernant les dĂ©chets d'abattoirs. Depuis que ces mesures ont Ă©tĂ© prises, vous ne pouvez plus laisser les cervelles et la moĂ«lle Ă©piniĂšre, ce qui conduit trĂšs souvent Ă  jeter les tĂȘtes entiĂšres de bovins par commoditĂ©, alors que si on faisait le tri entre la cervelle, la moĂ«lle Ă©piniĂšre et le reste, sur une tĂȘte de vache pesant quinze Ă  vingt kilos, on n'aurait Ă  jeter qu'environ un kilo seulement de tissus Ă  risques. M. Jacques PUJOL Cela a mis un peu de temps Ă  se mettre en place. Nos centres techniques, actuellement, maĂźtrisent totalement le systĂšme de prĂ©lĂšvement des cervelles par aspiration sous vide. Nous avons Ă©galement mis au point un certain nombre d'outils permettant d'ĂŽter les yeux. Nous travaillons actuellement sur les systĂšmes de prĂ©lĂšvement des moelles Ă©piniĂšres, Ă©galement par aspiration sous vide qui, je l'espĂšre, seront opĂ©rationnels fin septembre, dĂ©but octobre. Mme le PrĂ©sident Qu'en est-il du coĂ»t d'Ă©quarrissage ? Quelles mesures sont prises ? Certains abattoirs, notamment ceux de petite taille, ne peuvent pas, en effet, se permettre de procĂ©der Ă  de telles aspirations de cervelles. Nous devons admettre qu'ils ne le font pas tous, aujourd'hui. M. Christian BARTHOLUS Actuellement, en effet, cela demeure au stade expĂ©rimental. Aujourd'hui, on place la tĂȘte sur la chaĂźne, non dans un atelier annexe, on ĂŽte les yeux - opĂ©ration qui s'est toujours faite en Allemagne et Ă  laquelle la France commence Ă  recourir -, on enlĂšve les amygdales, puis on rĂ©cupĂšre la cervelle. A six cents francs la tonne, on ne peut procĂ©der autrement. Comme je vous le prĂ©cisais tout Ă  l'heure, ce sont, en consĂ©quence, des coĂ»ts supplĂ©mentaires pour la sĂ©paration des produits Ă  haut risque. Il a Ă©tĂ© nĂ©cessaire de modifier l'appareillage des chaĂźnes pour y parvenir. Mme le PrĂ©sident C'est justement ce que je dĂ©sirais vous demander. Quelles sont les consĂ©quences des mesures prises par le gouvernement français ? M. Christian BARTHOLUS Pour vous rĂ©pondre, je citerai l'exemple d'une industrie extrĂȘmement importante, opĂ©rant en annexe de l'abattoir, celle des boyauderies. Les boyaudiers sont totalement sinistrĂ©s aujourd'hui et sont contraints de licencier plus de 50 ou 60 % de leur personnel lorsqu'ils sont attachĂ©s Ă  des laboratoires spĂ©cialisĂ©s dans les vaches allaitantes. Mme SĂ©golĂšne ROYAL Ne conviendrait-il pas d'envisager une rĂ©forme plus radicale de la profession d'Ă©quarrisseur ? Tout bien observĂ©, leur situation de monopole rend les relations trĂšs complexes sur le plan du financement. Ne serait-il pas nĂ©cessaire de crĂ©er une sorte de service public, alimentĂ© par un fonds de solidaritĂ© national fonctionnant avec des rĂšgles de rĂ©partition identiques Ă  celles d'un service public, et soumis Ă  des normes de santĂ© publique ? M. Christian BARTHOLUS Je pense que c'est la solution, mais trouverons-nous les moyens pour le faire ? Le milieu de l'Ă©quarrissage le permettra-t-il ? Je n'en sais rien. Je reprends l'exemple de l'Allemagne. Les Ă©quarrissages allemands sont financĂ©s par les lĂ€nder et constituent un service public. Ils continuent tout de mĂȘme Ă  rĂ©cupĂ©rer les farines produites par des cadavres et dĂ©chets d'abattoirs pour en faire de l'aliment. Il faut prĂ©ciser Ă©galement qu'en Allemagne la rĂ©glementation est diffĂ©rente une cuisson Ă  135° pendant vingt minutes. M. Jacques PUJOL Le ministĂšre a prĂ©sentĂ© les orientations d'une rĂ©forme de la loi sur l'Ă©quarrissage de 1975. Elles rendent les opĂ©rateurs de la filiĂšre viande » responsables des produits qu'ils doivent dĂ©truire - nous nous situons lĂ  dans une logique pollueurs-payeurs - ou, au contraire, valoriser. Il est probablement inĂ©vitable aujourd'hui de s'engager dans une telle voie. Quant au problĂšme des cadavres, le ministĂšre de l'agriculture se propose effectivement de l'aborder dans une logique de service public. Sous rĂ©serve que soient prĂ©cisĂ©s certains dĂ©tails, l'ensemble de ce dispositif ne me paraĂźt pas absurde il existerait d'une part un secteur chargĂ© de valoriser ou de dĂ©truire certains produits et, d'autre part, un service public assurant la gestion » des cadavres. Mme le PrĂ©sident Nous vous remercions, messieurs. Audition de MM. Philippe GROJEAN et Michel BOLZINGER, respectivement prĂ©sident et vĂ©tĂ©rinaire-export, de la chambre syndicale de la boyauderie française, accompagnĂ©s de M. Christian PEIGNON, prĂ©sident directeur gĂ©nĂ©ral de la SARL Peignon et fils extrait du procĂšs-verbal de la premiĂšre sĂ©ance du 10 septembre 1996 PrĂ©sidence de Mme Evelyne GUILHEM, PrĂ©sident M. Philippe GROJEAN La boyauderie est une profession qui s'occupe de la collecte, du travail et de la commercialisation de boyaux naturels Ă  destination essentiellement de la charcuterie, oĂč ils deviendront peau de saucisson ou enveloppe d'andouilles, boudins, merguez et autres chipolatas. Une centaine de PME font ce travail en France, auxquelles il faut ajouter les boyauderies intĂ©grĂ©es dans les complexes d'abattoirs, municipaux ou autres. Elles emploient entre 1 000 et 1 500 personnes. Elles sont regroupĂ©es au sein d'une chambre syndicale dont je suis le prĂ©sident. Nous rĂ©coltons les boyaux des animaux domestiques abattus dans les abattoirs, essentiellement le boeuf, le porc, le mouton et le cheval. La plus grande partie est destinĂ©e Ă  l'alimentation. Il y a aussi des dĂ©bouchĂ©s industriels, essentiellement l'utilisation des boyaux de boeuf pour la fabrication des cordes de raquettes de tennis. Depuis que les intestins des boeufs ĂągĂ©s de plus de cinq ans sont saisis, la profession connaĂźt beaucoup de problĂšmes. Je vais passer la parole Ă  M. Bolzinger, qui est vĂ©tĂ©rinaire, pour vous donner des prĂ©cisions Ă  ce sujet. M. Michel BOLZINGER Les boyaudiers sont aujourd'hui injustement touchĂ©s par l'arrĂȘtĂ© qui a imposĂ© la saisie des intestins des boeufs de plus de cinq ans. Aujourd'hui, on n'a aucune certitude que l'ESB soit transmise Ă  l'homme par la consommation de bovins. Sur quels critĂšres se sont basĂ©s les scientifiques pour dĂ©finir la liste des organes Ă  risque ? En fait, ils se sont fondĂ©s sur le cheminement du prion dans l'organisme de l'animal. La porte d'entrĂ©e des prions dans l'organisme animal est constituĂ©e par les plaques de Peyer qui sont des organes faisant partie du systĂšme lymphatique. En quelque sorte, ce sont les ganglions de l'appareil digestif. Ensuite, les prions suivent les organes suivants le thymus, les ganglions lymphatiques, la rate, les amygdales - en fait tous les organes du systĂšme lymphatique - et arrivent enfin au systĂšme nerveux. On retrouve tous ces organes dans l'arrĂȘtĂ© que j'ai Ă©voquĂ©. L'appareil digestif des bovins est constituĂ© par la bouche, l'oesophage, les panses, l'intestin grĂȘle, qui est la premiĂšre partie de l'intestin, puis le gros intestin, le caecum et le rectum. Ce qui est important, c'est de savoir oĂč se situent les plaques de Peyer, puisqu'ils sont les organes Ă  risque. Or, on le sait depuis longtemps, les plaques de Peyer sont situĂ©es sur l'intestin grĂȘle. Tous les cours d'histologie et d'anatomie en font Ă©tat. Et les analyses qui ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es dans les Ă©tablissements Peignon, sous couvert des services vĂ©tĂ©rinaires, dont le CNEVA, le confirment. D'ailleurs, d'aprĂšs l'OMS, chez le bovin, jusqu'Ă  nouvel ordre, seuls le cerveau, la moelle Ă©piniĂšre et l'ilĂ©on, partie de l'intestin grĂȘle, seraient infectieux. Or, ce n'est pas l'intestin grĂȘle, partie Ă  risque de l'intestin, qui intĂ©resse les boyaudiers, c'est le gros intestin et le caecum en raison de leur gros calibre. Il faut savoir que parmi les organes Ă  risque, il y a les ganglions lymphatiques, qui sont au nombre de 300 par carcasse de bovin et qui ne font pas l'objet d'une saisie. Les carcasses de bovin sont mises sur le marchĂ© avec les ganglions lymphatiques parce qu'il est impossible de les en extraire. Il faudrait pour cela dĂ©chiqueter la carcasse. On se trouve donc dans une situation aberrante et ressentie comme injuste par les boyaudiers d'abord parce que les gros intestins, ne faisant pas partie des organes Ă  risque, ne devraient pas ĂȘtre saisis ; ensuite, parce que les ganglions lymphatiques qui figurent sur la liste des organes Ă  saisir et qui reprĂ©sentent des volumes beaucoup plus importants que les plaques de Peyer, sont mis sur le marchĂ© ; enfin parce que les animaux français qui seraient exportĂ©s, abattus dans un abattoir Ă©tranger et retravaillĂ©s par des Italiens, des Allemands ou des Belges, pourraient ensuite ĂȘtre revendus en France, la dĂ©cision sur la saisie des intestins Ă©tant purement française. Il est donc clair que l'arrĂȘtĂ© dĂ©finissant les organes devant ĂȘtre saisis manque de discernement en ce qui concerne les intestins, car si l'intestin grĂȘle prĂ©sente certains risques, ce n'est pas le cas du gros intestin, utilisĂ© par les boyaudiers. On pourrait mĂȘme aller plus loin. Il y a plus de risque Ă  manger de la viande mise sur le marchĂ© avec les ganglions lymphatiques que de mettre sur le marchĂ© des intestins qui n'ont aucune structure lymphoĂŻde. Enfin, j'indique que si l'on travaillait l'intestin grĂȘle avec la technique de prĂ©paration utilisĂ©e par les boyaudiers - qui s'appelle le dĂ©limonage -, il ne comporterait plus aucune trace de plaques de Peyer. C'est ce que montrent les tests que nous avons rĂ©alisĂ©s dans nos laboratoires. M. Christian PEIGNON Je vais vous exposer mon cas personnel en tant que propriĂ©taire d'une entreprise de boyauderie. En octobre 1990, mes frĂšres et moi avons dĂ©cidĂ© de construire une usine neuve de boyauderie aux normes europĂ©ennes Ă  Parthenay dans les Deux-SĂšvres parce que c'est un dĂ©partement d'Ă©levage. C'Ă©tait un petit conte de fĂ©e qui est devenu un cauchemar Ă  partir du 12 avril 1996, date de parution de l'arrĂȘtĂ© dont nous avons dĂ©jĂ  parlĂ©. Ce texte a condamnĂ© toutes les masses intestinales des animaux nĂ©s avant le 31 juillet 1991. Les animaux concernĂ©s sont principalement, et je dirai mĂȘme uniquement, les vaches de rĂ©forme qui, malheureusement pour moi, sont ceux qui prĂ©sentent pour nous un intĂ©rĂȘt puisque, Ă  partir des vaches de rĂ©forme, on obtient des boyaux de calibre assez large qui reprĂ©sentent le marchĂ© Ă  l'exportation sur l'Italie et l'Espagne principalement. Donc, depuis avril 1996, plus de boyaux ! Quand ce coup d'Ă©pĂ©e m'a frappĂ©, j'ai immĂ©diatement rĂ©agi et, par l'intermĂ©diaire de ma chambre syndicale et de son prĂ©sident, ici prĂ©sent, nous sommes allĂ©s voir la direction gĂ©nĂ©rale de l'alimentation DGAL pour demander des explications parce que je savais dĂ©jĂ  par les services vĂ©tĂ©rinaires, que, comme vient de vous le dire M. Bolzinger, il n'y a pas de plaques de Peyer dans le caecum et le gros colon. Nous avons rencontrĂ© un technicien de la DGAL qui nous a Ă©coutĂ©s avec beaucoup d'attention et qui a compris notre dĂ©marche mais il n'y a pas eu de suite. Dans un deuxiĂšme temps, j'ai sollicitĂ© Ă  nouveau la DGAL. Un autre technicien s'est dĂ©placĂ© dans mon entreprise. J'Ă©tais alors assez optimiste, je me disais qu'on se prĂ©occupait de mon sort. Mais pour la deuxiĂšme fois, coup d'Ă©pĂ©e dans l'eau les dossiers n'ont pas suivi, n'ont pas Ă©tĂ© transmis dans les bons services. TroisiĂšme tentative j'ai fait venir un reprĂ©sentant du CNEVA et un autre technicien de la DGAL. Nous avons dĂ©cidĂ© de mettre en place un systĂšme de prĂ©lĂšvements sur dix animaux nĂ©s avant le 31 juillet 1991. Cela reprĂ©sentait trente prĂ©lĂšvements que nous avons fait analyser Ă  l'Ă©cole nationale vĂ©tĂ©rinaire de Nantes. La rĂ©ponse a Ă©tĂ© trĂšs floue personne ne savait s'il y avait ou non des plaques de Peyer. J'ai donc fais faire une deuxiĂšme sĂ©rie d'analyses, toujours Ă  l'Ă©cole nationale vĂ©tĂ©rinaire de Nantes. Mais j'ai pris la prĂ©caution d'envoyer ces mĂȘmes prĂ©lĂšvements - on les avait faits en double - Ă  un laboratoire privĂ© de Limoges, le laboratoire d'anatomie et de cytologie pathologique du docteur Terrade. L'Ă©cole nationale vĂ©tĂ©rinaire de Nantes, qui dĂ©pend de l'INRA, et donc de l'Etat, dit en conclusion Aucune formation lymphoĂŻde n'a Ă©tĂ© observĂ©e sur les prĂ©lĂšvements Ă©tudiĂ©s » et Sur aucun prĂ©lĂšvement n'a Ă©tĂ© observĂ© de couche muqueuse ». Quant au laboratoire privĂ©, ses conclusions Ă©taient les suivantes L'ensemble des prĂ©lĂšvements est de bonne qualitĂ©. Il existe des altĂ©rations discrĂštes au niveau endoluminal ». C'est normal car le dĂ©limonage est une technique de centrifugation qui altĂšre lĂ©gĂšrement le muscle. Sur aucun des prĂ©lĂšvements examinĂ©s, il ne persiste de muqueuse. Sur aucun des prĂ©lĂšvements examinĂ©s, il n'existe de follicule lymphoĂŻde ». Or ce sont ces follicules lymphoĂŻdes qui sont les responsables de mes malheurs. J'ai l'impression que c'est le pot de terre qui se bat contre le pot de fer dans cette affaire, puisque, Ă  la DGAL, on me dit Nous ne pouvons rien faire. Il faut voir les scientifiques ». Et les scientifiques me disent Votre thĂ©orie est sĂ»rement juste, vous avez sĂ»rement raison. Mais il faut voir ça avec la DGAL ». Je me demande qui prend rĂ©ellement les responsabilitĂ©s dans ce dossier. Je sais que les services vĂ©tĂ©rinaires de mon dĂ©partement ont pris contact, Ă  la suite de ces rĂ©sultats, avec la DGAL et qu'il leur a Ă©tĂ© rĂ©pondu Vous avez raison mais pour l'instant on ne peut rien faire ». Quand j'entends le ministre de l'agriculture, M. Philippe Vasseur, dire Ă  7 sur 7 » Nous avons pris un luxe de prĂ©cautions », je suis tout Ă  fait d'accord avec lui ! Faire pas assez, ce n'est pas bien. Mais faire trop, ce n'est pas bien non plus. Je pense qu'il y a un juste milieu dans tout. Lui, il a vraiment pris un luxe de prĂ©cautions. Ce n'est pas un parapluie qu'il a ouvert, c'est un parachute ! Aujourd'hui, aprĂšs toutes ces dĂ©marches restĂ©es infructueuses, j'espĂšre que votre mission d'information fera remonter les informations dans les services concernĂ©s, dont je ne sais pas lesquels ils sont, la DGAL et le CNEVA se renvoyant la balle. Aujourd'hui, vous avez devant vous un condamnĂ© Ă  mort. Mais je plaide non coupable dans la mesure oĂč il est prouvĂ© qu'aucun follicule ne persiste dans les boyaux. Je vous fais grĂące des consĂ©quences Ă©conomiques et sociales que cela a engendrĂ© dans mon entreprise. Je vous remercie de m'avoir Ă©coutĂ©. Mme le PrĂ©sident Je vous remercie, messieurs. Au-delĂ  des problĂšmes particuliers de l'entreprise Peignon - qui au demeurant illustrent bien les difficultĂ©s de la profession -, j'aimerais que vous nous prĂ©sentiez un tableau d'ensemble des problĂšmes que connaĂźt la boyauderie française. M. Philippe GROJEAN Sur les quelques centaines d'entreprises de boyauderie qui existent aujourd'hui en France, seule une petite dizaine travaille les boyaux de boeuf, dont trois ou quatre seulement sont relativement importantes. Les rĂ©percussions directes de la crise de l'ESB sur la production ne concernent donc qu'un petit nombre d'entreprises. Mme le PrĂ©sident Vous avez estimĂ© que le ministre de l'agriculture avait pris un luxe de prĂ©cautions. Nous ne pouvons pas, en tant qu'Ă©lus, vous laisser dire cela. En effet, en matiĂšre de santĂ© publique, il est important que les consommateurs soient sĂ»rs des produits qu'ils utilisent. MĂȘme s'il peut vous sembler que quelquefois on va trop loin, nous ne pouvons pas, dans la mesure oĂč il y a une incertitude scientifique, prendre le risque de voir, dans les mois ou les annĂ©es Ă  venir, une Ă©pidĂ©mie se rĂ©pandre dans la population. Je comprends que vous ressentiez ces mesures comme injustes, mais pensez-vous vraiment, compte tenu des incertitudes scientifiques, que l'on puisse n'ouvrir qu'un parapluie ? M. Christian PEIGNON Dans ce domaine prĂ©cis, il n'y a pas d'incertitude scientifique ! Mme le PrĂ©sident Monsieur Bolzinger a Ă©voquĂ© tout Ă  l'heure un document de l'OMS oĂč est employĂ© le conditionnel, ce qui signifie que nous ne sommes pas dans un cadre totalement dĂ©fini. M. Christian PEIGNON L'OMS ne vise que la partie basse de l'intestin grĂȘle, l'ilĂ©on, mais les boyaudiers français utilisent gĂ©nĂ©ralement l'intestin grĂȘle Ă  des fins industrielles, qu'il s'agisse des cordes des raquettes de tennis ou des instruments de musique. On peut admettre que l'intestin grĂȘle soit retirĂ© du circuit, mais le gros colon et le caecum ne doivent pas l'ĂȘtre puisqu'ils ne comportent aucune formation lymphoĂŻde. M. le Rapporteur Je voudrais que vous nous relisiez le document de l'OMS, parce que je suis surpris que vous nous affirmiez qu'il n'existe pas de tissu lymphoĂŻde autour du caecum. M. Michel BOLZINGER J'ai parlĂ© des plaques de Peyer ! M. le Rapporteur D'accord, mais il y a des structures lymphoĂŻdes autour du caecum ! M. Michel BOLZINGER Je ne dis pas qu'il n'y a pas de structures lymphoĂŻdes autour du caecum, mais qu'elles existent aussi dans d'autres organes qui sont mis sur le marchĂ© ! Il est vrai qu'il y a des nodules lymphoĂŻdes microscopiques dans la caecum et le gros intestin, mais ils sont Ă©liminĂ©s par la technique du dĂ©limonage. M. le Rapporteur Ce n'est donc pas un problĂšme scientifique au niveau anatomique, mais un problĂšme de dĂ©limonage. Vous ne pouvez pas prĂ©senter les choses en disant qu'il n'y a pas de structure lymphoĂŻde dans le gros intestin. Certes, ce ne sont pas des plaques de Peyer ni de gros ganglions lymphatiques, mais des structures microscopiques qui ne peuvent pas ĂȘtre repĂ©rĂ©es Ă  l'examen et qui ne peuvent ĂȘtre Ă©liminĂ©es que par la technique du dĂ©limonage. Vous ne pouvez pas vous retrancher derriĂšre des donnĂ©es anatomiques ou anatomo-pathologiques qui ne sont pas tout Ă  fait exactes. Vous jouez sur les mots en disant qu'il n'y a pas de plaques de Peyer, car il y a l'Ă©quivalent. M. Michel BOLZINGER Vous avez raison d'un point de vue microscopique ! Mais si l'on tient compte de vos arguments, aucune carcasse ne peut ĂȘtre mise sur le marchĂ© car les structures lymphoĂŻdes microscopiques sont partout. Tout Ă  l'heure, je parlais des ganglions lymphatiques, qui, eux, sont au moins de la taille d'une mandarine. Si vous considĂ©rez que les nodules lymphoĂŻdes du gros intestin et du caecum sont dangereux, c'est la totalitĂ© de la carcasse qui doit donc ĂȘtre saisie. Il faut ou bien tout saisir, ou saisir avec discernement. Dans le second cas, que l'on saisisse l'intestin grĂȘle qui comporte des plaques de Peyer mais que l'on nous permette de travailler les gros intestins et le caecum. M. le Rapporteur Pourquoi associez-vous toujours le gros intestin et le caecum alors que leurs configurations anatomiques sont diffĂ©rentes ? M. Michel BOLZINGER Parce que ce sont les organes qui intĂ©ressent les boyaudiers ! M. le Rapporteur Que fait-on avec le caecum ? M. Christian PEIGNON Nous travaillons le caecum et le gros colon parce qu'ils ont un calibre large, ce qui intĂ©resse les pays comme l'Italie et l'Espagne qui utilisent les boyaux pour la fabrication des salamis ou des gros saucissons. Depuis plus de vingt ans, je vends d'ailleurs toute ma production en Italie. Nous ne contestons pas le fait que ces organes contiennent des follicules lymphoĂŻdes mais nous essayons de vous expliquer que le travail d'un boyaudier est prĂ©cisĂ©ment d'enlever la muqueuse dans laquelle sont prĂ©sentes ces follicules. Nos boyaux sont vendus prĂȘts Ă  l'emploi, c'est-Ă -dire dĂ©limonĂ©s et sans muqueuse. M. le Rapporteur C'est bien ce que j'ai dit. Vous ne devez donc pas fonder votre position sur un argument anatomique mais bien sur la prĂ©paration technique qu'est le dĂ©limonage, dont j'aimerais d'ailleurs que vous nous entreteniez. M. Christian PEIGNON C'est prĂ©cisĂ©ment la façon dont j'ai prĂ©sentĂ© les choses lors de ma premiĂšre rencontre Ă  la DGAL avec le technicien vĂ©tĂ©rinaire de ce service. Je lui ai expliquĂ© que notre mĂ©tier consistait prĂ©cisĂ©ment Ă  ĂŽter cette muqueuse. Le boyau, qui est composĂ© de la sĂ©reuse, de la musculaire muqueuse et de la muqueuse, est d'abord retournĂ© comme on le fait pour une chaussette. Ensuite, il est passĂ© dans une machine spĂ©ciale qui le dĂ©barrasse de la muqueuse, de façon Ă  en sortir propre, c'est-Ă -dire exempt de toute follicule lymphoĂŻde. Si le boyau est bien nettoyĂ©, il ne comporte donc plus de follicules. Trois analyses effectuĂ©es auprĂšs de laboratoires diffĂ©rents montrent que tel est bien le cas. D'ailleurs, si le moindre risque existait, je ne mettrais pas mes produits sur le marchĂ© pour empoisonner les gens. Cette interdiction purement française nous semble absurde puisque les Italiens et les Espagnols, qui sont des fabricants de charcuterie plus importants dans le monde que les Français, nous exportent leurs salamis que nous consommons. L'Italie et l'Espagne n'ayant formulĂ© aucune interdiction, on ne sait pas si les boyaux utilisĂ©s proviennent d'animaux de plus ou moins de cinq ans. S'il existe un risque avec les boyaux, il en est de mĂȘme en Italie, en Espagne, en Allemagne, et il faudrait alors interdire les importations de charcuterie. Mme SĂ©golĂšne ROYAL D'abord, le comitĂ© vĂ©tĂ©rinaire europĂ©en a-t-il Ă©mis un avis sur le sujet ? Si oui, lequel ? Ensuite, les autres pays de la CommunautĂ© ont-ils pris des dĂ©cisions comparables ? Je crois que non, mais la question y a-t-elle au moins fait l'objet de discussion au niveau scientifique et gouvernemental ? Par ailleurs, quels produits ont remplacĂ© les boyaux prĂ©cĂ©demment exportĂ©s par la France vers l'Espagne et l'Italie, puisque la charcuterie continue Ă  y ĂȘtre fabriquĂ©e ? Enfin, que reprĂ©sente la part non alimentaire de votre activitĂ© et est-elle aussi touchĂ©e par une interdiction ? M. Christian PEIGNON Je pense que le comitĂ© vĂ©tĂ©rinaire europĂ©en a bien abordĂ© ce sujet mais qu'il n'a pas prĂ©conisĂ© de suivre la dĂ©cision française. Il en a Ă©tĂ© de mĂȘme sur les cervelles de bovin. Le comitĂ© estime que les Français en font trop et il n'est donc plus d'accord pour suivre les dĂ©cisions françaises. Mme SĂ©golĂšne ROYAL Pourquoi ne saisissez-vous pas Ă  nouveau le comitĂ© vĂ©tĂ©rinaire europĂ©en ? M. Michel BOLZINGER Depuis quatre mois, nous essayons de faire remonter l'information. Nous avons organisĂ© une rĂ©union Ă  Parthenay avec des experts du CNEVA et du ministĂšre de l'agriculture. A l'issue de cette rĂ©union, nous Ă©tions persuadĂ©s qu'une solution serait trouvĂ©e, car nous avions clairement expliquĂ© aux personnes prĂ©sentes qu'il n'existait aucun risque avec les produits qui intĂ©ressent la boyauderie française. Mais nous avons le sentiment que l'information n'est pas remontĂ©e. Mme le PrĂ©sident Comme Mme Royal, je me pose la question de savoir pourquoi vous n'avez pas saisi directement le comitĂ© vĂ©tĂ©rinaire europĂ©en. M. Christian PEIGNON Comment se fait-il que les informations que nous avons communiquĂ©es n'ont jamais Ă©tĂ© plus loin que la DGAL ? En fait, nous avons le sentiment qu'on souhaite figer la position du 12 avril 1996 qui inclut la masse intestinale du pylore au rectum, parce que je soupçonne le technicien qui a Ă©laborĂ© cet arrĂȘtĂ© d'avoir confondu masse intestinale avec intestin grĂȘle. Le seul Ă  ĂȘtre concernĂ©, d'aprĂšs l'OMS, c'est l'intestin grĂȘle. J'admets qu'il peut y avoir confusion pour quelqu'un qui n'est pas de la partie. Une erreur, tout le monde peut en faire. Le problĂšme c'est qu'il semble aujourd'hui que personne ne veuille la corriger. En ce qui concerne la position arrĂȘtĂ©e par les autres pays europĂ©ens je peux vous dire que m'Ă©tant rendu au mois de juin Ă  Barcelone Ă  un congrĂšs qui rĂ©unissait des boyaudiers du monde entier, j'ai pu constater qu'ils rient de notre dĂ©cision. En Espagne, en Italie, en Irlande et en Allemagne, les boyaux sont travaillĂ©s comme auparavant, sans aucune interdiction. Or, si les boyaux Ă©taient dangereux pour les Français, ils le seraient Ă©galement pour les autres, car on trouve aussi dans ces pays des vaches de plus de cinq ans qui ont consommĂ© des farines de viande. Mais cette dĂ©cision est restĂ©e franco-française. Vous m'avez posĂ© la question des approvisionnements italiens. En Italie, le travail de salaison est saisonnier, dĂ©butant en septembre pour se terminer en fĂ©vrier. Les Italiens achĂštent toujours leurs produits avec une annĂ©e d'avance pour la saison future. Ce sont de trĂšs gros nĂ©gociants qui disposent de stocks Ă©normes, de sorte que cette annĂ©e ils vont vivre sur les stocks existants. Mais pour l'annĂ©e prochaine, ils n'auront plus rien. Ils me tĂ©lĂ©phonent tous les jours pour me demander des marchandises. Je leur explique que je ne peux pas les livrer mais ils ne comprennent toujours pas pourquoi. Dans cette tourmente, le boyau naturel risque tout simplement de disparaĂźtre, il sera remplacĂ© par des boyaux artificiels. S'agissant de la part non industrielle de mon activitĂ©, elle reprĂ©sente au moins 30 % mais, lĂ  aussi, l'ESB a sans cesse de nouvelles rĂ©percussions. Ainsi, les laboratoires allemands n'utilisent plus de matiĂšre premiĂšre animale pour fabriquer le catgut chirurgical, alors qu'auparavant les sutures chirurgicales Ă©taient faites avec de l'intestin grĂȘle. Pour la fabrication des raquettes de tennis, il n'existe heureusement pas d'interdiction. Mme SĂ©golĂšne ROYAL Mais la crise qui touche une part de l'activitĂ© de la boyauderie n'a-t-elle pas des rĂ©percussions sur l'ensemble ? Le marchĂ© n'est-il pas destructurĂ© ? M. Christian PEIGNON Non, pas pour les raquettes de tennis ! Mme SĂ©golĂšne ROYAL Pour cette production, vous avez donc les mĂȘmes facilitĂ©s d'approvisionnement qu'auparavant ? M. Christian PEIGNON Oui, parce que nous avons obtenu une dĂ©rogation pour le menu de boeuf - l'intestin grĂȘle -destinĂ© Ă  des fins industrielles. NĂ©anmoins, comme 70 % de notre chiffre d'affaires Ă©tait rĂ©alisĂ© avec la partie alimentaire, nous sommes pĂ©nalisĂ©s Ă  70 %. C'est d'autant plus regrettable que cela a dĂ©bouchĂ© sur un nouveau problĂšme celui de l'Ă©quarrissage qui est chargĂ© d'enlever les abats spĂ©cifiĂ©s bovins dont le tonnage est constituĂ© Ă  prĂšs de 90 % par les masses intestinales. J'ai procĂ©dĂ© Ă  quelques calculs pour mon entreprise. Quand je collectais bovins, Ă  raison de 15 kilos d'organes utlisĂ©s par bĂȘte, cela reprĂ©sentait tonnes en tout. A francs la tonne, cela faisait 10 millions de francs. La perte s'Ă©lĂšve donc Ă  7 millions de francs annuels. Sans compter que d'autres problĂšmes s'ajoutent car les Ă©quarrisseurs ne savent pas pour l'instant oĂč mettre les carcasses. M. Georges SARRE Si ce qui nous est dit est scientifiquement exact, ne pas revenir sur un dĂ©cret qu'on a voulu large et mettre ainsi en pĂ©ril une entreprise pour rien me paraĂźt un peu surrĂ©aliste. Je ne crois pas du tout, ayant appartenu Ă  plusieurs gouvernements, Ă  la thĂ©orie selon laquelle les informations ne remontent pas. Ce n'est pas vrai. Elles remontent toujours. Elles arrivent au cabinet du ministre qui transmet ou non Ă  celui-ci. Si la transmission au ministre a bien Ă©tĂ© faite, celui-ci dĂ©cide s'il y a lieu ou non de donner suite. Ou bien, selon les cas, la question est abordĂ©e en rĂ©union interministĂ©rielle et tranchĂ©e dans un sens favorable ou non. Pour ma part, je souhaiterais que la mission interroge M. Vasseur pour lui demander ce qu'il compte faire sur ce dossier. Ou bien les scientifiques font une dĂ©monstration indiscutable du bien-fondĂ© de la dĂ©cision qui a Ă©tĂ© prise, et il semble que ce soit difficile, ou bien l'arrĂȘtĂ© doit ĂȘtre modifiĂ©. M. Jean-Pierre DUPONT Je ne serai pas aussi catĂ©gorique. Vous parlez, monsieur Sarre, de certitudes scientifiques. Il n'y a pas de certitudes scientifiques dans l'ensemble de ce dossier, comme nous nous en sommes rendu compte depuis le dĂ©but de nos travaux. Ce n'est pas parce que certains pays n'ont pas pris de prĂ©cautions qu'il faut pour autant critiquer nos dĂ©cisions. Je mesure parfaitement les consĂ©quences Ă©conomiques que ces mesures entraĂźnent sur la boyauderie française. Cela Ă©tant, compte tenu des incertitudes scientifiques actuelles, il est Ă  mon avis bien difficile pour un Gouvernement de ne pas s'entourer de toutes les prĂ©cautions. Vous nous dites que les follicules lymphoĂŻdes disparaissent quand on utilise la technique du dĂ©limonage, mais aucune certitude scientifique n'existe sur ce point. M. Georges SARRE Il y a des follicules lymphoĂŻdes partout ! M. Jean-Pierre DUPONT Oui ! Mais quand on ne connaĂźt pas la pathogĂ©nie, il faut savoir comment utiliser une carcasse. On Ă©limine les plaques de Peyer parce que l'on sait oĂč les situer anatomiquement. Quand on dĂ©coupe une carcasse, les ganglions lymphatiques sont visibles, on sait donc les enlever aussi sans problĂšme. Reste le tissu lymphoĂŻde diffus. Il est vrai que quand on consomme de la viande, on consomme surtout la masse musculaire pour laquelle, thĂ©oriquement, le risque est nul. En revanche, dans certains organes comme les abats blancs, le tissu lymphoĂŻde est pratiquement partout et plus particuliĂšrement dans la muqueuse. Mais on peut en trouver aussi dans le tissus conjonctif ou ailleurs encore. C'est la raison pour laquelle le ministre a pris le maximum de prĂ©cautions. Par ailleurs, pouvez-vous nous indiquer quelles sont les consĂ©quences de la crise de l'ESB sur la consommation en triperie ? M. Christian PEIGNON Je ne peux absolument pas rĂ©pondre Ă  cette question, car il ne faut pas confondre triperie et boyauderie. En triperie, on raisonne en volume. Mais nous, nous raisonnons autrement. En France, il arrive des boyaux du monde entier, car nous sommes un pays dĂ©ficitaire en boyauderie. Nous importons Ă©normĂ©ment des pays d'AmĂ©rique du Sud comme le BrĂ©sil, l'Argentine et l'Uruguay. Les boyaux de porc viennent pratiquement tous de Chine. Les boyaux de mouton viennent des pays du Moyen-Orient. Curieusement, je suis exportateur de boyaux car je suis positionnĂ© sur un marchĂ© diffĂ©rent, celui des calibres larges alors que les Français utilisent plutĂŽt des calibres moyens ou Ă©troits provenant de bĂȘtes d'AmĂ©rique du Sud. Mme le PrĂ©sident Pourrez-vous nous communiquer des statistiques pour illustrer ces propos ? M. Christian PEIGNON Bien sĂ»r. La France est un trĂšs gros pays importateur de boyaux et il n'y a qu'en France qu'ils sont interdits ! Sur l'aspect scientifique du dossier, je tiens Ă  vous signaler que mes informations, qui sont Ă  votre disposition, proviennent de l'INRA. Et je ne pense pas que l'Ă©cole vĂ©tĂ©rinaire de Nantes Ă©crive n'importe quoi ! M. Jean-Pierre DUPONT Je n'ai jamais dit cela ! J'ai simplement indiquĂ© qu'on ne pouvait pas ĂȘtre certain d'Ă©liminer tout le tissu lymphoĂŻde. M. Christian PEIGNON Dans le boyau, si ! Nous avons pratiquĂ© des tests sur trois sĂ©ries de trente prĂ©lĂšvements effectuĂ©s par des vĂ©tĂ©rinaires sous couvert de la direction des services vĂ©tĂ©rinaires des Deux-SĂšvres. M. Michel BOLZINGER Normalement les bouchers retirent les ganglions lymphatiques quand ils prĂ©parent leur viande, sauf dans les steacks hachĂ©s. Si l'on fait confiance au boucher, pourquoi pas au boyaudier ? M. Christian PEIGNON J'ai voulu tout vĂ©rifier sur place. Je me suis donc rendu dans un trĂšs gros centre d'abattage de ma rĂ©gion, Ă  80 km de Parthenay, oĂč est fabriquĂ© principalement du steack hachĂ©. J'ai posĂ© aux techniciens de fabrication la question de savoir ce qu'ils faisaient des ganglions lymphatiques. Ils m'ont rĂ©pondu que, les quartiers passant entiers dans les broyeurs, il leur Ă©tait donc impossible d'enlever les ganglions lymphatiques, hormis une vingtaine, car ils se situent au milieu des muscles eux-mĂȘmes. M. Jean-Marie MORISSET Je voudrais indiquer que la situation de l'entreprise Peignon, qui est situĂ©e dans ma circonscription, me paraĂźt bien illustrer la crise que connaĂźt la boyauderie française. C'est l'objet mĂȘme de notre mission de s'informer sur l'opportunitĂ© des dĂ©cisions. Il ne s'agit pas de remettre en cause les orientations prises mais, six mois aprĂšs, on peut se demander si elles sont toujours nĂ©cessaires et si elles ont apportĂ© toute la sĂ©curitĂ© voulue. Je vous remettrai les courriers que j'ai reçus du CNEVA. Je pense qu'un jour il faudra que des dĂ©cisions soient prises pour rassurer les chefs d'entreprise concernĂ©s - qui ne sont pas nombreux en France - et surtout les personnels touchĂ©s par les plans sociaux. Les personnes qui n'ont plus de travail aujourd'hui du fait de l'arrĂȘtĂ© du 12 avril 1996 demandent pourquoi, en France, on ne peut plus travailler les boyaux de bovins nĂ©s avant juillet 1991 alors que les autres pays le font. C'est la question concrĂšte que nous posent aujourd'hui les personnels licenciĂ©s Ă  la suite de cette mesure. M. RĂ©my AUCHEDÉ Tout le monde s'accorde Ă  dire qu'il n'y a pas de certitudes scientifiques. Une stratĂ©gie de prĂ©caution a Ă©tĂ© mise en place que personne n'a le droit de contester. Or, selon les reprĂ©sentants de la boyauderie, les mesures prises ne seraient pas les bonnes, leur produit ne prĂ©sentant selon eux pas de danger. Je n'ai pas de position arrĂȘtĂ©e sur ce point, n'ayant pas qualitĂ© pour en avoir. Mais ce qui me paraĂźt alarmant, c'est que les carcasses qui sont, elles, utilisĂ©es, sont plus dangereuses par le fait qu'on ne peut pas en Ă©liminer les ganglions lymphatiques. Autrement dit, l'arrĂȘtĂ© se trompe de produits Ă  Ă©liminer de la consommation. M. Georges SARRE Ou bien est excessif ! M. RĂ©my AUCHEDÉ Il faut quand mĂȘme se demander s'il ne faut pas revoir le texte de cet arrĂȘtĂ© car, compte tenu des informations qui nous ont Ă©tĂ© donnĂ©es, notamment sur les importations de boyaux de l'Ă©tranger, il semble quand mĂȘme qu'il y ait dans ce dispositif quelque chose d'irrationnel. M. le Rapporteur Je souhaiterais, messieurs, que vous nous fassiez parvenir une note sur le dĂ©limonage. Il est important de disposer d'Ă©lĂ©ments prĂ©cis sur cette technique car, comme on l'a vu pour la prĂ©paration des farines animales, tout ce qui ne repose pas sur des protocoles trĂšs prĂ©cis, reproductibles, fiables et vĂ©rifiables Ă  un moment ou Ă  un autre peut donner lieu Ă  discussion. J'ai bien entendu l'ensemble des arguments qui ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s par les uns et par les autres. Je ne nie absolument pas le fait qu'il semble ne pas y avoir dans toutes les dĂ©cisions une cohĂ©rence Ă©vidente et nous essaierons d'aller plus loin dans la comprĂ©hension du pourquoi et du comment des choses. Mais une telle dĂ©marche ne peut se justifier que dans la mesure oĂč les techniques mises en oeuvre sont prĂ©cisĂ©ment dĂ©finies et vĂ©rifiables. Quant au dĂ©bat sur le tissu lymphoĂŻde diffus, il semble qu'un amalgame ait Ă©tĂ© fait dans la terminologie retenue par l'arrĂȘtĂ© du 12 avril 1996, qui mentionne l'ensemble de l'intestin sans distinction entre l'intestin grĂȘle et le gros intestin. Cela vient probablement du fait que le tissu lymphoĂŻde est beaucoup plus dense dans toutes les parties de l'organisme oĂč ont lieu des Ă©changes importants. Or il est vrai que l'intestin - mĂȘme si Ă  l'Ă©vidence cela s'applique beaucoup plus Ă  l'intestin grĂȘle qu'au gros intestin - est a priori un endroit oĂč la densitĂ© en tissus lymphoĂŻdes est importante puisqu'il est un lieu d'Ă©changes importants. Messieurs, croyez bien que nous ne sommes pas insensibles aux arguments que vous nous avez prĂ©sentĂ©s. Nous allons tenter - c'est le travail mĂȘme de notre mission - de nous informer pour tenter de comprendre et de mettre le doigt sur les incohĂ©rences qu'il peut y avoir ici ou lĂ . Mme le PrĂ©sident Nous vous remercions, messieurs. Audition de M. Christian BABUSIAUX, directeur gĂ©nĂ©ral de la concurrence, de la consommation et de la rĂ©pression des fraudes extrait du procĂšs-verbal de la premiĂšre sĂ©ance du 10 septembre 1996 PrĂ©sidence de Mme Evelyne GUILHEM, PrĂ©sident M. Christian BABUSIAUX Quelques mots d'introduction pour rappeler le rĂŽle de la direction gĂ©nĂ©rale de la concurrence, de la consommation et de la rĂ©pression des fraudes DGCCRF dans le problĂšme qui nous rĂ©unit aujourd'hui. Bien entendu, le ministĂšre de l'agriculture joue sur ce sujet un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant puisqu'il exerce une compĂ©tence exclusive dans le domaine de la santĂ© animale et qu'il a en charge les contrĂŽles en amont concernant notamment les produits animaux ou d'origine animale et les activitĂ©s telles que l'Ă©quarrissage. La DGCCRF intervient dans le cadre de sa mission gĂ©nĂ©rale de surveillance des marchĂ©s et de protection de la sĂ©curitĂ© des consommateurs. Elle a en consĂ©quence assumĂ© un rĂŽle croissant dans la rĂ©solution des problĂšmes posĂ©s par l'ESB au fur et Ă  mesure que les interrogations se sont dĂ©placĂ©es du domaine de la santĂ© animale Ă  celui de la sĂ©curitĂ© des consommateurs. Qu'avons-nous essayĂ© de faire et quelle a Ă©tĂ© notre mĂ©thode de rĂ©flexion pour tenter de prendre les mesures appropriĂ©es et organiser les contrĂŽles de maniĂšre pertinente ? Telles sont les questions auxquelles je voudrais rĂ©pondre dans mon intervention, Ă©tant rappelĂ© que toute notre action est fondĂ©e sur le code de la consommation. Pour resituer les faits, il est nĂ©cessaire de garder deux Ă©lĂ©ments en mĂ©moire. Tout d'abord, lors de l'apparition de la maladie en 1988-1989, aucun cas d'ESB ne s'est manifestĂ© en France ; le problĂšme Ă©tait alors uniquement britannique. Ensuite, le problĂšme est apparu Ă  l'origine comme ressortant uniquement de la santĂ© animale. Le ministre de l'agriculture a interdit en aoĂ»t 1989 les importations de farines anglaises, dĂ©cision qui, compte tenu de l'origine vraisemblable de la maladie, Ă©tait la mesure prioritaire Ă  adopter. Ce n'est qu'en 1990 qu'est Ă©voquĂ©e la possibilitĂ© d'une transmission de la maladie Ă  l'homme, notamment dans un article du Lancet du 7 juillet 1990. Ces interrogations, bien qu'elles ne fussent pas trĂšs rĂ©pandues dans la communautĂ© scientifique, nous ont incitĂ©s Ă  entreprendre un certain nombre de consultations. Nous nous sommes d'abord interrogĂ©s sur la qualitĂ© des aliments pour animaux fabriquĂ©s en France Ă  partir de farines de viande d'origine française. Aucun cas d'ESB n'Ă©tant signalĂ© en France, il n'y avait donc pas de nĂ©cessitĂ© Ă©vidente d'empĂȘcher l'utilisation de toute farine. Nous avons cependant saisi le 5 avril 1990 la commission scientifique compĂ©tente - la commission interministĂ©rielle et interprofessionnelle de l'alimentation animale - pour dĂ©terminer s'il y avait matiĂšre Ă  interdire l'utilisation de toute farine dans l'alimentation des ruminants. Cette commission, qui regroupe d'Ă©minents scientifiques de diverses disciplines, a prĂ©conisĂ©, le 28 juin 1990, Ă  titre de prĂ©caution, une interdiction des farines animales pour l'alimentation des bovins. Nous avons alors prĂ©parĂ© un arrĂȘtĂ© qui a Ă©tĂ© publiĂ© le 24 juillet 1990 et qui reprend les prĂ©conisations de la commission. En mĂȘme temps, nous nous sommes interrogĂ©s sur les autres vecteurs susceptibles de propager la maladie de la vache folle », mĂȘme Ă  titre subsidiaire, et tout particuliĂšrement sur l'usage des matiĂšres fertilisantes, c'est-Ă -dire les engrais et les supports de culture. La commission compĂ©tente, la commission des toxiques, s'est saisie officiellement en septembre 1991. Elle a rendu des avis le 11 dĂ©cembre 1991 et le 13 mai 1992. Le 27 aoĂ»t 1992, un arrĂȘtĂ© pris conjointement avec le ministre de l'agriculture transposait ses recommandations en soumettant les matiĂšres fertilisantes et les supports de culture Ă  homologation. La discussion se poursuivit d'ailleurs sur cette question aprĂšs la publication de l'arrĂȘtĂ©. Un recours contentieux fut mĂȘme dĂ©posĂ© et le Conseil d'Etat annula l'arrĂȘtĂ© en 1994 pour insuffisance de motivation. En 1991, les cinq premiers cas d'ESB sont recensĂ©s en France. A cette mĂȘme Ă©poque, des experts font Ă©tat de rapprochements possibles avec la maladie de Kuru liĂ©e Ă  la consommation de tissus nerveux humains lors de certains rituels funĂšbres en Nouvelle-GuinĂ©e, et des rapprochements avec la maladie de Creutzfeldt-Jakob provoquĂ©e par l'injection d'hormones de croissance. C'est dans ce contexte que nous avons saisi la commission compĂ©tente en matiĂšre de produits destinĂ©s Ă  une alimentation particuliĂšre, la CEDAP, le 9 juillet 1992. Cette commission scientifique, aprĂšs s'ĂȘtre entourĂ©e de l'avis d'Ă©minents spĂ©cialistes, a estimĂ© fondĂ©e notre proposition d'interdire dans les petits pots pour bĂ©bĂ©s et les complĂ©ments alimentaires les tissus considĂ©rĂ©s comme Ă  risque » au sens de la classification de l'OMS. L'arrĂȘtĂ© d'interdiction est publiĂ© le 31 juillet 1992, sur la base de la loi relative Ă  la sĂ©curitĂ© des consommateurs. Pourquoi cette mesure ? C'est que nous nous sommes efforcĂ©s de proportionner les mesures adoptĂ©es aux risques connus Ă  un moment donnĂ© et Ă  l'utilitĂ© des produits en cause. S'agissant des bĂ©bĂ©s, supposĂ©s plus fragiles que les adultes, la mesure est considĂ©rĂ©e comme prioritaire. En ce qui concerne les complĂ©ments alimentaires qui ne sont pas nĂ©cessaires Ă  l'alimentation, nous pouvons et devons ĂȘtre extrĂȘmement rigoureux. En 1992 Ă©galement, nous interrogeons le conseil supĂ©rieur d'hygiĂšne publique sur les mesures Ă  prendre concernant les cosmĂ©tiques et, Ă  la fin de la mĂȘme annĂ©e, les plus Ă©minents spĂ©cialistes du sujet, consultĂ©s notamment Ă  l'occasion d'une rĂ©union qui se tient le 8 dĂ©cembre, approuvent les dĂ©cisions adoptĂ©es et estiment, sur la base des connaissances scientifiques du moment, qu'il n'est pas nĂ©cessaire d'en prendre davantage. Il faut souligner que toutes ces mesures suscitent un certain nombre de discussions. En particulier, lorsque nous prĂ©parons en 1994 le dĂ©cret pour rendre permanente l'interdiction dans les petits pots et les complĂ©ments alimentaires des tissus considĂ©rĂ©s comme Ă  risque au sens de la classification de l'OMS, Bruxelles nous avertit que, si nous adoptons ledit dĂ©cret, un avis motivĂ© sera adressĂ© Ă  la France, la mesure Ă©tant jugĂ©e comme protectionniste et constitutive d'une entrave aux Ă©changes. Nous rĂ©pondons Ă  la Commission que nous passerons outre Ă  son avis motivĂ© et nous poursuivons quand mĂȘme la procĂ©dure. En 1994, un nouvel arrĂȘtĂ© est publiĂ© par le ministre de l'agriculture pour Ă©tendre Ă  l'ensemble des ruminants l'interdiction d'utiliser certaines protĂ©ines animales dans l'alimentation des animaux. Je ne m'Ă©tendrai pas plus avant sur les dĂ©cisions qui ont Ă©tĂ© prises aprĂšs la dĂ©claration du gouvernement anglais sur les risques de transmission Ă  l'homme de l'ESB et la dĂ©cision d'embargo du 22 mars 1996 car tout cela est bien connu et je prĂ©fĂšre consacrer le reste de mon intervention aux contrĂŽles de l'application des textes adoptĂ©s. Selon le code de la consommation, c'est d'abord aux professionnels eux-mĂȘmes qu'il revient de mettre en place des procĂ©dures d'auto-contrĂŽle et de procĂ©der Ă  toutes les vĂ©rifications nĂ©cessaires. Les pouvoirs publics s'assurent par la suite de la rĂ©alitĂ© de ces mesures. Pour la part des contrĂŽles qui nous revient - certains domaines, je le rĂ©pĂšte, comme l'importation des farines, Ă©tant de la compĂ©tence directe des services vĂ©tĂ©rinaires ou de la douane -, nous avons menĂ© des enquĂȘtes afin de dĂ©celer, Ă  chaque stade, les technologies et les pratiques interdites, de repĂ©rer les marchandises non conformes et d'Ă©valuer les dispositifs d'autocontrĂŽle. Ces contrĂŽles ont Ă©tĂ© menĂ©s sur des sujets trĂšs nombreux et trĂšs divers l'alimentation animale, la fabrication des aliments complĂ©mentaires ou composĂ©s - y compris l'incorporation de farine de viande dans l'alimentation des animaux - les produits destinĂ©s Ă  l'alimentation humaine avec les complĂ©ments alimentaires et les petits pots pour bĂ©bĂ©s, l'origine des viandes, notamment aprĂšs qu'ait Ă©tĂ© instituĂ© le logo VBF, les produits alimentaires contenant des dĂ©rivĂ©s d'origine bovine - la gĂ©latine, le suif - les cosmĂ©tiques, les engrais et les supports de culture. Au-delĂ  du nombre de contrĂŽles - et nous en avons rĂ©alisĂ© des dizaines de milliers -, il convient de souligner leur caractĂšre minutieux et mĂ©thodique. J'en citerai deux exemples. Premier exemple, les contrĂŽles des complĂ©ments alimentaires. On vĂ©rifie d'abord leur fabrication, s'ils contiennent des embryons, des tissus nerveux ou de la gĂ©latine. On examine ensuite les diffĂ©rents circuits de commercialisation en pharmacie mais aussi en grandes surfaces et dans les salles de sport. Nous avons contrĂŽlĂ©, ces derniers mois, une quarantaine de salles de sport d'Ile-de-France pour vĂ©rifier si des circuits parallĂšles ne proposaient pas des complĂ©ments alimentaires non conformes aux rĂšgles Ă©dictĂ©es. DeuxiĂšme exemple, les contrĂŽles dans la tannerie. Nous avons contrĂŽlĂ© ces derniers mois quarante-neuf tanneries pour vĂ©rifier si les peaux n'Ă©taient pas d'origine britannique car des sous-produits de tannerie sont utilisĂ©s pour l'alimentation animale. Nos contrĂŽles sont donc extrĂȘmement minutieux. Nos prĂ©occupations actuelles consistent d'abord Ă  continuer notre exploration mĂ©thodique. Conjointement avec la direction gĂ©nĂ©rale de l'alimentation et la direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ©, nous avons posĂ© un certain nombre de questions au comitĂ© Dormont et les rĂ©ponses qui y ont Ă©tĂ© apportĂ©es par cette instance servent de fondement aux mesures dĂ©cidĂ©es par le Gouvernement. Une premiĂšre liste de dix questions a ainsi donnĂ© lieu aux dĂ©cisions prises par le Premier ministre le 27 juin dernier. Par ailleurs, nos laboratoires se soucient d'approfondir les mĂ©thodes d'analyse. Nous avons notamment demandĂ© Ă  l'institut Pasteur de travailler sur une mĂ©thode pour mettre en Ă©vidence l'espĂšce bovine dans des farines, des engrais ou d'autres produits. Tout cela est menĂ© en concertation avec les autres administrations concernĂ©es. Nous tenons d'ailleurs chaque semaine une rĂ©union conjointe avec leurs reprĂ©sentants pour faire le point et convenir Ă©ventuellement des mesures Ă  proposer ou Ă  actualiser. Enfin, nos prĂ©occupations actuelles concernent la traçabilitĂ©. Le conseil national de la consommation a constituĂ© un groupe de travail auquel participent les organisations de consommateurs mais aussi les professionnels, notamment les Ă©leveurs. Les conclusions de ces travaux seront soumises aux pouvoirs publics. Mme le PrĂ©sident Pensez-vous qu'il serait utile de crĂ©er un organisme de contrĂŽle indĂ©pendant qui coifferait la DGCCRF et le service des douanes ? Un tel service ne prĂ©senterait-il pas l'avantage de rendre plus efficaces les contrĂŽles en les unifiant ? M. Christian BABUSIAUX La leçon essentielle Ă  tirer de cette affaire est de reconnaĂźtre qu'il s'agit d'un sujet interdisciplinaire et que personne ne peut raisonnablement prĂ©tendre tout savoir. Un organisme unique ne pourrait tout savoir. Il convient cependant d'organiser cette interdisciplinaritĂ©. Les cosmĂ©tiques, la tannerie ou les engrais ne sont pas des domaines spĂ©cifiquement agricoles ou alimentaires. Le principal problĂšme aujourd'hui est donc de mieux organiser les rĂ©seaux de contrĂŽle et la coopĂ©ration entre les uns et les autres. Vous proposez de crĂ©er une structure au-dessus de la nĂŽtre. Je vous rappellerai simplement qu'une organisation conjointe des contrĂŽles entre la direction gĂ©nĂ©rale de l'alimentation et nous-mĂȘmes s'est mise en place dĂšs 1990. Par ailleurs, les problĂšmes scientifiques sont traitĂ©s par le comitĂ© Dormont qui rĂ©unit Ă  ce sujet toutes les compĂ©tences. M. le Rapporteur J'aimerais connaĂźtre vos liens avec le service des douanes, la façon dont vous prenez des dĂ©cisions communes et dont vous vous rĂ©partissez le travail. Comment pouvez-vous reconnaĂźtre l'origine Ă©ventuellement frauduleuse d'un produit qui aurait Ă©tĂ© contrĂŽlĂ© par les douanes ? Pouvez-vous passer en deuxiĂšme ligne, pour rattraper leurs Ă©ventuelles erreurs ? L'une des principales difficultĂ©s auxquelles est confrontĂ©e notre mission est de trouver une cohĂ©rence et une homogĂ©nĂ©itĂ© dans les chiffres qui nous sont fournis par les diffĂ©rents responsables auditionnĂ©s. Ces chiffres sont en totale discordance mĂȘme s'ils sont avancĂ©s par des gens dignes de foi ayant le souci de dire la vĂ©ritĂ©. Par ailleurs, les reprĂ©sentants du syndicat de la boyauderie, qui vous ont prĂ©cĂ©dĂ©, nous ont dĂ©montrĂ© que, au terme d'un amalgame un peu rapide, l'intestin avait Ă©tĂ© touchĂ© dans sa globalitĂ© par les mesures d'interdiction. Or, il apparaĂźt que le gros intestin et l'intestin grĂȘle doivent ĂȘtre traitĂ©s diffĂ©remment. Avez-vous Ă©tĂ© concernĂ© par ces dĂ©cisions ? Quel est le rĂŽle exact de la DGCCRF dans la rĂ©daction des mesures prises dans cette affaire ? Quels avis ĂȘtes-vous amenĂ© Ă  formuler et ĂȘtes-vous associĂ©s Ă  toutes les dĂ©cisions prises sur la base des conclusions du comitĂ© Dormont ? Etes-vous convaincu qu'aujourd'hui les modalitĂ©s de surveillance sont telles que les fraudes sont rĂ©duites au minimum ? Notre systĂšme de rĂ©pression des fraudes est-il efficace ? Ou bien pensez-vous que, bien que vous fassiez le maximum, de nombreuses distorsions subsistent ? Vous avez Ă©voquĂ© un diffĂ©rend avec Bruxelles. Quel est votre sentiment sur la rĂ©action manifestĂ©e Ă  cette occasion par les instances communautaires ? Pensez-vous que nous sommes aujourd'hui en difficultĂ© avec l'Europe compte tenu de nos divergences d'approche du problĂšme de l'ESB ? Pensez-vous rĂ©ellement que les mesures adoptĂ©es ont une cohĂ©rence compte tenu des dĂ©cisions prises dans les autres pays de la CommunautĂ© europĂ©enne ? Enfin, pensez-vous que nous avons pris trop peu, suffisamment ou trop de prĂ©cautions ? Comment situez-vous l'arsenal qui a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© au regard du risque tel que vous le percevez ? M. Christian BABUSIAUX La douane assure un ensemble de responsabilitĂ©s concernant Ă  la fois les contrĂŽles aux frontiĂšres et la fiscalitĂ©. Les contacts entre la DGCCRF et la douane sont Ă©videmment rĂ©guliers. Nous avons d'ailleurs une cellule d'analyse des risques et de programmation conjointe qui permet une coordination. Des contacts ont Ă©galement lieu au niveau rĂ©gional ou local entre nos deux administrations et tout ceci fonctionne sans problĂšme. Vous Ă©voquiez les discussions sur les chiffres. Vous vous souvenez sans doute que M. Galland, lorsqu'il a Ă©tĂ© auditionnĂ©, a Ă©voquĂ© les importations qui figurent dans les dĂ©clarations en douane des opĂ©rateurs pour les annĂ©es 1993 Ă  1996. Nous avons rĂ©guliĂšrement effectuĂ© des contrĂŽles chez les 385 fabricants d'aliments. Nous leur avons rĂ©clamĂ© Ă  chaque fois le maximum de documents. MĂȘme si nous n'avons pas vocation Ă  tenir les archives des Ă©tablissements en rĂšgle, nous avons dĂ©jĂ  pu Ă©tablir, grĂące aux documents conservĂ©s, que les quantitĂ©s dĂ©clarĂ©es en douane comme Ă©tant d'origine anglaise en 1995 et en 1996 Ă©taient en rĂ©alitĂ©, soit d'origine irlandaise, soit d'origine anglaise mais destinĂ©es Ă  des utilisations licites de type alimentation des volailles. Nous avons travaillĂ© avec la douane pour remonter aux annĂ©es antĂ©rieures. Vous m'avez posĂ© la question de savoir si nous pouvions en quelque sorte passer derriĂšre » la douane. Nous effectuons rĂ©guliĂšrement des contrĂŽles chez les fabricants d'aliments. Nous regardons la formule des produits qu'ils sont censĂ©s utiliser et les matiĂšres premiĂšres qu'ils achĂštent. Cela permet d'Ă©tablir un recoupement comptable entre les entrĂ©es et les sorties. C'est une maniĂšre de vĂ©rifier quelles ont Ă©tĂ© les diffĂ©rentes utilisations. Ces procĂ©dures ne s'appliquent d'ailleurs pas seulement du fait des risques liĂ©s Ă  l'ESB mais sont mises en oeuvre d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale car d'autres problĂšmes peuvent exister en matiĂšre d'alimentation animale. Ainsi par exemple, nous nous assurons que l'on ne rencontre pas une prĂ©sence anormale de mĂ©taux lourds ou une contamination microbiologique. Nous n'avons aucune divergence avec la douane sur les chiffres. Nous approfondissons simplement la vĂ©rification des dĂ©clarations des opĂ©rateurs. Quant au rĂŽle du comitĂ© Dormont, je reconnais, pour ma part, attacher toujours une importance dĂ©terminante aux avis des comitĂ©s scientifiques. Les pouvoirs publics doivent interroger les instances scientifiques et prendre ensuite leurs responsabilitĂ©s. Leur avis est trĂšs important et il a toujours dĂ©terminĂ© notre action, aujourd'hui comme hier. Mais cela n'exclut pas, lorsqu'une rĂ©ponse nous semble trop imprĂ©cise ou soulever d'autres problĂšmes, de rĂ©clamer de plus amples informations. Les modalitĂ©s de surveillance me paraissent-elles suffisantes ? En Grande-Bretagne 160 000 cas d'ESB ont Ă©tĂ© recensĂ©s alors que la France n'en a dĂ©nombrĂ© que 22. Il convient de garder ce rapport toujours prĂ©sent Ă  l'esprit. MalgrĂ© un trĂšs grand nombre de contrĂŽles, nous n'avons pas trouvĂ© d'utilisation illicite des farines, sauf le cas de 1991 que nous avons rendu public. La surveillance qui a Ă©tĂ© mise en place a Ă©tĂ© trĂšs efficace et nous avons tout lieu de penser que l'ensemble constituĂ© jusqu'ici par les auto-contrĂŽles des professionnels, leur sens des responsabilitĂ©s et nos propres contrĂŽles, a Ă©tĂ© suffisant. Mais nous devons rester en permanence en alerte. Nous ne pouvons pas dire en toute certitude que tout a Ă©tĂ© fait. Il faut continuellement rĂ©examiner les choses et c'est ce que nous faisons. Cette semaine encore, les pouvoirs publics prendront de nouveaux arrĂȘtĂ©s en raison de l'Ă©volution des connaissances scientifiques. Nous avons dressĂ© 87 procĂšs-verbaux pour des viandes d'origine anglaise ou autre, mais qui Ă©taient allĂ©guĂ©es comme françaises. Ensuite, des dĂ©cisions judiciaires doivent intervenir. Une circulaire Ă©laborĂ©e par la Chancellerie devrait permettre une instruction rapide de nos procĂ©dures. Sommes-nous en difficultĂ© avec Bruxelles ? Il a pu arriver que nous le soyons. Notre pays est celui qui a pris, sur le sujet de l'ESB, les dĂ©cisions couvrant le plus large domaine. Le vĂ©ritable problĂšme reste celui de la communautarisation des dĂ©cisions, de maniĂšre Ă  assurer la meilleure efficacitĂ©, la meilleure coordination et le moins d'entraves possibles. Il est bien Ă©vident que les mesures nationales peuvent aboutir Ă  cloisonner des marchĂ©s alors que notre objectif demeure le marchĂ© unique. L'un des impĂ©ratifs essentiels est bien que les mesures deviennent communautaires. M. Jean-Marie MORISSET Monsieur le directeur, vous n'avez pas rĂ©pondu Ă  une question concrĂšte de notre rapporteur votre direction a-t-elle participĂ© Ă  l'Ă©laboration du dĂ©cret du 10 avril 1996 concernant l'interdiction des abats ? Suite Ă  l'embargo sur la viande en provenance du Royaume-Uni, des dĂ©cisions ont Ă©tĂ© prises concernant la saisie de toutes les viandes congelĂ©es dans les frigos. Les propriĂ©taires de ces viandes ne peuvent pas assurer la traçabilitĂ© de leurs produits congelĂ©s parce qu'ils n'ont pas conservĂ© l'historique informatique de ces viandes. Ils ne peuvent donc prouver que celles-ci ne sont pas d'origine anglaise. Inversement, on ne peut prouver qu'elles le soient. Par consĂ©quent, ces industriels ne sont pas indemnisĂ©s alors qu'un certain tonnage de leurs produits est consignĂ© dans les abattoirs. Comment peut-on sortir de cet imbroglio oĂč tout le monde est de bonne foi ? M. Christian BABUSIAUX Je m'aperçois que j'ai oubliĂ© de rĂ©pondre Ă  une des questions de M. le rapporteur concernant la classification des intestins parmi les tissus Ă  risque. Je comprends que le syndicat des boyaudiers regrette l'interdiction des intestins mais l'OMS a considĂ©rĂ© l'ensemble de ces tissus comme Ă©tant Ă  risque, mĂȘme si certaines parties le seraient plus que d'autres. Des considĂ©rations techniques et de contrĂŽle doivent ĂȘtre Ă©galement prises en compte distinguer certaines parties d'organes et ĂȘtre sĂ»r qu'il n'y aura pas de fraudes, d'erreurs de manipulation ou de problĂšmes dans la dĂ©coupe ou dans la pratique de l'abattage est extrĂȘmement difficile. Cela explique le caractĂšre gĂ©nĂ©ral de la mesure qui a Ă©tĂ© prise pour les animaux nĂ©s avant le 31 juillet 1991. Quant au dĂ©cret du 10 avril 1996, parlez-vous de celui relatif aux petits pots pour les bĂ©bĂ©s ? M. Jean-Marie MORISSET Non, de celui portant sur les gros intestins et les abats ! M. Christian BABUSIAUX Il s'agit d'un arrĂȘtĂ© alors. M. le Rapporteur En ce qui concerne votre rĂ©ponse Ă  ma questions, j'attire votre attention sur le fait, premiĂšrement, que l'OMS insiste sur l'intestin grĂȘle - j'ai le texte sous les yeux - et, deuxiĂšmement, que, mĂȘme si l'ensemble s'appelle intestins, on peut diffĂ©rencier l'intestin grĂȘle du gros intestin, qui ne se ressemblent absolument pas. Ils n'ont strictement ni les mĂȘmes fonctions, ni la mĂȘme anatomie. Ils ne comportent donc pas les mĂȘmes risques. Je voudrais ĂȘtre certain que la rĂ©daction de l'arrĂȘtĂ© ne procĂšde pas d'une assimilation un peu rapide qui ne tienne pas compte de la diffĂ©rence essentielle qui existe entre l'intestin grĂȘle et le gros intestin. C'est l'exemple mĂȘme d'une dĂ©cision qui, fondĂ©e sur une bonne motivation, a un effet pervers et dĂ©passe, avec des consĂ©quences non nĂ©gligeables, le but recherchĂ©. M. Christian BABUSIAUX En ce qui concerne tout d'abord notre rĂŽle dans la prĂ©paration de ce texte, je vous indique que nous ne sommes pas Ă  son origine, puisqu'il concerne spĂ©cifiquement des denrĂ©es animales et d'origine animale, mais que nous avons Ă©tĂ© associĂ©s Ă  sa prĂ©paration. Sur les prĂ©cisions techniques que vous demandez par ailleurs, le directeur gĂ©nĂ©ral de l'alimentation sera plus Ă  mĂȘme de vous rĂ©pondre. Ce qui a Ă©tĂ© mis en avant, c'est la difficultĂ© technique au moment mĂȘme de l'abattage et du traitement, de distinguer les deux catĂ©gories d'intestins. Il ne faut jamais nĂ©gliger l'aspect technique de la production. Nous avons eu l'occasion d'emmener des scientifiques du comitĂ© Dormont dans un abattoir pour qu'ils se rendent compte quels Ă©taient exactement les mĂ©thodes et les risques. Il est clair que, selon la mĂ©thode d'abattage et de traitement, il peut y avoir des risques de contamination entre des produits qui se trouvent, Ă  un moment ou Ă  un autre, en contact. M Jean-Marie MORISSET Je souhaiterais que vous me rĂ©pondiez sur les viandes consignĂ©es dans les abattoirs dont on ne sait pas reconnaĂźtre l'origine. Je voudrais Ă©galement prĂ©ciser qu'il n'y a pas de difficultĂ©s techniques pour sĂ©parer l'intestin grĂȘle du gros intestin. Les abattoirs effectuent d'ailleurs cette rĂ©partition, la vente des gros intestins aux boyaudiers Ă©tant autorisĂ©e pour tout ce qui est non alimentaire. M. Christian BABUSIAUX Je regarderai ce dernier point de maniĂšre plus approfondie. Pour en revenir Ă  votre premiĂšre question, nous n'opĂ©rons de saisie que lorsque nous avons la preuve de l'origine britannique et nous considĂ©rons que c'est Ă  nous de faire la preuve de la fraude. Il peut arriver que nous consignions des produits en attendant qu'on nous fournisse des documents. Mais, Ă  ce moment-lĂ , de deux choses l'une ou bien on peut nous fournir des documents et nous levons la consignation ; ou bien on ne nous les fournit pas ou nous en trouvons qui nous laissent penser Ă  une origine anglaise, et alors nous saisissons les produits. M. Francis GALIZI Disposez-vous de documents de l'OMS concernant la gĂ©latine ? Ma seconde question concerne Ă  nouveau la boyauderie. Le document de l'OMS auquel vous avez fait allusion fait-il rĂ©fĂ©rence aux mesures restrictives prises par l'Angleterre en plein coeur de l'Ă©pidĂ©mie pour interdire un certain nombre de sous-produits Ă  la consommation ? M. RenĂ© BEAUMONT Vous avez rĂ©pĂ©tĂ© Ă  plusieurs reprises avoir consultĂ© les instances scientifiques dĂšs 1990 sans prĂ©ciser lesquelles. Or le comitĂ© Dormont n'existait pas Ă  cette date et, Ă  notre connaissance, il y avait peu ou pas - et plutĂŽt pas que peu - d'instances scientifiques françaises qui s'intĂ©ressaient Ă  l'ESB. Les laboratoires français travaillaient Ă  ce moment-lĂ  sur la tremblante du mouton qui, bien qu'elle soit une encĂ©phalopathie spongiforme, prĂ©sente une diffĂ©rence de taille avec l'ESB elle existe depuis 200 ans et n'a jamais Ă©tĂ© reconnue transmissible Ă  l'homme. Ma premiĂšre question est donc la suivante quelles instances scientifiques avez-vous consultĂ©es Ă  l'Ă©poque ? Vous avez parlĂ© de la responsabilitĂ© des professionnels et en particulier de l'autocontrĂŽle qu'ils devaient de par la loi s'imposer, votre service n'intervenant qu'en aval. Nous avons reçu le reprĂ©sentant des fabricants d'aliments pour le bĂ©tail qui a beaucoup insistĂ© sur la sĂ»retĂ© des contrĂŽles effectuĂ©s dans les entreprises. Nous avons Ă©tĂ© un peu surpris qu'un autre reprĂ©sentant de la mĂȘme profession refuse de cautionner les propos qui avaient Ă©tĂ© tenus devant nous. Cela laisse penser qu'il peut y avoir des failles dans l'auto-contrĂŽle. Il a eu 22 cas d'ESB en France. Sont-ils tous dus Ă  l'importation de viandes anglaises qui auraient contaminĂ© les bovins ? L'a-t-on vĂ©rifiĂ© sur chacun des 22 cas ? A-t-on retrouvĂ© les producteurs des aliments donnĂ©s Ă  ces bovins ? A-t-on rĂ©uni des informations susceptibles de savoir si on va passer de 22 Ă  200 ou 500 cas ou bien si, au contraire, on a une chance de connaĂźtre un dĂ©veloppement relativement limitĂ© de l'Ă©pidĂ©mie ? Nous ne savons toujours pas combien de tonnes de viandes ont Ă©tĂ© importĂ©es illĂ©galement d'Angleterre. Vous avez Ă©voquĂ© les viandes d'origine irlandaise. Est-on sĂ»r qu'il ne s'agit pas de viandes anglaises ayant transitĂ© par l'Irlande ? Enfin, derniĂšre question, quel est le fondement juridique des dĂ©cisions prises en ce qui concerne le sperme ? Mme SĂ©golĂšne ROYAL Estimez-vous suffisants les moyens dont vous disposez ? N'y a-t-il pas parfois des oppositions flagrantes entre la logique de la concurrence et la protection des consommateurs ? En laissant importer les farines anglaises, c'est la logique de concurrence qui a d'abord primĂ© dans un premier temps. La logique de sĂ©curitĂ© alimentaire et de rĂ©pression des fraudes n'est venue que beaucoup plus tard. N'ĂȘtes-vous pas Ă©cartelĂ© entre ces deux logiques et comment arbitrez-vous entre elles ? N'avez-vous pas parfois des problĂšmes d'allocation des moyens administratifs ? Sauf erreur de ma part, la rĂ©pression des fraudes Ă©tait autrefois rattachĂ©e au ministĂšre de l'agriculture. Ce choix paraĂźt aujourd'hui assez judicieux puisque, finalement, dans le domaine de la consommation, le plus sensible relĂšve de la sĂ©curitĂ© alimentaire. Dans le domaine qui nous prĂ©occupe, ce qui est frappant, c'est la lenteur des rĂ©actions. Pourquoi votre service n'a-t-il pas jouĂ© un rĂŽle prĂ©ventif ? M. Christian BABUSIAUX Permettez-moi de rĂ©pondre d'abord Ă  la question de Mme Royal. Notre logique gĂ©nĂ©rale est une logique de surveillance du marchĂ©. Elle consiste, dans une Ă©conomie de concurrence, Ă  vĂ©rifier s'il n'y a pas des abus, des problĂšmes pour les entreprises ou pour les consommateurs. Notre logique est donc la mĂȘme en matiĂšre de concurrence ou de protection des consommateurs. Notre rĂŽle est de surveiller s'il n'y a pas des pratiques abusives dans les deux domaines. La sĂ©curitĂ© est bien entendu une exigence absolue et nous l'avons toujours fait primer dans tous les domaines. Le domaine alimentaire n'est pas le seul concernĂ©. Ainsi, vous vous souvenez peut-ĂȘtre de l'action que nous avons menĂ©e pour renforcer la sĂ©curitĂ© des jouets. D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la sĂ©curitĂ© des produits industriels est un souci permanent de la DGCCRF. Vous demandez s'il y a eu des retards et vous ne comprenez pas pourquoi notre service n'est pas intervenu plus tĂŽt. Je reviens Ă  ce que je disais au dĂ©but de mon exposĂ© l'importation des farines et leur traitement relĂšvent du ministre de l'agriculture et il n'est pas dans notre habitude de jouer la mouche du coche. Il faut se souvenir aussi que, s'il y a eu des cas d'ESB britanniques connus et dĂ©clarĂ©s Ă  partir de 1986-1987, la mesure d'interdiction britannique ne date que de 1988 et n'a pas Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e Ă  ce moment-lĂ  aux homologues vĂ©tĂ©rinaires de la CommunautĂ© europĂ©enne. DĂšs lors qu'il y a eu un risque pour le consommateur, nous avons consultĂ© les instances scientifiques et agi avec, je crois, une trĂšs grande vigilance. J'ai eu l'occasion de dire que nous avions consultĂ© la commission interministĂ©rielle et interprofessionnelle de l'alimentation animale dĂšs le 5 avril 1990, ce qui est antĂ©rieur Ă  la publication de l'article du Lancet du 7 juillet 1990 qui posait la question - extrĂȘmement controversĂ©e - de la transmission Ă  l'homme. Je ne crois pas qu'il y ait eu un retard. D'ailleurs, ce qui nous a Ă©tĂ© parfois reprochĂ© Ă  l'Ă©poque, c'est d'avoir Ă©tĂ© trop tatillons ou d'avoir fait une application trop extensive du principe de prĂ©caution. Vous avez posĂ© des questions d'organisation. L'important, c'est la surveillance globale du marchĂ©. Aujourd'hui, par exemple, on se demande s'il faut incinĂ©rer - et le faire faire par qui ? par les cimentiers ou par d'autres ? - les cadavres d'animaux. Il ne faut pas avoir une conception strictement sectorielle des problĂšmes. C'est le rĂŽle que nous avons essayĂ© de jouer aller chercher les diffĂ©rents types de questions possibles pour les faire apparaĂźtre au grand jour. Quant au problĂšme de la suffisance des moyens, je rĂ©pondrai qu'il ne revient pas Ă  un fonctionnaire d'apprĂ©cier les moyens qui lui sont donnĂ©s. C'est le rĂŽle du Gouvernement et du Parlement. Mme SĂ©golĂšne ROYAL Vous avez une libertĂ© de parole totale ici. Profitez-en ! Sourires. M. Christian BABUSIAUX Ce qu'il faut, c'est prendre les bonnes dĂ©cisions et les prendre Ă  temps. Les contrĂŽles que nous avons effectuĂ©s pour l'application des textes ont Ă©tĂ© trĂšs nombreux. Quand l'arrĂȘtĂ© sur les engrais a Ă©tĂ© pris, par exemple, nous avons vĂ©rifiĂ© 400 catĂ©gories d'engrais. Nous avons constamment surveillĂ© les 385 usines fabriquant des aliments. Sur l'origine des viandes, nous avons effectuĂ© Ă  ce jour entre 15 000 et 17 000 contrĂŽles depuis l'embargo. Vous avez souhaitĂ© savoir quelles instances scientifiques nous avons consultĂ©es celles compĂ©tentes dans chacun des domaines. Sur des sujets par nature interdisciplinaires, il ne peut y avoir -sauf temporairement comme le comitĂ© Dormont- une instance qui prĂ©tendrait tout savoir. Il faut des instances sectorielles. Nous avons consultĂ© la commission compĂ©tente pour l'alimentation animale, la commission compĂ©tente pour les produits destinĂ©s Ă  une alimentation particuliĂšre ainsi que le conseil d'hygiĂšne publique. Bien entendu, ces commissions comprennent des scientifiques spĂ©cialisĂ©s et d'autres qui ont une vue plus large des problĂšmes. Par exemple, le prĂ©sident de la commission interministĂ©rielle de l'alimentation animale Ă©tait Ă  cette Ă©poque le prĂ©sident de l'AcadĂ©mie nationale de mĂ©decine. Il avait donc des connaissances lui permettant de mesurer l'Ă©tat de la science. Je pourrai citer encore d'autres hommes Ă©minents. Le prĂ©sident de la section alimentation de l'AcadĂ©mie de mĂ©decine Ă©tait ainsi membre de la commission de l'alimentation particuliĂšre que j'ai mentionnĂ©e. Il y avait par ailleurs des Ă©changes constants entre les diffĂ©rents scientifiques sur ce sujet. Concernant les autocontrĂŽles, vous avez fait allusion Ă  l'intervention de M. Glon aprĂšs l'audition de M. MontĂ©cot. Je ne sais pas ce que visait exactement M. Glon, mais, Ă  ma connaissance, il ne s'agissait pas de l'insuffisance de l'auto-contrĂŽle effectuĂ© par les entreprises. Vous avez posĂ© aussi le problĂšme des cas d'ESB en France. Ce que nous pouvons observer c'est que, dans tous les cas connus aujourd'hui sauf un, il s'agissait d'animaux nĂ©s avant l'interdiction de l'importation des farines britanniques et qui ont vraisemblablement consommĂ© des farines importĂ©es d'origine britannique. Un seul cas, celui du Maine-et-Loire, est postĂ©rieur. Nous procĂ©dons Ă  un certain nombre de vĂ©rifications et de rĂ©flexions. Nous nous sommes interrogĂ©s, par exemple, sur les pierres Ă  lĂ©cher car nous nous demandions s'il ne pouvait pas y ĂȘtre restĂ© des farines importĂ©es, d'origine anglaise. Nous avons fait des prĂ©lĂšvements et des analyses qui, pour l'instant, ont Ă©tĂ© nĂ©gatives. Nous n'avons pas pour l'instant d'explications sur ce cas qui a Ă©tĂ© qualifiĂ© de sporadique. Mis Ă  part ce cas, la totalitĂ© des cas d'ESB dĂ©clarĂ©s concernent des animaux nĂ©s antĂ©rieurement Ă  l'interdiction des farines britanniques. Vous m'avez interrogĂ© aussi sur l'origine des farines importĂ©es et sur la certitude que l'on peut avoir de leur origine irlandaise. Nous avons des certificats des vĂ©tĂ©rinaires irlandais attestant que la marchandise vient de telle unitĂ© de production irlandaise, qui existe bel et bien, et dont le volume de production est cohĂ©rent avec le volume d'importation constatĂ© en France. Nous avons Ă©galement des documents de connaissement de navires qui montrent que les produits sont venus par un navire qui est bien parti d'Irlande et qui a chargĂ© la marchandise en Irlande. Dans tous les cas, nous disposons donc de documents qui nous permettent d'affirmer ce que j'ai indiquĂ© tout Ă  l'heure. VoilĂ  le type d'investigations que nous faisons. Pour la gĂ©latine, la dĂ©cision actuelle est, me semble-t-il, fondĂ©e sur un avis du comitĂ© scientifique vĂ©tĂ©rinaire de la CommunautĂ© et non sur des travaux de l'OMS. M. Charles JOSSELIN Ma premiĂšre question porte Ă  nouveau sur la rĂ©alitĂ© des contrĂŽles auxquels vos services procĂšdent. Vous avez dit avoir vĂ©rifiĂ©, y compris sur la pĂ©riode rĂ©cente, la maniĂšre dont les circuits d'importation avaient pu fonctionner entre l'Irlande, la Grande-Bretagne et la France. La direction des douanes nous avait dit qu'elle ne pouvait pas faire mieux que de demander aux entreprises de lui adresser les documents justifiant ces diffĂ©rents mouvements. Vos propres moyens vous permettent-ils d'aller sur place vĂ©rifier la rĂ©alitĂ© affirmĂ©e dans ces documents ou travaillez-vous, vous aussi, uniquement sur les piĂšces fournies ? Plus prĂ©cisĂ©ment, de quels moyens disposez-vous, par exemple, dans un dĂ©partement comme les CĂŽtes-d'Armor, qui a le triste privilĂšge d'avoir comptĂ© le plus grand nombre de cas d'ESB dĂ©clarĂ©s. Combien d'agents pouvez-vous mobiliser pour assurer la surveillance sur place ? Ma seconde question est trĂšs impertinente quel aurait Ă©tĂ© votre inconfort si vos recherches vous avaient conduit Ă  contredire les propos tenus par M. Galland en juin ? M. Georges SARRE Pourrions-nous savoir de façon claire et prĂ©cise quelles ont Ă©tĂ© les quantitĂ©s de farines importĂ©es depuis 1987 jusqu'Ă  aujourd'hui ? AprĂšs toutes les auditions auxquelles j'ai assistĂ©es au sein de cette mission, je ne le sais toujours pas. Quelle diffĂ©rence y a-t-il, s'il en existe une, entre les farines anglaises et les farines irlandaises ? En 1988, les Anglais prennent la dĂ©cision de ne plus consommer les farines produites dans leur pays et ils continuent Ă  exporter. Au sein de la CommunautĂ© europĂ©enne, il y a quand mĂȘme des rĂ©unions, des sĂ©minaires, des colloques au cours desquels les gens se parlent. Je comprends mal que les quatorze autres pays europĂ©ens n'aient pas eu vent de cette interdiction. C'est quand mĂȘme curieux. Personne ne s'en est Ă©tonnĂ© auprĂšs des britanniques. Personne n'a dit Cette dĂ©cision est Ă©tonnante. Vous produisez des farines, vous les interdisez dans votre pays et vous nous les envoyez ! Comment se fait-il ? » Il n'y a donc pas eu un seul fonctionnaire de votre service ou d'un autre pour se poser la question. Ce n'Ă©tait quand mĂȘme pas un secret dĂ©fense ! Par ailleurs, qu'en est-il des contrĂŽles dans les diffĂ©rents pays de l'Union europĂ©enne ? Enfin, quels ont Ă©tĂ© les freins mis par la Commission europĂ©enne Ă  la mise en place d'une politique de prĂ©vention? La presse nous a fait connaĂźtre certains des textes Ă©changĂ©s entre les fonctionnaires de la Commission. Vous nous avez rappelĂ© l'injonction dont la France a Ă©tĂ© l'objet. Qu'en a-t-il Ă©tĂ© aux diffĂ©rentes Ă©tapes du processus de contamination ? Quelles ont Ă©tĂ© les actions officielles ou souterraines de la Commission ? M. Christian BABUSIAUX D'abord, sur les moyens de contrĂŽle, je rappellerai que le principe de fonctionnement de notre direction est d'exercer une surveillance globale du marchĂ©. Nous essayons de faire que nos diffĂ©rents contrĂŽles s'enrichissent les uns les autres en ne traitant pas les choses de maniĂšre purement sectorielle ou cloisonnĂ©e. A l'heure actuelle, nous ne disposons d'aucune information qui laisse penser, que postĂ©rieurement Ă  l'interdiction de l'importation de farine, il y ait eu des utilisations illicites en France. Nous allons directement dans les usines vĂ©rifier l'alimentation du bĂ©tail, grĂące aux documents comptables mais aussi en effectuant des prĂ©lĂšvements qui sont envoyĂ©s Ă  nos laboratoires chargĂ©s d'analyser leur composition. La vĂ©rification concerne en particulier la microbiologie et la teneur en mĂ©taux lourds. Nous procĂ©dons Ă©galement Ă  certaines investigations Ă  l'arrivĂ©e de cargaisons dans les ports, ceci afin de recouper les informations. Nous avons envoyĂ© encore rĂ©cemment des agents au dĂ©chargement de bateaux. Ils ont pratiquĂ© certains prĂ©lĂšvements et ont demandĂ© les documents y affĂ©rents. Rien jusqu'Ă  prĂ©sent ne nous laisse penser qu'il peut y avoir des utilisations illicites. M. Charles JOSSELIN Quand vous dites illicites », vous pensez postĂ©rieures Ă ... M. Christian BABUSIAUX A la mesure d'interdiction qui date du 13 aoĂ»t 1989 ! Nous ne pouvons bien Ă©videmment pas contrĂŽler en l'absence de texte. Vous avez Ă©galement Ă©voquĂ© la possibilitĂ© de contrĂŽler les produits dans leur pays d'origine. Cela ne peut reposer que sur la confiance mutuelle entre les diffĂ©rents corps de contrĂŽles. En effet, lorsqu'il existe un certificat, nous n'avons pas de raison de penser qu'il est faux. Pour certains produits industriels, comme les jouets ou l'Ă©lectromĂ©nager en provenance d'un pays du sud-est asiatique, il peut arriver que nous ayons un certificat d'un laboratoire de contrĂŽle privĂ© dont nous ne pouvons pas confirmer l'exactitude. Pour le sujet qui nous prĂ©occupe, compte tenu des certificats vĂ©tĂ©rinaires irlandais en notre possession et des autres documents comme le connaissement des navires ou les factures, nous procĂ©dons Ă  des recoupements pour effectuer nos vĂ©rifications. Pourtant, certains opĂ©rateurs ont dĂ©clarĂ© par erreur des farines Ă  la douane comme provenant d'Angleterre. Ils l'ont fait en toute bonne foi car s'ils avaient pensĂ© que c'Ă©tait illicite, ils ne l'auraient vraisemblablement pas dĂ©clarĂ© en douane. Si nous dĂ©couvrons une infraction, celle-ci est de nature pĂ©nale. Chaque annĂ©e, dans d'autres domaines, nous engageons des milliers de procĂ©dures. Nous ne pouvons donc pas ĂȘtre suspectĂ©s de mollesse. A compter de la dĂ©cision d'interdiction prise par les pouvoirs publics français, nous n'avons pas dĂ©tectĂ© la moindre importation destinĂ©e Ă  des utilisations illicites. Vous m'avez par ailleurs demandĂ© quelle est la diffĂ©rence entre les farines irlandaises et anglaises. Les Anglais ont adoptĂ© des mĂ©thodes de production de farines qui ne prĂ©sentaient plus les mĂȘmes garanties que par le passĂ©. L'interdiction Ă©dictĂ©e par les autoritĂ©s françaises a d'abord portĂ© Ă©galement sur les farines irlandaises parce que le ministĂšre français de l'agriculture estimait ne pas avoir suffisamment d'informations sur les mĂ©thodes de production irlandaises. En 1993, cette interdiction a Ă©tĂ© levĂ©e car il est apparu que les farines irlandaises Ă©taient fabriquĂ©es selon des mĂ©thodes normales de traitement. Vous m'avez interrogĂ© sur les raisons pour lesquelles les autres pays de l'Union n'ont pas rĂ©agi Ă  la mesure d'interdiction des farines prise par la Grande-Bretagne en 1988. A Bruxelles, il existe un comitĂ© vĂ©tĂ©rinaire et toutes les mesures prises sont communautaires. Ce n'est qu'en l'absence de dĂ©cision communautaire que l'autoritĂ© nationale prend une mesure. C'est le ministĂšre de l'agriculture qui a compĂ©tence sur les dĂ©cisions en matiĂšre d'importations de farines. Les Britanniques ont Ă©tĂ© extrĂȘmement discrets au dĂ©part, tant sur les cas recensĂ©s que sur les mesures prises. En ce qui concerne les freins mis par Bruxelles, je vous ai signalĂ© le problĂšme concret que nous avions rencontrĂ©. Pour le reste, nous pouvons observer que les mesures françaises ont prĂ©cĂ©dĂ© les mesures communautaires. Celles-ci n'ont d'ailleurs pas d'Ă©quivalent dans les autres pays de la CommunautĂ©. Mme le PrĂ©sident Monsieur le directeur gĂ©nĂ©ral, je vous remercie. Audition de M. Louis ORENGA, directeur du Centre d'information des viandes extrait du procĂšs-verbal de la premiĂšre sĂ©ance du 10 septembre 1996 PrĂ©sidence de Mme Evelyne GUILHEM, PrĂ©sident M. Louis ORENGA Le centre d'information des viandes - CIV - est une association type loi de 1901 qui a Ă©tĂ© créée par le prĂ©sident Marcel Bruel Ă  la fin de 1987, Ă  l'initiative de l'interprofession INTERBEV interprofession du bĂ©tail et des viandes, avec le soutien et le concours de l'OFIVAL. L'objectif du Centre d'information des viandes est, comme son nom l'indique, de diffuser une information auprĂšs de toute personne extĂ©rieure Ă  la filiĂšre bovine et ovine, principalement du secteur mĂ©dical, de la presse, des associations de consommateurs et des enseignants. Le CIV n'a pas pour mission de crĂ©er de l'information. En effet, si le centre d'information des viandes crĂ©ait sa propre information, il serait peu crĂ©dible. Son objectif est simplement de diffuser une information qui existe par ailleurs dans des organismes tiers, comme l'INSEE dans le domaine Ă©conomique. Il peut diffuser Ă©galement des Ă©tudes nutritionnelles faites par la sociĂ©tĂ© scientifique d'hygiĂšne alimentaire. Le CIV publie toujours ses informations en citant ses sources. Toutefois, entre l'information de base et sa prĂ©sentation, il peut y avoir des problĂšmes car l'organisation du CIV est un peu particuliĂšre. Si son conseil d'administration est composĂ© Ă  la fois de membres de l'interprofession et de l'OFIVAL, ses actions sont soumises en fait Ă  deux conseils constituĂ©s en son sein mais composĂ©s de personnes extĂ©rieures. D'abord, un conseil scientifique, composĂ© de personnalitĂ©s scientifiques dont vous trouverez une liste dans le dossier qu'on vous a prĂ©parĂ©. Ensuite, un conseil consommateurs dans lequel siĂšgent les associations de consommateurs qui ont bien voulu en 1988 participer Ă  sa crĂ©ation. 80 % d'entre elles s'occupent d'alimentation. Elles siĂ©geaient d'ailleurs dĂ©jĂ  dans d'autres instances comme le conseil national de l'alimentation ou le conseil de direction de l'OFIVAL. Le CIV est une petite structure puisque son personnel se compose au total de sept personnes. Il tente depuis fin 1988 et plus encore depuis le mois de mars dernier, de rĂ©pondre aux nombreuses questions qui se posent sur la viande Ă  l'extĂ©rieur de la filiĂšre. Les premiĂšres actions du CIV ont consistĂ© Ă  rĂ©tablir, Ă  la demande de scientifiques et de professionnels, les chiffres rĂ©els de consommation de viande bovine et ovine en France. Les statistiques de consommation Ă©taient publiĂ©s en tonnes Ă©quivalent carcasses et non pas en chiffres rĂ©els. Ceci avait conduit les spĂ©cialistes de la nutrition Ă  surestimer de plus de 30 % la consommation rĂ©elle. Ensuite, le CIV s'est chargĂ© de refaire toutes les analyses de composition nutritionnelle des produits. Jusque lĂ , on estimait les taux de matiĂšres grasses de la viande bovine Ă  environ 30 %. Nous avons donc demandĂ© Ă  la sociĂ©tĂ© scientifique d'hygiĂšne alimentaire et au centre de nutrition Foch de bien vouloir refaire la plupart des analyses sur la composition des produits afin de rĂ©tablir l'information exacte. Enfin, la grande action conduite par le CIV depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990 a Ă©tĂ© de s'engager dans la stratĂ©gie de l'identification des produits. Il a menĂ© une grande campagne d'information dans les mĂ©dias en 1992-1993. La campagne s'intitulait Plus on en sait, mieux c'est ». Avec l'appui des professionnels et de l'interprofession, le CIV a tout mis en oeuvre pour dĂ©velopper en France l'identification des produits , notamment Ă  travers des marques collectives interprofessionnelles. L'une des fonctions du CIV est Ă©galement de connaĂźtre les attentes des consommateurs en matiĂšre de viande bovine et ovine et de leurs abats. Il est Ă©vident, et nous l'avons mis en lumiĂšre dĂšs 1990, que le maintien des parts de marchĂ© du secteur de la viande ne pourra en aucun cas se faire sans une plus grande transparence et une meilleure identification des produits. Il Ă©tait donc tout naturel de mettre en place des actions afin de dĂ©velopper cette identification. De mĂȘme, depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990, nous essayons d'expliquer, tant au niveau national que communautaire, qu'il est tout Ă  fait inconcevable de ne pas indiquer au consommateur l'origine d'un produit frais. Pour les nouvelles marques, notre stratĂ©gie Ă©tait, chaque fois que c'Ă©tait possible, de mettre en avant l'origine du produit. Certains considĂ©raient que c'Ă©tait une entrave aux Ă©changes plutĂŽt qu'une rĂ©elle information du consommateur. Nous avons toujours considĂ©rĂ© que, dĂšs lors que la mention de cette origine Ă©tait obligatoire pour d'autres produits frais, comme les fruits et lĂ©gumes, cela ne pouvait pas constituer une entrave aux Ă©changes. Ces derniĂšres annĂ©es, notre budget Ă©tait d'environ 9 ou 10 millions de francs. L'information du consommateur sur la viande fraĂźche reprĂ©sente environ 30 ou 35 centimes par an et par habitant. En comparaison, elle reprĂ©sente 18 francs par an et par habitant pour les produits laitiers. Par ailleurs, prĂšs de 70 % de l'information aux consommateurs est issue de communications collectives, contrairement aux autres secteurs de l'agro-alimentaire oĂč 80 Ă  90 % de la communication provient des opĂ©rateurs privĂ©s. C'est dans ce cadre que nous est arrivĂ©e la crise de l'ESB. Les premiĂšres demandes d'informations sont apparues en 1994 Ă  la suite du problĂšme rĂ©vĂ©lĂ© par l'Allemagne. Nous nous sommes tournĂ©s vers notre conseil scientifique et notre premier dossier d'information est sorti en mai 1994. C'est surtout Ă  partir du mois de mars dernier qu'une trĂšs forte demande d'informations Ă©manant du public, de la presse et des associations de consommateurs s'est fait jour. Notre conseil consommateurs leur a aussitĂŽt fait connaĂźtre de toutes les informations dont nous disposions. Je ne vous cacherai pas les difficultĂ©s que nous avons rencontrĂ©es pour gĂ©rer cette masse d'informations, parfois contradictoires, mais surtout pour obtenir une information objective, notamment vis-Ă -vis de la presse. Il est faux de prĂ©tendre que la presse n'Ă©tait pas informĂ©e. Pour notre part, nous lui avons toujours rĂ©vĂ©lĂ© nos informations. Ce sont plus les titres des articles - que ce soit dans la presse Ă©crite ou audiovisuelle - que les articles eux-mĂȘmes qui ont posĂ© des problĂšmes, ces derniers reflĂ©tant en gĂ©nĂ©ral les doutes que nous pouvions avoir. Je pourrais donner beaucoup d'exemples du dĂ©calage entre les titres accrocheurs et le sĂ©rieux du contenu des articles. Nous avons donnĂ© plus de 300 interviews Ă  des journalistes. C'est vous dire, Ă©tant donnĂ© notre petit nombre, l'activitĂ© que nous avons dĂ©ployĂ©e. Par ailleurs, comme nous Ă©tions dans l'incapacitĂ© de rĂ©pondre Ă  tous les appels du grand public, nous avons trĂšs rapidement mis en place un tĂ©lĂ©phone vert de maniĂšre Ă  donner suite aux principales questions. De mĂȘme, nous avons Ă©ditĂ© un dossier de synthĂšse sur ce l'ESB pour donner Ă  tous les interlocuteurs et, notamment au secteur mĂ©dical, les Ă©lĂ©ments d'information dont nous disposions. Les mĂ©decins nous appelaient en nous disant Nous n'avons aucune information sur l'ESB. Nos patients nous posent des questions. Nous ne savons pas trĂšs bien ce qu'est cette maladie ». Donc, sous le couvert de notre conseil scientifique et avec les contacts que nous avions Ă©tablis avec les personnes en charge de ce dossier, nous avons essayĂ© de faire notre part de travail d'information. Nous avons Ă©galement mis en place l'information sur le sigle Viande Bovine Française qui avait Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© par l'interprofession avec l'appui du ministĂšre de l'agriculture. Aujourd'hui, nous estimons que la baisse de consommation liĂ©e Ă  l'ESB - que l'on chiffre Ă  18 % pour la viande rouge -a Ă©tĂ© moins forte en France que dans d'autres pays. Cela est certainement dĂ» Ă  la politique d'identification qui avait Ă©tĂ© mise en place depuis plusieurs annĂ©es, au renforcement de celle-ci avec Viande Bovine Française, ainsi qu'aux dĂ©marches de qualitĂ© - encore trop peu nombreuses - existant dans le secteur de la viande. Nous avons eu Ă©normĂ©ment de difficultĂ©s Ă  faire comprendre la diffĂ©rence qui existait entre, d'un cĂŽtĂ©, des baisses d'activitĂ© des opĂ©rateurs, dues notamment Ă  un certain moment Ă  l'arrĂȘt quasi complet de nos Ă©changes et, de l'autre cĂŽtĂ©, des baisses de consommation. Une autre difficultĂ© a Ă©tĂ© que cette crise est arrivĂ©e Ă  un moment oĂč, structurellement, la consommation de viande bovine baisse, car au mois d'avril, il y a gĂ©nĂ©ralement un report de la consommation sur le secteur ovin. Nous avons donc dĂ» faire la part entre la baisse de consommation liĂ©e Ă  la crise de l'ESB et celle qui est structurelle Ă  ce moment de l'annĂ©e. Il n'en reste pas moins vrai que cette diminution de consommation a Ă©tĂ© catastrophique pour les opĂ©rateurs Ă  tous les Ă©chelons de la filiĂšre. Etant donnĂ© les marges pratiquĂ©es dans le secteur, il est Ă©vident qu'une baisse de 18 % de la consommation a créé une crise Ă©conomique profonde. Quelle analyse faisons-nous au CIV sur les perspectives d'avenir ? DĂšs le dĂ©part, nous avons estimĂ© qu'il s'agissait d'une crise non pas conjoncturelle mais structurelle. Elle ne touchera pas seulement la viande, elle remettra en cause, Ă  notre avis, un certain nombre de comportements des consommateurs dans l'alimentation en gĂ©nĂ©ral. La premiĂšre Ă©tude que nous avions faite montrait que 80 % des consommateurs Ă©taient trĂšs inquiets et souhaitaient diminuer, voire arrĂȘter la consommation de viande. Mais dans l'hypothĂšse oĂč l'origine de la viande serait mentionnĂ©e et oĂč la filiĂšre s'orienterait vers des stratĂ©gies de qualitĂ©, seulement 15 % des consommateurs se disaient prĂȘts Ă  persister dans ce type de comportement. Il se trouve que dans les faits la baisse de consommation liĂ©e Ă  l'ESB est de l'ordre de 18 %. Est-ce le hasard ? Il se trouve en tout cas que le comportement rĂ©el des consommateurs traduit par leurs achats est assez proche de celui qu'ils avaient dĂ©clarĂ© avoir l'intention d'adopter. De mĂȘme, ils avaient dĂ©clarĂ© assez rapidement vouloir s'abstenir de consommer les abats et malheureusement, ils ont fait ce qu'ils avaient dit. Dans ce domaine, l'information a Ă©tĂ© encore plus difficile que pour la viande rouge car il y avait une confusion totale de l'ensemble des abats, les abats spĂ©cifiĂ©s, la nomenclature des abats des diffĂ©rentes catĂ©gories. MalgrĂ© tout ce que nous avons essayĂ© de faire pour clarifier les choses, j'ai encore entendu la semaine derniĂšre des personnes dire que tous les abats Ă©taient interdits Ă  la consommation. Je citerai un exemple pour vous montrer la complexitĂ© de la chose. La confĂ©dĂ©ration nationale de la triperie française nous avait demandĂ© de faire une information plus pointue. Mais certains supports ont refusĂ© la communication estimant qu'il n'Ă©tait pas de bon ton d'informer sur les abats pendant la crise. Ils avaient peur des rĂ©actions de leurs auditeurs et lecteurs. Quelle structure de la consommation voyons-nous dans l'avenir ? Vous savez que nous connaissions dĂ©jĂ , malheureusement, une baisse structurelle de la consommation d'un point, un point et demi tous les ans, jusqu'Ă  3 ou 4 % certaines annĂ©es. Je pense qu'avec la crise, nous avons anticipĂ© une chute de consommation d'au minimum 5 % que nous n'arriverons pas Ă  rĂ©cupĂ©rer Ă  court ou Ă  moyen terme. On estime mĂȘme trĂšs probable Ă  moyen terme une baisse de la consommation de l'ordre de 10 %. Et si nous ne parvenons pas Ă  rassurer le consommateur par une rĂ©elle politique d'information et de communication qui pĂšche toujours par un manque d'ambition et de moyens, on peut craindre que cette baisse de consommation ne se stabilise autour de - 18, voire - 20 % en fonction des dĂ©couvertes scientifiques ou des dĂ©clarations qui pourraient ĂȘtre faites dans l'avenir. Nous avons dit aux professionnels que les consommateurs ne pourront avoir Ă  nouveau confiance dans l'ensemble des produits carnĂ©s si, premiĂšrement, ils ne bĂ©nĂ©ficient pas d'une information tout Ă  fait transparente et objective sur l'Ă©tat des connaissances et leur progression et, deuxiĂšmement, si la filiĂšre et les pouvoirs publics nationaux et communautaires n'ont pas rĂ©ellement la volontĂ© d'accepter une plus grande transparence et une meilleure information sur les diffĂ©rents types de produits. Les Ă©tudes que nous avons montrent que 65 % des consommateurs sont tout Ă  fait satisfaits de la mention d'origine Viande Bovine Française et ne veulent en aucun cas la voir supprimĂ©e. On sait Ă©galement qu'une partie des consommateurs estiment anormal qu'il n'existe pas un sigle dĂ©signant les viandes de qualitĂ© qui s'inscrivent dans une dĂ©marche qualitative faisant l'objet de cahiers des charges. Je terminerai mon exposĂ© en disant que nous prĂ©parons pour la fin de l'annĂ©e une signature collective qui s'appliquera Ă  l'ensemble des dĂ©marches des producteurs de viandes qui, d'une part, se baseront sur des cahiers des charges qualitatifs et qui, d'autre part, seront contrĂŽlĂ©s par des organismes tiers. Nous sommes obligĂ©s de crĂ©er un sigle fĂ©dĂ©rateur parce que chaque marque qui entre dans cette dĂ©marche de certification reprĂ©sente sur le marchĂ© national des quantitĂ©s faibles puisque ce sont souvent des productions artisanales. MĂȘme le label rouge ne reprĂ©sente que 1 Ă  2 % du marchĂ© total de la viande rouge. Toutes ces dĂ©marches d'identification ne sont viables sur le long terme que s'il y a des procĂ©dures de contrĂŽle nombreuses et fiables Ă  la fois par les pouvoirs et par des organismes tiers. Nous faisons dĂ©jĂ  appel Ă  certains d'entre eux dans le cadre des marques collectives interprofessionnelles. VoilĂ  ce que je souhaitais dire en prĂ©sentation gĂ©nĂ©rale. Mme le PrĂ©sident Je vous remercie, monsieur le directeur. La baisse prĂ©visible Ă  court et moyen terme de 10 % concerne-t-elle uniquement la viande bovine ou bien toutes les viandes ? M. Louis ORENGA La viande bovine. Mme le PrĂ©sident Quel pourcentage reprĂ©sente la viande sous signe de qualitĂ© dans le marchĂ© ? M. Louis ORENGA Il n'est Ă  mon avis pas assez important. Il est difficile Ă  estimer Ă©tant donnĂ© qu'il s'agit souvent de dĂ©marches partenariales que l'on a du mal Ă  suivre au niveau national. L'ensemble des viandes bovines vendues sur la base d'un cahier des charges qualitatif, sans forcĂ©ment recourir Ă  des marques collectives de certification, sont estimĂ©es reprĂ©senter aujourd'hui 10 ou 15 %. Mme le PrĂ©sident Pensez-vous que le consommateur souhaite plutĂŽt des labels de qualitĂ© ou des certificats d'origine, sachant que les deux ne sont pas forcĂ©ment liĂ©s ? M. Louis ORENGA Nous avons encore fait une Ă©tude il y a quinze jours sur ce sujet 90 % des consommateurs français estiment que ne pas connaĂźtre l'origine de la viande est une anomalie. Le dĂ©bat sur l'origine, de mon point de vue, ne devrait mĂȘme plus avoir lieu. C'est une exigence minimale. Et, comme vous le dites avec raison, cela n'a rien Ă  voir avec les dĂ©marches de qualitĂ©. L'indication de l'origine est une condition, pas suffisante, mais nĂ©cessaire. Car si cette mention ne figure pas, le consommateur n'aura confiance dans rien d'autre. Par ailleurs, existe une demande de labels de qualitĂ©. Environ 20 % des consommateurs estiment tout Ă  fait anormal de ne pas avoir dans ce secteur de signes de qualitĂ© comme ils en trouvent dans d'autres, tels la volaille ou le vin. J'attire Ă©galement votre attention sur le fait que l'absence de toute indication empĂȘche toute possiblitĂ© de contrĂŽle. Nous pensons donc que le dĂ©veloppement de l'information et de l'identification aide aussi Ă  amĂ©liorer les contrĂŽles et, ainsi, la transparence puisque, Ă  partir du moment oĂč un opĂ©rateur mentionne un certain nombre d'indications, il va ĂȘtre contrĂŽlĂ© sur ses dires. A la fin du mois de juin, nous avons lu dans la presse, avec un peu de mauvaise humeur, je l'avoue, des articles qui montaient en Ă©pingle telle ou telle personne qui avait trichĂ© sur tel ou tel identifiant. Il est exact que les contrĂŽles rĂ©vĂšlent des fraudes, mĂȘme si le nombre de celles-ci est trĂšs minime. Cela justifie d'ailleurs les contrĂŽles. J'ai demandĂ© Ă  la presse Que voulez-vous ? Qu'il n'y ait pas de contrĂŽle pour pouvoir dire qu'il n'y a pas de fraude ? » A partir du moment oĂč on a une dĂ©marche volontariste qui va Ă  l'encontre des habitudes, il y a toujours des risques de fraude. Donc, il faut des contrĂŽles. Ils sont importants. Mais l'existence de fraudes ne peut en aucun cas remettre en cause l'identification du produit et l'information du consommateur. Comme je l'ai dit Ă  d'autres occasions, parmi ceux qui essayent de mettre en avant ces fraudes, certains n'ont absolument pas intĂ©rĂȘt Ă  ce que cette transparence et cette clarification du marchĂ© se fasse. Ils utilisent pour cela tous les artifices, y compris juridiques, puisque nous avons mĂȘme Ă©tĂ© assignĂ©s en rĂ©fĂ©rĂ© devant le tribunal de grande instance de Paris Ă  propos de l'indication d'origine. Ce sont lĂ  des dĂ©marches d'arriĂšre-garde. En tous les cas, nous avons conseillĂ© aux professionnels de ne pas en tenir compte et de continuer dans la voie de l'identification. Mme le PrĂ©sident Je voudrais revenir sur les contrĂŽles. Vous disiez que pour regagner la confiance des consommateurs et relancer la consommation, il faudrait qu'il y ait des contrĂŽles plus importants. Que voulez-vous dire par lĂ  ? Qu'ils ne sont pas suffisants, qu'ils sont mal organisĂ©s, mal structurĂ©s ? M. Louis ORENGA Non, ce que l'on craint, c'est qu'ils se relĂąchent ! Mme le PrĂ©sident Une fois la crise passĂ©e ? M. Louis ORENGA VoilĂ . Je crois que tout le monde a fait un effort trĂšs important. Je connais peu d'identifiants collectifs ou privĂ©s qui aient fait l'objet de tant de sollicitude » de la part du service de la rĂ©pression des fraudes et qui aient subi autant de contrĂŽles en quelques mois. La sociĂ©tĂ© gĂ©nĂ©rale de surveillance en est Ă  1 500 contrĂŽles. Et nous recommandons que les contrĂŽles par des organismes tiers soient renforcĂ©s. Il faut que les contrĂŽles se maintiennent sur toutes les dĂ©marches d'identification. La filiĂšre ne peut pas se permettre un relĂąchement Ă  ce niveau, car il peut toujours arriver que certains utilisent de maniĂšre opportuniste une diminution des contrĂŽles pour relancer des falsifications ou des fraudes. Pour rassurer le consommateur, il y a donc trois choses importantes l'identification, le dĂ©veloppement de l'information et de la communication, le maintien et le renforcement des contrĂŽles. Si l'une des trois pĂšche, tout ce qui a Ă©tĂ© fait jusqu'Ă  maintenant n'aura servi Ă  rien. Ce sont des stratĂ©gies Ă  long terme. L'un des cĂŽtĂ©s positifs » de cette crise est que nous avons peut-ĂȘtre gagnĂ© plusieurs annĂ©es dans la mise en place de l'identification et de l'information du consommateur. A long terme, ceci permettra peut-ĂȘtre une consolidation de la consommation de viande bovine qui se rĂ©vĂ©lera moins mauvaise finalement que cette tendance Ă  la diminution rĂ©guliĂšre d'environ 2 % par an que nous connaissions jusqu'alors, qui Ă©tait presque indolore mais, Ă  terme, serait devenue dramatique. Mme le PrĂ©sident La filiĂšre connaĂźt une crise dramatique, sans prĂ©cĂ©dent. Pensez-vous que l'on puisse mettre sur le mĂȘme plan tous ses maillons ? Au dĂ©part, il y a l'Ă©leveur qui subit un prĂ©judice substantiel. A l'arrivĂ©e, il y a le boucher dont les prix ne baissent pas Ă  l'Ă©tal, ce qui choque trĂšs souvent le consommateur. N'y a-t-il pas entre les deux des pratiques oĂč le bĂąt blesse ? M. Louis ORENGA Oui. Depuis quinze jours nous sommes souvent interrogĂ©s par la presse sur les diffĂ©rences de prix dans les Ă©levages et dans les points de vente. Tout le monde est trĂšs touchĂ© par la crise mais elle n'a pas pour tout le monde les mĂȘmes consĂ©quences. Elles sont en particulier beaucoup plus importantes pour tous ceux qui ne vivent que du produit de la viande bovine que pour ceux qui peuvent se rattraper sur d'autres produits. Il est facile d'attaquer les grandes surfaces elles subissent une baisse de chiffre d'affaires importante, mĂȘme si cela ne remet pas en cause l'activitĂ© des points de vente ou des centrales. Pour ce qui est des pratiques, je ne crois pas qu'on puisse les lier directement Ă  l'ESB. Les filiĂšres des produits frais sont toujours longues. Je m'interroge depuis longtemps sur l'idĂ©e couramment admise selon laquelle il suffit de supprimer certains maillons pour que cela aille mieux. Je pense qu'il faut plutĂŽt rationaliser chaque Ă©chelon. J'ai le sentiment, pour avoir travaillĂ© dans d'autres secteurs des produits frais, que chaque fois que l'on supprime des Ă©chelons, on met en danger Ă  terme le niveau qualitatif du produit concernĂ©. En outre, d'aprĂšs ce que je connais de la filiĂšre viande, je ne vois pas d'Ă©chelon susceptible d'ĂȘtre remis en cause. Mais il y a certainement Ă  rationaliser Ă  chaque stade de la filiĂšre. Il peut y avoir trop d'intervenants, il peut y avoir des pratiques insuffisamment transparentes. LĂ  encore, je crois que l'identification va obliger les opĂ©rateurs Ă  entrer dans des procĂ©dures de traçabilitĂ© et Ă  modifier leurs pratiques entre eux. Personnellement, je considĂšre - tout le monde ne partage pas forcĂ©ment cet avis - que la consommation ne pourra se maintenir que si se maintient le poids respectif du commerce artisanal et des grandes surfaces. La part de marchĂ© des produits frais et de la viande rouge en l'occurrence ne se maintiendra pas si l'ensemble de la filiĂšre des produits frais ne se maintient pas. VoilĂ  ce que je peux rĂ©pondre concernant les opĂ©rateurs. M. le Rapporteur Monsieur le directeur, vous avez fait Ă©tat d'un budget de 10 millions de francs. D'oĂč vient ce financement ? M. Louis ORENGA Le financement est Ă  90 % interprofessionnel - provenant donc de cotisations volontaires obligatoires prĂ©levĂ©es par l'interprofession - et pour environ 10 % de programmes d'action qui sont, Ă  la demande de l'OFIVAL, complĂ©tĂ©s par un financement de cet organisme. M. le Rapporteur Vous sentez-vous tout Ă  fait Ă  l'aise dans ce rĂŽle difficile oĂč vous ĂȘtes Ă  la fois juge et partie ? Vous dĂ©pendez d'une profession et vous avez Ă  informer sur les produits de cette profession. Il est Ă©vident que vous devez parfois ĂȘtre gĂȘnĂ©. Etes-vous vĂ©ritablement libre de dire et de communiquer le fond de votre pensĂ©e ? Par ailleurs, vous ĂȘtes le directeur du centre d'information des viandes, au pluriel. Or, tout au long de votre propos, vous n'avez parlĂ© que de la viande bovine. Pensez-vous que c'est un crĂ©neau sur lequel il faut absolument s'accrocher et essayer de freiner la chute de la consommation ? N'y a-t-il pas tout simplement un nouvel Ă©quilibre qui se met en place un peu moins de viande rouge, et notamment de viande bovine, un peu plus de viande blanche ? Les documents que vous nous avez apportĂ©s ne sont probablement pas exhaustifs. Je suis quand mĂȘme choquĂ© par le titre Valeur nutritionnelle des viandes », qui donne l'impression qu'il concerne toutes les viandes alors qu'il ne mentionne que le boeuf, le veau, l'agneau et les abats et ne parle pas du porc ni de la volaille. Ne vous centrez-vous pas de façon prĂ©fĂ©rentielle sur vos plus gros financeurs, si je puis dire ? N'ĂȘtes-vous pas plutĂŽt le centre d'information des viandes bovines ? Ma question est volontairement provocatrice. Ma derniĂšre question concerne votre trĂšs belle plaquette Le point de vue sur l'encĂ©phalopathie spongiforme bovine ou ESB ». Je me dois de souligner que c'est le centre d'information des viandes qui a Ă©laborĂ© un document Ă  l'intention des mĂ©decins et que c'est probablement l'un des mieux rĂ©alisĂ©s que je connaisse. Permettez-moi cependant de vous faire un reproche il n'est pas datĂ©. C'est grave parce que l'Ă©volution des connaissances dans ce domaine va trĂšs vite. En tout cas, il est de qualitĂ© compte tenu de la pĂ©riode oĂč il a Ă©tĂ© Ă©ditĂ©, c'est-Ă -dire, je prĂ©sume, aux alentours d'avril ? M. Louis ORENGA C'Ă©tait mi-mai. Il a Ă©tĂ© Ă©crit fin avril. M. le Rapporteur D'aprĂšs les recoupements scientifiques que j'ai pu faire, j'ai pu le situer mais ce n'est pas Ă©vident. M. Louis ORENGA Ce document a Ă©tĂ© Ă©crit fin avril et publiĂ© Ă  la mi-mai. Il va ĂȘtre mis Ă  jour et le nouvelle Ă©dition sera datĂ©e. Le prĂ©sident Bruel m'a demandĂ© de rendre le CIV opĂ©rationnel. J'ai demandĂ© Ă  pouvoir disposer d'un conseil scientifique et d'un conseil consommateurs, afin d'ĂȘtre tout Ă  fait libre. Parfois, cela a jouĂ© Ă  court terme contre l'intĂ©rĂȘt des professionnels. J'ai toujours affirmĂ© que lorsqu'une marque commerciale commettait une erreur, il convenait de l'arrĂȘter et d'en lancer une autre. Car il ne faut pas donner de fausses informations sur un produit sinon, trois mois aprĂšs, plus personne ne va l'acheter. Les questions qui se posaient Ă  l'Ă©poque Ă©taient fallait-il ou non crĂ©er un centre d'information gĂ©nĂ©ral ? Par qui serait-il financĂ© ? Aujourd'hui, il faut rappeler Ă  l'interprofession de ne pas se cacher derriĂšre un centre d'informations gĂ©nĂ©ral. Si l'on est du secteur de la viande, il faut reconnaĂźtre que c'est le centre d'information des viandes. Si nous fournissons de fausses informations, dans six mois, nous n'existerons plus. Il m'est arrivĂ© une fois d'ĂȘtre en conflit avec les professionnels mais ils ont vite compris quel Ă©tait leur intĂ©rĂȘt. S'ils nous font dire des choses fausses, c'est qu'ils auront pris la dĂ©cision d'arrĂȘter l'activitĂ© du CIV, pour la raison simple qu'il ne sera plus crĂ©dible. De plus, dans les quinze jours, le conseil scientifique et le conseil consommateurs donneront leur dĂ©mission. Jusqu'Ă  maintenant, je n'ai jamais rencontrĂ© ce genre de problĂšme. Au contraire, nous avons Ă©tĂ© souvent amenĂ©s Ă  faire prendre aux professionnels des dĂ©cisions dont je pense modestement qu'elles n'auraient sans doute pas Ă©tĂ© prises si le CIV n'avait pas existĂ©. Sur les grandes orientations de fond des cinq derniĂšres annĂ©es, les professionnels se sont aperçus que nos prĂ©visions se rĂ©alisaient. Actuellement, je ne les vois pas essayer de nous faire dire des choses qui seraient dĂ©menties quelque temps aprĂšs. Sinon autant supprimer le CIV qui n'aurait plus lieu d'ĂȘtre. Nous parlons surtout du secteur des viandes bovines et ovines parce que nos financements viennent de la seule interprofession de produits carnĂ©s qui se soit associĂ©e, INTERBEV. Malheureusement, il n'y a pas d'interprofession pour le porc, mĂȘme si certains l'appellent de leurs voeux. Mais jusqu'Ă  maintenant, cela ne s'est pas fait. Il n'en existe pas non plus pour la volaille, sauf pour la dinde. Nous n'avons donc pas de moyens financiers pour Ă©diter des documents sur ces secteurs. En revanche, nous rĂ©pondons Ă  toutes les demandes d'informations. Heureusement, il existe pour le secteur de la charcuterie un centre d'informations, le CIC, avec lequel nous sommes en relation et auquel nous renvoyons parfois les questions trop prĂ©cises qui sortent de notre champ de compĂ©tences. Parmi tous les produits carnĂ©s, c'est sur la viande bovine qu'existe la plus grande distorsion entre la rĂ©alitĂ© du produit et la connaissance qu'en a le consommateur. Ce n'est pas le cas pour les viandes blanches, sur lesquelles a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e une information nutritionnelle. L'objectif du CIV n'est pas d'orienter la consommation, mais de donner au consommateur les moyens de dĂ©cider en connaissance de cause ce qu'il veut consommer. Une Ă©tude a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e sur des Ă©tudiantes en mĂ©decine. Il en ressortait qu'elles ne mangeaient pas de viande parce qu'elles pensaient que cela les faisait grossir et qu'Ă  la place, elles mangeaient un pain au chocolat ! Cette attitude procĂšde d'un manque total d'information. Nous avons par ailleurs essayĂ© d'expliquer les niveaux rĂ©els de consommation, en les distinguant de la notion de tonnes Ă©quivalent carcasses, sur laquelle sont fondĂ©es les statistiques ; mais personne n'a jamais consommĂ© des tonnes Ă©quivalent carcasses ! On a Ă©galement Ă©tudiĂ© les valeurs nutritionnelles de la viande bovine. On a constatĂ© que la moyenne de ses matiĂšres grasses s'Ă©levait Ă  8 %, un rumsteck ou un filet n'en contenant que 3 Ă  4 %. Personne ne le croyait. J'ai suggĂ©rĂ© de faire faire des contre-analyses et nous sommes tous arrivĂ©s aux mĂȘmes chiffres. Ma carriĂšre professionnelle s'est dĂ©roulĂ©e dans diffĂ©rents secteurs alimentaires. Je n'ai jamais vu , dans aucun autre, une telle distorsion entre la rĂ©alitĂ© du produit et la perception qu'en avait le consommateur. Il est clair que la filiĂšre viande a Ă©tĂ© la derniĂšre Ă  constituer des systĂšmes d'information. Il nous faut maintenant entrer de plain-pied dans le nouveau siĂšcle avec une vĂ©ritable information Ă  donner aux consommateurs. Nous l'indiquons clairement aux professionnels si nous ne le faisons pas, la part de marchĂ© de la viande bovine n'a aucune chance de se maintenir. Trop d'informations erronĂ©es circulent sur ce produit. Le consommateur dispose d'un grand choix et s'il n'a pas la bonne information, il se reportera sur d'autres produits qui risquent d'ailleurs d'avoir moins d'avantages. Les viandes bovines et ovines prĂ©sentent des caractĂ©ristiques qui devraient normalement leur permettre de rĂ©pondre Ă  toutes les attentes du consommateur. Si le consommateur ne le pense pas, c'est qu'il y a une carence dans l'information. Mme SĂ©golĂšne ROYAL Monsieur le directeur, vous venez de dĂ©clarer que la filiĂšre bovine avait Ă©tĂ© la derniĂšre Ă  organiser l'information. Malheureusement, cela continue. MalgrĂ© la crise, nous sommes obligĂ©s de constater les difficultĂ©s que nous rencontrons encore aujourd'hui pour obtenir la mise en place des procĂ©dures d'information sur l'origine de la viande et de son Ă©tiquetage s'accĂ©lĂšre. C'est la raison pour laquelle il est trĂšs important pour nous de savoir oĂč il y a eu les blocages. Cela fait quinze ans que les consommateurs, ainsi que de nombreux parlementaires, demandent l'Ă©tiquetage sur l'origine de la viande. Pour ma part, cela fait plus de huit ans que je pose des questions sur ce sujet Ă  tous les gouvernements quels qu'ils soient. Nous n'avons jamais obtenu la moindre rĂ©ponse sur les diffĂ©rents blocages qui empĂȘchent l'identification de l'origine de la viande. On nous a d'abord dit que ce n'Ă©tait pas du tout comme pour les fruits et lĂ©gumes. J'ai donc Ă©tĂ© trĂšs intĂ©ressĂ©e par votre comparaison. Il est trĂšs important pour comprendre et lever les actuels blocages de savoir qui s'est opposĂ© Ă  la transparence et Ă  l'identification du marchĂ©. S'agit-il de ceux qui vous financent, de ceux qui font les achats de viande, des grandes surfaces, des abattoirs ou de certaines rĂ©gions productrices ? Vous avez avancĂ© un argument que j'entends pour la premiĂšre fois et que je trouve trĂšs intĂ©ressant celui de l'entrave aux Ă©changes. Je pense en effet que c'est probablement la raison de ces diffĂ©rents blocages. L'objection vient-elle des Ă©changes au niveau du consommateur, des grandes surfaces, des Ă©changes internationaux, des Ă©changes entre rĂ©gions ou est-ce les coĂ»ts supplĂ©mentaires que cela entraĂźne sur les abattoirs ? Pouvez-vous fournir Ă  la mission des traces Ă©crites des objections qui vous ont Ă©tĂ© opposĂ©es dans votre effort pour amĂ©liorer la transparence et l'identification sur le marchĂ© de la viande ? Car je partage votre crainte que dĂšs que la crise s'attĂ©nuera, les contrĂŽles se relĂąchent. M. Yves VAN HAECKE S'il n'y a pas Ă  la sortie de la crise une obligation d'Ă©tiquetage, la crise n'aura servi Ă  rien. Elle n'aura fait qu'entretenir un certain nombre de personnes ou de professionnels qui en vivent fort confortablement depuis des annĂ©es, dans un esprit de quasi-indiffĂ©rence ou de quasi-complicitĂ© et cela Ă  tous les niveaux. L'une des questions clĂ©s en matiĂšre d'Ă©tiquetage est celle de la compatibilitĂ© avec les rĂšgles europĂ©ennes. A mon sens, si le pays de production n'est pas indiquĂ©, on n'aura abouti Ă  rien. La Commission de Bruxelles semble avoir en horreur d'indiquer la provenance de la production. Cela se pratique pourtant depuis quinze ans pour l'Ă©tiquetage viticole et plus encore pour les fruits et lĂ©gumes. Mais pour la viande, rien n'a Ă©tĂ© fait. Pensez-vous qu'il existe une chance d'obtenir gain de cause sur l'Ă©tiquetage dans les discussions communautaires ? M. Patrick HOGUET De nombreux autres organismes que le vĂŽtre rĂ©flĂ©chissent Ă©galement Ă  des systĂšmes d'identification. La multiplicitĂ© de ces rĂ©flexions ne doit pas dĂ©boucher sur des dispositifs trop complexes voire contradictoires. J'aimerais savoir comment vous allez procĂ©der pour y arriver. D'autre part, avec qui travaillez-vous ? Vous avez fait Ă©tat du caractĂšre interprofessionnel de votre organisme. Jusqu'oĂč va-t-il ? Va-t-il jusqu'Ă  la grande distribution, et celle-ci se prĂȘte-t-elle Ă  ce genre d'approche ? M. Louis ORENGA La faute de l'absence d'information incombe un peu Ă  tout le monde, mĂȘme aux consommateurs. En effet, lorsque ceux-ci se plaignent de ne pas trouver d'information dans tel ou tel magasin, je leur conseille de ne pas y retourner. Notre systĂšme Ă©conomique est tel que la non information n'est pas sanctionnĂ©e. Nous avons essayĂ© de persuader le maximum de points de vente de fournir l'information afin que le consommateur trouve sur place ce qu'il recherche. Je pense que la consommation de viande en cette pĂ©riode de crise ne diminue pas suffisamment pour entraĂźner une rĂ©action Ă©conomique massive qui aurait permis de modifier les conditions du marchĂ©. La responsabilitĂ© est donc partagĂ©e et chacun trouvait une bonne raison pour expliquer qu'il n'Ă©tait pas fondamental d'amĂ©liorer l'identification du produit. Au niveau europĂ©en, chaque fois qu'une tentative Ă©tait engagĂ©e pour indiquer l'origine, une commission d'enquĂȘte Ă©tait aussitĂŽt créée pour dĂ©montrer que tout cela n'Ă©tait fait que dans le seul but de protĂ©ger notre marchĂ© contre les importations. Par ailleurs, il faut reconnaĂźtre qu'il est plus difficile d'indiquer l'origine de la viande que celle des fruits et lĂ©gumes. La viande est un produit frais qui, contrairement Ă  tous les autres produits alimentaires, est transformĂ© pour 70 % dans le point de vente lui-mĂȘme. Pour que le systĂšme d'information aux consommateurs soit fiable. Il faut contrĂŽler chaque point de vente et vĂ©rifier les mentions sur les barquettes. Bien sĂ»r, cela n'explique pas que l'on ne soit pas allĂ© plus vite dans l'identification. Mais cela justifie qu'on ne puisse du jour au lendemain rĂ©pondre complĂštement Ă  toutes les demandes d'information Ă©manant des associations de consommateurs. J'appelle donc l'attention des associations de consommateurs sur le fait qu'il vaut mieux ne pas donner une information qui ne serait pas fiable et faire attendre le consommateur pendant un certain temps plutĂŽt que de la fournir rapidement sans avoir pu la contrĂŽler. Le CNC rĂ©flĂ©chit actuellement sur l'Ă©tiquetage le plus adĂ©quat pour dĂ©terminer les informations Ă  rendre obligatoires en viande. Le critĂšre le plus important reste la possiblitĂ© d'opĂ©rer des contrĂŽles Ă  tous les stades de la filiĂšre. Et ceci est beaucoup plus difficile Ă  rĂ©aliser en viande bovine et ovine que dans d'autres secteurs car le produit est la plupart du temps transformĂ© dans le point de vente. Actuellement, j'essaie de faire avancer une proposition sur un sigle fĂ©dĂ©rateur pour Ă©viter la multiplicitĂ© des communications sur des sigles trĂšs diffĂ©rents. Il faudrait avoir des marques et des partenariats de filiĂšres entre Ă©leveurs, entreprises et distributeurs. Pourquoi pas une marque spĂ©cifique ? On dit souvent que la boucherie artisanale n'accepterait pas les mĂȘmes marques qu'en grandes surfaces. C'est vrai et les bouchers ont raison mais ce n'est pas spĂ©cifique au commerce artisanal. Pourquoi ne pas avoir des marques dotĂ©es d'une protection commerciale ? Bien sĂ»r le risque existe de voir se dĂ©velopper une multitude de marques qui donnerait lieu Ă  une communication pas trĂšs coordonnĂ©e. Le consommateur risquerait d'en pĂątir. Nous serions donc partisan d'un signe fĂ©dĂ©rateur pour toutes ces initiatives, qui concernerait Ă©galement des marques collectives ou des marques d'entreprises responsables du produit et du prix. Ainsi, le consommateur aurait l'avantage de bĂ©nĂ©ficier d'une marque de rĂ©fĂ©rence qui constituerait une sorte de cahier des charges qualitatif toujours susceptible d'ĂȘtre contrĂŽlĂ© par un organisme tiers indĂ©pendant. Cette idĂ©e est prioritaire dans le marchĂ© d'aujourd'hui. Mais toute initiative collective ou publique a un coĂ»t. S'il n'y a pas d'argent pour informer le consommateur, j'ai tendance Ă  conseiller aux producteurs qui voudraient prendre des initiatives de ne pas s'engager. Car le jour oĂč les aides s'arrĂȘtent, il n'y a pas de marchĂ© derriĂšre parce qu'on ne l'a pas créé. Lorsqu'on a la volontĂ© d'amĂ©liorer la qualitĂ© d'une filiĂšre en viande ou en produits frais, il faut avoir prĂ©vu le processus d'information au consommateur pour que le marchĂ© qualitatif existe vraiment. Sinon, on prend le risque de crĂ©er des contraintes supplĂ©mentaires pour la filiĂšre et de donner des arguments Ă  la distribution pour qu'elle obtienne plus d'avantages. De nombreuses rĂ©unions ont lieu Ă  ce sujet au CIV, rassemblant tous les partenaires, de l'Ă©leveur au distributeur, en passant par les grandes surfaces et la boucherie artisanale. Nous essayons toujours de dĂ©montrer que le problĂšme de la viande aujourd'hui va bien au-delĂ  de la compĂ©tition entre les grandes surfaces et la boucherie artisanale. Si celle-ci continue Ă  perdre des parts de marchĂ© Ă  la vitesse Ă  laquelle elle les perd, les grandes surfaces en perdront Ă©galement. Et cela n'est bon pour personne. Mme le PrĂ©sident Monsieur le directeur, nous vous remercions de vos propos qui nous ont beaucoup intĂ©ressĂ©s et nous ont Ă©clairĂ©s sur le circuit de la viande. Audition de M. Patrick LAGADEC, chercheur Ă  l'Ă©cole Polytechnique extrait du procĂšs-verbal de la deuxiĂšme sĂ©ance du 10 septembre 1996 PrĂ©sidence de Mme Evelyne GUILHEM, PrĂ©sident M. Patrick LAGADEC Je suis chercheur Ă  l'Ecole Polytechnique et je travaille depuis 1977 sur les risques technologiques majeurs. Ce sont les grands accidents posant des problĂšmes stratĂ©giques et politiques assez considĂ©rables, qu'il s'agisse de Seveso, de Bhopal, de Tchernobyl, etc. Je me suis spĂ©cialisĂ© dans les problĂšmes de crise accidentelle, mais aussi de crise sociale, et je me suis intĂ©ressĂ© Ă  des Ă©vĂ©nements comme le rĂ©cent dĂ©tournement d'un Airbus ainsi qu'aux victimes d'attentats. C'est dire que je ne suis pas un spĂ©cialiste des bovins et je n'ai pas suivi le dossier de l'intĂ©rieur. Ce que je peux faire ici, c'est rĂ©flĂ©chir avec vous, Ă  partir de l'expĂ©rience que je peux avoir d'autres crises, et essayer de faire en sorte que nous nous posions des questions sur le dossier qui nous occupe aujourd'hui. Je le ferai Ă  grands coups de serpe » puisque le temps ne nous permet pas d'aller vraiment dans les dĂ©tails et de dĂ©velopper une maĂŻeutique trĂšs souple au point de vue pĂ©dagogique. J'irai donc directement Ă  ce que je crois ĂȘtre l'essentiel. Si j'avais un message central Ă  dĂ©livrer, ce serait que nos sociĂ©tĂ©s ne sont pas prĂȘtes Ă  affronter de type de crises, qu'il y a urgence Ă  les prĂ©parer, parce que quand ce type de crise arrive, les mĂȘmes types de pathologies surgissent, les mĂȘmes paralysies se dĂ©veloppent, quel que soit le type de crise. Je vais m'efforcer de dĂ©gager le diagnostic que l'on peut poser sur ce type de problĂšmes. Un mot sur la diffĂ©rence entre urgence et crise. Nos sociĂ©tĂ©s sont trĂšs bien Ă©quipĂ©es pour traiter les urgences. Un plan rouge» Ă  Paris, on sait faire. Une urgence est un Ă©vĂ©nement connu, rĂ©pertoriĂ©, de durĂ©e limitĂ©e, pour lequel on dispose de procĂ©dures codifiĂ©es ; des experts savent intervenir. On sait que c'est gĂ©rable. L'ensemble s'insĂšre dans une structure d'autoritĂ© simple, reconnue et chacun sait qui joue avec qui ». Les crises ont des caractĂ©ristiques diamĂ©tralement opposĂ©es c'est-Ă -dire que l'on est confrontĂ© Ă  des problĂšmes quantitatifs qui dĂ©bordent complĂštement ce que l'on sait faire d'habitude, des problĂšmes qualitatifs majeurs avec Ă©normĂ©ment d'incertitudes -l'expert ne pourra pas ĂȘtre en mesure de donner des rĂ©ponses dans le temps de la dĂ©cision-, une convergence tout Ă  fait stupĂ©fiante d'acteurs -des dizaines d'acteurs qui vont intervenir dans le champ traitĂ© et non plus quelques-uns comme dans le cas de l'urgence-, une mise en rĂ©sonance mĂ©diatique instantanĂ©e, une trĂšs longue durĂ©e de ces phĂ©nomĂšnes et Ă©videmment des enjeux considĂ©rables qui dĂ©bordent largement le petit domaine initial dans lequel est apparue la crise. Donc, la crise, ce n'est pas vite, agissons». Cela va poser un problĂšme de dĂ©stabilisation. On veut bien agir vite, mais on ne sait plus avec qui, comment, sur la base de quelle lĂ©gitimitĂ©, Ă  partir de quelles valeurs, dans quel cadre. Il va falloir reconstruire de la rationalitĂ© et des capacitĂ©s d'action pour ce genre de situation. C'est la diffĂ©rence entre l'urgence et la crise. Lorsque ceci arrive dans un organisme non prĂ©parĂ©, ou pire, dans un rĂ©seau non prĂ©parĂ©, des pathologies se mettent en place immĂ©diatement et gĂ©nĂ©ralement, quand aucune mesure n'a Ă©tĂ© anticipĂ©e, les conditions seront favorables Ă  son dĂ©veloppement. Le terrain » est caractĂ©risĂ© par les Ă©lĂ©ments suivants - pas d'interrogation collective prĂ©alable sur les grandes vulnĂ©rabilitĂ©s ; - pas de partage des questions quand des questions apparaissent, chacun les garde pour soi ; - pas de rĂ©flexion sur les signaux faibles » qui demanderaient une action rapide ; - pas de mĂ©canisme de vigilance transverse ; - pas d'entraĂźnement collectif pour le cas oĂč la crise Ă©claterait rĂ©ellement ; - et solide dĂ©fiance vis-Ă -vis de l'extĂ©rieur, du public, des victimes et des mĂ©dias. Quand on a ce type de terrain », on est sĂ»r que la moindre crise pourra se dĂ©velopper Ă  trĂšs grande vitesse. DeuxiĂšme type de pathologies qui interviennent lors de l'Ă©mergence immĂ©diate de la crise quelque chose se produit, qui sort de l'Ă©pure habituelle. ImmĂ©diatement, quatre rĂ©flexions surgissent, en raison de notre culture, prĂ©sente dans l'esprit de chaque responsable, sauf s'il est bien entraĂźnĂ©. PremiĂšre rĂ©flexion Ce n'est pas nous. C'est Ă  cĂŽtĂ© ». Comme la crise est transverse, cela ne marchera pas. DeuxiĂšme rĂ©flexion Si c'Ă©tait grave, cela se saurait.». TroisiĂšme rĂ©flexion Cela n'est pas encore prouvé». QuatriĂšme rĂ©flexion Surtout ne disons rien, sinon ce sera la panique.» Vous prenez l'ensemble de ces rĂ©flexions, vous les confrontez Ă  notre culture et cela conduira Ă  une situation que j'ai souvent vĂ©rifiĂ©e, c'est-Ă -dire que l'information va circuler Ă  trois conditions. PremiĂšrement, j'ai un rapport complet, dĂ©finitif et sĂ»r de la situation ». DeuxiĂšmement, j'ai pu m'assurer que ni moi, ni mon service ne pouvaient ĂȘtre tenus pour responsables de la situation».TroisiĂšmement, j'ai des Ă©lĂ©ments pour rassurer mon supĂ©rieur et le public ». Quand ces trois conditions sont rĂ©unies, l'information circule, mais beaucoup trop tard. Vis-Ă -vis de l'extĂ©rieur, un organisme non prĂ©parĂ© aura immĂ©diatement une communication dĂ©fensive du type Nous ne savons encore rien, mais vous pouvez vous rassurer ce n'est pas grave ». Ce qui va immĂ©diatement ĂȘtre compris, parce qu'on a l'habitude, comme un sauve qui peut ». C'est trĂšs grave pour le dĂ©cideur parce que chacun aura compris que la gestion fondamentale de l'affaire n'est pas sĂ©rieuse et cela aura des consĂ©quences sur la conduite ultĂ©rieure de la crise. Et mĂȘme si l'on est lĂ  aux tout premiers moments de l'Ă©mergence de la crise, la crise a dĂ©jĂ  gagnĂ©. Au cours de la poursuite du dĂ©veloppement de la crise dans les organismes non prĂ©parĂ©s, on assiste Ă  une usure et Ă  une certaine impuissance. Alors qu'il faudrait se mobiliser en rĂ©seaux pour se poser des questions, pour se demander comment on va traiter ensemble cette difficultĂ©, on assiste souvent Ă  une dĂ©fense jalouse de territoires, Ă  des logiques du tout ou rien, Ă  de l'incohĂ©rence, -on fait le contraire de ce qu'on a fait la veille-, Ă  des recherches et Ă  des mises en avant de solutions miracles qui ne tiennent pas, Ă  des tentatives d'imposer des logiques pyramidales dans des rĂ©seaux extrĂȘmement ouverts -ce qui ne marche pas-, Ă  des convocations d'experts pour leur demander ce qu'il faut faire et non pas ce que l'on sait. Le mĂ©lange des rĂŽles aboutit assez rapidement Ă  la cacophonie. L'on assiste assez souvent Ă  des erreurs majeures en matiĂšre de communication externe, comme je l'ai entendu une fois Il y a peut-ĂȘtre des morts, mais ce ne sont que des vieux » ! Cela traduit non pas une volontĂ©, mais un acte manquĂ© consĂ©cutif au choix survenu. J'ai entendu aussi Vous ĂȘtes peut-ĂȘtre victimes, mais vous allez recevoir un tel pactole... qu'on ne voit pas pourquoi vous vous inquiĂ©teriez ». Autre Ă©lĂ©ment qui fait dĂ©faut quand on n'est pas habituĂ© Ă  travailler sur ces domaines les cellules de crise. Comment fonctionnent-elles, comment s'ouvrent-elles les unes aux autres ? Ce sont des rĂ©seaux complexes car de nombreuses cellules de crise doivent travailler ensemble. Le schĂ©ma est totalement diffĂ©rent d'un systĂšme pyramidal simple. Si ces cellules de crise ne sont pas coordonnĂ©es avec vigueur, on aboutit rapidement Ă  de la cacophonie et chacun lĂšve les ponts-levis » et se coupe vis-Ă -vis de l'extĂ©rieur. Dans ce cas, la cellule de crise fonctionne sur les quelques donnĂ©es dont elle dispose, en essayant au moins de se protĂ©ger elle-mĂȘme, mais elle ne traite pas la situation. L'obsession va ĂȘtre Vite, trouvons des solutions techniques ». Alors que le vĂ©ritable enjeu de la crise, c'est de savoir sur quel terrain on se situe, quel est le problĂšme de fond et par quelle procĂ©dure on va ensemble conduire et affronter une situation de trĂšs longue durĂ©e. L'enjeu va se jouer sur des procĂ©dures Montrez-moi que vous ĂȘtes crĂ©dibles et qualifiĂ©s sur les procĂ©dures et je vous croirai. Ne me vendez pas de solutions miracles tous les deux jours ». Or une cellule non prĂ©parĂ©e va essayer tous les jours de trouver une solution miracle. Vers la fin de la crise, les cellules vont lĂącher prise trĂšs rapidement et lĂ , la crise va rebondir. AprĂšs la crise, on va succomber au syndrome de l'oubli. Qu'on ne parle plus jamais de l'affaire et au lieu d'en tirer des enseignements, on va oublier et en tirer uniquement de faux enseignements qui seront appliquĂ©s lors de la prochaine crise ; et comme on n'aura pas saisi la fin de cette crise, il n'y aura pas de processus de cicatrisation. Il restera un terrain peu propice Ă  un oubli effectif et Ă  une prise en charge. On aura créé un nouveau terrain de crise. VoilĂ  les pathologies classiques d'un organisme non prĂ©parĂ© ou de rĂ©seaux non prĂ©parĂ©s puisque aujourd'hui avec les crises actuelles, il faut parler de rĂ©seaux et certainement pas d'un organisme particulier. En ce qui concerne le pilotage de l'ESB, il serait important pour notre pays, pour l'Europe, de maĂźtriser les procĂ©dures dans ce type de crise, afin de bĂ©nĂ©ficier d'un retour d'expĂ©rience. Je ne connais pas le cas de l'ESB de l'intĂ©rieur. Que peut-on en dire de l'extĂ©rieur ? Beaucoup de points positifs peuvent ĂȘtre relevĂ©s. Par exemple, une rĂ©action technique rapide de ce cĂŽtĂ©-ci de la Manche, un ministre français de l'agriculture qui monte en premiĂšre ligne en matiĂšre de communication, des tentatives fortes pour dialoger au niveau europĂ©en, des scientifiques rigoureux et une capacitĂ© de rĂ©flexion insoupçonnĂ©e. Mais il faut relever aussi des points faibles majeurs comme l'imprĂ©paration des systĂšmes dĂ©cisionnels Ă  affronter une telle situation aux premiers temps de la crise et un positionnement Ă©trange car tout est analysĂ© en termes d'agriculture. Si l'objet majeur de cette crise, le coeur de la crise, est la santĂ© publique, il est clair que l'on aura beaucoup de mal Ă  gĂ©rer le dossier. Des recherches de solutions miracles ont eu lieu avec l'Ă©pisode du slogan vache française». Il a manquĂ© la mise en place, sauf erreur de ma part, de cellules de rĂ©flexion stratĂ©gique sur la façon dont ce dossier sera conduit dans les dix ans qui viennent, afin de dĂ©finir aussi quelles Ă©taient les erreurs Ă  Ă©viter dans les deux jours ou dans les trois mois qui viennent. Je me demande oĂč sont conduites les stratĂ©gies de l'ensemble des acteurs et s'il existe une rĂ©flexion sur ce sujet. Si l'on avait un retour d'expĂ©rience vĂ©ritable sur la pĂ©riode qui a prĂ©cĂ©dĂ© l'Ă©clatement de la crise en 1996, on pourrait se poser les questions suivantes. Quels signaux ont Ă©tĂ© envoyĂ©s aux responsables par les scientifiques ? Quelles ont Ă©tĂ© les rĂ©actions Ă  ces signaux ? Comment a-t-on anticipĂ© le fait que le dossier pourrait sortir» de façon explosive ? Quels acteurs se sont prĂ©parĂ©s et comment ? Quelles Ă©taient la place et la perception de la santĂ© publique en Europe ? Au moment de l'Ă©mergence de la crise, quels ont Ă©tĂ© les mĂ©canismes du dĂ©tonateur britannique ? On a l'impression d'un dĂ©tonateur tout Ă  fait remarquable, il faudrait l'analyser de maniĂšre tout Ă  fait prĂ©cise ; quelle prĂ©paration, quels phĂ©nomĂšnes connexes ont pu jouer ? Comment cela s'est-il nouĂ© ? Quels ingrĂ©dients de crise, outre-Manche, ont-ils Ă©tĂ© posĂ©s de façon immĂ©diate et dĂ©finitive, dĂšs les premiers gestes ? Par exemple, le rappel des scientifiques britanniques en sĂ©minaire Ă  Paris Ă©tait une communication extrĂȘmement forte ; un jeu de Yo-Yo entre le tout dĂ©truire» et le rien dĂ©truire». J'ai mĂȘme entendu ceci On va dĂ©truire, mais cela n'a aucun fondement scientifique, c'est juste pour rassurer le public ». On le dit, mais on ne sait plus Ă  quoi on joue. De l'extĂ©rieur, on se demande de qui l'on se moque. Cela n'a plus de crĂ©dibilitĂ© et perdre sa crĂ©dibilitĂ© sur les procĂ©dures, c'est perdre la crise. Qu'est-ce qui a Ă©tĂ© fait du cĂŽtĂ© britannique, pour que dĂšs le dĂ©part, on soit dans l'impasse ? Du cĂŽtĂ© du continent, il serait intĂ©ressant de voir quelles ont Ă©tĂ© les mesures prises d'urgence. Comment cela s'est-il nouĂ© entre les diffĂ©rents responsables ? Qui s'est mobilisĂ© ? Quels leaders se sont affirmĂ©s ? Pourquoi, dĂšs le dĂ©part, le problĂšme a-t-il Ă©tĂ© dĂ©fini comme un problĂšme agricole ? Pourquoi les problĂšmes de santĂ© publique sont-ils apparus seconds, au moins en apparence ? Au niveau europĂ©en, qui a pris le leadership ? Pourquoi a-t-on l'impression que c'est un leadership technique et non politique sur une affaire de cette importance ? Quelles cellules de crise existe-t-il ? Qui rĂ©flĂ©chit depuis le printemps ? Quels sont les lieux de suivi stratĂ©gique de l'ensemble du problĂšme ? Quelles relations se sont-elles instaurĂ©es entre les scientifiques et les politiques ? Comment la dimension mĂ©diatique intervient-elle dans le traitement du dossier ? Y a-t-il des recherches de boucs Ă©missaires ? Peut-on comprendre le pilotage de ce dossier ? S'agissant des recommandations, j'en ai peu Ă  faire, car je ne connais pas cette maladie de l'intĂ©rieur. Cela dit, il faut crĂ©er une structure au niveau europĂ©en ou national, comparable Ă  ce qui a Ă©tĂ© fait pour les problĂšmes de dĂ©fense du temps de l'opposition Est-Ouest. C'est-Ă -dire des capacitĂ©s de rĂ©flexion stratĂ©gique pour conduire des dossiers de cette nature. Il faudrait par exemple se poser dĂšs maintenant la question suivante, mais je suis certain que certains se la posent, et vous me pardonnerez son amateurisme Comment piloter le dossier si dans quelques mois, on est toujours dans l'impossibilitĂ© de lever l'incertitude sur la gravitĂ© de l'affaire ? » DeuxiĂšme scĂ©nario, on a une convergence d'indicateurs apparemment favorables conduisant Ă  l'impression gĂ©nĂ©rale que finalement cela n'Ă©tait pas si grave que ça. Ou bien des faits majeurs conduiront Ă  devoir considĂ©rer l'affaire comme encore plus grave que ce qu'on avait cru. Ces scĂ©narios sont-ils crĂ©dibles ? Personne ne peut le dire aujourd'hui. Ce qui est important, c'est de savoir oĂč se fait la rĂ©flexion stratĂ©gique, sur les modalitĂ©s de conduite du dossier dans tous ces scĂ©narios qui restent ouverts. Un peu comme Kissinger le faisait quand il traitait de problĂšmes internationaux complexes. Telle est mon obsession aujourd'hui y a-t-il un lieu de pilotage stratĂ©gique de la comprĂ©hension des enjeux ? Par ailleurs, et c'est un problĂšme de fond, comment dĂ©velopper une mise Ă  niveau de nos capacitĂ©s collectives de gestion de ces phĂ©nomĂšnes, notamment Ă  haut niveau, et mettre en place des systĂšmes dĂ©cisionnels efficaces. Il y a des Ă©lĂ©ments positifs dans l'expĂ©rience. Depuis une dizaine d'annĂ©es cela se fait dans les meilleures entreprises françaises, dans certaines entreprises Ă©trangĂšres et certains grands services de l'Etat il s'agit d'entraĂźner les Ă©quipes dirigeantes Ă  travailler sur ces terrains de grande dĂ©stabilisation, de grande surprise qui sortent complĂštement de l'Ă©pure quotidienne. S'il y a une urgence, il ne s'agit pas d'appeler le SAMU ou les pompiers, mais de savoir comment faire dans des situations aussi complexes. Cela ne s'invente pas. Ce sont beaucoup plus que de nouveaux outils, ce sont de nouvelles cultures qui permettront de dĂ©velopper de nouvelles capacitĂ©s Ă  se poser ensemble des questions dont on n'a pas les rĂ©ponses. Plusieurs axes doivent ĂȘtre explorĂ©s - travail avec les Ă©quipes dirigeantes ; - travail de retour d'expĂ©rience systĂ©matique dans certaines entreprises trĂšs avancĂ©es, dĂšs qu'il y a un Ă©pisode un peu compliquĂ©, immĂ©diatement et sans avoir besoin de l'aval du prĂ©sident, une dĂ©marche collective est engagĂ©e pour savoir comment les difficultĂ©s se sont nouĂ©es et comment l'on pourrait mieux travailler ensemble ; - exercices de simulation il est trĂšs important aujourd'hui qu'on n'attende plus de se former uniquement sur des situations rĂ©elles ; elles coĂ»tent de plus en plus cher et l'on atteint des coĂ»ts faramineux, comme le montre l'exemple de l'amiante. On doit s'entraĂźner en simulation. Il ne s'agit pas de faire tous les jours un exercice incendie. Il s'agit de concevoir des opĂ©rations pĂ©dagogiquement utiles pour un cercle de responsables qui veulent se former ; - perfectionnements spĂ©cifiques il est clair qu'on a fait un peu de media-training » ces derniers temps, c'est tout Ă  fait nĂ©cessaire, mais insuffisant. Comment forme-t-on les responsables des cellules de crise, comment forme-t-on des dirigeants qui ont Ă  travailler avec des responsables de cellules de crise ? Cela ne s'invente pas lĂ  encore les rĂŽles, les places, les cultures, ce que les gens ont dans la tĂȘte doit ĂȘtre dĂ©veloppĂ©, amĂ©nagĂ©, transformĂ© ; - apprentissages inter-acteurs il ne s'agit plus que chaque acteur gĂšre sa petite crise dans son coin. Les uns et les autres doivent apprendre Ă  travailler ensemble. J'ai eu l'occasion de le faire dans les zones de dĂ©fense par exemple, oĂč vingt-cinq spĂ©cialistes travaillent ensemble. Il est absolument magnifique de voir qu'au bout de deux jours, une Ă©quipe se constitue et chacun est convaincu qu'il ne peut gĂ©rer sa crise que s'il travaille avec la dizaine d'autres spĂ©cialistes prĂ©sents. Ainsi, la tendance naturelle au dĂ©part, qui pourrait se rĂ©sumer ainsi Si on me laisse faire, ça ira et surtout ne me dĂ©rangez pas» devient Je ne pourrai rien faire si nous n'affrontons pas ensemble cette difficultĂ© qui nous tombe dessus ». Il y a des conditions nĂ©cessaires pour rĂ©ussir cet apprentissage, qui ne va pas de soi il y a d'Ă©normes rĂ©sistances parce qu'on aime beaucoup travailler sur des systĂšmes stables et beaucoup moins sur des systĂšmes inconnus et ouverts. Cela suppose une implication personnelle forte des hauts responsables, y compris des dirigeants. Cela suppose une programmation gĂ©nĂ©rale de l'intervention parce qu'il ne s'agit surtout pas d'opĂ©rations coup de poing » d'une journĂ©e. Il s'agit de maĂźtriser le processus parce que travailler sur une crise en pĂ©dagogie, c'est travailler sur des crises, c'est fabriquer de la crise ». Un peu comme des vaccins, il faut savoir Ă  quoi on joue. Il ne s'agit pas d'opĂ©rations mĂ©caniques. Transformer des cultures, cela se fait avec beaucoup de respect, de modestie, de prudence, toutes obligations que je ne respecte pas ici, car vu le temps de parole qui m'est accordĂ©, je ne peux pas faire de la maĂŻeutique sur deux jours. Pour ce travail, il faut aussi de la recherche scientifique, -il y a quelques Ă©quipes de pointe en Europe lĂ -dessus, je pense Ă  des collĂšgues de Rotterdam ou de Leiden. LĂ  existent des points d'appui au niveau europĂ©en et on pourrait mĂȘme imaginer la crĂ©ation d'enseignements sur la question pour que les dĂ©cisions puissent ĂȘtre anticipĂ©es. Il y a des pistes, elles fonctionnent, elles sont validĂ©es. Le problĂšme aujourd'hui consiste Ă  passer de ces Ăźlots dans lesquels il se fait des choses Ă  des exigences sociales de base ». On ne pilote pas aujourd'hui des systĂšmes complexes sans s'ĂȘtre entraĂźnĂ© avec d'autres Ă  toutes les grandes failles, Ă  tous les problĂšmes de sĂ©curitĂ©, Ă  toutes les crises potentielles qui pourraient survenir dans ces grands systĂšmes. Les crises du vingt-et-uniĂšme siĂšcle ne laisseront aucune chance aux organisations non prĂ©parĂ©es. Il est temps de s'y mettre, il ne faudrait pas ĂȘtre en retard d'une guerre, voire de deux. Mme le PrĂ©sident Vous avez fort justement dit que cette crise a Ă©tĂ© gĂ©rĂ©e pour partie par M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pĂȘche et de l'alimentation, alors qu'il s'agit d'un problĂšme de santĂ© publique. Pensez-vous qu'il y aurait intĂ©rĂȘt Ă  mettre en place une dĂ©marche de communication relayĂ©e entre le ministĂšre de la santĂ© et celui de l'agriculture pour avoir un meilleur Ă©cho auprĂšs de l'opinion publique ? A votre avis, y a-t-il des points communs entre des crises diffĂ©rentes - sida, amiante, vache folle - ? Y a-t-il une explication commune sur l'Ă©tendue de la crise et les rĂ©actions de l'opinion publique ? Quel rĂŽle, selon vous, a jouĂ© la presse dans la crise de la vache folle ? A-t-elle informĂ© convenablement, avec efficacitĂ© ou a-t-elle contribuĂ© Ă  crĂ©er une psychose en France ? M. Patrick LAGADEC Je ne doute pas un instant qu'il y ait eu des communications fortes entre le ministĂšre de l'agriculture et le ministĂšre de la santĂ©. Mme le PrĂ©sident Certes, mais pensez-vous qu'on aurait pu avoir une gestion commune plus approfondie ? N'y a-t-il pas eu trop de communication de la part d'un ministĂšre et pas assez de la part de l'autre ? M. Patrick LAGADEC Il faudrait connaĂźtre le problĂšme de l'intĂ©rieur pour rĂ©pondre prĂ©cisĂ©ment Ă  la question, je resterai donc trĂšs prudent, mais il est vrai que, vu de l'extĂ©rieur, on a eu l'impression au dĂ©part que le ministĂšre de l'agriculture Ă©tait en premiĂšre ligne, ce qui, techniquement, sur certains aspects, Ă©tait tout Ă  fait fondĂ©. Si ceux qui sont Ă  l'extĂ©rieur perçoivent le problĂšme comme Ă©tant d'abord un problĂšme de santĂ©, ils vont immĂ©diatement dĂ©crypter les diffĂ©rences d'importance dans la communication comme Ă©tant un problĂšme de procĂ©dures. Cela va entacher la crĂ©dibilitĂ© qui est donnĂ©e Ă  la conduite de l'affaire. Mais ce ne sont que des impressions. On aurait pu se demander quels types de rĂ©seaux communs, de communication commune pouvaient ĂȘtre mis en place, mais peut-ĂȘtre qu'auparavant une rĂ©flexion en matiĂšre de santĂ© publique devait-elle ĂȘtre menĂ©e pour voir si ceci Ă©tait possible, tant au niveau français qu'au niveau europĂ©en. Existe-t-il des points communs entre sida, amiante et vache folle ? On a toujours l'impression d'un grand retard Ă  admettre les choses, d'une non anticipation des phĂ©nomĂšnes, avec ce leitmotiv Ce n'Ă©tait pas encore prouvĂ© ». Et c'est cela le piĂšge, je crois, aujourd'hui, dans nos systĂšmes. Ce que l'on doit demander aux responsables, ce n'est pas Avez-vous des preuves ? », c'est Quelles questions vous ĂȘtes-vous posĂ©es, avec qui et Ă  partir de quand ? » On juge la pertinence des questions et non pas la justesse des rĂ©ponses. Tout le monde sait que c'est un sujet extrĂȘmement difficile mais ce que je vous ai dit tout Ă  l'heure, Je n'ai pas de preuve, donc...», me permet de traiter ces questions. Cela vaut aussi pour l'amiante, encore que, dans ce dernier cas, les choses Ă©taient Ă  peu prĂšs claires assez rapidement. En ce qui concerne la presse, j'ai Ă©tudiĂ© comment la presse a suivi l'affaire de l'Airbus sur l'aĂ©roport de Marseille, et j'ai identifiĂ© un certain nombre de dysfonctionnements qui posent de graves problĂšmes. Dans l'affaire de la vache folle, la presse a fait son travail. Je ne vois pas, mais peut-ĂȘtre faudrait-il faire un examen plus prĂ©cis, de problĂšmes aussi graves que ceux que j'ai pu constater avec l'Airbus. M. le Rapporteur Monsieur Lagadec, l'avantage de vous entendre c'est qu'effectivement, vous n'ĂȘtes pas un spĂ©cialiste de l'ESB et que vous venez nous parler avec, si je puis me permettre, le regard de Candide, de la gestion des crises d'une façon gĂ©nĂ©rale. Lorsque vous nous parlez de crise Ă  propos de la vache folle -d'ailleurs, c'est tout Ă  fait symptomatique, Mme la prĂ©sidente en vous interrogeant a fait allusion au sida et Ă  l'amiante- votre modĂšle est-il un modĂšle de crise en termes de santĂ© publique ou est-ce que la crise, au sens vrai du terme, peut se retrouver dans d'autres situations qui n'ont rien Ă  avoir avec la santĂ© publique ? Vous avez Ă©voquĂ©, comme d'ailleurs dans l'introduction de votre livre, l'affaire de l'Airbus retenu Ă  Marseille. Mais, dans un cas comme celui-lĂ , la crise est d'une trĂšs courte durĂ©e et, en dĂ©finitive, on a Ă  peine le temps de s'en rendre compte qu'elle est dĂ©jĂ  rĂ©glĂ©e. Aujourd'hui, l'affaire est trĂšs diffĂ©rente. Vous avez commencĂ© par distinguer la crise de l'urgence et dĂ©finir ce qu'Ă©tait une crise. Si ce n'est pas seulement applicable Ă  la santĂ© publique, pourriez-vous nous citer deux ou trois exemples, pas forcĂ©ment français, de crises qui pourraient se rapprocher de cette dĂ©finition ? M. Patrick LAGADEC Je prendrai un exemple dans le domaine technologique, l'affaire de la centrale nuclĂ©aire de Three Mile Island. La gestion de l'affaire a Ă©tĂ© assez pauvre du point de vue organisationnel. Je vous rappelle que le gouverneur de Pennsylvanie avait appris par la radio qu'il avait donnĂ© l'ordre d'Ă©vacuer un million de personnes, ce qu'il n'avait pas fait. Il finit par demander au prĂ©sident des Etats-Unis de lui envoyer quelqu'un qui gĂ©rerait l'affaire avec lui mais il fallut aussi reprendre la situation en main car petit Ă  petit les citoyens amĂ©ricains risquaient de perdre confiance vis-Ă -vis du nuclĂ©aire en gĂ©nĂ©ral. Finalement, la rĂ©ponse du prĂ©sident Carter consista Ă  mettre en place une commission prĂ©sidentielle d'enquĂȘte qui Ă©tait le reflet de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine dans son ensemble afin de restaurer un minimum de crĂ©dibilitĂ©. Cette affaire Ă©tait pleine d'inconnues, elle a durĂ© des jours et des jours, et finalement une partie de la crĂ©dibilitĂ© a Ă©tĂ© perdue. Crise sociale ? On a des Ă©lĂ©ments identiques avec la crise de novembre et dĂ©cembre derniers. Qui peut dire quoi ? Est-ce que c'est, techniquement, ce problĂšme-lĂ  qui se pose ou non ? Ce sont des reprĂ©sentations beaucoup plus fortes, ce sont des mutations importantes. Ou on construit une intelligence de la situation, ou on n'arrĂȘte pas de donner des rĂ©ponses tactiques Ă  un problĂšme qui ne se pose plus au moment oĂč on essaie de l'affronter. L'affaire de l'Airbus, certes, est rapide, mais la prise en charge des victimes par exemple va durer trĂšs longtemps et au moment oĂč l'on pense que c'est fini, aprĂšs l'assaut du GIGN, pour beaucoup de gens, je pense Ă  tous les services sociaux, aux victimes, cela ne fait que commencer. S'il y a arrĂȘt de la prise en charge et de la mobilisation des responsables, on va se retrouver dans ces configurations que je vous ai indiquĂ©es tout Ă  l'heure. DĂšs qu'un systĂšme est quelque peu dĂ©stabilisĂ© par la rigueur des questions, il tombe dans la crise. Cela dit, il est clair que le modĂšle le plus pur, aujourd'hui, ce sont les crises de santĂ© publique. M. le Rapporteur S'il est vrai que gouverner c'est prĂ©voir, et surtout l'imprĂ©visible, il n'en demeure pas moins qu'il est trĂšs difficile d'anticiper quelque chose que l'on ignore. Autrement dit, vous parlez d'anticipation mais j'aimerais que vous prĂ©cisiez ce qu'il faut anticiper et comment il faut anticiper. Vous avez parlĂ© de la crĂ©ation de cellules de crise. Comment seraient-elles constituĂ©es ? Par qui ? Par quels types de spĂ©cialistes ? Des psychologues, des sociologues, des Ă©thologues, spĂ©cialistes du comportement ? Comment cela pourrait-il ĂȘtre gĂ©rĂ© ? Sur quelles donnĂ©es ? Ne pensez-vous pas que cela sous-tend en dĂ©finitive tout le processus de dĂ©cision politique ? Je crois que, s'il y a une crise, c'est une crise de la dĂ©cision politique. Aujourd'hui, les politiques, avant de prendre une dĂ©cision, premiĂšrement, consultent des experts - c'est une trĂšs bonne chose, mais quand les experts ne sont pas capables de leur apporter des solutions toutes faites, trĂšs souvent ils ne savent plus quoi dĂ©cider - deuxiĂšmement, regardent les sondages, et naturellement ils sont tentĂ©s d'aller dans le sens qui s'en dĂ©gage, troisiĂšmement, sont tenus par le principe de prĂ©caution » qu'ils n'ont pas inventĂ© mais qui depuis l'affaire du sida est dĂ©sormais un trĂšs fort argument pour dĂ©cider parfois de façon tout Ă  fait excessive au regard de risques qui n'ont mĂȘme pas Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s. Comment intĂ©grez-vous tout cela dans votre rĂ©flexion ? M. Patrick LAGADEC On s'aperçoit qu'avant une grande crise, il y a eu souvent des signaux forts. Il suffisait de pouvoir les Ă©couter pour les repĂ©rer. Avant toutes les grandes catastrophes que j'ai pu Ă©tudier, Flixborough, Seveso, etc. il y avait eu plusieurs avertissements mais, Ă  chaque fois, on disait que ce n'Ă©tait pas grave puisqu'il ne s'Ă©tait rien passĂ©. MĂȘme aprĂšs Seveso, on a dit Regardez, il ne s'est rien passĂ© puisqu'il n'y a pas eu de morts », alors que c'Ă©tait lĂ  le prototype mĂȘme des problĂšmes dont on discute aujourd'hui. J'irai mĂȘme plus loin, il peut y avoir beaucoup de signaux faibles ». J'ai travaillĂ© avec des Ă©tats-majors, notamment d'entreprises, je sais qu'un certain nombre de grandes entreprises ont identifiĂ© par exemple les quinze points en France oĂč on perçoit le mieux ces signaux faibles ». Les responsables de ces quinze points se rĂ©unissent trĂšs frĂ©quemment et si quelqu'un voit un signal un peu affirmĂ©, toute la France se met Ă  regarder ces signaux faibles » et petit Ă  petit on bĂątit une anticipation assez simple de la crise Ă©ventuelle. Il ne s'agit pas d'anticiper la mĂ©tĂ©orite que l'on ne voit pas sur les Ă©crans radars mais il y a souvent beaucoup d'Ă©lĂ©ments qui rendent le problĂšme perceptible si l'on s'est mis en condition de pouvoir le percevoir. On est capable d'apercevoir autre chose qu'une explosion gĂ©nĂ©ralisĂ©e. Mais cela suppose qu'on accepte de s'interroger et de le faire collectivement et donc de croiser des informations. Cela suppose peut-ĂȘtre d'autres cultures. Comme me le disait un grand industriel Ă  propos de sa sociĂ©tĂ©, il y a une faute lourde et une seule, c'est de ne pas avoir diffusĂ© l'information. C'est ainsi qu'il dĂ©finit la stratĂ©gie de son entreprise. Sur les cellules de crise, vous me posez une vraie question. Il n'y a pas de constitution type. Il y a des plans qui en prĂ©cisent la composition dans les cas de figure les plus simples. En cas de sĂ©isme, on sait qu'il faut plutĂŽt dĂ©signer un sauveteur qu'un notaire. Sur les crises qui prennent vraiment par surprise, le premier travail, avant mĂȘme que la cellule de crise ne soit formĂ©e, est d'Ă©tudier comment l'on va travailler ensemble et non pas de foncer et de proposer une solution. On peut faire un test auprĂšs de cercles qui n'ont pas fait ce genre d'apprentissage. Vous leur donnez n'importe quel type de situation, dans les dix minutes, ils vous ont donnĂ© la rĂ©ponse On va faire comme cela parce qu'untel a fait comme cela » et il n'y aura aucune rĂ©flexion sur les conditions d'une action collective. Un jour, il faut peut-ĂȘtre un spĂ©cialiste de l'Ă©thologie, un autre jour, il faut peut-ĂȘtre quelqu'un de tout Ă  fait diffĂ©rent, mais si on ne s'interroge pas sur la façon dont on va travailler ensemble, avec qui, avec quels rĂ©seaux, avec quels mĂ©canismes et si on ne clarifie pas -et si on ne le fait pas c'est que la situation est trop angoissante, donc on fonce sur de solutions miracles- on ne pourra pas constituer utilement de cellules de crise. Donc, il n'y a pas de rĂ©ponse Ă  votre question, sinon que la vraie question est comment fait-on fonctionner ensemble un groupe qui va devoir dĂ©finir une conduite stratĂ©gique ? M. le Rapporteur Imaginons que le Gouvernement dĂ©cide de mettre en place une cellule de crise. Encore faut-il que celle-ci soit sollicitĂ©e. On dĂ©place le problĂšme, il faudra toujours qu'un ministĂšre, un responsable, Ă  un moment ou Ă  un autre dĂ©cide que c'est Ă©ventuellement un problĂšme susceptible d'ĂȘtre gĂ©rĂ© par la cellule de crise. Ou bien est-ce la cellule de crise qui s'auto-saisit, ce qui voudrait dire qu'elle a prioritĂ© sur tout, et ce qui me paraĂźt difficile Ă  imaginer. Comment faire ? M. Patrick LAGADEC Les piĂšges sont nombreux. Kissinger disait La premiĂšre fois qu'on a mis en place enfin notre plus belle cellule de crise, on a passĂ© notre temps Ă  voir comment on fonctionnait, pendant ce temps lĂ  on n'a pas gĂ©rĂ© la crise ». C'est intĂ©ressant. La seule rĂ©ponse, c'est de fabriquer des capacitĂ©s Ă  travailler ensemble sur ces sujets-lĂ , Ă  fabriquer des capacitĂ©s de remontĂ©e, Ă  croiser des questions, des capacitĂ©s Ă  repĂ©rer des signaux. On me dira que cela existe, mais je pense qu'il y a encore un gros travail Ă  faire. J'essaie de le faire notamment dans l'industrie, c'est long mais cela donne des rĂ©sultats. LĂ  oĂč il y a cinq ans il fallait trois, quatre jours pour mettre en place une cellule, maintenant cela se fait en trois minutes. Il y a cinq ans, on disait Mais non, ce n'est pas une crise de chez nous, cela ne nous ressemble pas, ce n'est pas ce qu'on traite d'habitude qui pose un problĂšme, c'est totalement Ă©tranger ». Maintenant on est capable de faire face. L'apprentissage est donc possible. Je n'ai pas de rĂ©ponse mĂ©canique parce que si elle Ă©tait mĂ©canique, elle serait mauvaise. Il s'agit de jouer aussi fin que la crise, sinon celle-ci va faire sienne la cellule et on aura perdu, et ce sera encore plus grave parce que la cellule aura l'impression qu'elle gĂšre l'ensemble. M. le Rapporteur Oui, mais nous, les politiques, nous sommes confrontĂ©s Ă  la nĂ©cessitĂ© d'apporter des rĂ©ponses perceptibles, tangibles, pratiques. Donc, au point oĂč nous en sommes de cette crise de la vache folle, qui s'inscrit tout fait dans ce que vous avez indiquĂ©, et en restant pragmatique, qu'auriez-vous souhaitĂ© a posteriori, et maintenant, que prĂ©coniseriez-vous alors que la crise se poursuit, alors que nous manquons de connaissances scientifiques affirmĂ©es et que le politique doit prendre un certain nombre de dĂ©cisions dont les effets, qu'il s'agisse de santĂ© ou d'Ă©conomie, ne vous Ă©chappent pas ? La notion de communication, qui est difficile Ă  gĂ©rer, est un Ă©lĂ©ment qu'il faut intĂ©grer. On dĂ©plore quelquefois l'excĂšs des propos et l'outrance des mĂ©dias, il n'en demeure pas moins que si les mĂ©dias n'Ă©taient pas lĂ  pour lever un certain nombre de liĂšvres », pour nous apporter un certain nombre d'informations que nous sommes, nous, incapables d'obtenir par nos procĂ©dĂ©s institutionnels, nous serions trĂšs dĂ©sarmĂ©s. Je pense que les mĂ©dias apportent une vĂ©ritable contribution, et je ne veux pas revenir sur les crises qui ont Ă©tĂ© mises Ă  jour par leur l'intermĂ©diaire. Il faut donc faire avec, il y a le mauvais cotĂ©, mais il y a aussi le bon. Pour le politique, aujourd'hui, que prĂ©coniseriez-vous dans ce dossier de la vache folle ? M. Patrick LAGADEC Le rĂŽle du politique est-il de donner des solutions ou... M. le Rapporteur Oui. M. Patrick LAGADEC Oui, il faut qu'il les donne mais... M. le Rapporteur Si on ne donne pas une solution, ce n'est pas la peine de se reprĂ©senter aux Ă©lections. On est lĂ  pour tenter de rĂ©gler les problĂšmes. La rĂ©flexion, c'est extrĂȘmement intĂ©ressant, on essaie de comprendre le pourquoi » des choses afin d'Ă©viter dans la mesure du possible que cela ne se reproduise, il n'en demeure pas moins que dans la crise actuelle, nous sommes tous lĂ  en train d'essayer de voir quelles solutions on va pouvoir proposer. M. Patrick LAGADEC J'entends bien, mais il est possible qu'une large part de ce travail passe par des voies moins simples que VoilĂ  la solution Ă  laquelle on arrive». J'ai eu le sentiment, depuis le dĂ©but, qu'il y avait nĂ©cessitĂ© de montrer que l'on allait s'occuper d'inventer collectivement de nouvelles procĂ©dures pour gĂ©rer ce genre d'affaires et qu'ainsi, on gagnerait de la confiance, et donc on serait capable de trouver, non pas quelques solutions, mais des terrains de solutions » qui pourraient ĂȘtre plus facilement gĂ©rĂ©s, pilotĂ©s, nĂ©gociĂ©s, en conservant de la confiance et de la crĂ©dibilitĂ©. C'est peut-ĂȘtre fumeux mais mon sentiment depuis le dĂ©part Ă©tait que l'on souhaitait afficher clairement qu'on allait travailler sur les procĂ©dures qu'on allait suivre et de façon ouverte, qu'on ne sortirait pas du chapeau d'un comitĂ© x» les bonnes solutions, les bonnes mĂ©thodes, etc., mais que ce serait un processus qui serait prĂ©sentĂ© comme complet et difficile. M. le Rapporteur Oui, mais comment mettez-vous en cohĂ©rence un raisonnement logique face Ă  une opinion publique irrationnelle ? Il y a un moment oĂč, dans votre analyse de la crise et des solutions Ă  y apporter Ă©ventuellement, vous ĂȘtes obligĂ© d'intĂ©grer l'irrationalitĂ© de l'opinion publique. Il me semble qu'on est obligĂ© d'en tenir compte, parce qu'elle est trĂšs importante. Quelle place lui donnez-vous ? M. Patrick LAGADEC Est-elle irrationnelle ? M. le Rapporteur Il me semble, Ă  certains moments en tout cas. M. Patrick LAGADEC Comment le dossier est-il constituĂ© ? On constate de trop grandes incohĂ©rences dans les dĂ©cisions, dans ce qui est affichĂ© par les diffĂ©rents pays d'un cĂŽtĂ© et de l'autre. Les rĂ©actions sont peut-ĂȘtre du type Prouvez-moi que vous poursuivez de bonnes procĂ©dures et je ferai montre moi aussi de plus de calme dans mes rĂ©actions ». C'est une sorte de jeu. On l'a vu Ă  Seveso, ou lors d'autres affaires. M. le Rapporteur Je reviens sur l'irrationalitĂ©. Si vous Ă©voquez le principe de prĂ©caution devant l'opinion publique, au regard de l'exemple passĂ© du sida peu de gens vont vous dire qu'il est excessif et dans le doute, la plupart pensent qu'il vaut mieux prĂ©server les personnes. D'un autre cĂŽtĂ©, nous voyons dĂ©filer ici un certain nombre de professionnels qui nous disent que le principe de prĂ©caution doit ĂȘtre relativisĂ© au regard des milliers de chĂŽmeurs de telle ou telle branche et - je reprends volontairement des arguments frappants pour vous montrer le type de raisonnement que ces personnes peuvent tenir - que les mesures prises risquent d'entraĂźner davantage de morts par suicides d'Ă©leveurs qu'il n'y en aurait par encĂ©phalopathie spongiforme bovine. L'image est peut-ĂȘtre excessive, mais illustre bien la trĂšs grande difficultĂ© Ă  gĂ©rer l'accord gĂ©nĂ©ral sur le principe de prĂ©caution, dont l'application, le cas Ă©chĂ©ant assez rigoureuse, rencontre les rĂ©ticences voire l'hostilitĂ© de toute une sĂ©rie de personnes. C'est lĂ  ce que j'appelle l'irrationalitĂ©, on n'arrive pas Ă  avoir une cohĂ©rence globale. M. Patrick LAGADEC Il faudra aussi admettre que, dans une crise de cette nature, engagĂ©e depuis des annĂ©es, on va arriver dans des impasses, d'autant que l'on se trouvera aussi face Ă  des impossibilitĂ©s. Je n'ai pas de rĂ©ponse Ă  tout. M. le Rapporteur Il faut pourtant que vous me donniez une rĂ©ponse sur les Ă©lĂ©ments qui permettent la dĂ©cision politique et lĂ , vous ne m'avez pas encore rĂ©pondu. Aujourd'hui, qu'est-ce qui peut fonder la dĂ©cision politique quand les experts font dĂ©faut et qu'il y a les antĂ©cĂ©dents que l'on sait ? M. Patrick LAGADEC Je suis obsĂ©dĂ© par la question. Les crises de l'avenir seront de ce type et le politique gardera sa fonction s'il est capable d'afficher cela et de considĂ©rer que la seule solution, c'est de bĂątir des consensus collectifs, ouverts, qui jamais ne se fondent sur une assurance totale, qui se feront Ă  un coĂ»t important, et donc nĂ©cessairement partagĂ©. C'est peut-ĂȘtre trĂšs intellectuel mais je pense que restreindre la fonction du politique Ă  donner une solution immĂ©diate Ă  l'affaire ne pourra pas donner de rĂ©sultats dans les crises de l'avenir. Ces crises seront toujours Ă  trĂšs, trĂšs haute incertitude et c'est pourquoi l'Ă©lĂ©ment majeur va ĂȘtre, selon moi, non pas la rĂ©ponse scientifique au problĂšme, on l'aura trop tard, mais la rĂ©ponse en termes de procĂ©dures et de qualitĂ© de ces procĂ©dures. M. le Rapporteur Autrement dit, cela passe par la confiance que l'opinion publique peut avoir dans les politiques. M. Patrick LAGADEC Absolument. M. le Rapporteur La clĂ© est donc celle-lĂ  si l'opinion publique a confiance dans le dĂ©cideur politique, alors on peut dominer une crise. M. Patrick LAGADEC Tout Ă  fait. M. le Rapporteur Or en mĂȘme temps que nous sommes en train de parler des crises, on met en cause le manque de confiance de l'opinion publique au regard des dĂ©cideurs politiques. C'est bien cela que vous ĂȘtes en train de dire. M. Patrick LAGADEC Prenez l'affaire de Flixborough, une usine rasĂ©e en Angleterre en 1974. Les Anglais avaient perdu confiance. Comment rĂ©agit le gouvernement britannique ? Il nomme une commission d'enquĂȘte, pour lui demander non pas de faire une enquĂȘte sur Flixborough, mais de recenser tous les Flixborough » potentiels en Grande-Bretagne et lĂ , les gens sont Ă©tonnĂ©s de voir qu'on a eu le courage de le faire. Que fait le prĂ©sident Carter aprĂšs Three Mile Island ? Il a un problĂšme majeur au niveau de l'ensemble de la nation, il crĂ©e une commission qui reflĂšte l'ensemble de la nation amĂ©ricaine et il reconstruit, petit Ă  petit, de la crĂ©dibilitĂ©. Il faut inventer de nouvelles procĂ©dures en face de nouveaux types de crises. C'est dans cette voie-lĂ  qu'on peut peut-ĂȘtre chercher. M. Francis GALIZI Monsieur Lagadec, ce que vous suggĂ©rez s'apparente en fait Ă  l'Ă©tude scientifique des dangers. Est-ce bien cela le message que vous voulez nous faire passer ? Selon vous, l'Ă©tude scientifique des grandes crises comme celle de l'ESB, qui peut s'appliquer Ă  tous les secteurs, Ă  l'industrie, au nuclĂ©aire, aux risques naturels et autres pourrait permettre, puisque cette Ă©tude s'accompagne nĂ©cessairement d'un volet communication, traitement de l'information », et en mĂȘme temps a une trĂšs forte consonance dĂ©mocratique, en matiĂšre d'information, de mieux gĂ©rer ce genre de situations. C'est cela que vous voulez dire ? M. Patrick LAGADEC Oui, le piĂšge dans lequel il ne faut pas tomber, dans ce que l'on nomme la cindynique, l'Ă©tude des dangers, c'est qu'il n'y a pas de catalogue technique de rĂ©ponses Ă  ce genre d'affaires. Plus les crises sont sĂ©vĂšres, mettant en cause nos reprĂ©sentations, les forces sociales, des mutations importantes, plus se posent des problĂšmes de cultures, de discussions, de rapports de force et autres. Il ne s'agit pas uniquement de solutions techniques. Il y a l'aspect technique assez simple -quand on fait une Ă©tude des dangers, on sait ce qui est clair- mais il y a d'autres aspects et plus on travaille sur les crises, plus les changements de culture sont nĂ©cessaires. Les entreprises avec lesquelles on a le mieux travaillĂ© sont celles qui ont acceptĂ© de changer de culture, selon la façon que je dĂ©crivais prĂ©cĂ©demment. Dans le cas contraire, les crises gagnent Ă  tous les coups. M. Francis GALIZI Faut-il prĂ©voir des scĂ©narios catastrophes ? Doit-on imaginer une population contaminĂ©e par son alimentation de base ? Doit-on aller jusque lĂ  ? M. Patrick LAGADEC Oui, mais surtout, Ă©tant donnĂ© que chacun se pose des questions qui sont lĂ©gitimes mais qui ne seront jamais exhaustives, il faut avoir l'esprit en alerte en termes de sĂ©curitĂ©. Aujourd'hui, la sĂ©curitĂ© ne peut plus se gĂ©rer au rĂ©troviseur ». Cela ne peut ĂȘtre que de l'anticipation forte, Ă  partir de signaux faibles », en se posant des questions et en croisant les informations que l'on peut avoir et en essayant d'ĂȘtre le moins en retard possible sur les Ă©vĂ©nements et jamais sur le mode Ma cellule, ma petite alvĂ©ole n'a pas eu de certitude dĂ©finitive qu'on Ă©tait bien en danger absolu ». Ce genre de raisonnement Ă©tait bon en 1914, maintenant cela ne marche plus. M. Georges SARRE Pourquoi, d'aprĂšs vous, les sociĂ©tĂ©s d'aujourd'hui sont plus fragiles que la sociĂ©tĂ© d'antan ? Qu'est-ce qui les a fragilisĂ©es ? La RĂ©publique fonctionne-t-elle moins bien ? Le systĂšme de communication est-il inefficace ? Le systĂšme de valeurs est-il remis en cause et est-il en voie de disparition ? Si l'on est comme moi attachĂ© Ă  la RĂ©publique, il faut bien quand mĂȘme, Ă  un moment donnĂ©, que les reprĂ©sentants du peuple puissent dĂ©cider. Sinon, c'est la dĂ©mocratie, c'est la RĂ©publique qui s'en vont. Dans le cas prĂ©cis de l'ESB, vous avez disposĂ© des mĂȘmes informations que nous. Quels sont les signaux faibles » qui Ă©taient annonciateurs de cette crise majeure, les symptĂŽmes qui auraient pu permettre aux Français, aux Allemands, Ă  d'autres, voire aux Anglais, de la voir arriver ? Personnellement, je ne les vois pas. M. Patrick LAGADEC Quand on interroge les scientifiques qui ont travaillĂ© sur le dossier depuis des annĂ©es, on constate qu'ils se sont posĂ© beaucoup de questions. Je me rappelle avoir Ă©tĂ© Ă  l'Ă©cole vĂ©tĂ©rinaire il y a deux, trois ans, je ne sais plus la date exacte... M. Georges SARRE Oui, mais lĂ , on Ă©tait dĂ©jĂ  en plein dedans. Parlez-moi des annĂ©es 1980. OĂč Ă©taient les symptĂŽmes ? Ils Ă©taient sans doute lĂ  mais, moi, je le rĂ©pĂšte, je ne les ai pas vus et je ne suis pas le seul. M. Patrick LAGADEC Il s'agit non pas d'Ă©liminer totalement tous les risques -si on pouvait, ce serait bien -mais de savoir au moins Ă  partir de quand on a eu suffisamment de signaux montrant le danger et quel a Ă©tĂ© le dĂ©lai de rĂ©action des uns et des autres Ă  ce moment-lĂ . Il y a une marge grĂące Ă  laquelle on peut gagner. En ce qui concerne les vulnĂ©rabilitĂ©s de nos sociĂ©tĂ©s, j'en ai dĂ©taillĂ© quelques-unes dans le texte que je vais vous laisser. Lors du tremblement de terre de San Francisco aux Etats-Unis, on a Ă©tĂ© trĂšs surpris de voir que certains systĂšmes de dĂ©tection incendie ne fonctionnaient pas. En fait, ils Ă©taient concentrĂ©s Ă  Chicago. Cela marchait trĂšs bien en situation calme, beaucoup mieux que s'ils avaient Ă©tĂ© localisĂ©s sur place, mais le jour du tremblement de terre, il n'y avait plus de communications entre Chicago et San Francisco. Les rĂ©seaux mondiaux sont aujourd'hui extraordinairement complexes et donc tout problĂšme dĂ©borde immĂ©diatement sur d'autres. C'est l'aspect technologique mais il y a aussi de grandes ruptures de l'idĂ©e de progrĂšs, peut-ĂȘtre de l'idĂ©e de lien social. La notion de responsabilitĂ© s'effrite... il est clair que l'on est beaucoup plus vulnĂ©rable que dans une rĂ©publique Ă  la Caton. Il y a des Ă©lĂ©ments qui bougent. M. Jean-Marie MORISSET Je vous remercie de l'analyse que vous avez faite du dĂ©roulement d'une crise et je retiendrai le message selon lequel il faut Ă©viter le syndrome de l'oubli et profiter d'une crise justement pour bien rĂ©-analyser le circuit et les processus de dĂ©cisions. Je pense aussi que les questions que vous avez posĂ©es nous permettront peut-ĂȘtre d'avancer. Je retiens Ă©galement de votre exposĂ© un message fort Ă  propos des procĂ©dures. Il faut travailler sur les procĂ©dures de maniĂšre concrĂšte. Or, aujourd'hui, notre processus de dĂ©cision en matiĂšre de procĂ©dures, quel est-il ? Ce sont des arrĂȘtĂ©s, des dĂ©crets, des circulaires. Souvent ces textes font l'objet, et vous l'avez dit, d'un travail interministĂ©riel qui nĂ©cessite un certain nombre d'avis et de dĂ©cisions. Ces procĂ©dures sont-elles adaptĂ©es Ă  la gestion d'une crise ? Ces prises de dĂ©cisions et la maniĂšre de les rĂ©percuter auprĂšs de notre population, Ă  savoir par arrĂȘtĂ©s, dĂ©crets et circulaires, sont-elles efficaces ? M. Patrick LAGADEC Il y a des procĂ©dures qui fonctionnent, heureusement. La question que je me pose est la suivante lorsqu'une crise se profile Ă  l'horizon, lorsqu'elle s'accentue vĂ©ritablement, comment fonctionnent ces procĂ©dures ? Et lĂ , comment sont prises les dĂ©cisions, qu'est-ce qui se fait, qu'est-ce qui Ă©merge ? Quand on est trop surpris pour ne pas avoir soi-mĂȘme participĂ© Ă  des simulations, je pense que les procĂ©dures qui fonctionnent en situation calme ne fonctionnent plus suffisamment en situations aiguĂ«s. Et on perd en quelques heures, comme l'affirmaient les dirigeant de l'industrie chimique suisse Hoffmann Laroche, vingt ans d'investissements. Il faut une accoutumance des plus hauts niveaux de dĂ©cision Ă  ces situations de dĂ©stabilisation rapide. Quel est notre degrĂ© d'entraĂźnement dans ce domaine ? Je fais suffisamment d'exercices de crise pour pouvoir dire qu'au fur et Ă  mesure que l'on monte dans la hiĂ©rarchie, on ne rencontre pas un empressement significatif pour participer Ă  ces exercices. Il faudrait peut-ĂȘtre revoir la qualitĂ© des exercices en question. Peut-ĂȘtre les responsables ont-ils la conviction suivante Si je suis Ă  un haut poste de responsabilitĂ©, c'est que par nature, je sais faire ». Je crois qu'il y a lĂ  des piĂšges. Comme disait Henry Kissinger, plus on monte dans la hiĂ©rarchie, moins les personnes ont passĂ© d'heures Ă  Ă©tudier les situations de crise internationale. Mme SĂ©golĂšne ROYAL Comment expliquez-vous que les politiques aient autant de mal Ă  anticiper, mĂȘme lorsque les signaux dont vous parlez sont visibles ? Car les signaux sur la vache folle Ă©taient visibles. Cela fait des annĂ©es que l 'on connaĂźt les dĂ©gĂąts potentiels de l'agriculture industrialisĂ©e. Je prends diffĂ©rents exemples d'actualitĂ©. L'amiante chacun se souvient fort bien des annĂ©es 1974-1976 et je vois encore ma mĂšre jeter la plaque d'amiante oĂč elle posait les fers Ă  repasser. Il y avait dĂ©jĂ  eu des alertes Ă  ce moment-lĂ . La maladie avait Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©e comme maladie professionnelle. En 1986, il y a dix ans, le groupement industriel de l'amiante a empĂȘchĂ© le gouvernement français de ratifier une convention de l'organisation internationale du travail interdisant l'amiante. Cela fait dix ans de perdu, alors que les autres pays l'ont signĂ©e. Ce groupement a sous-estimĂ© le risque et est arrivĂ© Ă  convaincre les politiques que le risque n'Ă©tait que secondaire par rapport Ă  l'argument Ă©conomique, que l'on utilise sans jamais y intĂ©grer ni les coĂ»ts collectifs ni les coĂ»ts sociaux. On voit aujourd'hui des signaux trĂšs forts dans d'autres domaines et aucune dĂ©cision n'est prise. Je ne prendrai que deux exemples, parce qu'ils sont liĂ©s et ressemblent Ă  la crise de la vache folle. Premier exemple le domaine de l'eau on sait parfaitement que la loi sur l'eau n'est pas appliquĂ©e, que les pollutions des nappes phrĂ©atiques continuent sous prĂ©texte lĂ  aussi de rentabiliser une forme d'agriculture. Je prends le pari que dans quelques annĂ©es, on se trouvera au bord du gouffre en ce qui concerne l'eau comme aujourd'hui en ce qui concerne la sĂ©curitĂ© alimentaire avec la viande. DeuxiĂšme exemple, l'effet de serre on sait parfaitement lĂ  aussi que des dĂ©cisions sont en train d'ĂȘtre prises et que des pays comme la France ont une nouvelle fois reculĂ© les dĂ©cisions Ă  prendre, que le rĂ©chauffement de la planĂšte va conduire sans doute plus vite qu'on le croit Ă  des consĂ©quences dramatiques en termes de santĂ©, en particulier dans les pays du tiers-monde qui se reporteront inĂ©vitablement sur les pays dĂ©veloppĂ©s. Les dĂ©cisions sur l'eau et sur l'effet de serre sont des dĂ©cisions que les politiques devraient prendre maintenant et qu'ils ne sont pas capables de prendre parce que le coĂ»t de l'anticipation en termes de consĂ©quences politiques est sans doute plus fort que le fait de ne rien faire. On reporte toujours sur les gĂ©nĂ©rations politiques suivantes la responsabilitĂ© de ces dĂ©cisions. La vraie question est lĂ . Ce qui me frappe, c'est que bien souvent l'opinion publique a beaucoup plus de maturitĂ© que les responsables politiques. C'est-Ă -dire que nous sous-estimons notre capacitĂ© d'action par rapport Ă  l'intuition de l'opinion publique. Par exemple, sur le problĂšme de la circulation en ville, tous les sondages montrent que les Français sont prĂȘts Ă  limiter le recours Ă  la voiture parce qu'ils sont conscients des dĂ©gĂąts sur l'air. Or, les responsables politiques n'ont pas le courage de prendre les dĂ©cisions que l'opinion publique voudrait voir prendre. L'opinion est maintenant en avance sur les dĂ©cideurs politiques. Quel est le ressort de cette incapacitĂ©, de ce dĂ©calage permanent, y compris par rapport aux problĂšmes que l'on pourrait rĂ©gler aujourd'hui pour Ă©viter les situations de crise ? Avez-vous thĂ©orisĂ© cette question ? Et comment pourrait-on intĂ©grer l'anticipation des dĂ©gĂąts dans la dĂ©cision politique afin que le politique retrouve un intĂ©rĂȘt pour agir ? M. Patrick LAGADEC Aux vraies questions, les rĂ©ponses sont difficiles. Il y a des choses assez Ă©videntes que l'on voit fonctionner quand on fait des entraĂźnements d'Ă©tat-major, que ce soit des politiques ou des responsables d'entreprises. L'obsession, dĂšs qu'un problĂšme se prĂ©sente, est de vouloir rassurer. Quelque part, c'est un dĂ©ni de dĂ©mocratie. Si le moindre problĂšme est Ă©noncĂ©, ce sera la panique immĂ©diate Je ne peux faire confiance en rien au citoyen et je dois absolument me comporter en propriĂ©taire de cette information Ă  risques et ne dire les choses que le plus tard possible». C'est pour cela que j'ai vu, dans certains pays, qu'on ne prĂ©vient pas lorsqu'un cyclone va arriver parce qu'on ne sait jamais quelles seront les rĂ©actions. Cela coĂ»te ensuite extrĂȘmement cher. Il y quelque chose dans notre fonds culturel, qui n'est pas propre aux politiques. Chacun personnellement peut tomber dans ce travers. Je me souviens avoir demandĂ© Ă  une Ă©tudiante de venir travailler sur un retour d'expĂ©rience relatif Ă  un problĂšme de santĂ© publique. Les gens lui demandaient si ce n'Ă©tait pas grave. Elle n'Ă©tait pas mĂ©decin, elle les a rassurĂ©s. DĂšs que l'on pose une question du type Ce n'est pas grave ? » La rĂ©ponse est Je vous rassure ». Lorsque cette rĂ©ponse est fondĂ©e, on peut rassurer les gens. Sinon on craint de semer la panique si l'on dit quoi que ce soit, ce qui peut entraĂźner des phĂ©nomĂšnes Ă©normes que l'on aurait pu Ă©viter. La moindre parcelle d'information va dĂ©clencher des mouvements assez incontrĂŽlables. On entre dans un cycle infernal Vous ne nous avez jamais fait confiance, pourquoi voulez-vous qu'on vous fasse confiance aujourd'hui, vous voyez bien que...». Il y a certainement des rĂ©ponses plus intelligentes. Pour passer Ă  d'autres types de rĂ©ponses, il faut avoir beaucoup travaillĂ©. Je m'en suis aperçu en travaillant avec certains Ă©tats-majors. Jour aprĂšs jour, ils sont capables de faire beaucoup plus confiance, d'ouvrir davantage les rĂ©seaux, de ne pas de se comporter en propriĂ©taire du risque en question, de travailler Ă  valoriser l'ensemble des richesses de leur groupe, ce qui permet de mieux surmonter les crises. Il s'agit d'un long travail pour lequel il n'y a pas de technique rapide. Nous devons mettre en oeuvre une capacitĂ© culturelle Ă  travailler ensemble sur des problĂšmes qui ne sont pas encore trĂšs bien dĂ©finis, sans connaĂźtre d'un cĂŽtĂ© la liste exhaustive des risques, de l'autre la liste exhaustive des rĂ©ponses, ce qui serait notre tendance technocratique immĂ©diate, car la crise se joue de ce genre de choses. Cela suppose une maturation patiente et respectueuse et Ă  cette condition, on fait naĂźtre de grandes richesses et c'est ce qui m'intĂ©resse. Arriver au bout de deux jours Ă  avoir en face de soi un groupe humain d'une richesse fantastique qui produit lui-mĂȘme des scĂ©narios auxquels personne n'avait songĂ© et qui ne sont pas dans les plans et qui seraient extraordinairement intĂ©ressants comme appui en cas de crise. C'est un travail de pĂ©dagogie sociale, qui s'effectue avec une grande confiance vis-Ă -vis des citoyens, des responsables, etc. Cela peut se dĂ©velopper si nous renonçons Ă  vouloir Ă  tout prix nous protĂ©ger immĂ©diatement en demandant un plan Ă©crit. C'est utile pour les urgences mais pour ce dont on parle il faut des investissements culturels forts de de la part de l'ensemble des partenaires. M. le Rapporteur Pensez-vous qu'il serait utile de crĂ©er dans notre pays, sur le modĂšle de l'IHEDN, un institut des hautes Ă©tudes de gestion des crises, qui permettrait Ă  un certain nombre de personnes d'apprĂ©hender tous les mĂ©canismes que vous nous avez exposĂ©s et qui pourrait peut-ĂȘtre prĂ©parer un certain nombre de responsables, de l'entreprise, du monde politique, tous ceux qui, Ă  un moment ou Ă  un autre, peuvent avoir Ă  gĂ©rer des situations de crise ? Serait-ce une initiative heureuse et par hasard, cela existe-t-il dĂ©jĂ  ailleurs ? M. Patrick LAGADEC Je pense que ce serait une trĂšs bonne idĂ©e pour Ă©viter une tĂ©tanisation par la peur, chacun dans son bureau Surtout ne bougeons pas, il va se passer quelque chose », pour fabriquer des communautĂ©s de rĂ©flexion et de travail personnel. A la fin de sĂ©minaires, chacun sait qu'il peut appeler l'autre pour lui demander son avis, en sachant bien que l'autre n'a pas de solution Ă  vendre, ne va pas en tirer gloire, mais qu'on va mettre en commun des questions. CrĂ©er ces structures oĂč on puisse discuter ensemble de façon ouverte, venir en appui Ă  quelqu'un qui se trouvera confrontĂ© Ă  une situation de crise, cela peut ĂȘtre tout Ă  fait extraordinaire afin de sortir de la peur qui paralyse et qui fait sombrer dans des impasses. Et si on avait un jour un dossier aussi complexe que celui de la vache folle, on pourrait mĂȘme faire une communication du type C'est une des crises de l'avenir, on ne saura pas bien faire, on va travailler avec vous pour la gĂ©rer au mieux, on essaiera d'en tirer tous les enseignements en Ă©vitant les erreurs majeures ; s'il y a des difficultĂ©s, on les rĂ©soudra ensemble, mais sachez bien que je ne peux pas ĂȘtre ici pour vous dire qu'il y a une solution simple. Si je le faisais, je ne serais pas crĂ©dible, je vais travailler avec vous pour qu'on dote ce pays des meilleurs moyens pour affronter les autres mieux que celle-ci et, pour celle-ci, dĂ©gager des capacitĂ©s communes pour la traiter au moins mal ». Mme le PrĂ©sident Je vous remercie. Audition de M. Jacques BARRIERE, prĂ©sident du Syndicat national des vĂ©tĂ©rinaires-inspecteurs du ministĂšre de l'agriculture extrait du procĂšs-verbal de la deuxiĂšme sĂ©ance du 10 septembre 1996 PrĂ©sidence de Mme Evelyne GUILHEM, PrĂ©sident M. Jacques BARRIERE Madame le prĂ©sident, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les dĂ©putĂ©s, je vous remercie de m'avoir invitĂ© pour vous prĂ©senter, en tant que professionnel, l'Ă©tat de mes connaissances modestes sur le sujet qui fait l'objet de vos travaux. Je suis vĂ©tĂ©rinaire-inspecteur, responsable du service d'hygiĂšne alimentaire dans le dĂ©partement des Bouches-du-RhĂŽne. Mon travail consiste Ă  appliquer les dispositions du code rural qui sont destinĂ©es Ă  protĂ©ger la santĂ© publique. Ces dispositions ont pour but d'assurer la protection des consommateurs en instituant un contrĂŽle, une inspection permanente des denrĂ©es alimentaires animales ou d'origine animale. En 1991, les compĂ©tences des agents du ministĂšre de l'agriculture ont Ă©tĂ© Ă©tendues aux denrĂ©es vĂ©gĂ©tales, mais les dispositions rĂ©glementaires dans ce domaine sont encore relativement peu Ă©toffĂ©es, pour des raisons scientifiques essentiellement; le risque alimentaire est liĂ© surtout aux aliments d'origine animale. La compĂ©tence sur les denrĂ©es vĂ©gĂ©tales est partagĂ©e avec des agents du ministĂšre de l'Ă©conomie et des finances, ceux de la direction gĂ©nĂ©rale de la concurrence, de la consommation et de la rĂ©pression des fraudes. L'organisation administrative des contrĂŽles sur l'alimentation est extrĂȘmement complexe, mais, pour rĂ©sumer, on peut dire que 95% des compĂ©tences en matiĂšre de protection de la santĂ© publique sur des questions d'alimentation Ă©choient Ă  deux catĂ©gories d'agents du ministĂšre de l'agriculture des agents de catĂ©gorie A, les vĂ©tĂ©rinaires-inspecteurs, qui sont des fonctionnaires recrutĂ©s par concours Ă  l'issue de leur formation et suivent une formation complĂ©mentaire ; des agents de catĂ©gorie B, essentiellement des techniciens des services vĂ©tĂ©rinaires recrutĂ©s au niveau bac puis formĂ©s, et des prĂ©posĂ©s sanitaires qui remplissent les mĂȘmes fonctions que les techniciens des services vĂ©tĂ©rinaires mais n'ont pas Ă©tĂ© recrutĂ©s par voie de concours ce sont pour la plupart des agents qui Ă©taient en situation de prĂ©caritĂ© et qui ont Ă©tĂ© titularisĂ©s aprĂšs de trĂšs nombreuses annĂ©es de service. Cette crise sans prĂ©cĂ©dent, j'ai prĂ©fĂ©rĂ© l'aborder sous l'angle de ses causes plutĂŽt que sous celui de ses consĂ©quences il s'agit, Ă  mon niveau, de faire des propositions non seulement pour en limiter les consĂ©quences, mais surtout pour Ă©viter l'apparition de nouvelles crises. J'ai Ă©coutĂ© avec beaucoup d'attention le prĂ©cĂ©dent intervenant, M. Patrick Lagadec, que j'ai dĂ©jĂ  rencontrĂ© par ailleurs, dans le cadre d'un colloque sur la listĂ©riose. En l'Ă©coutant, je me suis demandĂ© si les crises que le ministĂšre de l'agriculture a dĂ©jĂ  eu Ă  gĂ©rer -tout le monde a en mĂ©moire les Ă©pisodes de salmonellose-, qui au plan sanitaire Ă©taient beaucoup plus importantes que la crise actuelle, tout au moins en l'Ă©tat actuel de nos connaissances de l'incidence de l'ESB sur la santĂ© humaine et animale, n'Ă©taient pas ces signaux faibles dont il nous parlait tout Ă  l'heure. Sur le plan scientifique, le document que j'ai prĂ©sentĂ© comporte une analyse un peu caricaturale il y est dit que les progrĂšs en matiĂšre de thĂ©rapeutique sont, somme toute, assez minces depuis la dĂ©couverte des antibiotiques et que l'on ne dispose toujours pas d'un antiviral efficace pour traiter la grippe ou le sida ; on meurt plus souvent des consĂ©quences du traitement de certaines tumeurs plutĂŽt que des consĂ©quences de la maladie elle-mĂȘme. Dans le cas des encĂ©phalopathies spongiformes subaiguĂ«s, il est certain que les connaissances sont encore plus faibles. On a trĂšs peu investi dans le monde, en France en particulier, dans la recherche dans ce domaine. A ma connaissance, environ vingt-cinq vĂ©tĂ©rinaires seulement travaillent en France dans le monde de la recherche, dont certains probablement sur les maladies Ă  prions, mais pas tous et loin s'en faut. En tant que syndicaliste, je dĂ©plore la faiblesse des moyens humains et financiers qui sont consacrĂ©s Ă  la recherche scientifique en gĂ©nĂ©ral. Je crois qu'il faut avant tout favoriser le travail pluridisciplinaire, ce qu'on a du mal Ă  faire en France. Comme pour les cellules de crise, il faut savoir faire appel Ă  toutes les compĂ©tences et surtout les regrouper, y compris celles des organismes publics de recherche. Dans le domaine alimentaire en particulier, les compĂ©tences sont trop Ă©clatĂ©es. Il faut Ă©galement promouvoir la carriĂšre de chercheur. J'ai entendu il y a quelques mois des responsables de mon administration prĂ©tendre qu'Ă  partir de trente-cinq ans, un chercheur ne trouvait plus rien et que la recherche ne pouvait donc pas ĂȘtre le choix de carriĂšre d'un jeune plein d'ambitions. Je me suis simplement reportĂ© Ă  la chronologie des dĂ©couvertes de Pasteur pour constater qu'avant trente-cinq ans, il n'avait pas Ă©tĂ© trĂšs productif ! Sur le plan sanitaire, en l'Ă©tat actuel des connaissances et en France, l'impact de cette affection, pour l'homme ou pour les animaux, est infime. Les toxi-infections alimentaires collectives, les maladies transmissibles, comme la brucellose et la tuberculose, ont une incidence bien plus considĂ©rable. L'ESB a un impact sanitaire en Grande-Bretagne, au moins pour la santĂ© animale, c'est indĂ©niable, mais guĂšre en France. C'est une des premiĂšres interrogations que pose cette crise. Le premier point critique sur ce plan, c'est l'alimentation des animaux et des hommes, cela va de soi. Un autre point critique, c'est l'importation d'animaux vivants et de denrĂ©es animales ou d'origine animale depuis 1993, les frontiĂšres intra-communautaires ont Ă©tĂ© abolies ; nous vivons dans une communautĂ© de pays oĂč la confiance mutuelle est de rigueur. Il reste qu'un certain nombre de contrĂŽles qui Ă©taient rĂ©alisĂ©s aux frontiĂšres ne le sont plus. Ils sont thĂ©oriquement remplacĂ©s par les contrĂŽles Ă  destination », mais ceux-ci sont loin d'ĂȘtre Ă  la hauteur de ce qu'on pourrait attendre il faudrait un investissement en personnels, moyens et formation. Pour le reste, je ne vois pas d'autre conduite Ă  tenir que de suivre les recommandations des experts scientifiques, qui sont encore les personnes les plus crĂ©dibles. Il est important, et je le rĂ©pĂ©terai, d'imposer la traçabilitĂ© de l'ensemble des filiĂšres de denrĂ©es alimentaires, en commençant par les produits carnĂ©s -ce serait dĂ©jĂ  un bel effort. On a critiquĂ© le dispositif VBF mis trĂšs rapidement en place ; ce dispositif est critiquable, mais il s'agissait d'apporter en quinze jours une rĂ©ponse Ă  une demande des consommateurs qui nĂ©cessiterait un travail de plusieurs annĂ©es. Il faut aller plus loin, modifier les rĂšgles d'Ă©tiquetage pour informer le consommateur sur un certain nombre de points qu'il ne connaĂźt pas aujourd'hui, en particulier la race et le mode d'alimentation des animaux. Sur le plan Ă©conomique, nous assistons essentiellement Ă  une crise de confiance internationale. Cette crise intervient dans un contexte dĂ©jĂ  trĂšs difficile pour les producteurs de boeuf. Curieusement, alors que les associations de consommateurs n'ont pas appelĂ© au boycott de la viande bovine française et de la viande bovine en gĂ©nĂ©ral, puisque l'importation de la viande d'origine britannique Ă©tait interdite, une bonne partie de la population l'a pratiquĂ© spontanĂ©ment. A l'effondrement de la consommation, je vois trois causes essentielles. La premiĂšre est Ă  mon sens la mĂ©connaissance gĂ©nĂ©rale du public en matiĂšre mĂ©dicale et en matiĂšre Ă©conomique. La deuxiĂšme tient au rĂŽle de la presse, qui n'a pas diffusĂ© une information suffisante et suffisamment objective. La troisiĂšme, c'est la sensibilitĂ© des Français aux questions alimentaires. Pour ce qui est de l'ignorance du public, je crois qu'on peut mettre en cause les lacunes de l'Education nationale. J'ai un enfant en sixiĂšme on lui enseigne avec force dĂ©tails la civilisation Ă©gyptienne et il ne connaĂźt rien de l'hygiĂšne ! Les connaissances de base en hygiĂšne et en mĂ©decine sont quasiment nulles et l'Education nationale n'est d'aucun secours. Quant au monde rural, que notre gĂ©nĂ©ration connaissait, c'est aujourd'hui un monde complĂštement Ă©tranger aux enfants, ainsi que l'illustre l'exemple du poisson reprĂ©sentĂ© par des enfants de maternelle par des rectangles, puisque c'est la forme du poisson panĂ© surgelĂ©. Dans les pays anglo-saxons, les choses sont diffĂ©rentes. J'ai rencontrĂ© au cours de mes Ă©tudes de vĂ©tĂ©rinaire une enseignante d'anglais nĂ©o-zĂ©landaise je peux vous dire qu'en deuxiĂšme annĂ©e d'Ă©cole vĂ©tĂ©rinaire, j'en savais moins sur les maladies des moutons que ce professeur d'anglais qui avait fait des Ă©tudes de français ! Certes, la Nouvelle-ZĂ©lande est un pays oĂč le nombre d'habitants est infĂ©rieur au nombre de moutons, mais je pense toutefois qu'il y a chez nous un certain nombre de corrections Ă  apporter. En ce qui concerne la sensibilitĂ© particuliĂšre de nos concitoyens aux questions alimentaires, je citerai l'exemple de l'amiante malgrĂ© le nombre de dĂ©cĂšs, repris dans la presse, dus Ă  ce produit, l'impact mĂ©diatique n'est pas comparable Ă  celui de l'ESB. Mme SĂ©golĂšne ROYAL Si. M. Jacques BARRIERE Ce n'est pas mon avis. Les mesures rĂ©glementaires prises ne sont pas comparables l'interdiction de l'utilisation de l''amiante dans l'Ă©dification des bĂątiments n'intervient qu'Ă  partir du 1er janvier 1997 et la rĂ©habilitation des bĂątiments contaminĂ©s n'est pas rĂ©gie avec la mĂȘme rigueur que celle appliquĂ©e aux farines destinĂ©es Ă  l'alimentation animale. Je peux vous garantir Ă  ce propos qu'on a envoyĂ© des techniciens des services vĂ©tĂ©rinaires et des vĂ©tĂ©rinaires inspecteurs dans toutes les fermes de France et de Navarre Ă  la recherche des sacs de farines qui auraient Ă©tĂ© introduits avant l'interdiction. En ce qui concerne la presse, la recherche permanente du sensationnel et du scandale a fait le lit de la crise de confiance des consommateurs. Elle n'a pas apportĂ© une information suffisante et objective. Je le rĂ©pĂšte, je ne comprends pas l'Ă©cart entre la gravitĂ© du problĂšme de l'amiante - on parle de 2 000 morts en 1996 - et son faible Ă©cho mĂ©diatique au regard du barouf » mĂ©diatique autour de l'ESB. Nos propositions influer sur les programmes scolaires, informer les consommateurs et dĂ©livrer en permanence une information Ă  la presse. Sur les questions d'alimentation, le ministĂšre de l'agriculture, de la pĂȘche et de l'alimentation communique trĂšs peu. Lorsque survient une crise de cette ampleur, les journalistes sont Ă©tonnĂ©s de constater que ce n'est pas le ministĂšre de la santĂ© qui est compĂ©tent, mais celui de l'agriculture. On aurait pu compenser ce dĂ©faut et je pense qu'il est nĂ©cessaire de rĂ©tablir une communication permanente, surtout en dehors des pĂ©riodes de crise. Concernant la gestion administrative du problĂšme sanitaire, je passerai rapidement sur la qualitĂ© et la rapiditĂ© des dĂ©cisions prises. Je ne pense pas qu'on puisse les remettre en cause elles s'appuient d'une part sur les recommandations des experts nationaux et internationaux et d'autre part sur le principe de prĂ©caution. L'affaire du sida a laissĂ© des traces positives. Sur la rapiditĂ© des dĂ©cisions, je ne vois pas non plus qu'il y ait matiĂšre Ă  incriminer particuliĂšrement nos responsables. En cherchant mĂ©ticuleusement, on peut trouver que s'est Ă©coulĂ© un dĂ©lai d'un an entre l'interdiction d'utiliser des farines au Royaume-Uni, qui date de 1988, et l'intervention d'une mesure similaire en France, qui date de 1989. Mais la CommunautĂ©, dans le mĂȘme temps, n'a pris aucune mesure la France a donc dĂ» anticiper les dĂ©cisions communautaires, ce qui fut loin d'ĂȘtre Ă©vident compte tenu du caractĂšre trĂšs communautaire de la gestion du secteur agricole et agroalimentaire. Rien ne permet non plus de douter de l'efficacitĂ© de la mise en oeuvre de ces mesures. Bien sĂ»r, il y a le problĂšme de l'interdiction d'introduire des farines de viande d'origine anglaise sur notre territoire, qui aurait Ă©tĂ© inefficace ; sur ce point, on a tendance Ă  faire l'amalgame avec les dĂ©rogations qui ont Ă©tĂ© accordĂ©es dans des conditions conformes Ă  la rĂ©glementation pendant une bonne pĂ©riode ; cependant, il semble bien que des produits interdits en petite quantitĂ© ont pu ĂȘtre introduits en France par l'intermĂ©diaire d'autres pays de la CommunautĂ©. Une enquĂȘte menĂ©e sur ce point par les services du ministĂšre de l'agriculture est actuellement en cours ; ses conclusions ne sont pas encore connues. Surtout, le contrĂŽle qui Ă©tait opĂ©rĂ© sur les farines de viande importĂ©es Ă©tait un contrĂŽle mĂ©trologique, c'est-Ă -dire un contrĂŽle normatif de composition sur le produit fini, effectuĂ© par les services de la direction gĂ©nĂ©rale de la concurrence, de la consommation et de la rĂ©pression des fraudes. Manifestement, ce contrĂŽle Ă©tait insuffisant - ce qui n'implique pas forcĂ©ment qu'il y a eu fraude - ; un contrĂŽle de process, sur les mĂ©thodes de fabrication, eĂ»t Ă©tĂ© plus efficace. C'est le type de contrĂŽle habituellement pratiquĂ© par les agents des services vĂ©tĂ©rinaires. Mais, curieusement, en France, le seul maillon des productions animales et alimentaires qui ne relĂšve pas de la compĂ©tence du ministĂšre de l'agriculture mais de celle du ministĂšre de l'Ă©conomie, est justement celui de l'alimentation animale. Or, l'intervention de l'administration de l'Ă©conomie et des finances est forcĂ©ment limitĂ©e, puisqu'on ne peut pas dĂ©tecter de protĂ©ines animales dans une farine si elles sont prĂ©sentes Ă  un taux infĂ©rieur Ă  1 %, et que seuls deux laboratoires sont capables de mener cette recherche avec succĂšs lorsque le taux est lĂ©gĂšrement supĂ©rieur Ă  1 %. Le contrĂŽle du produit fini est donc illusoire. L'absence de collaboration active et efficace, voire la concurrence entre les services de la rĂ©pression des fraudes, transfĂ©rĂ©s en 1984 du ministĂšre de l'agriculture au ministĂšre de l'Ă©conomie et des finances, et les services vĂ©tĂ©rinaires, a donc causĂ© un prĂ©judice aux consĂ©quences heureusement limitĂ©es pour la santĂ© publique. Les propositions des vĂ©tĂ©rinaires consistent, a minima, Ă  associer de maniĂšre permanente les actions de prĂ©vention systĂ©matique qui sont menĂ©es par les agents des services vĂ©tĂ©rinaires, aux opĂ©rations plus ponctuelles et plus policiĂšres des agents de la rĂ©pression des fraudes, auxquels il faut adjoindre ceux des services des douanes. Une proposition plus audacieuse serait de regrouper tout ou partie des services dĂ©concentrĂ©s en charge de la santĂ© publique alimentaire, pour Ă©viter l'Ă©parpillement des compĂ©tences et la concurrence entre les diffĂ©rentes administrations et donner aux consommateurs un interlocuteur unique, compĂ©tent, reconnu et crĂ©dible. Il s'agirait des services santĂ©-environnement des directions dĂ©partementales des affaires sanitaires et sociales, d'une partie des services des directions dĂ©partementales de la concurrence et de la rĂ©pression des fraudes les agents compĂ©tents pour les questions alimentaires et des services vĂ©tĂ©rinaires des directions dĂ©partementales de l'agriculture et de la forĂȘt. Il est important d'assurer la crĂ©dibilitĂ© des mesures prises par l'administration. Depuis le 21 mars dernier, c'est essentiellement le ministre de l'agriculture qui est intervenu, ce qui est normal puisqu'il s'appuie sur le dispositif lĂ©gislatif du code rural. Or, quelles que soient ses qualitĂ©s, il apparaĂźt aux yeux des consommateurs comme le ministre des agriculteurs et des producteurs, ce qui leur semble signifier qu'il dĂ©fend des intĂ©rĂȘts opposĂ©s aux leurs. Ce sentiment est aggravĂ© par le fait que les liens institutionnels entre le ministĂšre de l'agriculture et les associations de consommateurs sont trĂšs minces, alors que le ministĂšre des finances entretient des liens Ă©troits avec elles en contribuant aussi parfois indirectement Ă  leur fonctionnement. A la dĂ©charge des consommateurs, il faut reconnaĂźtre que la mission de protection de la santĂ© publique assurĂ©e par les directions des services vĂ©tĂ©rinaires - plus de 4 000 agents en France - n'avait pas jusqu'Ă  l'actuel Gouvernement Ă©tĂ© rĂ©ellement assumĂ©e en termes de communication ni d'organisation administrative. Qui sait aujourd'hui en France que ce sont les services vĂ©tĂ©rinaires qui s'occupent de protĂ©ger la santĂ© du consommateur ? Pratiquement personne. Quant Ă  l'organisation administrative, l'intĂ©gration, en 1984, des directions des services vĂ©tĂ©rinaires dans les directions dĂ©partementales de l'agriculture et de la forĂȘt a Ă©tĂ© effectuĂ©e au mĂ©pris de la dĂ©ontologie qui sied Ă  une administration de contrĂŽle. Cette incongruitĂ© gĂ©nĂšre un conflit d'intĂ©rĂȘt qui a Ă©tĂ© relevĂ© par la Cour des comptes europĂ©enne, mais aussi par la Cour des comptes française dans un rapport de 1990 ou 1991. Cependant, les rĂ©munĂ©rations des agents des services vĂ©tĂ©rinaires, de catĂ©gorie A, B et C, restent en moyenne infĂ©rieures de 25 % Ă  celles du gĂ©nie rural. Il faut ajouter que la crĂ©dibilitĂ© des contrĂŽles exercĂ©s par les agents des services vĂ©tĂ©rinaires est vivement contestĂ©e du fait que, dans la majoritĂ© des abattoirs français, l'encadrement de l'inspection sanitaire est assurĂ© par des vĂ©tĂ©rinaires inspecteurs vacataires, c'est-Ă -dire des agents non titulaires. Les effectifs de vĂ©tĂ©rinaires inspecteurs ont Ă©tĂ© considĂ©rablement accrus ces derniĂšres annĂ©es, mais ils restent encore faibles eu Ă©gard Ă  leurs nombreuses missions et bon nombre de postes, y compris d'encadrement, sont confiĂ©s Ă  des agents non titulaires. Je crois avoir bien mis l'accent sur les points critiques. Nos propositions pour rĂ©pondre aux attentes des consommateurs et des citoyens, c'est de procĂ©der au regroupement de services Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, de titulariser les agents en situation prĂ©caire, pour rĂ©pondre aux exigences dĂ©ontologiques du contrĂŽle et d'augmenter - pardonnez-moi ce langage syndical, mais en matiĂšre de protection de la santĂ© publique et en matiĂšre alimentaire, il est de mise - les effectifs de fonctionnaires chargĂ©s de ces missions. Par le regroupement proposĂ©, nous voulons assurer une plus grande efficacitĂ© de l'Etat, en prenant soin toutefois de dissocier les deux missions de service public en cause, l'une relative Ă  l'Ă©laboration du cadre rĂ©glementaire de l'alimentation, l'autre de contrĂŽle sur le terrain. La premiĂšre de ces missions suppose une activitĂ© de nĂ©gociation trĂšs importante, notamment Ă  Bruxelles. L'autre pourrait selon nous ĂȘtre avantageusement confiĂ©e Ă  un Ă©tablissement public Ă  caractĂšre administratif. En annexe du document que j'ai apportĂ©, figure une proposition de notre organisation qui concerne la tutelle. Elle a Ă©tĂ© adressĂ©e aux principaux responsables et est complĂ©tĂ©e par des contributions des prĂ©sidents des syndicats des mĂ©decins inspecteurs de santĂ© publique et des ingĂ©nieurs sanitaires. Ce n'est pas une proposition opportuniste. Elle a quelque peu vieilli, ayant Ă©tĂ© conçue bien avant la crise de l'ESB, mais je l'ai volontairement conservĂ©e en l'Ă©tat. On Ă©voque dans ce document une tutelle ministĂ©rielle triple agriculture, Ă©conomie et santĂ©. Aux yeux du public, le ministĂšre de la santĂ© est apparu absent dans cette crise. Cela se comprend car, du point de vue rĂ©glementaire, il n'a pas de compĂ©tences dans ce domaine, hormis en matiĂšre d'eau. Il reste qu'un problĂšme de santĂ© publique, dans l'esprit du citoyen, c'est un problĂšme du ministĂšre de la SantĂ©. Le ministĂšre de l'Ă©conomie et des finances a Ă©tĂ© parfois rĂ©clamĂ© vigoureusement par les associations de consommateurs. En l'Ă©tat actuel des compĂ©tences, ce ministĂšre n'est rĂ©glementairement pas compĂ©tent, hormis pour contrĂŽler l'Ă©tiquetage en gĂ©nĂ©ral et, s'agissant de l'alimentation animale, notamment des farines, la composition. La question se pose Ă  nouveau de savoir si l'alimentation ne devrait pas ĂȘtre du ressort d'une seule tutelle ministĂ©rielle. Au plan politique, l'imbroglio administratif a certainement suscitĂ© la dĂ©fiance des consommateurs. Ceux-ci sont en quĂȘte d'un service unique, impartial et indĂ©pendant. Ils ont logiquement retirĂ© leur confiance Ă  l'administration et par consĂ©quent aux hommes politiques. Je pense que le comportement de la presse ne fait que reflĂ©ter l'opinion commune. Les affaires » trop frĂ©quentes des derniĂšres annĂ©es ont certainement entamĂ© le capital confiance des politiques, mais aussi du corps mĂ©dical. C'est vrai Ă  tel point qu'au lieu de considĂ©rer que l'administration française avait relativement su prĂ©server l'agriculture de notre pays d'un flĂ©au, la presse relayant l'opinion majoritaire a jugĂ© que les mesures prises par le ministre de l'agriculture et appliquĂ©es par son administration n'Ă©taient pas crĂ©dibles. La rĂ©ponse que nous proposons a pour objet de rĂ©tablir la confiance des citoyens en l'Etat, conformĂ©ment Ă  l'un des objectifs fixĂ©s par le PrĂ©sident de la RĂ©publique au gouvernement, et Ă  l'article 25 de la loi d'orientation pour l'amĂ©nagement et le dĂ©veloppement du territoire que vous avez adoptĂ©e en 1995. L'ESB a dĂ©clenchĂ© en France une crise sans prĂ©cĂ©dent. Il est Ă  craindre que le secteur de la viande bovine ne s'en remette que trĂšs difficilement. Il est Ă  craindre aussi que d'autres branches de l'alimentation puissent subir une pareille tourmente, dans la mesure oĂč, comme le dit un de mes collĂšgues, les tiroirs sont pleins de dossiers plus pourris » que celui-ci la listĂ©riose, la brucellose, la tuberculose, la fiĂšvre Q et mĂȘme la rage ont des consĂ©quences sanitaires largement supĂ©rieures Ă  l'ESB. L'opinion publique doit savoir que chaque jour on court des dangers en s'alimentant, mais qu'on est protĂ©gĂ© par une administration qui n'est pas la plus mauvaise d'Europe ni du monde. Vous pourrez peut-ĂȘtre considĂ©rer que j'ai exagĂ©rĂ© en disant que les responsabilitĂ©s administratives Ă©taient Ă©miettĂ©es en France dans le domaine de l'alimentation ; je crois pouvoir affirmer sans ĂȘtre contredit que c'est encore pire aux Etats-Unis, oĂč onze services d'Etat concourent au contrĂŽle de l'alimentation et Ă  la protection du consommateur. Pour caricaturer, un sandwich qui comporte une tranche de jambon et une tranche de pain relĂšve de l'autoritĂ© d'un service de contrĂŽle, et un sandwich qui comporte la mĂȘme tranche de jambon et deux tranches de pain relĂšve d'un autre service de contrĂŽle. Nous ne sommes pas les plus mauvais, mais nous pourrions ĂȘtre bien meilleurs et si la France veut protĂ©ger les consommateurs comme ils l'attendent et conserver le rang de deuxiĂšme puissance agro-alimentaire mondiale -premier exportateur mondial de produits agro-alimentaires transformĂ©s-, elle doit se doter d'un outil qui soit Ă  la pointe du progrĂšs, ce qu'elle a su faire par le passĂ©. L'organisation administrative actuelle, qui date de trente ans, a Ă©tĂ© calquĂ©e par de trĂšs nombreux pays. Elle a Ă©tĂ© copiĂ©e en partie Ă  l'Ă©chelon communautaire. Mais elle est aujourd'hui relativement dĂ©passĂ©e, parce que les attentes des consommateurs sont beaucoup plus fortes. Il faut donc restaurer la crĂ©dibilitĂ© des contrĂŽles, plus que leur efficacitĂ©, en confiant Ă  un organisme unique les moyens d'agir en toute indĂ©pendance au plan dĂ©ontologique, avec l'autonomie fonctionnelle qui en est le corollaire, ce qui ne veut pas dire qu'il pourrait se comporter en Ă©lectron libre par rapport aux pouvoirs publics et aux dĂ©cisions politiques. Il faut aussi Ă©duquer les enfants dans les domaines de l'hygiĂšne, de la mĂ©decine et du monde rural. Il faut Ă©tablir -c'est une oeuvre de longue haleine-, la traçabilitĂ© des denrĂ©es alimentaires dans leur ensemble, en s'attaquant tout de suite aux denrĂ©es alimentaires animales ou d'origine animale. Il faut enfin informer clairement, par un Ă©tiquetage clair, les consommateurs sur la race et le mode d'alimentation et d'Ă©levage des animaux, car ce sont des Ă©lĂ©ments d'information plus importants que l'origine gĂ©ographique. Trop souvent le schĂ©ma qui prĂ©vaut dans l'esprit de nos concitoyens, c'est que les moutons ou les vaches sont produits un peu comme les vins dans un systĂšme d'appellation contrĂŽlĂ©e Ă  partir du moment oĂč un mouton est nĂ© en Irlande, il est forcĂ©ment bon, de mĂȘme que les vins de Bordeaux sont meilleurs que les vins du Lot. Ce schĂ©ma n'a aucune valeur dans le domaine des produits carnĂ©s. Mme le PrĂ©sident Si nous ne sommes pas parmi les plus mauvais, peut-on dire que nous sommes parmi les meilleurs ? J'aimerais revenir sur les contrĂŽles. Nous avons entendu ce matin le directeur du Centre d'information des viandes nous expliquer que nous pouvons regagner la confiance des consommateurs si les contrĂŽles se maintiennent. Est-ce Ă  dire que les contrĂŽles se sont amplifiĂ©s depuis la crise ? Etaient-ils aussi sĂ©rieux et aussi poussĂ©s avant ? Nous avons au sein de notre mission plusieurs commissaires vĂ©tĂ©rinaires qui nous ont fait part de pratiques plus ou moins laxistes dans les abattoirs... M. Jacques BARRIERE Je ne crois pas que les contrĂŽles de notre administration soient meilleurs ou plus mauvais que ceux que pourrait effectuer une autre administration qui serait dotĂ©e des mĂȘmes moyens et du mĂȘme dispositif rĂ©glementaire. Il est certain que si des agents d'une administration sont intĂ©ressĂ©s financiĂšrement aux rĂ©sultats de leur activitĂ©, leur mode de contrĂŽle peut dĂ©vier ; ce n'est pas le cas des agents des services vĂ©tĂ©rinaires. Je peux du moins tĂ©moigner du dĂ©vouement, de la compĂ©tence et du sĂ©rieux des vĂ©tĂ©rinaires - inspecteurs et de leurs assistants, les techniciens des services vĂ©tĂ©rinaires. Il reste que ce ne sont que des hommes et il en est sans doute qui ne font pas tous les jours leur travail correctement. Mme le PrĂ©sident Les contrĂŽles sont-ils plus nombreux et plus poussĂ©s depuis le 20 mars ? M. Jacques BARRIÈRE Ils sont diffĂ©rents les contrĂŽles documentaires et l'examen ante mortem -l'examen mĂ©dical que subissent les animaux avant l'abattage- prennent une importance beaucoup plus grande. Cet effort est effectuĂ© au dĂ©triment d'autres tĂąches, puisque les moyens restent les mĂȘmes. Je ne vois pas en ce domaine de carence particuliĂšre. M. le Rapporteur Je m'Ă©tonne de certaines de vos affirmations concernant la gestion administrative du problĂšme sanitaire. Je suis un peu surpris de constater qu'en face des rubriques -qualitĂ© des dĂ©cisions prises, rapiditĂ© et efficacitĂ© de ces dĂ©cisions-, vous n'Ă©mettez ni critiques, ni propositions. Or, s'agissant de la qualitĂ© des dĂ©cisions prises, ce matin, notre attention a Ă©tĂ© attirĂ©e sur un arrĂȘtĂ© publiĂ© le 14 avril 1996 et retirant de la chaĂźne alimentaire l'encĂ©phale, la moelle Ă©piniĂšre, le thymus, les amygdales, la rate et les intestins, pris comme une entitĂ©, des bovins nĂ©s avant 1991. D'aucuns ont argumentĂ© de façon assez solide que, pour les intestins, cette dĂ©cision n'Ă©tait pas fondĂ©e, car on ne peut pas considĂ©rer comme un tout l'intestin grĂȘle et le gros intestin ; ce sont deux entitĂ©s anatomiques et physiologiques diffĂ©rentes et les risques qu'ils prĂ©sentent ne sont pas les mĂȘmes. Comme cet arrĂȘtĂ© est signĂ© par le vĂ©tĂ©rinaire en chef Vallat, je vous demande si vous maintenez votre position sur la qualitĂ© des dĂ©cisions prises. Ne pensez-vous pas, eu Ă©gard Ă  l'Ă©volution des connaissances, que cette mesure est excessive ? Pour ce qui est de la rapiditĂ© avec laquelle les dĂ©cisions ont Ă©tĂ© prises, le directeur gĂ©nĂ©ral de la santĂ© nous a tenu des propos inverses ; de son point de vue, on aurait pu gagner beaucoup de temps, de nombreux mois, peut-ĂȘtre mĂȘme quelques annĂ©es. Comment s'explique cette divergence d'apprĂ©ciation ? Concernant l'efficacitĂ© des mesures mises en place, vous constatez que rien aujourd'hui n'indique qu'elles n'ont pas eu l'effet souhaitĂ© ; l'interdiction d'introduire sur notre territoire des farines de viandes d'origine anglaise n'a pas Ă©tĂ© suivie d'importations clandestines importantes. Or, dans le journal Le Monde » d'aujourd'hui, il est indiquĂ© que de janvier 1993 Ă  mars 1996, la France aurait importĂ© 153 900 tonnes de farines animales britanniques. Ces pratiques auraient continuĂ© jusqu'en juin dernier malgrĂ© l'embargo. Cet article assez documentĂ© vient Ă  l'appui d'autres Ă©lĂ©ments. Maintenez-vous que vous n'avez rien Ă  dire sur la qualitĂ© des dĂ©cisions prises, leur rapiditĂ© et leur efficacitĂ© ? M. Jacques BARRIERE S'agissant de la qualitĂ© des dĂ©cisions, il faut dire que ces dĂ©cisions reposent sur le principe de prĂ©caution, mais doivent aussi tenir compte, dans un deuxiĂšme temps, de certaines contraintes techniques de faisabilitĂ© des opĂ©rations. Des observateurs qui ne prennent pas en compte ces deux Ă©lĂ©ments ont pu trouver excessives certaines mesures. Quant Ă  la rapiditĂ© des dĂ©cisions, il est Ă©vident qu'on peut toujours aller plus vite. Il ne s'est tout de mĂȘme Ă©coulĂ© qu'un an entre le moment oĂč les farines ont Ă©tĂ© interdites dans l'alimentation des bovins au Royaume-Uni et le moment oĂč cette interdiction a Ă©tĂ© prononcĂ©e en France, et je ne crois pas pouvoir ĂȘtre contredit lorsque j'affirme que la CommunautĂ©, quant Ă  elle, n'a pris de dĂ©cision Ă  cet Ă©gard qu'en 1994 soit cinq ans aprĂšs. L'obligation d'avoir un troisiĂšme feu rouge sur les voitures Ă  hauteur des yeux s'applique aux Etats-Unis depuis au moins dix ou quinze ans. Combien de temps a-t-on mis en France pour la mettre en oeuvre ? Et il est toujours possible d'utiliser de l'amiante dans la construction en France ! Alors, notre administration de l'agriculture a-t-elle Ă©tĂ© si lente ? S'agissant de l'efficacitĂ© de la mise en oeuvre des mesures, en particulier en ce qui concerne l'interdiction d'importer des farines anglaises, c'est une question complexe parce que ces farines n'ont pas servi uniquement Ă  l'alimentation des bovins. Elles ont pu ĂȘtre utilisĂ©es pour d'autres espĂšces, -les porcs, les volailles- chez qui elles n'ont pas de consĂ©quences pathogĂšnes, ou tout au moins pas de consĂ©quences sur la santĂ© publique, puisqu'on a pu infecter expĂ©rimentalement un porc. Mais il est certain aussi que ces importations ont pu augmenter et que des importations dĂ©tournĂ©es passant par des pays tiers ou d'autres pays de la CommunautĂ© ont pu avoir lieu. Je n'en dirai pas plus une enquĂȘte du ministĂšre de l'agriculture est en cours. De toute maniĂšre, le mode d'Ă©levage et d'alimentation des bovins en France n'a pas gĂ©nĂ©rĂ© un risque comparable Ă  celui qui existe au Royaume-Uni. Je rappelle en outre que les techniques analytiques ne nous permettent pas de rechercher mĂ©thodiquement les farines dans les produits finis destinĂ©s Ă  l'alimentation des animaux. M. Georges SARRE Tout d'abord, est-il exclu que des farines anglaises lĂ©galement importĂ©es pour nourrir des volailles aient frauduleusement Ă©tĂ© donnĂ©es Ă  des bovins ? Un Ă©leveur a pu se dire, au moins avant que l'affaire ne devienne publique, que si les poulets en mangeaient, les vaches le pouvaient aussi. Ensuite, quels sont les pays europĂ©ens qui auraient vendu des farines susceptibles d 'ĂȘtre contaminĂ©es ? Par ailleurs, d'aprĂšs vous, comment se fait-il que seuls quelques pays europĂ©ens reconnaissent avoir eu des bĂȘtes victimes de l'ESB ? J'aurais pour ma part tendance Ă  craindre que le cheptel de tous soit peu ou prou atteint. Enfin, est-il exact que lorsque le Gouvernement britannique a pris des mesures d'interdiction pour sa consommation intĂ©rieure, les services vĂ©tĂ©rinaires, les services de contrĂŽle en gĂ©nĂ©ral, n'Ă©taient plus en mesure d'assurer un suivi et d'avoir une politique efficace, aprĂšs le passage de l'ouragan libĂ©ral soufflĂ© par Mme Thatcher ? Je me permets pour finir une observation. Vous avez parlĂ© de l'hygiĂšne, soit. Mais que vient faire l'Education nationale lĂ -dedans ? J'ai appris Ă  l'Ă©cole, au collĂšgue, au lycĂ©e, mais aussi Ă  la maison, Ă  me laver les mains et les dents. Il me semble que le rĂŽle des familles, Ă  cet Ă©gard, est beaucoup plus important que celui de l'Ă©cole. L'Ă©cole est lĂ  pour transmettre des savoirs. C'est sa mission essentielle. Vous citez les pays anglo-saxons en exemple, mais l'Angleterre n'est-elle pas Ă  l'origine de cette crise ? M. Jacques BARRIERE La rĂ©ponse est dans votre quatriĂšme question. M. Georges SARRE Quant au troisiĂšme feu rouge, c'est moi qui en ai pris la dĂ©cision. Il faut savoir que toutes les fois que l'on prend une mesure technique en faveur de la sĂ©curitĂ© routiĂšre, l'on allĂšge la responsabilitĂ© du conducteur et d'une certaine façon, l'on favorise un certain nombre d'accidents. Cette dĂ©cision dont je suis responsable a donc ses avantages et ses inconvĂ©nients. M. Jean-Marie MORISSET Je reviens au problĂšme des intestins. Nous ne contestons pas le principe de prĂ©caution. Mais pouvez-vous invoquer les contraintes techniques ? Je crois qu'aujourd'hui on sait sĂ©parer les gros intestins et les intestins grĂȘles. Plus gĂ©nĂ©ralement, quelles relations avez-vous eues avec le CNEVA pour Ă©valuer la portĂ©e des diffĂ©rentes mesures prises ? Vous avez parlĂ© d'un regroupement des services de contrĂŽle sans mentionner sous quelle autoritĂ©. Il serait important de le savoir. M. Pierre FORGUES Votre exposĂ© me surprend un peu. Vous avez dit qu'il faut rassurer le consommateur et pour ce faire, vous expliquez que l'incidence de l'ESB sur la santĂ© humaine est beaucoup plus faible que celle d'autres maladies. Mais ce n'est pas le problĂšme les autres maladies, on les soigne, celle-lĂ , non. Ce n'est pas un problĂšme statistique. L'opinion publique a perdu confiance dans les contrĂŽles sanitaires. Il y a sans doute des raisons trĂšs objectives Ă  cela. Est-ce un problĂšme de moyens ? Est-ce le fait que trĂšs souvent on privilĂ©gie l'enjeu Ă©conomique au dĂ©triment de la santĂ© publique ? En tout cas, je ne vois pas beaucoup d'informations scientifiques dispensĂ©es par vos services aux consommateurs. L'Ă©levage est de plus en plus technique, il utilise toutes sortes de mĂ©dicaments ; est-ce bon pour la santĂ© ? Nous avons besoin d'informer les consommateurs de façon rigoureuse, objective, indĂ©pendante et, Ă  ce moment-lĂ , la confiance se rĂ©tablira. On ne les rassure pas en taisant la difficultĂ©, la complexitĂ©, sa propre ignorance. Il faut prendre le problĂšme autrement. Vous dites que l'origine d'un animal importe peu ; peut-ĂȘtre, mais la façon dont il a Ă©tĂ© nourri a beaucoup d'importance, car la viande sera diffĂ©rente selon son alimentation. Je vous invite Ă  goĂ»ter des agneaux des PyrĂ©nĂ©es, par exemple. Vos services devraient informer les consommateurs de l'influence de l'alimentation des animaux sur le goĂ»t de leur viande. Nous avons besoin de crĂ©er un systĂšme pour la santĂ© publique qui ne soit pas contrĂŽlĂ© par le seul ministĂšre de l'agriculture et uniquement composĂ© de vĂ©tĂ©rinaires, quelles que soient leur bonne volontĂ© et leurs compĂ©tences. Mme SĂ©golĂšne ROYAL Vous ĂȘtes prĂ©sident du syndicat national des vĂ©tĂ©rinaires-inspecteurs. Vous avez donc, j'imagine, des contacts avec vos homologues Ă©trangers, notamment anglais. Le jour oĂč vous avez appris que les Anglais considĂ©raient que ce qui Ă©tait mauvais pour eux, Ă  savoir les farines de viande contaminĂ©es, restait bon pour leurs voisins, pourquoi votre syndicat s'est-il tu ? Avez-vous une obligation de rĂ©serve ? Ou bien, comme on le constate au fil des auditions, y a-t-il une espĂšce de mollesse gĂ©nĂ©rale, chacun se taisant pour ne pas affoler l'opinion tout en Ă©ludant ses responsabilitĂ©s ? M. Jacques BARRIERE Je vais rĂ©pondre d'abord Ă  Mme Royal. J'ai Ă©tĂ© informĂ© non par des collĂšgues anglais, mais par la presse anglaise, deux mois avant l'incident du 20 mars. Il y avait un gros titre sur l'ESB, en premiĂšre page d'une revue scientifique qui a une Ă©dition française et amĂ©ricaine, Ă  propos de l'Ă©ventualitĂ© d'un lien avec des cas humains. Pourquoi le silence de mon syndicat sur ce point ? Les vĂ©tĂ©rinaires-inspecteurs -600 en France- n'ont pas une disponibilitĂ© infiniment extensible. Ils centrent leur action sur les enjeux d'organisation administrative et les aspects statutaires. Tout ce qui relĂšve du travail technique et scientifique effectuĂ© au quotidien par l'administration dont nous dĂ©pendons ne fait pas l'objet de critiques de notre part, tant que cela ne pose pas de problĂšmes statutaires ou d'organisation administrative. Mme SĂ©golĂšne ROYAL Ce n'est pas ma question. Je vous parle du jour oĂč l'utilisation des farines a Ă©tĂ© interdite en Grande-Bretagne. Compte tenu de vos responsabilitĂ©s et de vos fonctions, vous avez Ă©tĂ© informĂ© qu'un certain type de farines Ă©tait interdit en Grande-Bretagne, mais que, pour des raisons commerciales, elles continuaient Ă  ĂȘtre exportĂ©es, notamment en France. Pourquoi, Ă  ce moment-lĂ , ne vous ĂȘtes-vous pas opposĂ© Ă  ces importations ? M. Jacques BARRIERE C'Ă©tait en 1988 ; je n'avais pas de responsabilitĂ©s syndicales et je ne me rappelle pas non plus avoir eu d'informations relatives Ă  l'interdiction de l'utilisation des farines. Je ne me souviens pas vraiment de cette pĂ©riode. Il faudrait poser la question Ă  des fonctionnaires qui Ă©taient alors en poste Ă  la direction gĂ©nĂ©rale de l'alimentation. Quant aux relations avec le CNEVA ou Ă  la rĂ©glementation applicable aux intestins, ce sont des questions qui ne sont pas de ma compĂ©tence. Je ne peux pas m'engager sur des aspects aussi pointus, sur lesquels vous devriez consultez des spĂ©cialistes. Pour ma part, je ne suis qu'un modeste fonctionnaire qui applique les rĂšglements et qui ne cherche pas systĂ©matiquement Ă  savoir pourquoi et comment ils ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s. Sinon, j'aurais beaucoup moins de temps pour les appliquer. Pour le syndicat national des vĂ©tĂ©rinaires-inspecteurs, le problĂšme de l'ESB n'est pas avant tout un problĂšme de santĂ© publique mais d'opinion publique. Le dernier Ă©pisode de listĂ©riose a fait soixante ou soixante-dix morts ! VoilĂ  un problĂšme sanitaire aigu. l'ESB est un problĂšme sanitaire comme on en a plein dans les tiroirs », comme dirait un de mes collĂšgues. C'est Ă  dire qu'il y a un danger potentiel, que ce danger est grand aussi bien pour les animaux que pour les humains. Mais nous savons gĂ©rer ce genre de problĂšme. En revanche, nous ne savons pas du tout gĂ©rer l'opinion publique. Il est vrai que mon administration ne dĂ©livre pas d'informations. En termes de communication, la mission de protection de la santĂ© publique assurĂ©e par les directions des services vĂ©tĂ©rinaires n'a pas Ă©tĂ© assumĂ©e jusqu'Ă  l'actuel Gouvernement. Qui, parmi nos citoyens, sait que ce sont les services vĂ©tĂ©rinaires qui font le contrĂŽle des denrĂ©es alimentaires ? Personne. Il faut qu'une communication soit dĂ©livrĂ©e en permanence par le ministĂšre compĂ©tent Ă  l'attention de la presse afin d'apporter au consommateur une information dans le domaine mĂ©dical, bien sĂ»r, mais aussi sur le monde rural, la façon dont aujourd'hui on Ă©lĂšve les animaux. Cela Ă©viterait de voir surgir rĂ©guliĂšrement des scandales. Bien sĂ»r, il y aurait peut-ĂȘtre un effet-retour », c'est-Ă -dire que le comportement des Ă©leveurs se modifierait sous la pression d'un certain nombre d'associations. Je ne porte aucun jugement, d'ailleurs, ni sur les mĂ©thodes d'Ă©levage, ni sur les associations qui dĂ©fendent le bien-ĂȘtre des animaux. Sur l'importance de l'alimentation, je suis d'accord pour dire qu'elle conditionne la qualitĂ© de la viande, de mĂȘme que la race, alors que l'origine de l'animal n'a pratiquement aucune importance. Le mode d'alimentation n'est toutefois pas sans lien avec l'origine gĂ©ographique il est certain que l'herbe du Limousin est plus verte que celle des plaines de la Crau dans les Bouches-du-RhĂŽne. S'agissant de la tutelle d'un futur Ă©tablissement public de contrĂŽle, les vĂ©tĂ©rinaires-inspecteurs et les agents des directions des services vĂ©tĂ©rinaires auraient certainement tendance, par culture, Ă  proposer celle du ministĂšre de l'agriculture, de la pĂȘche et de l'alimentation. Il n'en reste pas moins vrai que les citoyens, dans leur ensemble, considĂ©rant qu'il s'agit d'une mission de protection de la santĂ© publique, pensent que le ministĂšre de la santĂ© est seul lĂ©gitime. Avec un peu de recul, cela se comprend. Il reste qu'aujourd'hui, la santĂ© publique alimentaire relĂšve du ministĂšre de l'agriculture. Peu importe aux agents des services vĂ©tĂ©rinaires, si la mission de protection de la santĂ© publique est bien assurĂ©e. Quant Ă  la responsabilitĂ© de l' ouragan libĂ©ral » provoquĂ© par Mme Thatcher, j'aimerais vous faire part des quelques connaissances que j'ai sur la situation anglaise. Il faut savoir que la Grande-Bretagne avait du temps de Mme Thatcher une organisation qui Ă©tait celle de la France avant 1965 il y avait bien un service d'Etat, mais composĂ© d'un trĂšs petit nombre de fonctionnaires ; sur le terrain, il s'appuyait sur l'intervention de fonctionnaires relevant de deux autoritĂ©s diffĂ©rentes, communes et comtĂ©s. Il y a quelques annĂ©es -et la crise de l'ESB a dĂ» jouer un rĂŽle-, on s'est rendu compte en Grande-Bretagne du dĂ©calage entre ce type d'organisation et les exigences sanitaires modernes. Une nouvelle organisation a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e ; elle se met en place progressivement, mais elle n'a pas encore produit les effets attendus. On se trouve donc encore en Grande-Bretagne dans une phase de transition entre une organisation complĂštement dĂ©passĂ©e et une organisation beaucoup plus proche de la nĂŽtre, avec une compĂ©tence reconnue au ministĂšre de l'agriculture. Tous les pays ont-ils des cas d'ESB ? Et pourquoi, le cas Ă©chĂ©ant, ne les dĂ©clarent-ils pas ? Il y a eu soixante cas d'ESB en Suisse ; il n'y en a eu que vingt en France depuis 1986. Donc, sans doute les Suisses soupçonnent-ils les vĂ©tĂ©rinaires libĂ©raux français de ne pas faire leur travail et l'administration de les couvrir... Dans la logique communautaire, nous devons bien faire confiance Ă  nos voisins ; en tant que fonctionnaire, je ne peux pas faire autrement que de juger conforme le travail de mon collĂšgue allemand, hollandais ou belge. Il reste que, dans les administrations centrales, les personnes qui participent aux nĂ©gociations communautaires, qui ont une expĂ©rience du fonctionnement des services des autres pays, ont un point de vue prĂ©cis sur leurs lacunes Ă©ventuelles. Chaque pays en a -la France est probablement un de ceux qui en ont le moins, mais elle en a certainement aussi- ; cependant, sur une question aussi grave que l'ESB, je ne pense pas qu'il y ait de dissimulation vĂ©ritable, d'autant qu'il y a peu de grands pays d'Ă©levage. La Grande-Bretagne a ainsi deux fois moins de bovins que la France. Il n'est donc pas anormal que nous ayons plus de cas d'ESB que d'autres. En ce qui concerne des pays qui auraient pu importer des farines d'origine anglaise, sous toutes rĂ©serves, dans l'attente des rĂ©sultats de l'enquĂȘte du ministĂšre de l'agriculture, il me semble qu'il pourrait s'agir des Pays-Bas, de l'Espagne et de la Belgique. Quant Ă  savoir si oui ou non un Ă©leveur peut donner de la farine pour poulet Ă  des vaches, il le peut bien sĂ»r. Il peut aussi leur donner de l'antigel et cela les tue assez rapidement ! Soit on applique un principe de prĂ©caution maximal et on s'expose au risque de se voir faire le reproche d'ultra-prĂ©vention -je vous renvoie Ă  la question sur les intestins-, soit on essaye d'ajuster au mieux, et on s'expose forcĂ©ment Ă  un certain nombre de dĂ©tournements. Mme le PrĂ©sident Je vous remercie. Audition de M. Michel TEYSSEDOU, prĂ©sident de la Chambre d'Agriculture du Cantal extrait du procĂšs-verbal de la deuxiĂšme sĂ©ance du 10 septembre 1996 PrĂ©sidence de Mme Evelyne GUILHEM, PrĂ©sident M. Michel TEYSSEDOU Je suis heureux de vous faire part de quelques analyses et de quelques perspectives. Je suis un Ă©leveur du Cantal, trĂšs concernĂ© par l'avenir de l'Ă©levage allaitant, qui est un Ă©levage extensif, Ă  partir de l'herbe. Je vous ai remis un document qui, de façon trĂšs succincte et condensĂ©e, rĂ©sume les analyses et les perspectives qui sont les nĂŽtres en pleine crise de l'encĂ©phalopathie spongiforme bovine. L'apparition de l'ESB suscite de nombreuses interrogations, c'est une litote, de la part des consommateurs et de la sociĂ©tĂ© quant aux pratiques de l'Ă©levage et de l'alimentation des animaux. Ces interrogations se traduisent aujourd'hui par une perte de confiance, qui, elle-mĂȘme, se traduit par une baisse de la consommation de viande bovine. Elle intervient dans un secteur qui, de façon structurelle, connaissait des excĂ©dents, accrus par la crise de l'ESB, d'une part et par la contrainte trĂšs forte que constituent les accords du GATT, d'autre part. Pour comprendre cette situation, il faut analyser les caractĂ©ristiques de l'Ă©volution considĂ©rable de la production des viandes sur une pĂ©riode assez longue, depuis 1950. J'essaierai ensuite de vous faire partager l'analyse que nous faisons sur le dĂ©sĂ©quilibre du marchĂ© de la viande bovine en Europe, amplifiĂ© par la crise de l'ESB. L'accĂ©lĂ©ration de la crise nous interpelle sur le fond et nous oblige Ă  apporter des rĂ©ponses. Nous, c'est Ă  dire autant la profession que les pouvoirs publics, parce que les choses ne seront plus comme avant. Il y a deux interrogations de fond quels systĂšmes d'Ă©levage l'Union europĂ©enne veut-elle promouvoir demain ? Quelles missions assigner Ă  l'agriculture et Ă  la politique agricole commune ? Sur les caractĂ©ristiques de la formidable augmentation de la production mondiale des viandes depuis 1950, le document que je vous ai remis indique l'Ă©volution de sa rĂ©partition entre les diffĂ©rentes espĂšces entre 1950 et 1990. La part de la viande bovine et de la viande ovine n'ont cessĂ© de rĂ©gresser, alors que celle de la viande porcine et plus encore de la viande de volaille ont augmentĂ©. On peut expliquer cela par des logiques de progrĂšs, qui ont Ă©tĂ© trĂšs diffĂ©rentes selon les espĂšces. En production porcine, ils sont dĂ»s Ă  la taille des portĂ©es, au nombre des porcelets, Ă  la vitesse de la croissance et Ă  la composition de la carcasse, autrement dit le pourcentage de muscles. En production de volailles, le nombre trĂšs Ă©levĂ© de petits par femelle a rendu la sĂ©lection trĂšs rapide et le coĂ»t de la nourriture pour les parents bien plus faible. Je me suis appuyĂ© sur les travaux de spĂ©cialistes, car je n'ai pas de compĂ©tence pour mener de telles Ă©tudes. Par ailleurs, la hiĂ©rarchie des prix Ă  la production entre les diffĂ©rentes espĂšces s'est complĂštement inversĂ©e. C'est ainsi que, sur la base de l'indice 100, la viande bovine reprĂ©sentait 94 en 1950 et 160 en 1990. La viande de volaille reprĂ©sentait 128 en 1950 et 100 en 1990. Ce qui veut dire que plus on a intensifiĂ© la production, plus on l'a, j'ose le dire, industrialisĂ©, plus on a baissĂ© les prix, plus on a dĂ©veloppĂ© la consommation, il faut le reconnaĂźtre. En 1950, les prix Ă©taient peu diffĂ©rents d'une espĂšce Ă  l `autre, la volaille Ă©tant la plus chĂšre. En 1990, les prix sont trĂšs diffĂ©rents, la volaille Ă©tant l'une des moins chĂšres. Le rendement de la production est par ailleurs trĂšs diffĂ©rent d'une espĂšce Ă  l'autre. Les techniques disponibles permettent d'atteindre dans les meilleures situations les rendements suivants en UF unitĂ©s fourragĂšres par kilo de viande produite. Il faut trois kilos de cĂ©rĂ©ales pour faire un kilo de poulet, quatre kilos de cĂ©rĂ©ales pour faire un kilo de cochon, treize kilos de cĂ©rĂ©ales pour faire un kilo de viande bovine issue du troupeau laitier ou de viande ovine issue du troupeau lainier et vingt kilos de cĂ©rĂ©ales pour un kilo de viande bovine ou ovine en troupeau spĂ©cialisĂ©. La production mondiale de viandes bovine et ovine n'a ainsi Ă©tĂ© multipliĂ©e que par 2,5, croissant au mĂȘme rythme que la population mondiale, alors que la production de la viande de porc a Ă©tĂ© multipliĂ©e par 4,3 et celle de volaille par 7,5, ce qui est considĂ©rable. La viande bovine est donc confrontĂ©e Ă  un grave problĂšme de compĂ©titivitĂ©. Le rapport des prix des viandes d'herbivores ovins et bovins, Ă  celui des viandes de granivores volailles et porcs, bien qu'il ait augmentĂ©, n'atteint pas le rapport des rendements. Le rapport des prix n'a rien Ă  voir avec les possibilitĂ©s de rendement. Ainsi, la production de viandes blanches » ou de granivores peut se dĂ©velopper partout sur la base d'une alimentation achetĂ©e, stockable et transportable il s'agit de cĂ©rĂ©ales et d'autres concentrĂ©s. Elle se dĂ©veloppe notamment lĂ  oĂč une demande existe, proche des centres de consommation c'est l'exemple du dĂ©veloppement de la production porcine en Catalogne. En revanche, les productions ovine et bovine ne peuvent se dĂ©velopper qu'Ă  grande Ă©chelle, lĂ  oĂč de grands espaces fournissent de l'alimentation peu coĂ»teuse et oĂč la vente d'un autre produit -laine ou lait- couvre une partie des coĂ»ts de l'Ă©levage. Ceci dĂ©montre qu'il y a nĂ©cessitĂ© et urgence Ă  se rendre compte que, dans une approche strictement Ă©conomique, la production de viande bovine est devenue dans des logiques nouvelles, un sous-produit d'une autre production ; lĂ  est sa rentabilitĂ©. Par dĂ©duction, en production principale, elle est extrĂȘmement vulnĂ©rable et menacĂ©e. Je vous livre quelques analyses du dĂ©sĂ©quilibre du marchĂ© de la viande bovine en Europe. La crise de l'ESB qui s'est dĂ©clenchĂ©e le 20 mars 1996 a entraĂźnĂ© un recul fort de la consommation, amplifiant ainsi des excĂ©dents structurels importants dont les origines sont multiples. Tout d'abord, une tendance Ă  la baisse de la consommation depuis les annĂ©es 1980 les recommandations nutritionnelles fondĂ©es sur l'intĂ©rĂȘt d'une diminution des graisses d'origine animale ont Ă©tĂ© d'autant plus suivies que le prix de la viande de boeuf est restĂ© relativement Ă©levĂ©, alors que l'offre d'autres viandes s'est faite Ă  un prix plus faible et qu'elle a bĂ©nĂ©ficiĂ© d'une meilleure image nutritionnelle. C'est ce que je viens de dire Ă  propos des viandes blanches. D'autre part, avant mĂȘme l'ESB, les perspectives pour la consommation europĂ©enne n'Ă©taient pas bonnes la croissance dĂ©mographique se ralentit ; la baisse du prix des cĂ©rĂ©ales a des consĂ©quences sur le prix de revient des viandes blanches et accentue la hausse du prix relatif de la viande de boeuf. Par ailleurs, une tendance Ă  l'accroissement de la production due Ă  la rĂ©forme de la PAC, qui n'a pas mesurĂ© l'interaction entre les diffĂ©rents secteurs de production, l'interdĂ©pendance Ă©conomique entre les diffĂ©rentes politiques sectorielles par produit, d'un cĂŽtĂ© les cĂ©rĂ©ales, de l'autre, les animaux. Les instruments de gestion de l'organisation commune du marchĂ© de la viande bovine, Ă  savoir les quotas de primes, ont permis la maĂźtrise budgĂ©taire, mais en aucune maniĂšre la maĂźtrise de la production la production de viande bovine sans prime a pu se dĂ©velopper en marge d'autres ateliers lait-cĂ©rĂ©ales. En outre, les contraintes de chargement ensuite se sont avĂ©rĂ©es insuffisantes puisque les petits troupeaux infĂ©rieurs Ă  15 UGB en Ă©taient exclus et que le calcul de chargement ne prenait en compte que les animaux pour lesquels une prime Ă©tait sollicitĂ©e. Il s'agissait donc d'un seuil d'Ă©crĂȘtement et non d'un seuil d'exclusion. S'y est ajoutĂ© que la prime attribuĂ©e aux hectares de cĂ©rĂ©ales autoconsommĂ©es, pour des Ă©leveurs de polyculture, offre un avantage comparatif considĂ©rable aux ateliers de production intensifs Ă  base de maĂŻs. Ces aides aux cĂ©rĂ©ales autoconsommĂ©es reprĂ©sentent tout de mĂȘme aujourd'hui 4 milliards de francs en France, soit environ autant que la prime Ă  la vache allaitante. Enfin, la limitation des exportations a constituĂ© une autre contrainte en plus de la rĂ©duction de la consommation et de l'augmentation de la production. Outre un contingent dĂ©rogatoire d'importations d'environ 500 000 tonnes, les accords du GATT prĂ©voient une diminution des exportations sans restitution de 1,2 million de tonnes en 1992 Ă  800 000 tonnes environ en 2 000. Nous allons avoir un excĂ©dent structurel trĂšs consĂ©quent qui va encore peser sur le dĂ©sĂ©quilibre du marchĂ©. Il paraĂźt tout Ă  fait illusoire d'espĂ©rer exporter de la viande bovine hors restitution compte tenu du diffĂ©rentiel de prix avec les pays tiers, qui est de l'ordre de 10 francs par kilo. De plus, l'Union europĂ©enne s'est engagĂ©e par les accords Andriessen » - du nom de l'ancien commissaire Ă  l'agriculture -, confirmĂ©s lors des nĂ©gociations du GATT de 1993, Ă  ne pas subventionner ses exportations vers l'ExtrĂȘme-Orient, zone de potentiel important de dĂ©veloppement de la consommation. Ainsi pour l'Union europĂ©enne, l'excĂ©dent annuel non exportable, de 500 000 tonnes en 1996, qui Ă©tait au niveau zĂ©ro au dĂ©but de l'annĂ©e, pourrait s'Ă©lever Ă  l'horizon 2000 Ă  un niveau allant de 800 000 tonnes Ă  1 500 000 tonnes selon les hypothĂšses d'Ă©volution de consommation, certains parlant mĂȘme de 2 000 000 tonnes. C'est dire l'urgence d'une rĂ©flexion approfondie sur la politique de l'Ă©levage et sur la politique agricole Ă  mettre en oeuvre en Europe. VoilĂ  pour la partie analyse. Quelques perspectives sous la forme interrogative maintenant. Quel systĂšme d'Ă©levage l'Union europĂ©enne veut-elle promouvoir ? Si on veut rĂ©pondre Ă  cette question, il faut partir de la situation actuelle. La viande, il faut le reconnaĂźtre, est issue de systĂšmes de production trĂšs variĂ©s qui peuvent ĂȘtre regroupĂ©s en trois catĂ©gories. PremiĂšrement, l'Ă©levage extensif de rente. La base de l'alimentation est constituĂ©e en ce cas de pĂąturages non cultivĂ©s les grands Ă©levages non sĂ©dentaires de l'hĂ©misphĂšre sud, ranchs nord-amĂ©ricains et brĂ©siliens ; l'Ă©levage australien est le plus caractĂ©ristique de ce modĂšle. Ainsi, les deux tiers de la viande bovine australienne sont produits dans 20 000 exploitations de 13 125 hectares en moyenne, soit 728 tĂȘtes de bĂ©tail et 1,8 UTH par exploitation unitĂ© travail homme - Ă©quivalent temps plein annuel soit 7 300 hectares/UTA unitĂ© de travailleur agricole. Ces exploitations produisent 38,5 tonnes d'Ă©quivalent carcasse par UTA, c'est-Ă -dire 5,3 kilos de carcasse par hectare. DeuxiĂšme modĂšle, l'Ă©levage paysan. AssociĂ© Ă  une grande diversitĂ© de productions vĂ©gĂ©tales, on le trouve chez tous les paysans du monde. La Chine en est l'exemple le plus significatif avec des centaines de millions de trĂšs petites exploitations agricoles. La race limousine correspondait parfaitement Ă  ce type d'Ă©levage familial de petite production. TroisiĂšme modĂšle, l'Ă©levage intensif spĂ©cialisĂ©. Ce sont des unitĂ©s de production spĂ©cialisĂ©es sur une espĂšce animale et sur un produit. Ce modĂšle ne s'est dĂ©veloppĂ© que rĂ©cemment grĂące Ă  la baisse du prix des cĂ©rĂ©ales c'est dans la production de volailles qu'on l'observe le plus souvent, mais on le trouve aussi en viande bovine pour la derniĂšre phase de l'Ă©levage, notamment l'engraissement. Ces trois modĂšles fonctionnent rarement Ă  l'Ă©tat pur et, dans un pays donnĂ©, deux modĂšles peuvent coexister. Mais ceux-ci fonctionnent sur le mĂȘme marchĂ© international. L'Union europĂ©enne doit donc intĂ©grer les consĂ©quences de son option pour la libĂ©ralisation des Ă©changes et le rapprochement de ses prix intĂ©rieurs avec le prix mondial le systĂšme d'Ă©levage europĂ©en doit-il Ă©voluer vers le systĂšme d'Ă©levage australien ? Si la rĂ©ponse est positive, il y aura, par exemple trente exploitations dans le Cantal contre 7 500 aujourd'hui, puisque nous avons 380 000 hectares d'herbe. Il faut savoir si la mondialisation de l'Ă©conomie nous conduira Ă  cette finalitĂ©, sinon il faudra apporter trĂšs rapidement un certain nombre de rĂ©ponses en termes de choix politiques. Quelle politique agricole pour l'Europe ? La PAC du traitĂ© de Rome de 1957 avait des objectifs prĂ©cis accroĂźtre la productivitĂ© de l'agriculture ; assurer un niveau de vie Ă©quitable aux agriculteurs ; stabiliser les marchĂ©s; garantir la sĂ©curitĂ© des approvisionnements ; assurer des prix raisonnables pour le consommateur. Ces objectifs ayant Ă©tĂ© globalement atteints, il convient aujourd'hui de redĂ©finir une nouvelle politique Ă  partir de la question essentielle la politique agricole europĂ©enne doit-elle avoir pour objectif de fournir des produits au prix mondial, avec les consĂ©quences que comporte ce choix en termes de nombre de producteurs ? Ou bien la politique agricole europĂ©enne doit-elle tenir compte des autres missions que peut jouer l'agriculture de façon induite, en matiĂšre d'emploi, d'amĂ©nagement du territoire, de prĂ©servation de l'environnement - il s'est passĂ© des choses importantes au Sommet de Rio, il serait temps que l'agriculture le sache - tout en pĂ©rennisant les valeurs culturelles et sociales dont le monde agricole est porteur ? La politique agricole europĂ©enne doit ĂȘtre cohĂ©rente entre les secteurs de production. Je vous ai parlĂ© tout Ă  l'heure de l'interaction entre les diffĂ©rents secteurs de production qui n'avait pas Ă©tĂ© prise en compte par la politique agricole commune. Elle doit maintenant l'ĂȘtre trĂšs vite, afin de trouver de la cohĂ©rence entre les diffĂ©rents secteurs de production. Pour une part importante de la production 70 % en Europe, la viande bovine est un sous-produit du lait. D'autre part, la moitiĂ© de la viande rĂ©sulte de la transformation de cĂ©rĂ©ales et le quart de ces cĂ©rĂ©ales produites dans le monde est transformĂ© en viandes. La viande est ainsi un des rĂ©gulateurs fondamentaux du marchĂ© des cĂ©rĂ©ales au niveau de chaque espace de marchĂ© intĂ©rieur et ceci au niveau mondial. Je veux dire par lĂ  que la politique cĂ©rĂ©aliĂšre quelle qu'elle soit n'est jamais sans consĂ©quences pour le secteur de la viande bovine, bien au contraire. La viande bovine est le sous-produit des viandes blanches, qui elles-mĂȘmes sont le sous-produit par la premiĂšre transformation des cĂ©rĂ©ales. Donc la politique agricole europĂ©enne doit ĂȘtre Ă©quitable dans la rĂ©partition de ses moyens. Il s'agit d'instruments en l'occurrence. La rĂ©forme de la PAC a eu pour consĂ©quence d'accroĂźtre de 8,8 milliards d'Ă©cus les dĂ©penses budgĂ©taires entre 1991 et 1996, ce qui correspond Ă  une croissance de 27 % en Ă©cus courants toutes dĂ©penses confondues interventions, restitutions, aides directes. Ce rĂ©sultat peut ĂȘtre dĂ©composĂ© en quatre grandes catĂ©gories de produits - les cultures arables pour lesquelles les dĂ©penses augmentent de plus de 8 milliard d'Ă©cus et qui absorbent 42 % du budget total contre 29 % avant la rĂ©forme ; - le lait et les produits laitiers qui ne reprĂ©sentent que 10 % du budget contre 17 % en 1991 ; - la viande bovine dont les crĂ©dits progressent d'1 milliard d'Ă©cus ; cette augmentation de 25 % conduit Ă  maintenir les dĂ©penses en faveur de cette production Ă  13 % du total, avant comme aprĂšs la rĂ©forme ; - les autres actions dont les crĂ©dits progressent de plus d'1 milliard d'Ă©cus. Cette recomposition des dĂ©penses a donc bĂ©nĂ©ficiĂ© principalement aux grandes cultures », en s'accompagnant d'une profonde modification de la nature des dĂ©penses, Ă  savoir l'accroissement des aides directes au dĂ©triment des mesures de gestion du marchĂ©. Vous comprendrez que ma conclusion soit la suivante le choix d'une agriculture europĂ©enne apte Ă  rĂ©pondre aux attentes de la sociĂ©tĂ© nĂ©cessite sans aucun doute un rééquilibrage des soutiens de l'intensif vers l'extensif, pour des raisons de qualitĂ© et de reconquĂȘte de la confiance. Car je suis convaincu personnellement que la qualitĂ© ne peut ĂȘtre que synonyme du territoire et qu'elle nĂ©cessite une rĂ©orientation des moyens budgĂ©taires du vĂ©gĂ©tal vers l'animal, compte tenu de l'interaction Ă©conomique entre les secteurs de production. La crise de l'ESB peut aussi servir de rĂ©vĂ©lateur et aider Ă  de nouvelles orientations porteuses d'avenir. En tout Ă©tat de cause, les Ă©leveurs ont besoin de perspectives, car ils sont dĂ©sorientĂ©s. M. le Rapporteur En dĂ©finitive, vous avez traitĂ© des enseignements qu'on pouvait tirer de la crise de l'ESB, c'est Ă  dire l'occasion de rĂ©former notre politique agricole. C'est bien cela le message que vous avez voulu faire passer profitons de ce cataclysme agricole pour remettre les pendules Ă  la bonne heure ? M. Michel TEYSSEDOU Oui, il y a cela. Mais je pense aussi que les logiques d'intensification excessive ont Ă©tĂ© d'une certaine façon le fait gĂ©nĂ©rateur de la crise de l'ESB. Je ne suis pas un scientifique, mais faire manger de la viande Ă  des herbivores, ce n'est pas conforme Ă  l'agronomie, Ă  l'agriculture et aux pratiques ancestrales. M. le Rapporteur Votre message est donc que l'intensification a montrĂ© ses limites, qu'elle n'est probablement mĂȘme plus justifiĂ©e au plan Ă©conomique - outre les dĂ©sordres qu'elle a engendrĂ©s au travers de cette crise - et qu'il faut donc revenir Ă  une agriculture et Ă  un Ă©levage Ă  taille humaine. M. Michel TEYSSEDOU Il ne s'agit pas de faire marche arriĂšre. Les traditions ne valent que parce qu'elles vivent. Mais il s'agit de comprendre que nous devons produire de la qualitĂ© de façon Ă©conomique et il faut expliquer que cette qualitĂ© a un coĂ»t. On ne peut pas lutter Ă  armes Ă©gales, Ă  qualitĂ© trĂšs diffĂ©renciĂ©e et Ă  prix Ă©gal. Ce n'est pas possible. Cela implique un souci de pĂ©dagogie en direction du consommateur en dĂ©veloppant des logiques de traçabilitĂ© », d'identification, de typicitĂ© des produits, on peut tout imaginer. Cela coĂ»tera plus cher, mais c'est le prix Ă  payer pour ĂȘtre alimentĂ© en bonne santĂ©. M. le Rapporteur Vous vous exprimez en tant que prĂ©sident de la Chambre d'agriculture du Cantal. Votre point de vue reflĂšte-t-il ce que pensent rĂ©ellement l'ensemble des Ă©leveurs ? Pensez-vous que votre message peut ĂȘtre reçu ? M. Michel TEYSSEDOU Je peux rĂ©pondre que lors de chaque crise, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, la profession a fait des prouesses en matiĂšre d'adaptation. Elle est contrainte cette fois-ci encore d'en rĂ©aliser de nouvelles. Mais, s'il y a encore un peu de bon sens paysan, il est possible d'affirmer, qu'en dehors du tryptique produit-sol-homme il est peut-ĂȘtre maladroit de mettre l'homme en dernier, mais si je mets le produit en avant, c'est parce que j'ai le souci de l'Ă©conomie il n'y a pas d'agriculture possible, sinon en termes de production industrielle, c'est-Ă -dire sans sol. Un seul exemple je vous ai citĂ© le chiffre de la production de viande australienne Ă  l'hectare 5,3 kilos. Je peux maintenant vous dire qu'on produit 180 kilos de viande au mĂštre carrĂ© de poulailler de dinde ! C'est-Ă -dire plus que sur 10 000 mĂštres carrĂ©s d'herbe dans le Cantal ; Ă  surface Ă©quivalente, les Cantaliens produisent donc 10 000 fois moins de kilos de viande que ceux qui produisent de la dinde dans les poulaillers. Il ne peut s'agir du mĂȘme produit ni du mĂȘme revenu ni de la mĂȘme politique agricole ou du mĂȘme modĂšle social. C'est l'Ă©conomie qui le rĂ©gulera ou bien c'est le politique qui s'emparera de sa responsabilitĂ© pour le rĂ©guler. M. Jean-Marie MORISSET Comment sont perçues sur le terrain les mesures prises Ă  court terme ? Par ailleurs, j'aimerais avoir votre point de vue par rapport aux trois types d'Ă©levage. Lequel choisiriez-vous ? En quoi consistent prĂ©cisĂ©ment l'intensification et l'extensification ? Peut-on aujourd'hui dans un dĂ©partement rural, dire qu'une exploitation de 40 hectares est une exploitation moyenne ? Avec un taux de chargement d'environ 1,4 UGB, peut-on dire qu'il faut descendre Ă  1,2, parce qu'on estime que cela va rĂ©gler les problĂšmes de la production ? Certes, mais cela ne va pas rĂ©gler celui du revenu. Comment conciliez-vous l'extensification avec le problĂšme du revenu ? Et quel est votre point de vue sur l'Ă©quarrissage ? M. Michel TEYSSEDOU Vous posez une question de fond, qui doit avoir une rĂ©ponse politique et Ă©conomique. On ne peut dĂ©fendre le modĂšle social de l'Ă©levage allaitant français que dans une logique de maĂźtrise de la production. Vouloir soutenir la compĂ©titivitĂ© mondiale aux prix australiens ou argentins, c'est faire le choix, pour mon dĂ©partement, de passer de 7500 exploitations Ă  38. C'est mathĂ©matique. Dans un cas, il y a 50 hectares, dans l'autre, il y en a 13 000. Donc, rĂ©ponse politique avant la rĂ©ponse Ă©conomique. Dans la perspective d'un Ă©levage extensif s'inscrivant dans une logique de maĂźtrise, l'intĂ©rĂȘt est de rĂ©duire le nombre de moules Ă  veaux », pardonnez-moi l'expression, c'est-Ă -dire de mĂšres. Quand on sait que 70 % de la viande bovine est issue du troupeau laitier en Europe, cette proportion Ă©tant de 50 % en France, on peut comprendre que le coĂ»t de revient d'une production complĂ©mentaire Ă  celle du lait, n'est pas le mĂȘme que dans le cadre d'une production spĂ©cialisĂ©e en viande bovine. Quand on est producteur de lait, qu'on a un quota de 200 000 litres, 20 hectares de maĂŻs compensĂ© et qu'on fait des taurillons laitiers, on ne se situe pas sur les mĂȘmes bases de compĂ©titivitĂ© que quelqu'un qui fait seulement de l'allaitant et du broutard Ă  partir d'herbe. C'est cela l'interaction Ă©conomique entre les productions. Et si, de plus, cette viande issue du troupeau laitier ou des troupeaux allaitants est concurrencĂ©e par la compĂ©titivitĂ© de la dinde et du poulet, voire du porc qui, eux-mĂȘmes tirent leur compĂ©titivitĂ© de la baisse du prix des cĂ©rĂ©ales, parce qu'on a choisi de les aligner sur le prix mondial, vous comprenez bien qu'Ă©conomiquement, on va laminer des pans entiers de notre territoire. Il faut donc des rĂ©ponses diffĂ©rentes de celles qui peuvent ĂȘtre donnĂ©es pour les cĂ©rĂ©ales. Mon propos n'est pas de dire non aux exportations de cĂ©rĂ©ales et Ă  la compĂ©titivitĂ© des cĂ©rĂ©aliers sur le marchĂ© mondial des cĂ©rĂ©ales. Il est de dire qu'on ne peut pas appliquer une mĂȘme politique pour des secteurs trĂšs diffĂ©rents et trĂšs interdĂ©pendants. La logique de l'extensification est simple accroĂźtre la performance individuelle de l'animal en rĂ©duisant le nombre d'animaux, ce qui permet de diminuer celui des veaux et de rééquilibrer l'offre et la demande. Ceci, on le fait pour la qualitĂ© dans le cadre d'une traçabilitĂ© » au service des consommateurs qui doivent, eux, arbitrer le bien-fondĂ© de cette orientation politique. S'ils arbitrent avec des logiques de type viande blanche », on n'y arrivera jamais. Sur le terrain, quelle est la situation ? Les gens sont trĂšs choquĂ©s, le vingt-deuxiĂšme cas d'ESB ayant Ă©tĂ© observĂ© dans mon dĂ©partement ; ils ne comprennent pas ce qui se passe. Cela peut avoir une valeur pĂ©dagogique, mais c'est dĂ©vastateur sur les plans professionnel et Ă©conomique. Il n'y a en effet plus de perspectives. Aujourd'hui, les gens refusent de mettre en marchĂ© des veaux Ă  huit francs le kilo qu'ils vendaient l `an dernier quinze francs. Le niveau des marchĂ©s n'est absolument pas le rĂ©sultat d'une situation normale, mais celui d'une rĂ©tention de l'offre avec l'attente d'un plan compensatoire pour le maigre, faute de quoi, il y aura des faillites. Cela dit, le plan compensatoire ne pourra pas couvrir la totalitĂ© de la perte et il faudra qu'une partie de la non compensation conjoncturelle soit apportĂ©e sous forme de perspective dans la future politique de l'Ă©levage. Et si l'on attend deux ans pour dĂ©finir celle-ci, je peux vous dire que des dĂ©gĂąts considĂ©rables se seront produits et que bien des bonnes volontĂ©s seront dĂ©sespĂ©rĂ©es. Sur l'Ă©quarrissage, nous avons une position particuliĂšre dans le Cantal, parce que depuis plus de vingt ans la profession avait pris l'initiative de crĂ©er une usine d'Ă©quarrissage avec un partenaire privĂ© qui est Sanofi. Nous avons donc eu, jusqu'Ă  aujourd'hui, une rentabilitĂ© Ă©conomique suffisante permettant le ramassage gracieux des cadavres. C'Ă©tait un choix politique pour Ă©radiquer plus vite la brucellose dont nous Ă©tions infestĂ©s. Nous avons pensĂ© que la meilleure façon de ramasser les cadavres et d'ĂȘtre sĂ»rs de tous les ramasser, c'Ă©tait de le faire gratuitement. Aujourd'hui, nous sommes dans une moins mauvaise posture que les autres, mais nous sommes quand mĂȘme mal et nous cherchons des solutions au niveau d'un financement Ă  partir des collectivitĂ©s locales, du conseil gĂ©nĂ©ral, voire mĂȘme peut-ĂȘtre de la profession. Mme le PrĂ©sident Selon vous, comment pourrait-on organiser le nouveau marchĂ© communautaire de la viande ? Vous nous disiez qu'il n'Ă©tait pas question de remettre en cause le rĂŽle des cĂ©rĂ©aliers, car ils ont un rĂŽle Ă©conomique prĂ©pondĂ©rant. Mais que pensez-vous du combat »entre l'extensif et l'intensif ? Je crois qu'il ne faut pas aller dans ce sens et qu'il ne faut pas crĂ©er de catĂ©gories. Chaque rĂ©gion a un type de production adaptĂ©e. Ceci dit, je vous rejoins quand vous dites qu'il y des pans entiers de la France qui disparaĂźtront si on supprime l'extensif. M. Michel TEYSSEDOU Sur la derniĂšre question, mon propos n'est pas de dire, comme le prĂ©conisait la CommunautĂ© depuis plusieurs annĂ©es on va vous aider financiĂšrement Ă  dĂ©sintensifier. Mon propos est de dire qu'on n'a jamais pris en compte les schĂ©mas extensifs. C'est totalement diffĂ©rent. On a, depuis trente ans, au nom de l'autosuffisance alimentaire, aidĂ© avec l'argent public au dĂ©veloppement de la production, Ă  la conquĂȘte de gains de productivitĂ©, certains ont dit au productivisme. Tout ceci s'est fait avec quelques inconvĂ©nients pour l'environnement. Et aujourd'hui, l'on dit il faut encore que la collectivitĂ© aide Ă  la mise aux normes des bĂątiments, pour protĂ©ger l'environnement qui a Ă©tĂ© dĂ©gradĂ©. Ceux qui se sont le moins dĂ©veloppĂ©s, parce qu'ils n'en ont pas eu les moyens, ceux qui n'ont pas dĂ©gradĂ© l'environnement, qui pratiquent un Ă©levage extensif et qui n'ont jamais Ă©tĂ© pris en considĂ©ration nulle part, qui s'avĂšrent porter le meilleur imaginaire dans le produit lorsqu'on parle de sa fonction nutritionnelle ; le consommateur achĂšte le produit, d'une part pour se nourrir et d'autre part il y a une part d'imaginaire, doivent ĂȘtre reconnus dans leur systĂšme de production. Ils doivent ĂȘtre pris en considĂ©ration au moment oĂč l'Europe a besoin d'une logique de maĂźtrise. Elle en a besoin, parce que les accords du GATT font mal, que la crise de la vache folle » fait mal, parce que la production est excĂ©dentaire de façon structurelle. MĂȘme avant le 20 mars, on Ă©tait sur cette pente-lĂ . Si l'Europe ne rĂ©pond pas par la maĂźtrise, cela veut dire qu'elle fait le choix de la baisse des prix et de l'alignement sur les prix mondiaux. Alors il faut en tirer les consĂ©quences. S'il faut 10 000 hectares par Ă©leveur dans le Massif central, disons-le. Mais, arrĂȘtons Ă  ce moment-lĂ  de nous battre dans les dĂ©partements, pour installer des jeunes conformĂ©ment Ă  l'esprit qui a prĂ©valu au moment de la signature de la charte en faveur de l'installation des jeunes par le Premier ministre et le CNJA. La perspective est-elle Ă  six mois, Ă  six ans ou Ă  quinze ans ? Les jeunes partent pour vingt-cinq ans. Dans vingt-cinq ans, en sera-t-on aux prix australiens et argentins ou bien aura-t-on un prix europĂ©en grĂące Ă  une maĂźtrise ? Le problĂšme est lĂ . Et l'ESB est le rĂ©vĂ©lateur, l'amplificateur de cette problĂ©matique latente et non exprimĂ©e. Profitons-en pour la rĂ©gler ! M. HervĂ© MARITON Je comprends bien votre raisonnement politique et ce qui vous amĂšne Ă  dire que l'ESB a Ă©tĂ© le rĂ©vĂ©lateur et l'amplificateur des contradictions. Mais je ne comprends pas trĂšs bien comment vous prenez appui dans votre raisonnement sur l'ESB pour dĂ©noncer les pratiques intensives. Je crois qu'il y a une distinction entre le choix politique -ce que vous venez de dire en ce qui concerne l'installation des jeunes- et la question de savoir de quelle surface il faut disposer quand on est Ă©leveur dans le Massif central. Vous avez, faisant Ă©cho Ă  d'autres analyses, estimĂ© que l'ESB dĂ©montre les limites des logiques d'intensification et Ă©voquĂ© un certain nombre de contradictions apparentes sur les conditions d'alimentation des animaux, qui ne sont peut-ĂȘtre pas aussi rĂ©elles qu'elles le semblent. Votre raisonnement ne mĂȘle-t-il pas deux temps qui, de mon point de vue, sont assez diffĂ©rents, une part de raisonnement politique sur ce que doivent ĂȘtre les conditions d'installation et d'exploitation aujourd'hui, et l'appui que vous prenez sur la crise de l'ESB pour dire on vous l'avait bien dit, c'est la contradiction Ă  laquelle mĂšne l'intensification. Pourquoi a-t-on besoin de contradictions physiques pour dĂ©noncer les politiques d'intensification ? Le raisonnement politique et Ă©conomique que vous avez dĂ©veloppĂ© ne suffirait-il pas ? M. Michel TEYSSEDOU Peut-ĂȘtre ma dĂ©monstration n'est-elle pas suffisamment convaincante. DĂšs 1992, j'insistais sur le fait que la politique agricole commune n'a jamais mesurĂ© l'interaction Ă©conomique entre les diffĂ©rents secteurs et que, surtout, elle n'a pas eu le souci de faire prĂ©valoir de la cohĂ©rence entre les diffĂ©rentes politiques de produits soumis Ă  des organisations communes de marchĂ©. Quand le prix des cĂ©rĂ©ales baisse, vous avez des avantages compĂ©titifs considĂ©rables qui sont apportĂ©s aux viandes blanches, qui gagnent des parts de marchĂ© sur les viandes rouges, lesquelles ne peuvent que connaĂźtre des baisses de prix et, de fait, des excĂ©dents structurels. D'un cĂŽtĂ©, et lĂ  est le raisonnement politique, il y a une logique de dĂ©veloppement de la production de nature quasi industrielle, et de l'autre, il y a un modĂšle de production qui tient le territoire » et n'a rien Ă  voir avec les logiques de hors-sol ». Et j'affirme que la qualitĂ© sera synonyme de territoire. M. HervĂ© MARITON J'entends votre raisonnement politique et j'y souscris. Je trouve cependant dommage que vous fassiez Ă©cho Ă  des raisonnements de nature Ă©colo-fondamentalistes » pour dire on vous l'avait dĂ©montrĂ©, le progrĂšs nuit non seulement aux conditions Ă©conomiques de production, mais aussi Ă  la qualitĂ© technique et la crise de la vache folle » en est le rĂ©vĂ©lateur. M. Michel TEYSSEDOU Si j'ai donnĂ© cette impression, c'est bien malgrĂ© moi, je le regrette. Je dis simplement que les logiques de profit ont conduit Ă  ce que le prion puisse vivre dans l'aliment et dans le cerveau de la vache ; ce sont lĂ  des logiques Ă©conomiques. Ce ne sont pas des raisonnements Ă©cologiques ou fondamentalistes. Ce sont des logiques de profit et de productivisme qui sont en cause, quand on supprime l'utilisation des solvants, que l'on abaisse les tempĂ©ratures et qu'on n'a pas compris que nos arriĂšres-grands-pĂšres et nos arriĂšres-grands-mĂšres avaient dĂ©jĂ  du bon sens la tremblante du mouton, il y en avait au dix-huitiĂšme siĂšcle, mais on ne mangeait pas la tĂȘte. Depuis lors, la tĂȘte a Ă©tĂ© mise dans le broyeur puis donnĂ©e Ă  manger Ă  une vache. Ce n'est pas la vache qui est folle, c'est le systĂšme ! Et lĂ , il s'agit de logiques de production et de rentabilitĂ© Ă©conomique. Moi, je ne suis pas un Ă©cologiste fondamentaliste. J'aime la nature, j'y vis, j'aime mon mĂ©tier et je souhaiterais que l'on se pose au plan politique la question de savoir quelles sont les missions nouvelles de l'agriculture qui Ă©taient hier induites, gracieuses, et qui ne seront pas pour autant marchandes demain, mais qui justifient que, sur l'ensemble du territoire, on privilĂ©gie l'acte de production pour une production de qualitĂ©, rĂ©munĂ©rĂ©e le plus possible, parce qu'il n'y a pas de mĂ©tier digne de ce nom sans sanction Ă©conomique. Il faudra donc bien une vĂ©ritĂ© Ă©conomique. Mais cela, c'est la justification d'une politique agricole, sinon il n'y a qu'Ă  laisser faire le marchĂ©. M. Pierre FORGUES Je suis d'accord avec votre analyse et les consĂ©quences que vous essayez d'en tirer. Donc, j'aurais envie de vous faire confiance. Mais peut-on pour autant vous faire confiance ? Parce qu'aujourd'hui, vous donnez aux politiques des pouvoirs qu'ils n'ont pas eus ou qu'en tout cas ils n'ont pas exercĂ©s. Parce que les politiques agricoles françaises, ou la politique agricole commune, ont Ă©tĂ© pensĂ©es, initiĂ©es et mises en place par votre profession, par vos responsables syndicaux. L'agriculture telle qu'elle est aujourd' hui, on n'a pas trop eu Ă  y penser. C'Ă©tait la profession qui s'exprimait. Je trouve formidable ce que vous dites. Alors si c'est Ă  la lumiĂšre de la crise actuelle que vous prenez conscience de tout cela, je pense que c'est trĂšs bien. Et chacun a le droit de se tromper ou de s'ĂȘtre trompĂ©. Je regrette que la profession soit si silencieuse, alors que les agriculteurs ne sont pas responsables de ce qui arrive. Il faut les dĂ©fendre. J'aimerais voir des analyses de l'AssemblĂ©e permanente des chambres d'agriculture, des organisations syndicales, indiquant clairement qu'Ă  avoir trop voulu sectoriser l'agriculture, on en arrive aux contradictions actuelles. Je vais personnellement plus loin. En rĂ©alitĂ©, on a tout sectorisĂ©, le vin, les fruits et lĂ©gumes. Alors chacun dĂ©fend son prĂ© carrĂ© indĂ©pendamment des autres. Il est donc bien que l'on prenne conscience de tout cela aujourd'hui. Je partage votre analyse et en mĂȘme temps, je suis rĂ©ticent est-ce vraiment votre sentiment et celui de la profession ? Que l'Ă©levage intensif ait rĂ©pondu Ă  une nĂ©cessitĂ© Ă  un moment donnĂ©, soit. Je ne veux pas condamner non plus, c'est trop facile de le faire aprĂšs. Mais aujourd'hui, la profession va se rendre compte qu'il faut faire trĂšs attention ; on n'a pas besoin de cela en France. Il faut une organisation Ă  l'Ă©chelle europĂ©enne et d'autres accords mondiaux. Je le vois pour les veaux ; ce sont les Espagnols qui nous en achĂštent. Ils n'ont pas besoin de l'espace et de l'herbe du Limousin pour faire du taurillon. Il suffit d'avoir des mĂštres carrĂ©s couverts. M. Michel TEYSSEDOU C'est ce que j'ai dit. M Pierre FORGUES Et tout cela repose sur une alimentation Ă  base de farines. Ces taurillons viennent ensuite chez nous, Ă©videmment ils sont beaux quand on les voit, mais je ne suis pas du tout sĂ»r que ce soit une viande de grande qualitĂ©. Dans l'industrie, on connaĂźt les dĂ©localisations. En agricultre, aujourd'hui on dĂ©localise, en Espagne, en Italie, des ateliers de production de taurillons. Demain, ce sera peut-ĂȘtre ailleurs, dans les pays de l'est, le sud-est asiatique ! Il faut mener une rĂ©flexion trĂšs sĂ©rieuse sur l'organisation agricole. Il ne s'agit pas de supprimer un Ă©levage hors-sol » ici ou lĂ . Mais il faut prendre des orientations trĂšs fermes ; la profession et les politiques doivent vraiment examiner cela calmement. Vous ĂȘtes d' une rĂ©gion oĂč l'on fait beaucoup de vaches allaitantes et de bonne qualitĂ©. Mais le troupeau allaitant existe. Quand on est Ă©leveur, on sait que, lorsqu'une vache laitiĂšre a fini son cycle, on en fait du beefsteak. Vous me dites que c'est un produit qui coĂ»te moins cher que celui que j'ai fait chez moi. Mais que faut-il dire Ă  ces Ă©leveurs ? Je ne suis mĂȘme pas sĂ»r que cette viande n'est pas au moins d'aussi grande qualitĂ© que les taurillons qui nous viennent d'Espagne. M. Michel TEYSSEDOU Bien sĂ»r. M. Pierre FORGUES Remarquez que ces vaches n'ont pas vu non plus beaucoup d'herbe. J'aimerais qu'Ă  l'intĂ©rieur de votre profession, vous fassiez passer vos messages, que vous ne renvoyiez pas la balle dans le camp des politiques parce qu'il y a une crise. Vous savez bien qu'en matiĂšre agricole, les politiques ne prendront pas leurs responsabilitĂ©s sans l'aval de la profession. M. Michel TEYSSEDOU Il me semble que la profession a une vraie responsabilitĂ©, une responsabilitĂ© d'arbitrage. Mais elle est faillible elle aussi. La responsabilitĂ© incombe aux politiques. On ne peut pas faire de procĂšs sur les choix qui ont Ă©tĂ© faits, au moment de la signature du TraitĂ© de Rome, sur l'auto-suffisance alimentaire, mĂȘme s'il y a probablement eu des excĂšs au regard de l'exigence de qualitĂ© et de la prĂ©servation de l'environnement. C'est un problĂšme d'Ă©quilibre entre l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et des intĂ©rĂȘts particuliers contradictoires. Si la profession n'est pas capable d'arbitrer, il faut bien qu'in fine celui qui fait de la compĂ©titivitĂ© Ă©conomique Ă  partir de subventions, c'est-Ă -dire qui prĂ©lĂšve l'impĂŽt et le redistribue, dise son choix ; si celui-ci correspond aux attentes de la sociĂ©tĂ©, le politique aura toutes les chances d'ĂȘtre réélu ou tout ou moins compris. M. RenĂ© BEAUMONT Je remercie le prĂ©sident de la chambre d'agriculture du Cantal pour son vigoureux plaidoyer et pour l'Ă©levage extensif qui est sans doute la grande dominante de son dĂ©partement. Cela Ă©tant, vouloir rĂ©sumer les problĂšmes de l'agriculture française Ă  ceux du Cantal me paraĂźt quand mĂȘme simpliste. Je vous ferai remarquer qu'il y a eu aussi quelques bavures dans le Cantal puiqu'un cas d'ESB y a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©, ce qui prouve qu'il y a eu au moins un Ă©leveur pour nourrir des animaux avec des farines de viande. Je partage le point de vue de mon collĂšgue Forgues en ce qui concerne les responsabilitĂ©s respectivement des politiques et de la profession agricole. Vous avez quelques griefs contre la production de viandes blanches ; mais vous pourriez peut-ĂȘtre vous inspirer de l'organisation du marchĂ© de la volaille dans notre pays, qui est Ă  mes yeux tout Ă  fait exemplaire par rapport Ă  celui de la viande bovine. Je suis tout Ă  fait d'accord pour dire avec vous que, sur le plan de la qualitĂ©, incontestablement, une viande charolaise ou limousine Ă©levĂ©e dans des Ă©levages extensifs sur vos pĂąturages est sĂ»rement de trĂšs bonne qualitĂ©. Cela ne veut pas dire qu'une vache de rĂ©forme engraissĂ©e correctement et bien finie » comme on dit chez nous, ne soit pas aussi d'excellente qualitĂ©. Je vous dĂ©fie mĂȘme de faire la diffĂ©rence entre les deux. En revanche, il existe d'autres qualitĂ©s de viande qui sont infĂ©rieures. Or aujourd'hui, que se passe-t-il dans l'organisation interne de notre marchĂ© ? On vend la viande de taurillon, laitier ou de race allaitante, engraissĂ© Ă  l'ensilage de maĂŻs ou au tourteau de soja, le mĂȘme prix que votre viande Ă  vous. Alors que dans l'Ă©levage de volaille, il y a trois catĂ©gories de volailles qui trouvent leur place sur le marchĂ© avec des prix complĂštement diffĂ©rents, parce que le besoin existe, d'une part d'apports en protides Ă  bas prix pour l'alimentation quotidienne, d'autre part, de produits de qualitĂ© pour des occasions particuliĂšres. Les trois catĂ©gories de volailles ont donc chacune leur clientĂšle, souvent la mĂȘme, mais Ă  des moments diffĂ©rents. Or actuellement, on vend dans ce pays des viandes de qualitĂ© organoleptique complĂštement diffĂ©rente, toutes au mĂȘme prix, parce qu'on ne sait pas faire la diffĂ©rence. Vous ne pouvez pas nier non plus, et vous l'avez dit d'ailleurs, que 50 % de la consommation de viande bovine en France vient du troupeau laitier. Et comme on l'a dit avant moi, pour avoir du lait, il faut avoir des vaches, que ces vaches soient insĂ©minĂ©es et qu'elles produisent des veaux. Or il faut bien faire quelque chose des veaux mĂąles ainsi que des vaches en fin de carriĂšre. Le troupeau allaitant n'a pas le monopole de la production de la viande bovine, mais il a un devoir d'organisation du marchĂ©. Je suis de SaĂŽne-et-Loire, le coeur du Charolais. Il existe quatre labels dans mon dĂ©partement, qui reprĂ©sentent 2 % de la consommation. S'il y a quatre labels, cela revient au mĂȘme que s'il n'y en avait pas et cela signifie que la profession est incapable de s'organiser. Je suis comme vous, j'espĂšre que l'Ă©lectrochoc sera salutaire. Actuellement, la profession a des vĂ©llĂ©itĂ©s d'organisation. Ne vous retranchez pas trop sur vos pĂąturages et sur leur qualitĂ©, certes belle sur le plan de la production et du paysage, mais essayez aussi d'organiser cette production et de faire en sorte qu'elle soit reconnue. C'est aussi le but de la traçabilitĂ© » lancĂ©e par le ministĂšre actuellement des produits de qualitĂ© par rapport Ă  d'autres, qui sont nĂ©cessaires, mais sur lesquels on devrait pouvoir faire la diffĂ©rence. M. Michel TEYSSEDOU J'ai dĂ» trĂšs mal m'exprimer. Je n'ai pas cru seulement le faire au nom des Ă©leveurs allaitants du Cantal. J'ai encore quelques responsabilitĂ©s nationales. Vous faites une erreur de comprĂ©hension dans mon propos, parce que, sur 4 millions de vaches allaitantes en France, 86 % bĂ©nĂ©ficient de la prime Ă  l'extensification. Seules 14 % ne sont pas Ă©ligibles aux normes actuelles communautaires, c'est-Ă -dire qu'elles ont un taux de chargement supĂ©rieur Ă  1,4. Ce n'Ă©tait donc pas le Cantal qui faisait l'objet de mon propos. M. RenĂ© BEAUMONT Le Massif central. M. Michel TEYSSEDOU Non. 86 % de 4 millions de vaches, cela dĂ©passe les frontiĂšres du Massif central. Vous avez raison de dire que la filiĂšre viande bovine doit s'organiser, c'est probablement la plus mal organisĂ©e. Mais de grĂące, ne prenez pas l'exemple de la volaille! MĂȘme si dans l'Ain il s'est fait des choses remarquables. Les principaux aviculteurs, en nombre, sont des aviculteurs intĂ©grĂ©s. Si c'est la salarisation de l'agriculture qu'on veut pour l'Ă©levage, alors disons-le tout de suite. Je veux savoir qui fournit les capitaux et Ă  quel niveau se situent les salaires. Ce n'est pas le modĂšle que je dĂ©fends. Demandez aux intĂ©grateurs et aux intĂ©grĂ©s comment cela fonctionne. Je ne dĂ©fends personnellement pas ce type de modĂšle, cela c'est le modĂšle libĂ©ral et nous n'en voulons pas. Nous voulons garder de la responsabilitĂ© sur nos entreprises, l'avenir de nos familles, de nos gĂ©nĂ©rations et la vie sociale de notre territoire. LĂ  est le dĂ©bat de fond. Sinon, effectivement, on peut entrer dans la logique industrielle ; on peut afforester » le Massif central -un spĂ©cialiste d'hydraulique affirme que cela assĂ©chĂšrait la Loire, c'est intĂ©ressant parce qu'il y a quelques centrales nuclĂ©aires qui ne fonctionneraient plus, mais dans ce cas, je deviendrai un fondamentaliste de l'Ă©cologie. Il y a un vrai dĂ©bat de sociĂ©tĂ© autour de l'ESB et de la non politique » de l'Ă©levage. Si on ne sait pas rĂ©pondre Ă  cela ou si on ne rĂ©pond que par l'Ă©conomie, de grĂące, ne faites pas porter Ă  la profession l'absence de ces choix ou le tort de ces mauvais choix. Ce n'est pas la profession qui a signĂ© les accords du GATT. Ce n'est pas la profession qui a choisi d'exporter sans subvention. Alors que les prix intĂ©rieurs Ă©taient avant la crise de la vache folle », trois fois supĂ©rieurs au prix mondial, maintenant on est plus qu'Ă  deux fois le prix mondial. Peut-ĂȘtre que demain, on sera au prix mondial. Mais ce sera alors une autre agriculture. Je vous prie d'excuser mon emportement, mais je suis comme vous passionnĂ© par ce que je fais. M. Yves VAN HAECKE En matiĂšre d'Ă©tiquetage, quelles sont, selon vous, les dispositions Ă  rendre obligatoires et celles qui seraient facultatives ? M. Michel TEYSSEDOU La traçabilitĂ© » du produit est une logique d'organisation de la filiĂšre. Si on peut avoir quelques moyens juridiques pour lui donner force rĂ©glementaire, bien sĂ»r, on est preneur. Je pense qu'il faut aller plus loin vers l'Ă©tiquetage des aliments du bĂ©tail. Jusqu'Ă  aujourd'hui, on s'est contentĂ© de certifier la qualitĂ© du produit. Maintenant, il va falloir qu'on s'impose la certification des pratiques d'Ă©levage et donc la qualitĂ© de l'alimentation du bĂ©tail. Et il me semble qu'il y a un vide juridique en matiĂšre d'Ă©tiquetage des formules utilisĂ©es pour la fabrication des aliments. Mme le PrĂ©sident Nous vous remercions. Audition de MM. GĂ©rard CHAPPERT et Alain GAIGNEROT, respectivement prĂ©sident et directeur du Mouvement de dĂ©fense des exploitations familiales MODEF extrait du procĂšs-verbal de la premiĂšre sĂ©ance du 11 septembre 1996 PrĂ©sidence de Mme Evelyne GUILHEM, PrĂ©sident M. GĂ©rard CHAPPERT Je tiens tout d'abord Ă  remercier la mission d'information pour sa volontĂ© de faire jouer le pluralisme syndical et de prendre Ă  bras le corps une crise grave, Ă  la fois pour les Ă©leveurs et pour les consommateurs. Depuis que, Ă  la fin du mois de mars, ont commencĂ© Ă  circuler les informations sur l'Ă©pidĂ©mie de la vache folle et qu'a Ă©tĂ© dĂ©crĂ©tĂ© l'embargo sur les importations en provenance de Grande-Bretagne, pas une semaine ne s'est Ă©coulĂ©e sans que les Ă©leveurs et leurs organisations syndicales manifestent, pour sensibiliser les consommateurs, alerter le Gouvernement et demander un soutien des revenus. Le dĂ©sarroi de toute une profession est aujourd'hui Ă  la mesure d'une crise qui va bien au-delĂ  de l'affaire de la vache folle et qui s'est dĂ©veloppĂ©e sur un terrain dĂ©jĂ  fertilisĂ© par la rĂ©forme de la PAC, par les accords du GATT, par une politique agricole nationale et communautaire qui favorise l'industrialisation de l'agriculture, dans une Europe sans frontiĂšres oĂč il n'est question que de libre marchĂ©, de libre concurrence et de libĂ©ralisme. Si la maladie s'est dĂ©veloppĂ©e en Grande-Bretagne, ce n'est pas parce qu'elle apprĂ©cie le flegme britannique ou le brouillard londonien, mais parce que, dans ce pays, la dĂ©rĂ©glementation nationale et l'industrialisation de l'agriculture ont balayĂ© toute considĂ©ration humaine. C'est en effet Ă  la suite de la dĂ©cision de Margaret Thatcher, en 1981, de dĂ©rĂ©glementer la lĂ©gislation sur l'incorporation de protĂ©ines animales produites Ă  partir de dĂ©chets d'abattoirs dans l'alimentation animale que les Ă©quarrisseurs anglais, pour rĂ©duire leurs coĂ»ts de fabrication, ont abandonnĂ© l'utilisation de solvants comme le phĂ©nol et abaissĂ© les tempĂ©ratures de cuisson des dĂ©chets d'animaux. Quatre ans aprĂšs, apparaissaient les premiers cas dits de vache folle... Or les scientifiques considĂšrent aujourd'hui avec une quasi-certitude les farines de viande comme vecteurs de passage de la tremblante du mouton Ă  l'ESB. Pour gagner plus d'argent, pour ĂȘtre concurrentiels vis-Ă -vis des protĂ©ines vĂ©gĂ©tales, pour conquĂ©rir le marchĂ© de l'alimentation animale tant en Grande-Bretagne qu'en Europe, les industriels ont pris tous les risques, ils ont mĂȘme jouĂ© aux apprentis-sorciers en transformant des herbivores en carnivores. Ainsi, ils ont mis en danger la santĂ© des animaux mais malheureusement aussi, selon toute probabilitĂ©, la santĂ© humaine et il est intolĂ©rable qu'aucune sanction financiĂšre ni juridique ne soit aujourd'hui prise contre eux. Le Gouvernement anglais est aussi responsable en raison de sa politique d'industrialisation et de concentration de l'agriculture qui explique la rapiditĂ© de la propagation de la maladie dans le cheptel britannique. La taille des exploitations - 70 hectares en moyenne - comme des Ă©levages bovins - 70 animaux en moyenne - place en la matiĂšre l'Angleterre largement en tĂȘte des pays europĂ©ens. Avec une conduite d'Ă©levage de type intensif alliĂ©e Ă  des structures importantes, les animaux deviennent de plus en plus fragiles et les agriculteurs sont de plus en plus soumis aux secteurs d'amont de l'agriculture. La recherche de la productivitĂ© maximum amĂšne Ă  des prises de risques de plus en plus importantes. Les vaches deviennent des formules 1 » qu'il faut piloter au plus prĂšs et pour lesquelles tout changement dans la composition du carburant peut ĂȘtre dramatique. Ne conviendrait-il pas aujourd'hui de faire une pause dans le dĂ©veloppement de ce type d'agriculture pour rĂ©flĂ©chir Ă  l'agriculture du 21e siĂšcle ? Le laxisme avec lequel l'Angleterre a traitĂ© cette Ă©pidĂ©mie, la lenteur des dĂ©cisions prises pour Ă©radiquer la maladie tĂ©moignent d'une irresponsabilitĂ© criminelle oĂč l'aspect financier l'emporte sur les considĂ©rations humaines. Cela dit, la Commission europĂ©enne et l'ensemble des gouvernements des Etats membres de l'Union europĂ©enne n'ont guĂšre de leçons Ă  donner Ă©tant donnĂ© la maniĂšre dont ils ont abordĂ© ce problĂšme entre 1986 et 1996 ; toute la presse montre chaque jour leur lĂ©gĂšretĂ© et leur inconscience. Ils ont, eux aussi, passĂ© sous silence les risques pour l'homme, au nom d'intĂ©rĂȘts financiers. Ils ont mĂȘme pratiquĂ© la dĂ©sinformation comme le prouve une note des services de la Commission europĂ©enne datĂ©e de 1990. Pire, ils ont fait pression sur les scientifiques anglais pour qu'ils ne publient pas les rĂ©sultats de leurs recherches, ce qui a retardĂ© la mise en oeuvre de mesures efficaces contre la propagation de la maladie. Pourquoi, alors que l'Angleterre, qui avait dĂ©couvert que le vecteur de la maladie Ă©tait contenu dans les farines de viande, avait interdit dĂšs 1988 l'utilisation des farines carnĂ©es pour l'ensemble des animaux de ferme, le Gouvernement français a-t-il attendu un an pour en interdire l'importation ? Cette dĂ©cision n'a d'ailleurs mĂȘme pas Ă©tĂ© appliquĂ©e, puisque le journal Le Monde » a rĂ©vĂ©lĂ© aujourd'hui qu'entre janvier 1993 et mars 1996, 153 900 tonnes de farines de viande ont Ă©tĂ© importĂ©es. Pendant un an, en toute impunitĂ©, fabricants anglais et importateurs français ont ainsi gagnĂ© de l'argent en vendant la maladie aux Ă©leveurs français qui eux Ă©taient tenus dans l'ignorance. Quant Ă  l'embargo sur l'importation des animaux vivants, des abats, des viandes, n'est-il pas intervenu trop tard, en mars 1996, alors que certaines rĂ©gions d'Allemagne boycottaient dĂ©jĂ  depuis deux ans la viande anglaise ? Qui plus est, certaines dĂ©cisions de l'Union europĂ©enne se sont rĂ©vĂ©lĂ©es totalement inapplicables, le contrĂŽle Ă©tant soumis aux services vĂ©tĂ©rinaires anglais dont on connaĂźt les dĂ©faillances depuis qu'ils ont Ă©tĂ© privatisĂ©s. Il en est allĂ© ainsi notamment de la dĂ©cision prise par l'Union europĂ©enne en juillet 1994 d'interdire l'exportation de viande bovine britannique avec os si un cas d'ESB avait Ă©tĂ© diagnostiquĂ© dans l'Ă©levage fournisseur au cours des six derniĂšres annĂ©es. Autre problĂšme avec la suppression des frontiĂšres, les contrĂŽles ne sont plus systĂ©matiques alors que les services vĂ©tĂ©rinaires, la direction de la concurrence, de la consommation et des fraudes et les douanes sont dotĂ©s de moyens financiers et humains insuffisants. Face Ă  une Ă©pidĂ©mie gĂ©rĂ©e avec autant d'irresponsabilitĂ©, la perte de confiance du consommateur dans la viande bovine n'a rien d'Ă©tonnant. Mais ce sont aujourd'hui les Ă©leveurs français qui trinquent, eux qui ne sont en rien responsables, eux qui produisent dans leur grande majoritĂ© des viandes de qualitĂ© Ă  partir de races que nous envient de nombreux pays Ă  travers le monde et qui ont des Ă©levages Ă  base d'herbe. MalgrĂ© cette qualitĂ©, ils sont victimes d'une crise sans prĂ©cĂ©dent et d'une chute vertigineuse des prix -de 1 500 Ă  2 500 F par animal vendu par rapport Ă  1994- et ils sont aujourd'hui au bord de la faillite, l'aide prĂ©vue au dĂ©but de l'Ă©tĂ©, qui ne reprĂ©sente mĂȘme pas 500 F par tĂȘte, Ă©tant bien dĂ©risoire. Ils ont donc aujourd'hui besoin au plus vite d'une aide compensant l'intĂ©gralitĂ© de leurs pertes, mĂȘme si elle ne suffira pas Ă  rĂ©soudre une crise qui trouve ses origines dans la rĂ©forme de la PAC et les accords du GATT. Depuis des mois, le MODEF dĂ©nonce ceux qui, tels la Commission europĂ©enne, le Gouvernement ou certains professionnels, voudraient justifier, au nom de l'Ă©pidĂ©mie, une restructuration de l'Ă©levage qui Ă©liminerait au moins un producteur sur deux. On veut nous refaire le coup des excĂ©dents, en considĂ©rant la baisse de la consommation comme acquise et durable. Mais n'oublions pas que l'Europe cherche surtout Ă  rĂ©pondre aux injonctions amĂ©ricaines de rĂ©duire ses exportations de 506 000 tonnes d'ici l'an 2000 et d'ouvrir ses frontiĂšres aux exportations des pays tiers. De mĂȘme, si la crise actuelle a accentuĂ© la dĂ©gringolade des prix Ă  la production, n'oublions pas que la rĂ©forme de la PAC de 1992 avait pour objectif de ramener les prix europĂ©ens au niveau des cours mondiaux situĂ©s Ă  environ 8 F le kilo. Le MODEF ne saurait accepter que l'on dĂ©truise ainsi une production ainsi que des milliers d'emplois. Il n'y a pas d'avenir en dehors de prix rĂ©munĂ©rateurs et du respect de la prĂ©fĂ©rence communautaire. C'est pourquoi nous proposons un vĂ©ritable changement de politique agricole prenant le contrepied des orientations actuelles de la politique europĂ©enne. La crise a par ailleurs rĂ©vĂ©lĂ© un certain nombre de carences imputables aux diffĂ©rents acteurs de la filiĂšre bovine, dont la plus importante tient sans doute au manque d'information du consommateur sur l'origine, la qualitĂ©, le type d'Ă©levage des animaux dont la viande lui est proposĂ©e. Si le logo viande bovine française » marque une nette amĂ©lioration en matiĂšre de traçabilitĂ©, il faut Ă  l'Ă©vidence aller plus loin encore en informant le consommateur sur l'origine, la race, les catĂ©gories d'animaux, le type d'Ă©levage, voire en assortissant le logo VBF d'un cahier des charges garantissant la qualitĂ© et protĂ©geant nos Ă©levages contre les pressions des industriels et des centrales d'achat prĂȘts Ă  tout pour mettre sur le marchĂ© des produits Ă  trĂšs bas prix. Il convient Ă©galement de renforcer la labellisation et les AOC pour distinguer clairement la viande bovine issue d'Ă©levage Ă  l'herbe, qui s'apparente Ă  une production traditionnelle de terroir. D'autre part, la baisse de la consommation enregistrĂ©e depuis le mois de mars n'est pas seulement imputable Ă  la perte de confiance ; la baisse du pouvoir d'achat a eu aussi ses effets, d'autant que le prix de la viande au dĂ©tail est restĂ© stable. En conclusion, cette crise dite de la vache folle est un signal d'alarme et il faut en tirer les enseignements sur l'Ă©volution future de l'agriculture et la politique agricole. Entre l'agriculture industrielle, source de danger pour la santĂ© lorsqu'elle contrarie la nature, et l'extensification forcenĂ©e, n'y a-t-il pas place pour une agriculture qui protĂšge l'emploi et favorise la diversification, la qualitĂ© des produits, l'amĂ©nagement rural, le respect de l'environnement ? Cette agriculture, c'est l'agriculture familiale. Toute innovation n'est pas forcĂ©ment un progrĂšs ; il serait donc opportun, comme cela existe par exemple pour les mĂ©dicaments, de mettre en place une commission d'experts chargĂ©e d'Ă©valuer les consĂ©quences sur les aliments des produits employĂ©s pour les produire ainsi que des nouvelles matiĂšres premiĂšres. Le consommateur est un citoyen. Il a son mot Ă  dire sur l'Ă©volution de l'alimentation, qui ne peut ĂȘtre pilotĂ©e uniquement par les industriels de l'agro-alimentaire et par la distribution. Chaque pays de l'Union europĂ©enne doit retrouver son autonomie en ce qui concerne les normes sanitaires et le contrĂŽle des flux de marchandises agro-alimentaires notamment afin de pallier les carences de l'Union europĂ©enne. Pour cela, il est important de doter le service public de moyens humains et financiers. La France est riche des produits de ses terroirs. Sachons les valoriser par des labels et appellations d'origine en concertation avec les consommateurs. Mme le PrĂ©sident Que pensez-vous d'un abattage Ă©ventuel des veaux laitiers et de la rĂ©gulation de la production qui est Ă©voquĂ©e dans les dĂ©bats sur la nouvelle organisation commune de marchĂ© ? Quelles seraient selon vous les mesures choc susceptibles de rĂ©tablir rapidement la confiance des consommateurs ? M. GĂ©rard CHAPPERT Pour bien des Ă©leveurs qui aiment leur mĂ©tier, cet abattage serait un crĂšve-coeur ; c'est une solution inacceptable, quand on pense en plus au nombre de gens qui dans le monde meurent de faim. Mme le PrĂ©sident Et la rĂ©gulation de la production ? Est-il d'ailleurs nĂ©cessaire selon vous de maĂźtriser la production ? M. Alain GAIGNEROT Je voudrais ajouter que, dans les conditions actuelles, il est bien difficile de rĂ©tablir la confiance du consommateur, quand chaque jour apporte de nouvelles rĂ©vĂ©lations sur la gestion de la crise notamment au niveau europĂ©en. Il est urgent, avant le mois de dĂ©cembre, de faire la lumiĂšre sur ce qui s'est passĂ© et de continuer Ă  informer le consommateur. Mais il y a des blocages de la part des centrales d'achat et mĂȘme des bouchers traditionnels pour informer sur l'origine de la viande. On sait bien qu'ils servent la bonne viande » Ă  leurs habituĂ©s et les morceaux moins bons aux clients de passage. De mĂȘme, les professionnels prĂ©tendent que le consommateur français ne veut pas de jeune bovin. Mais le consommateur ne sait pas s'il achĂšte de la gĂ©nisse, de la vache ou des boeufs de 2-3 ans...! Aussi n'est-il pas Ă©tonnant qu'il n'achĂšte plus de viande tant qu'il n'y voit pas clair ; cette information peut ĂȘtre faite rapidement car, mĂȘme imparfaite, l'identification existe. On peut identifier pratiquement chaque morceau de viande. Par ailleurs, peut-on continuer Ă  importer de la viande d'Argentine ou des pays de l'Est alors que nos producteurs ne trouvent pas de dĂ©bouchĂ©s ? C'est un scandale. Bien sĂ»r, l'autarcie est impossible. Mais les Ă©changes normaux ne devraient pas se faire au dĂ©triment des producteurs et mĂȘme finalement des consommateurs. M. le Rapporteur Il est certes capital de comprendre, mais j'aimerais surtout connaĂźtre votre jugement sur les mesures prises actuellement. Nous reviendrons sur la rĂ©organisation de la filiĂšre, sur le besoin de reconsidĂ©rer les pratiques d'Ă©levage, mais notre mission est d'abord de rĂ©pondre dans l'urgence Ă  un problĂšme de santĂ© publique. En tant que citoyen et que syndicaliste, estimez-vous que les mesures prises dans un souci de santĂ© publique sont justifiĂ©es, insuffisantes ou excessives ? D'autre part, votre souci premier est la rĂ©organisation de la filiĂšre. Vous avez refusĂ© le caractĂšre prĂ©tendument inĂ©luctable du dĂ©clin de la consommation de viande bovine. Il se faisait pourtant sentir avant la crise dite de la vache folle qui a atteint un marchĂ© dĂ©jĂ  en difficultĂ© structurelle et a agi comme un rĂ©vĂ©lateur. Ne doit-on pas en tenir compte ? Sur la rĂ©organisation de la filiĂšre, au-delĂ  de l'information du consommateur et des labels de qualitĂ©, avez-vous des propositions concrĂštes Ă  faire ? M. GĂ©rard CHAPPERT Les mesures prises sont plus que justifiĂ©es et mĂȘme tardives. Notre souci est plutĂŽt qu'elles soient effectivement et rapidement appliquĂ©es. Or il existe des blocages trĂšs graves en ce qui concerne l'information des Ă©leveurs et des consommateurs. S'agissant de la restructuration de la filiĂšre, il est vrai que le marchĂ© est en difficultĂ©. Mais il y a Ă  cela plusieurs causes, parmi lesquelles la baisse du pouvoir d'achat, qui est une rĂ©alitĂ© quotidienne. Nous craignons aussi que les consommateurs ne prennent de nouvelles habitudes et qu'il soit ensuite difficile de leur faire reprendre le chemin de la boucherie. C'est pourquoi, la filiĂšre viande et notamment Interbev, doit bĂ©nĂ©ficier de meilleurs moyens de promotion, notamment financiers. Car il y a dans la France profonde des Ă©leveurs sĂ©rieux dont les bĂȘtes mangent de l'herbe. Rien n'est perdu. Mais il faut aussi tenir compte de la taille des exploitations ; de plus en plus, l'agriculture industrielle ne respecte ni la santĂ©, ni l'environnement, ni l'emploi. PrivilĂ©gier l'agriculture Ă  taille humaine qui, elle, respecte la nature, le bĂ©tail et l'homme est une de nos propositions. Pour rĂ©organiser la filiĂšre, il faut mettre un frein Ă  l'agriculture industrielle. En ce qui concerne les labels, il faut privilĂ©gier les produits de terroir, de petites zones. C'est une protection pour le consommateur et l'environnement et aussi contre les importations. M. Alain GAIGNEROT La baisse de la consommation est-elle inĂ©luctable ? Je voudrais renvoyer la balle » Ă  M. JuppĂ©. Celui-ci nous dit qu'il faut garder le moral, que les choses vont aller mieux. Si alors le pouvoir d'achat augmente, il est probable que la consommation reprendra. Mais cela ne dĂ©pend pas de nous, mais du gouvernement. M. Jean-Marc NESME L'ESB est un peu l'arbre qui cache la forĂȘt. Bien avant cette crise, le marchĂ© bovin Ă©tait en excĂ©dent, puisque l'offre augmentait alors que la demande diminuait, avec pour consĂ©quence la chute des cours - et je ne parle que de la production nationale ou europĂ©enne sans tenir compte des importations -. Si l'on n'agit pas sur cela, l'inadĂ©quation entre l'offre et la demande ne fera que s'accentuer. La situation n'est pas supportable pour les Ă©leveurs, les Ă©leveurs spĂ©cialisĂ©s en particulier. Pour retrouver un niveau de prix normal, la plupart des organismes professionnels sont d'accord sur le fait qu'il faut rapprocher l'offre de la demande. Est-ce votre point de vue, et, dans ce cas, par quels moyens estimez-vous qu'il faut assurer la maĂźtrise de la production, tous secteurs confondus ? M. Charles JOSSELIN Vous avez regrettĂ©, monsieur le prĂ©sident, que les pouvoirs publics aient tardĂ© Ă  rĂ©agir face Ă  la crise de la vache folle. Mais vous-mĂȘme, quand avez-vous Ă©tĂ© informĂ© de ce qui se passait en Grande-Bretagne et quand avez-vous commencĂ© Ă  prendre position ? D'autre part, la Commission de Bruxelles vient d'annoncer son intention de faire participer les cĂ©rĂ©aliers Ă  l'effort financier qu'exigent les compensations lĂ©gitimes et encore insuffisantes prĂ©vues en faveur des Ă©leveurs de viande bovine que pensez-vous de cette solidaritĂ© forcĂ©e » ? M. Pierre FORGUES Vous expliquez en partie la crise par la rĂ©forme de la PAC et par les accords du GATT. Or, la premiĂšre n'est intervenue qu'en 1992 et les seconds ont Ă©tĂ© nĂ©gociĂ©s encore plus tard, alors que c'est dĂšs 1988 que les Anglais ont interdit l'utilisation des farines animales dans l'alimentation bovine. Si cette rĂ©forme et ces accords ont pu amplifier la crise, ils ne peuvent en ĂȘtre l'origine ! Pouvez-vous donc prĂ©ciser votre pensĂ©e ? M. GĂ©rard CHAPPERT Quand vous Ă©voquez l'inadĂ©quation de l'offre et de la demande, Monsieur Nesme, vous faites un peu vite abstraction des importations. Quant Ă  la chute des cours, elle est indĂ©niable, mais Ă  la production seulement ! Le prix Ă  l'Ă©tal n'a pas changĂ© ; en revanche, les Ă©leveurs ont subi une Ă©norme perte de pouvoir d'achat. Parce qu'une vache vaut 2 500 francs de moins qu'en 1994, sa qualitĂ© a-t-elle baissĂ© ? Il est inaceptable que les importations fassent ainsi pression sur les cours Ă  la production. Ce n'est pas pour rien que les Ă©leveurs, aujourd'hui, prennent la route de Paris pour venir dire leur dĂ©sarroi au PrĂ©sident de la RĂ©publique, ou qu'ils barrent les routes pour assainir nos approvisionnements... La maĂźtrise de la production ? Oui, elle est nĂ©cessaire, mais il y a des prĂ©alables d'abord la maĂźtrise des importations ; ensuite, le respect de la prĂ©fĂ©rence communautaire et de la clause de sauvegarde, qui sont autant de filets de protection indispensables. Par ailleurs, opposĂ© Ă  l'agriculture industrielle, le MODEF estime que cette maĂźtrise de la production passe par une action sur la taille des exploitations. Je le constate chaque jour sur le terrain nous allons vers une explosion grave si les mesures que j'Ă©numĂšre ne sont pas prises rapidement ! DĂ©jĂ , on enregistre des suicides chez les Ă©leveurs, des huissiers se font courser »... Nous dĂ©plorons en effet le caractĂšre tardif des rĂ©actions, Monsieur Josselin. Comme, Ă  l'exception d'aujourd'hui, nous sommes rarement associĂ©s Ă  la rĂ©flexion des pouvoirs publics, c'est en mars que nous avons su ». Notre rĂ©action a alors Ă©tĂ© immĂ©diate et claire, comme en font foi les documents que nous avons publiĂ©s. Nous avons souhaitĂ© que toute la clartĂ© soit faite et que les vĂ©ritables responsables - les Ă©leveurs ne sont que des victimes - soient traduits sur le banc des accusĂ©s. Nous ne sommes pas partisans que les cĂ©rĂ©aliers participent Ă  l'effort budgĂ©taire qu'exige cette crise, ne serait-ce que parce que certains sont aussi des Ă©leveurs. Mais je crois aussi savoir que les fonds du FEOGA ne sont pas tous utilisĂ©s et que la France verse plus qu'elle ne reçoit il faut prendre le pognon » lĂ  oĂč il est ! Je suis effarĂ© du retard qu'on a pris. Lisant Le Monde », je dĂ©couvre qu'il est question de 153 900 tonnes importĂ©es illĂ©galement entre 1993 et 1996 oĂč va-t-on s'arrĂȘter ? Ne vaudrait-il pas mieux appliquer les dĂ©cisions dĂ©jĂ  prises ? Il est exact que la rĂ©forme de la PAC date de 1992, mais elle a encore augmentĂ© l'appĂ©tit financier des industriels de l'agro-alimentaire, avec les consĂ©quences qu'on sait pour la santĂ© publique. Au moment oĂč le Premier ministre invite Ă  ne pas cĂ©der Ă  la morositĂ©, il n'est que temps de rĂ©agir sĂ©rieusement et je compte beaucoup sur vous pour cela. Mme Muguette JACQUAINT Il est Ă©vident que la crise n'a fait qu'amplifier le dĂ©calage entre l'offre et la demande et il importe donc de donner aux Français une meilleure information, afin d'apaiser leur inquiĂ©tude. On ne peut nier en effet que notre pays produit de la viande de qualitĂ©. Mais il y a un autre Ă©lĂ©ment Ă  prendre en compte la baisse du pouvoir d'achat. MalgrĂ© tous les efforts des collectivitĂ©s, nombreux sont les enfants qui ne frĂ©quentent plus les cantines scolaires, faute pour leurs familles de pouvoir payer. Alors que nous avons des surplus de fruits et de lĂ©gumes, les gens sont obligĂ©s de se priver. Pourtant, je vous assure que beaucoup n'aimeraient rien tant que manger davantage de viande... Je suis favorable Ă  une rĂ©glementation et, comme M. Chappert, opposĂ©e Ă  un Ă©levage industriel qui a d'abord Ă©tĂ© regardĂ© comme un progrĂšs mais qui, en dĂ©finitive, ne sert pas l'homme. Monsieur le PrĂ©sident, croyez-vous qu'une information plus prĂ©coce aurait permis d'enrayer la crise ? Et ne pensez-vous pas qu'un dĂ©bat sur les choix essentiels en matiĂšre agricole serait utile, Ă  l'AssemblĂ©e comme Ă  Bruxelles ? M. Patrick OLLIER Je crois, monsieur le prĂ©sident, que vous avez commis une confusion en rĂ©pondant Ă  M. Josselin que le MODEF avait rĂ©agi en mars ». La question portait sur votre rĂ©action aprĂšs la dĂ©cision britannique de 1988. Le reprĂ©sentant d'un autre syndicat agricole a dit que son organisation avait rĂ©agi en 1990 qu'en est-il de la vĂŽtre ? Notre souci est en effet d'Ă©claircir la zone d'ombre qui se situe entre 1988 et 1992. Je ne comprends pas votre position en ce qui concerne la participation financiĂšre des cĂ©rĂ©aliers, surtout Ă  un moment oĂč les cours de leurs productions ne cessent de monter. Enfin, pour ma part, je suis favorable Ă  une extensification de l'Ă©levage et au dĂ©veloppement des signes de qualitĂ© ; en est-il de mĂȘme de votre cĂŽtĂ© ? M. Dominique BOUSQUET Vous avez raison de dire que cette crise a des causes complexes, mais je crois qu'il en est de mĂȘme pour la chute de la consommation. Vous insistez Ă  cet Ă©gard sur la dĂ©perdition de pouvoir d'achat, mais on constate aussi que les Français se dĂ©tournent de plus en plus des bas morceaux, du pot-au-feu par exemple croyez-vous possible de peser sur cette Ă©volution des comportements ? Plus on achĂšte de la viande chĂšre, plus les prix Ă  la consommation augmentent -sans bĂ©nĂ©fice pour les Ă©leveurs- et plus l'on renforce la spirale de rentabilitĂ© » dans l'ensemble de la filiĂšre, avec tous les dĂ©rapages que cela comporte. Vous avez dit, par ailleurs, que la consommation aurait moins baissĂ© si des mesures draconiennes avaient Ă©tĂ© prises dĂšs le dĂ©but. Je voudrais vous donner une information qui tend Ă  relativiser votre propos en Grande-Bretagne, oĂč prĂšs de 180 000 tĂȘtes de bĂ©tail ont Ă©tĂ© abattues, la consommation n'a presque pas baissĂ©, non plus que les prix. M. GĂ©rard CHAPPERT Sur la question du productivisme, mon opinion est que la crise dite de la vache folle » a le mĂ©rite de mettre en lumiĂšre l'opposition entre eux types d'exploitation, familiale et industrielle, et sur les consĂ©quences qu'entraĂźne la prioritĂ© donnĂ©e au second. Sur le deuxiĂšme point, il est clair que la confiance des consommateurs aurait Ă©tĂ© moins Ă©branlĂ©e si les informations et les dĂ©cisions avaient Ă©tĂ© moins tardives et si les mesures prises avaient vraiment Ă©tĂ© appliquĂ©es. Or, nous n'avons rĂ©agi que dans les annĂ©es 90 et nous ne l'avons fait ni de la façon, ni au niveau qu'il aurait fallu, car l'ensemble de la profession a mal pris la mesure de la gravitĂ© de la chose. Il faut dire, Ă  notre dĂ©charge, qu'on nous a cachĂ© l'ampleur des dĂ©gĂąts, tant en France qu'en Grande-Bretagne, oĂč l'on a fait taire les scientifiques, ou en Belgique, oĂč un vĂ©tĂ©rinaire a mĂȘme Ă©tĂ© assassinĂ©, Ă  telle enseigne que l'on ne peut exclure qu'un systĂšme mafieux ait imposĂ© sa loi. La preuve est faite, en tout cas, que l'agriculture productiviste n'a rien de bon, et que, lorsque l'on concentre le bĂ©tail et que l'on fait des usines Ă  lait », cela ne peut pas ĂȘtre bon pour la santĂ©. J'irai mĂȘme plus loin quand on entend certains scientifiques s'interroger sur la transmission de l'ESB de la vache au veau, soit durant la gestation, soit par le lait, on ne peut que s'interroger sur le risque de transmission de l'ESB Ă  l'homme par le lait, le beurre, le fromage, les yaourts... Enfin, si la baisse du pouvoir d'achat n'explique pas toute la baisse de la consommation, elle l'explique au moins en partie, et le fait mĂȘme qu'il y ait moins d'acheteurs qui achĂštent davantage de morceaux de qualitĂ© comme l'aloyau, au dĂ©triment du pot-au-feu, prouve bien qu'il y a un problĂšme de pouvoir d'achat. M. Dominique BOUSQUET C'est aussi un problĂšme de sociĂ©tĂ© ! Les gens ne peuvent plus faire cuire un pot-au-feu ! M. GĂ©rard CHAPPERT C'est sans doute un peu vrai, mais parmi l'ensemble des facteurs, la quantitĂ© d'argent que les gens ont dans leur portefeuille dĂ©termine trĂšs largement leur consommation. Je suis d'une gĂ©nĂ©ration oĂč l'on mangeait le pot-au-feu une fois par mois ; peut-ĂȘtre sommes-nous en train d'y revenir ? M. Alain GAIGNEROT J'ajoute que la crise a connu son dĂ©veloppement le plus grave lorsqu'a Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©e la possibilitĂ© de transmission de l'ESB Ă  l'homme et de cela, nous n'avons Ă©tĂ© informĂ©s qu'en mars dernier, comme tout le monde. Cela dit, je ne sais pas si les dirigeants politiques français et europĂ©ens ont Ă©tĂ© mis au courant avant. Quant aux dĂ©cisions prises, elles sont bonnes, qu'il s'agisse de la dĂ©claration obligatoire des cas d'ESB ou de l'abattage de l'ensemble du cheptel dont une tĂȘte est atteinte. Parmi les mesures que pourraient prendre les Ă©lus, je pense notamment Ă  des actions auprĂšs des usagers des restaurants collectifs, scolaires en particulier, pour les convaincre de l'innocuitĂ© de la viande bovine on pourrait organiser, par exemple, des visites d'exploitations... Mme le PrĂ©sident Cela commence Ă  se faire... Il me reste, messieurs, Ă  vous remercier... M. Georges SARRE J'avais demandĂ© la parole ! Mme le PrĂ©sident Je ne peux plus prendre en compte votre demande. J'ai mĂȘme dĂ» refuser celles de trois ou quatre de vos collĂšgues, car nous devons passer Ă  l'audition suivante. M. Georges SARRE Cela fait trois quarts d'heure que je demande la parole ! Je n'accepte pas que vous me la refusiez ! A quoi sert-il de venir dans ces conditions, en prenant sur son temps ? Mme le PrĂ©sident Chacun de nous prend sur son temps pour venir et s'est portĂ© volontaire pour cela. Nous avons un horaire Ă  respecter. M. Georges SARRE Vous n'avez qu'Ă  maĂźtriser mieux les dĂ©bats ! protestations Mme le PrĂ©sident Je m'efforce de donner la parole Ă  tout le monde, toutes Ă©tiquettes politiques confondues et en particulier, en fin d'audition, Ă  ceux qui ne prennent pas souvent la parole -vous-mĂȘme avez posĂ© hier de nombreuses questions. Nous devons maintenant entendre l'intervenant suivant. M. Georges SARRE Le temps que vous avez perdu Ă  parler au lieu de me donner la parole aurait pu ĂȘtre employĂ© Ă  demander Ă  M. Chappert quels sont les blocages » dont il a fait Ă©tat dans sa rĂ©ponse au rapporteur sur les mesures de santĂ© publique qui ont Ă©tĂ© prises, quelles sont les dĂ©cisions dont il a laissĂ© entendre qu'elles n'Ă©taient pas appliquĂ©es et comment il se fait que les Ă©leveurs français aient pu importer, ainsi que nous l'apprenait le Monde » hier, 153 900 tonnes de farines animales britanniques au cours des derniĂšres annĂ©es ! M. le Rapporteur Vous avez raison de vous poser ces questions, mais je propose, compte tenu des contraintes horaires, que M. Chappert y rĂ©ponde par Ă©crit. Mme le PrĂ©sident Je remercie M. Chappert et M. Gaignerot. Audition de M. Philippe GUÉRIN, directeur gĂ©nĂ©ral de l'alimentation au ministĂšre de l'agriculture accompagnĂ© de Mme Françoise FOURNIÉ, adjoint au directeur gĂ©nĂ©ral, et de M. Bernard VALLAT, chef du service de la qualitĂ© et des actions vĂ©tĂ©rinaires et phytosanitaires extrait du procĂšs-verbal de la premiĂšre sĂ©ance du 11 septembre 1996 PrĂ©sidence de Mme Evelyne GUILHEM, PrĂ©sident M. Philippe GUÉRIN Je ne crois pas utile, au stade oĂč vous en ĂȘtes, de refaire l'historique de la crise. Un excellent dossier, Ă  la fois exhaustif et synthĂ©tique, a d'ailleurs Ă©tĂ© publiĂ© il y a quelques jours par AGRA. Je vous le recommande, car je n'y ai trouvĂ© ni erreur, ni oubli. Quelle a Ă©tĂ© l'action de la direction gĂ©nĂ©rale de l'alimentation dans la crise de la vache folle ? J'ai pris mes fonctions de directeur gĂ©nĂ©ral en avril 1994. Parmi les tĂąches que m'a alors assignĂ©es M. Puech, et qu'a confirmĂ©es M. Vasseur l'annĂ©e suivante, la premiĂšre Ă©tait de tirer les consĂ©quences des accords de Marrackech en matiĂšre de normes sanitaires et phytosanitaires, appelĂ©es Ă  devenir, compte tenu de la libĂ©ralisation des Ă©changes, un enjeu stratĂ©gique considĂ©rable. Autres tĂąches importantes coordonner davantage dans le cadre europĂ©en et aussi français l'action des services de contrĂŽle du ministĂšre et dĂ©velopper les actions liĂ©es Ă  la qualitĂ© et Ă  la salubritĂ© des produits. C'est d'ailleurs l'objet d'un projet de loi qui doit prochainement vous ĂȘtre soumis par Il nous appartient Ă©galement de dĂ©velopper un esprit de co-responsabilitĂ© au sein de la filiĂšre agroalimentaire. Et si nous intervenons bien Ă©videmment en amont en ce qui concerne la santĂ© animale et la protection des vĂ©gĂ©taux, notre rĂŽle en aval, auprĂšs des industriels que nous soutenons dans leurs programmes d'investissement et de recherche, me paraĂźt Ă©galement important. Pour mener Ă  bien ces missions, nous disposons de 230 agents Ă  Paris rĂ©partis en deux grands services, celui de la qualitĂ© et celui des industries agro-alimentaires et de moyens financiers globalement satisfaisants, d'autant qu'ils ont Ă©tĂ© prĂ©servĂ©s des coupes budgĂ©taires de ces derniĂšres annĂ©es. En ce qui concerne les maladies transmissibles Ă  l'homme, nous cherchons Ă  intervenir le plus tĂŽt possible, notamment en favorisant les auto-contrĂŽles, ce qui ne nous dispense pas de jouer le rĂŽle de surveillance de la distribution que nous assignent le code rural et le code de la consommation. La sĂ©curitĂ© du territoire en ce qui concerne la protection des vĂ©gĂ©taux est Ă©galement trĂšs importante Ă  nos yeux, d'autant que l'ouverture des frontiĂšres et le dĂ©veloppement des Ă©changes ont rendu cette mission plus difficile encore. Nous nous appuyons sur des organismes comme le CNEVA qui dispose de moyens importants, ainsi que, dans le domaine de la qualitĂ©, sur la commission nationale des labels et des certifications et sur l'AFNOR notamment. En ce qui concerne la crise de la vache folle, nous ne sommes pas seuls compĂ©tents puisque la direction de la production et des Ă©changes est en premiĂšre ligne pour la production et la gestion des marchĂ©s ; nous jouons aussi un rĂŽle d'appui technique dans les nĂ©gociations communautaires et internationales. Il convient de distinguer, parmi les organes placĂ©s Ă  Bruxelles auprĂšs de la Commission, deux instances d'experts vĂ©tĂ©rinaires le ComitĂ© vĂ©tĂ©rinaire permanent et le ComitĂ© scientifique vĂ©tĂ©rinaire. Le premier est placĂ© auprĂšs de la Commission et prĂ©sidĂ© par un reprĂ©sentant de celle-ci ; composĂ© d'experts dĂ©signĂ©s par les Etats membres au nombre de deux par Etat, il donne son avis sur les projets de la Commission europĂ©enne et prend ses dĂ©cisions, comme le Conseil, Ă  la majoritĂ© qualifiĂ©e. La recherche de l'Ă©quilibre explique sans doute certaines de ses dĂ©cisions rĂ©centes. Le second est composĂ© d'experts indĂ©pendants des Etats, nommĂ©s intuitu personae par la Commission. Ses dĂ©libĂ©rations sont secrĂštes. Des divergences ont pu apparaĂźtre ces derniers mois entre ces deux organismes. Pour ma part, j'ai cherchĂ© Ă  entretenir des contacts rĂ©guliers avec les experts, car la bonne information rĂ©ciproque me paraĂźt indispensable. L'organisation internationale la plus directement concernĂ©e par l'ESB est l'Office international des Ă©pizooties, qui siĂšge Ă  Paris et qui est dirigĂ© par un Français. C'est Ă  cet office qu'il est revenu d'organiser l'Ă©change d'informations sur la maladie. On peut toutefois regretter qu'il ne dispose pas de moyens d'investigation propres car le systĂšme dĂ©claratif actuel peut dĂ©favoriser des pays qui, comme la France, jouent parfaitement le jeu. Dans toute cette affaire, l'administration française a rĂ©agi dĂšs qu'elle a eu connaissance des faits. En situation de doute, nous avons privilĂ©giĂ© les mesures de prĂ©caution, fĂ»t-ce au dĂ©triment de l'Ă©conomie. Nos prĂ©occupations ont concernĂ© d'abord la santĂ© animale puis, de plus en plus, la santĂ© humaine. Nous avons recherchĂ© Ă©galement avant tout la cohĂ©rence. Toutefois, nous avons Ă©tĂ© tributaires des informations en provenance de Grande-Bretagne et l'on peut avoir quelques doutes sur ce qu'ont bien voulu nous transmettre nos homologues britanniques, comme d'ailleurs sur ce que les scientifiques anglais ont transmis Ă  leurs confrĂšres... L'application du principe de prĂ©caution a valu Ă  la France une rĂ©putation d'extrĂ©misme que certains de nos concurrents lointains ont utilisĂ©e pour nous voler des marchĂ©s. Aussi avons-nous dĂ©pĂȘchĂ© de nombreuses missions vĂ©tĂ©rinaires Ă  l'Ă©tranger pour soutenir nos entreprises. Au fil des annĂ©es, nous avons donc tenu cette ligne. Nous avons renforcĂ© nos moyens en crĂ©dits et aussi en personnels les deux ministres avec lesquels j'ai travaillĂ© ont acceptĂ© de renforcer les effectifs des services vĂ©tĂ©rinaires et le ministĂšre de l'Agriculture dispose aujourd'hui de 4 000 agents sur le terrain. Mme le PrĂ©sident Chaque jour, la crise connaĂźt de nouveaux rebondissements. Or les fonctionnaires que nous recevons nous disent que tout va bien et que la France a pris les mesures adaptĂ©es et les applique. Mais par exemple, la presse nous annonce que les importations de farines britanniques ont continuĂ© malgrĂ© l'embargo. Comment l'expliquer ? Il y a lĂ  un dĂ©calage qui nous choque et qui choque l'opinion. D'autre part, un boyaudier nous a fait remarquer que le dĂ©cret Ă©tablissant la liste des organes interdits Ă  la consommation Ă©tait un peu extrĂ©miste. Est-il toujours justifiĂ© ? N'y aurait-il pas notamment confusion entre la masse intestinale et l'intestin grĂȘle ? M. le Rapporteur Je souscris tout Ă  fait Ă  la remarque de Mme le PrĂ©sident. Nous commençons Ă  ĂȘtre agacĂ©s d'entendre tous les hauts fonctionnaires et responsables d'administration centrale nous expliquer que les bonnes dĂ©cisions ont Ă©tĂ© prises au bon moment, que les contrĂŽles sont effectuĂ©s et que tout se passe pour le mieux dans leur direction gĂ©nĂ©rale. Or la rĂ©alitĂ© est diffĂ©rente. Si nous n'arrivons pas Ă  obtenir plus d'informations, il faudra une commission d'enquĂȘte et d'autres investigations pour aller plus loin. A vous entendre, tout va trĂšs bien. J'ai pourtant plusieurs questions Ă  vous poser. En ce qui concerne les intestins, les prĂ©cautions prises ont peut-ĂȘtre Ă©tĂ© excessives dans un premier temps. Cela se justifie par notre expĂ©rience des crises de santĂ© publique dans le passĂ©. Aujourd'hui, est-il justifiĂ© de les maintenir ? Pour les mĂ©decins et vĂ©tĂ©rinaires qui siĂšgent ici, il est excessif de parler de l'intestin dans son ensemble, alors que l'intestin grĂȘle et le gros colon ont une anatomie et une fonction diffĂ©rente et qu'ils n'ont probablement pas le mĂȘme rĂŽle dans la transmission de l'infection. Plus prĂ©occupant vous paraĂźt-il normal que le contrĂŽle sanitaire de l'alimentation relĂšve du ministĂšre de l'Agriculture, qui a Ă©galement en charge les problĂšmes Ă©conomiques et se trouve donc en premiĂšre ligne au regard de la filiĂšre ? Face Ă  un problĂšme de santĂ© urgent, il me semble qu'au dĂ©but du moins on n'a pas impliquĂ© le ministĂšre de la SantĂ© comme on aurait dĂ». Par exemple, le projet de loi sur la salubritĂ© dont vous avez parlĂ© serait prĂ©sentĂ© par le ministĂšre de l'Agriculture et irait donc devant notre commission de la production et des Ă©changes, alors qu'il concerne des aspects sanitaires. Cela ne manque-t-il pas de cohĂ©rence ? Enfin, ne trouvez-vous pas un peu pesante la tutelle europĂ©enne ? Avez-vous l'impression de pouvoir dĂ©cider ce que vous souhaitez et le sentiment que si vous le faites, cela ne pĂ©nalise pas la France ? M. Philippe GUÉRIN En ce qui concerne l'information donnĂ©e dans un journal du soir hier sur les chiffres d'importation, c'est pure affabulation, comme l'a dĂ©jĂ  indiquĂ© un communiquĂ©. Le chiffre de 153 900 tonnes de farines importĂ©es en France de janvier 1993 Ă  mai 1996 correspond aux importations du monde entier et non de Grande-Bretagne, contrairement Ă  ce qu'affirme M. Jean-Yves Nau, signataire de l'article. Ces farines proviennent du monde entier. Plusieurs dĂ©putĂ©s D'oĂč ? M. Charles JOSSELIN Allez-vous faire un procĂšs Ă  M. Nau ? M. Philippe GUÉRIN Ce n'est pas Ă  moi de le faire. Un communiquĂ© de mise au point a Ă©tĂ© fait hier. M. Georges SARRE Qui a fait ce communiquĂ© de presse ? M. Philippe GUÉRIN Le ministĂšre des Finances, chargĂ© notamment de la tutelle des douanes. Mme le PrĂ©sident Quelle est la provenance de ces farines ? M. Philippe GUÉRIN Selon les statistiques douaniĂšres, les importations de Grande-Bretagne sur cette pĂ©riode s'Ă©lĂšvent Ă  13 164 tonnes. M. Henri de RICHEMONT C'est encore trop. M. Philippe GUÉRIN La nomenclature des douanes ne permet pas de faire de diffĂ©rences entre les diffĂ©rentes farines animales - bovines, porcines, de volaille - ; le chiffre recouvre aussi des farines saines ne provenant pas de dĂ©chets. Mais une certaine presse s'ingĂ©nie Ă  agiter le secteur. Ainsi, en juin, le mĂȘme journaliste a Ă©crit que les importations de farines anglaises avaient Ă©tĂ© relativement importantes jusqu'en 1990. C'est exact, mais ce n'Ă©tait pas un scoop. Je l'avais dit dĂšs le dĂ©but. En relançant l'affaire de cette façon, il a fait beaucoup de mal. M. Nau utilise des techniques qui relĂšvent de l'amalgame, et cela me semble inadmissible. M. Charles JOSSELIN D'oĂč viennent les farines, outre de Grande-Bretagne ? Mme le PrĂ©sident Monsieur Josselin, vous ĂȘtes inscrit ; vous poserez cette question ultĂ©rieurement. M. Philippe GUÉRIN Je vous donnerai les chiffres. En ce qui concerne les dispositions qui ont mis en difficultĂ© l'entreprise de boyauderie Peignon, Ă  laquelle votre question faisait implicitement rĂ©fĂ©rence, lorsque M. Morrisset m'a appelĂ©, j'ai tout de suite dĂ©pĂȘchĂ© sur place une mission composĂ©e d'un chercheur du CNEVA et du chef de bureau compĂ©tent de ma direction pour examiner les procĂ©dĂ©s techniques utilisĂ©s pour fabriquer les produits. L'entreprise utilise des intestins de bovins ĂągĂ©s et Ă©tait donc privĂ©e en partie de matiĂšres premiĂšres par l'interdiction de mettre Ă  la consommation les organes de bovins nĂ©s avant le 31 juillet 1991. Des essais ont Ă©tĂ© faits. Au premier, on a encore trouvĂ© dans le gros intestin des plaques de Peyer, considĂ©rĂ©es comme susceptibles de contenir des produits infectants. D'autres analyses ont eu lieu ensuite, dont l'une diligentĂ©e par l'entreprise a eu un rĂ©sultat favorable. Ces problĂšmes d'expertise scientifique sont bien difficiles. Souvenez-vous du procĂšs de Marie Besnard, accusĂ©e d'avoir empoisonnĂ© ses proches Ă  l'arsenic. On en avait trouvĂ© dans leurs ongles et leurs cheveux mais pas dans le sol du cimetiĂšre de Loudun. Un de mes professeurs Ă  l'Institut agronomique, appelĂ© comme expert, a fait valoir que le cimetiĂšre Ă©tant en pente, ce pouvait ĂȘtre le ruissellement qui avait entraĂźnĂ© l'arsenic alors prĂ©sent dans les produits utilisĂ©s pour lutter contre les doryphores dans les champs de pommes de terre, le produit se concentrant ensuite naturellement dans les ongles et les cheveux des cadavres... En matiĂšre d'expertise scientifique, les choses sont toujours trĂšs dĂ©licates. De toute façon, nous avons pris cette mesure sur la base de l'avis de l'OMS du 3 avril, reprenant l'avis des scientifiques britanniques pour lesquels les intestins sont des abats spĂ©cifiques. La difficultĂ© aujourd'hui est d'obtenir l'avis scientifique d'un collĂšge reprĂ©sentatif, europĂ©en et mĂȘme international. Mais nous poserons de nouveau le problĂšme. Le risque est le produit d'un danger potentiel par une probabilitĂ©. Pour ce qui est du danger, il convient de vĂ©rifier s'il y a dans l'intestin des tissus transmettant l'infection. Quant Ă  la probabilitĂ©, elle est faible dans notre pays. Je rappelle que nous n'avons enregistrĂ© officiellement que 22 cas dĂ©clarĂ©s d'ESB contre 170 000 en Grande-Bretagne. En instaurant des mesures de prĂ©caution maximum, le Gouvernement a assumĂ© ses responsabilitĂ©s. Tout va-t-il donc pour le mieux ? Permettez-moi de faire le point sur les missions et les moyens de ma direction gĂ©nĂ©rale. La premiĂšre de ces missions est de veiller Ă  ce que l'action des uns et des autres soit cohĂ©rente, au sein du ministĂšre pour commencer. Certains le savent ici avant d'occuper ces fonctions, j'ai Ă©tĂ© chargĂ© d'un audit de la filiĂšre produits de la mer » par M. Puech. A cette occasion, j'ai pu mesurer combien les comportements pouvaient varier d'un dĂ©partement Ă  l'autre. Comme la science mĂ©dicale, la science vĂ©tĂ©rinaire est difficile et ne peut s'appuyer que sur peu de certitudes. D'autre part, la culture de la profession et son code de dĂ©ontologie laissent une certaine marge d'interprĂ©tation des textes. Sans aller contre cette responsabilitĂ© individuelle, j'ai mis en place depuis plus de deux ans des procĂ©dures susceptibles d'assurer une certaine harmonisation. Il y a prĂšs d'un an, j'ai en outre rĂ©uni toute une journĂ©e en convention nationale les services vĂ©tĂ©rinaires, les industriels, les producteurs et les groupements de dĂ©fense sanitaire autour du thĂšme la certification, une responsabilitĂ© partagĂ©e ». C'est en effet une responsabilitĂ© si lourde de consĂ©quences, y compris personnelles, qu'on ne peut la laisser reposer sur un seul, et il est donc bon que le Parlement ait rĂ©cemment modifiĂ© la loi sur ce point. Quant Ă  la qualitĂ© de notre rĂ©seau de surveillance Ă©pidĂ©miologique, je crois pouvoir dire qu'elle est remarquable. La vigilance peut parfois se dĂ©tendre, en fonction de l'Ă©tat des connaissances ou de l'Ă©volution des situations, mais j'ai lancĂ© rĂ©cemment une enquĂȘte -qui se poursuit- dont les rĂ©sultats sont trĂšs rassurants ce rĂ©seau a trĂšs bien fonctionnĂ©. Certains de vous peuvent s'Ă©tonner que tel ou tel dĂ©partement n'ait pas fait l'objet d'une suspicion lĂ©gitime, mais ce serait oublier que certains symptĂŽmes sont communs Ă  l'ESB et Ă  la rage, autre maladie neuro-dĂ©gĂ©nĂ©rative le rĂ©seau de surveillance de celle-ci, qui fonctionne surtout dans le nord-est de la France, a systĂ©matiquement demandĂ© que les encĂ©phales de bovins suspects de rage soient aussi soumis Ă  une analyse pour rechercher des traces d'ESB. De ce cĂŽtĂ©-lĂ  non plus, nous n'avons donc pas grand chose Ă  nous reprocher. De mĂȘme, les 5 000 vĂ©tĂ©rinaires sanitaires placĂ©s auprĂšs des Ă©levages, qui exercent un mandat confiĂ© par l'Etat et qui jouent un rĂŽle considĂ©rable dans la dĂ©tection de cette maladie, apparaissent avoir fait leur travail comme il convient -leur action est coordonnĂ©e dans chaque dĂ©partement par l'un d'entre eux. On peut bien sĂ»r penser que certains Ă©leveurs ont dissimulĂ© quelques cas d'ESB mais la France a Ă©tĂ© le seul pays Ă  pratiquer, dĂšs le dĂ©but, l'abattage intĂ©gral des troupeaux contaminĂ©s et Ă  indemniser intĂ©gralement les producteurs de leurs pertes rĂ©elles nous y avons ainsi gagnĂ© en confiance. S'agissant du suivi scientifique et du CNEVA, je veux rappeler que les Britanniques, qui Ă©taient les seuls Ă  disposer de donnĂ©es scientifiques, considĂ©raient cette affaire comme une affaire de santĂ© animale pure. La premiĂšre hypothĂšse Ă©chafaudĂ©e -le transfert aux bovins de la scrapie » du mouton- excluait tout risque pour la santĂ© publique. Ce n'est que progressivement que les idĂ©es ont changĂ©, avec le progrĂšs des connaissances... S'agissant du projet de loi sur la qualitĂ©, vous permettrez Ă  un vieux fonctionnaire de dire ce qu'il pense pour moi, mieux vaut privilĂ©gier l'homme, l'Ă©tat d'esprit, les instructions qu'on lui donne et les procĂ©dures qu'on met en place plutĂŽt que les structures. Je ne crois donc pas comme vous qu'il faille faire du nouveau. D'abord parce qu'il existe un lien Ă©vident entre la santĂ© animale et la santĂ© publique ; et la tutelle du ministĂšre de l'agriculture sur les services de contrĂŽle et d'hygiĂšne animale et alimentaire se justifie pleinement. Elle permet Ă  la co-responsabilitĂ© de tous les acteurs de la filiĂšre de s'exercer. Le ministĂšre de l'agriculture a une culture de prĂ©vention et de conseil, ainsi qu'une culture de contrĂŽle. La brigade nationale d'enquĂȘtes vĂ©tĂ©rinaires, petite Ă©quipe efficace, a rendu des services considĂ©rables, travaillant en parfaite harmonie avec les douanes et avec la direction gĂ©nĂ©rale de la concurrence. En revanche, la rĂ©pression n'est pas notre premier souci nous cherchons avant tout Ă  remonter le plus en amont possible pour Ă©radiquer les risques et modifier les attitudes. C'est dans cet esprit que, depuis quelques mois, nous avons mis en place dans notre administration -Ă  commencer par la base, le terrain- des procĂ©dures d'assurance-qualitĂ©. Je suis d'autant plus Ă  l'aise pour vous rĂ©pondre, et je le serais encore davantage s'il existait une traçabilitĂ© » des dĂ©cisions ! Le projet de loi sur la qualitĂ© vise, lui aussi, Ă  remonter le plus en amont possible et croyez qu'il n'a pas Ă©tĂ© facile de convaincre la profession agricole de la nĂ©cessitĂ© de renforcer le dispositif administratif de prĂ©vention, de contrĂŽle et de sanction ! Mais, au terme d'une concertation interministĂ©rielle approfondie, peu d'arbitrages ont Ă©tĂ© demandĂ©s au Premier ministre. S'agissant de l'Europe et de sa place dans le monde, les enjeux sont considĂ©rables et l'harmonisation ne doit donc pas rester thĂ©orique. En raison de sa culture jacobine -que n'a pas l'Allemagne par exemple-, la France a l'habitude d'appliquer rigoureusement les textes communautaires, et ce d'une façon cohĂ©rente sur tout son territoire. Il faut dire aussi que notre vocation exportatrice pousse dans le mĂȘme sens trouver un compromis entre les mesures de prĂ©caution et les impĂ©ratifs Ă©conomiques. M. Patrick OLLIER Je suis heureux des prĂ©cisions que vous venez d'apporter mais cette mission essaie de faire la lumiĂšre sur ce qui s'est passĂ© entre 1988 et 1992, moment oĂč M. Curien a le premier demandĂ© que soient menĂ©es des recherches. Quelles initiatives votre direction gĂ©nĂ©rale a-t-elle prises dans ce laps de temps ? Comment le systĂšme de surveillance a-t-il fonctionnĂ© ? M. Georges SARRE Quand et comment avez-vous appris l'apparition de l'ESB en Grande-Bretagne ? Quelles mesures votre direction a-t-elle alors proposĂ©es au Gouvernement ? A quelle date avez-vous su que cette maladie pouvait ĂȘtre transmissible Ă  l'homme, et comment avez-vous rĂ©agi alors ? Vous avez dĂ©menti les informations parues dans Le Monde », mais pouvez-vous nous indiquer la quantitĂ© de farines importĂ©e chaque annĂ©e de Grande-Bretagne depuis 1989 ? Je voudrais Ă©galement savoir qui donne son feu vert Ă  l'entrĂ©e de nouveaux produits, qu'ils soient d'origine britannique, allemande ou autre, sur le marchĂ© français ? Quels sont, par ailleurs, les pays susceptibles, selon vous, d'avoir adressĂ© Ă  l'OIE des dĂ©clarations non conformes Ă  la rĂ©alitĂ© ? Quant Ă  la politique de dĂ©sinformation et de rĂ©tention d'information menĂ©e par la Commission de Bruxelles, comment l'expliquez-vous ? Par le souci de rentabilitĂ© Ă  tout prix ? Par le dogmatisme libre-Ă©changiste ? Comment expliquez-vous, enfin, que les prix baissent Ă  la production, mais pas Ă  la consommation ? M. Jean-Marie MORISSET Ma question portera notamment sur la boyauderie, ce qui ne vous Ă©tonnera guĂšre. Je vous fĂ©licite de la rapiditĂ© avec laquelle ont Ă©tĂ© effectuĂ©s les contrĂŽles dans l'entreprise qui dĂ©fraie la chronique, et approuve l'application du principe de prĂ©caution, mais celui-ci doit aller de pair avec le principe de cohĂ©rence. Je souhaiterais savoir ce qu'il en est pour les gros intestins, qui semblent, selon ce que nous a dit le professeur Dormont, n'ĂȘtre pas infectieux. Je suis un peu perdu, en outre, dans la rĂ©partition des responsabilitĂ©s entre l'administration de la SantĂ©, celle de l'Agriculture et le CNEVA lorsque la direction de la SantĂ© m'Ă©crit que les normes prises ne sont que des recommandations », qui doivent faire l'objet d' interprĂ©tations », je me demande Ă  qui il revient de les interprĂ©ter ! Je m'interroge Ă©galement, toujours au regard du principe de cohĂ©rence, sur la portĂ©e de mesures propres Ă  la France, quand nous continuons d'importer des boyaux d'Espagne, d'Italie et mĂȘme de Chine... Je vous demanderai, enfin, comment vous envisagez de rĂ©soudre le problĂšme de l'Ă©quarrissage au-delĂ  du 15 septembre. M. Marc LAFFINEUR Quand avez-vous commencĂ© d'avoir des soupçons quant Ă  la transmission de l'ESB Ă  l'homme ? Sait-on quelle est la provenance des 15 300 tonnes de farines importĂ©es ? Est-il possible qu'une partie des farines censĂ©ment irlandaises soient en fait britanniques ? S'agissant des dĂ©clarations Ă  l'OIE, vous en avez dit trop ou pas assez. A quels pays prĂ©cis pensez-vous ? Sont-ils fortement infectĂ©s ou non ? Enfin, quelles mesures prĂ©conisez-vous pour faire repartir la consommation, qui avait commencĂ© Ă  baisser, rappelons-le, avant la crise de la vache folle ? M. Philippe GUÉRIN La premiĂšre dĂ©claration officielle de cas d'ESB Ă  l'OIE - dans laquelle le nombre de cas Ă©tait d'ailleurs sous-estimĂ© - date de mai 1988. L'alimentation Ă  base de farines fabriquĂ©es Ă  partir de dĂ©chets ovins Ă©tait, Ă  cette Ă©poque, considĂ©rĂ©e comme l'hypothĂšse la plus plausible de contamination. A ma connaissance, cependant, personne n'avait alors d'information sur les processus de traitement des produits de l'Ă©quarrissage. La premiĂšre circulaire d'information du ministĂšre, de deux pages environ, est lĂ©gĂšrement postĂ©rieure Ă  cette communication et souligne l'analogie entre l'ESB et la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Il a fallu attendre un an pour que les mesures prises par les Anglais soient adoptĂ©es en France c'est en aoĂ»t 1989 qu'ont Ă©tĂ© interdites les importations en provenance de Grande-Bretagne et en dĂ©cembre 1989 que cette interdiction a Ă©tĂ© Ă©tendue Ă  l'Irlande. Je n'ai pas retrouvĂ©, dans les archives du ministĂšre, d'Ă©lĂ©ments aidant Ă  comprendre le processus selon lequel ces dĂ©cisions ont Ă©tĂ© prises. A Bruxelles, par contre, la Commission Ă©tait d'avis de ne pas prendre de mesures particuliĂšres et de se contenter de faire en sorte que l'information circule davantage. Puis, en mai-juin 1990, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© d'interdire, non plus seulement l'importation de farines animales mais encore leur incorporation dans l'alimentation des bovins. Pour cette dĂ©cision, en revanche, j'ai trouvĂ© des comptes rendus de rĂ©unions prĂ©paratoires, associant les professionnels de l'alimentation animale, le ministĂšre de la santĂ© et les responsables du CNEVA. Les choses se sont faites en l'absence de rĂ©ponse de Bruxelles Ă  nos sollicitations et en marge du droit communautaire. Cela a d'ailleurs conduit Ă  une crise au niveau europĂ©en et il a fallu rĂ©unir en juin 1990 un conseil des ministres exceptionnel qui a pris des mesures draconiennes, malgrĂ© l'avis plutĂŽt rassurant donnĂ© par le ComitĂ© scientifique vĂ©tĂ©rinaire. ParallĂšlement, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©, toujours en 1990, de lancer une Ă©tude sur le prion et la façon de l'inactiver, Ă©tude qui n'a abouti qu'en 1994, compte tenu des dĂ©lais nĂ©cessaires pour mener Ă  bien les recherches sur la souris. Les mesures prises depuis ont collĂ© le plus prĂšs possible Ă  l'Ă©volution des connaissances c'est Ă  la suite du premier rapport Dormont, en 1992, que le systĂšme d'Ă©pidĂ©mio-surveillance mis en place deux ans avant pour l'ESB a Ă©tĂ© Ă©tendu Ă  la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Si les premiers cas d'ESB ont Ă©tĂ© notifiĂ©s officiellement en 1988 par le Royaume-Uni, les premiĂšres rumeurs datent de 1986. Quant Ă  la transmission de l'ESB Ă  l'homme, elle n'a d'abord Ă©tĂ© qu'une hypothĂšse parmi d'autres, compte tenu de la barriĂšre d'espĂšce ». En fait, la crise que nous connaissons actuellement a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©e le 20 mars dernier, lorsque les ministres de la SantĂ© et de l'Agriculture du Royaume-Uni ont annoncĂ© la parution, trois semaines plus tard, de l'article du Lancet » rapprochant l'ESB des nouvelles formes de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Selon mon homologue britannique, si l'information ne nous a pas Ă©tĂ© transmise plus tĂŽt, c'est simplement parce que le Gouvernement britannique a l'obligation d'informer en premier lieu le Parlement. Ceci explique sans doute beaucoup de choses. On peut toutefois se demander pourquoi les experts britanniques, qui ne sont pas soumis aux mĂȘmes rĂšgles, ont quittĂ© au mĂȘme moment le colloque sur les maladies Ă  prions qui se tenait au Val-de-GrĂące. Quant Ă  l'article en question, il montrait seulement que nulle part ailleurs qu'en Angleterre, pays oĂč l'ESB avait une telle importance, ne s'Ă©taient manifestĂ©s de tels cas de nouvelles formes de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, ce qui autorisait le rapprochement. En ce qui concerne les importations de farines britanniques autorisĂ©es par dĂ©rogation, elles ont Ă©tĂ© de 4 800 tonnes de 1989 au dĂ©but de 1990 ces autorisations Ă©taient fondĂ©es sur des demandes et concernaient uniquement l'alimentation des porcs et des volailles. Quant aux importations globales du Royaume-Uni, elles ont Ă©tĂ© de 9 510 tonnes en 1986, de 8 375 tonnes en 1987, de 10 280 tonnes en 1988, de 16 031 tonnes en 1989, de 1 801 tonnes en 1990, nulles en 1991 et 1992, de 612 tonnes en 1993, de 4327 tonnes en 1994 et de 4 094 tonnes en 1995. Nos autres fournisseurs sont essentiellement la Belgique... M. Pierre FORGUES Qui fabrique des farines ? M. Philippe GUÉRIN En effet, mais aussi qui en assure le nĂ©goce. A ce propos, Ă  la suite des 22 cas d'ESB, nous avons menĂ© des enquĂȘtes trĂšs approfondies qui nous ont rĂ©vĂ©lĂ© l'utilisation de 730 aliments diffĂ©rents, d'origines diverses. Il est Ă  noter que nous exportons plus de farines de viande que nous n'en importons. Mme le PrĂ©sident La mission souhaite que vous lui fournissiez tous ces chiffres. M. Philippe GUÉRIN Bien Ă©videmment. En ce qui concerne les nouveaux produits destinĂ©s Ă  l'alimentation animale, leur Ă©laboration est soumise Ă  des directives europĂ©ennes trĂšs strictes, la derniĂšre imposant le procĂ©dĂ© censĂ© inactiver les prions de l'ESB et de la tremblante. Les Ă©tablissements sont soumis Ă  agrĂ©ment et nous leur imposons des auto-contrĂŽles. L'Ă©tiquetage est plus difficile dans la mesure oĂč les formules de fabrication varient sans cesse en fonction des cours des matiĂšres premiĂšres. Une directive est toutefois en cours de transposition en droit français. Notons Ă  ce propos que cette crise aura au moins eu le mĂ©rite de nous conduire Ă  amĂ©liorer l'information du consommateur et la traçabilitĂ© de la viande. DĂ©sormais, tous les Ă©changes de produits d'origine animale doivent ĂȘtre accompagnĂ©s d'un certificat signĂ© par un vĂ©tĂ©rinaire officiel. Bien Ă©videmment tout dĂ©pend de la confiance que nous plaçons dans les contrĂŽles effectuĂ©s par nos homologues. En ce qui concerne les dĂ©clarations effectuĂ©es par les autres pays, il est difficile d'avoir des certitudes. Mais en utilisant toutes les sources d'information disponibles, notamment Internet, on peut avoir quelques doutes. Ainsi, les publications scientifiques nous prouvent que le cheptel amĂ©ricain est affectĂ© par d'autres maladies neuro-dĂ©gĂ©nĂ©ratives que l'ESB, l'encĂ©phalopathie spongiforme frappant toutefois les bisons et les cervidĂ©s. Quant au systĂšme d'Ă©pidĂ©mio-surveillance, son efficacitĂ© reste Ă  dĂ©montrer, puisqu'une analyse d'encĂ©phale aprĂšs abattage n'a Ă©tĂ© pratiquĂ©e que sur 2 000 Ă  2 500 bovins sur 100 millions. M. Bernard VALLAT Le plan amĂ©ricain de surveillance de l'ESB n'aurait permis de dĂ©couvrir aucun cas en Grande-Bretagne exclamations. M. Philippe GUÉRIN Nous avons aussi des doutes pour certains pays d'AmĂ©rique latine et pour certains de nos partenaires de l'Union europĂ©enne. M. Marc LAFFINEUR Donnez des noms. M. Philippe GUÉRIN Je pense surtout Ă  l'Espagne et aux Pays-Bas. La Commission a-t-elle fait de la rĂ©tention d'information ? Au vu du compte rendu de notre reprĂ©sentant au ComitĂ© vĂ©tĂ©rinaire permanent le jour oĂč un fonctionnaire europĂ©en a suggĂ©rĂ© la dĂ©sinformation de l'opinion », je ne le pense pas. Cela dit, en raison des implications Ă©conomiques de la maladie, il ne me semble pas anormal que l'on ait pesĂ© le pour et le contre avant de divulguer les informations. Pourquoi les prix Ă  la consommation n'ont-ils pas suivi la baisse des prix Ă  la production ? Cela tient d'abord aux habitudes de nos consommateurs qui privilĂ©gient les arriĂšres et se dĂ©tournent traditionnellement des avants. La crise ayant rendu l'exportation de ces derniers presque impossible, les prix ont dĂ» ĂȘtre maintenus par des opĂ©rateurs qui travaillaient dĂ©jĂ  avec une marge trĂšs faible. ChargĂ© de favoriser l'amĂ©lioration des relations entre la grande distribution et l'ensemble de la production, je suis conscient que beaucoup reste Ă  faire en ce qui concerne la logistique. Quant Ă  la qualitĂ©, je me rĂ©jouis du changement de comportement d'un grand distributeur comme Carrefour, qui a signĂ© avec les Ă©leveurs une charte de certification celle-ci leur garantit un supplĂ©ment de prix et permet Ă  la marque de vendre plus cher. En Grande-Bretagne, les opĂ©rations massives de destockage ont portĂ© leurs fruits, les consommateurs remplissant leurs rĂ©frigĂ©rateurs de viande congelĂ©e. Mais ces viandes d'intervention sont surtout constituĂ©es de quartiers avants qui, je le rĂ©pĂšte, n'intĂ©ressent guĂšre le consommateur français. Le consommateur connaĂźt mal les morceaux. Il faut amĂ©liorer son information et faire un effort sur la maturation et la traçabilitĂ© des viandes. Mais il faudra de toute façon plusieurs annĂ©es avant que la confiance revienne. En ce qui concerne l'Ă©quarrissage, la situation est trĂšs difficile, nous ne savons pas ce qui va se passer aprĂšs le 15 septembre. Du moins, le nombre d'accords dans les dĂ©partements est en augmentation, ce qui est une indication favorable. On peut espĂ©rer que le bon sens l'emportera et que chacun prendra ses responsabilitĂ©s, y compris financiĂšres. Pour ce qui est de la transmission Ă  l'homme, j'ai dĂ©jĂ  rĂ©pondu et, pour les farines chauffĂ©es, j'ai mentionnĂ© l'Ă©valuation des procĂ©dĂ©s. Sans mettre toujours en cause les mĂ©dias, lĂ  aussi il y a eu amalgame. Le traitement des farines ne se limite pas au degrĂ© de chauffe. En l'absence de test permettant de dĂ©terminer la prĂ©sence de prions, on se fonde sur la persistance ou non de bactĂ©ries rĂ©sistant Ă  la chaleur. Sinon, il faudrait procĂ©der Ă  des injections sur des souris, puis attendre deux ans... S'agissant de la consommation de viande bovine, elle diminuait rĂ©guliĂšrement depuis un certain temps en raison de diffĂ©rents facteurs et notamment des comportements sociaux. Il y a eu quand mĂȘme une certaine remontĂ©e en 1995 qui s'est faite cette fois non par substitution des viandes de porc ou de la volaille, mais au bĂ©nĂ©fice de l'agneau. Comme je l'ai dit, il faudra du temps pour retrouver la confiance et la filiĂšre l'a bien compris. En ce qui concerne la traçabilitĂ©, des progrĂšs considĂ©rables s'accomplissent. De ce point de vue, la crise a eu des effets positifs dans cette filiĂšre qui comprend beaucoup d'opĂ©rateurs, il Ă©tait difficile de faire l'unanimitĂ© et il y avait quelques blocages en ce qui concerne les dĂ©marches de normalisation et de certification. Avec la crise, l'ensemble des acteurs ont compris qu'il fallait coopĂ©rer. Il faut espĂ©rer aussi que dans les prochaines semaines, la Commission de Bruxelles publiera quelque chose dans ce domaine. On pourra alors accorder des garanties officielles de qualitĂ© comme Carrefour l'a fait pour la filiĂšre normande. On a dit que la certification Ă©tait coĂ»teuse ; mais l'exemple de Carrefour montre que le coĂ»t par kilo de viande est faible eu Ă©gard au bĂ©nĂ©fice. Il y a eu Ă©galement des amĂ©liorations en ce qui concerne la normalisation. La traçabilitĂ© est dĂ©sormais meilleure en abattoir, il faudra complĂ©ter cela au niveau de la dĂ©coupe. LĂ  aussi, une dĂ©marche interprofessionnelle est en cours. M. Patrick HOGUET Je souhaite que vous nous fournissiez un document retraçant l'historique du dossier depuis 1988. Il apparaĂźt qu'au plan national, des dispositions ont Ă©tĂ© prises pour renforcer le contrĂŽle sanitaire du cheptel mais qu'en raison de diffĂ©rences de structures ou de culture, il est difficile d'obtenir les mĂȘmes assurances de certains partenaires europĂ©ens chez lesquels les contrĂŽles laissent Ă  dĂ©sirer. Vous allez prĂ©senter un projet de loi sur la sĂ©curitĂ© sanitaire. Agira-t-on parallĂšlement auprĂšs de la Commission pour obtenir une harmonisation avec ce que nous souhaitons instaurer ou le dĂ©calage avec nos partenaires risque-t-il de s'accroĂźtre ? D'autre part, y aura-t-il des initiatives bilatĂ©rales, par exemple avec l'Allemagne en ce qui concerne les produits provenant de l'Est europĂ©en, pour tenir compte de cette nouvelle situation ? M. Yves VAN HAECKE Toujours sur le plan communautaire, quelle est l'harmonisation actuelle et que devrait-elle ĂȘtre en ce qui concerne la surveillance de l'Ă©pizootie et la communication ? Pour la traçabilitĂ©, ce qui existe est insuffisant ; que peut-on faire ? Dans quelle mesure aussi la Commission europĂ©enne peut-elle soulever le problĂšme des corps de contrĂŽle ? Cela est essentiel avant toute perspective de rĂ©forme de l'OCM ou l'intervention d'autres mesures comme l'Ă©tiquetage. Notre rapporteur a brocardĂ© le fait que le ministĂšre de l'agriculture soit chargĂ© des contrĂŽles alimentaires. Mais serait-ce mieux si le ministĂšre des Finances en Ă©tait seul chargĂ© ? Ne peut-on imaginer une autre solution, par exemple un corps de contrĂŽle dĂ©pendant du Premier ministre ? De toute façon M. GuĂ©rin a eu raison de dĂ©fendre les services vĂ©tĂ©rinaires. Pour l'avenir de la filiĂšre, il serait intĂ©ressant de savoir ce que la direction gĂ©nĂ©rale de l'alimentation pense de l'Ă©tiquetage. Les industriels ne sont pas favorables au marquage, mais la direction doit s'occuper de la qualitĂ© non seulement sanitaire mais aussi gustative. En quoi consistera l'Ă©tiquetage obligatoire ? Peut-on espĂ©rer qu'il indiquera le pays d'origine ? M. Dominique BOUSQUET En tant que vĂ©tĂ©rinaire, je tiens d'abord Ă  souligner que l'Ă©tat sanitaire du bĂ©tail s'est considĂ©rablement amĂ©liorĂ© depuis quelques annĂ©es avec les abattages d'animaux atteints de brucellose, de leucose ou mĂȘme de tuberculose. De plus, personne en France n'aurait osĂ© cacher un cas d'ESB en raison des risques de rage pour l'Ă©leveur et le vĂ©tĂ©rinaire. Par ailleurs, diffĂ©rentes espĂšces animales dĂ©veloppent actuellement de nouvelles maladies Ă  virus. Quel rĂ©seau Ă©pidĂ©miologique va-t-on mettre en oeuvre et oĂč en est la recherche ? Mme le PrĂ©sident M. Van Haecke ayant dĂ» nous quitter, je vous suggĂšre de lui transmettre une rĂ©ponse par Ă©crit. M. Philippe GUÉRIN D'accord. Par ailleurs, je vous remettrai bien entendu un historique reprenant les dĂ©cisions et l'Ă©volution des connaissances scientifiques. L'harmonisation europĂ©enne est effectivement un problĂšme de fond. Il s'agit d'harmoniser la rĂ©glementation et la lĂ©gislation communautaire mais aussi l'application effective de ces mesures. Nous avions dĂ©jĂ  demandĂ© auparavant que l'harmonisation soit renforcĂ©e afin que les systĂšmes de contrĂŽle travaillent dans la mĂȘme optique. C'est notamment tout le problĂšme de la certification des Ă©levages. Les services sont trĂšs diffĂ©rents d'un pays Ă  l'autre. On peut penser que ce qui s'est passĂ© en Grande-Bretagne tient Ă  l'affaiblissement des services de contrĂŽle et Ă  la dĂ©rĂ©glementation. Aux Pays-Bas, il y a Ă©galement une Ă©volution vers la privatisation des services de contrĂŽle vĂ©tĂ©rinaire. A Bruxelles en tout cas, en raison de problĂšmes culturels, il est difficile d'aboutir Ă  une mise en oeuvre cohĂ©rente des mesures. Il y a un rĂ©el dysfonctionnement dans le systĂšme communautaire de surveillance aux frontiĂšres, notamment dans le domaine sanitaire. Il est prĂ©vu un contrĂŽle des documents et un contrĂŽle de salubritĂ©. Celui-ci n'est pas toujours effectuĂ© au point d'entrĂ©e, mais sur le lieu de destination. Le systĂšme ne peut fonctionner que s'il y a une rĂ©elle ciculation de l'information entre les pays. Aujourd'hui ce n'est pas le cas. La Commission europĂ©enne veut mettre en place un rĂ©seau informatisĂ© mais nous n'avons toujours rien vu venir. Sur le plan bilatĂ©ral, nous dĂ©veloppons beaucoup les accords afin que les services travaillent mieux ensemble grĂące Ă  des Ă©changes rĂ©guliers d'informations et Ă  la formation continue. Les stages de coopĂ©ration administrative se multiplient Ă©galement, en particulier avec l'Allemagne. Mais tout cela n'est certainement pas suffisant, d'autant que, dans ce domaine, des compromis sont souvent nĂ©cessaires pour que chacun y trouve son compte. M. Bousquet a raison de rappeler que l'Ă©tat sanitaire de notre cheptel est sans doute le meilleur du monde. Pour autant, l'effort ne doit pas ĂȘtre relĂąchĂ© car nous souffrons de la transparence que nous nous imposons et nos concurrents exploitent la moindre faille. Il nous faut en particulier Ă©radiquer la tuberculose, mais surtout la brucellose ; nous y consacrons des moyens importants. Enfin, s'agissant des nouvelles maladies, dĂšs mon entrĂ©e en fonction, j'ai demandĂ© au CNEVA de faire une sorte d'exercice d'anticipation sur tous les risques possibles afin d'Ă©viter d'ĂȘtre pris de court. MĂȘme si les chercheurs ne sont jamais satisfaits, des moyens ont Ă©tĂ© dĂ©gagĂ©s et un rĂ©seau mis en place. Mme le PrĂ©sident Je vous remercie, monsieur le directeur gĂ©nĂ©ral. M. Philippe GUÉRIN Je reste Ă  votre disposition pour vous fournir toute la documentation que vous souhaiterez. Audition de M. Thierry BARON, chef de l'unitĂ© virologie agent transmissible non conventionnel ATNC au Centre national d'Ă©tudes vĂ©tĂ©rinaires et alimentaires CNEVA extrait du procĂšs-verbal de la deuxiĂšme sĂ©ance du 11 septembre 1996 PrĂ©sidence de Mme Evelyne GUILHEM, PrĂ©sident M. Thierry BARON Avant d'exposer les activitĂ©s du laboratoire du CNEVA de Lyon, je rappelle quelques notions fondamentales relatives aux maladies Ă  prions. Leur incubation est trĂšs longue chez l'homme, alors qu'on ne dispose pas du moyen de dĂ©tection de cette infection du vivant de l'animal au cours de la pĂ©riode d'incubation, et que le diagnostic de ces maladies ne peut pratiquement ĂȘtre rĂ©alisĂ© qu'Ă  partir d'un prĂ©lĂšvement sur le cerveau de l'individu malade. La dĂ©tection de l'agent infectieux nĂ©cessite toujours une transmission expĂ©rimentale de la maladie Ă  l'animal, le plus souvent la souris. Ces procĂ©dures d'expĂ©rimentation sont donc particuliĂšrement lourdes, puisqu'elles reposent sur l'expĂ©rimentation animale, lentes, compte tenu de la durĂ©e d'incubation -d'un an, voire deux ans chez la souris- et aussi alĂ©atoires, en raison de l'obstacle Ă©levĂ©, assez souvent, par la barriĂšre d'espĂšce. Pourtant, seules ces mĂ©thodes de transmission Ă  l'animal permettront d'apprĂ©hender les risques d'infection et de transmission de la maladie. L'ESB a Ă©tĂ© dĂ©couverte en 1986, et son origine alimentaire Ă©tablie en 1988. En 1989, suffisamment d'Ă©lĂ©ments Ă©taient rĂ©unis pour penser que l'ESB pouvait exister en France. En 1990, un systĂšme d'Ă©pidĂ©mio-surveillance de cette maladie a Ă©tĂ© mis en place, dont le laboratoire de Lyon du CNEVA est devenu l'animateur. En 1991, le laboratoire a recrutĂ© un scientifique, moi-mĂȘme en l'occurrence ; en 1992 a Ă©tĂ© créée une unitĂ© de virologie, dont j'ai la responsabilitĂ© depuis octobre 1993, qui a pour mission, outre la virologie bovine, de s'intĂ©resser aux encĂ©phalopathies spongiformes. En 1990, donc, la surveillance commence, et un premier cas d'ESB est recensĂ© en fĂ©vrier 1991. Il existe 22 cas aujourd'hui recensĂ©s sur le territoire national. La surveillance s'exerce dans le cadre d'un rĂ©seau bien formalisĂ©, tant du point de vue de l'organisation, avec les directions des services vĂ©tĂ©rinaires, le laboratoire de Lyon et la direction gĂ©nĂ©rale de l'alimentation, que du point de vue de la mĂ©thodologie, qu'il s'agisse de l'acheminement des prĂ©lĂšvements adĂ©quats et des mĂ©thodes de diagnostic utilisĂ©es. Les perspectives sont analogues s'agissant de la surveillance de la tremblante des petits ruminants grĂące Ă  une convention passĂ©e avec le ministĂšre de l'agriculture, de juillet Ă  dĂ©cembre 1996. La constitution de banques de matĂ©riels biologiques a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e selon les rĂšgles en vigueur ; elle permet la collecte de prĂ©lĂšvements dans ces rĂ©seaux pour faire les diagnostics, les travaux de recherche et leur validation. La rĂ©glementation existante n'est pas sans influence sur les rĂ©sultats que l'on peut attendre de ces prĂ©lĂšvements. Ainsi les prĂ©lĂšvements servant Ă  l'Ă©tude de l'ESB sont conservĂ©s dans du formol, ce qui limite certaines possibilitĂ©s pour l'Ă©valuation des mĂ©thodes diagnostiques. D'autres types de prĂ©lĂšvements sont envisagĂ©s, mais cela suppose une modification des protocoles rĂ©glementaires pour disposer d'autres techniques de diagnostic. Le CNEVA pratique aussi la surveillance d'un troupeau dans lequel un animal malade a Ă©tĂ© identifiĂ©. De mĂȘme, pour Ă©tudier la tremblante, le CNEVA a pu, par convention avec le ministĂšre de l'agriculture, acquĂ©rir des troupeaux de moutons atteints par la maladie et disposer ainsi d'un matĂ©riel biologique. Quel est l'Ă©tat de la recherche, quelles sont les perspectives ? Actuellement, les mĂ©thodologies diagnostiques sont Ă©laborĂ©es sur la base de mĂ©thodes histologiques -c'est-Ă -dire l'examen du cerveau-, calquĂ©es sur celles prĂ©conisĂ©es par les scientifiques britanniques. Le secteur d'activitĂ© concernĂ© du laboratoire est dĂ©sormais accrĂ©ditĂ© pour cette technique. Depuis 1992, nous cherchons Ă  dĂ©velopper des mĂ©thodes immunologiques, liĂ©es Ă  la dĂ©couverte de la molĂ©cule protĂ©ine prion en 1982. Ce travail a consistĂ© Ă  prĂ©parer les rĂ©actifs immunologiques pour cette dĂ©tection, Ă  assurer la mise au point des techniques de purification de l'agent infectieux et de son identification. Ces techniques sont dĂšs Ă  prĂ©sent disponibles et peuvent ĂȘtre validĂ©es dans leur application dans le cadre des systĂšmes de surveillance notamment de l'ESB et du mouton. Il nous faut maintenant envisager la mise au point de nouveaux tests, dont on parle tant. Dans notre laboratoire, ces travaux sur les mĂ©thodes diagnostiques ont Ă©tĂ© rendus possibles par le recrutement d'un scientifique, titularisĂ© en 1995, et par le dĂ©veloppement de collaborations rĂ©gionales. Le lancement de recherches sur de nouvelles techniques de dĂ©tection de l'agent infectieux a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© Ă  l'automne 1994. Nous avons ainsi proposĂ© de nous consacrer aux systĂšmes de production de protĂ©ines prions in vitro, c'est-Ă -dire dans des bactĂ©ries ou des cellules de mammifĂšres. Il s'agit d'essayer de fabriquer de nouveaux systĂšmes de nature Ă  complĂ©ter les techniques d'expĂ©rimentation animale sur lesquelles repose la dĂ©tection de l'agent infectieux. Il s'agit aussi d'Ă©laborer pour la communautĂ© scientifique des outils destinĂ©s Ă  des recherches appliquĂ©es, comme la production de rĂ©actifs immunologiques, ou Ă  des Ă©tudes plus fondamentales, comme celles consacrĂ©es Ă  la structure de la protĂ©ine ou aux trafics intracellulaires. Pour cela, nous avons fait appel au scientifique que nous avions recrutĂ© en juin 1995 et Ă  la collaboration avec des laboratoires de la rĂ©gion, notamment pour la production des rĂ©actifs immunologiques de dĂ©tection et la fabrication de ces systĂšmes d'expression. Au dĂ©but de 1996, en collaboration avec l'École nationale supĂ©rieure de Lyon, nous avons proposĂ© de nouvelles orientations de recherche, Ă  savoir la production de souris transgĂ©niques exprimant la protĂ©ine ovine, dans le mĂȘme but de dĂ©tection et d'identification de l'agent infectieux responsable de la tremblante des petits ruminants. Ce projet pourra ĂȘtre mis en place si des moyens, en particulier humains, sont prĂ©vus Ă  cette fin. Nos travaux portent Ă©galement, en effet, sur la caractĂ©risation des agents infectieux responsables de la maladie des petits ruminants, ce qui suppose de transmettre la maladie Ă  des souris. Il s'agit de vĂ©rifier, ou non, si les cas d'ESB dĂ©tectĂ©s en France proviennent de la mĂȘme souche que ceux constatĂ©s en Grande-Bretagne afin de dĂ©terminer s'ils ont une origine alimentaire commune, ou s'il existerait chez nous, plus anciennement, une maladie bovine sporadique, mĂ©connue jusqu'Ă  l'apparition de l'Ă©pidĂ©mie britannique. Il s'agit aussi de comparer l'ESB Ă  la tremblante du mouton, car il n'est pas possible d'affirmer aujourd'hui avec des arguments scientifiques dĂ©cisifs que la maladie bovine provient du mouton. Enfin, il est nĂ©cessaire de comparer les rĂ©sultats de la maladie bovine avec ceux de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, sous ses diffĂ©rentes variantes suspectĂ©es d'ĂȘtre liĂ©es Ă  la maladie bovine. Tous ces travaux requiĂšrent de grandes prĂ©cautions matĂ©rielles -compte tenu du fait que l'on manipule un agent infectieux potentiellement transmissible Ă  l'homme- et des moyens humains importants. Or, ces moyens, seule la Grande-Bretagne en dispose actuellement, ce qui nous rend tributaires des rĂ©sultats observĂ©s par les scientifiques britanniques. Cette situation explique qu'Ă  l'heure actuelle, un grand nombre de questions demeurent non rĂ©solues. On peut en citer quelques unes. Ainsi, la vĂ©rification expĂ©rimentale de la transmission alimentaire de la maladie aux ruminants par des farines animales et d'os n'a jamais Ă©tĂ© effectuĂ©e. Il en va de mĂȘme pour la validation de l'inactivation des agents infectieux dans les denrĂ©es alimentaires. Les caractĂ©ristiques de la maladie du mouton -s'il venait Ă  ĂȘtre contaminĂ© par l'agent bovin, comme cela est possible par les farines de viande et d'os- restent Ă  dĂ©finir, en particulier en comparaison avec la tremblante naturelle du mouton, qui masquerait l'apparition d'une nouvelle Ă©pidĂ©mie chez les petits ruminants. Il conviendra donc de prĂ©ciser la clinique, les lĂ©sions, la distribution de l'infectiositĂ© et les risques de transmission de cette souche bovine transmise aux moutons, comme l'ont montrĂ© les rĂ©sultats prĂ©liminaires de l'Ă©tude britannique prĂ©sentĂ©e en juin dernier. Certaines des caractĂ©ristiques de la maladie bovine elle-mĂȘme soulĂšvent en effet deux questions quel est le statut infectieux des animaux d'un troupeau ayant ingĂ©rĂ© des farines de viande et d'os contaminĂ©es sans dĂ©velopper la maladie, sur lesquels nous n'avons aucune information prĂ©cise ? Qu'en est-il de la transmission de la vache au veau, rĂ©alitĂ© constatĂ©e depuis aoĂ»t dernier et dont on ignore les mĂ©canismes possibles ? Toute cette action repose sur des structures Ă  la fois mĂ©dicales et vĂ©tĂ©rinaires. Pour la rĂ©gion RhĂŽne-Alpes, le CNEVA de Lyon pour les maladies animales est bien reprĂ©sentĂ© ; l'hĂŽpital neurologique suit les maladies humaines. Cela permet de constituer des banques de matĂ©riel biologique. Le CNEVA pourra rĂ©habiliter en 1997 son laboratoire de virologie, qui permettra la manipulation de ce type d'agents infectieux. Il n'existe pas Ă  l'heure actuelle d'animalerie permettant des travaux sur ces souches infectieuses et en particulier chez les grands animaux. Avec ses trois postes de scientifiques, le CNEVA propose donc de dĂ©velopper l'activitĂ© dans le domaine de l'Ă©pidĂ©mio-surveillance, de la caractĂ©risation des souches, afin de disposer en dehors de la Grande-Bretagne des compĂ©tences nĂ©cessaires ; il en va de mĂȘme de la mise au point de nouvelles techniques diagnostiques et de leur Ă©valuation dans le cadre des systĂšmes de surveillance, du dĂ©veloppement de nouveaux outils biologiques de dĂ©tection, qu'il s'agisse de mĂ©thodes in vivo ou in vitro, de l'Ă©valuation des risques alimentaires et des procĂ©dĂ©s d'inactivation. Depuis 1994, nous avons cherchĂ© Ă  mettre en place des collaborations rĂ©gionales avec les laboratoires de l'INSERM, le CNRS, l'ENS, le CEA, l'Institut Pasteur, qu'il s'agisse de l'expĂ©rimentation ou de la recherche fondamentale, en nous appuyant sur un pĂŽle mĂ©dical et sur un pĂŽle vĂ©tĂ©rinaire, afin de rapprocher tant la recherche fondamentale de la recherche appliquĂ©e que la mĂ©decine humaine de la mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire. François GUILLAUME Le CNEVA a jouĂ© un rĂŽle important dans l'Ă©radication de la tuberculose, de la brucellose, de la leucose, une certaine discipline des Ă©leveurs concourant Ă©galement Ă  la rĂ©alisation de cet objectif. Avait-on signalĂ© dans le passĂ© des cas sporadiques de la maladie de la vache folle ? Il me semble que c'est le cas, mais il est vrai que des confusions ont pu avoir lieu avec d'autres maladies telles que les tĂ©tanies d'Ă©levage dont les symptĂŽmes sont un peu comparables. OĂč en ĂȘtes-vous de la recherche de tests sur les animaux vivants qui permettrait une prophylaxie comparable Ă  celle grĂące Ă  laquelle les Ă©pizooties dont j'ai parlĂ© ont Ă©tĂ© Ă©liminĂ©es ? Quant aux abattages, leur nombre a Ă©tĂ© fixĂ© au niveau europĂ©en, les Britanniques ayant Ă©tĂ© contraints Ă  augmenter les leurs. Mais sur quels critĂšres peut-on aujourd'hui appuyer cette exigence d'abattre des animaux ? La mesure arrĂȘtĂ©e n'est-elle pas un leurre si l'on agit Ă  l'aveuglette, sans critĂšres scientifiques de sĂ©lection des animaux ? Enfin, si la concurrence entre laboratoires peut ĂȘtre stimulante, y a-t-il entre les Ă©quipes de chercheurs des coopĂ©rations susceptibles d'accĂ©lĂ©rer les recherches ? M. RenĂ© BEAUMONT Le CNEVA s'est-il auto-saisi du dossier de la vache folle ou a-t-il Ă©tĂ© saisi officiellement par le ministĂšre de la recherche ou celui de l'agriculture et dans ce cas, Ă  quelle date ? OĂč en est-on exactement de la recherche d'un test sur les animaux vivants en France et dans le reste du monde ? M. Jean DESANLIS Parmi les personnes atteintes de la maladie de Creutzfeldt-Jakob en Angleterre, il y a quatre Ă©leveurs qui avaient dans leurs troupeaux des bĂȘtes atteintes d'ESB. Si l'on peut penser qu'ils ont Ă©tĂ© contaminĂ©s en absorbant des aliments d'origine animale venant de l'extĂ©rieur, ne peut-on penser aussi qu'ils ont peut-ĂȘtre Ă©tĂ© contaminĂ©s directement par leurs animaux malades ? M. Thierry BARON Une publication de 1883-1884 fait Ă©tat d'un cas ressemblant Ă  la tremblante du mouton mais il faut resituer cette publication dans le contexte de l'Ă©poque. On n'avait aucune information sur la liste des pathologies, sur la nature transmissible de ces maladies. Ces informations doivent donc ĂȘtre accueillies avec prudence mais ces observations existent cependant. M. le Rapporteur Quel est le diagnostic diffĂ©rentiel sur l'ESB ? Y a-t-il des maladies autres avec lesquelles elle peut ĂȘtre confondue ? M. Thierry BARON M. Guillaume a citĂ© la tĂ©tanie ; l'ESB peut Ă©galement ĂȘtre confondue avec la listĂ©riose ou la rage. Il faut donc ĂȘtre prudent dans l'interprĂ©tation des publications dont nous disposons. Quant au diagnostic sur l'animal vivant, les choses sont plus faciles chez le mouton que chez les bovins. Chez le mouton en effet la distribution de l'infectiositĂ© et du prion est assez large car le prion est prĂ©sent dans les amygdales, les ganglions lymphatiques et la rate ; sa dĂ©tection est donc possible avant l'apparition des signes cliniques, sur un prĂ©lĂšvement rĂ©alisable du vivant de l'animal. Ces mĂ©thodes existent en France et peuvent ĂȘtre validĂ©es dans le cadre d'un systĂšme d'Ă©pidĂ©mio-surveillance. Ceci sera pris en compte dans la mise en place de la surveillance de la tremblante, puisqu'on demandera de tels prĂ©lĂšvements pour exploiter ce type de techniques. Pour les bovins en revanche, l'infectiositĂ© et la protĂ©ine-prion pathologiques n'ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©es que dans le systĂšme nerveux central, la rĂ©tine ou l'ilĂ©on dans la situation expĂ©rimentale. M. le Rapporteur Vous avez Ă©voquĂ© l'abattage de troupeaux en France. A-t-on fait des Ă©tudes anatomo-pathologiques du cerveau et des amygdales sur les bĂȘtes apparemment saines appartenant Ă  un troupeau dans lequel on aurait trouvĂ© un animal malade ? M. Thierry BARON Non. Le systĂšme de prĂ©lĂšvement fixĂ© par voie rĂ©glementaire ne permet de mettre dans le formol que des Ă©lĂ©ments prĂ©levĂ©s sur l'animal suspect, et non pas sur les autres animaux. Nous avons proposĂ© en juillet dernier Ă  la direction gĂ©nĂ©rale de l'alimentation d'autoriser la rĂ©cupĂ©ration d'autres Ă©lĂ©ments cerveau, sang pour rechercher des lĂ©sions, de l'infectiositĂ© et de la protĂ©ine-prion. M. le Rapporteur Ne vous semble-t-il pas aberrant que, dans un troupeau oĂč il y a un animal malade, on abatte tous les animaux sans vĂ©rifier si ceux qui n'avaient pas dĂ©clarĂ© la maladie prĂ©sentent des signes infracliniques ? M. Thierry BARON Quand le systĂšme de surveillance a Ă©tĂ© mis en place, certains animaux ont Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©s, mais ces travaux ont Ă©tĂ© abandonnĂ©s pour des raisons que j'ignore et ils n'ont Ă©tĂ© repris que tout rĂ©cemment. M. le Rapporteur Dans quels laboratoires ces travaux ont-ils Ă©tĂ© entrepris puis abandonnĂ©s ? Nous ne voulons pas mettre en cause, mais comprendre ! M. Thierry BARON Les animaux concernĂ©s sont les premiers cas identifiĂ©s au dĂ©but de 1991. François GUILLAUME Je partage l'indignation de notre rapporteur. Comment se fait-il que la direction des services vĂ©tĂ©rinaires des dĂ©partements oĂč du cheptel a Ă©tĂ© abattu systĂ©matiquement n'ait pas demandĂ© qu'on fasse des prĂ©lĂšvements pour voir si des animaux autres que l'animal malade Ă©taient atteints ? M. RenĂ© BEAUMONT Je souhaiterais une rĂ©ponse Ă  propos de la saisine du CNEVA. M. Thierry BARON J'en termine auparavant avec la question prĂ©cĂ©dente. Il y a eu un dĂ©calage entre l'apparition de la maladie et la mise au point des mĂ©thodes. Celle qui permet de juger de l'infectiositĂ© n'a Ă©tĂ© disponible au laboratoire de Lyon qu'en juin 1994. Jusque lĂ , on ne disposait que de l'histopathologie qui est malgrĂ© tout d'une efficacitĂ© limitĂ©e pour dĂ©tecter des lĂ©sions infracliniques. Quant Ă  la saisine du CNEVA, je ne peux vous rĂ©pondre, n'y ayant pris mes fonctions qu'en 1991. Le directeur qui m'a accueilli avait activement pris part en 1990 Ă  la mise en place de l'Ă©pidĂ©mio-surveillance. M. Francis GALIZI Est-ce que le CNEVA a tenu compte dans ses travaux de l'existence de deux logiques bien diffĂ©rentes, Ă  savoir la logique britannique selon laquelle si un animal est malade, il ne transmet pas pour autant la maladie aux autres bĂȘtes du troupeau et la logique française selon laquelle la maladie Ă©tant due Ă  la consommation de farine polluĂ©e, si un animal est malade, le troupeau tout entier a dĂ» ĂȘtre contaminĂ© ? Les chercheurs n'auraient-ils pas plutĂŽt d'entrĂ©e de jeu optĂ© pour la logique britannique ? Par ailleurs, Ă  quelle logique les chercheurs se sont-ils ralliĂ©s en Suisse ? M. Thierry BARON J'ai peu d'informations sur la Suisse. Il est clair, en effet, que s'opposent la logique britannique et la logique française, celle de l'individu malade et celle du troupeau malade. Et justement si l'on n'a pas fait de recherches en France sur les animaux apparemment sains, c'est parce qu'on est parti de l'idĂ©e que tout le troupeau Ă©tait contaminĂ©. M. le Rapporteur La contamination peut se faire de deux façons un animal malade peut transmettre une maladie contagieuse aux autres animaux du troupeau ou l'un des animaux du troupeau a pu ĂȘtre contaminĂ© parce qu'il a absorbĂ© une farine polluĂ©e. Mais on peut envisager le cas oĂč la maladie ne serait pas contagieuse ; vous n'avez pas parlĂ© des facteurs gĂ©nĂ©tiques Ă©ventuels. M. Thierry BARON C'est que jusqu'Ă  prĂ©sent, contrairement Ă  la situation du mouton ou de l'homme, on n'a jamais dĂ©tectĂ© de prĂ©disposition gĂ©nĂ©tique Ă  cette maladie, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en ait pas. M. François GUILLAUME En Grande-Bretagne, un troupeau sur deux a Ă©tĂ© touchĂ©. Si l'on doit abattre l'ensemble du troupeau dans lequel un animal a Ă©tĂ© atteint, c'est la moitiĂ© du cheptel britannique qu'il faut abattre ! Quelle logique va-t-on suivre pour donner toute garantie au consommateur ? Si aucune logique ne prĂ©vaut, il ne faut pas abattre ! M. Thierry BARON Si des animaux ont Ă©tĂ© contaminĂ©s par la consommation de farines de viande et d'os, la question se pose de maĂźtriser l'utilisation et le contrĂŽle de ces farines. La maladie peut-elle se transmettre en dehors de la consommation de farines ? Il faut Ă©valuer les risques de transmission de la vache au veau. M. RĂ©my AUCHEDÉ Y a-t-il des cas avĂ©rĂ©s d'ESB chez des animaux n'ayant pas consommĂ© de farines animales ? A-t-on pu constater des diffĂ©rences dans les souches des animaux selon qu'ils ont ou non consommĂ© ces farines ? A-t-on les moyens d'entretenir un troupeau de bovins auxquels l'on donnerait, aux fins d'Ă©tudes, des farines animales ? M. Thierry BARON Non, nous n'avons pas les moyens de procĂ©der Ă  de telles expĂ©riences. M. le Rapporteur Voulez-vous parler des moyens matĂ©riels ou des compĂ©tences humaines ? M. Thierry BARON Il serait nĂ©cessaire de recourir Ă  des techniques plus approfondies que par le passĂ© pour caractĂ©riser les souches, mais cela nĂ©cessite des compĂ©tences en neuropathologie que nous n'avons pas. Nous manquons souvent aussi d'informations prĂ©cises sur la consommation Ă©ventuelle de farines de viandes et d'os par les animaux, mais nous nous interrogeons sur certains cas pour lesquels nous n'avons pas pu Ă©tablir cette consommation ou qui sont intervenus dans des rĂ©gions peu atteintes ou encore chez des animaux nĂ©s aprĂšs la date d'interdiction, encore que l'on ne puisse garantir que celle-ci a bien Ă©tĂ© respectĂ©e. M. le Rapporteur Lorsque vous parlez de souches » de quoi parlez-vous exactement ? Ce terme peut-il s'appliquer au prion, qui est une protĂ©ine ? Peut-on faire un anti-corps anticonformationnel ? M. Thierry BARON Nous n'avons pas la certitude absolue, en l'Ă©tat actuel des connaissances, que le prion soit bien l'agent infectieux. Le dĂ©veloppement d'anticorps contre la protĂ©ine-prion est essentiel. Il permet de dĂ©tecter le marqueur d'infection et de l'utiliser dans les diffĂ©rentes techniques abordĂ©es. Cependant, la nature exacte de l'agent infectieux est inconnue et lorsque l'on parle de souches », il s'agit d'une caractĂ©risation biologique c'est-Ă -dire des caractĂ©ristiques de la maladie aprĂšs transmission expĂ©rimentale. Ce sont des prĂ©lĂšvements cĂ©rĂ©braux inoculĂ©s Ă  la souris dans lesquels on observe des dĂ©lais d'incubation et des caractĂ©ristiques lĂ©sionnelles et cliniques spĂ©cifiques d'une souche d'agent infectieux, de telle sorte que chez le mouton on a identifiĂ© une quinzaine Ă  une vingtaine de souches et une seule chez les bovins. M. le Rapporteur Voulez-vous dire que vous prĂ©levez un tissu cĂ©rĂ©bral d'animal malade pour l'inoculer Ă  une souris et rĂ©cupĂ©rer ensuite les cellules cĂ©rĂ©brales de ladite souris, qui peuvent ĂȘtre contaminĂ©es ? M. Thierry BARON On inocule le prĂ©lĂšvement cĂ©rĂ©bral du malade dans le cerveau de la souris. On a une souche de souris en France. Les Britanniques ont pu Ă©tablir quatre lignĂ©es de souris, caractĂ©risĂ©es par leur durĂ©e d'incubation en rĂ©ponse Ă  l'agent infectieux et par la distribution des lĂ©sions cĂ©rĂ©brales. M. le Rapporteur Donc, Ă  une mĂȘme souche correspond un mĂȘme animal malade ? M. Thierry BARON Oui. M. Jean-Yves LE DÉAUT Les Britanniques ont fait une expĂ©rience sur le mode de contamination des veaux, dont il ressort que le systĂšme nerveux central n'est toujours pas atteint au bout de vingt Ă  vingt-deux mois. Le rapport Dormont prĂ©conisait en 1992 de faire aussi ce type d'expĂ©rience. Comment se fait-il que quatre ans aprĂšs, nous n'en ayons toujours pas les moyens ? M. Thierry BARON Il est clair que nous avons quelques difficultĂ©s Ă  faire financer des expĂ©rimentations animales. Ainsi, les petits travaux que j'avais proposĂ©s et qui consistaient simplement Ă  inoculer une dizaine de tissus bovins Ă  des souris, n'ont pu ĂȘtre commencĂ©s que rĂ©cemment du fait des lenteurs de l'administration. M. Jean-Yves LE DÉAUT Si le systĂšme nerveux central n'est toujours pas contaminĂ© au bout de deux ans, a-t-on au moins les moyens de dĂ©tecter, Ă  ce stade, une forme protĂ©ique anormale ? Il serait intĂ©ressant de connaĂźtre le rĂ©sultat des tests pratiquĂ©s par les Britanniques. M. Thierry BARON Je n'en suis guĂšre mieux informĂ© que vous. L'incubation de la maladie chez les bovins dure gĂ©nĂ©ralement cinq ans et il n'y a pas de marqueur » avant deux ans et demi, soit la moitiĂ© de la durĂ©e d'incubation. Les Ă©tudes rĂ©alisĂ©es sur des moutons ont permis d'Ă©baucher le chemin suivi par la contamination, qui remonte du tube digestif vers le systĂšme nerveux central, oĂč elle se dĂ©veloppe de façon exponentielle dans la seconde moitiĂ© de la pĂ©riode d'incubation. M. le Rapporteur Vous avez parlĂ© d'Ă©pidĂ©mio-surveillance. Pensez-vous que tous les cas aient Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s ? Si non, quelle est votre estimation du taux de sous-dĂ©claration ? Par ailleurs, peut-on parler d'Ă©pidĂ©mie lorsque seuls vingt-deux cas ont Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©s ? M. Thierry BARON Sur ce dernier point non, bien sĂ»r. Quant Ă  la sous-dĂ©claration, je ne puis ni l'exclure, ni la quantifier. On est dans un systĂšme de volontariat, fondĂ© sur la dĂ©claration de l'Ă©leveur. M. le Rapporteur Il existe pourtant en Ă©pidĂ©miologie des techniques permettant d'Ă©valuer la marge d'erreur d'une estimation. Il est pour le moins curieux de faire de l'Ă©pidĂ©mio-surveillance en ne sachant pas si tous les cas ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s. M. Thierry BARON Je n'ai aucune compĂ©tence Ă©pidĂ©miologique pour vous rĂ©pondre. M. François GUILLAUME Je crois qu'en fait peu de cas Ă©chappent Ă  la surveillance vĂ©tĂ©rinaire. N'oublions pas que les Ă©leveurs, lorsqu'ils appellent le vĂ©tĂ©rinaire, ne savent pas Ă  quelle maladie ils ont affaire. Les vingt-deux cas rĂ©pertoriĂ©s constituent donc vraisemblablement l'essentiel des cas existants. M. le Rapporteur C'est prĂ©cisĂ©ment ce que j'aimerais que nous puissions dire avec une certaine force pour dĂ©montrer que l'on n'est pas dans une Ă©pidĂ©mie, encore que l'on puisse discuter de la durĂ©e d'incubation. Pour en revenir au prion, il y a trois possibilitĂ©s soit il est bien le coupable », soit il est complice » d'un autre cofacteur, soit il n'est que le tĂ©moin » d'un infection virale dont nous ne connaissons pas l'agent infectieux. Est-ce bien sur ces trois hypothĂšses que raisonnent les chercheurs ? M. Thierry BARON Oui. AprĂšs une pĂ©riode d'incrĂ©dulitĂ© en 1982 et dans les annĂ©es suivantes, les recherches menĂ©es depuis ont donnĂ© plus de poids Ă  l'hypothĂšse du prion, qui suscite cependant de vifs dĂ©bats au sein de la communautĂ© scientifique. M. RenĂ© BEAUMONT Pour avoir Ă©tĂ© vĂ©tĂ©rinaire de campagne pendant vingt ans, je considĂšre moi aussi que la non-dĂ©claration est, sans aucun doute, trĂšs limitĂ©e. GĂ©nĂ©ralement, les troubles ne sont pas identifiĂ©s lorsque le vĂ©tĂ©rinaire est appelĂ© et mĂȘme si le vĂ©tĂ©rinaire n'est pas appelĂ©, la simple venue du camion d'Ă©quarrissage dans une ferme suscite la curiositĂ© et l'inquiĂ©tude des voisins ; pour la peste porcine, on a pu Ă©tablir que les cas non dĂ©clarĂ©s reprĂ©sentaient moins de 10 % de l'ensemble. Pour l'ESB, il en va probablement de mĂȘme et le nombre total de cas ne doit guĂšre dĂ©passer les 25 pour 22 dĂ©clarĂ©s. Mme le PrĂ©sident Je vous remercie. Audition de M. Michel BARNIER, ministre dĂ©lĂ©guĂ© aux affaires europĂ©ennes extrait du procĂšs-verbal de la deuxiĂšme sĂ©ance du 10 septembre 1996 PrĂ©sidence de M. Jean-François Mattei, Rapporteur M. le Rapporteur Je vous souhaite la bienvenue au nom de Mme le PrĂ©sident, malheureusement retenue par ses obligations et dont je vous prie donc d'excuser l'absence. DĂšs le mois de juillet, consciente du rĂŽle jouĂ© par l'Union europĂ©enne dans la gestion de cette crise, la mission a souhaitĂ© vous entendre et l'annonce de la crĂ©ation d'une commission d'enquĂȘte par le Parlement europĂ©en ne rend cette audition que plus indispensable aujourd'hui . Nous Ă©couterons donc avec le plus grand intĂ©rĂȘt votre exposĂ©. M. Michel BARNIER Je suis trĂšs heureux de cette occasion que vous m'offrez d'exposer mon point de vue et de retrouver une maison que j'aime. Dans un domaine aussi vital pour le consommateur, l'action du Gouvernement a constamment obĂ©i Ă  deux principes -celui de la transparence et le principe de prĂ©caution- ainsi qu'Ă  une exigence protĂ©ger la santĂ© publique. Mon propos ne souffrira donc d'autres limites que celles qu'impose le caractĂšre de mes fonctions ministĂ©rielles le ministĂšre des affaires europĂ©ennes n'intervient que de façon transversale », en soutien des ministĂšres techniques, et, sur une telle affaire, il ne pouvait ĂȘtre en premiĂšre ligne. J'articulerai mon propos autour des deux axes suivants tout d'abord, mon expĂ©rience personnelle au cours de cette crise, autour des dĂ©cisions Ă  l'Ă©laboration desquelles j'ai participĂ© ; ensuite, le fonctionnement des institutions communautaires. Personnellement, j'ai participĂ© depuis mars 1996 Ă  deux rĂ©unions communautaires importantes dominĂ©es par la question de l'ESB le conclave » des ministres des affaires Ă©trangĂšres tenu le 17 juin Ă  Rome, oĂč je supplĂ©ais M. de Charette, puis, les 22 et 23 juin, le Conseil europĂ©en de Florence. Vous vous souvenez sans doute que la rĂ©union de Rome a eu lieu alors que nous Ă©tions alors en plein chantage britannique, le Royaume-Uni opposant son veto Ă  toute dĂ©cision communautaire. Les quatorze autres Etats membres ont fermement refusĂ© d'entrer dans ce jeu, s'agissant d'une question de santĂ© publique, et M. Rifkind a bien dĂ» comprendre que sa rĂ©ponse politique Ă  un problĂšme technique n'Ă©tait pas appropriĂ©e. Nous nous sommes de mĂȘme opposĂ©s Ă  sa demande d'autoriser les exportations de viande britannique vers les pays tiers - c'eĂ»t Ă©tĂ© ouvrir la porte Ă  des rĂ©exportations vers l'Union. C'est Ă  Rome aussi que le PrĂ©sident Santer a prĂ©sentĂ©, de façon informelle, un schĂ©ma de sortie de la crise », soumettant toute levĂ©e progressive de l'embargo Ă  l'approbation prĂ©alable d'experts scientifiques et vĂ©tĂ©rinaires, ainsi qu'Ă  l'application d'un plan complet d'Ă©radication de l'Ă©pidĂ©mie. Ce schĂ©ma a Ă©tĂ© approuvĂ© par les 14 ministres prĂ©sents. M. Santer a Ă©galement, ce jour, confirmĂ© que serait mis en place le comitĂ© scientifique pluridisciplinaire demandĂ© par la France dĂšs le 18 avril et par le Conseil de l'agriculture. Le Conseil europĂ©en de Florence, auquel a participĂ© le PrĂ©sident de la RĂ©publique, a marquĂ© une Ă©tape dĂ©terminante, quelques jours plus tard. C'est cette rĂ©union qui a mis fin Ă  la crise politique, sur des bases scientifiques et techniques, permettant ainsi aux conseils spĂ©cialisĂ©s -notamment celui de l'agriculture- de reprendre leurs travaux dans un climat plus serein. Le Conseil s'est mis d'accord sur le document soumis par la Commission, dĂ©crivant les conditions auxquelles l'embargo pourrait ĂȘtre assoupli - en vertu notamment de critĂšres sanitaires et scientifiques objectifs. Il a ainsi jouĂ© tout son rĂŽle en dĂ©nouant la crise institutionnelle sans pour autant s'Ă©riger en super-conseil de l'agriculture et en arrĂȘtant une mĂ©thodologie pour une levĂ©e de l'embargo qui ne pourrait ĂȘtre que progressive. Je crois pouvoir dire que nous avons eu lĂ  l'exemple d'un fonctionnement correct des institutions communautaires. A l'Ă©chelon national, je n'ai pour ma part pas eu Ă  participer aux dĂ©cisions concernant ce dossier de l'ESB mais j'ai suivi attentivement ce qui Ă©tait fait et, dans les rĂ©unions interministĂ©rielles, je n'ai jamais hĂ©sitĂ© Ă  recommander de faire passer les exigences du marchĂ© intĂ©rieur aprĂšs celles de la santĂ© publique et aprĂšs la protection du consommateur ainsi en a-t-il Ă©tĂ© en ce qui concerne les cosmĂ©tiques, pour la fabrication de farines animales ou lorsqu'il s'est agi d'exclure de la chaĂźne alimentaire certains tissus Ă  risque provenant de ruminants. La rĂ©glementation française est, dans ces domaines, plus stricte que la rĂ©glementation communautaire et nous essayons de convaincre Bruxelles de s'aligner sur nous. Par ailleurs, lorsque le Royaume-Uni a attaquĂ© devant la Cour de justice la dĂ©cision d'embargo prise par le Conseil, la France a agi en sorte que la Commission ne soit pas isolĂ©e et l'ensemble de nos partenaires l'ont appuyĂ©e lors de ce contentieux. J'en arrive maintenant Ă  la question qui fait l'objet du second point de mon exposĂ© les institutions communautaires ont-elles correctement fonctionnĂ© durant cette crise ? Jamais l'Union n'avait eu Ă  traiter d'un sujet de santĂ© publique aussi complexe. Or, depuis 1989, elle a pris Ă  mon sens les mesures qu'appelait l'Ă©tat des connaissances scientifiques, les adaptant ensuite rĂ©guliĂšrement. Vous avez fait allusion, monsieur le Rapporteur, Ă  la commission d'enquĂȘte formĂ©e par le Parlement europĂ©en je souhaiterais Ă  ce propos insister -dans la limite que m'autorisent mes fonctions- pour qu'on ne reporte pas sur les fonctionnaires, quel que soit leur rang, une responsabilitĂ© politique qui ne doit peser que sur les commissaires. Pour en venir au fond, en mars dernier, au lendemain de l'annonce par les Britanniques de nouvelles donnĂ©es scientifiques, la France a interdit l'importation de produits bovins britanniques, imitĂ©e en cela par une majoritĂ© des autres Etats membres. AprĂšs avoir recueilli l'avis des comitĂ©s scientifiques et vĂ©tĂ©rinaires compĂ©tents, la Commission a dĂ©cidĂ© de maintenir l'embargo, Ă  destination des Etats membres et des pays tiers, sur ces mĂȘmes produits -et, Ă  ce jour, cet embargo s'impose toujours. Lorsqu'on examine la chronologie des dĂ©cisions intervenues depuis le 27 mars dernier, il apparaĂźt que la France a jouĂ© un rĂŽle moteur dans la gestion de cette crise par la CommunautĂ©. C'est elle qui est Ă  l'origine de l'embargo dĂ©crĂ©tĂ© le 27 mars. C'est elle aussi qui a demandĂ© la tenue, du 1er au 3 avril, d'une rĂ©union extraordinaire des ministres de l'agriculture. En outre, le 18 juin, elle a obtenu la mise en place d'un comitĂ© scientifique pluridisciplinaire, destinĂ© Ă  Ă©clairer prĂ©alablement les dĂ©cisions de l'Union sur ce sujet particuliĂšrement complexe. En outre, la France cherche Ă  faire prĂ©valoir au sein des institutions communautaires une approche fondĂ©e sur le principe de prĂ©caution, qu'elle a mis en oeuvre sur le plan interne. Enfin, elle a toujours agi envers Bruxelles avec la plus grande transparence, communiquant Ă  l'Union tous les rapports de ses experts. Mais l'impulsion en faveur de la solidaritĂ© avec les Ă©leveurs est Ă©galement venue de France. A Florence, c'est sur l'insistance du PrĂ©sident de la RĂ©publique que le Conseil a portĂ© l'enveloppe consacrĂ©e Ă  ce soutien de 650 Ă  850 millions d'Ă©cus. Au conseil des ministres de l'agriculture qui se tiendra les 16 et 17 septembre prochains Ă  Bruxelles, M. Vasseur demandera d'augmenter la prime Ă  la vache allaitante, afin de faire face Ă  la crise des broutards ; s'y ajouteront si nĂ©cessaire des complĂ©ments nationaux. Au total, face Ă  une telle crise, doit-on considĂ©rer qu'il y a eu trop ou pas assez d'Europe ? Dans le dĂ©bat sur les origines de la crise, certains ont Ă©tĂ© tentĂ©s d'incriminer l'existence mĂȘme du marchĂ© unique et sa philosophie libĂ©rale. Ils ont en partie raison, du moins pour la pĂ©riode oĂč l'endĂ©mie est apparue au Royaume-Uni. Mais c'est bien Ă  une insuffisante harmonisation de normes sanitaires entre les Quinze, aux diffĂ©rences dans les pratiques d'Ă©tiquetage et de contrĂŽle, qu'est probablement dĂ» le dĂ©veloppement de la crise. Quand ces lacunes ont Ă©tĂ© constatĂ©es, la CommunautĂ© a rĂ©agi avec des mesures utiles, mais l'absence prĂ©alable d'un systĂšme unifiĂ© de contrĂŽles vĂ©tĂ©rinaires fut un handicap Ă©vident. La leçon que je retire de tout cela est donc qu'il n'y avait pas assez d'Europe. Cet exemple, dans toute sa gravitĂ©, illustre d'ailleurs les difficultĂ©s que soulĂšverait une application trop dogmatique du principe de subsidiaritĂ©. Nous aurons Ă  nous en souvenir dans les nĂ©gociations au sein de la confĂ©rence intergouvernementale. Car c'est bien au nom de ce principe que chaque pays avait mis en place la politique de contrĂŽle vĂ©tĂ©rinaire qu'il souhaitait. On mesure ainsi combien l'Europe a encore Ă  faire. Elle doit se doter d'un systĂšme d'Ă©pidĂ©mio-surveillance commun sur le modĂšle de celui existant en France qui, s'il n'est pas parfait, est actuellement le meilleur. L'Europe doit Ă©galement coordonner les recherches sur les liens entre l'ESB et la maladie de Creutzfeldt-Jakob. La crĂ©ation d'une agence vĂ©tĂ©rinaire europĂ©enne est elle aussi Ă  envisager. Enfin, l'Europe doit examiner les mesures Ă  prendre pour garantir l'avenir de la filiĂšre bovine. Sur ce point, la Commission de Bruxelles a prĂ©sentĂ© Ă  la fin juillet des modifications relatives Ă  l'OCM de la viande bovine. Certaines devront intervenir de toute urgence. C'est ainsi notamment qu'il faudra augmenter les plafonds d'achats publics Ă  l'intervention qui vont ĂȘtre trĂšs prochainement saturĂ©s. La crise a Ă©galement fait apparaĂźtre peut-ĂȘtre, pour la premiĂšre fois, une Europe des consommateurs. Les hommes politiques ont dĂ» tenir compte de cette affirmation. Je l'ai ressenti trĂšs nettement Ă  Rome et Ă  Florence. Et sur le terrain, j'ai entendu s'exprimer les rĂ©actions trĂšs vives des consommateurs. Les consommateurs attendent eux aussi que l'Europe intervienne par exemple sur l'Ă©tiquetage de la viande et des produits Ă  base de viande. La Commission devrait faire prochainement des propositions sur ce point, tout comme elle va proposer, comme le souhaite la France, des mesures propres Ă  encourager l'Ă©levage extensif qui correspond mieux aux attentes actuelles des consommateurs. Les leçons tirĂ©es de la crise permettront certainement d'accĂ©lĂ©rer la rĂ©forme de la PAC. DĂ©sormais, on ne peut plus raconter n'importe quoi aux gens. La nature se venge toujours, et le besoin de vĂ©ritĂ© comme d'authenticitĂ© est de plus en plus vivement ressenti. M. Patrick HOGUET Vous avez prĂ©cisĂ© le rĂŽle respectif, au sein de l'Union europĂ©enne, de la Commission et du Conseil, en indiquant ce qui a Ă©tĂ© fait depuis mars 1996. Pourriez-vous indiquer si, de 1988 Ă  1995, le Conseil a eu Ă  dĂ©libĂ©rer de la question de l'ESB ? S'agissant de la nĂ©cessaire harmonisation des rĂ©glementations et des pratiques de contrĂŽle vĂ©tĂ©rinaire, quelles initiatives comptez-vous prendre au niveau communautaire ? Les dispositions actuelles du traitĂ© suffisent-elles pour agir efficacement dans le domaine sanitaire ? La confĂ©rence intergouvernementale n'offre-t-elle pas l'occasion de prĂ©ciser le traitĂ© sur ce point ? M. Jean-Marie MORISSET Vous fondez votre action sur les principes de prĂ©caution et de transparence. Ne faudrait-il pas y ajouter le principe de cohĂ©rence ? Je pense notamment aux diffĂ©rences dans les pratiques d'abattage en France et en Grande-Bretagne lorsqu'un animal a Ă©tĂ© reconnu atteint d'ESB au sein d'un troupeau. De mĂȘme, les avis du comitĂ© scientifique europĂ©en seront-ils opposables Ă  ceux des instances nationales ? Par ailleurs, le dispositif adoptĂ© par la France s'est-il rĂ©vĂ©lĂ©, au bout de six mois, aussi efficace que l'on espĂ©rait, ou s'est-il rĂ©vĂ©lĂ© excessif ? Enfin, hier, quelqu'un nous a mis en garde contre le syndrome de l'oubli. Comment obtenir qu'en cas d'autres crises d'une telle gravitĂ©, les instances europĂ©ennes ne soient plus prises au dĂ©pourvu ? Pour finir, dans un document Ă©manant du Parlement europĂ©en, informant de la crĂ©ation d'une commission d'enquĂȘte, on peut lire le Parlement europĂ©en a fait preuve d'une grande vigilance, et a adoptĂ© nombre de rĂ©solutions.... Il dĂ©nonce la mauvaise volontĂ© apparente de certains services de la Commission ». Qu'en est-il de ce dernier point ? M. Alain Le VERN En Grande-Bretagne, le PrĂ©sident de la RĂ©publique s'est prononcĂ© pour la levĂ©e de l'embargo sur la gĂ©latine, le sperme et les tissus. Une semaine plus tard, en Allemagne, il se dĂ©clarait favorable Ă  cet embargo. Comment expliquer ce revirement ? La presse fait Ă©tat d'importations de farines en provenance de Grande-Bretagne depuis plusieurs annĂ©es en dĂ©pit des interdictions. Que pouvez-vous nous dire Ă  ce sujet ? Quant Ă  l'avenir, je partage les prĂ©occupations que vous avez exprimĂ©es, mais les mesures simples que vous avez indiquĂ©es tardent Ă  entrer en vigueur. Pourquoi, six mois aprĂšs, les dispositions relatives Ă  la circulation des viandes en Europe et Ă  leur identification ne sont-elles toujours pas appliquĂ©es ? Dans le domaine de la traçabilitĂ©, vous l'avez rappelĂ©, la France est trĂšs en avance, et le dispositif qu'elle a mis en place coĂ»te cher. De sorte que si les autres pays ne prennent pas des mesures identiques, nos producteurs en souffriront. Comment comptez-vous faire adopter par l'ensemble de nos partenaires europĂ©ens des procĂ©dures d'identification des animaux analogues aux nĂŽtres, afin que les consommateurs soient partout complĂštement informĂ©s et que la consommation puisse ainsi redĂ©marrer ? M. Francis GALIZI J'approuve ce que vous nous dĂźtes, monsieur le Ministre, mais ne serait-il pas temps de doter l'Europe d'un Ă©quivalent de la Food and drugs administration » amĂ©ricaine ? Comment jugez-vous l'action des Etats-Unis ? Ne font-ils pas payer aux membres de l'Union europĂ©enne leur refus d'importer des veaux aux hormones ? L'ESB touche quatorze pays dans le monde sur trois continents et sĂ©vit jusque dans les Malouines. Les chefs d'Etat du continent amĂ©ricain ont-ils pris conscience du problĂšme et sont-ils disposĂ©s Ă  nous aider ou ont-ils au contraire tendance Ă  utiliser cette crise pour rĂ©gler des comptes Ă  la suite de l'attitude que nous avons adoptĂ©e sur leurs veaux aux hormones ? M. Michel BARNIER Je transmettrai Ă  votre mission dans les jours qui viennent une chronologie des dĂ©cisions de l'Union. Je prĂ©cise Ă  ce propos que depuis le dĂ©but de cette affaire, tant les Etats membres que les institutions communautaires n'ont pu travailler que sur la base des donnĂ©es scientifiques dont ils disposaient et dont les dĂ©veloppements des derniĂšres semaines ont montrĂ© Ă  quel point elles pouvaient Ă©voluer. La Cour de justice a validĂ© l'embargo c'est-Ă -dire que le TraitĂ© offre, selon elle, une bonne base pour prendre une telle dĂ©cision. Dans ces conditions, et sans fermer la porte Ă  de nouvelles rĂ©glementations, je considĂšre que la question relĂšve davantage de la volontĂ© politique, comme l'ont montrĂ© les toutes derniĂšres dĂ©cisions de l'Union europĂ©enne. J'ajoute que le document de la Commission relatif Ă  la mĂ©thodologie Ă  suivre, que le Conseil europĂ©en a accueilli favorablement, est trĂšs strict en ce qui concerne les obligations qui s'imposent aux Etats membres. Comme M. Vasseur, je suis favorable Ă  une coordination des mĂ©thodes d'identification. Dans bien des pays, il n'y a pas de banques de donnĂ©es sur les animaux. Il faut partir sur de bonnes bases pour organiser la traçabilitĂ©. C'est bien ainsi qu'on rĂ©tablira la confiance du consommateur. Le citoyen a, en effet droit Ă  la sĂ©curitĂ© alimentaire. La cohĂ©rence est Ă  coup sĂ»r nĂ©cessaire, mĂȘme s'il est difficile d'y parvenir quand on est quinze et que les commissaires et les gouvernements changent. J'ai acquis Ă  Florence la certitude que les avis du comitĂ© scientifique pluridisciplinaire rĂ©cemment mis en place seraient respectĂ©s. Quel gouvernement, en effet, prendrait la responsabilitĂ© de faire prĂ©valoir ses avis sur ceux d'un comitĂ© national, aussi compĂ©tent soit-il ? Il n'est pas question que je m'engage dans une quelconque polĂ©mique avec le Parlement europĂ©en. Il a constituĂ© une commission d'enquĂȘte comme c'est son droit et nous serons attentifs Ă  ses travaux. Vous pourrez d'ailleurs vous aussi -je sais que vous le ferez prochainement- entendre des responsables de la Commission de Bruxelles. A cet Ă©gard, j'attire une nouvelle fois votre attention sur la nĂ©cessitĂ© de bien faire la part des choses entre la responsabilitĂ© des commissaires, qui est premiĂšre, et le rĂŽle des fonctionnaires, qui ne doivent pas ĂȘtre chargĂ©s injustement. Le PrĂ©sident de la RĂ©publique a souhaitĂ© Ă  Londres que l'embargo puisse ĂȘtre levĂ©. Tous les pays europĂ©ens le souhaitent, mais il faut voir sous quelles conditions cela peut se faire. M. Chirac a tenu Ă  Londres, en public et en privĂ©, un langage trĂšs clair. Sans doute Ă©tait-il le mieux placĂ© pour se montrer trĂšs exigeant vis-Ă -vis des Anglais et ce qu'il leur a dit a contribuĂ© Ă  faire Ă©voluer leur position au Conseil europĂ©en. Il a ainsi fait passer aux Anglais le message selon lequel tous les europĂ©ens devaient rester solidaires dans la crise, et que la solidaritĂ© financiĂšre qui jouerait en leur faveur ne pouvait rester sans contrepartie. A propos de l'agence amĂ©ricaine, vous avez entendu le secrĂ©taire d'Etat Ă  la santĂ© qui revenait d'un voyage aux Etats-Unis consacrĂ© Ă  l'Ă©tude de ce dispositif. M. Gaymard souhaite vivement que nous disposions d'un tel outil pour prĂ©venir les crises. Nous examinons donc l'expĂ©rience amĂ©ricaine et les enseignements qui pourraient ĂȘtre tirĂ©s. Un dĂ©bat est engagĂ© sur ce point au sein du Gouvernement. Mais aucune dĂ©cision n'a encore Ă©tĂ© prise, ni sur le plan national, ni sur le plan europĂ©en. Une concertation internationale est bien nĂ©cessaire. Il y a, me semble-t-il, longtemps que les AmĂ©ricains n'importent plus de viande britannique, non plus d'ailleurs que les Canadiens ni que Hong-Kong. La coordination pourrait se faire Ă  l'OMS, institution qui devra tirer les conclusions de cette crise. M. RĂ©my AUCHEDÉ La France a eu raison, dans cette crise, d'appliquer le principe de subsidiaritĂ© et de faire prĂ©valoir les impĂ©ratifs de santĂ© publique, notamment en dĂ©cidant l'embargo. Mais des produits de mĂȘme nature que ceux sur lesquels portait cet embargo ont continuĂ© Ă  circuler en Europe. Il y a donc bien un problĂšme de cohĂ©rence au sein de l'Union. Ainsi, l'arrĂȘtĂ© d'interdiction concernant les boyaux, dont je ne conteste pas le bien-fondĂ©, a pĂ©nalisĂ© les industriels français sans mettre fin Ă  l'utilisation de boyaux importĂ©s dans notre pays. Que comptez-vous faire pour arriver Ă  plus de cohĂ©rence ? M. le Rapporteur Ce cas particulier illustre bien, il est vrai, le dĂ©faut de cohĂ©rence Ă  l'Ă©chelon europĂ©en. On a interdit l'utilisation des intestins en confondant d'ailleurs gros intestins et intestins grĂȘles. Aussi ne peut-on plus fabriquer de salami mais on continue d'importer du salami fabriquĂ© avec des intestins venus d'ailleurs... M. Yves VAN HAECKE Pourriez-vous nous donner votre sentiment sur les effets de l'instauration du marchĂ© unique en 1993 et sur l'efficacitĂ© de la lĂ©gislation concernant les farines animales ? Je partage tout Ă  fait votre avis sur la nĂ©cessitĂ© d'harmoniser les lĂ©gislations de la CommunautĂ© afin d'assurer la traçabilitĂ©. Mais pourriez-vous nous dire Ă  quelle date des dĂ©cisions communautaires interviendront ? Enfin, pouvez-vous nous donner des indications sur la position qu'adoptera le gouvernement français au prochain conseil agriculture sur la proposition de la Commission du 30 juillet dernier ? M. Jean-Yves Le DÉAUT Je souhaiterais que vous fassiez le bilan des dĂ©cisions communautaires concernant l'importation de farines animales. En 1988, les Anglais se sont aperçu que la consommation de ces farines reprĂ©sentait un risque et ont dĂ©cidĂ© de ne plus les utiliser. En 1989, le gouvernement français a interdit l'importation de ces produits, sauf dĂ©rogation, par un avis aux importateurs, mais il apparaĂźt maintenant que les importations se sont poursuivies. Quant Ă  l'Allemagne et au Danemark, ils avaient interdit ces importations alimentaires. La rĂ©glementation française, a-t-on dit, est plus restrictive que la rĂ©glementation communautaire, qui semble bien floue. A quoi bon, si cette lĂ©gislation n'est pas appliquĂ©e ? Il faudrait que l'on puisse vĂ©rifier que les mesures arrĂȘtĂ©es sont bien appliquĂ©es. Nous comptons sur vous, enfin, pour faire avancer le systĂšme des labels, car certains de nos partenaires n'en souhaitent pas du tout la gĂ©nĂ©ralisation. M. Charles JOSSELIN Je voudrais savoir quelle position le Gouvernement dĂ©fendra prochainement Ă  Bruxelles sur la mise Ă  contribution des cĂ©rĂ©aliers. M. Michel BARNIER Je ne me choque nullement des propos de M. AuchedĂ© je conviens volontiers des insuffisances du marchĂ© unique et de la nĂ©cessitĂ© de les corriger. L'une des façons de le faire est d'harmoniser les contrĂŽles vĂ©tĂ©rinaires sur la base de la pratique française qui est la plus rigoureuse en la matiĂšre, ainsi que l'Ă©tiquetage des produits, y compris avec les futurs membres de l'Union europĂ©enne. Lorsque je me suis rendu dans les 12 Etats candidats Ă  l'adhĂ©sion, j'ai d'ailleurs abordĂ© cette question. Pour ce qui est des farines, je ne puis dire que ce que je sais par mon collĂšgue en charge des douanes, et vous renvoyer Ă  la mise au point faite cet aprĂšs-midi par la direction gĂ©nĂ©rale des douanes. Pour ce qui est de la chronologie des dĂ©cisions communautaires, je vous ferai parvenir -comme je l'ai dĂ©jĂ  indiquĂ©- un document le plus complet possible car je tiens Ă  faire preuve sur ce point de la plus grande transparence. Enfin, nous estimons que les propositions de la Commission pour l'OCM viande bovine » sont insuffisantes, et nous proposerons une aide complĂ©mentaire pour faire face Ă  la crise des broutards. Sur la question des cĂ©rĂ©aliers, le Gouvernement français s'exprimera par la voix de M. Vasseur, dans le sens que celui-ci avait indiquĂ© devant vous. M. le Rapporteur Je vous remercie. ____________ N° 3291 10Ăšme lĂ©gislature.- Rapport d'information de M. Jean-François Mattei, au nom de la mission d'information commune sur l'ensemble des problĂšmes posĂ©s par le dĂ©veloppement de l'Ă©pidemie d'encĂ©phalopathie spongiforme bovine auditions, volume 2. © AssemblĂ©e nationale
LecomitĂ© rĂ©gional des Pays de la Loire s’est constituĂ© avant la strate nationale en 1977. Sa structuration rĂ©sulte de la volontĂ© de 4 familles professionnelles de mettre en place un lieu Tous les marchĂ©s publics et leurs DCE pour 89€/mois21108 appels d'offres, dont 3635 publiĂ©s depuis 7 joursDCE garantis - alertes illimitĂ©es - MarchĂ©s < 90K inclusAppels d'offres similairesElagage, abattage et dessouchage d'arbres sur le territoire communalCLIENTMairie d'ArcachonREGIONCLÔTURE12/09/2022taille, Abattage, Dessouchage et Rognage d'arbres sur la Commune d'arlesCLIENTville d'arlesREGIONProvence-Alpes-CĂŽte d'AzurCLÔTURE28/09/2022Prestation d'Ă©lagage et abattage des arbres pour la commune de FloiracCLIENTMairie de FloiracREGIONNouvelle-AquitaineCLÔTURE16/09/2022prestations d'entretien d'espaces verts, d'Ă©lagage et d'abattage au profit des Gsbdd CFD et LVVCLIENTminarm/ema/sca/pfaf-ce/bapREGIONAuvergne-RhĂŽne-AlpesCLÔTURE12/09/2022Elagage, abattage d'arbres du patrimoine communal et intercommunal sur le territoire de l'agglomĂ©ration Roissy Pays de FranceCLIENTCOMMUNAUTÉ D'AGGLOMÉRATION ROISSY PAYS DE FRANCEREGIONÎle-de-FranceCLÔTURE20/09/2022elagage, abattage d'arbres du patrimoine communal et intercommunal sur le territoire de l'agglomĂ©ration Roissy Pays de FranceCLIENTcommunaute d agl roissy pays de franceREGIONÎle-de-FranceCLÔTURE20/09/2022Entretien, abattage et Ă©lagage sur le patrimoine dĂ©partemental du Pas-de-CalaisCLIENTCD62REGIONHauts-de-FranceCLÔTURE29/08/2022services d'Ă©lagage et abattage, d'entretien des espaces verts, de dĂ©sherbage pour la commune de Beaucaire. 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Thierry Une crise de l’élevage en France problĂ©matique dans les zones Ă  fort handicap naturel 12B.— LA HAUSSE DU COURS DES MATIÈRES PREMIÈRES ENGENDRE UNE HAUSSE DES COÛTS DE PRODUCTION QUI N’EST PAS RÉPERCUTÉE À TOUS LES NIVEAUX DE LA FILIÈRE 123. Une hausse et une volatilitĂ© des cours des matiĂšres premiĂšres agricoles qui ne sont pas entiĂšrement rĂ©percutĂ©es au long de la chaĂźne de valeur 14C.— LE LAIT LA FIN D’UN CADRE RÉGLEMENTAIRE QUI TERRITORIALISAIT LA PRODUCTION 182. Les quotas n’ont pas empĂȘchĂ© une concentration de l’élevage, qui risque encore de s’accentuer avec la fin de ce systĂšme 201. La table ronde fournisseur distributeurs, une aide bienvenue mais ponctuelle 372. L’innovation du projet de loi relatif Ă  la consommation, la clause de renĂ©gociation en cas de volatilitĂ© des matiĂšres premiĂšres 372. La concertation europĂ©enne sur l’aprĂšs-quotas doit permettre de dĂ©finir un cadre permettant de rĂ©guler le secteur laitier 41b La surprime aux cinquante premiers hectares et une pente de convergence des aides Ă  l’hectare plus douce 433. Un systĂšme d’aides contracycliques doit ĂȘtre Ă©tudiĂ© dans le cadre de la rĂ©forme de la PAC aprĂšs 2020 45 L’avenir de l’élevage bovin revĂȘt un caractĂšre stratĂ©gique pour l’économie et l’emploi, ainsi que pour l’amĂ©nagement et la vitalitĂ© des territoires ruraux. L’élevage de ruminants est prĂ©sent dans plus d’une exploitation sur deux et dans 95 % des cantons de l’hexagone. Avec prĂšs de 19 millions de tĂȘtes – dont 7,3 millions de vaches laitiĂšres et allaitantes, la France dispose du cheptel bovin le plus important d’Europe, caractĂ©risĂ© par une grande diversitĂ© de races. La balance commerciale de la filiĂšre est largement excĂ©dentaire et les opportunitĂ©s Ă  l’export n’ont jamais Ă©tĂ© aussi nombreuses, du fait de l’ouverture de nouveaux marchĂ©s sur le pourtour de la MĂ©diterranĂ©e et de la forte baisse des exportations des pays d’AmĂ©rique du Sud. Pourtant, les Ă©leveurs sont confrontĂ©s Ă  de nombreuses difficultĂ©s, tant conjoncturelles que structurelles. Les consĂ©quences sont dramatiques. On assiste Ă  un accroissement des arrĂȘts d’activitĂ©, entraĂźnant des problĂ©matiques d’emploi et d’activitĂ© Ă©conomique sur les territoires. En dix ans, le pays a par exemple perdu 40 % de ses producteurs revenus des Ă©leveurs sont parmi les plus bas du secteur agricole, surtout s’agissant de l’élevage allaitant. Il est donc essentiel de leur assurer une juste rĂ©munĂ©ration, qui soit en rapport avec les astreintes et les contraintes inhĂ©rentes Ă  leur mĂ©tier. Maintenir la production française dans sa diversitĂ© et ses garanties de qualitĂ© et de traçabilitĂ© doit demeurer une prĂ©occupation permanente. Plusieurs rĂ©flexions ont donc orientĂ© la dĂ©marche de vos rapporteurs comment Ă©viter une vĂ©gĂ©talisation de la France au cours de la prochaine dĂ©cennie qui aurait des consĂ©quences dramatiques pour l’équilibre des territoires? Comment favoriser le maintien des exploitations d’élevages sur les territoires ? Comment assurer une juste rĂ©munĂ©ration aux Ă©leveurs et des conditions de vie dĂ©centes ? En outre, dans l’élevage laitier la durĂ©e de travail est de 3 600 heures par an contre 800 heures pour un exploitant de grande culture. Les vaches laitiĂšres sont traites deux fois par jour, tous les jours de la semaine. Il est donc trĂšs difficile pour un Ă©leveur de s’absenter, y compris pour un simple week-end, de son exploitation. Cela n’est pas sans incidence sur la vie privĂ©e des Ă©leveurs, dont le conjoint ou la conjointe possĂšde de plus en plus souvent un emploi Ă  l’extĂ©rieur. Les formes sociĂ©taires offrent Ă  cet Ă©gard une organisation du travail plus faciliter les conditions de travail, les Ă©leveurs doivent bĂ©nĂ©ficier d’une politique forte de modernisation des bĂątiments et des Ă©quipements, telle que le plan de modernisation des bĂątiments d’élevage PMBE.Vos rapporteurs estiment par ailleurs indispensables de conserver, voire de dĂ©velopper, le crĂ©dit d’impĂŽt remplacement. Le crĂ©dit d’impĂŽt pour congĂ©s, reconduit depuis 2006, accorde aux exploitants agricoles dont la prĂ©sence quotidienne est indispensable tout au long de l’annĂ©e, une aide financiĂšre pour leur remplacement pendant deux semaines au maximum. L’AssemblĂ©e nationale a adoptĂ© dans le cadre du projet de loi de finances pour 2013 le 15 novembre 2012, un amendement qui reconduit le crĂ©dit d’impĂŽt remplacement jusqu’en 2016. L’astreinte conjuguĂ©e Ă  la pĂ©nibilitĂ© explique que certains prĂ©fĂšrent se concentrer sur la culture de cĂ©rĂ©ales ou jeter l’éponge. Le nombre d’éleveurs de vaches laitiĂšres baisse ainsi de 4 Ă  5 % par an. Dans les zones Ă  fort potentiel pĂ©doclimatique, la conversion d’exploitation en grandes cultures, plus rĂ©munĂ©ratrices et moins astreignantes, est dĂ©jĂ  une rĂ©alitĂ© tangible. Dans les zones Ă  forte activitĂ© Ă©conomique, si l’élevage est menacĂ©, c’est plutĂŽt par les alternatives offertes en matiĂšre d’utilisation des sols, que ce soient pour l’artificialisation ou l’urbanisation des sols. Or, ces alternatives signifient toujours un arrĂȘt irrĂ©versible de l’élevage. Elles prĂ©sentent en outre des risques en termes d’emplois, d’équilibre Ă©cologique, de fertilitĂ© organique et de capacitĂ© productive. D’aprĂšs les donnĂ©es fournies par l’Institut de l’élevage, en 2012, 50 % des Ă©leveurs bovins ont plus de 50 ans. La transmission des exploitations est particuliĂšrement difficile dans un contexte de dĂ©gradation de la rĂ©munĂ©ration des investissements et des conditions de travail pĂ©nibles. À revenu espĂ©rĂ© comparable, le capital mis en Ɠuvre dans les systĂšmes d’élevages bovins allaitant est le double du capital nĂ©cessaire en grandes cultures. En production laitiĂšre, ce capital est aussi 1,5 fois supĂ©rieur au capital engagĂ© en grandes cultures. L’installation et la transmission des exploitations s’en trouvent rendues encore plus difficiles. On recense aujourd’hui 75 000 exploitations laitiĂšres. Selon les travaux dĂ©mographiques rĂ©alisĂ©s par l’Institut de l’élevage, le nombre d’exploitations laitiĂšres prĂ©sentes en 2035 devrait se situer dans la fourchette de 20 000 Ă  35 000, en fonction de la politique d’installation et de reprise qui sera suivie au cours des prochaines annĂ©es. L’élevage contribue Ă  l’identitĂ© des territoires, au maintien d’une vie sociale active et donc Ă  l’attrait touristique des campagnes. Les personnes auditionnĂ©es par vos rapporteurs ont indiquĂ© qu’un emploi d’éleveur crĂ©e sept emplois induits dans l’économie, contre deux seulement pour les grandes cultures. Il existe donc un indĂ©niable enjeu Ă  maintenir et dĂ©velopper l’élevage sur l’ensemble du territoire. En outre, dans la plupart des rĂ©gions de montagne, le troupeau laitier est le principal utilisateur des prairies. Il permet de maintenir des paysages ouverts et habitĂ©s, favorables au tourisme, Ă  la biodiversitĂ© et Ă  l’environnement. Le tourisme rural reprĂ©sente prĂšs de 180 000 emplois. L’augmentation de la population mondiale et surtout, l’élĂ©vation du niveau de vie dans les pays Ă©mergents ont engendrĂ© une hausse importante et durable de la demande en produits agricoles, et par voie de consĂ©quence, du prix de ces produits. La production mondiale de cĂ©rĂ©ales, en revanche, croĂźt dĂ©sormais moins vite que la consommation, ce qui conduit Ă  une rĂ©duction des stocks mondiaux depuis les annĂ©es 2000, et donc Ă  des tensions sur le marchĂ© et les prix. Le moindre incident climatique rĂ©duisant les perspectives de rĂ©colte dans une rĂ©gion du monde a donc un effet immĂ©diat sur les prix mondiaux, en raison de rĂ©serves plus limitĂ©es que par le passĂ©. À ces facteurs climatiques s’ajoutent parfois les dĂ©cisions politiques de certains gouvernements de limiter voire arrĂȘter leurs exportations pour protĂ©ger leur marchĂ© intĂ©rieur des risques d’inflation. Le Gouvernement russe a dĂ©cidĂ© en 2010 de suspendre toute exportation de cĂ©rĂ©ales entre le 15 aoĂ»t et le 31 dĂ©cembre. Cette dĂ©cision a provoquĂ© de vives tensions sur les cours, qui ont Ă©tĂ© d’autant plus importantes que, dans le mĂȘme temps, l’Argentine imposait des quotas Ă  l’exportation, pesant Ă©galement sur l’offre. Les investisseurs financiers qui ont pris position ces derniĂšres annĂ©es sur le marchĂ© des matiĂšres premiĂšres alimentaires ne sont pas les dĂ©clencheurs de la volatilitĂ© des marchĂ©s, mais ils en amplifient les effets, Ă  la hausse comme Ă  la baisse. Dans un rapport paru en juillet 2011, le groupe d’experts de haut niveau du ComitĂ© des Nations Unies sur la sĂ©curitĂ© alimentaire mondiale identifiait ainsi la rĂ©gulation de la spĂ©culation sur les marchĂ©s Ă  terme comme l’une des solutions pour rĂ©duire la volatilitĂ© des prix alimentaires5. Il invitait notamment les gouvernements Ă  l’adoption d’une approche de prĂ©caution », notamment Ă  travers une rĂ©glementation plus stricte de la spĂ©culation indiquant que les marchĂ©s Ă  terme jouent un rĂŽle central dans la formation des prix alimentaires internationaux et dans la sĂ©curitĂ© alimentaire de trop de personnes pour que leur rĂ©gulation ne soit dictĂ©e que par des considĂ©rations financiĂšres ».Comme l’a indiquĂ© Ă  vos rapporteurs, la FĂ©dĂ©ration nationale bovine FNB 6 les coĂ»ts de production ont fortement augmentĂ© en 2012 pour les Ă©leveurs allaitant, se situant plus de 30 % au-dessus de l’annĂ©e de rĂ©fĂ©rence, 2005. La progression est notamment liĂ©e aux postes d’achat pour l’alimentation du bĂ©tail, directement corrĂ©lĂ©e aux prix des cĂ©rĂ©ales et des tourteaux de Centre d’économie rurale CER France a toutefois fait remarquer lors de son audition que des Ă©carts significatifs de compĂ©titivitĂ© existent entre les exploitations. Ainsi, il relĂšve des Ă©carts de 45 euros/1 000 litres sur le coĂ»t alimentaire, et entre 60 et 100 euros/1 000 litres au niveau de la marge selon les rĂ©gions et les systĂšmes. Or ces Ă©carts tendent Ă  se creuser lorsque les cours des matiĂšres premiĂšres agricoles sont haussiers. Ils notent notamment que les meilleurs subissent la conjoncture, mais demeurent toujours rentables, tandis que pour les moins performants, l’excĂ©dent brut d’exploitation peine Ă  couvrir les annuitĂ©s quelle que soit la conjoncture » 7. Ces rigiditĂ©s participent, selon les experts, Ă  la volatilitĂ© des prix des produits rĂ©alisĂ©s sur les excĂ©dents de stocks – beurre et poudre de lait – qui constituent la variable d’ajustement. Quand les cours des matiĂšres premiĂšres agricoles augmentent et que les Ă©leveurs ne peuvent les rĂ©percuter sur le prix du lait ou de la viande, cela engendre un effet ciseau, qui entraĂźne une compression insupportable des marges des Ă©leveurs. Ainsi, le prix du lait en 2012 se situe dans une moyenne haute par rapport aux prix des dix derniĂšres annĂ©es. Le problĂšme rĂ©side essentiellement dans l’absence de rĂ©percussion des hausses des prix tout au long de la filiĂšre. Il en va de mĂȘme s’agissant de l’élevage allaitant. La progression des cours des gros bovins finis n’a pas permis de rattraper la hausse des charges. D’aprĂšs la FNB, l’indicateur du coĂ»t de production se situe Ă  + 58 % par rapport Ă  son niveau de rĂ©fĂ©rence de 2005, tandis que les cours des bovins maigres n’ont progressĂ© que de l’ordre de 10 % par rapport Ă  2010. La FNB estime que par rapport Ă  l’explosion des coĂ»ts de production, les cours moyens des bovins finis devraient se situer Ă  environ 4,70 euros par kg carcasse, payĂ© au producteur, alors que la cotation Ă  l’entrĂ©e de l’abattoir est de 4 euros. De fait, il existe une dissymĂ©trie des rapports de force Ă©conomique dans les filiĂšres agro-alimentaires. La production agricole est dispersĂ©e face aux quelques transformateurs et distributeurs. L’existence de pouvoirs de nĂ©gociation inĂ©gaux a un impact sur la transmission des variations de prix le long des chaĂźnes de valeur. Ce problĂšme de transmission imparfaite des prix est d’autant plus important quand ces marchĂ©s sont confrontĂ©s Ă  une forte volatilitĂ©. Il faut toutefois noter que le rapport 2012 de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, prĂ©sentĂ© en novembre 2012 a pour la premiĂšre fois fait apparaĂźtre les marges nettes de la grande distribution et qu’il a montrĂ© une grande variabilitĂ© de la marge nette en fonction du rayon. Cette marge est par exemple nĂ©gative de 1,90 euro pour le rayon fait, on observe en France une faible rĂ©percussion des hausses et des baisses de prix aux consommateurs, ce qui explique les compressions des marges des diffĂ©rents acteurs de la chaĂźne de valeur quand les cours sont hauts. En Allemagne au contraire, les prix de dĂ©tail pour le lait liquide, le beurre et les produits ultra frais ont fortement augmentĂ© depuis l’étĂ© rapporteurs ne plaident pas pour une forte augmentation des prix alors que le pouvoir d’achat des consommateurs est trĂšs contraint. NĂ©anmoins, ils estiment qu’il faut trouver un Ă©quilibre, un juste prix, qui permette Ă  chacun de pouvoir vivre dĂ©cemment de son travail. Ils estiment qu’une stagnation des prix du lait ou de la viande alors que les coĂ»ts de production des Ă©leveurs augmentent dĂ©valorise leur travail.– une prĂ©sence sur tout le territoire avec des systĂšmes de production diversifiĂ©s ;– 48 000 exploitations spĂ©cialisĂ©es et 24 milliards de litres collectĂ©s 2e producteur europĂ©en ;– un revenu longtemps stable autour de 20 000 euros, devenu volatil depuis 2006 ;– un revenu plutĂŽt faible des Ă©leveurs par rapport Ă  leurs principaux concurrents europĂ©ens oĂč la moyenne des revenus s’établit Ă  prĂšs de 40 000 euros ;– 1 000 entreprises, dont 260 coopĂ©ratives, fabriquent des produits laitiers et emploient 51 000 salariĂ©s ;– la balance commerciale des produits laitiers est excĂ©dentaire de 3,8 milliards d’euros en 2012. Les quotas, en rĂ©partissant les droits Ă  produire entre les pays, et en les fixant au sol, notamment en France compte tenu du lien fort entre quotas et foncier, ont permis de prĂ©server une rĂ©partition gĂ©ographique Ă©quilibrĂ©e de la production, alors que l’évolution antĂ©rieure avait tendance Ă  dĂ©placer les capacitĂ©s de production vers le Nord de l’Europe et plus largement vers le littoral de la mer du Nord et de la Manche. Ces rĂ©gions prĂ©sentent en effet des Ă©lĂ©ments de compĂ©titivitĂ© dĂ©terminants – la prĂ©sence des grands ports d’importations de cĂ©rĂ©ales et de soja, – le potentiel industriel, En outre, elles sont soumises Ă  des contraintes pĂ©doclimatiques qui rendent difficiles les conversions vers d’autres productions. Le lait Ă©tait en revanche menacĂ© dans les rĂ©gions de montagne Ă  plus fortes contraintes. C’est la raison pour laquelle des politiques spĂ©cifiques appliquĂ©es aux zones de montagne, en particulier l’indemnitĂ© compensatoire de handicap naturel ICHN, ont Ă©tĂ© mises en place afin de permettre le maintien de cette activitĂ© dans certaines zones Ă  fortes contraintes. Cette territorialisation des productions ne s’est pas traduite par une homogĂ©nĂ©isation des structures ni des systĂšmes de production entre pays. Aujourd’hui, d’importantes divergences existent dans la dimension des exploitations entre l’Europe du Nord et celle du Sud. A cet Ă©gard, la France se situe dans une position mĂ©diane, avec un quota moyen de 350 000 litres de lait par Ă©leveur. Pour autant, comme le souligne la CNE dans son rapport, La supĂ©rioritĂ© de tel ou tel systĂšme de production, structure par pays, n’est absolument pas avĂ©rĂ©e. La seule dĂ©monstration faite tourne autour d’un avantage coĂ»t, liĂ© Ă  la productivitĂ© du travail pour un prix du lait donnĂ©, et ceci jusqu’à un certain seuil autour des 300 000 litres de lait par travailleur et par an, dans les systĂšmes de plaine. En deçà les exploitations peuvent ĂȘtre confrontĂ©es Ă  de lourdes charges fixĂ©es Ă  l’unitĂ© produite travail et capital. Au-delĂ  les charges liĂ©es Ă  la capitalisation et l’endettement qui s’en suit, peuvent rendre les systĂšmes extrĂȘmement sensibles et vulnĂ©rables aux variations de prix et coĂ»ts des intrants, comme le montrent les rĂ©sultats Ă©conomiques particuliĂšrement dĂ©sastreux des exploitations danoises en pĂ©riode d’effondrement des prix du lait. » En France, un important mouvement de concentration s’est enclenchĂ© depuis 1984 et s’est accentuĂ© depuis les annĂ©es 2000. Le nombre d’exploitations laitiĂšre est ainsi passĂ© de 71 000 en 2000 Ă  47 000 en 2011. En moyenne les exploitations possĂšde dĂ©sormais 52 vaches laitiĂšres en 2011, contre 38 vaches laitiĂšres en 2000. Agreste, CNIEL Le cheptel laitier, lui, ne cesse de diminuer, de 13 % entre 2000 et 2011. Cette baisse du cheptel est toutefois largement compensĂ©e par une hausse des rendements. La majoritĂ© des exploitations laitiĂšres se situe dans le croissant laitier » qui s’étend de la Bretagne Ă  l’Auvergne en passant par la Normandie, le Nord-Pas-de-Calais, la Champagne-Ardenne, l’Alsace-Lorraine, la Franche-ComtĂ© et la partie nord de la rĂ©gion RhĂŽne-Alpes. Le CER France a pointĂ© l’existence de quatre bassins laitiers en France, hĂ©ritage de la politique des quotas Ă  la française aux caractĂ©ristiques et rĂ©sultats trĂšs diffĂ©rents. CER France Évolution de la capacitĂ© d’autofinancement CER France Surtout, la fin des quotas en 2015 et la rĂ©forme de la PAC en cours participent Ă  un climat d’incertitudes quant Ă  l’avenir de la filiĂšre laitiĂšre. La restructuration des outils industriels permise par la fin des quotas et donc de la gestion des volumes au niveau dĂ©partemental pourrait entraĂźner une spĂ©cialisation dans la production laitiĂšre dans certaines rĂ©gions et une forte dĂ©prise dans les zones intermĂ©diaires de montagne. L’élevage allaitant est majoritairement prĂ©sent dans les zones intermĂ©diaires et les zones de montagne. Trois espaces assurent la majeure partie de la production la pĂ©riphĂ©rie du bassin laitier breton ; le bassin charolais et le bassin limousin. L’élevage allaitant est Ă©galement prĂ©sent en Lorraine et dans les contreforts du massif mĂȘme que pour le cheptel laitier, un mouvement de concentration est Ă  l’Ɠuvre depuis plusieurs dizaines d’annĂ©es. La taille moyenne des troupeaux s’accroĂźt rĂ©guliĂšrement, passant de 26 vaches allaitantes en 2000 Ă  34 vaches en ce qui concerne le cheptel allaitant, une diminution est Ă©galement en cours depuis 2010, qui s’est accentuĂ©e avec la sĂ©cheresse du printemps 2011. D’une part les prairies ne suffisaient plus Ă  l’alimentation des bovins mis Ă  l’herbe et, d’autre part, la pousse sur les prairies destinĂ©es au fauchage a Ă©tĂ© insuffisante, entraĂźnant un dĂ©ficit de stocks de fourrages futurs. Les abattages de gros bovins marquent une tendance Ă  la baisse sur une longue pĂ©riode, dans le sillage de la baisse du cheptel. Les abattages de jeunes bovins ont Ă©galement diminuĂ© sur cette pĂ©riode en raison d’une production en baisse en 2011 mais aussi de l’augmentation des exportations en vif, notamment vers la viandes produites Ă  partir du troupeau de vaches allaitantes reprĂ©sentent aujourd’hui 58 % du total des viandes produites en France. Ce chiffre s’élevait Ă  52 % au milieu des annĂ©es 1990. Le reste de la production est assurĂ© par l’abattage des vaches laitiĂšres de rĂ©forme. L’importance des apports sur le marchĂ© des vaches de rĂ©forme pĂšse sur le marchĂ© de la viande bovine issue de races Ă  viande. Ainsi, en 2009, lorsque le prix du lait Ă©tait faible, les Ă©leveurs se sont sĂ©parĂ©s de maniĂšre anticipĂ©e des vaches les plus ĂągĂ©es, les moins productives, et ceci a pesĂ© Ă  la baisse sur les prix de la viande bovine issue du cheptel allaitant. La production française de viande bovine ne correspond pas Ă  la consommation domestique. Ainsi, on assiste Ă  des importations de femelles et Ă  l’export de jeunes bovins et de gĂ©nisses. La production française a renforcĂ© son potentiel et sa spĂ©cificitĂ© qui consiste Ă  faire naĂźtre des animaux. MalgrĂ© l’exportation d’un grand nombre de broutards, 65 % des tonnages de viande produits en France correspondent Ă  des produits du troupeau allaitant, et donc Ă  des viandes dites de haut de gamme, issues de carcasses bien conformĂ©es. Or ces caractĂ©ristiques ne sont pas nĂ©cessairement en harmonie, en termes de prix, avec les attentes exprimĂ©es par la grande distribution, qui elle-mĂȘme assure 62 % de la consommation totale. Les caractĂ©ristiques de ces viandes issues du troupeau allaitant ont notamment de grandes difficultĂ©s Ă  correspondre aux exigences de prix exprimĂ©es par la restauration collective de type scolaire et institutionnelle. La production de viande bovine française se trouve ainsi prise en tenaille entre une rĂ©ponse Ă  des attentes qualitatives et des exigences de prix. Cette relance de l’engraissement rĂ©pond Ă  une volontĂ© de rapatrier la valeur ajoutĂ©e sur le territoire national. La premiĂšre difficultĂ© tient aux besoins de trĂ©sorerie des exploitants. L’engraissement allonge en effet le dĂ©lai de prĂ©sence des animaux sur l’exploitation au lieu de vendre des broutards entre 8 et 12 mois, l’éleveur doit les garder une annĂ©e de deuxiĂšme difficultĂ© tient Ă  la nĂ©cessitĂ© d’adapter les bĂątiments d’élevage Ă  la nouvelle capacitĂ© de l’exploitation, ce qui suppose de nouveaux troisiĂšme difficultĂ© consiste Ă  disposer de plus d’alimentation animale ce qui se heurte Ă  une insuffisante production de protĂ©agineux, rendant nĂ©cessaire l’importation de tourteaux de colza, riches en quatriĂšme difficultĂ© tient Ă  la concentration des risques Ă©conomiques sur l’éleveur puisque l’engraissement expose davantage l’éleveur aux alĂ©as de la conjoncture, qu’ils soient climatiques ou Ă©conomiques. L’information du consommateur, en particulier par l’étiquetage des viandes, rĂ©sulte de trois rĂšglements europĂ©ens.– Le rĂšglement CE n° 178/2002 sur les principes gĂ©nĂ©raux de la lĂ©gislation alimentaire et de la sĂ©curitĂ© des denrĂ©es alimentaires, qui dispose que la lĂ©gislation alimentaire doit permettre aux consommateurs de choisir leurs denrĂ©es en connaissance de cause et doit empĂȘcher toute pratique susceptible d’induire le consommateur en erreur. Ce rĂšglement prĂ©voit aussi qu’il appartient aux exploitants de s’assurer qu’ils rĂ©pondent aux exigences applicables de la lĂ©gislation alimentaire et qu’il incombe aux États membres de garantir l’application de cette lĂ©gislation ainsi que de contrĂŽler et de vĂ©rifier que les exigences ad hoc sont respectĂ©es Ă  toutes les Ă©tapes de la production, de la transformation et de la distribution ; – la directive 2000/13/CE sur l’étiquetage des denrĂ©es alimentaires, qui prĂ©voit que celui-ci ne doit pas ĂȘtre de nature Ă  induire le consommateur en erreur et que tous les ingrĂ©dients doivent figurer sur l’étiquette des denrĂ©es alimentaires prĂ©emballĂ©es destinĂ©es au consommateur final ; – le rĂšglement CE n° 1169/2011 concernant l’information des consommateurs sur les denrĂ©es alimentaires ; ce rĂšglement, qui n’est pas encore entrĂ© en vigueur, remplace un certain nombre d’actes antĂ©rieurs, dont la directive 2000/13/CE. Il introduit l’obligation d’indiquer le pays d’origine Ă  partir du 31 dĂ©cembre 2013 pour les viandes fraĂźches des espĂšces porcine, ovine, caprine et de volailles pour l’espĂšce bovine, cette obligation a Ă©tĂ© introduite dans un rĂšglement sĂ©parĂ© Ă  la suite de la crise de l’ESB. Ces dispositions ne s’appliquent pas, cependant, Ă  la viande en tant qu’ingrĂ©dient dans les produits transformĂ©s. En vertu de ces rĂšglements, la Commission doit prĂ©senter un rapport au Parlement europĂ©en et au Conseil sur l’indication obligatoire des pays d’origine et du lieu de provenance pour la viande utilisĂ©e en tant qu’ingrĂ©dient. Ce rapport est attendu au plus tard le 13 dĂ©cembre 2013. L’amĂ©lioration de l’information du consommateur Ă©tait donc envisagĂ©e avant le scandale dit de la viande de cheval ». L’actualitĂ© a cependant transformĂ© cette Ă©ventualitĂ© en 15 janvier 2013, l’autoritĂ© irlandaise de sĂ©curitĂ© des aliments a annoncĂ© avoir dĂ©couvert de l’ADN de cheval dans un certain nombre de steaks hachĂ©s de bƓuf vendus dans de grandes chaĂźnes de supermarchĂ©s. DĂ©but fĂ©vrier, d’autres cas de viande de cheval dĂ©tectĂ©e dans des produits dont l’étiquette indiquait la prĂ©sence de viande de bƓuf ont Ă©tĂ© signalĂ©s au Royaume-Uni puis en France. Plusieurs analyses ont donc Ă©tĂ© effectuĂ©es pour vĂ©rifier, dans toute l’Union, le contenu exact des produits Ă  base de viande transformĂ©e. De la viande de cheval a Ă©tĂ© dĂ©celĂ©e dans un large Ă©ventail de denrĂ©es alimentaires. La prĂ©sence illĂ©gale de viande de cheval dans les denrĂ©es alimentaires a soulevĂ© d’autres questions liĂ©es Ă  la sĂ©curitĂ© alimentaire. Un sujet a notamment suscitĂ© des inquiĂ©tudes la prĂ©sence Ă©ventuelle de traces de phĂ©nylbutazone dans la chaĂźne alimentaire, soupçons qui se sont avĂ©rĂ©s dans au moins un cas en France. La phĂ©nylbutazone est un anti-inflammatoire vĂ©tĂ©rinaire administrĂ© aux chevaux, qui prĂ©sente cependant des risques potentiellement graves quoique rares pour la santĂ© des personnes. En vertu de la lĂ©gislation de l’Union, les chevaux auxquels ce mĂ©dicament a Ă©tĂ© administrĂ© doivent ĂȘtre exclus dĂ©finitivement de la chaĂźne alimentaire. Pour faire face Ă  cette situation, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© de procĂ©der Ă  des analyses sur des viandes et des produits Ă  base de viande dans l’ensemble de l’Union, Ă  la suite de propositions formulĂ©es par la Commission et aprĂšs consultation des États membres au sein des comitĂ©s de rĂ©glementation concernĂ©s. En effet, le scandale de la viande de cheval, et la chute impressionnante des ventes de tous les produits transformĂ©s Ă  base de bƓuf ont montrĂ© que les Français sont toujours plus exigeants sur la sĂ©curitĂ© et sur la qualitĂ© des produits. Comme l’a indiquĂ© Interbev lors de son audition, que les Français s’approvisionnent auprĂšs d’une chaĂźne alimentaire devenue complexe ou qu’ils privilĂ©gient les circuits courts et un approvisionnement de proximitĂ©, tous ont besoin des mĂȘmes sĂ©curitĂ©s. Leur demande se diversifie et ils sont aussi de plus en plus attentifs aux conditions de rapporteurs estiment impĂ©ratif que la Commission accĂ©lĂšre la remise de ce rapport, premiĂšre Ă©tape nĂ©cessaire avant la prĂ©sentation d’une proposition lĂ©gislative. Il convient d’autoriser au plus vite l’étiquetage viande bovine française » VBF pour l’ensemble des produits, nĂ©s, Ă©levĂ©s, abattus et transformĂ©s en France. Le lait destinĂ© aux fabrications de produits appellation d’origine contrĂŽlĂ©e AOC et le lait bio, mĂȘme plus chers, rĂ©sistent mieux que le lait conventionnel quand les prix se contractent. En Allemagne, par exemple, le prix du lait bio a chutĂ© de 22 % en 2009 contre 40 % pour le marchĂ© conventionnel. Lors de son audition par vos rapporteurs, Mme Massat, prĂ©sidente de l’association nationale des Ă©lus de la montagne ANEM, a fait observer que l’on constate invariablement que les exploitations laitiĂšres de montagne en appellation d’origine protĂ©gĂ©e AOP ou indication gĂ©ographique protĂ©gĂ©e IGP rĂ©sistent mieux aux crises. Ainsi, l’Institut de l’élevage relĂšve qu’en Franche-ComtĂ©, le prix du lait a continuĂ© Ă  augmenter plus 20 euros par 1 000 litres en 2010, passant la barre des 40 000 euros de revenu par unitĂ© de main-d’Ɠuvre. Ces types de production sont loin d’ĂȘtre marginaux puisque le lait sous AOP-IGP concerne 10 % de la production totale de lait mais 30 % du lait de montagne. CNIEL Les mĂȘmes constats s’appliquent Ă  la viande bovine. Il existe 21 IGP en viande bovine, selon l’Institut national de l’origine et de la qualitĂ© INAO. La qualitĂ© peut aussi ĂȘtre attestĂ©e par le label, du type label rouge », qui garantit le respect par le producteur d’un cahier des charges rapporteurs estiment en consĂ©quence que l’encouragement Ă  la valorisation du lait et de la viande en produits certifiĂ©s doit constituer donc un objectif prioritaire comme rĂ©ponse Ă  la disparition des quotas, en particulier dans les zones difficiles, oĂč les coĂ»ts de collecte sont plus Ă©levĂ©s. Selon le ministĂšre de l’agriculture, est considĂ©rĂ© comme circuit court un mode de commercialisation des produits agricoles qui s’exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte, Ă  condition qu’il n’y ait qu’un seul intermĂ©diaire. Le lait liquide ne voyage pas ou trĂšs peu. Cette contrainte commerciale peut aussi se transformer en atout lorsque le lait est valorisĂ© comme un produit de proximitĂ©. Comme l’indiquait le rapport du sĂ©nateur M. Jean Bizet, la valorisation locale peut se faire de façon implicite, comme c’est le cas au Royaume-Uni, qui a pour caractĂ©ristique d’ĂȘtre un pays gros consommateur de lait frais pasteurisĂ© et par consĂ©quent Ă  durĂ©e de conservation courte 16. Le lait consommĂ© au Royaume-Uni est donc par nĂ©cessitĂ© un lait produit localement. Il en va de mĂȘme en Autriche. Ce mĂȘme rapport montrait que la valorisation peut aussi ĂȘtre explicite comme c’est le cas chez certaines grandes enseignes commerciales qui vendent du lait de montagne » ou bien encore en Alsace, oĂč, avec l’appui des autoritĂ©s locales, les laiteries ont proposĂ© du lait d’Alsace ». Cette initiative rencontrerait un succĂšs certain. Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©e, il faut citer l’expĂ©rience des tanks » de distribution directe, sortes de distributeurs automatiques de lait, qui permettent de livrer du lait frais pasteurisĂ©, sans intermĂ©diaire, ni conditionnement 17.Un nouveau dĂ©bouchĂ© doit Ă©galement s’ouvrir en prioritĂ© Ă  la filiĂšre viande française celui de la restauration collective. En effet, alors mĂȘme que les enjeux politiques d’une relocalisation de l’approvisionnement de la restauration collective sont nombreux, 80 % de la viande consommĂ©e en restauration collective est issue de l’importation 18, malgrĂ© l’engagement de certaines enseignes comme McDonald’s, qui s’approvisionnent en viande hachĂ©e sur le marchĂ© favoriser l’approvisionnement de la restauration collective via les circuits courts, le code des marchĂ©s publics a Ă©tĂ© modifiĂ© par dĂ©cret le 25 aoĂ»t 2011. Il donne la possibilitĂ© aux acheteurs de retenir parmi les critĂšres de choix de l’offre Ă©conomiquement la plus avantageuse, les performances en matiĂšre de dĂ©veloppement des approvisionnements directs de produits de l’agriculture.» La notion de circuits courts ne dĂ©signe donc pas une prĂ©fĂ©rence locale, ce qui serait contraire aux rĂšgles europĂ©ennes de la commande publique, mais un mode de distribution. La Commission des affaires Ă©conomiques a auditionnĂ© le 20 fĂ©vrier 2013 le prĂ©sident du Conseil gĂ©nĂ©ral du Gers de l’époque, M. Philippe Martin, qui a mis en place une opĂ©ration intĂ©ressante visant Ă  servir depuis le 1er janvier 2009, des repas de saison, biologiques, labellisĂ©s et locaux dans les restaurants scolaires des 19 collĂšges du rapporteurs suggĂšrent de dĂ©velopper les circuits courts et les filiĂšres de qualitĂ© au sein de la restauration hors foyers, notamment en utilisant la possibilitĂ© ouverte par le dĂ©cret du 25 aoĂ»t 2011. En moyenne, Ă  l’échelle mondiale, sont consommĂ©s, par habitant et par an, 100 litres de lait ou Ă©quivalents et 42 kg de viande, dont 9 kilos de viande bovine. Cette consommation est trĂšs inĂ©galement rĂ©partie. Les Français consomment par exemple 300 litres Ă©quivalents de lait et 24 kilos de viande bovine. Le niveau de la consommation de protĂ©ines animales atteint en France et dans les pays dĂ©veloppĂ©s n’est pas nĂ©cessairement gĂ©nĂ©ralisable, mais les experts misent sur une forte croissance de la demande mondiale et sur le maintien d’un haut niveau d’exigence qualitative. La progression de la consommation des protĂ©ines d’origine animale sur la planĂšte a d’ailleurs Ă©tĂ© forte cette derniĂšre dĂ©cennie entre 2 et 3 % par an, en lait comme en viande. Selon la FAO et l’OCDE, la croissance devrait ĂȘtre la mĂȘme, voire supĂ©rieure Ă  l’horizon 2020. Dans les pays Ă©mergent, Ă  faible diversification alimentaire, l’augmentation de la consommation de produits laitiers et de viande suit l’augmentation du pouvoir d’achat et l’émergence des classes moyennes. La production mondiale de lait, de l’ordre de 440 millions de tonnes en 2010, progresse rĂ©guliĂšrement, approximativement Ă  la mĂȘme vitesse que la population mondiale. L’Union europĂ©enne est le principal producteur avec 135 millions de tonnes, devant les États-Unis – 88 millions de tonnes – et l’Inde – 50 millions. La France et l’Allemagne sont les deux grandes industries laitiĂšres de l’UE. Les Ă©changes sont en croissance en volume et en valeur. Ils sont rĂ©alisĂ©s essentiellement sous la forme de trois types de produits – les fromages et les poudres grasses, pour Ă  la fois la matiĂšre grasse et la matiĂšre protĂ©ique du lait ; – le beurre pour la matiĂšre grasse ; – la poudre de lait Ă©crĂ©mĂ© pour la protĂ©ine. Au cours des annĂ©es 2000, la consommation mondiale globale de viandes a progressĂ© au rythme annuel de 2,3 % pour atteindre 286 millions de tonnes en 2010. Elle correspond Ă  une consommation de 42 kg Ă©quivalent carcasse par habitant. L’OCDE et la FAO prĂ©voient pour la dĂ©cennie Ă  venir que la consommation mondiale de viande continuera d’enregistrer l’un des taux les plus Ă©levĂ©s de croissance parmi les principales denrĂ©es agricoles. Il est estimĂ© Ă  1,5 % pour la viande bovine. Ces deux organisations prĂ©voient Ă©galement la poursuite de la forte tendance Ă  la hausse des prix de la viande bovine sur le marchĂ© mondial. Cette dynamique se traduit par un resserrement des prix mondiaux, ce qui constitue une vĂ©ritable rupture. Ce mouvement est enclenchĂ© depuis 2009 avec une forte hausse des prix chez les trois principaux exportateurs mondiaux BrĂ©sil, Australie, États-Unis. En deux ans, les prix brĂ©siliens ont doublĂ© pour se rapprocher des prix europĂ©ens fin 2010. Dans son rapport datĂ© de 2012 sur l’analyse stratĂ©gique de la filiĂšre de la viande bovine, le Conseil gĂ©nĂ©ral de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux CGAAER souligne que les pays du Moyen-Orient et du Maghreb constituent des cibles privilĂ©giĂ©es, compte tenu de leur proximitĂ© et de leur appartenance Ă  la zone de chalandise naturelle de l’Europe ». Ces pays vont sensiblement augmenter leurs importations dans les annĂ©es Ă  venir, offrant une vĂ©ritable opportunitĂ© pour la filiĂšre française. La France, forte de son troupeau allaitant, est sans doute l’un des pays europĂ©ens les mieux placĂ©s pour bĂ©nĂ©ficier des opportunitĂ©s offertes par le marchĂ© mondial. Si du fait de la baisse structurelle de la production liĂ©e Ă  la baisse du cheptel laitier, la filiĂšre viande est dĂ©ficitaire depuis 2003 en termes de volume, elle est largement excĂ©dentaire s’agissant des races Ă  viande. Ce rĂ©sultat est directement liĂ© aux exportations d’animaux maigres mais aussi de jeunes bovins, Ă  forte valeur ajoutĂ©e. PrĂšs d’un tiers des veaux nĂ©s du cheptel allaitant français sont exportĂ©s, principalement vers l’Italie et l’Espagne, et plus rĂ©cemment, vers les pays tiers. La FNB estime que pour conforter la production de la filiĂšre, il est indispensable de renforcer les moyens engagĂ©s pour rechercher et dĂ©velopper ces nouveaux dĂ©bouchĂ©s. Elle suggĂšre en consĂ©quence d’amplifier l’action du GEF groupement export France créé en 2011 par la filiĂšre bovine. Vos rapporteurs sont convaincus qu’il est Ă©galement important de maintenir la mobilisation active des services de l’État pour obtenir la nĂ©gociation des certificats sanitaires indispensables Ă  l’ouverture des marchĂ©s, et entreprendre les dĂ©marches diplomatiques essentielles pour les relations commerciales au plan mondial. L’Europe du Nord et particuliĂšrement la France disposent des meilleurs atouts pour l’aprĂšs quotas en raison de leur savoir-faire, de leurs potentiels humains et pĂ©doclimatiques, et de leurs outils industriels. Le solde commercial des produits laitiers constitue le troisiĂšme excĂ©dent agroalimentaire français, en augmentation rĂ©guliĂšre. Les fromages assurent 1,5 milliard d’euros des 3,7 milliards d’euros du solde positif du commerce extĂ©rieur devant les produits frais qui reprĂ©sentent le deuxiĂšme poste positif, avec prĂšs de 450 millions d’euros, et les laits Ă©crĂ©mĂ©s. L’Allemagne, la Pologne, l’Espagne et la Grande-Bretagne sont les principaux partenaires de la France. Au dĂ©but des annĂ©es 2000, le lait français n’était pas compĂ©titif sur le marchĂ© mondial, ce qui explique que les exportations françaises sont destinĂ©es Ă  75 % Ă  l’UE. L’écart de compĂ©titivitĂ© avec l’OcĂ©anie s’est nĂ©anmoins sensiblement resserrĂ© depuis 2006, ce qui explique qu’on observe ces derniĂšres annĂ©es une nette progression des exportations françaises vers les pays tiers. En 2011, les exportations de la France vers l’UE et le reste du monde se sont Ă©levĂ©es Ă  10,2 milliards de litres Ă©quivalents de lait, soit 42,5 % de la collecte, alors que les importations ont Ă©tĂ© de 5,2 milliards de litres. Service Ă©conomique du CNIEL, juin 2013 Le mix produits » de la France compte une part importante de produits industriels 30 % des fabrications, contre 20 % en Allemagne, dont la valorisation est en lien direct avec les marchĂ©s mondiaux. Les autres produits fabriquĂ©s sont des produits de grande consommation Ă  forte valeur ajoutĂ©e lait, yaourt, fromages. Le paradoxe français est d’avoir historiquement des entreprises nationales puissantes sur le plan mondial, trĂšs implantĂ©es industriellement sur les diffĂ©rents continents, innovantes en termes de produits qui dĂ©gagent de la valeur ajoutĂ©e, mais qui se sont peu positionnĂ©es sur les segments des poudres et des fromages standard qui s’échangent le plus sur le marchĂ© mondial. Les personnes auditionnĂ©es par vos rapporteurs ont nĂ©anmoins indiquĂ© que la France dĂ©veloppe ces activitĂ©s de poudres, Ă  trĂšs haute valeur ajoutĂ©e, notamment Ă  destination du lait infantile. Eurostat/CNIEL La table ronde organisĂ©e par le mĂ©diateur des relations commerciales agricoles le 8 avril 2013 est intervenue dans un contexte tendu, celui du ciseau insoutenable de l’augmentation des charges et de l’insuffisante rĂ©percussion Ă  la hausse des prix de vente du lait. Pour leur part, les transformateurs dĂ©noncent des nĂ©gociations avec les distributeurs de plus en plus tendues au fil des annĂ©es. Le mĂ©diateur des relations commerciales agricoles a nĂ©anmoins pu proposer le 26 avril Ă  l’ensemble des intervenants de la filiĂšre laitiĂšre un dispositif permettant de financer un relĂšvement immĂ©diat de 25 euros du prix payĂ© aux producteurs laitiers pour 1 000 litres de lait collectĂ©s. Au 1er juin, les distributeurs ont acceptĂ© une hausse des prix payĂ©s aux industriels de 3 centimes le litre de lait de consommation et de 2 centimes le litre de lait intĂ©grĂ© aux produits transformĂ©s, en fonction de coefficients techniques de transformation. Les producteurs devraient en Ă©change s’engager Ă  ne pas perturber l’activitĂ© des distributeurs et des industriels pendant la durĂ©e de l’accord. Globalement les hausses envisagĂ©es par le dispositif du mĂ©diateur correspondraient Ă  une enveloppe de l’ordre de 300 millions d’euros. Il s’agit d’une solution utile et bienvenue pour les producteurs mais ponctuelle, qui ne rĂ©sout pas les problĂšmes de fond de la filiĂšre. L’accord, signĂ© sur la base du volontariat en prĂ©sence du ministre de l’agriculture le 3 mai 2011, entre treize organisations professionnelles reprĂ©sentant agriculteurs, industriels et secteur de la distribution et qui prĂ©voit la rĂ©ouverture des nĂ©gociations commerciales entre ces diffĂ©rents partenaires lorsque les prix de l’alimentation animale dĂ©passent un certain niveau, Ă  la hausse comme Ă  la baisse est peut-ĂȘtre une piste intĂ©ressante pour limiter l’impact nĂ©gatif de l’augmentation du coĂ»t des matiĂšres premiĂšres sur les Ă©leveurs. Il faut pour cela que les prix de l’alimentation animale soit de plus ou moins 10 % par rapport au mĂȘme mois de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente et pendant trois mois consĂ©cutifs. Par ailleurs, l’évolution de la part du coĂ»t de l’alimentation dans le prix Ă  la production doit se situer Ă  plus ou moins 10 %, au-delĂ  ou en deçà d’une rĂ©fĂ©rence préétablie. Un corridor de prix est alors dĂ©fini de maniĂšre Ă  lisser l’impact de la volatilitĂ© des cours des matiĂšres premiĂšres agricoles au profit des filiĂšres des viandes bovine, avicole et porcine. Cet accord dont le champ d’application est restreint repose nĂ©anmoins sur une base volontaire. Le projet de loi relatif Ă  la consommation qui a Ă©tĂ© adoptĂ© en premiĂšre lecture Ă  l’AssemblĂ©e nationale le 2 juillet 2013 prĂ©voit donc une clause de renĂ©gociation en cas de fortes variations des prix des matiĂšres premiĂšres agricoles. Comme l’a indiquĂ© notre collĂšgue Mme Annick Le Loch, rapporteure de ce texte s’agissant des aspects relatifs Ă  la loi de modernisation de l’économie Le nouvel article L. 441-8 du code de commerce est fondamental et rĂ©pond parfaitement aux inquiĂ©tudes que les producteurs de fruits et lĂ©gumes notamment mais la situation des Ă©leveurs et des producteurs de produits d’origine animale, comme le lait, a Ă©galement pu ĂȘtre affectĂ©e ont pu manifester au cours des annĂ©es rĂ©centes. 
 Afin d’éviter toute dĂ©rive lors de la rĂ©ouverture des nĂ©gociations, il est Ă©galement prĂ©vu que la clause de renĂ©gociation fasse rĂ©fĂ©rence Ă  un ou plusieurs indices publics des prix des produits agricoles ou alimentaires », dĂ©finis par exemple par FranceAgriMer, l’Observatoire de formation des prix et des marges ou tout autre structure comparable. L’objectivitĂ© des indices ainsi dĂ©finis devrait permettre aux diffĂ©rents acteurs de pouvoir nĂ©gocier en toute transparence, sur des bases non sujettes Ă  caution. Afin de garantir que ces nĂ©gociations soient menĂ©es de bonne foi, il est par ailleurs prĂ©cisĂ© qu’un compte rendu doit ĂȘtre Ă©tabli afin d’en retracer les Ă©tapes et les points de vue, celui-ci pouvant s’avĂ©rer particuliĂšrement utile, notamment pour permettre aux autoritĂ©s compĂ©tentes voire au juge d’apprĂ©cier le caractĂšre sincĂšre et constructif des discussions ainsi menĂ©es. » Les contrats tripartites entre les producteurs, les transformateurs et les distributeurs Vos rapporteurs saluent l’introduction de cette clause de renĂ©gociation dans le droit ses promoteurs, ce fonds serait destinĂ© Ă  financer des mesures structurelles de soutien – investissements dans la rĂ©novation des bĂątiments, dĂ©veloppement de la mĂ©thanisation ou du photovoltaĂŻque sur les exploitations – aux filiĂšres d’élevage les plus touchĂ©es par la hausse des prix selon des modalitĂ©s qui seraient dĂ©finies ultĂ©rieurement par les cĂ©rĂ©aliers et les Ă©leveurs. Cette proposition a suscitĂ© de vives rĂ©actions. Si le principe d’une solidaritĂ© des cĂ©rĂ©aliers envers les Ă©leveurs mĂ©rite d’ĂȘtre Ă©tudiĂ© et saluĂ©, il conviendra d’examiner avec la plus grande vigilance les modalitĂ©s de mise en Ɠuvre de ce fonds. Le rapport du CGAAER de juillet 2012 sur la contractualisation a permis de mesurer les premiers effets de l’article 12 de la loi de modernisation de l’agriculture et de la pĂȘche LMAP du 27 juillet 2010, et des dĂ©crets du 30 dĂ©cembre 2010 qui ont rendu obligatoire la contractualisation dans le secteur du lait de vache et celui des fruits et lĂ©gumes. Ce rapport ne remet pas en cause le principe de la contractualisation comme outil de rĂ©gulation de la filiĂšre. Ses auteurs estiment que la contractualisation et les organisations de producteurs ont amĂ©liorĂ© les rapports de force entre producteurs et industriels, apportant une assurance supĂ©rieure Ă  celle que l’on pouvait attendre des contrats tacites non Ă©crits existants jusqu’alors». Le rapport souligne que le contrat est d’abord un instrument dans la nĂ©gociation », mais qu’il ne peut se substituer Ă  la totalitĂ© des instruments de gestion des marchĂ©s. Il propose que la contractualisation soit Ă©galement appliquĂ©e Ă  la viande bovine. Interbev a proposĂ© un accord-cadre sur la contractualisation en filiĂšre bovine tenant compte des coĂ»ts de production. L’accord-cadre offre la possibilitĂ© aux abatteurs et aux Ă©leveurs de passer des contrats. Aujourd’hui 15 Ă  20 % des bovins français sont sous contrats. Interbev se fixe comme objectif 30 % en trois Ă  cinq ans. Vos rapporteurs estiment Ă©galement que la contractualisation est l’un des outils permettant de rĂ©guler la filiĂšre laitiĂšre. En cela, ils plaident pour l’extension de la contractualisation Ă  la filiĂšre de la viande bovine. – le rĂŽle des OP et de leurs associations dans le secteur du lait et des produits laitiers ; – la qualitĂ© des OP pour nĂ©gocier les prix et les volumes, sous certaines conditions, avec les transformateurs. Il s’agit, en quelque sorte, d’une autorisation explicite, bien que sous conditions, des ententes dans ce secteur. Le rĂšglement prĂ©cise les conditions de nĂ©gociation des contrats par les OP au nom des producteurs de lait. Trois conditions doivent ĂȘtre rĂ©unies il faut que le volume de lait cru faisant l’objet de ces nĂ©gociations n’excĂšde pas 3,5 % de la production totale de l’Union, 33 % de la production nationale de l’État membre dans lequel est produit le lait cru et 33 % de la production nationale de l’État membre oĂč est livrĂ© le lait cru. Cette limite de 3,5 % de la production correspond de facto Ă  la production d’un grand bassin laitier ou Ă  la part de la production nationale dans la production europĂ©enne d’un grand producteur. Ainsi, l’objet de ces OP dĂ©passe celui des regroupements actuels. Une OP reconnue pourra nĂ©gocier le contrat de vente avec l’industriel transformateur au nom des agriculteurs qui en sont membres, qu’il y ait, ou non, transfert de propriĂ©tĂ© du lait. S’agissant des prix du lait, depuis 1997, le Centre National Interprofessionnel de l’Économie LaitiĂšre CNIEL communiquait des recommandations de prix trimestrielles, non obligatoires mais qui servaient de rĂ©fĂ©rence au niveau des centres rĂ©gionaux, les CRIEL, et des acteurs de la filiĂšre Ă©leveurs et fabricants. Cette pratique a Ă©tĂ© condamnĂ©e et a Ă©tĂ© abandonnĂ©e. Elle a Ă©tĂ© remplacĂ©e par un dispositif plus neutre d’indices de tendances dont la lĂ©galitĂ© a Ă©tĂ© assise par un amendement Ă  la loi de finances pour 2009. MĂȘme si le rĂšglement ne traite pas de l’ensemble des difficultĂ©s du secteur laitier – il n’aborde notamment pas la question de la rĂ©gulation – vos rapporteurs se rĂ©jouissent de ce premier pas et de l’évolution de la Commission europĂ©enne, qui reconnaĂźt dĂ©sormais la nĂ©cessitĂ© d’adapter le droit de la concurrence aux spĂ©cificitĂ©s du secteur laitier. Il a rappelĂ© que le paquet lait n’est une premiĂšre Ă©tape ». Il a Ă©galement soulignĂ© la nĂ©cessitĂ© de disposer d’outils pour faire face aux crises sĂ©vĂšres qui menacent tous les producteurs de lait, mĂȘme ceux qui sont parfaitement compĂ©titifs dans des conditions de marchĂ© normales. Le deuxiĂšme dĂ©fi majeur de l’aprĂšs-quotas est d’assurer la durabilitĂ© de la production laitiĂšre y compris sur le plan territorial. Le commissaire europĂ©en a soulignĂ© qu’il faut tenir compte non seulement de la compĂ©titivitĂ© telle qu’elle est actuellement mais aussi des coĂ»ts environnementaux et de la durabilitĂ© Ă  long terme des systĂšmes de production intensifs. Ces derniĂšres annĂ©es, on a vu l’impact nĂ©gatif d’une hausse des prix des aliments pour animaux sur les exploitations laitiĂšres intensives. Une grande confĂ©rence sur l’aprĂšs-quotas doit se tenir en septembre 2013 pour examiner les pistes d’évolutions. En lien avec l’avis du 30 mai 2013 du comitĂ© des rĂ©gions, vos rapporteurs demandent des Ă©tudes complĂ©mentaires urgentes pour Ă©valuer les impacts territoriaux de la suppression des quotas. Ils considĂšrent qu’un systĂšme efficace de gestion de crise doit faire preuve d’une bonne rĂ©activitĂ©, qu’il est nĂ©cessaire pour cela de centraliser l’information nationale et europĂ©enne des livraisons par exploitation sur plusieurs annĂ©es, de dĂ©finir l’état de crise via les prix de rĂ©fĂ©rence et les marges, ce qui suppose une gestion directe via une Agence europĂ©enne de rĂ©gulation. La FNB estime qu’une hausse de l’aide vache allaitante Ă  300 euros par tĂȘte est indispensable pour conforter le secteur, maintenir la production et amĂ©liorer le revenu des producteurs. Pour primer l’ensemble des vaches allaitantes prĂ©sentes en France, de l’ordre de 4 millions de tĂȘtes, l’enveloppe doit ĂȘtre de 1 200 millions d’euros, soit 16 % de couplage pour cette mesure, indĂ©pendamment des autres mesures de couplage. Niveau actuel des crĂ©dits de la prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes » PMTVA – Enveloppe europĂ©enne 525 millions d’euros 150 euros par tĂȘte – Enveloppe de crĂ©dits nationaux 160 millions d’euros 50 euros par tĂȘte pour les 40 premiĂšres, 26 euros au-delĂ  À l’issue des trilogues entre le Conseil, la Commission et le Parlement europĂ©en, le taux de couplage a Ă©tĂ© portĂ© Ă  13 % contre 10 % actuellement. Une possibilitĂ© supplĂ©mentaire de 2 % a Ă©tĂ© obtenue pour la production de protĂ©ines vĂ©gĂ©tales, qui permettra de soutenir le dĂ©veloppement de l’autonomie fourragĂšre protĂ©ique de l’élevage. Vos rapporteurs saluent cette grande avancĂ©e, favorable aux Ă©levages allaitants. La convergence des aides directes, telle que proposĂ©e par la Commission europĂ©enne dans le cadre de la rĂ©forme de la PAC, consiste Ă  rapprocher le montant de l’aide Ă  l’hectare, aujourd’hui fondĂ© sur des rĂ©fĂ©rences historiques et de ce fait diffĂ©rent suivant les types de production, vers une valeur commune correspondant Ă  la moyenne nationale. La Commission propose que la convergence Ă  un paiement de base soit uniforme Ă  l’échelle de la rĂ©gion ou de l’État en 2019 et que dĂšs 2014, au minimum 40 % des paiements de base soient uniformisĂ©s. S’agissant de la France, ce scĂ©nario bĂ©nĂ©ficierait surtout aux Ă©levages extensifs et pĂ©naliserait l’élevage maĂŻs qu’il soit lait ou viande. Il impacterait peu la situation des producteurs en grandes cultures car leur montant d’aide moyen Ă  l’hectare actuel n’est que lĂ©gĂšrement supĂ©rieur Ă  la moyenne. L’évolution des aides serait la suivante – diminution de 15 % pour les grandes cultures ; – diminution de 15 % pour l’élevage bovins lait, et de 31 % pour l’élevage bovins lait maĂŻs ; – augmentation de 14 % pour l’élevage bovins viande, et de 19 % pour l’élevage bovins viande Ă  l’herbe ; – diminution de 10 % pour la polyculture-Ă©levage. Tant le Conseil que le Parlement europĂ©en se sont accordĂ©s sur le principe d’une convergence plus lente afin de prĂ©server l’équilibre Ă©conomique des diffĂ©rents types de production. Vos rapporteurs soutiennent activement ce choix. En outre, Ă  l’initiative de la France et de son ministre de l’agriculture, M. StĂ©phane Le Foll, a Ă©tĂ© introduite dans la position du Conseil du 19 mars un innovant paiement de redistribution » facultatif qui permettra aux États membres d’accorder un complĂ©ment en plus du paiement de base pour les premiers hectares de chaque exploitation et, ainsi, de tenir compte de la plus forte intensitĂ© de main-d’Ɠuvre qui caractĂ©rise les petites exploitations. La surprime aux 50 premiers hectares permettra d’attĂ©nuer l’effet de la convergence sur les Ă©levages intensifs. Le rĂ©gime de soutien aux zones agricoles dĂ©favorisĂ©es est compris dans l’axe 2 de la politique de dĂ©veloppement rural pour 2007-2013. Le rĂšglement CE 1257/1999 dĂ©termine trois catĂ©gories de zones agricoles dĂ©favorisĂ©es ZAD – les zones de montagne sont les zones handicapĂ©es par une pĂ©riode de vĂ©gĂ©tation sensiblement raccourcie en raison de l’altitude, par de fortes pentes Ă  une altitude moindre, ou par la combinaison de ces deux facteurs ; – les zones dĂ©favorisĂ©es intermĂ©diaires» 23 qui prĂ©sentent l’ensemble des handicaps suivants mauvaise productivitĂ© de la terre, production sensiblement infĂ©rieure Ă  la moyenne en raison de cette faible productivitĂ© du milieu naturel et faible densitĂ© ou tendance Ă  la rĂ©gression d’une population qui dĂ©pend de maniĂšre prĂ©pondĂ©rante de l’activitĂ© agricole ;– les zones affectĂ©es par des handicaps spĂ©cifiques sont des zones oĂč le maintien de l’activitĂ© agricole est nĂ©cessaire afin d’assurer la conservation ou l’amĂ©lioration de l’environnement, d’entretenir l’espace naturel, de prĂ©server le potentiel touristique ou de protĂ©ger les espaces la pĂ©riode 2007-2013, 12,6 milliards d’euros ont Ă©tĂ© consacrĂ©s Ă  ces aides, soit environ 14 % du financement total par le FEADER. Ces crĂ©dits ont principalement financĂ© l’attribution de l’indemnitĂ© compensatoire de handicaps naturels ICHN. Cette indemnitĂ© est accordĂ©e pour une surface maximum de 50 hectares, avec une surprime de 50 % pour les 25 premiers hectares. Elle pourrait servir de modĂšle Ă  la surprime aux premiers hectares pour les aides directes du premier plafond de l’ICNH sera augmentĂ© dans le cadre de la nouvelle PAC, ce qui constitue une trĂšs bonne nouvelle pour les Ă©leveurs de le futur Farm Bill n’est pas encore arrĂȘtĂ©, les discussions tĂ©moignent d’ores et dĂ©jĂ  d’une volontĂ© affirmĂ©e de renforcer encore l’orientation anticyclique de la politique agricole amĂ©ricaine. C’est ce que traduit le vote de la future loi-cadre le 21 juin dernier au SĂ©nat qui prĂ©voit la suppression totale des aides directes dĂ©couplĂ©es, Ă  l’instar de ce qu’avait proposĂ© la Maison Blanche dans un souci d’économies budgĂ©taires. Ces aides, versĂ©es indĂ©pendamment des prix, des rendements, des revenus et de la production agricoles, sont en effet devenues difficilement justifiables pour le gouvernement et les congressmen, d’autant plus dans un contexte oĂč les revenus agricoles ont atteint des niveaux vote du SĂ©nat tĂ©moigne aussi d’une volontĂ© de renforcer les dispositifs assurantiels, dĂ©jĂ  particuliĂšrement dĂ©veloppĂ©s aux États-Unis, tout en cherchant Ă  amĂ©liorer leur articulation avec les autres soutiens Ă  caractĂšre anticyclique. L’arsenal assurantiel existant est en effet globalement reconduit, tandis que de nouveaux programmes sont proposĂ©s notamment pour le coton ou l’arachide et de nouveaux enjeux pris en compte subvention additionnelle pour les agriculteurs rĂ©cemment installĂ©s, meilleure prise en compte des spĂ©cificitĂ©s des productions biologiques. Le SĂ©nat propose Ă©galement un nouveau dispositif additionnel de soutien, de type assurantiel, qui permettrait Ă  un exploitant de complĂ©ter la prise en charge de ses risques en bĂ©nĂ©ficiant d’indemnitĂ©s supplĂ©mentaires couvrant une partie de la franchise imposĂ©e par l’assureur. VersĂ©e en cas de pertes significatives au niveau du comtĂ© et non au niveau individuel, cette forme de couverture additionnelle, Supplemental Coverage Option SCO, serait mĂȘme subventionnĂ©e Ă  70 % contre 62 % en moyenne pour les dispositifs existants. Plusieurs programmes nouveaux seraient Ă©galement mis Ă  l’étude ou expĂ©rimentĂ©s, tels une assurance sur indice climatique ou encore une assurance sur le revenu global des exploitations. Sans toutefois les remettre en cause, l’administration Obama proposait plusieurs ajustements significatifs destinĂ©s Ă  amĂ©liorer l’efficience de ces programmes, considĂ©rĂ©s comme particuliĂšrement coĂ»teux, promettant une Ă©conomie de plus de 8 milliards de dollars sur 10 ans. Le SĂ©nat a choisi une autre voie, refusant de fragiliser ce qui devient de facto la clĂ© de voĂ»te de la protection contre la variabilitĂ© intra-annuelle. Toutefois, en vue d’assurer une meilleure cohĂ©rence entre les diffĂ©rents dispositifs, le SĂ©nat a introduit deux inflexions pour ces programmes assurantiels. Il s’agit, d’une part, d’une certaine dĂ©gressivitĂ© des soutiens, avec un taux de subvention des primes d’assurance rĂ©duit de 15 points, dĂšs lors que le produit brut de l’exploitation dĂ©passe le seuil de 750 000 $. D’autre part, la perception des soutiens serait soumise Ă  une conditionnalitĂ© environnementale, par la mise en Ɠuvre de programmes de conservation » environnementale. ParallĂšlement, le SĂ©nat propose de fusionner plusieurs aides anticycliques existantes, dont les paiements contracycliques et le dispositif ACRE Average Crop Revenue Election, qui avait Ă©tĂ© initiĂ© lors du prĂ©cĂ©dent Farm Bill. Un nouveau dispositif viendrait les remplacer, ARC Agriculture Risk Coverage, qui reprendrait le principe d’une aide compensant, pour partie, une baisse du chiffre d’affaires interannuel des diffĂ©rentes cultures couvertes, en complĂ©ment des dispositifs assurantiels qui couvrent uniquement les pertes intra-annuelles. De loin l’innovation la plus coĂ»teuse du projet sĂ©natorial, ce nouvel outil se verrait dotĂ© d’un budget de plus de 28 milliards de dollars. En termes d’articulation entre programmes, les niveaux de franchises pris en charge par le dispositif SCO tiendraient compte de la souscription Ă  ce programme ARC afin d’éviter les doubles paiements. Le vote du SĂ©nat tĂ©moigne par ailleurs d’une volontĂ© d’intervention renforcĂ©e et innovante pour le secteur laitier. Les producteurs bĂ©nĂ©ficieraient d’un nouveau dispositif d’aides anticycliques composĂ© de deux niveaux un paiement de base, couvrant un niveau minimal de marge diffĂ©rence entre la valeur de la production de lait et le coĂ»t de l’alimentation des vaches laitiĂšres ; et un paiement complĂ©mentaire, pour ceux dĂ©sirant une couverture supĂ©rieure de leur marge, avec possibilitĂ© de choisir le niveau de marge sĂ©curisĂ© et le volume de production couvert entre 25 % et 90 % de la production.Ce programme anticyclique serait conditionnĂ© Ă  la participation Ă  un programme de stabilisation du marchĂ© des produits laitiers. En cas de baisse des prix et des marges, les producteurs seraient incitĂ©s Ă  rĂ©duire leur production par rapport Ă  une rĂ©fĂ©rence Ă©volutive dans le temps moyenne des 3 mois prĂ©cĂ©dant la date d’activation du programme ou, au choix du producteur, de la production du mois de l’annĂ©e n - 1 par rapport Ă  la date d’activation du programme. ConcrĂštement, Ă  mesure que les marges baissent, les producteurs ne seraient plus payĂ©s sur les volumes dĂ©passant entre 92 % et 98 % de leur rĂ©fĂ©rence selon l’intensitĂ© des dĂ©sĂ©quilibres. Les laiteries qui transformeront nĂ©anmoins ces volumes surnumĂ©raires seraient alors tenues de reverser les montants correspondants Ă  l’État fĂ©dĂ©ral, afin d’ĂȘtre utilisĂ©s pour dynamiser la consommation de produits laitiers. Le programme serait dĂ©sactivĂ© en cas de remontĂ©e des marges ou des prix des produits calendrier se resserre pour le futur Farm Bill, la majoritĂ© des dispositions actuelles arrivant Ă  Ă©chĂ©ance le 30 septembre. La Chambre des reprĂ©sentants Ă©tant Ă  majoritĂ© rĂ©publicaine, on peut s’attendre Ă  une forte pression sur le budget agricole et alimentaire dans la mesure oĂč le chiffrage des impacts budgĂ©taires de la version Ă©manant du SĂ©nat conduirait Ă  une quasi-stagnation par rapport au niveau actuel. C’est d’ailleurs ce dont tĂ©moigne dĂ©jĂ  le vote en commission agricole de la Chambre du 12 juillet. S’il confirme les orientations Ă©manant du SĂ©nat, d’importantes rĂ©ductions pour les programmes alimentaires sont aussi proposĂ©es. Les interfĂ©rences probables avec la campagne prĂ©sidentielle amĂ©ricaine pourraient Ă©galement conduire au statu quo avec, Ă  dĂ©faut d’accord, la prorogation du Farm Bill actuel au moins pour une annĂ©e. Toutefois, bien que non terminĂ©es, les discussions confirment d’ores et dĂ©jĂ  les options actĂ©es prĂ©cĂ©demment, Ă  savoir une reconfiguration des soutiens au secteur agricole autour d’une orientation rĂ©solument anticyclique. Et elles soulignent Ă©galement que les contraintes OMC, qui poussent au contraire Ă  davantage de dĂ©couplage, ne constituent pas un Ă©lĂ©ment dĂ©terminant de l’évolution de la politique agricole amĂ©ricaine. DĂ©jĂ  pratiquĂ©e dans d’autres pays europĂ©ens comme l’Allemagne, la mĂ©thanisation constitue une voie de valorisation des effluents d’élevage alternative Ă  l’épandage direct. La LMAP a encouragĂ© sans rĂ©el succĂšs la crĂ©ation d’unitĂ©s de mĂ©thanisation collective, dont la production est assimilĂ©e Ă  un produit agricole du point de vue fiscal et social. La France ne compte qu’une dizaine d’unitĂ©s de mĂ©thanisation opĂ©rationnelles, contre prĂšs de 6 000 en Allemagne. La mĂ©thanisation produit du biogaz, qui peut soit ĂȘtre utilisĂ© comme tel soit ĂȘtre transformĂ© en Ă©lectricitĂ©. L’unitĂ© de mĂ©thanisation produit Ă©galement un digestat, qui peut ĂȘtre utilisĂ© comme engrais organique et intĂ©grĂ© dans le plan d’épandage et qui prĂ©sente une meilleure valeur agronomique que les effluents bruts. Le retard français s’explique notamment par la faiblesse des tarifs de rachat de l’électricitĂ© produite Ă  partir du biogaz. Il s’explique Ă©galement par l’importance de l’investissement que reprĂ©sente l’installation d’une unitĂ© de mĂ©thanisation. L’agence de l’environnement et de la maĂźtrise de l’énergie estime ces coĂ»ts Ă  5 000 euros le kW pour une installation de 100 kW, soit un investissement de 500 000 euros, sans compter les investissements de raccordement au rĂ©seau Ă©lectrique existant, qui peuvent ĂȘtre Ă©levĂ©s. Le 29 mars 2013 Mme Delphine Batho, alors ministre de l’écologie, du dĂ©veloppement durable et de l’énergie, et M. StĂ©phane Le Foll, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt ont prĂ©sentĂ© le plan Énergie MĂ©thanisation Autonomie Azote » EMAA. Ce plan vise Ă  dĂ©velopper un modĂšle français de la mĂ©thanisation agricole, privilĂ©giant des installations collectives, des circuits d’approvisionnement courts et des technologies et savoir-faire français. L’objectif du Gouvernement est de dĂ©velopper en France, Ă  l’horizon 2020, 1 000 mĂ©thaniseurs Ă  la ferme. Le plan prĂ©voit notamment – le lancement, en 2013, d’un appel Ă  projets gestion collective et intĂ©grĂ©e de l’azote » ; – l’optimisation du tarif d’achat pour l’électricitĂ© produite Ă  partir de biogaz pour favoriser les projets de mĂ©thanisation collective Ă  la ferme ; – la simplification des procĂ©dures administratives pour le dĂ©veloppement des projets de mĂ©thanisation ; – un meilleur accompagnement des porteurs de projets ; – des efforts de structuration de la filiĂšre, dans le cadre d’un projet prĂ©sentĂ© au Programme investissement d’avenir pour crĂ©er une filiĂšre nationale dans le domaine des Ă©quipements de mĂ©thanisation et dans le domaine de la valorisation des digestats. En effet, l’alimentation est le premier poste de charges dans les coĂ»ts de production. Les exploitations françaises en Ă©levage allaitant et laitier sont globalement autonomes en fourrages mais sont plus ou moins dĂ©pendantes des aliments concentrĂ©s achetĂ©s 7 Ă  22 % de la ration. Les fourrages occupent prĂšs de 15 millions d’hectares de SAU, dont 80 % en prairie. La production fourragĂšre est directement impactĂ©e par le changement climatique, notamment par les sĂ©cheresses de plus en plus frĂ©quentes. Il faut souligner Ă  cet Ă©gard l’intĂ©rĂȘt agronomique et Ă©conomique des systĂšmes de polyculture Ă©levage. Par la dĂ©cision 2009/719/CE la Commission europĂ©enne autorise Ă  partir du 1er janvier 2013 certains États membres Ă  dĂ©roger Ă  l’obligation de dĂ©pister systĂ©matiquement tous les bovins sains abattus de plus de 72 mois. Le ministĂšre de l’agriculture estime le coĂ»t des tests pour la seule partie publique Ă  plus de 7 millions d’euros par an. Aucun cas n’a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© en abattoir depuis 2010. Pour maĂźtriser les coĂ»ts de production, vos rapporteurs sont convaincus qu’il faut, sans Ă©videmment sacrifier les objectifs sanitaires et environnementaux, lever certaines contraintes qui pĂšsent sur les exploitations. La FĂ©dĂ©ration nationale bovine a ainsi fait part de son Ă©tonnement devant la persistance de normes plus sĂ©vĂšres en France qu’en Allemagne, en matiĂšre d’exploitations classĂ©es pour la protection de l’environnement ICPE. Alors que les textes europĂ©ens ne l’imposent pas, la France a ainsi mis en place un seuil d’entrĂ©e dans le rĂ©gime d’autorisation des ICPE en Ă©levage bovin Ă  50 vaches laitiĂšres et 100 vaches allaitantes, faisant peser sur tout projet d’agrandissement d’élevage un risque de refus, au terme de procĂ©dures longues et coĂ»teuses. Il est largement supĂ©rieur Ă  ce que coĂ»terait le dispositif de destruction des carcasses Ă©dictĂ© par le rĂšglement CE 999/2001 sachant qu’aucun cas d’ESB n’a Ă©tĂ© recensĂ© en France depuis 2010 et qu’en 2011, sur les 1 632 372 prĂ©lĂšvements rĂ©alisĂ©s Ă  l’abattoir et Ă  l’équarrissage seuls 20 ont donnĂ© lieu Ă  un rĂ©sultat non nĂ©gatif. La situation de l’élevage bovin laitier et allaitant en France nĂ©cessite une mobilisation sans prĂ©cĂ©dent. C’est un vĂ©ritable cri d’alarme qu’ont passĂ© nombre des personnes auditionnĂ©es par vos rapporteurs. Les difficultĂ©s conjoncturelles et structurelles rencontrĂ©es par nos Ă©leveurs ne sont pourtant pas irrĂ©mĂ©diables. L’élevage a un avenir en France. De nombreuses opportunitĂ©s existent et peuvent ĂȘtre dĂ©veloppĂ©es. Vos rapporteurs plaident donc pour - Une politique forte de modernisation des bĂątiments et des Ă©quipements, telle que le plan de modernisation des bĂątiments d’élevage PMBE. Vos rapporteurs estiment par ailleurs indispensables de conserver, voire de dĂ©velopper, le crĂ©dit d’impĂŽt remplacement ; - Un juste prix, qui permette Ă  chacun de pouvoir vivre dĂ©cemment de son travail. Ils estiment qu’une stagnation des prix du lait ou de la viande alors que les coĂ»ts de production des Ă©leveurs augmentent dĂ©valorise leur travail ; - Un Ă©tiquetage viande bovine française » VBF pour l’ensemble des produits, nĂ©s, Ă©levĂ©s, abattus et transformĂ©s en France. Cet Ă©tiquetage nĂ©cessite une modification de la rĂ©glementation europĂ©enne ; - L’encouragement Ă  la valorisation du lait et de la viande en produits certifiĂ©s comme rĂ©ponse Ă  la disparition des quotas, en particulier dans les zones difficiles, oĂč les coĂ»ts de collecte sont plus Ă©levĂ©s ; - Le dĂ©veloppement des circuits courts et les filiĂšres de qualitĂ© au sein de la restauration hors foyers, notamment en utilisant la possibilitĂ© ouverte par le dĂ©cret du 25 aoĂ»t 2011 ; - Le maintien de la mobilisation active des services de l’État pour obtenir la nĂ©gociation des certificats sanitaires indispensables Ă  l’ouverture des marchĂ©s, et entreprendre les dĂ©marches diplomatiques essentielles pour les relations commerciales au plan mondial ; - La constitution d’un groupement d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique en charge de la promotion des produits laitiers et de la recherche de nouveaux marchĂ©s permettrait de dynamiser plus encore les exportations françaises ; - Le lancement d’une grande rĂ©flexion sur la pertinence d’introduire une part de contracyclicitĂ© dans l’attribution des aides dans le cadre de la rĂ©forme de la PAC aprĂšs 2013 ; - L’extension de la contractualisation Ă  la filiĂšre de la viande bovine. Vos rapporteurs estiment en effet que la contractualisation est l’un des outils permettant de rĂ©guler les filiĂšres ; - Un choc de simplification en simplification des procĂ©dures administratives lourdes dans le respect des exigences environnementales. Vos rapporteurs saluent - Le consensus, Ă  l’issue des trilogues entre le Conseil, la Commission et le Parlement europĂ©en sur la rĂ©forme de la PAC, sur un taux de couplage 13 % contre 10 % actuellement. Une possibilitĂ© supplĂ©mentaire de 2 % a Ă©tĂ© obtenue pour la production de protĂ©ines vĂ©gĂ©tales, qui permettra de soutenir le dĂ©veloppement de l’autonomie fourragĂšre protĂ©ique de l’élevage ; - Le relĂšvement du plafond de l’ICNH, ce qui constitue une trĂšs bonne nouvelle pour les Ă©leveurs de montagne ; - L’adoption Ă  l’AssemblĂ©e Nationale en premiĂšre lecture du projet de loi relatif Ă  la consommation qui instaure une clause de renĂ©gociation en cas de forte volatilitĂ© des coĂ»ts des matiĂšres premiĂšres agricoles ; - Le plan Énergie MĂ©thanisation Autonomie Azote » EMAA lancĂ© par M. StĂ©phane Le Foll, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt ont prĂ©sentĂ©. Ce plan vise Ă  dĂ©velopper un modĂšle français de la mĂ©thanisation agricole, privilĂ©giant des installations collectives, des circuits d’approvisionnement courts et des technologies et savoir-faire français. Lors de sa rĂ©union du 10 juillet 2013, la commission a examinĂ© le rapport de la mission d’information sur la filiĂšre bovine et la production laitiĂšre en France prĂ©sentĂ© par MM. Germinal Peiro et Alain Marc, rapporteurs. M. le prĂ©sident Brottes. Nous examinons aujourd'hui les conclusions du rapport de MM. Peiro et Marc sur la filiĂšre bovine et la production laitiĂšre en France. M. Alain Marc, rapporteur. L’avenir de l’élevage bovin revĂȘt un caractĂšre stratĂ©gique pour l’économie, l’emploi, l’amĂ©nagement et la vitalitĂ© des territoires ruraux. Ainsi, dans la plupart des rĂ©gions de montagne, le troupeau laitier est le principal utilisateur des prairies. Il permet de maintenir des paysages ouverts et habitĂ©s, favorables au tourisme, Ă  la biodiversitĂ© et Ă  l’environnement. Pourtant l’élevage connaĂźt une crise profonde. Les Ă©leveurs sont confrontĂ©s Ă  de nombreuses difficultĂ©s, tant conjoncturelles que structurelles. Des difficultĂ©s conjoncturelles d’abord, car quand les cours des matiĂšres premiĂšres agricoles augmentent et que les Ă©leveurs ne peuvent les rĂ©percuter sur le prix du lait ou de la viande, cela engendre un effet ciseau, qui entraĂźne une compression insupportable des marges des Ă©leveurs. Ainsi, le prix du lait en 2012 se situe dans une moyenne haute par rapport aux prix des dix derniĂšres annĂ©es. Le problĂšme rĂ©side essentiellement dans l’absence de rĂ©percussion des hausses des prix tout au long de la filiĂšre. En fait, on observe en France une faible rĂ©percussion des hausses et des baisses de prix aux consommateurs, ce qui explique les compressions des marges des diffĂ©rents acteurs de la chaĂźne de valeur quand les cours sont hauts. En Allemagne au contraire, les prix de dĂ©tail pour le lait liquide, le beurre et les produits ultra frais ont fortement augmentĂ© depuis l’étĂ© 2012. L’élevage connaĂźt aussi des difficultĂ©s structurelles. L’astreinte conjuguĂ©e Ă  la pĂ©nibilitĂ© explique que certains prĂ©fĂšrent se concentrer sur la culture de cĂ©rĂ©ales ou jeter l’éponge. Le nombre d’éleveurs de vaches laitiĂšres baisse ainsi de 4 Ă  5 % par an. Dans les zones Ă  fort potentiel pĂ©doclimatique, la conversion d’exploitation en grandes cultures, plus rĂ©munĂ©ratrices et moins astreignantes, est dĂ©jĂ  une rĂ©alitĂ© tangible. Dans les zones Ă  forte activitĂ© Ă©conomique, si l’élevage est menacĂ©, c’est plutĂŽt par les alternatives offertes en matiĂšre d’utilisation des sols, que ce soient pour l’artificialisation ou l’urbanisation des sols. Or, ces alternatives signifient toujours un arrĂȘt irrĂ©versible de l’élevage. Elles prĂ©sentent en outre des risques en termes d’emplois, d’équilibre Ă©cologique, de fertilitĂ© organique et de capacitĂ© productive Il est donc essentiel d’assurer aux Ă©leveurs une juste rĂ©munĂ©ration, qui soit en rapport avec les astreintes et les contraintes inhĂ©rentes Ă  leur mĂ©tier. Plusieurs rĂ©flexions ont orientĂ© la dĂ©marche de vos rapporteurs comment Ă©viter une vĂ©gĂ©talisation de la France au cours de la prochaine dĂ©cennie qui aurait des consĂ©quences dramatiques pour l’équilibre des territoires ? Comment favoriser le maintien des exploitations d’élevages sur les territoires ? Comment assurer une juste rĂ©munĂ©ration aux Ă©leveurs et des conditions de vie dĂ©centes ? La mission d’information Ă©tait composĂ©e, outre de ses deux rapporteurs, Germinal Peiro et moi-mĂȘme, de Mme Annick Le Loch, M. Dominique Potier, Mme Brigitte Allain et de M. Thierry Benoit. Nous avons rencontrĂ© une soixantaine de personnes, d’horizons trĂšs diffĂ©rents, syndicats, experts et personnalitĂ©s qualifiĂ©es, organismes publics, entreprises, association d’élus Mme Massat, coopĂ©ratives. Notre but Ă©tait d’établir un panorama aussi complet que possible de l’état des filiĂšres bovines laitiĂšre et allaitante, de recueillir des propositions opĂ©rationnelles pour amĂ©liorer de façon concrĂšte et immĂ©diate la vie des Ă©leveurs, d’étudier sur le temps long, quels ajustement structurels peuvent permettre Ă  ces filiĂšres d’excellence de se dĂ©velopper en France, et Ă  l’étranger. M. Germinal Peiro, rapporteur. C’est un vĂ©ritable cri d’alarme qu’ont poussĂ© nombre des personnes auditionnĂ©es par vos rapporteurs. La situation de l’élevage bovin laitier et allaitant en France nĂ©cessite une mobilisation sans prĂ©cĂ©dent. Il est nĂ©cessaire de rĂ©orienter les politiques publiques. L’élevage est prĂ©sent dans prĂšs d’une exploitation sur deux, et dans 95 % des cantons, autant dire sur tout le territoire. Il fait vivre prĂšs de 70 000 Ă©leveurs laitiers et 60 000 Ă©leveurs en viande bovine. Les difficultĂ©s conjoncturelles et structurelles rencontrĂ©es par nos Ă©leveurs ne sont pourtant pas irrĂ©mĂ©diables. L’élevage a un avenir en France. De nombreuses opportunitĂ©s existent et peuvent ĂȘtre dĂ©veloppĂ©es. La croissance mondiale est importante et pĂ©renne. Pour la satisfaire, encore faut-il que nos Ă©leveurs ne jettent pas l’éponge. Nous tenons Ă  cet Ă©gard, avec Alain Marc, Ă  saluer un certain nombre de mesures rĂ©centes qui vont dans le bon sens pour nos Ă©leveurs Le rééquilibrage dans l’attribution des aides PAC, en faveur de l’élevage. Ainsi, un consensus a Ă©tĂ© trouvĂ©, Ă  l’issue des trilogues entre le Conseil, la Commission et le Parlement europĂ©en sur la rĂ©forme de la PAC, sur un taux de couplage 13 % contre 10 % actuellement. Une possibilitĂ© supplĂ©mentaire de 2 % a par ailleurs Ă©tĂ© obtenue pour la production de protĂ©ines vĂ©gĂ©tales, qui permettra de soutenir le dĂ©veloppement de l’autonomie fourragĂšre protĂ©ique de l’élevage. Nous saluons Ă©galement la surprime aux cinquante premiers hectares, qui va avantager globalement l’élevage, car les premiers hectares sont les plus intensifs en emploi. Cela ne veut pas dire que la PAC est dĂ©sormais contre les autres types d’agriculture. Mais les chiffres sont parlants un cĂ©rĂ©alier a gagnĂ© en 2011 72 000 euros, contre 26 500 euros pour un Ă©leveur laitier et 15000 euros pour un Ă©leveur en viande bovine. Le temps de travail est Ă©galement trĂšs dĂ©sĂ©quilibrĂ© selon les filiĂšres. Il y a donc une menace sur l’élevage pour des raisons non seulement Ă©conomiques, mais Ă©galement sociales et sociĂ©tales. Toujours s’agissant de la rĂ©forme de la PAC, le relĂšvement du plafond de l’ICNH indemnitĂ© compensatoire de handicap naturel, ce qui constitue une trĂšs bonne nouvelle pour les Ă©leveurs de montagne ; L’adoption Ă  l’AssemblĂ©e Nationale en premiĂšre lecture du projet de loi relatif Ă  la consommation qui instaure une clause de renĂ©gociation en cas de forte volatilitĂ© des coĂ»ts des matiĂšres premiĂšres agricoles ; je tiens d’ailleurs Ă  saluer tout particuliĂšrement les rapporteurs de ce texte, Razzy Hammadi et Annick Le Loch Le plan Énergie MĂ©thanisation Autonomie Azote » EMAA lancĂ© par M. StĂ©phane Le Foll, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt ont prĂ©sentĂ©. Ce plan vise Ă  dĂ©velopper un modĂšle français de la mĂ©thanisation agricole, privilĂ©giant des installations collectives, des circuits d’approvisionnement courts et des technologies et savoir-faire français. Mais toutes ces mesures ne sont pas encore suffisante, vos rapporteurs plaident donc pour – Une politique forte de modernisation des bĂątiments et des Ă©quipements, telle que le plan de modernisation des bĂątiments d’élevage PMBE. Nous estimons par ailleurs indispensables de conserver, voire de dĂ©velopper, le crĂ©dit d’impĂŽt remplacement ; nous serons donc trĂšs attentifs au projet de loi de finances pour 2014. – Un juste prix, qui permette Ă  chacun de pouvoir vivre dĂ©cemment de son travail. Nous estimons qu’une stagnation des prix du lait ou de la viande alors que les coĂ»ts de production des Ă©leveurs augmentent dĂ©valorise leur travail. A cet Ă©gard, la rĂ©cente mĂ©diation sur le prix du lait a portĂ© ses fruits. – Un Ă©tiquetage viande bovine française » VBF pour l’ensemble des produits, nĂ©s, Ă©levĂ©s, abattus et transformĂ©s en France. Cet Ă©tiquetage nĂ©cessite une modification de la rĂ©glementation europĂ©enne. Un rapport devait ĂȘtre remis en dĂ©cembre 2013, il devrait en fait l’ĂȘtre dans les prochaines semaines. Nous avons eu des dĂ©bats trĂšs vifs lors de la discussion du projet de loi relatif Ă  la consommation. Il ne faut pas cĂ©der sur ce point. C’est ce que les consommateurs attendent. – L’encouragement Ă  la valorisation du lait et de la viande en produits certifiĂ©s comme rĂ©ponse Ă  la disparition des quotas, en particulier dans les zones difficiles, oĂč les coĂ»ts de collecte sont plus Ă©levĂ©s. – Le dĂ©veloppement des circuits courts et les filiĂšres de qualitĂ© au sein de la restauration hors foyers, notamment en utilisant la possibilitĂ© ouverte par le dĂ©cret du 25 aoĂ»t 2011. 80 % de la restauration collective française est approvisionnĂ©e par de la viande bovine importĂ©e. – Le maintien de la mobilisation active des services de l’État pour obtenir la nĂ©gociation des certificats sanitaires indispensables Ă  l’ouverture des marchĂ©s. – La constitution d’un groupement d’intĂ©rĂȘt Ă©conomique en charge de la promotion des produits laitiers et de la recherche de nouveaux marchĂ©s permettrait de dynamiser plus encore les exportations françaises. – Le lancement d’une grande rĂ©flexion sur la pertinence d’introduire une part de contracyclicitĂ© dans l’attribution des aides dans le cadre de la rĂ©forme de la PAC aprĂšs 2020. M. Dacian Ciolos, que j’ai interrogĂ© Ă  ce sujet, a rĂ©pĂ©tĂ© que ce systĂšme n’était pas comprĂ©hensible pour nos concitoyens. – L’extension de la contractualisation Ă  la filiĂšre de la viande bovine. Nous estimons en effet que la contractualisation est l’un des outils permettant de rĂ©guler les filiĂšres. – Un choc de simplification en simplification des procĂ©dures administratives lourdes dans le respect des exigences environnementales. M. le prĂ©sident François Brottes. Je vous remercie pour ces propositions concrĂštes, je donne maintenant la parole aux reprĂ©sentants des groupes politiques. M. Dominique Potier. Je vous remercie pour la qualitĂ© du travail fourni et pour votre capacitĂ© Ă  prendre de la hauteur par rapport au sujet et Ă  prĂ©senter des propositions prospectives. En dĂ©finitive, la question que vous posez au travers de ce rapport, qui rejoint celle au sujet de la forĂȘt, est de savoir si nous devons nous rĂ©signer Ă  ĂȘtre un pays exportateur de matiĂšres premiĂšres et importateur de produits finis ou si nous avons l’ambition, dans le cadre plus global du redressement productif, de continuer Ă  produire de la valeur ajoutĂ©e, de l’emploi et des externalitĂ©s environnementales favorables par une dĂ©fense de l’élevage. Nous sommes en effet un pays exportateur qui dĂ©mĂ©nage sa production sur l’arc atlantique, selon une logique de ports, gĂ©nĂ©ratrice de diagonales arides pour des rĂ©gions qui perdront de l’emploi, de la biodiversitĂ© et de la valeur ajoutĂ©e. Ce n’est pas le scĂ©nario que vous prĂ©conisez puisque vous Ă©voquez des pistes de redressement rĂ©alistes. Votre diagnostic tient en quelques chiffres clĂ©s, 50 % des exploitations ont encore en leur sein des bovins, 50 % des Ă©leveurs ont plus de cinquante ans et on constate 5 % de dĂ©prise annuelle. L’alerte est donc lĂ  et c’est ce qui ressort de ce rapport. Je vous fĂ©licite d’avoir pris en compte les donnĂ©es sociaux-culturelles qui sont essentielles. Comme l’avait indiquĂ© notre collĂšgue HervĂ© Gaymard dans le cadre de la mission d’information sur la PAC, la question de l’élevage, et tout particuliĂšrement celle de l’élevage de montagne, n’est pas qu’une question de revenu mais Ă©galement une question de qualitĂ© de vie et de passion du mĂ©tier. Vous avez eu raison de souligner l’importance de beaux outils de travail, d’une fiertĂ© du mĂ©tier, d’une filiĂšre d’enseignement de grande qualitĂ© et de des services de remplacement qui apportent un minimum de vie sociale moderne aux jeunes qui entreprennent dans ce secteur de l’élevage que je connais trĂšs bien pour y avoir Ă©voluĂ© vingt ans durant. Je suis favorable aux services de remplacement, Ă  des plans de bĂątiment dans les contrats de plan, Ă  des budgets europĂ©ens flĂ©chĂ©s en la matiĂšre. J’aimerais toutefois attirer votre attention sur un point trĂšs prĂ©cis, les groupements d’employeurs ont pour l’instant, pour des questions juridiques, Ă©tĂ© exclus du bĂ©nĂ©fice du CICE. Il est fondamental de soutenir le maillage autour des Ă©leveurs, notamment dans les rĂ©gions oĂč l’activitĂ© est trĂšs difficile. Bien entendu le niveau des revenus compte Ă©galement beaucoup pour l’attrait de ce mĂ©tier. Sur ces questions macro-Ă©conomiques vous avez pointĂ© les avancĂ©es rĂ©guliĂšres conduites par ce gouvernement dont nous sommes fiers. Je pense notamment aux avancĂ©es portĂ©es par la rapporteure Annick Le Loch en matiĂšre de nĂ©gociation avec la grande distribution dans le projet de loi sur la consommation et au combat menĂ© par le ministre de l’agriculture dans le cadre de la PAC pour maintenir son budget et le rĂ©ajuster. Je tiens Ă  lui faire part du soutien de notre groupe dans le rééquilibrage Ă  l’égard de l’élevage entre le premier et le deuxiĂšme pilier Je souhaite insister sur plusieurs rĂ©gulations Ă  venir. La PAC 2020 devra aller plus loin dans le rééquilibrage vers l’élevage, les 9 centimes de diffĂ©rentiel sur l’abattage avec l’Allemagne qui mĂšne une politique sociale dĂ©lĂ©tĂšre appellent une rĂ©gulation sociale trĂšs forte sur les outils agro-alimentaires Ă  l’échelle de l’Europe, pour les cĂ©rĂ©ales la crĂ©ation d’un deuxiĂšme marchĂ© Ă  destination de la consommation animale serait une avancĂ©e dĂ©cisive Ă  l’horizon de 2020. Je tiens Ă  souligner les avancĂ©es en matiĂšre de lutte contre la spĂ©culation des denrĂ©es alimentaires, qui amplifient les phĂ©nomĂšnes de hausse des cours des denrĂ©es alimentaires, dans le cadre de la loi de rĂ©gulation bancaire. Enfin, rien ne sera possible sans une politique d’installation qui freine les politiques d’agrandissement et qui empĂȘchent les initiatives en matiĂšre de poly-culture-Ă©levage en dressant des stratĂ©gies qui se traduisent par des situations d’appauvrissement. M. Antoine Herth. Je tiens Ă  mon tour Ă  saluer la qualitĂ© de ce rapport qui pointe notamment la stabilitĂ© du revenu des Ă©leveurs et la diffĂ©rence de coĂ»t de main d’Ɠuvre avec nos voisins europĂ©ens. Vous prĂ©conisez l’étiquetage des viandes bovines françaises, vous avez bien identifiĂ© le potentiel du marchĂ© Ă  l’export vers la Chine et je vous rejoins dans l’idĂ©e qu’il convient de modifier la culture politique de l’Union europĂ©enne pour revenir sur la primautĂ© des rĂšgles de la concurrence qui Ă©crasent toutes les autres considĂ©rations. Le rapport souligne, Ă  raison, les problĂšmes qui peuvent survenir en lien avec la suppression des quotas en termes de dĂ©mĂ©nagements des Ă©levages sur le territoire national. Je vous rejoins Ă©galement sur l’analyse du Farm bill amĂ©ricain et sur la question des aides contra-cycliques qui sont demandĂ©es depuis des annĂ©es par les cĂ©rĂ©aliers français. Vos propositions sur les effluents d’élevage vont dans le bon sens, il convient de rĂ©flĂ©chir Ă  la simplification des procĂ©dures en ce domaine. Enfin bravo pour vos propositions sur l’ESB qui sont trĂšs courageuses dans ce domaine politiquement et mĂ©diatiquement sensible. Il existe en revanche un certain nombre de points sur lesquels je pense qu’il est encore nĂ©cessaire de travailler. Je regrette notamment les chiffres que vous avancez sur le temps de travail qui me semblent proche de la caricature, 3 600 heures par an pour l’élevage contre 800 pour les cĂ©rĂ©aliers cela voudrait dire qu’un Ă©leveur travaille onze heures par jour et un cĂ©rĂ©alier seulement deux ! Il y a dĂ©sormais des rĂ©ponses en matiĂšre d’élevage, les GAEC, les groupements d’employeurs, les CUMA et les robots de traite qui permettent d’avancer en matiĂšre de charge de travail. Il ne faut pas se tromper, lorsqu’un cĂ©rĂ©alier fait le tour de plaine pour observer ses cultures et essayer de rĂ©duire le nombre de traitements phytosanitaires, il travaille aussi ! Je pense qu’il faut s’en tenir aux donnĂ©es observables sans tomber dans la caricature. Sur la question du revenu agricole vous avez abordĂ© des pistes intĂ©ressantes. Je crois qu’il faut retenir que ce revenu est la diffĂ©rence entre les charges et les produits. Vos propositions sur les charges variables, sur l’autonomie alimentaire, sont particuliĂšrement importantes. Je vous appelle en revanche Ă  la prudence s’agissant des charges fixes et la modernisation des installations agricoles. En effet l’éleveur va souvent au-delĂ  de la seule modernisation et anticipe une augmentation de son cheptel, ce qui peut le placer dans une situation dĂ©licate en cas de modification de la conjoncture. En ce qui concerne le chiffre d’affaire, je vous rejoins sur la nĂ©cessitĂ© de trouver des stabilisateurs sur le prix payĂ© au producteur. La subvention ne rĂ©soudra pas tout. Il y a enfin un besoin de capitalisation dans le cheptel, c’est un investissement que l’éleveur retrouve au terme de sa carriĂšre mais qui pĂšse sur les jeunes voulant s’installer. Enfin, je souligne l’absence de dĂ©veloppements sur la prise en compte du risque, risque climatique bien sĂ»r mais aussi risque sanitaire, qui fragilise bon nombre d’élevages. Je rejoins notre collĂšgue Potier sur le fait que l’indicateur de bonne santĂ© du secteur c’est celui de la capacitĂ© Ă  l’installation des jeunes. M. Thierry Benoit. Ce rapport ne peut que conforter les membres de la commission sur un certain nombre d’idĂ©es qui sont Ă©galement celles des rapporteurs. Il convient de souligner les efforts considĂ©rables rĂ©alisĂ©s par les Ă©leveurs français depuis de nombreuses annĂ©es sur la qualitĂ© des produits mis sur le marchĂ©, qualitĂ© nutritive et qualitĂ© gustative. Les efforts en matiĂšre de qualitĂ© sanitaire, de sĂ©curitĂ© alimentaire mais aussi en faveur de la reconquĂȘte de la qualitĂ© de l’eau et de la protection de l’environnement. Je trouve que ces diffĂ©rents Ă©lĂ©ments auraient pu ĂȘtre davantage mis en avant dans le rapport car ils ont incontestablement usĂ©s les agriculteurs. Il en va de mĂȘme pour les contrĂŽles des diffĂ©rentes administrations qui reposent trop souvent sur la suspicion Ă  l’égard des agriculteurs et encore davantage des Ă©leveurs. Nous devons modifier cette approche en renforçant la confiance Ă  l’égard des agriculteurs. Le rapport aurait pu ĂȘtre encore plus prĂ©cis sur les orientations. Il en va ainsi d’une nĂ©cessaire harmonisation europĂ©enne sur les ICPE, il en va de mĂȘme de la modernisation de notre parc de bĂątiments, de la qualitĂ© environnementale et du bien-ĂȘtre animal. C’est Ă©galement le cas en matiĂšre d’évaluation des politiques publiques, notamment en matiĂšre de ZES qu’il convient d’évaluer et de remettre au goĂ»t du jour car des progrĂšs considĂ©rables ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s sur le terrain. En ce qui concerne l’étiquetage, nous avons eu un dĂ©bat intĂ©ressant lors du dĂ©bat sur le projet de loi consommation. L’étiquetage sur l’origine des produits et de la viande dans les plats prĂ©parĂ©s constitue un enjeu considĂ©rable. J’insiste sur le sujet des contrĂŽles qui sont bien entendus nĂ©cessaires mais qui doivent ĂȘtre effectuĂ©s dans le respect des formes. En matiĂšre de simplification il faut dĂ©sormais passer des paroles aux actes et l’harmonisation sur les ICPE participe Ă  cette simplification. Il s’agit de mesures simples Ă  prendre et qui ne coĂ»tent pas. La prĂ©cĂ©dente majoritĂ© n’a pas osĂ© aller suffisamment loin sur ces questions, notamment pour ne pas heurter les associations environnementales. L’actuel gouvernement va rĂ©ussir Ă  avancer dans la voie de l’harmonisation car nous qui sommes dans l’opposition souhaitons aller dans le mĂȘme sens. Sur les questions europĂ©ennes, l’actuel ministre de l’agriculture poursuit le travail initiĂ© par la prĂ©cĂ©dente majoritĂ©, ce qui va dans le bon sens. Il faut Ă©galement avoir Ă  l’esprit le fait que les dĂ©cisions agricoles sont des dĂ©cisions transversales qui concernent tout autant les ministĂšres de l’économie et de l’environnement. Il faut enfin que les dĂ©cisions prises par le ministre soient relayĂ©es en rĂ©gion par les prĂ©fets et les services de l’État DRAF, DSV qui doivent appliquer ces mesures sans les interprĂ©ter selon leur propre apprĂ©ciation. Je soutiens donc ce rapport tout en indiquant qu’il Ă©tait possible d’aller encore plus loin, sans dĂ©penses supplĂ©mentaires. M. AndrĂ© Chassaigne. C’est un excellent rapport, ce qui ne m’étonne pas compte tenu de la composition de la mission d’information. Je regrette que de notre groupe n’ait pas pu y participer en raison de la charge de travail de ses membres. Il est urgent d’apporter des rĂ©ponses concrĂštes Ă  la crise de l’élevage car, comme celle d’autres professions, la souffrance des Ă©leveurs est trĂšs forte. Sans ce type de rĂ©ponses, quelle que soit la conjoncture, nous risquons une catastrophe Ă©conomique. Comme je l’ai dĂ©jĂ  dit en sĂ©ance dans le cadre de la discussion du projet de loi sur la consommation, la modification de la rĂ©glementation europĂ©enne en matiĂšre d’étiquetage ne serait pas suffisante. Une volontĂ© politique forte est nĂ©cessaire, sans quoi nous aggraverons le sentiment de rejet vis-Ă -vis de l’Europe. Je suis favorable Ă  votre proposition de dĂ©velopper les circuits courts et les filiĂšres de qualitĂ© au sein de la restauration hors foyers. Il convient pour cela de s’appuyer sur les bonnes pratiques au niveau local le conseil gĂ©nĂ©ral de la DrĂŽme et celui du Puy de DĂŽme ont ainsi mis en Ɠuvre des circuits courts pour la restauration collective dans les collĂšges, dans le respect du code des marchĂ©s publics. Je regrette que les consĂ©quences des accords commerciaux internationaux soient sous-estimĂ©es dans les conclusions du rapport. Vous ne mentionnez en effet que la nĂ©gociation des certificats sanitaires, alors que la question des droits de douane est essentielle. L’accord entre l’Union europĂ©enne et le Canada qui doit ĂȘtre conclu prochainement aura inĂ©vitablement un effet sur les importations de viande bovine canadienne. Les États-Unis, dans les nĂ©gociations qui se sont ouvertes avec l’Union europĂ©enne, ont une volontĂ© trĂšs forte d’obtenir la fin de la protection de la viande française, ainsi que la modification des rĂšgles sanitaires. Mme Jeanine DubiĂ©. Je salue ce rapport de grande qualitĂ©, qui dresse un Ă©tat des lieux complet du secteur et formule des propositions pour soutenir les filiĂšres. Le secteur du lait rencontre de graves difficultĂ©s mais il reste stratĂ©gique pour notre Ă©conomie. Les difficultĂ©s s’expliquent par le manque de rentabilitĂ© en raison de l’absence de compensation par les prix de la hausse des coĂ»ts de production. Le relĂšvement de 25 euros du prix payĂ© aux producteurs pour 1 000 litres de lait collectĂ©s proposĂ© par le mĂ©diateur des relations commerciales agricoles et acceptĂ© par les distributeurs est une solution ponctuelle qui ne rĂ©sout pas les problĂšmes structurels de la filiĂšre. Le partage de la valeur ajoutĂ©e est en effet trĂšs dĂ©favorable aux producteurs. Il est donc nĂ©cessaire de rĂ©former la contractualisation mise en Ɠuvre dans le cadre de la loi de modernisation de l’agriculture du 27 juillet 2010. Le regroupement des producteurs au sein d’organisations de producteurs peut apporter une solution car il renforce leur poids dans les nĂ©gociations. Le projet de loi sur la consommation permet un rééquilibrage et un meilleur encadrement des relations commerciales avec les distributeurs, grĂące Ă  l’affirmation de la primautĂ© des conditions gĂ©nĂ©rales de vente dans les nĂ©gociations, au renforcement de la transparence des contrats et Ă  la clause de renĂ©gociation des prix. Il conviendrait Ă©galement de renforcer l’accompagnement technique des producteurs en matiĂšre d’alimentation et de gĂ©nĂ©tique. La rĂ©forme de la PAC et la fin des quotas laitiers sont sources d’incertitude pour la filiĂšre. Les producteurs craignent que la contractualisation avantage exclusivement les transformateurs, qui pourraient en outre ĂȘtre tentĂ©s de favoriser les excĂ©dents pour peser sur les prix. Ne serait-il pas souhaitable de crĂ©er une instance de rĂ©gulation europĂ©enne qui Ă©valuerait les quantitĂ©s nĂ©cessaires en fonction de l’offre et de la demande ? Par ailleurs, notre groupe soutient l’aide financiĂšre Ă  la mise aux normes des bĂątiments d’élevage, qui reprĂ©sente des investissements trĂšs lourds pour les Ă©leveurs et n’est pas rentabilisĂ©e en raison du niveau insuffisant des prix. Pour la filiĂšre bovine, l’objectif est le maintien des exploitations tout en assurant une juste rĂ©munĂ©ration des Ă©leveurs. Faut-il accepter la concentration naturelle des producteurs dans un objectif de rentabilitĂ© ou aider les petits Ă©leveurs qui produisent des externalitĂ©s positives en matiĂšre d’activitĂ© Ă©conomique, de tourisme, de paysage ? La rĂ©ponse ne doit pas se limiter aux subventions car il est essentiel que les Ă©leveurs soient rĂ©munĂ©rĂ©s au juste prix, afin de prendre en compte la hausse des coĂ»ts de production. Il faut revaloriser les prix car les transformateurs et les distributeurs imposent un niveau trop bas. Le risque est celui d’une dĂ©saffection des agriculteurs et des jeunes pour les filiĂšres d’élevage. Concernant l’étiquetage de l’origine nationale des viandes, nous sommes favorables Ă  l’amendement qui avait Ă©tĂ© dĂ©posĂ© par M. Germinal Peiro sur le projet de loi relatif Ă  la consommation. Les circuits courts, qui rĂ©pondent Ă  une demande des consommateurs, doivent en effet ĂȘtre dĂ©veloppĂ©s mais cela suppose la prĂ©sence d’abattoirs Ă  proximitĂ©, ce qui peut poser problĂšme en milieu rural. Dans ma circonscription, l’enseigne CarrĂ© fermier » connaĂźt un important succĂšs dans le dĂ©veloppement de circuits courts. Il convient d’encourager ce type d’initiatives et de les ouvrir aux filiĂšres de viande française pour la restauration collective. Mme Brigitte Allain. Je remercie les rapporteurs pour la qualitĂ© de leur travail et regrette de n’avoir pas pu participer davantage aux travaux de la mission d’information par manque de temps. Les revenus moyens varient de 1 Ă  5 entre Ă©leveurs et cĂ©rĂ©aliers. Les donnĂ©es sur le temps de travail des Ă©leveurs citĂ©es dans le rapport correspondent Ă  la rĂ©alitĂ©. Nous partageons tous l’objectif d’assurer un revenu suffisant aux Ă©leveurs et de permettre le maintien des exploitations sur l’ensemble du territoire, notamment dans les zones de montagne ou les zones Ă  handicap naturel. Le systĂšme des quotas laitiers n’était pas parfait mais il permettait de rĂ©guler le marchĂ©. La contractualisation ne permet pas d’assurer des revenus suffisants ni de rĂ©guler la production. La faiblesse des prix va entraĂźner un recul du nombre d’exploitations et de la production laitiĂšre. Alors que l’Union europĂ©enne a dĂ©cidĂ© de maintenir les droits de plantation de vignes, et que les États-Unis et le Canada disposent d’instruments de rĂ©gulation de la production laitiĂšre, pourquoi l’Europe ne mettrait-elle pas en place un nouveau systĂšme d’autorisations ? La rĂ©forme de la PAC vise Ă  rééquilibrer les revenus et mieux rĂ©partir les aides entre les diffĂ©rents secteurs producteurs de fruits et lĂ©gumes, Ă©leveurs et pour les nouveaux États membres mais il est inacceptable que les aides soient actuellement distribuĂ©es de façon injuste. Le projet de loi relatif Ă  la consommation prĂ©voit une clause rĂ©vision des contrats en cas de hausse des prix des matiĂšres premiĂšres et un renforcement de la transparence et des contrĂŽles mais est-ce suffisant ? La prĂ©sence du mĂ©diateur des relations commerciales agricoles a eu un effet rĂ©gulateur. Tout l’enjeu est de remplacer les Ă©leveurs qui vont prendre leur retraite dans les prochaines annĂ©es, puisque 50 % d’entre eux sont ĂągĂ©s de plus de 50 ans. Dans une perspective d’avenir, il convient de dĂ©velopper l’agro-Ă©cologie et de favoriser l’autonomie protĂ©ique, grĂące Ă  un plan pour les protĂ©ines vĂ©gĂ©tales tant dans le cadre de la PAC qu’au niveau national. Compte tenu du niveau Ă©levĂ© des importations de viande en France, il faut se montrer particuliĂšrement ambitieux pour les filiĂšres de l’élevage. Cette question devra ĂȘtre l’un des sujets essentiels du futur projet de loi d’avenir pour l’agriculture. Il conviendra notamment de dĂ©velopper les formations en agro-Ă©cologie rotation des cultures, polyculture et les filiĂšres de consommation locale, ce qui rĂ©pond Ă  une rĂ©elle demande de la sociĂ©tĂ©. Mme Laure de la RaudiĂšre. Je fĂ©licite les rapporteurs pour leur excellent travail et les remercie d’avoir mis en avant cet important sujet. Nous devons en effet porter une attention particuliĂšre aux Ă©leveurs. Le rapport fait Ă©tat des revenus moyens des cĂ©rĂ©aliers en 2012, annĂ©e oĂč le cours du blĂ© a Ă©tĂ© particuliĂšrement Ă©levĂ© 260 euros la tonne contre 100 Ă  130 euros en 2009. Il aurait Ă©tĂ© intĂ©ressant de procĂ©der Ă  un lissage dans le temps ou de citer les chiffres des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Je souhaiterais avoir l’avis des rapporteurs sur les possibilitĂ©s de prĂ©voir, dans le cadre de la PAC, des aides variables en fonction du cours des cĂ©rĂ©ales, dans le contexte de forte volatilitĂ© des marchĂ©s. Mme Annick Le Loch. Il s’agit d’un trĂšs bon rapport, qui propose des solutions efficaces. Nous avons aujourd’hui une obligation de rĂ©sultat pour l’avenir de la filiĂšre et des producteurs. Une juste rĂ©munĂ©ration des diffĂ©rents acteurs est nĂ©cessaire. L’accord du 3 mai 2011 entre agriculteurs, industriels et distributeurs sur la rĂ©ouverture de nĂ©gociations commerciales en cas de variations du prix de l’alimentation animale reposait sur le volontariat. Les industriels ont demandĂ© leur part de la hausse des prix de 25 euros dĂ©cidĂ©e rĂ©cemment. En l’absence de solidaritĂ© des diffĂ©rents acteurs de la filiĂšre, les producteurs auront en effet des difficultĂ©s pour peser face aux distributeurs. Le projet de loi sur la consommation prĂ©voit une clause de renĂ©gociation en cas de fortes variations des prix des matiĂšres premiĂšres agricoles. Il est prĂ©vu que la liste des secteurs concernĂ©s, qui inclura les produits laitiers, sera prĂ©cisĂ©e par dĂ©cret. Il est nĂ©cessaire que les Ă©leveurs soient justement rĂ©tribuĂ©s mais rien n’est garanti pour l’instant. La solidaritĂ© de la filiĂšre est nĂ©cessaire. M. Jean-Claude Mathis. L’accord tripartite du 3 mai 2011 entre agriculteurs, transformateurs et distributeurs prĂ©voit la renĂ©gociation des prix des produits agricoles en cas de forte variation des coĂ»ts de revient, du fait notamment de l’alimentation des animaux. Cela n’empĂȘche pas la grande distribution d’exercer une pression en vue de la baisse du prix du lait. Comment favoriser, selon vous, l’application effective de l’accord et faire en sorte que l’augmentation des coĂ»ts de production des Ă©leveurs soit rĂ©percutĂ©e sur les prix de vente des distributeurs ? Par ailleurs, comment parvenir Ă  imposer l’étiquetage de l’origine de la matiĂšre premiĂšre, qui offrira aux consommateurs une information loyale tout en valorisant les efforts de traçabilitĂ© rĂ©alisĂ©s tout au long de la chaĂźne ? Mme FrĂ©dĂ©rique Massat. Mon intervention portera sur l’élevage en zone de montagne, sujet sur lequel j’ai du reste Ă©tĂ© auditionnĂ©e par les rapporteurs au titre de l’association nationale des Ă©lus de la montagne. Cette audition a eu lieu au mois de mars dernier et des avancĂ©es au niveau europĂ©en sont intervenues depuis cette date. À la lecture du rapport, je comprends en quoi la convergence des aides risque de dĂ©sĂ©quilibrer les autres productions mais je tiens tout de mĂȘme Ă  relayer le souhait des Ă©leveurs des zones de montagne d’une convergence plus rapide. J’insiste d’autant plus sur la nĂ©cessitĂ© de les sortir de la situation pĂ©nalisante actuelle que le secteur se trouve aujourd’hui dans une situation particuliĂšrement difficile. Si demain il ne devait plus y avoir d’agriculture dans nos montagnes, l’entretien des paysages et la prĂ©servation de l’environnement seraient gravement remis en question. Il s’agit donc d’adapter les paiements de base aux spĂ©cificitĂ©s de la montagne. Certes des avancĂ©es ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es, avec notamment le relĂšvement des indemnitĂ©s compensatoires de handicaps naturels ICHN, mais demeure le problĂšme de la prime herbagĂšre agroenvironnementale PHAE, qui doit disparaĂźtre pour ĂȘtre prĂ©cisĂ©ment couplĂ©e aux ICHN. Les Ă©leveurs vont-ils y trouver leur compte, telle est leur inquiĂ©tude aujourd’hui. M. Daniel Fasquelle. Le cri d’alarme que nous pouvons tous pousser ce matin ne concerne pas seulement les zones de montagne. L’élevage laitier est en grande partie dĂ©stabilisĂ© partout en France, je partage le diagnostic dressĂ© par ce rapport, et il est donc urgent d’agir sur les aides ou encore sur la revalorisation des produits. À ce sujet, je regrette que dans le cadre du projet de loi sur la consommation, nous ne soyons pas allĂ©s jusqu’au bout de la volontĂ© d’indiquer l’origine des produits dans les plats prĂ©parĂ©s. S’agissant des rĂ©munĂ©rations annexes, il faut Ă  tout prix faire avancer le dossier de la mĂ©thanisation. Les projets qui sont aujourd’hui portĂ©s sur le terrain n’arrivent en effet pas Ă  aboutir. Je souhaite revenir aussi sur la question de la fiscalitĂ© et des charges sociales, et plus gĂ©nĂ©ralement sur le sujet de l’environnement lĂ©gislatif et rĂ©glementaire. Pouvons-nous tirer des enseignements auprĂšs de nos partenaires europĂ©ens, en particulier l’Allemagne, le Danemark et les Pays-Bas ? M. HervĂ© Pellois. Notre pays dispose de nombreux atouts, Ă  condition de mieux les exploiter. Il sera notamment nĂ©cessaire de se battre sur la question des indications gĂ©ographiques protĂ©gĂ©es IGP dans le cadre de la nĂ©gociation de l’accord entre l’Union europĂ©enne et les États-Unis. Je perçois par ailleurs une faiblesse Ă  l’export du fait du trop grand nombre d’interlocuteurs et d’initiatives prises aujourd’hui, sans compter les races rĂ©pertoriĂ©es et le nombre de labels. Chacun essaye de se positionner seul alors que nous devrions jouer groupĂ©s pour conforter nos points forts, comme par exemple notre avance en matiĂšre de gĂ©nĂ©tique animale. M. Dino Cinieri. Je tiens Ă  saluer le travail rĂ©alisĂ© par nos deux rapporteurs avant de les interroger sur deux points. Tout d’abord, pensez-vous nĂ©cessaire d’élaborer un nouveau systĂšme de rĂ©gulation du marchĂ© du lait au sein de l’Union europĂ©enne. Dans un rapport publiĂ© Ă  l’automne 2012, la Commission europĂ©enne a en effet confirmĂ© la suppression d’ici Ă  2015 du systĂšme des quotas, qui avait pourtant permis depuis 1984 de limiter les distorsions de concurrence dans le secteur laitier. Ce mĂȘme rapport ne laisse par ailleurs entrevoir aucune perspective de mise en place d’un nouveau systĂšme de rĂ©gulation. Les effets risques d’ĂȘtre dĂ©vastateurs sur la production de lait en Europe, d’autant que les deux tiers de cette production proviennent de zones dĂ©favorisĂ©es ou de zones de montagne. Avez-vous imaginĂ© des solutions permettant de pĂ©renniser les zones d’élevage les moins compĂ©titives et pour assurer un revenu stable aux producteurs laitiers français et europĂ©ens ? Hier, plus d’une centaine de producteurs laitiers de la Loire ont convergĂ© vers l’usine de Lactalis Ă  AndrĂ©zieux pour rĂ©clamer l’application des indicateurs Ă©conomiques moyens, soit 345 € par tonne de lait en 2013. Lactalis, premier groupe mondial dans le secteur, propose un prix de 334 €, qui ne permet pas de compenser l’augmentation de 35 % du coĂ»t de l’alimentation des animaux. Comment faire en sorte que les industriels permettent aux producteurs de vivre dĂ©cemment de leur travail ? M. FrĂ©dĂ©ric Roig. Cet excellent rapport pointe la souffrance d’une filiĂšre, mais insiste Ă©galement sur sa fonction sociale et Ă©conomique, ainsi que son rĂŽle dans l’amĂ©nagement du territoire et l’entretien des espaces. Les enjeux en matiĂšre de sĂ©curitĂ© alimentaire ont Ă©galement Ă©tĂ© mentionnĂ©s, ainsi que la question des circuits courts et de la vente directe. Un vrai potentiel de croissance existe ! Je tiens Ă  souligner Ă  cet effet l’intĂ©rĂȘt du projet de plateforme de commercialisation Agrilocal, menĂ© par le conseil gĂ©nĂ©ral de la DrĂŽme, dont nous nous inspirons Ă©galement dans l’HĂ©rault. Je souhaite Ă©voquer le modĂšle Ă©conomique des abattoirs de proximitĂ©, que la concentration du secteur tend Ă  faire disparaĂźtre. Dans mon dĂ©partement, nous avons adossĂ© un atelier de dĂ©coupe Ă  l’abattoir, ce qui permet d’équilibrer la rentabilitĂ© de l’ensemble. Une telle piste mĂ©riterait d’ĂȘtre approfondie, dans le prolongement de votre rapport. M. Yves Nicolin. Ce rapport ne lĂšve malheureusement pas les inquiĂ©tudes de la filiĂšre, qui sont aussi les nĂŽtres. Nous traversons aujourd’hui une vĂ©ritable crise de confiance qui met en pĂ©ril le secteur et face Ă  ce danger, les propositions que vous faites demeurent Ă  mon sens un peu timides. Dans le domaine de la simplification, vous avez identifiĂ© de vrais sujets, je pense aux tests ESB et aux installations classĂ©es, mais si vous ne harcelez pas le ministĂšre de l’agriculture pour que des mesures soient prises dans le sens que vous envisagez, je suis certain qu’il n’y aura aucune avancĂ©e. Ce travail constitue une base claire mais qui doit ĂȘtre consolidĂ©e. Une guĂ©rilla doit ĂȘtre menĂ©e auprĂšs des autoritĂ©s nationales et europĂ©ennes par nos deux rapporteurs, avec l’appui du prĂ©sident de la Commission. M. AndrĂ© Chassaigne. Je partage cette suggestion ! M. Jean Grellier. Avez-vous pu dresser un premier bilan de la mise en Ɠuvre de la contractualisation par la loi de modernisation de l’agriculture et comment apprĂ©ciez-vous le cas Ă©chĂ©ant le rapport de force entre les contractants ? Ce systĂšme pourrait-il ĂȘtre Ă©tendu Ă  d’autres secteurs, comme la viande ? S’agissant du secteur coopĂ©ratif, la dĂ©fiance des producteurs-sociĂ©taires envers les coopĂ©ratives se manifeste de plus en plus ouvertement. Dans ma rĂ©gion, le rachat de Bongrain par Terra Lacta suscite de vraies interrogations. J’avais dĂ©jĂ  dĂ©noncĂ©, sous la prĂ©cĂ©dente lĂ©gislature, la vente Ă  des amĂ©ricains de Yoplait par le groupement coopĂ©ratif Sodial. Au moment oĂč d’importantes restructurations interviennent, qui Ă©loignent les centres de dĂ©cisions des producteurs, quelle vision portez-vous sur la gouvernance des coopĂ©ratives ? Enfin, s’agissant de la surprime sur les cinquante premiers hectares, que j’avais accueillie favorablement, des effets de seuil annuleraient son bĂ©nĂ©fice. Pouvez-vous nous Ă©clairer et le cas Ă©chĂ©ant nous rassurer sur ce point ? M. Philippe Le Ray. Votre rapport est intĂ©ressant mais il faut employer des mots plus forts nous assistons aujourd’hui Ă  un vĂ©ritable Ă©croulement de l’élevage, qui se manifeste par une production en baisse et une diminution du nombre d’éleveurs. Il s’agit de mĂ©tiers trĂšs exigeants en main d’Ɠuvre, en technicitĂ©, en investissements, du fait aussi des obligations sanitaires. La filiĂšre laitiĂšre, un peu d’ailleurs comme la filiĂšre porcine, se caractĂ©rise cependant par une vĂ©ritable dĂ©sorganisation et l’absence d’une stratĂ©gie claire pour faire face Ă  l’avenir. La politique de l’aprĂšs quotas est totalement improvisĂ©e de sorte qu’en l’absence de rĂ©gulation, les prix se fixeront en fonction du marchĂ©. AprĂšs une pĂ©riode particuliĂšrement dure, les Ă©leveurs n’attendent plus grand-chose, et surtout pas des mesures de bricolage. De ce point de vue, je ne trouve rien de probant dans le projet de loi sur la consommation. On ne voit rien venir non plus du cĂŽtĂ© de l’Europe et pourtant, cela fait trente ans que nous rĂ©clamons un plan protĂ©ines ! Le besoin d’une politique claire est urgent, les discours ne suffiront pas Ă  inciter les jeunes Ă  s’installer
 Mme Marie-Lou Marcel. Vous faites des suggestions concernant le dĂ©veloppement des circuits courts. Des actions en ce sens ont Ă©tĂ© entreprises depuis longtemps par certaines collectivitĂ©s, notamment la rĂ©gion Midi-PyrĂ©nĂ©es. Comment concrĂštement aller plus loin ? Un fonds de solidaritĂ© des cĂ©rĂ©aliers Ă©leveurs Ă  hauteur de cinq millions d’euros a Ă©tĂ© mis en place par Orama, qui fĂ©dĂšre trois associations dĂ©pendantes du syndicat majoritaire. Ce fonds, qui pourrait ĂȘtre utilisĂ© pour la rĂ©novation des bĂątiments ou la mĂ©thanisation, a suscitĂ© de vives rĂ©actions. Qui est chargĂ© des modalitĂ©s de sa mise en Ɠuvre ? Ne constitue-t-il pas en quelque sorte une aumĂŽne des cĂ©rĂ©aliers vis-Ă -vis des autres agriculteurs ? Enfin, sur la modernisation des bĂątiments d’élevage, oĂč en est-on de la fongibilitĂ© des aides entre rĂ©gions, que j’avais Ă©voquĂ©e dans mon avis budgĂ©taire Ă  l’automne dernier ? M. Damien Abad. J’espĂšre que votre rapport mettra un peu de baume au cƓur des Ă©leveurs, qui n’ont pas toujours le sentiment que le ministre fait tout son travail pour les soutenir
 Je voudrais rappeler combien en l’état la loi sur la consommation est dĂ©cevante au sujet de l’étiquetage. Un vĂ©ritable effort doit ĂȘtre entrepris, au-delĂ  des Ă©tiquettes politiques ! Sur la politique agricole commune, il reste aussi du travail Ă  faire, d’autant qu’une question Ă©merge, dont vous ne parlez pas dans le rapport, Ă  savoir l’harmonisation europĂ©enne des normes sanitaires et sociales. Je voudrais souligner l’importance du travail du Parlement europĂ©en sur ces sujets. Je rejoins votre prĂ©conisation concernant le dĂ©veloppement des circuits courts et de proximitĂ© mais la question des modalitĂ©s de leur promotion par les marchĂ©s publics reste entiĂšre. Je rejoins aussi ce qui a Ă©tĂ© dit sur les abattoirs de proximitĂ©, en lien direct avec la question des circuits courts. Vous avez pointĂ© Ă  juste titre le problĂšme du diffĂ©rentiel entre les laits bĂ©nĂ©ficiant ou pas d’une AOC. Dans mon territoire du Haut-Bugey, le lait produit dans le pĂ©rimĂštre de l’AOC ComtĂ© se vend ainsi Ă  un prix correct, contrairement au lait industriel qu’on trouve dans le sud du territoire. Je souhaite enfin Ă©voquer rapidement la question du fonds entre Ă©leveurs et cĂ©rĂ©aliers – comment rendre ses obligations plus contraignantes ? –, les limites du principe de prĂ©caution, avec les tests ESB, et les retraites agricoles ! Ne les oubliez-pas ! Mme MichĂšle Bonneton. Merci pour ce rapport, trĂšs important. Effectivement, en France et en Europe, en particulier dans les pays voisins de la France, il est prĂ©vu que la demande, aussi bien en produits laitiers qu’en viande, augmente dans les annĂ©es Ă  venir. Or, le mĂ©tier d’éleveur est trĂšs contraignant et mal rĂ©munĂ©rĂ©. Il est donc fondamental, pour nos territoires, qu’on encourage les Ă©leveurs qui prĂ©sentent souvent une diversification de l’agriculture trĂšs complĂ©mentaire avec les autres activitĂ©s agricoles. Il est urgent d’amĂ©liorer leurs revenus et leurs conditions de vie. J’insisterai particuliĂšrement sur la nĂ©cessitĂ© de dĂ©velopper les circuits courts, les abattoirs de proximitĂ©, dont un certain nombre sont menacĂ©s. J’ai bon espoir qu’on sauve le nĂŽtre dans l’IsĂšre. Mais on peut aussi aider Ă  mettre en place des magasins de producteurs et favoriser, par l’intermĂ©diaire des conseils gĂ©nĂ©raux par exemple, ou d’autres collectivitĂ©s locales, le dĂ©veloppement de centrales d’achat locales. Ceci pourrait rĂ©pondre au questionnement de M. Abad, d’ailleurs. Bien entendu, inclure dans les marchĂ©s publics des clauses spĂ©cifiques concernant les circuits courts, les produits locaux, serait trĂšs important. Je voudrais insister tout particuliĂšrement sur des rĂ©glementations qui changent trĂšs frĂ©quemment, notamment en ce qui concerne les bĂątiments, ce qui demande aux agriculteurs des investissements importants, mĂȘme s’ils font souvent eux-mĂȘmes beaucoup de travaux. Quels aides pourraient-ils recevoir dans le cadre de fonds spĂ©cifiques ? M. François Sauvadet. Votre mission fait un certain nombre de constats et de suggestions, mais il faut dĂ©sormais les porter rapidement auprĂšs de la commission et du gouvernement, parce que le monde de l’élevage, qui souffre terriblement, attend des actes. En premier lieu, sur la question des charges, je vous invite Ă  prolonger le travail en allant voir ce qui se passe ailleurs en Allemagne par exemple, notamment chez nos voisins, qui sont Ă  la fois nos amis et nos concurrents directs. Ensuite, les contraintes qui pĂšsent sur les Ă©levages doivent faire l’objet de mises au point, sans dĂ©sarmer sur l’aspect sanitaire. S’il s’agit de lever le pied sur ce plan, il ne faut le faire qu’au niveau europĂ©en. J’étais prĂ©sident de la commission d’enquĂȘte sur la vache folle et c’est un dĂ©sastre dĂšs lors qu’il y a une suspicion de risque sanitaire Ă  juguler. Cela nĂ©cessite des moyens. Sur la tuberculose, par exemple, qui touche beaucoup certains secteurs, le gouvernement tarde Ă  indemniser pour les troupeaux abattus au point qu’un certain nombre d’éleveurs envisagent de ne plus faire les prophylaxies, faute d’ĂȘtre soutenus ; il faut faire attention et le gouvernement doit rĂ©agir sur ce sujet ! TroisiĂšmement, il faut identifier quelle viande est produite pour la valoriser au mieux. Ce travail, dĂ©jĂ  engagĂ©, doit ĂȘtre poursuivi, de maniĂšre trĂšs volontariste. Enfin, faites trĂšs attention au sujet de la surprime Ă  50 hectares dans les zones d’élevage, notamment intermĂ©diaires. Cela veut dire qu’on va supprimer un certain nombre d’élevages. Aujourd’hui, dans certaines rĂ©gions, nous sommes en dĂ©prise de prĂ©s des exploitants n’exploitent plus leurs prĂ©s. Faire une surprime, sans distinguer rĂ©gion par rĂ©gion, et alors qu’un exploitant ne peut aujourd’hui s’installer sur moins de 120 hectares, peut conduire Ă  dĂ©stabiliser complĂ©tement des zones extensives. Mme Marie-NoĂ«lle Battistel. Je voudrais Ă  mon tour, messieurs les rapporteurs, saluer votre travail de qualitĂ© sur ce secteur de l’élevage bovin, qui est stratĂ©gique pour l’économie et la vitalitĂ© des territoires ruraux. Le relĂšvement du plafond de l’ICHM est une bonne nouvelle, bien Ă©videmment, pour les Ă©leveurs de montagne, afin de leur permettre de maintenir leur capacitĂ© Ă  investir. Concernant la modernisation des bĂątiments, outre l’harmonisation europĂ©enne des normes, il faut veiller Ă  ce que la rĂšgle des plafonds en matiĂšre de subventions ne pĂ©nalise pas les secteurs de montagne, oĂč le coĂ»t de rĂ©habilitation est plus Ă©levĂ© et souvent mal Ă©valuĂ©. Or, sauf erreur de ma part, je n’ai pas vu cette question traitĂ©e dans votre rapport. Pouvez-vous m’en dire deux mots ? M. le prĂ©sident François Brottes. Messieurs les rapporteurs, vous avez de nombreuses sollicitations, notamment Ă  continuer le travail, beaucoup de fĂ©licitations pour un rapport de grande qualitĂ© qui balaie l’ensemble de la problĂ©matique, mĂȘme si quelques points ont semble-t-il Ă©tĂ© oubliĂ©s, ce qui est tout Ă  fait normal, vu que l’on manque toujours un peu de temps. M. Alain Marc, rapporteur. J’ai bien notĂ© que les aspects rĂ©glementaires et les contraintes qui pĂšsent sur les agriculteurs ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s plusieurs fois. Nous allons demander Ă  l’exĂ©cutif qu’au niveau de l’administration dĂ©partementale, notamment, les Ă©leveurs n’aient pas l’impression de subir, Ă  chaque fois que des gens se dĂ©placent chez eux, un interrogatoire parfois trĂšs traumatisant. Il faudra bien que soit dĂ©brayĂ©e l’information Ă  partir du ministĂšre jusqu’au niveau local afin que l’on n’ait plus ce type de comportements de la part de certains contrĂŽleurs, qui y vont parfois un petit peu trop fort. Nous Ă©voquons les installations classĂ©es. Il est complĂštement anormal que nous soyons soumis en France Ă  ce type d’autorisations Ă  installations classĂ©es pour des Ă©levages Ă  50 vaches laitiĂšres, alors que, dans d’autres pays, c’est 100, ou plus. Il faut donc vraiment une harmonisation europĂ©enne. Nous allons bien Ă©videmment le dire trĂšs trĂšs fortement. Le maintien des abattoirs nĂ©cessitera une mission beaucoup plus prĂ©cise, car nous avons reçu les reprĂ©sentants des abattoirs et cette question centrale est trĂšs difficile Ă  traiter - suivant les espĂšces, trĂšs peu d’entre eux arrivent Ă  l’équilibre Ă©conomique. La formation, qui n’a pas tellement Ă©tĂ© l’objet de nos auditions, est quand mĂȘme trĂšs bien faite en France. Il y a eu certains soucis dans certains lycĂ©es et Michel Barnier nous a aidĂ©s, notamment Ă  maintenir l’élevage ovin bio dans certaines zones. Les filiĂšres agricoles doivent sans arrĂȘt ĂȘtre adaptĂ©es. En ce qui concerne les Ă©carts de prix, Laure de la RaudiĂšre nous a dit qu’en 2009 le prix des cĂ©rĂ©ales Ă©tait bas. C’était aussi le moment de la crise laitiĂšre, oĂč le prix du lait Ă©tait encore plus bas qu’il ne l’est aujourd’hui, ce qui nous a valu toutes ces manifestations au niveau national. Ce qui compte, c’est bien sĂ»r le prix auquel sont rĂ©munĂ©rĂ©s nos agriculteurs, mais aussi le prix des intrants, le prix des cĂ©rĂ©ales. C’est l’écart entre les deux qui permet le revenu. Lorsqu’il y a un effet de ciseaux, malheureusement, comme aujourd’hui avec l’augmentation sans prĂ©cĂ©dent de ces coĂ»ts-lĂ , on assiste Ă  une baisse sensible du revenu des agriculteurs. Antoine Herth a Ă©voquĂ© ce que pourrait ĂȘtre la caricature du nombre d’heures travaillĂ©es si l’on comparait les Ă©leveurs aux cĂ©rĂ©aliers. Les Ă©leveurs sont Ă  leur ferme 365 jours sur 365 et il est Ă©vident qu’à cĂŽtĂ© de ces problĂšmes conjoncturels de prix des intrants, il est bon de reconnaĂźtre la possibilitĂ© pour les Ă©leveurs de partir en vacances grĂące Ă  la dĂ©fiscalisation, ce qui n’était pas quelque chose d’assurĂ©e Ă  un moment donnĂ©. Pour certains d’entre eux, c’était la premiĂšre fois de leur vie, Ă  quarante-cinq ans, qu’ils partaient en vacances. Cela ne leur Ă©tait jamais arrivĂ© auparavant. C’est donc quelque chose de trĂšs intĂ©ressant, qu’il faut continuer. Je ne voudrais pas que les circuits courts relĂšvent en quelque sorte de "la tarte Ă  la crĂšme". C’est une niche trĂšs intĂ©ressante ; au niveau Ă©conomique, le montant global de ce que pourraient reprĂ©senter l’intĂ©gralitĂ© des circuits courts ne ferait toutefois que quelques pourcents de la production. Je suis d’accord qu’il faut les favoriser. Mais il ne faut sans doute pas en faire l’alpha et l’omĂ©ga de ce que doit ĂȘtre l’agriculture française dans l’avenir. En ce qui concerne les exploitations et le groupement export France » pour la viande, il y a effectivement des possibilitĂ©s extrĂȘmement intĂ©ressantes au niveau international. Il faudra de plus en plus de lait de vache et la demande mondiale de viande est prĂ©sente. En revanche, le vrai problĂšme est d’assurer nos exportations. Sur la poudre de lait, par exemple, nous avions connu du retard, que nous sommes progressivement en train de rattraper. Nous ne sommes pas trĂšs outillĂ©s Ă  l’export pour conquĂ©rir certains marchĂ©s. Nos ambassades et nos services Ă©conomiques Ă  l’extĂ©rieur ne sont peut-ĂȘtre pas suffisamment structurĂ©s pour permettre Ă  nos grandes coopĂ©ratives d’exporter sur les marchĂ©s Ă©mergents, malgrĂ© leur regroupement. A l’intĂ©rieur de l’outil qui pourrait ĂȘtre un GIE constituĂ©, nous pourrions avoir des outils bien meilleurs de façon Ă  acquĂ©rir ces marchĂ©s – ce que d’autres font, notamment les Allemands et les pays de l’Europe du Nord. M. Germinal Peiro, rapporteur. Tout d’abord, je voudrais dire Ă  M. Sauvadet que tout le monde attend des actes, et le Gouvernement français les a posĂ©s en dĂ©fendant le budget de la PAC, ce qui a Ă©tĂ© saluĂ© par toutes les organisations syndicales, y compris celles qui n’avaient pas appelĂ© Ă  voter pour lui. Les actes ont Ă©galement Ă©tĂ© posĂ©s de maniĂšre partagĂ©e au niveau de la Commission, du Parlement et du Conseil europĂ©en, en augmentant la possibilitĂ© de recouplage des aides qui passe de 10 % Ă  13 %, – ce qui est trĂšs important –, et en offrant une marge de manƓuvre de 2 % supplĂ©mentaire pour le plan protĂ©ines vĂ©gĂ©tales ». Ce sont des avancĂ©es notables, mais il faut aussi aujourd’hui aussi poser des actes au niveau franco-français et c’est l’objet des scĂ©narios que le ministre est en train de proposer aux reprĂ©sentants syndicaux depuis hier. En effet, selon le scĂ©nario, l’impact en faveur de l’élevage ne sera pas le mĂȘme quelle sera la part laissĂ©e au recouplage sur le 1er pilier, car il est possible d’atteindre 30 % ? Quel sera le choix sur la convergence ? A cet Ă©gard, il va falloir concilier les demandes des Ă©leveurs extensifs et des zones de montagnes qui actuellement sont Ă  moins de 200 € de droits Ă  paiement unique aujourd’hui et qui souhaitent atteindre rapidement une moyenne de 270 €, avec celles d’autres zones qui sont Ă  350 € voire 400 € et qui craignent une perte de revenus. Il faut donc que des choix soient rĂ©alisĂ©s au niveau national. Nous aurons ainsi l’occasion de montrer qui dĂ©fend vĂ©ritablement l’élevage. Concernant la surprime, il faut l’étudier de prĂšs pour l’élevage extensif car elle favorise aujourd’hui les exploitations jusqu’à 100 hectares, le point de bascule se faisant entre 90 et 100 hectares. Attention, il faut bien savoir que la surprime ne sapplique pas Ă  l’ensemble du droit Ă  paiement unique moyen la surprime est faite sur une partie de l’aide seulement. La difficultĂ© est de savoir comment on encourage l’emploi. Les 9 Md€ d’argent public versĂ©s annuellement Ă  l’agriculture doivent ĂȘtre utilisĂ©s de la façon la plus efficace possible en terme d’emploi, d’amĂ©nagement du territoire et de protection de l’environnement pour que la France reste un grand pays producteur, comme l’a affirmĂ© le Gouvernement et le PrĂ©sident de la rĂ©publique. Il est trĂšs difficile de trouver une formule qui aide l’emploi et la commission europĂ©enne l’a refusĂ©e. Au final la France n’aurait peut-ĂȘtre pas Ă©tĂ© gagnante en comparaison de pays comme la Roumanie ou la Bulgarie qui ont encore des millions d’agriculteurs avec de toutes petites exploitations. Supprimer les premiers hectares revient en rĂ©alitĂ© Ă  aider l’emploi car les chiffres indiquent clairement que ce sont sur les exploitations d’élevage que se trouvent le plus grand nombre d’emplois. C’est donc avec des outils franco-français que l’on va pouvoir aider l’élevage ou d’autres secteurs. Nous aurons ainsi l’occasion de montrer si l’élevage est vĂ©ritablement une grande cause nationale dans notre pays et s’il existe une volontĂ© nationale de le soutenir. Je ne reviens pas sur l’aspect caricatural du rapport qui nous a Ă©tĂ© reprochĂ©, car ni Alain Marc ni moi-mĂȘme n’avons voulu caricaturer les situations, mais c’est une Ă©vidence qu’un Ă©leveur laitier doit procĂ©der Ă  deux traites quotidiennes alors qu’un maĂŻsiculteur n’est pas obligĂ© de vĂ©rifier son champ tous les jours de l’annĂ©e. La question des revenus est Ă©galement une Ă©vidence absolue, mĂȘme s’il ne faut pas oublier qu’il y a 4 ou 5 ans, 1 500 tracteurs avaient envahi la place de la Nation Ă  cause de la baisse des cours. La volatilitĂ© des prix peut donc toucher aussi le secteur des cĂ©rĂ©ales. L’annĂ©e 2013 Ă©tant annoncĂ©e comme une annĂ©e record pour la production de cĂ©rĂ©ales, on verra ses consĂ©quences sur les prix, sachant aussi qu’il y a une demande croissante de cĂ©rĂ©ales dans le monde. Il ne faut pas oublier que la charge principale qui pĂšse sur le budget des exploitations d’élevage est celle liĂ©e Ă  l’alimentation, elle-mĂȘme liĂ©e au coĂ»t des cĂ©rĂ©ales. Un transfert doit donc s’opĂ©rer. C’est ainsi que nous avançons l’idĂ©e, pour une autre PAC, d’aides contracycliques, qui seront une forme de rĂ©gulation. Au sujet des circuits courts, la France en est encore Ă  la PrĂ©histoire. Elle a intĂ©rĂȘt Ă  mettre en place un plan national de relocalisation des activitĂ©s agricoles. J’y suis trĂšs attachĂ© et dĂ©fends cette idĂ©e depuis plusieurs annĂ©es dĂ©jĂ  car je crois Ă  la proximitĂ©, Ă  la traçabilitĂ©, au besoin des citoyens de consommer des produits qu’ils connaissent et qui reprĂ©sentent l’identitĂ© de leur territoire. La marge de manƓuvre est Ă©norme puisque 80 % de la viande consommĂ©e en restauration collective provient de l’importation. La France devrait parvenir Ă  faire en sorte que les vaches charolaises de Bourgogne soient consommĂ©es sur leur territoire de production sans devoir faire appel Ă  des vaches de rĂ©forme provenant des Pays Bas. Comme il l’a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© soulignĂ©, l’un des coĂ»ts les plus importants pour les Ă©leveurs est l’alimentation, et le plan protĂ©ines vĂ©gĂ©tales »est une bonne solution. Avec les 2 % que la PAC autorise aujourd’hui, il faut encourager la culture des fĂ©veroles, des pois, de la luzerne, etc
 pour ne pas ĂȘtre totalement dĂ©pendant du soja OGM, venu notamment du BrĂ©sil. Concernant l’aprĂšs quotas, l’Union europĂ©enne a malheureusement dĂ©mantelĂ© le systĂšme de rĂ©gulation des quotas mis en place en 1984. Pourtant, celui-ci a permis non seulement de maintenir une production laitiĂšre en France, mais surtout de la rĂ©partir sur l’ensemble du territoire. Aujourd’hui, sans les quotas, le risque majeur en France rĂ©side dans la concentration de la production laitiĂšre. Au sujet de l’étiquetage et de la traçabilitĂ©, nous sommes tous d’accord pour poursuivre les efforts. En matiĂšre d’accords internationaux, que ce soit ceux de l’OMC ou la libĂ©ralisation des Ă©changes entre les États-Unis et l’Union europĂ©enne, il faut ĂȘtre vigilant puisqu’à terme, avec la pression pour l’ouverture de nos marchĂ©s, nous serons forcĂ©s d’accepter les produits aux hormones et aux OGM que nous refusons encore aujourd’hui. En conclusion, nous avons voulu, avec Alain Marc, pousser le cri d’alarme et poser des actes. S’il n’y a pas une meilleure rĂ©partition des aides de la PAC dans notre pays, l’élevage va quasiment disparaĂźtre dans beaucoup de rĂ©gions, et cela ne va pas dans l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral de la France, qui consiste Ă  maintenir une activitĂ© d’élevage rĂ©partie sur l’ensemble du territoire, crĂ©ant des emplois et valorisant la production agricole en matiĂšre de lait, la France est un des plus grands producteurs de fromage et de produits transformĂ©s et pour la filiĂšre viande », il est aussi possible d’amĂ©liorer notre production. Il faut garder Ă  l’esprit que si la France connaĂźt un succĂšs touristique aussi important avec 83 millions de visiteurs en 2012, c’est grĂące Ă  son patrimoine historique, naturel mais aussi gastronomique, qui fait de la France un pays un peu Ă  part dans le monde. Monsieur le prĂ©sident Brottes. Merci pour ce travail d’une excellente qualitĂ©. Une audition spĂ©cifique sera organisĂ©e prochainement sur les abattoirs. 26 mars 2013 Association nationale des Ă©lus de la montagne ANEM Mme FrĂ©dĂ©rique Massat, prĂ©sidente M. HervĂ© Benoit, chargĂ© de mission Institut de l’élevage M. Philippe Chotteau, chef du dĂ©partement Ă©conomie M. Christophe Perrot, chargĂ© de mission Économie, Ă©levage et territoire Syndicat National de l’Industrie de la Nutrition Animale SNIA M. François Cholat, vice-prĂ©sident M. StĂ©phane Radet, directeur 2 avril 2013 FĂ©dĂ©ration nationale des exploitants d’abattoirs prestataires de service FNEAP M. AndrĂ© Eloi, directeur FĂ©dĂ©ration nationale des syndicats d’exploitants agricoles FNSEA M. Henri Brichart, vice-prĂ©sident M. Antoine Suau, chargĂ© de mission Économie Mme Nadine Normand, chargĂ©e des Relations avec le Parlement 9 avril 2013 FĂ©dĂ©ration nationale des exploitants d’abattoirs prestataires de service FNEAP M. AndrĂ© Eloi, directeur FĂ©dĂ©ration nationale des producteurs de lait FNPL M. Gilles Psalmon, directeur Coordination rurale CRUN M. François Lucas, vice-prĂ©sident de la CRUN M. Michel Manoury, prĂ©sident de la section viande de la CRUN Mme VĂ©ronique Le Floch, membre du conseil d’administration de l’Organisation des producteurs de lait OPL FĂ©dĂ©ration des entreprises du Commerce et de la Distribution FCD M. Mathieu Pecqueur, directeur Agriculture et qualitĂ© M. GĂ©rard CladiĂšre, reprĂ©sentant de la FCD au sein d’Interbev, M. Antoine Sauvagnargues, chargĂ© de mission Affaires publiques ConfĂ©dĂ©ration paysanne M. GĂ©rard Durand, SecrĂ©taire national en charge du dossier Ă©levage M. Yves Sauvaget, responsable de la commission lait M. Christian Drouin, responsable de la commission bovins viande 16 avril 2013 SODIAAL M. FrĂ©dĂ©ric Chausson, directeur du dĂ©veloppement coopĂ©ratif FĂ©dĂ©ration Nationale des CoopĂ©ratives LaitiĂšres FNCL M. Dominique ChargĂ©, prĂ©sident Mme ChristĂšle Josse, directrice Centre d’économie rurale M. Philippe Boullet, directeur du dĂ©veloppement M. Alain Le Boulanger, spĂ©cialiste Ă©levage, directeur des Ă©tudes Ă©conomiques Cerfrance Normandie Maine, animateur du groupe veille Ă©conomique filiĂšre lait du rĂ©seau Cerfrance M. Jean-Marie Seronie, responsable de la veille Ă©conomique FranceAgriMer M. FrĂ©dĂ©ric Gueudar-Delahaye, directeur gĂ©nĂ©ral adjoint M. AndrĂ© Barlier, directeur des marchĂ©s, Ă©tudes et prospectives M. FrĂ©dĂ©ric Douel, dĂ©lĂ©guĂ© de la filiĂšre lait M. Michel Meunier, dĂ©lĂ©guĂ© de la filiĂšre viande 23 avril 2013 MinistĂšre de l’agriculture M. Jean-Guillaume Bretenoux, conseiller technique chargĂ© des filiĂšres animales et agroalimentaires M. Bruno Ferreira, conseiller technique chargĂ© des questions de sĂ©curitĂ© sanitaire et de l’alimentation Direction gĂ©nĂ©rale des politiques agricole, agroalimentaire et des territoires DGPAAT Mme VĂ©ronique Borzeix, adjointe au sous-directeur produits et marchĂ©s Coop de France M. Bruno Colin, prĂ©sident de la filiĂšre bovine de Coop de France et vice-prĂ©sident de la CoopĂ©rative agricole Lorraine CAL M. Philippe Dumas, prĂ©sident de SICAREV, groupe coopĂ©ratif en production bovine, porcine et abattage M. Denis Gilliot, coordinateur filiĂšres au pĂŽle animal Mme IrĂšne de Bretteville, chargĂ©e des relations parlementaires FĂ©dĂ©ration nationale bovine FNB M. Pierre Chevalier, prĂ©sident M. Guy Hermouet, premier vice-prĂ©sident M. Thierry Rapin, directeur M. Jean-Pierre Fleury, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral 14 mai 2013 Association des producteurs de lait indĂ©pendants APLI M. Paul de Montvalon, administrateur M. Dominique Langlois, prĂ©sident M. Marc PagĂšs, directeur gĂ©nĂ©ral adjoint M. Yves Berger, dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral FĂ©dĂ©ration nationale de l’industrie et des commerces en gros de viandes FNICGV M. HervĂ© des DĂ©serts, directeur gĂ©nĂ©ral M. Henri Demaegdt, prĂ©sident de la commission gros bovins Mme Marine Colli, chargĂ©e des relations parlementaires AssemblĂ©e permanente des chambres d’agriculture APCA M. Daniel Gremillet, prĂ©sident de la chambre d’agriculture des Vosges 28 mai 2013 LACTALIS M. Michel Nalet, directeur des relations extĂ©rieures Syndicat national de l’industrie des viandes SNIV-SNCP M. Jean-Paul Bigard, prĂ©sident M. Pierre Halliez, directeur gĂ©nĂ©ral Jeunes agriculteurs M. JĂ©rĂŽme Chapon, vice-prĂ©sident en charge de l’économie, Mme Suzanne Dalle, conseillĂšre productions animales M. RĂ©gis Rivailler, attachĂ© de direction, conseiller parlementaire et affaires publiques 4 juin 2013 Observatoire des prix et des marges M. Philippe Chalmin, prĂ©sident PAS VENU, auditionnĂ© par tĂ©lĂ©phone ?? Groupe Bongrain M. Daniel Chevreul, directeur des approvisionnements laitiers Centre national interprofessionnel de l’économie laitiĂšre CNIEL M. Thierry Roquefeuil, prĂ©sident M. Benoit Mangenot, directeur gĂ©nĂ©ral M. Benoit Rouyer, chef du service Ă©conomie Mme Marie-Pierre Vernhes, responsable de la communication institutionnelle 4 AssemblĂ©e nationale, Rapport d’information n° 3863 marchĂ© des matiĂšres premiĂšres volatilitĂ© des prix, spĂ©culation, rĂ©gulation. PrĂ©sidente Mme Pascale Got. Rapporteurs Mme Catherine Vautrin et M. François Loos. 8 Centre Ă©tudes et prospectives du ministĂšre de l’agriculture, analyse 11, juillet SĂ©nat, Jean Bizet, Le prix du lait dans les États membres de l’Union europĂ©enne », SĂ©nat, Jean Bizet, Le prix du lait dans les États membres de l’Union europĂ©enne », Centre d’études et de prospective, n° 53, juin 2012, Marie Sophie Dedie et Pierre Rapport de Mme Marion GUILLOU, mai 2013, sur l’agro-Ă©cologie Ă  M. StĂ©phane LE FOLL, Ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la ForĂȘt. AxAO. 334 209 356 64 189 196 250 377 429

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